« Then Herod, when he saw that he was mocked of the wise men, was exceeding wroth, and sent forth, and slew all the children that were in Bethlehem, and in all the coasts thereof, from two years old and under, according to the time which he had diligently inquired of the wise men » (Matthew 2, 16). This Gospel verse is the one and only Scriptural basis for what the Christian tradition has called the « Slaughter of the Holy Innocents ». This dissertation aims at understanding how a single biblical verse became an episode of the Incarnation narrative, then the object of devotions, and eventually a rhetorical element used in polemical contexts. Based on hagiographical sources, the identity of the Holy Innocents can not be fully understood (Part I). Therefore we propose to use the exegetical and liturgical sources to understand how the Massacre of the Innocents, a slaughter of Jewish children, was captured by Christianity thanks to a typological interpretation, and then built as an episode prefiguring all persecutions, real or assumed, that the Church would have to face (Part II). The staging and performance of this discourse produced by theologians fall under polemical and political uses (Part III) : The Massacre of the Innocents, built in the exegesis out of the « Christianization » of the Innocents and of the figure of Rachel associated with them, becomes part of the derogatory discourse against Jews from the twelfth century on. ; « Alors Hérode, se voyant joué par les mages, entra dans une grande fureur et envoya tuer, dans Bethléem et dans tout son territoire, tous les enfants jusqu'à deux ans, d'après l'époque qu'il s'était fait préciser par les mages » (Mt, 2, 16). Ce verset évangélique constitue le seul et unique fondement scripturaire de ce que la tradition chrétienne appelle le « massacre des Innocents ». Cette thèse s'applique à comprendre comment, à partir d'un texte fondateur laconique, le massacre des Innocents est devenu un épisode à part entière du récit de l'Incarnation, puis l'objet de dévotions, et enfin un élément de rhétorique utilisé dans des contextes polémiques. À partir des sources hagiographiques, l'identité des saints Innocents ne peut être appréhendée qu'en partie (première partie). C'est pourquoi on propose de recourir aux sources exégétiques et liturgiques pour comprendre la façon dont le massacre des Innocents, hécatombe d'enfants juifs, a été capté par le christianisme par une interprétation typologique et construit comme épisode préfigurant toutes les persécutions, réelles ou supposées, auxquelles l'Église aurait à faire face (deuxième partie). Les mises en scène et en actes de ce discours sur les Innocents produit par les théologiens relèvent d'usages polémiques et politiques (troisième partie) : le massacre des Innocents, construit dans l'exégèse par la « christianisation » des Innocents et de la figure de Rachel qui leur est associée, devient un élément du discours de dénigrement des juifs à partir du XIIe siècle.
« Then Herod, when he saw that he was mocked of the wise men, was exceeding wroth, and sent forth, and slew all the children that were in Bethlehem, and in all the coasts thereof, from two years old and under, according to the time which he had diligently inquired of the wise men » (Matthew 2, 16). This Gospel verse is the one and only Scriptural basis for what the Christian tradition has called the « Slaughter of the Holy Innocents ». This dissertation aims at understanding how a single biblical verse became an episode of the Incarnation narrative, then the object of devotions, and eventually a rhetorical element used in polemical contexts. Based on hagiographical sources, the identity of the Holy Innocents can not be fully understood (Part I). Therefore we propose to use the exegetical and liturgical sources to understand how the Massacre of the Innocents, a slaughter of Jewish children, was captured by Christianity thanks to a typological interpretation, and then built as an episode prefiguring all persecutions, real or assumed, that the Church would have to face (Part II). The staging and performance of this discourse produced by theologians fall under polemical and political uses (Part III) : The Massacre of the Innocents, built in the exegesis out of the « Christianization » of the Innocents and of the figure of Rachel associated with them, becomes part of the derogatory discourse against Jews from the twelfth century on. ; « Alors Hérode, se voyant joué par les mages, entra dans une grande fureur et envoya tuer, dans Bethléem et dans tout son territoire, tous les enfants jusqu'à deux ans, d'après l'époque qu'il s'était fait préciser par les mages » (Mt, 2, 16). Ce verset évangélique constitue le seul et unique fondement scripturaire de ce que la tradition chrétienne appelle le « massacre des Innocents ». Cette thèse s'applique à comprendre comment, à partir d'un texte fondateur laconique, le massacre des Innocents est devenu un épisode à part entière du récit de l'Incarnation, puis l'objet de dévotions, ...
