Cet article rend compte d'un certain état de l'imaginaire politique des Canadiens-en-redéfinition et trace les grandes lignes d'une matrice de représentations communes de la Confédération dans les années 1864-1867 dans les espaces du Canada-Est et du Canada-Ouest. Le corpus, constitué de caricatures et de textes éditoriaux, fait une large place aux tableaux du péril et du risque calculé. Les thèmes de l'unité ou de la rupture géographique, nationale, voire identitaire, y sont omniprésents. Entre les représentations monstrueuses et les saynètes familiales, les textes et les images de ce Canada-à-renaître sont très riches pour rendre l'humeur générale du pays. Visuellement parlant, les hydres, pieuvres et têtes de Gorgone sont l'expression de peurs et de craintes envers la Confédération. Les projets de mariage de filles ingénues ou sauvages font partie des hypotyposes déployées dans les journaux pour peindre les rêves de la Confédération incarnés dans la ville d'Ottawa, pressentie comme siège du gouvernement central. Cet article vise à ouvrir une vaste analyse sociocritique sur les représentations du Canada-à-renaître, sur le rôle envisagé de son parlement, sur la représentation démocratique, sur la stabilité ministérielle des élus et à propos de la construction d'une plateforme d'identification à la Confédération.
AbstractIn this article we seek to find a way out of the antinomic debate pitting the advocates of the substantialist thesis against those who defend constructivist theories regarding the nation as a "place so named" (lieu dit). Using examples from the case of Quebec—with a view to illustrating a line of argument much more than establishing an empirical interpretation—we attempt to reconcile perspectives from a semantic of action with those from a pragmatic of action within the framework of a theory-in-progress of narraction.