Floran Vadillo, directeur du conseil Sécurité intérieure de la société Sopra Steria est également chercheur associé au Centre Montesquieu de recherche politique (CMRP, université de Bordeaux). Il retrace ici l'évolution des différents services de renseignement et nous explique comment, depuis le début des années soixante-dix, le terrorisme a conduit l'État à faire évoluer son organisation et sa législation.
Le contrôle des activités du renseignement ne peut se concevoir qu'au travers de l'intervention complémentaire de différents acteurs et entités répondant à des missions distinctes. Le contrôle ne saurait être que pluriel, systématisé et rigoureusement formalisé. La France a très récemment créé les conditions de l'exercice d'un panel de contrôles complémentaires et aux prérogatives établies. Seule l'expérience parviendra à en dévoiler l'intensité et l'efficacité.
L'attentat du 26 juin 2015 en Isère a horrifié la France entière : pour la première fois, une décapitation a été orchestrée et savamment mise en scène par un individu au nom du jihad. Un acte dont la perte humaine est sans commune mesure avec la symbolique renvoyée : Etat islamique en guerre contre la France, réhabilitation du « choc des civilisations » par le premier ministre. L'impact psychologique dans l'imaginaire collectif est expliqué dans cet article, par Floran Vadillo, Docteur en science politique associé au CMRP de l'Université de Bordeaux et collaborateur du Président de la Commission des Lois Jean-Jacques Urvoas. Il explore comment le terrorisme confronte, déstabilise, questionne la démocratie en même qu'elle l'oblige à adapter ses moyens en continu. Après avoir discuté l'artificialité des critères traditionnels qui fondent le terrorisme jusqu'à en faire un artefact politique malléable, l'auteur s'attarde sur l'évolution du droit appliqué au terrorisme à des fins de répression ainsi que sur les évolutions administratives au travers de la modernisation des services de renseignement.
Résumé Plus qu'un scandale politique lié à une opération menée par un service de renseignement, l'épisode du Rainbow Warrior incarne avant tout une affaire médiatique qui se développe au cours de l'été 1985. Grâce à cet évènement, le journalisme dit « d'investigation » a connu, en France, un essor considérable et a gagné une légitimité qui fonde encore aujourd'hui son existence. Toutefois, il convient de s'intéresser aux conditions d'émergence de la vérité, essence même de l'investigation, qui, en définitive, jettent le trouble sur cette pratique journalistique. En matière de renseignement, comme en d'autres domaines, la primeur (le « scoop ») n'existe pas mais correspond plutôt à une invention, une mise en scène d'une réalité beaucoup plus prosaïque et, parfois, à l'opposé des légendes dorées.