Nous étudions une communauté Kikuyu en milieu urbain, à savoir un groupe religieux, les Akorino des United Assemblies of the Israeli Church of God (Assemblées Unies de l'Église d'Israël de Dieu, AUEID), qui habite et professe son culte à Nairobi, dans le bidonville de Riruta Satellite-Kawangware. Les Akorino sont des communautés dissidentes du protestantisme ; leur origine remonte aux années 20 et, depuis l'indépendance, ils sont en pleine expansion. Organisées autour d'un prophète guérisseur, ces communautés pratiquent un prosélytisme discret. Leur message religieux s'articule sur une relecture de la Bible, tout en s'appuyant sur des caractéristiques "traditionnelles" de la société Kikuyu. Notre étude est principalement basée sur une recherche de terrain, menée, avec des interruptions, de juin 1994 a mars 1996. La partie introductive et l'historique sont complémentaires à ce chapitre. Nous présentons dans les annexes, après la conclusion, des documents vivants. L'introduction essaye de fournir une série de réponses à des questions générales : quel est l'intérêt, quels sont les buts d'une recherche sur ce thème ? La méthodologie proprement dite est centrée sur la présentation du terrain. Nous avons cherché à donner un aperçu le plus fidèle possible, sans hésiter à donner de nombreux détails. Ensuite, nous avons essayé d'expliquer le pourquoi du choix d'un milieu urbain défavorisé. Nous avons tenté d'inscrire notre étude dans une perspective historique en prenant en compte les bouleversements sociaux de la fin du XIXe siècle. Il s'agit d'une clef de lecture pour comprendre le changement social au Kenya. Une partie centrée sur l'analyse des études qui, jusqu'à présent, ont concerné notre sujet et une partie d'explication terminologique, achèvent le chapitre introductif. L'historique s'articule en deux parties différentes. La première présente la genèse de la christianisation du Kenya, fondamentale pour comprendre le sens et l'évolution des églises indépendantes. La deuxième partie vise a éclaircir les étapes de la persécution des Watu wa Mungu , ancien mouvement d'Akorino ainsi qu'à expliquer les soupçons et les malentendus qui entourent les Akorino aujourd'hui. Cette partie se veut fournir une série de réponses sur la naissance, les caractéristiques et les persécutions politiques des Watu wa Mungu , identifiés, parfois, avec les Mau-Mau. Le chapitre sur les Akorino de Riruta Satellite-Kawangware forme le centre de notre étude et s'appuie principalement sur Ia recherche de terrain. Il représente notre effort de pénétrer daris les structures de la communauté pour en comprendre les réponses religieuses aux transformations sociales, politiques et économiques. Nous présentons, d'abord, le prophète qui est au centre de la communauté et la nature du prophétisme, puis la famille élargie du prophète et enfin la communauté religieuse, dans une perspective plus socio-économique que religieuse. L'identité ethnique et politique des membres du groupe sont l'objet d'une réflexion. Nous présentons également les lois de l'église et la symbolique vestimentaire utiisée par les membres du groupe. Enfin, nous présentons les cérémonies, la hiérarchie ecclésiastique et la dialectique, parfois difficile, entre les hommes et les femmes. On a, en outre, souligné, l'aspect syncrétiste des cérémonies étudiées. La conclusion ne prétend pas mettre un point final au sujet. Elle propose des réponses et ouvre aussi des perspectives futures de recherche.
Nous étudions une communauté Kikuyu en milieu urbain, à savoir un groupe religieux, les Akorino des United Assemblies of the Israeli Church of God (Assemblées Unies de l'Église d'Israël de Dieu, AUEID), qui habite et professe son culte à Nairobi, dans le bidonville de Riruta Satellite-Kawangware. Les Akorino sont des communautés dissidentes du protestantisme ; leur origine remonte aux années 20 et, depuis l'indépendance, ils sont en pleine expansion. Organisées autour d'un prophète guérisseur, ces communautés pratiquent un prosélytisme discret. Leur message religieux s'articule sur une relecture de la Bible, tout en s'appuyant sur des caractéristiques "traditionnelles" de la société Kikuyu. Notre étude est principalement basée sur une recherche de terrain, menée, avec des interruptions, de juin 1994 a mars 1996. La partie introductive et l'historique sont complémentaires à ce chapitre. Nous présentons dans les annexes, après la conclusion, des documents vivants. L'introduction essaye de fournir une série de réponses à des questions générales : quel est l'intérêt, quels sont les buts d'une recherche sur ce thème ? La méthodologie proprement dite est centrée sur la présentation du terrain. Nous avons cherché à donner un aperçu le plus fidèle possible, sans hésiter à donner de nombreux détails. Ensuite, nous avons essayé d'expliquer le pourquoi du choix d'un milieu urbain défavorisé. Nous avons tenté d'inscrire notre étude dans une perspective historique en prenant en compte les bouleversements sociaux de la fin du XIXe siècle. Il s'agit d'une clef de lecture pour comprendre le changement social au Kenya. Une partie centrée sur l'analyse des études qui, jusqu'à présent, ont concerné notre sujet et une partie d'explication terminologique, achèvent le chapitre introductif. L'historique s'articule en deux parties différentes. La première présente la genèse de la christianisation du Kenya, fondamentale pour comprendre le sens et l'évolution des églises indépendantes. La deuxième partie vise a éclaircir les étapes de la persécution des Watu wa Mungu , ancien mouvement d'Akorino ainsi qu'à expliquer les soupçons et les malentendus qui entourent les Akorino aujourd'hui. Cette partie se veut fournir une série de réponses sur la naissance, les caractéristiques et les persécutions politiques des Watu wa Mungu , identifiés, parfois, avec les Mau-Mau. Le chapitre sur les Akorino de Riruta Satellite-Kawangware forme le centre de notre étude et s'appuie principalement sur Ia recherche de terrain. Il représente notre effort de pénétrer daris les structures de la communauté pour en comprendre les réponses religieuses aux transformations sociales, politiques et économiques. Nous présentons, d'abord, le prophète qui est au centre de la communauté et la nature du prophétisme, puis la famille élargie du prophète et enfin la communauté religieuse, dans une perspective plus socio-économique que religieuse. L'identité ethnique et politique des membres du groupe sont l'objet d'une réflexion. Nous présentons également les lois de l'église et la symbolique vestimentaire utiisée par les membres du groupe. Enfin, nous présentons les cérémonies, la hiérarchie ecclésiastique et la dialectique, parfois difficile, entre les hommes et les femmes. On a, en outre, souligné, l'aspect syncrétiste des cérémonies étudiées. La conclusion ne prétend pas mettre un point final au sujet. Elle propose des réponses et ouvre aussi des perspectives futures de recherche.
