Un convivialisme mondial
In: La Revue du MAUSS, Band 43, Heft 1, S. 258-261
ISSN: 1776-3053
La valeur du Manifeste convivialiste ne dépend pas de son contenu mais du sujet de l'énonciation : qui parle ? À l'origine, un groupe d'intellectuels français. Or la France, battue en 1815 par les Anglais, en 1940 par les Allemands, en 1954 et 1962 par les Viêt-namiens et les Algériens, n'a rien à dire au monde. La seule chose dont elle puisse être fière, ce sont la Révolution et les Droits de l'homme de 1789, et l'abandon de son nationalisme prétentieux quand, en 1950, elle s'est réconciliée avec l'Allemagne pour construire l'Europe. Pour autant, pouvons-nous proclamer le convivialisme au nom d'une Europe qui a mené des guerres de civilisation d'une violence inouïe contre les peuples du monde en les colonisant ? Certes, non. Mais nous pouvons prendre la parole en tant que citoyens du monde , en considérant les autres peuples comme nos concitoyens, nos frères en humanité. Le rôle des intellectuels est celui d'Antigone : parler au nom des lois non écrites qui règlent notre vie profonde et sont niées par les pouvoirs officiels. Au nom de la paix et de la vie. Au nom d'un convivialisme mondial.