L'article défend la thèse suivante : il existe un paradigme institutionnaliste à même de fédérer les différentes hétérodoxies (marxiste, keynésienne, régulationniste, conventionnaliste...). Pour l'identifier, le plus simple est de partir des points d'accord entre les hétérodoxes sur la représentation du système économique, capitaliste, qu'ils étudient. Cette représentation commune les conduit à se doter d'une conceptualisation commune de l'économie comme « procès institutionnalisé », de l'acteur comme agent socialisé et des institutions comme formes prégnantes, mais évolutives qui constituent le cadre mais aussi l'horizon de l'agir humain.
Un « tournant institutionnaliste » semble s'être opéré dans la théorie économique depuis les années 1990. L'extension d'une nouvelle économie institutionnelle s'est accompagnée du renouveau de l'institutionnalisme originel. L'exemple des travaux sur « institutions et performances » illustre toutefois l'ambivalence de ce tournant, partiellement phagocyté par le mainstream contemporain.
La thèse est divisée en trois parties et en sept chapitres. L'introduction générale contient, après la description de l'objet, un état de la question relatif aux Églises indépendantes africaines, la problématique, une discussion des concepts transversaux, la méthodologie et le plan général. Dans la perspective d'une anthropologie dynamique, le travail s'emploie à rendre compte des mouvements qui animent l'imaginaire, c'est-à-dire les croyances partagées, et les pratiques du kimbanguisme d'abord, de l'Église kimbanguiste ensuite. La première partie est consacrée au thème du prophétisme kimbanguiste de 1921 à aujourd'hui. Elle est subdivisée en deux chapitres. Le premier décrit et analyse l'intrication entre le religieux et le politique dans le prophétisme initial de Kimbangu à l'époque coloniale et dans le « prophétisme d'Église » depuis l'Indépendance. Le deuxième chapitre traite de la dimension thaumaturgique essentielle au prophétisme et en envisage les manifestations officielles mais aussi officieuses, en marge de l'Église, dans le contexte de la multiplication des Églises de guérison et des Églises de réveil. Cette partie s'achève sur un essai d'interprétation de la spécificité du prophétisme kimbanguiste aujourd'hui. La deuxième partie envisage la constitution de l'orthodoxie au sein de l'Église kimbanguiste depuis les années 1960, l'apparition d'une hétérodoxie dans les années 1990, puis la réintégration de cette hétérodoxie menant à la constitution d'une nouvelle orthodoxie depuis les années 2000. Cette partie est divisée en trois chapitres. Le premier porte sur la croyance partagée en la trinité incarnée ; le deuxième sur l'afrocentrisme et l'ethnocentrisme qui coexistent avec un universalisme déclaré ; le troisième sur la dimension millénariste fondamentale dans l'imaginaire théologico-politique de la doctrine de l'Église kimbanguiste. L'analyse diagnostique une série de recentrements : sur la figure du « chef spirituel », sur les Bakongo, sur les Africains et sur la cité sainte des Kimbanguistes, Nkamba. La troisième partie dépeint et explique un phénomène récent : la dissidence qui, depuis 2002, déchire l'Église et en particulier, la descendance de Simon Kimbangu. Comme cette dissidence est apparue à l'occasion d'une succession au titre de « chef spirituel », en 2001, un chapitre est d'abord consacré au mode de succession dans l'Église depuis 1958. Il fait en outre apparaître que depuis les années 1990, de fortes tensions concurrentielles préparaient le terrain à la dissidence. Un deuxième chapitre est centré sur la dissidence actuelle. Il en dégage les causes et les enjeux, en particulier l'appropriation des pouvoirs charismatique et économique. L'auteur constate que ces forces apparemment centrifuges ne débouchent pas sur un schisme à proprement parler, et que de part et d'autre, du côté de l'Église comme du côté des dissidents, est paradoxalement affirmée l'idée d'une Église kimbanguiste « une et indivisible ». La dissidence n'est pas l'expression d'un conflit démocratique, mais, au contraire, du privilège théologico-politique du centre. La thèse dans son ensemble montre que les mouvements qui traversent l'Église jusque dans ses diasporas sont ultimement rapportés au privilège du centre. La conclusion cherche à cerner la position de l'Église dans le Congo d'aujourd'hui. Elle met en évidence, d'une part, la position respectueuse de l'Église par rapport aux autorités politiques et, d'autre part, l'incompatibilité foncière entre le processus démocratique en cours et la conception théologico-politique de la doctrine kimbanguiste actuelle. L'extraterritorialité revendiquée pour la cité sainte des Kimbanguistes, Nkamba, reflète cette incompatibilité et constitue un élément de désaccord avec les autorités politiques.
