Si les techniques de mobilisation électorale des maires « ruraux » se différencient de celles qui caractérisent les grandes villes, la périurbanisation engendre cependant des effets sur leur façon de « faire campagne ». Une enquête réalisée en Picardie lors des élections municipales de 2014 montre que celle-ci contraint effectivement les candidats à intégrer progressivement de nouveaux modes d'action dans leurs stratégies de campagne. S'opère dans les mondes ruraux une dépréciation tendancielle du travail personnalisé de démarchage électoral et, de manière concomitante, un glissement des types de légitimité mayorale. En effet, les candidats doivent désormais combiner la proximité avec les électeurs avec un registre de légitimation managériale en s'attachant à exclure les considérations partisanes. Ces changements qui s'effectuent à des rythmes et selon des intensités très variables résultent de l'évolution du profil social des populations et des prétendants au pouvoir municipal.
Destinés à remédier à la « crise des vocations » en milieu rural, deux dispositifs législatifs votés en 1991 et 2019 visent à rendre obligatoires puis à revaloriser fortement les indemnités des élus des communes de moins de 3 500 habitants. Mais tout se passe comme si une amélioration des conditions matérielles d'exercice des mandats décidée au sommet se heurtait à la réticence des titulaires de « petits mandats », en engendrant des arbitrages tendus. L'article vise à mettre à l'épreuve la thèse du more to less qui voudrait que les élus tendent à s'attribuer des augmentations de revenus quand ils le peuvent. En fait, les rapports à l'indemnité sont beaucoup plus complexes et, de manière imbriquée, mettent en jeu l'état de la législation, les codes moraux en vigueur, la morphologie des arènes et la surveillance des administrés ou des pairs dans les structures intercommunales.