The thesis focuses on the industrialization of housing in France (1885-1970), from the lightweight and removable construction to the heavy construction and architecture. The purpose of this thesis is placed at the interface of four major topics: the existence of industrialization before the World War II, the technical policy of the Ministry of Reconstruction and Urbanism (MRU), projects after the Second World War that applied the methods of industrialization imposed by the State, and the principles of the Charter of Athens. The study period extends from 1885, the first witness of European industrialization of the building, to 1970ties of questioning of this type of construction. The industrialization of the building has very old roots; it grows primarily in the military, for the needs of the colonial conquest, campaigns, wars, which inflamed the Europe. The beach cabin or the shack resort, the canvas tent, canopy of market, are as much constructive figures which are proliferating at the end of the nineteenth century. Especially, the colonial expeditions conducted drums requiring speed, security, capacity: the shack is the industrial solution. Industrialization continues to be not light anymore but heavy. It is the main route for the State because it decreases the cost price of the construction, reduces the interventions and improves the comfort of the housing. From 1945, the French State newly invests in the most stricken, encourages innovation based on the employment of materials and techniques in establishing the technical approval of the "new materials and non-traditional methods of construction". In the first part of this research, i have tried to show that there is an industrialization of the building before the Second World War. Industrialization occupied "brutally" lightweight construction in the 1890s. The shack removable and transportable, military becomes the object of competitions, confrontations, of interest of warriors in Western Europe. Dozens of models are prefabricated and really mounted in the fields of battles or in anticipation of territorial conquest. In a second time i have chosen to continue the story in the heavy construction in the after war, specifically the construction of the housing. Therefore i chose to study two outstanding projects of the period just after the Second World War. First is the project of Noisy-le-Sec, through which the state tried to test the processes and new materials to use fewer the raw materials and energy, to simplify the implementation, to raise awareness of these innovations to advance technology and contribute to the improvement of the habitat (interior comfort and equipment). To do this, it imported new processes and imposed changes in pace and scale. Second is the project of Grandes Terres: The site of the project of Grandes Terres could be considered as the first masterpiece of heavy housing prefabrication. In addition the project of Grandes Terres affirms a new way of thinking about the city and its report to the habitat, it is one of the successful applications of the Charter of Athens, bible of the urbanism of Lods, and a reference for the urban development's decades 60 and 70. Finally, to develop this academic research I have taken the party "chronologically":1885-1940 "the lightweight construction and demountable", 1940-1970, "the heavy prefabrication and Unremovable", 1945-1953 "the city of experience of Noisy-le-sec", 1952-1956, "the completed model which is the most successful of major operations, the project of Grandes Terres". ; La thèse porte sur l'industrialisation du logement en France (1885-1970), de la construction légère et démontable à la construction lourde et architecturale. L'objet de cette thèse se place à l'interface de quatre grands sujets : l'existence de l'industrialisation avant la seconde guerre mondiale, la politique technique du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU), les projets réalisés après la seconde guerre mondiale dont on applique les méthodes d'industrialisation imposées par l'Etat, et les principes de la charte d'Athènes. La période d'étude s'étend de 1885, premier témoin européen de l'industrialisation du bâtiment, à 1970 année de remise en cause de ce type de construction. l'industrialisation du bâtiment a des racines très anciennes, elle croît d'abord parmi les militaires, pour les besoins de la conquête coloniale, des campagnes, des guerres qui enflamment l'Europe. La cabane de plage ou la baraque de villégiature, la tente de toile, l'auvent de marché, sont autant de figures constructives qui prolifèrent en fin du XIXe siècle. Surtout, les expéditions coloniales menées tambours battants exigent rapidité, sécurité, capacité : la baraque est la solution industrielle. L'industrialisation se poursuit, non plus légère mais lourde. Elle est pour l'Etat la principale voie car elle diminue le prix de revient de la construction, réduit les interventions et améliore le confort des logements. A partir de 1945, l'Etat français nouveau investit dans la partie la plus sinistrée, encourage les innovations basées sur l'emploi de matériaux et de techniques en instituant l'agrément technique des « matériaux nouveaux et des procédés non traditionnels de construction ». Dans la première partie de cette recherche, nous avons essayé de montrer qu'il y a bien une industrialisation du bâtiment avant la seconde guerre mondiale. L'industrialisation occupe « brutalement » la construction légère dans les années 1890. La baraque démontable et transportable, militaire, ambulante devient l'objet de compétitions, de confrontations, d'intérêts guerriers en Europe de l'ouest. Des dizaines de modèles sont préfabriqués et montés en arrière des champs de batailles ou en prévision des conquêtes territoriales. Dans un second temps nous avons choisi de continuer l'histoire de la construction lourde dans l'après guerre, spécifiquement la construction du logement. Par conséquent nous avons choisi d'étudier deux projets remarquables de la période juste après la seconde guerre mondiale. 1- Le projet de la cité expérimentale de Noisy-le-Sec : au travers de ce projet l'Etat a essayé de tester les procédés et matériaux nouveaux permettant d'utiliser moins de matières premières et d'énergie, de simplifier la mise en œuvre, de faire connaître ces nouveautés pour faire de la technique une technologie et contribuer à l'amélioration de l'habitat (confort intérieur, équipement). Pour ce faire, il importe des procédés et impose des changements de rythme et d'échelle. 2- le projet des Grands Terres : Le chantier des Grands Terres doit être considéré comme le premier chef d'œuvre de préfabrication lourde de logements. Ce projet affirme aussi une nouvelle façon de penser la ville et son rapport à l'habitat, il est une des applications réussies de la Charte d'Athènes, bible de l'urbanisme de Lods, et une référence pour les évolutions urbaines des décennies 60 et 70. Enfin, pour élaborer cette recherche académique j'ai pris le parti "chronologique" " : 1885-1940 "la construction légère et démontable", 1940-1970, "la préfabrication lourde et indémontable", 1945-1953 " la cité d'expérience de Noisy-le-Sec", 1952-1956, "le modèle achevé le plus réussi des grands opérations, le projet des Grandes Terres".
