Du technique au politique et retour : État des lieux et enjeux dans la gestion des forêts au Maroc. Introduction au dossier ; From technical to political and back: an overview of critical places and challenges for forest management in Morocco
This article questions the prevailing discourse whereby poverty in rural areas is purported to be the main obstacle to forest management in Morocco, leaving aside social and political aspects. For that purpose, it analyses the feedback loops between political goals and the technical dimension of management of these forests. Based on a retrospective analysis, the authors support the idea that the political and technical dimensions of forest management, which were initially designed on a concerted basis, have gradually lost touch. Hence, while by applying the technical model that posits that any human presence in forests presents problems, a number of specific economic and political goals were met, in parallel this had major impact on the relationship between the central authority and rural populations who have practically never been consulted. As a result, to all intents and purposes, the deployment a very particular technical approach appears as an end in itself, and neither the economic and political expectations – in respect of forests – that were the foundation for adopting it, nor the way in which those expectations have evolved seem to be called into question today. To end, the authors plead in favour of opening up the debate to all the players in any way concerned by forested territories so as to achieve two things. On the one hand, explore other technical pathways for forests that endeavour to reconcile more forest uses. And on the other, better identify the players who, together with the forestry administration, are concerned with maintaining the ecological qualities of forests and might offer support in attempting to structure more strongly committed social involvement around these issues ; Cet article interroge la prédominance des discours qui, faisant de la pauvreté rurale le principal obstacle à la gestion des forêts au Maroc, en occultent les aspects sociopolitiques. Il analyse pour cela les boucles de rétroaction entre objectifs politiques et dimension technique de la gestion de ces forêts. À partir d'une analyse rétrospective, les auteurs défendent l'idée que les dimensions politiques et techniques de la gestion des forêts, au départ pensées de concert, se sont progressivement autonomisées au cours du temps. Ainsi, si l'application d'un modèle technique considérant toute présence humaine en forêt comme problématique a répondu à des objectifs économiques et politiques bien précis, cela a eu parallèlement des conséquences importantes sur la relation entre le pouvoir central et les populations rurales qui n'ont pratiquement jamais été questionnées. Tout semble ainsi se passer comme si le déploiement d'une approche technique très particulière constituait une fin en soi, et ni les attentes économiques et politiques – vis-à-vis de la forêt – qui avaient présidé à son adoption, ni la manière dont ces attentes ont pu évoluer, ne semblent requestionnées aujourd'hui. Les auteurs plaident finalement pour l'ouverture d'un débat élargi à l'ensemble des acteurs concernés de près ou de loin par les territoires forestiers, qui permettrait deux choses. D'une part, envisager d'autres itinéraires techniques pour la forêt, visant à concilier davantage d'usage en forêts. D'autre part, mieux identifier les acteurs qui, avec l'administration forestière, portent une préoccupation pour le maintien des qualités écologiques des territoires forestiers et pourraient lui apporter un appui pour structurer une mobilisation sociale plus forte autour de ces questions
