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À partir de la guerre du Golfe en 1991, l'Armée de l'air va connaître un nouveau théâtre d'opérations, obligeant à accroître ses capacités de projection. Ce sera aussi l'opportunité de travailler en coalition sous commandement américain et donc d'accroître l'interopérabilité de nos forces aériennes et de contribuer à renforcer notre présence diplomatique.

L'Armée de l'air va bénéficier de l'aide américaine pour se reconstruire tout en changeant de doctrine sous l'impulsion du général Bouscat, en se détachant de la tutelle de l'Armée de terre et du général Giraud, aux conceptions obsolètes quant à l'emploi de l'arme aérienne. Ce réarmement a permis une modernisation qui aboutira après 1945.

Malgré une très nette supériorité de moyens, les forces aériennes russes n'ont pas réussi à conquérir la supériorité aérienne en Ukraine pour des raisons qui tiennent à la culture stratégique de l'armée de l'air et de l'espace russe, au caractère inachevé de leur modernisation et à la mise en œuvre par les Ukrainiens d'une puissante défense sol-air. Cette situation a permis aux Ukrainiens de mener une sorte de guérilla aérienne et de remporter, grâce notamment à l'emploi de drones, une série de victoires tactiques pendant les premières phases du conflit. La contre-offensive lancée par l'armée ukrainienne montre qu'elle s'est préalablement appuyée sur des opérations de conquête de la supériorité aérienne dont l'ampleur n'est aujourd'hui pas complétement connue mais qui s'est appuyée sur l'aide matérielle et l'expertise de ses alliés occidentaux. La guerre en Ukraine illustre ainsi la permanence des principes de la stratégie aérienne mais aussi les nouvelles formes de la conflictualité aérienne du fait notamment du développement des drones et de leur intégration à tous les échelons de la manœuvre des forces.

La guerre du Golfe a accéléré les mutations propres à l'Armée de l'air qui avaient été amorcées avec le plan Armées 2000. En modifiant en profondeur l'organisation et le fonctionnement, celle-ci a vu une rupture confirmée ensuite par le Retex du conflit puis par la professionnalisation décidée en 1996.

L'approche stratégique permet de dégager les véritables caractéristiques des espaces communs qui sont avant tout des espaces de transit et des espaces parcourus par des flux. Ces spécificités donnent une importance particulière au concept de maîtrise ou de supériorité de milieu. Car si ces espaces ne peuvent être occupés, les forces armées doivent pouvoir y manœuvrer librement par le mouvement et le feu. Or si comme l'affirme le grand stratégiste naval britannique Julian Corbett, le blocus est la forme la plus efficace d'action stratégique sur mer, il est probable qu'il le soit également dans l'air, l'espace extra-atmosphérique et le cyberespace qui au point de vue stratégique partagent les mêmes propriétés.

L'aviation a eu un rôle croissant durant le conflit. Au-delà de l'image d'Épinal proposée par les As, c'est bien dans l'acquisition du renseignement que les aviateurs ont apporté une contribution décisive, permettant ainsi au commandement de mieux comprendre les offensives ennemies via les missions de reconnaissance, y compris dans la profondeur.