This article deals with the notion of sovereignty as found in the second volume of Derrida's seminar La bête et le souverain. In this seminar, Derrida shows that the foundations of political sovereignty are theological, and analyses the way in which, by reading the Bible, Robinson gradually considers himself the absolute sovereign of his island by the grace of God. This leads him, however, to absolute solitude (or rather sovereignty comes from solitude), the solitude of his isolation on the island. This solitude turns out to be a constant motif in the foundation of Modernity, be it with Descartes (with the cogito as a Robinsonian hyperbole) or with Rousseau, and is not far from a certain way of reading, or rather from a renunciation of reading. Heidegger shares such solitude of the sovereign in his conception of Dasein or this isolating sovereignty, but yet opens another possibility (or we open it by reading him somewhere else or otherwise): Derrida analyses at length the uses of the Heideggerian term Walten as the source of the ontological difference that alludes to another form of sovereignty: sovereignty of nothing or sovereign neutrality. ; Este artículo trata la noción de soberanía a partir del segundo volumen del seminario La bête et le souverain de Jacques Derrida. En este seminario, Derrida muestra que el fundamento de la soberanía política es teológico, y analiza el modo en que Robinson, leyendo la Biblia, se va considerando soberano absoluto de su isla por gracia de Dios. Lo cual le conduce, sin embargo, a la absoluta soledad (o bien la soberanía procede de ella), la soledad de su aislamiento en la isla. Esa soledad resulta ser un motivo constante en la fundación de la Modernidad, sea ya en Descartes (con el cogito como robinsonada hiperbólica) o en Rousseau; y no queda lejos de una forma determinada de lectura, o bien de renuncia a la lectura. Heidegger comparte esa soledad del soberano en su concepción del Dasein o esa soberanía aisladora, pero no obstante abre otra posibilidad (o la abrimos al leerlo en otros lados o de otro modo): Derrida analiza largamente los usos del término heideggeriano Walten como fuente de la diferencia ontológica que alude a otra forma de soberanía: soberanía de nada o neutralidad soberana. ; Este artículo trata la noción de soberanía a partir del segundo volumen del seminario La bête et le souverain de Jacques Derrida. En este seminario, Derrida muestra que el fundamento de la soberanía política es teológico, y analiza el modo en que Robinson, leyendo la Biblia, se va considerando soberano absoluto de su isla por gracia de Dios. Lo cual le conduce, sin embargo, a la absoluta soledad (o bien la soberanía procede de ella), la soledad de su aislamiento en la isla. Esa soledad resulta ser un motivo constante en la fundación de la Modernidad, sea ya en Descartes (con el cogito como robinsonada hiperbólica) o en Rousseau; y no queda lejos de una forma determinada de lectura, o bien de renuncia a la lectura. Heidegger comparte esa soledad del soberano en su concepción del Dasein o esa soberanía aisladora, pero no obstante abre otra posibilidad (o la abrimos al leerlo en otros lados o de otro modo): Derrida analiza largamente los usos del término heideggeriano Walten como fuente de la diferencia ontológica que alude a otra forma de soberanía: soberanía de nada o neutralidad soberana.
De 1520 à 1536, la diffusion de la Réforme dans le Saint-Empire et le Corps helvétique se fit en grande partie par le biais de disputes religieuses organisées entre tenants de la nouvelle foi et défenseurs de l'Eglise romaine, en particulier dans les villes et les communes libres. La plupart de ces disputes s'inspiraient, plus ou moins, de la rencontre organisée à Zurich sur l'initiative d'Ulrich Zwingli en janvier 1523, que l'on considère aujourd'hui comme le lieu où furent mis en place les éléments constitutifs de la dispute entre catholiques et réformés, tels que l'autorité exclusive de la Bible et l'organisation sous l'autorité du politique. Ces éléments allaient être affinés et développés dans les disputes des années 1520, au cours desquelles se forma la « dispute moderne », qui devait s'éloigner toujours plus nettement de la disputatio académique, institution par excellence de la controverse religieuse depuis le Moyen Age. Les disputes modernes ont déjà fait l'objet de nombreuses études, le plus souvent axées sur l'analyse du phénomène du point de vue de l'histoire de la théologie et/ou des idées. En revanche, il n'existe que très peu de travaux traitant de cette forme de controverse religieuse dans une perspective d'histoire sociale. Par conséquent, le but de ce mémoire de licence était de proposer des pistes pour une histoire sociale de la dispute moderne. A l'exemple des cas de Memmingen (1525), Kaufbeuren (1525) et Ilanz (1526), il s'agissait de retracer les modalités de la construction d'un espace matériel et symbolique de la dispute moderne. L'analyse s'articule autour de trois aspects essentiels de ce processus. Faisant suite à un chapitre destiné à replacer les disputes dans leur contexte historique, le deuxième chapitre s'attache à identifier les conditions de production de la vérité au sein de la dispute : comment définir la vérité religieuse alors que l'on n'est d'accord sur rien, comment produire une parole légitime, qui permettra de faire reconnaître son interprétation de la vérité comme la seule possible et de l'imposer ? On remarque alors que disputer était une « affaire de professionnels », car seuls des agents suffisamment dotés en capital intellectuel et social et qui bénéficiaient d'une maîtrise théorique et pratique du jeu de la controverse étaient en mesure d'orienter les débats à l'avantage du parti qu'ils représentaient. Les réformés surent tenir compte de cette nécessité plus rapidement que les catholiques, ceux-ci refusant de s'engager dans un débat avec des « hérétiques », et donc de faire entrer en lice des spécialistes, à quelques exceptions près. Le troisième chapitre tente de donner des pistes de réflexion sur la constitution de l'espace de la dispute, problème jusqu'ici resté dans l'ombre. Loin d'être neutres, le choix du lieu matériel et celui des participants, mais aussi l'aménagement du dispositif de parole, faisaient l'objet d'âpres conflits en raison de leur charge symbolique, et les réactions des uns et des autres sont révélatrices des présupposés avec lesquel les agents de l'un et l'autre camp abordaient ces questions. Enfin, le dernier chapitre traite de l'implication de l'autorité politique dans l'organisation des disputes, et tente de reconstituer le jeu subtil entre magistrats et réformateurs à ce sujet. Si l'autorité politique voyait dans la dispute le lieu où poursuivre et légitimer ses efforts de limitation des privilèges ecclésiastiques, les réformateurs savaient que remporter la victoire au sein d'une dispute organisée sous l'autorité du magistrat leur permettrait de transformer leurs thèses en réalités politiques. En se fondant sur l'analyse des trois exemples choisis, on peut donc observer l'insertion des disputes entre réformés et catholiques au sein même des transformations sociales, politiques et religieuses qui marquent le début du XVIe siècle, ainsi que le rôle de ces rencontres dans la redéfinition du champ religieux entraînée par l'arrivée de la Réforme.
