Pendant huit ans, j'ai œuvré, en tant qu'ADF (avec domicile fixe), aux côtés de ceux que l'on désigne sous le sigle SDF, à la mise en place et à la marche d'un service à destination des personnes à la rue dans le secteur des Halles à Paris, la bagagerie Mains libres. L'interaction y est quasi quotidienne, les identités s'affichent, à chacun son nom. Après mon départ, cette action fondée sur la mixité, le faire ensemble, se prolonge au travers de rencontres faites au hasard des rues de Paris. Bribes de vie que je relate dans cet article et que je n'aurais pu relater si je ne connaissais pas mes interlocuteurs par leurs prénoms.
Résumé Schiltz (Marie-Ange). - Parcours de jeunes hosexuels dans le contexte du VIH.: la conquête de modes de vie Dans cet article, nous analysons le. parcours de jeunes homo/bisexuels. masculins à partir d'une enquête réalisée dans la presse gaie en 1995. Ces jeunes sont confrontés à une double contrainte.: comme les autres de leur génération, ils sortent de l'adolescence pour passer à l'âge adulte mais ils doivent aussi, dans cette période de transition, composer avec une orientation sexuelle spécifique. Malgré une amélioration de la tolérance, l'acceptation sociale des homosexuels reste problématique en particulier au sein de la famille. Par ailleurs, l'homosexualité implique des modes de vie particuliers. Ainsi, au cours de cette période de la vie, les jeunes homosexuels sont confrontés au double souci de l'insertion dans des cercles de relations tolérants et de la mise en place d'un mode de vie qui favorise l'épanouissement de leur orientation sexuelle. À cela s'ajoute actuellement un contexte épi- démiologique dramatique.: en raison d'une prévalence du virus du VIH très forte dans le groupe, un tel choix de vie contraint ces jeunes à faire face à un risque de santé grave dès le début de leur carrière sexuelle. En nous appuyant sur des études menées en population générale, nous tenterons de déterminer si les processus d'autonomisation des jeunes homosexuels sont similaires à ceux des autres jeunes et dans quelle mesure leur sexualité marginale influe sur leur trajectoire.
Un ordinaire insolite : le couple homosexuel. Au moment où la reconnaissance légale des liens affectifs entre homosexuels est d'actualité, aucune réflexion fondée sur des données démographiques ne permet d'éclairer l'émergence d'une telle revendication. À partir des pratiques d'homosexuels « volontaires » qui ont répondu à une série d'enquêtes sur les modes de vie gay, nous nous proposons d'apprécier la place et la nature de l'union homosexuelle dans les biographies individuelles. Parmi les homosexuels, la notion de relation stable est relativement floue et cache d'importantes disparités de situations. L'engagement affectif d'un homme pour un autre se décline de différentes façons : avec ou sans cohabitation, avec ou sans exclusivité sexuelle sans qu'aucune de ces modalités d'union ne s'impose comme un modèle prééminent. Après un repli sur le couple, très conjoncturel, lié à la prise de conscience de l'ampleur de l'épidémie de sida dans leur groupe, les homosexuels sont de plus en plus attirés par la vie commune sans que cet engagement n'exclue la possibilité de partenaires sexuels extérieurs au couple. Notons que ce mouvement s'est engagé en l'absence de la reconnaissance du lien homosexuel et de tout ciment juridique et social et qu'il est initié par les citadins des classes moyennes supérieures qui souvent impulsent les nouveaux standards de vie parmi les homosexuels. Malgré des évolutions conjointes d'une idée moins instituée du couple dans la population hétérosexuelle et d'un regard moins critique de la société à l'égard de l'homosexualité, la prépondérance de la «vie en solitaire », l'expérience de nombreuses ruptures mais aussi le fait que pour une majorité d'hommes la reconnaissance d'un lien affectif n'est pas toujours synonyme de fidélité distinguent toujours le style de vie homosexuel de celui de la majorité hétérosexuelle. Il est difficile dans ce contexte d'établir dans quelle mesure l'action politique en faveur de la reconnaissance du couple homosexuel peut être relayée par la demande des hommes de plus en plus nombreux à s'engager matériellement vis-à-vis de leur conjoint qui voudront prolonger cet engagement par un acte légal ou au contraire être négligée par les intéressés en raison des formes particulières de la liaison élective pour une majorité d'homosexuels.
