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Cet article aborde les épreuves corporelles des professionnel·le·s de la branche carnée en Suisse d'un point de vue du genre et analyse les places assignées aux femmes et aux hommes dans ce secteur. La posture de l'auteure est de ne pas imposer de lecture genre a priori à son terrain, mais sa propre expérience d'ethnographe-femme dans ce milieu masculin a mis en évidence la mobilisation récurrente de la catégorie de sexe comme variable explicative, en particulier de la définition du « bon boucher ». Grâce à des vignettes ethnographiques tirées de notes de terrain, l'auteure montre ainsi comment un lien direct est établi entre une catégorie de sexe et une activité de travail, jugée soit « masculine » (l'abattage et le dépeçage de la viande), soit « féminine » (activités liées à la commercialisation de la viande). Les conditions de la production des corps au travail ne sont donc pas les mêmes pour les bouchers et les bouchères. Cette différenciation s'inscrit dans les réformes récentes de la branche (ouverture de nouvelles filières, en particulier de commercialisation) qui à la fois attirent un nouveau public, notamment féminin, et créent une reconfiguration de la ségrégation au sein de la profession.

Malgré des décennies de promotion fervente en santé publique, l'allaitement est souvent interprété comme un acte inapproprié, voire dégoûtant. S'appuyant sur les théories féministes du corps, cet article propose une théorisation de la corporéité « déviante » qui remet en question les dichotomies esprit/corps et nature/culture ainsi que le rôle de la médicalisation dans l'élaboration des discours autour de la lactation. C'est dans cette optique que l'auteure analyse l'acte d'allaiter et les différents regards qui objectivent l'allaitement et le façonnent. Elle conclut en identifiant de potentiels modes de résistance aux discours et aux pratiques dominantes.