International audience ; Dieser Artikel befasst sich mit den Publikationen der letzten zehn Jahre, die sich dem Monumentaldekor (Malerei und Mosaik) im Rom des 11. und 12. Jahrhunderts bzw. der Epoche der sogenannten gregorianischen Reform gewidmet haben. Nach einer einführenden Zusammenfassung der wesentlichen aktuellen Veröffentlichungen auf diesem Gebiet untersucht der Autor, wie die verschiedenen Thematiken bisher, unter Einbeziehung aktueller Forschungsperspektiven, in der Historiographie behandelt wurden: die Antike und das Kloster Montecassino; die Narration; die Atlantischen Bibeln; Bild und Schrift; die Theorie "reformierter" Kunst; die Auftraggeber. Daraufhin folgt die Analyse des 2006 erschienenen Corpus della pittura medievale romana, der ein bedeutendes Verbindungsglied zwischen älterer Forschung und neuen Fragestellungen darstellt. Der Text unterscheidet zwei grosse chronologische Sektionen, beide dem 11. und 12. Jahrhundert gewidmet, die nicht nur die wesentlichen Errungenschaften des Corpus herausstellen (stilistische und formelle Bezüge, Änderungen chronologischer Zuschreibungen, Untersuchungen verlorener Werke, thematische Aktualiserungen), sondern auch die Beiträge jüngster Publikationen und der aktuellen wissenschaftlichen Diskussion mit einbeziehen. Dabei dienen drei Fälle als Beispiele: das Gemälde auf Holz Das jüngste Gericht des Vatikan-Museums, der Bildzyklus der unteren Basilika von San Crisogono und die Malereien des unteren Kirchenschiffs von San Clemente. Für das 12. Jahrhundert stehen exemplarisch die Mosaike von San Bartolomeo all'isola, San Clemente und Santa Maria in Trastevere. Der Artikel schliesst mit der Analyse der noch erhaltenen Bildzyklen auf dem Gebiet des Latium, die durch ihre historischen und künstlerischen Motive der römischen Tradition entsprechen, und mit der Beziehung zwischen der "reformierten" Kunst Roms und der europäischen Kultur. ; This article discusses research undertaken over the past ten years on monumental decors (painting and mosaics) realized in Rome between the mid-11th century and the mid-12th century, otherwise known as the period of the « Gregorian reform ». After presenting a brief summary of the most significant recent art-historical publications on the subject, the text offers an analysis of the themes developed thus far in the bibliography on the subject: antiquity and the Monte Cassino; narrative; atlantic Bibles; writing and image; theory of "reformed" art; patrons. It then proposes an analysis of the Corpus della pittura medievale romana, published in 2006, which represents a fundamental link between previous studies and new orientations in research. The argument developed covers two time periods, the 11th and 12th centuries respectively, and presents not only the principal discoveries of the Corpus (stylistic and compositional comparisons, chronological shifts, examination of lost works, renewal of themes studied), but also the contribution of later publications and the ongoing critical debate. The article delves into three examples in particular: the wood-panel painting of the Last Judgment housed in the Musei Vaticani, the cycle of paintings from the lower basilica of San Crisogono, and paintings from the lower church of San Clemente. As for the 12th century, the article presents research undertaken on the mosaics of San Bortolomeo all'isola, San Clemente, and Santa Maria in Trastevere. It concludes with an analysis of cycles of imagery still preserved within the former territory of Latium – related, either through their subject matter or artistically, to the Roman tradition – and the connection between the "reformed" art of Rome and larger European culture. ; El artículo trata de las investigaciones publicadas a lo largo de la última década sobre las decoraciones monumentales (pinturas y mosaicos) realizadas en Roma entre mediados del siglo xi y mediados del siglo xii, esto es, la época de la denominada «Reforma gregoriana». Tras un breve repaso de las principales y más recientes publicaciones de historia del arte, el texto prosigue abordando los temas tratados por la historiografía hasta hoy, a la vez que va examinando las nuevas perspectivas de investigación: lo antiguo y Monte Cassino, la narración, las Biblias atlánticas, escritura e imagen, teoría del arte «reformado», los comanditarios. A continuación pasamos al análisis del Corpus della pittura medievale romana, publicado en 2006 y vínculo fundamental de los estudios anteriores con las nuevas perspectivas de investigación. Lo expuesto se organiza en dos grandes secciones cronológicas dedicadas respectivamente a los siglos xi y