Le Japon dans l'ordre mondial. Une position perpétuellement précaire
In: Études internationales, Band 30, Heft 1, S. 31-43
ISSN: 1703-7891
Les dirigeants du Japon de Meiji partageaient une vision « réaliste » de l'ordre du monde. Le but de la politique extérieure était de s'élever par la force dans la hiérarchie des nations. Mais en tant que « colonie informelle » des puissances occidentales (jusqu'en 1905), puis de « puissance régionale », le Japon ne pouvait pas s'assurer une position internationale stable. Il était pris entre son incapacité à légitimer son expansion vis-à-vis de ses « inférieurs » des autres pays asiatiques) et le contrôle exercé par ses « supérieurs » (les grandes puissances mondiales). La brutalité et la frustration en ont découlé.
Après 1945, son accoutumance au « réalisme » et à une pratique des relations internationales fondée sur l'usage de la force militaire a permis au Japon de trouver aisément sa place dans l'ordre de la guerre froide, en qualité de « puissance régionale subordonnée ». Il n'a pas su devenir, à l'instar de l'Allemagne, une « puissance moyenne ». Il en restera incapable aussi longtemps que la vision du monde de ses dirigeants ne changera pas.