Ce texte propose une introduction aux travaux de Lisa Parks, dont les recherches restent peu connues dans l'espace francophone. Il accompagne la traduction de son article « Drones, Vertical Mediation, and the Targeted Class » (2016), également incluse dans ce numéro d' a contrario .
En partant de recherches féministes, cet article explore comment l'usage de drones militaires par les États-Unis a (re)organisé la vie quotidienne de certaines régions en créant une nouvelle classe. Celle-ci est caractérisée par son statut de cible privilégiée des attaques et le fait qu'elle soit dépossédée de ses droits les plus fondamentaux à travers des pratiques de « médiation verticale ». Dans cette perspective, l'article soutient qu'une étude critique des drones et de la guerre se doit d'inclure une réflexion sur les champs verticaux qui structurent, depuis les airs, la vie sur terre. Il s'agit notamment d'analyser les ressources physiques qui constituent les champs verticaux (essence, travail, terre, matériaux, réseaux, données, ciel et orbite) ainsi que les hiérarchies que leur contrôle implique. Il est certes important de considérer la façon dont la guerre des drones est régie par des systèmes qui relèvent du contrôle à distance, de la simulation et du jeu. Mais il est tout aussi primordial de prendre en compte ses dimensions plus terrestres et incarnées ainsi que les paysages et les autotopographies où s'inscrit l'usage des drones, et qui enregistrent leurs effets.