De la prison semi-privée à la prison vraiment publique. La fin du système de l'entreprise générale sous la IIIe République
In: Déviance et société, Band 13, Heft 2, S. 125-140
La nouvelle prison créée par l'assemblée constituante en 1971 posa de suite à l'Etat le problème d'assumer sa quotidienneté matérielle qui incluait la fourniture de travail aux prisonniers. Sans expérience, sans argent, il se déchargea de ce soin sur des personnes privées: c'est ce système que l'on appelle l'entreprise générale.
Moeynnant un prix de journée, l'autorisation d'utiliser la main-d'œuvre pénale payée à un tarif inférieur de 20% à celui du «travail libre» et le marché de la cantine, l'entreprise se chargeait de tout à l'exclusion des salaires des personnels et des grosses réparations des bâtiments.
Les vices de ce système qui mettait les détenus à la totale discrétion des entrepreneurs dont l'unique affaire était de gagner de l'argent fit très tôt l'objet de violentes critiques notamment de la part des réformateurs de la Monarchie de Juillet, mais il fallut attendre la fin du siècle pour que, pressée par l'état des mentalités en France et l'opinion pénitentiaire internationale, la IIIe République se donne enfin les moyens d'assumer elle-même la gestion de ses prisons.