Issu du regroupement de quatre localités du Bas-Saint-Laurent, le JAL a marqué l'historiographie et le développement régional au Québec. Même si le JAL a pu éviter la fermeture, cette région du Bas-Saint-Laurent se distingue toujours par de profondes inégalités, et ce, en dépit des nombreux subsides gouvernementaux qu'elle a reçus au cours des 45 dernières années. L'objectif de cet article consiste à recenser les subventions qui ont été versées au JAL entre 1971 et 2015 et à évaluer leurs impacts sur le développement du milieu. Cette recension a été effectuée à partir du dépouillement de journaux ainsi qu'en considérant les subventions obtenues dans le cadre des pactes ruraux. Bien que leurs effets soient difficiles à mesurer, ces subventions ont eu peu de retombées significatives sur le plan démographique. Par ailleurs, elles ont probablement contribué à faciliter le passage d'une acériculture traditionnelle à une autre à haut rendement et, dans une moindre mesure, à renforcer les capacités locales.
Le vieillissement de la population représente une réalité complexe. Bien que les causes attribuables à ce phénomène fassent consensus auprès des chercheurs, ses manifestations et ses conséquences diffèrent d'un endroit à l'autre. Dès lors, le rythme et l'intensité du vieillissement ainsi que les moyens déployés par les différents acteurs sociaux pour en atténuer les effets et améliorer les conditions de vie des aînés se manifestent aussi différemment selon les milieux géographiques. Pour diverses raisons liées à la démographie et à la géographie, les défis liés à la gestion du vieillissement tendent à se manifester avec plus d'acuité en milieu minoritaire francophone. L'objectif de cet article consiste à examiner la contribution du modèle de renforcement des capacités à l'amélioration de la qualité de vie des aînés vivant au sein de deux localités sises en milieu rural minoritaire francophone. L'étude de cas exploratoire couplée à l'approche des représentations sociales des acteurs a été retenue comme méthode d'analyse. Des entrevues semi-dirigées effectuées auprès d'intervenants locaux et communautaires ainsi que la tenue de deux groupes de discussion constituent les instruments d'analyse qui ont été mobilisés. Bien que les résultats de notre analyse révèlent le rôle d'avant-plan de la résilience, du réseautage, de la vie relationnelle, du sentiment identitaire et du capital social dans l'amélioration de la qualité de vie des aînés, ces composantes relatives à leurs facultés s'avéreraient insuffisantes afin de favoriser un vieillissement sur place, d'où la nécessité de déployer en amont une politique territoriale du vieillissement.
Depuis plusieurs années, l'économie sociale joue un rôle d'avant-plan dans la vie sociale et économique du Bas-Saint-Laurent. S'inscrivant d'abord dans le cadre d'un mouvement communautaire de type régionaliste, l'économie sociale tend aujourd'hui à constituer, au sein de cette région comme ailleurs au Québec, un modèle de développement visant à satisfaire des besoins que l'appareil étatique et le secteur privé parviennent difficilement à combler. S'appuyant sur le modèle de dynamisme local qui illustre l'effet structurant de l'initiative locale dans le processus de développement, cet article a pour but d'examiner, à partir de deux études de cas effectuées en milieu rural fragile, la contribution de la mobilisation et du leadership comme conditions essentielles à la mise en oeuvre de projets issus de l'économie sociale. À cette fin, nous nous intéresserons à deux communautés rurales qui ont misé sur l'économie sociale en vue de donner un second souffle à leur économie. L'un représente une « histoire à succès », en l'occurrence Sainte-Irène-de-Matapédia, alors que l'autre, Saint-Bruno-de-Kamouraska, constitue plutôt un cas problématique.
Cadre de la recherche : Phénomène inédit dans l'histoire démographique de l'humanité, le vieillissement de la population est, au XXIe siècle, une réalité complexe. Cette dernière découle des aspects sociaux, biologiques, mais aussi quantitatifs de ce phénomène. Le vieillissement stricto sensu, tient à un effet de structure, c'est-à-dire la hausse de la proportion des personnes âgées dans une population considérée, et la gérontocroissance, un effet de flux, qui quantifie la hausse du nombre de personnes âgées, c'est-à-dire celles de 65 ans ou plus (Dumont, 2018a). Bien que ses quatre principales causes (augmentation de l'espérance de vie, diminution du nombre de naissances, mouvements migratoires, prise en compte des évolutions démographiques passées) fassent l'unanimité chez les différents chercheurs, les manifestations, les conséquences et les réponses au vieillissement sont loin d'être homogènes (Breton et Temporal, 2019 ; Blanchet, 2013 ; Dumont, 2006 ; Simard, 2010). En effet, ses conséquences diffèrent d'un territoire à l'autre, obligeant à appréhender les enjeux de population de manières ciblées et spécifiques que ce soit sur le plan social, économique ou géopolitique (Dumont, 2016a, 2018b ; Saillant, 2016 ; Gucher, 2012 ; Hodge, 2008). Ainsi, la société voit l'ensemble de ses institutions affectées par les défis liés au vieillissement de sa population, que ce soit: les politiques, l'emploi, le travail, la santé, la famille, la protection sociale, l'aménagement et le développement territorial ou encore le fonctionnement démocratique. Ces divers enjeux influencent autant la qualité de vie des aînés (Rican et al., 2013) que la gouvernance collaborative et territoriale. Objectifs : Cet article a pour objectif d'identifier les principaux enjeux et les défis associés au vieillissement démographique en regard de l'amélioration de l'inclusion sociale et de la qualité de vie des aînés. Ces enjeux et ces défis concernent, de manière plus spécifique, le revenu des personnes âgées, l'accessibilité et la proximité par rapport aux services, aux équipements et aux infrastructures locales, les soins prodigués aux aînés et la relève. Méthodologie : Cet article s'appuie sur les différentes contributions de ce numéro thématique ainsi que sur l'expertise des trois auteurs. En outre, nous préconisons, à partir d'une revue de la littérature, une analyse de contenu, laquelle sera couplée à l'utilisation de données empiriques issues principalement, mais non exclusivement, de différents travaux de Statistique Canada. Résultats : Bien que la plupart de ces enjeux et défis relèvent de la base, c'est-à-dire de l'échelon local, voire régional, leur mise en œuvre nécessite des actions énergiques impulsées par le haut, les acteurs locaux et régionaux ne disposant pas de tous outils et moyens