xii, las cuales presentan no sólo los principales descubrimientos del Corpus (relaciones estilísticas y formales, desplazamientos cronológicos, examen de las obras perdidas, actualizaciones temáticas), sino también la aportación de las publicaciones posteriores y del debate crítico en curso. El artículo se detiene específicamente en tres casos ejemplares: el cuadro sobre madera del Juicio Final conservado en los Museos Vaticanos, el ciclo pictórico de la basílica inferior de San Crisógono, y las pinturas de la iglesia inferior de San Clemente. Respecto al siglo xii, el texto aborda los mosaicos de San Bartolomeo all'isola, de San Clemente y de Santa María in Trastevere. Se concluye con un análisis de los ciclos pictóricos conservados en las tierras del Latium –vinculados, por razones históricas y artísticas, con la tradición romana– y de la relación entre el arte «reformado» de Roma y la cultura europea. ; Cet article traite des recherches publiées ces dix dernières années sur les décorations monumentales (peintures et mosaïques) réalisées à Rome entre le milieu du xie siècle et le milieu du xiie siècle, autrement dit à l'époque de ce qu'il est convenu d'appeler la « réforme grégorienne ». Après un bref compte rendu des principales publications d'histoire de l'art les plus récentes, le texte se poursuit avec le traitement des thèmes abordés par l'historiographie jusqu'à nos jours, tout en examinant les nouvelles perspectives de recherche : l'antique et le mont Cassin ; la narration ; les Bibles atlantiques ; écriture et image ; théorie de l'art « réformé » ; les commanditaires. On passe ensuite à l'analyse du Corpus della pittura medievale romana, publié en 2006, élément de liaison fondamental entre les études précédentes et les nouvelles perspectives de recherche. L'exposé s'organise en deux grandes sections chronologiques, respectivement consacrées au xie et au xiie siècle, qui présentent non seulement les principales découvertes du Corpus (rapprochements stylistiques et formels, déplacements chronologiques, examen des œuvres perdues, mises à jour thématiques), mais aussi l'apport des publications postérieures et du débat critique en cours. L'article s'attarde en particulier sur trois cas exemplaires : le tableau sur bois représentant le Jugement dernier, conservé aux Musei Vaticani, le cycle pictural de la basilique inférieure de San Crisogono et les peintures de l'église inférieure de San Clemente. Concernant le xiie siècle, le texte aborde les mosaïques de San Bartolomeo all'isola, de San Clemente et de Santa Maria in Trastevere. Il se conclut par une analyse des cycles picturaux conservés sur le territoire du Latium – rattachés, pour des motifs historiques et artistiques, à la tradition romaine – et du rapport entre l'art « réformé » de Rome et la culture européenne. ; Questo articolo tratta delle ricerche pubblicate negli ultimi dieci anni sulle decorazioni monumentali (pitture e mosaici) realizzate a Roma tra la metà dell'xi e la metà del xii secolo, ovvero all'epoca di ciò che è convenzionalmente chiamato "riforma gregoriana". Dopo una rapida recensione delle più recenti pubblicazioni storico-artistiche sull'argomento, il testo prosegue con l'analisi dei temi abbordati dalla critica fino ai nostri giorni, esaminando allo stesso tempo le nuove prospettive di ricerca: l'antico e Montecassino; la narrazione; le Bibbie atlantiche; la scrittura e l'immagine; la teoria dell'arte "riformata"; i committenti. L'autore passa quindi all'analisi del Corpus della pittura medievale romana, pubblicato nel 2006, uno snodo fondamentale tra gli studi precedenti e le nuove traiettorie di ricerca. Il testo è organizzato in due grandi sezioni cronologiche, dedicate rispettivamente all'xi e al xii secolo, che presentano non soltanto le principali scoperte del Corpus (confronti stilistici e formali, spostamenti cronologici, esame delle opere perdute, aggiornamenti tematici), ma anche l'apporto delle pubblicazioni successive e del dibattito critico in corso. L'articolo si sofferma in particolare su tre casi esemplari: il dipinto su tavola raffigurante il Giudizio Finale conservato ai Musei Vaticani, il ciclo pittorico della basilica inferiore di San Crisogono e le pitture della chiesa inferiore di San Clemente. Per quanto riguarda il XII secolo, il testo affronta i mosaici di San Bartolomeo all'Isola, di San Clemente e di Santa Maria in Trastevere. L'articolo si conclude con un'analisi dei cicli pittorici conservati sul territorio laziale – ricollegati, per ragioni storiche e artistiche, alla tradizione romana – e del rapporto tra l'arte "riformata" di Roma e la cultura europea.
