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Nous avons recueilli les archives de différentes enquêtes ethnographiques ou sociologiques passées, concernant toutes la même zone géographique, les arrondissements du Châtillonnais et de Montbard (Bourgogne) : archives de la Recherche Coopérative sur Programme (RCP) Châtillonnais (1966-1970, impliquant le Musée des Arts et Traditions Populaires, le Laboratoire d'Anthropologie Sociale de Claude Lévi-Strauss au Collège de France, le Centre de Recherches Historiques de François Furet à l'EHESS, et le département Economie et Sociologie Rurales de l'INRA) ; archives de Minot (1968-1975, entreprise collective majeure du structuralisme en France) ; archives de Montbard (enquête d'ethnographie sociologique de Florence Weber sur le monde ouvrier dans une petite ville industrielle). Les postures théoriques et héritages intellectuels différenciés ont induits différentes manières de questionner une même zone et d'y faire enquête. Avant d'engager une revisite collective en partant de ces fonds, nous proposons ici une description des postures scientifiques qui ont guidé les enquêtes RCP et Minot, description qui conduit à esquisser une histoire des regards portés par l'anthropologie et la sociologie françaises des années 60-70 sur les mondes ruraux. Regards " traditionalistes " : quand les chercheurs du Musée des Arts et Traditions Populaires cherchaient à recueillir les traces des cultures populaires passées, les ethnologues structuralistes appliquaient les méthodes de l'anthropologie exotique sans réellement tenir compte des évolutions socio-historiques de la période. A l'inverse, à un moment où les politiques publiques visaient à transformer les paysans en entrepreneurs agricoles, une sociologie rurale en pleine apogée cherchait à rendre compte à large échelle de la modernisation de l'agriculture. En contre-pied de cette sociologie rurale modernisatrice, les sociologues critiques ont analysé la crise de la reproduction paysanne en donnant à voir des mondes ruraux dominés, inadaptés et sans avenir.