Notre époque semble se caractériser par un affaiblissement de l'esprit scientifique. Cet affaiblissement s'explique par le contexte général de l'Europe depuis 1945. Il se fait particulièrement sentir dans le domaine de l'éducation et à l'université, où se diffusent des théories préscientifiques visant à conforter des idéologies politiques.
Des signes convergents incitent à penser que les populations issues de l'immigration musulmane présentent un degré de religiosité relativement élevé, échappant de ce fait au processus de sécularisation qui caractérise la plupart des pays européens. À partir de l'enquête Trajectoires et Origines (TeO), réalisée en France auprès d'un vaste échantillon d'immigrés et de descendants d'immigrés, cet article vise à vérifier ce constat tout en essayant de mieux cerner l'univers social et politique des musulmans. Les données indiquent qu'une dynamique de retour vers le religieux est manifestement à l'oeuvre et que cette dynamique ne s'explique pas uniquement par les difficultés sociales et les discriminations, mais qu'elle doit être resituée dans un processus global de socialisation politique où se mêlent les aspects culturels et idéologiques. L'article se conclut par une lecture critique de l'enquête TeO, dont le questionnaire reste marqué par des présupposés qui empêchent d'analyser toutes les dimensions de l'intégration.
Considerable evidence points to the fact that Muslim migrant populations have a relatively high degree of religiosity, and thus partially escape the process of secularization that characterizes most European countries. Through the analysis of the TeO (Trajectoires et Origines) survey conducted in France on a large sample of immigrants and descendants of immigrants, this article aims to verify this hypothesis while trying to better understand Muslims' social and political world. The data indicate that religion is making a dynamic comeback and that this cannot be explained solely by social difficulties and discrimination, but should be viewed in a comprehensive process of political socialization including cultural and ideological aspects. The article concludes with a critical reading of the TeO survey, a questionnaire marked by assumptions that prevent the analysis of all the dimensions of integration. Adapted from the source document.
Les jeunes musulmans restent mal connus en France, alors même que l'islam lance un double défi aux sciences sociales : d'abord parce que, devenu deuxième religion de France, l'islam connaît un regain d'intérêt auprès des populations issues de l'immigration, à rebours donc des dynamiques de sécularisation ; ensuite parce que, en raison des tensions que suscite cette religion, aux plans international ou national, l'islam se trouve aux premières loges du débat sur les relations entre la religion et la violence. Pour tenter de mieux cerner ces différents enjeux, le présent article propose d'exploiter les résultats d'une étude réalisée dans l'agglomération grenobloise en 2003 auprès de 1 600 jeunes scolarisés de 13-19 ans. Cette enquête constitue l'une des rares sources d'informations permettant de croiser les préférences religieuses des jeunes avec un large éventail de variables incluant les caractéristiques sociales et environnementales, les opinions sur divers sujets (sentiment d'injustice, rapport aux institutions, perception de la violence) ou encore leurs comportements, notamment le fait d'avoir commis des incivilités ou des actes de délinquance. L'hypothèse guidant cette recherche est que les conditions actuelles de la socialisation des jeunes musulmans favorisent un ensemble de valeurs et de représentations spécifiques susceptibles de provoquer des tensions avec les institutions tout en donnant un certain sens à la violence. Trois thèmes sont successivement abordés : les caractéristiques religieuses et socioculturelles des jeunes musulmans, le rapport à la politique et aux institutions, la question de la violence. Au terme de cette présentation, une réflexion plus générale est proposée sur le type de socialisation politique que connaissent aujourd'hui les jeunes de confession musulmane.
The role of the family in political transmission between generations. History and review of political socialisation studies. This article attempts to review the studies focusing on the family's political influence. After considering the origins of contemporary debates, the article shows that the advent of scientific considerations has been gradual since the Second World War in research on political socialisation of children. In the early phase, which could be described as " pre-scientific", the dominant approaches were relatively categorical. Subsequent consideration cast doubt on the initial certainty, in particular with regard to the position of children and the real impact of the family in imparting political opinions. Subsequently, analyses have been enhanced, which would make it possible now to consider new avenues for research.
Résumé Le présent article propose de mieux comprendre la façon dont se construit le rapport au vote pendant l'adolescence afin, éventuellement, d'identifier les moyens permettant de faciliter l'entrée dans la majorité électorale. En utilisant des données collectées en 2002 auprès d'élèves scolarisés en troisième dans l'Isère, nous essaierons notamment d'évaluer la contribution respective des différentes instances de socialisation que sont les parents, l'école ou le groupe des pairs, tout en étudiant la place du vote dans l'ensemble des valeurs civiques et politiques des jeunes.
National audience ; Cet article propose de dresser un bilan des études consacrées à l'influence politique de la famille. Après avoir retracé la genèse des débats idéologiques sur la famille, qui ont formé la matrice des réflexions contemporaines, il montre que l'avènement d'une réflexion de nature scientifique s'est effectué de manière progressive après la seconde guerre mondiale, autour des recherches sur la socialisation politique des enfants. Les premières théories se sont inscrites dans une phase que l'on peut qualifier de préscientifique, au cours de laquelle ont été formulés des paradigmes relativement catégoriques mais dotés d'une faible validité empirique. Cette phase a ensuite été suivie par une remise en cause des certitudes initiales à travers notamment d'intenses discussions sur la place de l'enfance et l'impact réel de la famille dans la transmission des opinions politiques. Ce faisant, la réflexion s'en est trouvée affinée et enrichie, ce qui permet aujourd'hui d'envisager de nouvelles pistes de recherche.