Cet article explore les conditions de la croissance en Europe Centrale (Hongrie, Pologne, République tchèque) depuis le début des années 2000, du point de vue de l'évolution et de la consolidation du cadre institutionnel organisant la coordination -ou le conflit - entre les politiques monétaire et budgétaire. Dans un contexte de désinflation poursuivie par le ciblage d'inflation et de préparation à l'entrée dans l'UEM, des oppositions ont été observées entre les banques centrales indépendantes et les gouvernements, conduisant à plusieurs conflits portant aussi bien sur le policy mix que sur le statut des banques centrales. Nous présentons tout d'abord le cadre institutionnel et conjoncturel des politiques monétaire et budgétaire en Europe Centrale, puis nous exposons les conflits observés et leurs conséquences sur la croissance. Nous tentons ensuite d'expliquer l'émergence de ces conflits, d'abord en termes de manque de crédibilité de la politique monétaire, ce qui n'est pas très convaincant, puis en termes d'imperfection du cadre institutionel gouvernant les politiques macroéconomiques, ce qui semble plus adéquat, et qui souligne comment la cohérence imparfaite du cadre institutionnel peut faire peser une menace sur la croissance.
Résumé À partir du « défi » que North [1997 (1977)] a identifié dans les œuvres de Polanyi, nous proposons de mettre en évidence l'originalité de l'institutionnalisme de North, notamment par rapport au « nouvel institutionnalisme » tant en économie qu'en sociologie. Loin de retrouver la dichotomie entre marchand et non marchand au fondement des analyses de Williamson et de Granovetter, la définition des institutions comme « règles du jeu » proposée par North lui permet de concevoir les institutions comme soubassements institutionnels du marché et, partant, comme principes explicatifs des dynamiques historiques.
Cet article propose une analyse à la fois quantitative et qualitative des vingt premières années de production de terrains & travaux . Dans le cadre de ce numéro anniversaire, il revient d'abord sur le projet éditorial de la revue et en précise le fonctionnement concret à travers les évolutions simultanées de son comité de rédaction, de ses rubriques, ainsi que des thématiques choisies au fil des ans. Il analyse ensuite en détail une série de caractéristiques des auteur·e·s des 359 articles publiés depuis 2000, puis esquisse la façon dont la revue se positionne dans l'espace plus large des revues de sciences sociales, ainsi que le paysage des auteur·e·s les plus cité·e·s que la revue donne à voir. Ces coups de projecteur mettent en évidence la relative professionnalisation de la revue depuis sa création comme « Cahiers du département de sciences sociales de l'ENS de Cachan ». Ils révèlent aussi la centralité de la sociologie dans la trajectoire de cette « revue de sciences sociales », centralité qui n'équivaut cependant pas à une exclusivité, la revue laissant une place non négligeable depuis sa création à d'autres sciences sociales à travers le comité de rédaction, les auteur·e·s publié·e·s et les références citées.
Les autorités administratives indépendantes sont désormais au cœur de l'action publique. Des pans entiers de l'économie et de la société sont aujourd'hui régulés ou co-régulés par ces institutions qui échappent au circuit du commandement administratif comme à celui de la politique représentative, et disposent de pouvoirs de régulation, de surveillance, et de sanction considérables. Parce qu'elles sont le plus souvent étudiées de manière sectorielle et/ou monographique, on sait en définitive très peu de choses du mouvement d'ensemble dans lequel sont prises ces agences : les formes d'interdépendance, les jeux de concurrence, ou encore les dynamiques communes qui les lient entre elles. Plutôt d'analyser ce phénomène bureaucratique aussi singulier que foisonnant sous l'angle de la « capture privée » (par les « régulés ») ou, à l'inverse, d'une forme d'étatisation rampante (par les « régulateurs »), cette enquête propose une saisie transversale et historique de cette famille d'institutions et d'actions comme un « champ de la régulation » dont elle analyse la consistance sociale et professionnelle comme la force de gravité. L'enquête ne livre pas une topographie exhaustive des autorités et des agences, une ambition du reste démesurée au regard de l'ampleur qu'a acquis ce phénomène bureaucratique singulier. Mais, par les différents angles d'attaque qui ont été choisis, et qui combinent une perspective transversale par les professionnels et les savoirs de la régulation publique indépendante et une approche sectorielle par les différents contextes de l'action publique dans lesquelles ces agences opèrent, cette recherche fait voir les contours d'un espace interstitiel, voire extra-territorial, inscrit aux confins des champs politique, bureaucratique, économique, judiciaire, et académique, et dont on suit l'élargissement progressif et la force gravitationnelle croissante au cœur de l'Etat. Ce faisant, par cette première vue de coupe de cette terra incognita, on saisit les dynamiques historiques et sociologiques constitutives d'un « Etat de la régulation ».
Les autorités administratives indépendantes sont désormais au cœur de l'action publique. Des pans entiers de l'économie et de la société sont aujourd'hui régulés ou co-régulés par ces institutions qui échappent au circuit du commandement administratif comme à celui de la politique représentative, et disposent de pouvoirs de régulation, de surveillance, et de sanction considérables. Parce qu'elles sont le plus souvent étudiées de manière sectorielle et/ou monographique, on sait en définitive très peu de choses du mouvement d'ensemble dans lequel sont prises ces agences : les formes d'interdépendance, les jeux de concurrence, ou encore les dynamiques communes qui les lient entre elles. Plutôt d'analyser ce phénomène bureaucratique aussi singulier que foisonnant sous l'angle de la « capture privée » (par les « régulés ») ou, à l'inverse, d'une forme d'étatisation rampante (par les « régulateurs »), cette enquête propose une saisie transversale et historique de cette famille d'institutions et d'actions comme un « champ de la régulation » dont elle analyse la consistance sociale et professionnelle comme la force de gravité. L'enquête ne livre pas une topographie exhaustive des autorités et des agences, une ambition du reste démesurée au regard de l'ampleur qu'a acquis ce phénomène bureaucratique singulier. Mais, par les différents angles d'attaque qui ont été choisis, et qui combinent une perspective transversale par les professionnels et les savoirs de la régulation publique indépendante et une approche sectorielle par les différents contextes de l'action publique dans lesquelles ces agences opèrent, cette recherche fait voir les contours d'un espace interstitiel, voire extra-territorial, inscrit aux confins des champs politique, bureaucratique, économique, judiciaire, et académique, et dont on suit l'élargissement progressif et la force gravitationnelle croissante au cœur de l'Etat. Ce faisant, par cette première vue de coupe de cette terra incognita, on saisit les dynamiques historiques et sociologiques ...