Zusammenfassung: Religion steht in der Spannung zwischen einerseits dem durch die Religionskritik Freuds genährten Vorwurf der Einengung und des Konservativismus und andrerseits der ihr ureigenen Erfahrung der Befreiung, die im Exodus-Erlebnis des Alten Testaments angelegt ist. Diese Ambivalenz von Religion macht sie zu einer steten Herausforderung und bedarf der fortwährenden Reflexion. Die Aufgabe von Seelsorge ist es, das befreiende und lebensfreundliche Potential von Religion hervorzuheben und zu stärken sowie Vertrauen ins eigene Geliebt- und Gewolltsein zu schaffen, denn dieses ist die Grundvoraussetzung aller möglichen Emanzipation.Schlüsselwörter: Religion, Glaube, Exodus, Befreiung, Ambivalenz ; Summary: Religion is energized on the one hand by the criticism of religion nourished by Freud's allegation of constriction and conservatism and, on the other hand, its very own experience of liberation, which is laid out in the Old Testament's Exodus adventure. This ambivalence in religion makes it an ongoing challenge and requires continuous reflection. The task of the pastoral counsellor is to highlight and strengthen religion's potential for liberation and love of life , as well as trust in one's own loveableness and sense of being wanted, as these are prerequisites of all possible emancipation.Keywords: Criticism of religion, emancipation, pastoral care, motivation, liberating potential ; La religion présente des aspects ambivalents, voire contradictoires. D'un côté, on trouve la critique du psychanalyste Sigmund Freud, qui voyait dans la religion et l'éducation religieuse une cause de "l'abrutissement" de l'adulte en regard de l'intelligence enfantine. La religion, selon Freud, favorise le développement et la socialisation anti-émancipateurs de l'être humain. Et l'histoire du christianisme paraît confirmer cet avis: il n'y manque pas d'exemples, où l'église a abusé de sa puissance et de son influence afin d'imposer ses objectifs politiques et d'intimider, voire terroriser les fidèles. La position de Freud a donc eu une répercussion considérable notamment dans la psychologie, et ce n'est que depuis peu que celle-ci ose se tourner vers la religion et la spiritualité. Mais elle se retrouve aussi dans l'attitude de la société face à l'église: en Suisse, par exemple, la majorité des gens prennent leurs distances à l'égard de l'église et de la religion en la considérant sans importance pour leur vie, voire comme un symbole du rétrograde et de l'anti-émancipateur.Tout de même, la représentation freudienne de la religion néglige une des expériences les plus fondamentales de la religion judéo-chrétienne. L'Exode, la libération des israélites de l'esclavage égyptien, raconté dans le second livre de l'Ancien Testament, est à la base de la relation entre dieu et son peuple. Selon la théologienne Dorothee Sölle, cette libération est un événement radical – dans le sens littéral du mot (latin: radix = racine) ainsi que dans le sens plus global – qui marque le début d'une tradition, qui a toujours une signification pour tous ceux qui s'y inscrivent. On trouve fréquemment des exemples de cette tradition dans le Nouveau Testament (cf. Gal. 5,1 et 13) et pas seulement là: l'écrivain suisse Peter Bichsel caractérise sa religiosité comme un moyen d'émancipation.Pourquoi, cependant, cette dimension émancipatrice et libératrice de la religion est-elle si mal connue et peu appréciée? De nombreuses études de psychologie religieuse attestent qu'il existe simultanément des formes de religion qui favorisent la liberté et donnent du courage ainsi que des formes de religion pathologiques qui stimulent plutôt la peur et des expériences traumatisantes. En tant que discipline de réflexion, la théologie analyse les processus de socialisation tout en focalisant sur le problème de l'émancipation. Si vous me demandez donc personnellement: "Comment transmettez-vous à vos étudiants et futurs professionnels un sens de responsabilité à l'égard de leur vie personnelle et professionnelle?" Je vous réponds: "D'abord, je mets en évidence l'ambivalence permanente de la religion, qui demande pour cette raison de la réflexion constante, puis j'évoque l'expérience fondamentale de l'Exode en tant que critère herméneutique."C'est-à-dire, la religion offre des possibilités de se comprendre soi-même et le monde qui nous entoure. En mettant en parallèle nos propres expériences et histoires personnelles avec celles transmises dans la bible, nous pouvons nous y retrouver, interpréter nos cheminements de vie et leur donner du sens. Une religion qui met à la base l'amour inconditionnel de dieu et l'expérience de la libération peut donc aider à surmonter des crises et gérer les difficultés de la vie. C'est pour cette raison que l'aumônerie en tant que discipline de la théologie pratique vise avant tout à mettre en évidence le potentiel libérateur de la religion. Dépourvue de but utilitaire, elle laisse au sujet la liberté d'émancipation ou non. Ce qui compte c'est de se sentir aimé et accepté. Car cette confiance - qu'on appelle traditionnellement la foi - c'est la base de toute émancipation possible.Mots clefs : critique des religions, émancipation, aumônerie, motivation, potentiel de libération ; Riassunto: La religione da un lato è soggetta al rimprovero della limitazione e del conservatorismo nutrito dalla critica freudiana alla religione e, dall'altro, rappresenta l'esperienza personale della liberazione, che si basa sull'esperienza dell'esodo nel vecchio testamento. L'ambivalenza della religione la rende una sfida perenne che richiede una continua riflessione. Il compito della cura d'anime è dare rilievo e rafforzare il potenziale liberatorio e vitale della religione e creare fiducia nell'essere amati e voluti, poiché queste sono le premesse di qualunque emancipazione.Parole chiave: critica alla religione, emancipazione, cura d'anime, motivazione, potenziale liberatorio
