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À travers l'exemple de l'électrification des bidonvilles de Casablanca, cet article analyse les rapports dynamiques entre politiques publiques et formes de mobilisation populaire au Maroc. Il montre comment l'introduction d'un nouvel acteur, l'entreprise privée chargée de la gestion déléguée de la distribution d'eau et d'électricité dans l'agglomération, a entraîné une radicalisation du piratage électrique dans les bidonvilles et poussé les pouvoirs publics – qui s'y étaient jusque-là refusés – à accepter au cas par cas le raccordement institutionnalisé de ces quartiers. L'échec relatif à moyen terme du dispositif d'électrification montre cependant les limites d'une transformation par le bas de l'action publique, l'entreprise faisant face à de fortes difficultés pour gérer, sans portage politique fort, cette mission de service public.

En analysant les formes de présentation de soi développées par trois candidats en campagne pour les législatives marocaines de 2002, on montre que les ressorts de la légitimité politique au bidonville sont multiples, et que le corps peut constituer un argument de séduction électorale important. Le corps opulent du patron politique, le corps jeune et dynamique du candidat-militant, le corps handicapé d'une candidate apte à représenter (dans tous les sens du terme) la faiblesse du corps social bidonvillois, peuvent être interprétés comme autant de ressources de propagande, même si les légitimations physiques ne fonctionnent que si la mise en scène des qualités politiques s'appuie sur des preuves concrètes dépassant ou accréditant les apparences.

This paper analyses the forms of self-presentation developed by three candidates campaigning for the 2002 Moroccan legislative elections. This study enables to point out that political legitimacy in the slums can use numerous registers, & to show how the body can be an important argument of electoral seduction. The opulent body of the political patron, the young & dynamic body of the candidate-militant, the handicapped body of a candidate able to represent (in every sense of the word) the weakness of the slum's social body, can be interpreted as many resources of propaganda. However, physical legitimizations only operate if this political mise-en-scene rests on concrete proofs overtaking or confirming appearances. Adapted from the source document.

Résumé Les revendications de réforme constitutionnelle et de réduction des inégalités portées par le mouvement du 20 février se sont focalisées de façon inédite sur la monarchie. Ces revendications sont toutefois affaiblies par la fragmentation du champ politique, tandis que se recompose une expression protestataire. Les horizons marocains sont contrastés, entre anticipation d'une contagion des révoltes, négociation avec les acteurs et répression. Ils doivent être resitués dans une double particularité dans le monde arabe : l'importance de longue date du champ associatif et des mobilisations et les essais d'ouverture démocratique.

This Moroccan field study allows the experience of politicization amongst some families of victims of the "years of lead" to be compared with that of some shantytown inhabitants. In both cases, politicization draws on the intimate sphere. It takes place via a redefinition of the limits of public and private, identification with an "us" and reappropriation of the terms of human rights discourse. The analysis underscores the ambivalence of phenomena of politicization. While authoritarianism has recourse to depoliticization, the practical mastery of this grammar allows the dominated to come to terms with an imposed political order. The avoidance of polemical discourse and deconflictualization of demands are vectors of individual politicization. The latter can thus not be solely understood in terms of conflict. Adapted from the source document.

This chapter is a revised and translated version from French of M. Catusse and L. Zaki, "Gestion communale et clientélisme moral au Maroc: les politiques du Parti de la justice et du développement", Critique internationale, n°42, janv. / mars 2009, p. 73-91 ; Lors des élections locales de 2003, le Parti de la justice et du développement (PJD), principal parti « islamiste » marocain, a opéré une percée remarquable dans les villes. Ses élus, qui pour la plupart faisaient leurs premiers pas dans la carrière, se sont exercés aux règles du jeu politique dans un contexte de décentralisation qui réorganisait les échelles du gouvernement local et transférait des compétences au profit des autorités déconcentrées et des présidents de commune. Partis à l'assaut des villes au nom de valeurs morales et religieuses, les élus PJD ont vite adopté une approche pragmatique de leurs fonctions, se présentant désormais avant tout comme des gestionnaires efficaces du local. En phase avec les injonctions néolibérales, ils ont mis en avant leurs formations et leurs spécialisations respectives. La référence religieuse s'est estompée, se déclinant en fonction des publics, autour de mots d'ordre consensuels, comme la proximité, la probité ou la moralité. Affichant un clientélisme moral, les élus PJD ont adopté une idéologie de l'action pour résoudre les problèmes quotidiens des électeurs. Se présentant comme des techniciens du local, ils ont également repris à leur compte les caractéristiques de l'homme de bien comme celles de l'homme d'appareil, véritable cheville ouvrière du parti à l'échelle locale

