Les politiques publiques concernant le vieillissement ont toutes pour objectif le maintien à domicile du plus grand nombre de personnes vieillissantes. Comment vieillir chez-soi, dans un quartier central montréalais, si l'on est victime d'éviction ou de reprise de logement? Cet article explore les dynamiques et réalités entourant la précarité résidentielle chez des locataires âgés à faible revenu, participant de près ou de loin aux activités d'un comité de logement et résidant dans l'un de quatre quartiers centraux montréalais en gentrification (Villeray, La Petite-Patrie, Rosemont et le Plateau-Mont-Royal). À partir d'une étude de terrain réalisée dans le cadre d'une thèse en études urbaines menée à l'INRS-UCS, cette contribution démontre l'importance de prendre en compte la relation locative en tant que facteur influençant la précarité résidentielle et, conséquemment, la capacité au maintien dans les lieux des personnes vieillissantes.
Cette thèse se penche sur la précarité résidentielle vécue par des locataires vieillissantes à faible revenu en contexte de gentrification, à Montréal. Au Québec, la thématique du vieillissement sur place a pris récemment une portée médiatique et politique grandissante dans le sillon de l'adoption de la l'article 1959.1 (projet de loi 492), qui protège maintenant certaines personnes de 70 ans et plus contre l'éviction et la reprise de logement. Par contre, force est de constater que la capacité de certaines personnes vieillissantes à vieillir dans leur logement se trouve aujourd'hui mise en jeu par des transformations urbaines diverses comme la gentrification. Bien que plusieurs études en gérontologie sociale urbaine documentent l'expérience du déplacement dit indirect chez les populations vieillissantes dans plusieurs villes du monde, les effets de la gentrification sur les rapports au logement de locataires vieillissantes sont encore méconnus. Cette recherche qualitative, basée sur un terrain d'observation de plus de 2 ans ainsi que sur 31 entretiens semi-dirigés réalisés avec des intervenantes de comités logement (n=13) et des locataires vieillissantes (n=18), donne la parole aux personnes vieillissantes elles-mêmes, en grande majorité des femmes. Le concept de précarité résidentielle, défini comme un continuum de situations rendant l'occupation du logement incertaine, inadéquate ou inabordable, dont la forme la plus extrême est l'expulsion, est divisé en quatre grandes catégories : la sécurité d'occupation, la menace directe, la menace indirecte et l'expulsion. La recherche s'intéresse tout particulièrement aux diverses manières dont la relation locative entre propriétaires et locataires vieillissantes affecte la capacité au maintien dans les lieux de ces dernières. En effet, en contexte de gentrification, certains propriétaires auront intérêt à expulser des locataires vieillissantes, qui paient généralement des loyers moins chers que les prix du marché en raison d'une longue durée d'occupation. Comme ces ...
In: Lien social et politiques: revue internationale et interdisciplinaire de sciences humaines consacrée aux thèmes du lien social, de la sociabilité, des problèmes sociaux et des politiques publiques, Heft 79, S. 175-192
La possibilité de vieillir sur place, pour une catégorie de personnes d'un certain âge et disposant de faibles revenus, se trouve fragilisée dans certains quartiers centraux montréalais. Les personnes vieillissantes peuvent toutefois s'ajuster aux dynamiques urbaines. Dans le contexte précis de cet article, nous tenterons de déterminer les contours de la participation de personnes vieillissantes au sein de comités logement, en lien avec l'insécurité locative pouvant les affecter. Cet article, basé sur les premiers résultats et analyses d'une recherche en cours, mobilise le contenu de 14 entrevues semi-dirigées (7 réalisées avec des intervenantes et 7 avec des personnes vieillissantes participant aux activités des comités), de même que sur plusieurs mois d'observation participante. L'exclusion territoriale, ou l'épée de Damoclès qui plane sur les personnes vieillissantes résidant de longue date dans leur logement est mise à distance par la participation dans les comités logement, en fournissant aux individus du support juridique, social et symbolique. Les politiques publiques de vieillissement sur place devraient davantage prendre en compte la situation des personnes vieillissantes au sein du parc locatif privé.
La souffrance émotionnelle et le burnout chez les professionnels des soins palliatifs sont des phénomènes de plus en plus discutés dans les médias et les publications spécialisées. Par contre, on comprend mal comment cette détresse au travail s'insère dans les dynamiques générales de l'accompagnement, mais aussi dans les pratiques et les représentations des institutions de soins palliatifs québécoises. Les données présentées dans cet article sont basées sur un terrain ethnographique réalisé en 2011 et en 2012 dans une maison indépendante de soins palliatifs québécoise. En les mobilisant ici, nous désirons contribuer à l'amélioration de la compréhension générale de la souffrance émotionnelle en milieu de travail palliatif. Dans le but de mieux comprendre comment la distance entre un idéal de soin et la réalité peut se creuser et ainsi entraîner potentiellement de la souffrance chez les soignantes, il nous semble qu'il faille explorer davantage la nature des rôles soignants attendus et/ou prescrits par l'institution et son cadre idéologique, la bonne mort.
In recent years, there has been a growing concern for the non-medical use of prescription drugs by young adults, and particularly college and university students. These expanding practices of pharmaceutical drug use have been associated with different phenomena such as physical and cognitive enhancement, non-medical prescription drug use and recreational use. All of these various consuming practices involve a blurring of the boundaries between curing, preventing and enhancing and between recreational and productive activities. Some studies show the importance of linking pharmaceutical drug use with broader issues among students in academic settings, such as competitiveness, pressure, stress, depression and mental health issues. The main objective of this article is to explore some of the perceptions and rationales that underlie the use of non-medical and medical prescription drugs, natural products, energy drinks and other pharmaceutical or natural substances among university students in Montreal (Canada). Focus-groups and indepth, semi-structured interviews were realized with a sample of 42 students in order to link the consumption cultures of the participants with other variables, such as their lifestyle, their experience of psychological distress and anxiety and their need of achievement. Focusing on the young population fulfills the function of sociological forecast about the future trends in the expansion of pharmaceutical drug use for the management of everyday life in contemporary Western societies.
In recent years, there has been a growing concern for the non-medical use of prescription drugs by young adults, e particularly college e university students. These expanding practices of pharmaceutical drug use have been associated with different phenomena such as physical e cognitive enhancement, non-medical prescription drug use e recreational use. All of these various consuming practices involve a blurring of the boundaries between curing, preventing e enhancing e between recreational e productive activities. Some studies show the importance of linking pharmaceutical drug use with broader issues among students in academic settings, such as competitiveness, pressure, stress, depression e mental health issues. The main objective of this article is to explore some of the perceptions e rationales that underlie the use of non-medical e medical prescription drugs, natural products, energy drinks e other pharmaceutical or natural substances among university students in Montreal (Canada). Focus-groups e indepth, semi-structured interviews were realized with a sample of 42 students in order to link the consumption cultures of the participants with other variables, such as their lifestyle, their experience of psychological distress e anxiety e their need of achievement. Focusing on the young population fulfills the function of sociological forecast about the future trends in the expansion of pharmaceutical drug use for the management of everyday life in contemporary Western societies.