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À travers l'ethnographie des commerces d'un bourg périurbain, cet article explore le fonctionnement d'une économie d'interconnaissance, une forme spécifique de district commercial qui permet à des commerçant·es interdépendants de se dégager un revenu en exploitant, individuellement et collectivement, des relations marchandes inscrites au sein d'un même territoire. Elle articule des externalités d'agglomération, des normes professionnelles et des institutions locales autour de la gestion d'un bien commun. L'article retrace la manière dont ces ressources clientélaires sont défendues et partagées par les marchand·es, avant d'aborder les spécificités des échanges et des réputations économiques au sein d'un espace d'interconnaissance. Il restitue, enfin, l'ambivalence des stratégies d'attachement de la clientèle déployées par les commerçantes qui se situent au cœur des sociabilités des bourgs et des petites villes rurales. En prenant l'espace au sérieux, cet article met ainsi en lumière des formations économiques locales qui se constituent – au croisement d'un ensemble de marchés différenciés – à travers les chaines d'interdépendances liées au partage de la clientèle fréquentant, ou susceptible de fréquenter, le territoire.

À partir de l'ethnographie d'un conflit autour d'une ancienne foire agricole d'un bourg de l'Ouest de la France, cet article met en évidence un processus d'appropriation des territoires périurbains par des professions intermédiaires et des cadres supérieurs proches du secteur public qui repose sur l'encadrement de leurs sociabilités festives, en relation avec la conquête du pouvoir municipal. En restituant les trajectoires résidentielles et militantes des responsables du comité ayant contesté les positions de pouvoir des agriculteurs, il interroge le grand récit de l'éviction des « ruraux autochtones » par les « nouvelles couches moyennes urbaines » dans le périurbain. Ces luttes de pouvoir opposent d'abord des fronts d'alliances entre groupes sociaux et des réseaux politiques différenciés composés de personnes aux appartenances locales plurielles (sédentarité, migrations de retour, primo-installation). Cette configuration résulte de la recomposition des sociabilités politiques dans le bourg en cours depuis le début des années 1970.

Cet article analyse l'économie symbolique du capital d'autochtonie, c'est-à-dire l'ensemble des luttes pour la définition des formes légitimes d'appartenance à un espace d'interconnaissance. À travers la foire d'un bourg périurbain, il retrace la revalorisation du commerce comme symbole de la vie du territoire – face à la marginalisation des réseaux agricoles – et l'appropriation différenciée de ces profits d'autochtonie par les commerçant·es. En reliant capital d'autochtonie et espace d'interconnaissance, il invite ainsi à restituer sa valorisation différenciée selon les configurations socio-spatiales et à saisir des petites différences de dotation par-delà l'opposition marginaux/ établis.

International audience ; This communication describes the process of periurbanisation underwent by a small market town located in a thriving economic region in the west of France, and the collective action undertaken by the Shopkeepers' Union and the local government to "liven up" this territory and strengthen its "attractiveness". We will show how shopkeepers became the embodiment of cities "life" and a prominent tool in the territorial competitions they are waging. Thus, stores represent a "native" indicator of territorial value that justifies the help shopkeepers benefit from. We draw on a fieldwork involving observations, interviews, archives and statistics (Companies Register, Census, French "inventaires communaux"). These quantitative data based on the French "aire urbaine" enable us to assess the specificities of the market town –especially neighbouring villages– and describe the demographic and economic transformations of the central town. ; Cette communication retrace le processus de périurbanisation d'un bourg situé dans un espace dynamique de l'ouest de la France et l'action conjointe de l'Union des commerçants et du conseil municipal afin de renforcer son « animation » et son « attractivité ». On se propose de montrer comment les commerçantes sont devenues un symbole de la « vie » des communes et un instrument dans les compétitions territoriales qu'elles se livrent. Les commerces constituent ainsi un indicateur indigène de la valeur du territoire, justifiant la prise en charge de leurs intérêts à l'échelle locale. On s'appuie sur un travail de terrain entamé à Pliboux en 2014 et mobilisant des observations, des entretiens, des archives et des statistiques localisées (registre du commerce, recensement, inventaires communaux). Ces données quantitatives saisies à l'échelle de l'aire urbaine permettront de restituer les spécificités du bourg par rapport aux communes environnantes – en particulier les villages – ainsi que les mutations démographiques et économiques de l'agglomération centrale.