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Les sciences de la société et de la politique connaissent au 20e siècle un développement et un raflinement de l'analyse auxquels échappent bien peu de processus et de phénomènes sociaux. Mais parallèlement on doit constater l'absence de renouvellement des systèmes théoriques globaux et des modèles de société. Les grandes idéologies, libéralisme, socialisme, sont encore pour l'essentiel celles déjà établies dès le 19e siècle. Et cela malgré les transformations des sociétés et l'explosion de la connaissance scientifique. Il en découle l'impuissance et la crise de la pensée sociale et politique dont les conséquences s'étendent aux pratiques et aux institutions où apparaissent dysfonctions et blocages. Se pose donc la question de l'origine de cette crise. Il semblerait possible d'en voir une cause dans la double aspiration qui alimente les idéologies modernes: l'aspiration libertaire conduisant à l'affirmation de l'autonomie et de la spontanéité individuelle étant antinomique de l'aspiration à l'efficacité sociale qui entraîne l'intégration et le développement du pouvoir et de l'Etat.

abstractSocial thought is in a state of crisis; so is Western society. We are still subject to the ideologies and social structures developed or institutionalized during the eighteenth and nineteenth centuries. No new global social theory has emerged since those of Hegel and Marx. Socialism seems both to complete and to abstract Western social thought. An explanatory hypothesis suggests itself: the blockage is a result of the contradiction in Western civilization between the deep aspiration for social efficiency and the equally profound desire for liberty. This contradiction, historically very fruitful, has been brought to its head by socialism, which although stemming from liberalism, has not managed to supersede it or to suppress it. Hence the crisis of socialism becomes the true crisis of our thought and society.