It is out of question that Marx, Keynes and Schumpeter were heterodox in their relation to Economics considered as a science. A legitimate question however concerns the type of heterodoxy whic is characteristic of each of them. Kuhn's perception — and, to a lesser extent, Feyerabend's one — of the relations between heterodoxy and scientific knowledge are used here to display important differences, on this ground, among these three economists. The result is that the keynesian heterodoxy is the only one which really fits Kuhn's scheme about scientific revolutions ; schumpeterian heterodoxy being not so revolutionary and marxian heterodoxy being the sui generis case which is mainly discussed in this paper.
International audience ; The golden age of the anarchist movement in Argentina (1890-1930) can be defined as the rise of a counter-democratic force that puts at stake the elites' power at the same time it builds the basis of a parallel society sustained by alternative practices in both culture and politics fields. Starting from a study of the many forms of anarchist heterodoxy in Argentina, this article analyzes the construction of a counter-democratic network based upon the culture of strike and presenteism and strengthened by tight militant sociability as well as it suggests the possible limits of such a dissidence. ; La edad de oro del movimiento anarquista argentino (1890-1930) se caracteriza por la emergencia de una fuerza contra-democrática que cuestiona el poder de las élites al mismo tiempo que va edificando las bases de una sociedad paralela alimentada por prácticas políticas y culturales alternativas. A partir de un estudio de las formas múltiples de la expresión heterodoxa del anarquismo argentino, este artículo analiza la construcción de una red contra-democrática basada en la cultura de la huelga y del presenteísmo y reforzada por estrechas sociabilidades militantes, sin olvidar de sugerir los posibles límites de tal disidencia. ; L'âge d'or du mouvement anarchiste argentin (1890-1930) correspond à l'émergence d'une force contre-démocratique qui questionne le pouvoir des élites tout en édifiant les bases d'une société parallèle alimentée par des pratiques politiques et culturelles alternatives. A partir d'une étude des formes multiples que revêt l'expression hétérodoxe de l'anarchisme argentin dans la capitale, cet article analyse la construction d'un réseau contre-démocratique fondé sur une culture de la grève et du présentéisme et cimenté par d'étroites sociabilités militantes, tout en suggérant les possibles limites d'une telle dissidence
International audience ; The golden age of the anarchist movement in Argentina (1890-1930) can be defined as the rise of a counter-democratic force that puts at stake the elites' power at the same time it builds the basis of a parallel society sustained by alternative practices in both culture and politics fields. Starting from a study of the many forms of anarchist heterodoxy in Argentina, this article analyzes the construction of a counter-democratic network based upon the culture of strike and presenteism and strengthened by tight militant sociability as well as it suggests the possible limits of such a dissidence. ; La edad de oro del movimiento anarquista argentino (1890-1930) se caracteriza por la emergencia de una fuerza contra-democrática que cuestiona el poder de las élites al mismo tiempo que va edificando las bases de una sociedad paralela alimentada por prácticas políticas y culturales alternativas. A partir de un estudio de las formas múltiples de la expresión heterodoxa del anarquismo argentino, este artículo analiza la construcción de una red contra-democrática basada en la cultura de la huelga y del presenteísmo y reforzada por estrechas sociabilidades militantes, sin olvidar de sugerir los posibles límites de tal disidencia. ; L'âge d'or du mouvement anarchiste argentin (1890-1930) correspond à l'émergence d'une force contre-démocratique qui questionne le pouvoir des élites tout en édifiant les bases d'une société parallèle alimentée par des pratiques politiques et culturelles alternatives. A partir d'une étude des formes multiples que revêt l'expression hétérodoxe de l'anarchisme argentin dans la capitale, cet article analyse la construction d'un réseau contre-démocratique fondé sur une culture de la grève et du présentéisme et cimenté par d'étroites sociabilités militantes, tout en suggérant les possibles limites d'une telle dissidence