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S'intéressant à l'Afrique en voie de décolonisation, Emmanuel Terray choisit une posture de recherche qui lui confère une autonomie importante. Il distingue cependant soigneusement la logique de la recherche, qui implique de parler avec tout le monde, de celle de la politique, qui s'inscrit dans les catégories de Carl Schmitt : qui sont nos amis, qui sont nos ennemis ?

La défense des migrants illégaux en Europe a été assumée pour l'essentiel par des organisations non gouvernementales ou des associations visant à la promotion des « Droits de l'homme ». Leur action a donc privilégié deux aspects. Un aspect juridique tout d'abord : les migrants illégaux ont été décrits comme victimes d'un déni de droit ; dès lors que, au cours de leur cheminement ou lors de leur installation, ils se trouvent en situation irrégulière, ils sont aussitôt considérés comme des délinquants ; ils se voient donc refuser la plupart des droits fondamentaux reconnus aux ressortissants des pays libres. Ce déni de droit entraîne tout naturellement dans son sillage de multiples formes de maltraitance : brutalités, humiliations, enfermement, existence traquée, surexploitation au travail, etc. D'où le second aspect de l'action conduite par les organisations de défense : le recours à la compassion. C'est aux sentiments « humanitaires » du public qu'il est fait appel pour apporter aux migrants illégaux un minimum de protection et de solidarité. Dans les deux cas, les migrants illégaux sont présentés comme des victimes et c'est en cette qualité de victimes que nous sommes invités à les défendre. Cette description est, bien entendu, tout à fait conforme à la réalité, mais à se contenter d'elle, on n'obtiendrait qu'une vision partielle, donc biaisée, du phénomène de la migration illégale. En effet, les migrants illégaux sont aussi des acteurs, qui prennent en main leur destin, qui déploient une intelligence et une énergie remarquables pour faire aboutir leur projet.