nécessaires pour les relever, et ce, en dépit de leur bonne volonté. Conclusions : Il est nécessaire de déployer une politique territoriale du vieillissement pour prendre en compte les particularités locales et régionales des milieux concernés ainsi que les besoins exprimés par les aînés et leur famille. Il s'agit donc, d'une part, de créer des environnements propices à l'amélioration de la qualité de vie et à l'épanouissement tant des personnes âgées que des individus qui gravitent autour de celles-ci et, d'autre part, de déployer des actions gérontologiques transversales, lesquelles supposent d'allier à la fois les intervenants endogènes et exogènes, en tenant compte des diversités territoriales du vieillissement. L'objectif est que l'avancée en âge des personnes s'effectue en leur permettant de demeurer actives dans la société, ce qui indubitablement lié à la préservation de leur santé. Contribution: Sur le plan scientifique, notre démonstration, à l'instar de celle effectuée par les différents auteurs de ce numéro, s'appuie sur trois modèles endogènes fortement imbriqués les uns par rapport aux autres. Il s'agit du renforcement des capacités et des capabilités des acteurs, de la gouvernance collaborative et du développement local progressiste. Même si ces différents modèles constituent des vecteurs efficaces afin de stimuler les initiatives locales, et en particulier les innovations sociales porteuses de transformation sociale, ils s'avèrent insuffisants pour relever tous les multiples défis associés au vieillissement actif et en santé, lesquels nécessitent des interventions transversales déployées à l'échelon territorial.
Research Framework: The aging of the population, unprecedented in human history, is a complex reality of the 21st century. This complexity is rooted not only in social and biological, but also in quantitative phenomena. Population aging is in the strict sense a structural effect, an increase in the proportion of the elderly in a given population, while the increase in aged persons is an effect of flux, which quantifies the increase in the number of seniors, those 65 years of age or older (Dumont, 2018a). Although its four main causes (increased life expectancy, decreased number of births, migration, demographic changes) are unanimously accepted by researchers; the manifestations, consequences and responses to aging are far from homogeneous (Breton et Temporal, 2019; Blanchet, 2013; Dumont, 2006; Simard, 2010). Indeed, the consequences of aging differ from one region to another, forcing us to understand population issues in targeted and specific ways, socially, economically and geopolitically (Dumont, 2016a, 2018b; Saillant, 2016; Gucher, 2012; Hodge, 2008). All of society's institutions are affected by the challenges of an aging population: policies, employment, work, health, family, social security, regional management and development, and even democratic functioning. These diverse issues influence both seniors' quality of life (Rican et al., 2013) and collaborative and regional governance. Objectives: To identify the main issues and challenges associated with population aging in improving the social inclusion and quality of life of seniors. These issues and challenges relate to seniors' income, accessibility of and proximity to local services, equipment and infrastructure, elder care and workforce planning. Methodology: This article draws on the different contributions in this thematic issue and on the expertise of the three authors. In addition, based on a literature review, we advocate a content analysis, which will be combined with empirical data found mainly, but not exclusively, in various Statistics Canada documents. Results: Most of these issues and challenges originate at the grassroots level, local or regional. However, their implementation requires energetic top-down action, as local and regional leaders, despite their good intentions, do not have all of the required tools and means to address them. Conclusions: A regional policy on aging must be implemented that considers the local and regional characteristics of the environment concerned and the needs expressed by seniors and their families. Thus, environments must be created that are conducive to improving the quality of life and vitality of both the elderly and those around them. In addition, cross-functional gerontological actions must be initiated that involve partnering with both endogenous and exogenous stakeholders, and that consider the regional diversity of aging. The objective is to ensure that people remain active in society as they age – a prerequisite for preserving their health. Contribution: From an academic viewpoint, our presentation, like that of other authors in this issue, is based on three closely interrelated endogenous models. These are capacity building and empowerment of stakeholders, collaborative governance, and progressive local development. Although these different models are effective channels for stimulating local initiatives, and in particular social innovations that bring about social change, they do not address the multiple challenges associated with active and healthy aging, which require cross-functional interventions rolled out at the regional level.
OBJECTIVE: Explore the needs and the degree of satisfaction of Francophone seniors living in a minority socio-linguistic urban community in regards to aging-in-place. METHOD: An ethnographic case study was conducted in an urban community in the province of New Brunswick between October 2010 and June 2011. Individual interviews were completed with leaders of different community organizations (n=9) and focus groups were held with socio-linguistic minority French-speaking older adults (n=19). RESULTS: Francophone seniors explained their willingness to age-in-place; however, the lack of services and support in the community makes aging-in-place difficult. Despite this identified absence of services, leaders of various community organizations have no plans to review current services in order to facilitate better quality of life for seniors. CONCLUSION: Aging-in-place for French-speaking seniors living in socio-linguistic minority communities requires concerted efforts from family members, the community and the government. The Ottawa Charter of Health clearly states housing as a prerequisite of health. Housing and social support are important determinants of health. Therefore, the development and implementation of a public policy with regard to seniors, and particularly those in a socio-linguistic minority, seems fundamental in the context of population aging.