- Traduit en italien : " L'America latina ", dans Storia del cristanesimo, vol. 13 (" Crisi e rinnovamento dal 1958 ai goirni nostri ", Rome, Edizioni Borla, 2002. - Traduit en allemand : " Lateinamerika ", dans Die Geschichte des Christentums. Religion - Politik - Kultur, vol. 13 (" Krisen und Erneuerung, 1958-2000 "), Fribourg, Herder Verlag, 2002. ; Ce travail propose un regard de synthèse sur les mutations du champ religieux latino-américain depuis la fin des années 1950, tout en incluant le produit de recherches personnelles sur certains points précis (ainsi la dimension quantitative du recul catholique ou les réponses apportées par Jean Paul II à la crise du catholicisme). La première partie analyse l'érosion du monopole confessionnel que détenait le catholicisme depuis la Conquête. Celle-ci est tout d'abord le produit d'une crise propre à l'Église : crise des vocations entraînant un net désencadrement religieux dans un contexte de croissance démographique soutenue, déclin des pratiques que traduit l'analyse sur un temps long du nombre de baptisés ou de messalisants, trouble identitaire consécutif à l'aggiornamento conciliaire, etc. Surtout, la décatholicisation de l'Amérique latine semble moins procéder d'une tendance à la sécularisation des sociétés selon le modèle observé en Europe que de la croissance exponentielle des " nouveaux mouvements religieux " et notamment des Églises pentecôtistes. Alors que le protestantisme historique était demeuré marginal depuis son introduction dans les anciennes colonies ibériques au début du XIXe siècle, l'effusion pentecôtiste prend des proportions spectaculaires au point que certains espaces - comme le Chimborazo équatorien ou quelques régions de l'Altiplano bolivien - aient vu les pratiques catholiques complètement disparaître en moins de deux décennies. Cette fragmentation du religieux - d'autant plus sensible si l'on tient compte des importantes communautés juives qui se sont constituées à la fin du XIXe siècle, de l'apparition d'un Islam latino-américain (initialement syro-libanais) depuis l'entre-deux-guerres ou des religions d'origine asiatique importées par les migrants chinois, japonais et coréens - est à l'origine de l'apparition d'un contexte fortement prosélyte et concurrentiel, mais aussi de nouvelles formes de conflictualité tant rurales qu'urbaines. La deuxième partie est consacrée aux mutations du catholicisme, notamment dans la relation que celui-ci entretient avec le plan temporel. Dès avant le second concile du Vatican, les Églises latino-américaines sont entrées dans un profond processus de rénovation : liturgique avec l'édition de traductions rénovées de la Bible ou la mise en circulation de missels en langues indigènes ; institutionnel avec la création des conseils épiscopaux nationaux, du Consejo Episcopal Latinoamericano (CELAM) en 1995 et de nombreuses universités catholiques ; idéologique surtout, avec l'émergence d'une contestation politique et sociale au sein même du clergé et du laïcat catholique, qui conduit à la définition du christianisme de libération à la charnière des années 1960 et 1970. Ancré tout à la fois dans l'ordre du discours - la théologie de la libération, notamment représentée par le Péruvien Gustavo Gutiérrez et le Brésilien Leonardo Boff - et dans le répertoire des pratiques sociales - communautés ecclésiales de base -, le christianisme de la libération est souvent pensé comme un " progressisme chrétien ", mais entretient en réalité un rapport beaucoup plus complexe avec la dialectique tradition/modernité. Nourri du développement des sciences sociales en Amérique latine après la Seconde Guerre mondiale, usant de grilles de lecture marxistes dans son analyse des sociétés, il apparaît comme une tentative supplémentaire d'unir la transcendance et la raison afin de répondre concrètement aux clivages socio-économiques et aux questions de développement. Prétendant rétablir le royaume de Dieu sur terre et faire du clerc un acteur concret de la transformation politique sociale, il réinvente la figure du prêtre ministre (ainsi dans le Nicaragua sandiniste des années 1980) et renie ainsi explicitement le principe de la séparation des plans temporel et spirituel, constitutif de la modernité politique issue des Lumières et de 1789. Structurellement minoritaire au sein du catholicisme latino-américain, le christianisme de libération décline rapidement dans les années 1970 et 1980 sous la double offensive des régimes de sécurité nationale et du Vatican, qui en gère notamment la mise au pas au travers de deux Instructions émises par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 1984 et 1986. Après avoir éliminé ce qui lui apparaissait comme une hérésie en puissance et remettait en question l'univocité de la parole sacrée tout autant que l'autorité romaine, Jean Paul II - par ailleurs acteur central de la fin du socialisme réel en Europe - tente de restaurer la doctrine sociale de l'Église dans le contexte des mutations néo-libérales et du consensus de Washington et d'organiser la riposte face à la croissance des nouveaux mouvements religieux. Le dernier temps de cette synthèse vise à décrire les ressorts de l'effusion pentecôtiste et ses conséquences multiples - politiques, sociales et identitaires. Le pentecôtisme apparaît comme la religion de l'anomie par excellence. À partir des années 1960, il se diffuse parmi les exclus de toute sorte - qu'il s'agisse des communautés indiennes vivant historiquement aux marges de la nation que des classes urbaines paupérisées - auxquels il propose à la fois des formes de pratique éminemment extraverties collectives en même temps qu'une panoplie de services (par exemple médicaux, avec la thaumaturgie). Autrement dit, le pentecôtisme recrée du lien social et de l'identité auprès des populations laissées pour compte de la modernisation. Il commence à se diffuser auprès des classes moyennes à la charnière des années 1980 et 1990, alors que l'État se désengage chaque jour un peu plus de missions traditionnelles telles que les services public de santé et d'éducation. Symptôme de sociétés structurellement écartelées au moment où ils émergent dans le champ religieux, les nouveaux mouvements religieux apparaissent également comme des produits du virage néo-libéral. Ils constituent d'ailleurs parfois même de véritables multinationales de la foi à l'image de l'Igreja Universal do Reino de Deus au Brésil, créant des filiales sur tous les continents et usant massivement des moyens de communication modernes (" télévangélisme "). Enfin, les Églises pentecôtistes s'affirment de plus en plus comme des acteurs politiques de première importance, qu'ils négocient avec les élites dirigeantes les suffrages de leur clientèle en échange d'avantages juridiques ou financiers ou investissent directement le terrain politique - comme c'est le cas, notamment, au Guatemala. En ce sens, la fragmentation religieuse de l'Amérique latine remet en question la séparation du temporel et du spirituel et hypothèque le renforcement d'une laïcité en devenir depuis le début du XIXe siècle.