This chapter is a revised and translated version from French of M. Catusse and L. Zaki, "Gestion communale et clientélisme moral au Maroc: les politiques du Parti de la justice et du développement", Critique internationale, n°42, janv. / mars 2009, p. 73-91 ; Lors des élections locales de 2003, le Parti de la justice et du développement (PJD), principal parti « islamiste » marocain, a opéré une percée remarquable dans les villes. Ses élus, qui pour la plupart faisaient leurs premiers pas dans la carrière, se sont exercés aux règles du jeu politique dans un contexte de décentralisation qui réorganisait les échelles du gouvernement local et transférait des compétences au profit des autorités déconcentrées et des présidents de commune. Partis à l'assaut des villes au nom de valeurs morales et religieuses, les élus PJD ont vite adopté une approche pragmatique de leurs fonctions, se présentant désormais avant tout comme des gestionnaires efficaces du local. En phase avec les injonctions néolibérales, ils ont mis en avant leurs formations et leurs spécialisations respectives. La référence religieuse s'est estompée, se déclinant en fonction des publics, autour de mots d'ordre consensuels, comme la proximité, la probité ou la moralité. Affichant un clientélisme moral, les élus PJD ont adopté une idéologie de l'action pour résoudre les problèmes quotidiens des électeurs. Se présentant comme des techniciens du local, ils ont également repris à leur compte les caractéristiques de l'homme de bien comme celles de l'homme d'appareil, véritable cheville ouvrière du parti à l'échelle locale

This chapter is a revised and translated version from French of M. Catusse and L. Zaki, "Gestion communale et clientélisme moral au Maroc: les politiques du Parti de la justice et du développement", Critique internationale, n°42, janv. / mars 2009, p. 73-91 ; Lors des élections locales de 2003, le Parti de la justice et du développement (PJD), principal parti « islamiste » marocain, a opéré une percée remarquable dans les villes. Ses élus, qui pour la plupart faisaient leurs premiers pas dans la carrière, se sont exercés aux règles du jeu politique dans un contexte de décentralisation qui réorganisait les échelles du gouvernement local et transférait des compétences au profit des autorités déconcentrées et des présidents de commune. Partis à l'assaut des villes au nom de valeurs morales et religieuses, les élus PJD ont vite adopté une approche pragmatique de leurs fonctions, se présentant désormais avant tout comme des gestionnaires efficaces du local. En phase avec les injonctions néolibérales, ils ont mis en avant leurs formations et leurs spécialisations respectives. La référence religieuse s'est estompée, se déclinant en fonction des publics, autour de mots d'ordre consensuels, comme la proximité, la probité ou la moralité. Affichant un clientélisme moral, les élus PJD ont adopté une idéologie de l'action pour résoudre les problèmes quotidiens des électeurs. Se présentant comme des techniciens du local, ils ont également repris à leur compte les caractéristiques de l'homme de bien comme celles de l'homme d'appareil, véritable cheville ouvrière du parti à l'échelle locale

Lors des élections locales de 2003, le Parti de la justice et du développement (PJD), principal parti « islamiste » marocain, a opéré une percée remarquable dans les villes. Ses élus, qui pour la plupart faisaient leurs premiers pas dans la carrière, se sont exercés aux règles du jeu politique dans un contexte de décentralisation qui réorganisait les échelles du gouvernement local et transférait des compétences au profit des autorités déconcentrées et des présidents de commune. Partis à l'assaut des villes au nom de valeurs morales et religieuses, les élus PJD ont vite adopté une approche pragmatique de leurs fonctions, se présentant désormais avant tout comme des gestionnaires efficaces du local. En phase avec les injonctions néolibérales, ils ont mis en avant leurs formations et leurs spécialisations respectives. La référence religieuse s'est estompée, se déclinant en fonction des publics, autour de mots d'ordre consensuels, comme la proximité, la probité ou la moralité. Affichant un clientélisme moral, les élus PJD ont adopté une idéologie de l'action pour résoudre les problèmes quotidiens des électeurs. Se présentant comme des techniciens du local, ils ont également repris à leur compte les caractéristiques de l'homme de bien comme celles de l'homme d'appareil, véritable cheville ouvrière du parti à l'échelle locale.

International audience ; Lors des élections locales de 2003, le Parti de la justice et du développement (PJD), le principal parti « islamiste » marocain, opère une percée remarquable dans les villes. Ses élus, qui pour la plupart font leur première expérience municipale, s'exercent aux règles du jeu politique dans un contexte de décentralisation qui réorganise les échelles du gouvernement local et transfère des compétences au profit des autorités déconcentrées et des présidents de commune. Partis à l'assaut des villes au nom de valeurs morales et religieuses, les élus PJD adoptent vite une approche pragmatique de leur fonction, se présentant désormais avant tout comme des gestionnaires efficaces du local. En phase avec les injonctions néo-libérales, ils mettent en avant leur formation et leur spécialisation respective. La référence religieuse s'estompe et se décline en fonction des publics, autour de mots d'ordre consensuels, comme la « proximité », la « probité » ou encore la « moralité ». Affichant un clientélisme moral, les élus PJD adoptent une idéologie de l'action pour résoudre les problèmes quotidiens des électeurs. Ils se présentent comme des techniciens du local, ils affichent aussi les caractéristiques de l'homme de bien comme celles de l'homme d'appareil, cheville ouvrière du parti à l'échelle locale.