Identidad social y gestión de un riesgo de salud. Este analísis de las disposiciones prácticas que adoptan unos homosexuales para protegerse contra la contaminación del virus HIV, así como su capacidad de movilizar apoyos en caso de enfermedad hace aparecer una diversidad de reacciones posibles al SIDA, ellas mismas tributarias de las disposiciones que se desprenden de una homosexualidad más o menos asumida y/o aceptada. Como enfermedad sexualmente transmisible, el SIDA révéla de manera caricatural la lógica de los intercambios sexuales. Empero él revela también su cara oculta en forma de fenómenos de desidentificación, de desolidarización, de angustias sociales y de rechazo. Como enfermedad contagiosa, el SIDA revela los desfases entre un discurso medical sobre las vías, poco numerosas de transmisión viral, y unos dispositivos prácticos muy diversos, inspirados por angustias más generales proyectándose sobre las enfermedades, o también por emociones haciendo «poco caso» de ciertos riesgos. No se puede comprender por tanto las diferentes maneras de llevar este riesgo de salud que a condición de establecerlas en relación con las trayectorias sociales y los sentimientos de identidad que se originan en ellas.
Die Denunziation. Die Unterscheidung von individuellem und kollektivem Handeln bildet einen der grundlegenden Gegensätze, auf denen — häufig implizit, da derart selbst-verständlich — die Soziologie wie die Sozialgeschichte der Protestweisen beruht. Genereller wird sie zur Trennung der Gegenstandsbereiche von Psychologie und von Soziologie herangezogen. Im vorliegenden Aufsatz wird demgegenüber eine Fragestellung umrissen, die jenen Gegensatz mittels einer Grammatik zu überwinden sucht, die — un ter Verwendung derselben Regeln — gleichermaßen die Variationen der Protestakte je nach Präsentation als «individuelle» bzw. «kollektive» wie die von den anderen an sie herangetragenen Normalitätsurteile zu interpretieren gestattet. Entwickelt wird diese Fragestellung anhand des Phänomens der Öffentlichen Denunziation. Mittels statistischer und stilistischer Analyse von Denunziationsbriefen aus dem Archivmaterial einer grofien Pariser Tageszeitung lassen sich in einem ersten Anlauf 2 Fragen beantworten : 1. Welche Bedingungen muß eine öffentliche Denunziation erfullen, uni als normal zu gelten ; 2. Aus welchen Gründen wird ein solcher Akt öffentlicher Denunziation begangen, der aller Wahrscheinlichkeit nach als anormal wahrgenommen wird ?
Résumé Ces dernières années, le lien entre suicide et orientation sexuelle a été au cœur de préoccupations et de recherches sur les comportements suicidaires. Des études récentes ont mesuré le lien positif existant entre l'appartenance à une minorité sexuelle et les tentatives de suicide ou les idéations suicidaires. Les résultats disponibles en France montrent des effets différenciés selon le genre et l'activité sexuelle. Ils semblent indiquer que l'hypothèse d'un lien entre homophobie et comportement suicidaire est la plus solide pour comprendre cette sursuicidalité. Outre l'appartenance à une minorité sexuelle, la non-conformité de genre expose également à un risque plus élevé. Des pistes pour la prévention sont évoquées.
L'équipe Enveff (Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France) a répondu aux attaques perpétrées par Marcela Iacub et Hervé Le Bras contre sa recherche dans le N° 632 des Temps Modernes (2003). Une introduction montrant la portée politique de cette attaque du féminisme précède le texte publié dans le N° 633 de la même revue. Le mode le plus courant de ces attaques est la réduction et l'amalgame, le refus de prendre en compte la diversité des positions et les multiples débats à l'intérieur du mouvement et des recherches féministes. L'autre mode, plus fondamental mais tout aussi commun, est la négation du fait que les relations entre les hommes et les femmes sont bien plus que des « interactions individuelles réversibles », qu'elles constituent des rapports sociaux et que ces rapports sont inégalitaires. Plus de trente ans de travaux sur ces questions, pour ne considérer que la période récente, sont en quelque sorte renvoyés au néant.