Cet article tente de caractériser les recherches relevant de la problématique de la gouvernance dans le cadre des politiques de gestion intégrée et concertée du littoral (GIZC). Ces politiques visent à appliquer les principes du développement durable aux espaces littoraux. A partir d'un cadre d'analyse distinguant la nature des questions et les types de méthodes mobilisées, les auteures effectuent une revue des travaux relatifs à la gouvernance à propos du littoral. Une attention particulière est portée aux travaux qui s'inscrivent dans une logique de gestion intégrée du littoral français. On note une partition des problématiques selon qu'elles appréhendent la gouvernance comme un " outil " pour l'efficacité des politiques publiques ou comme une finalité contribuant à un processus de démocratisation. Il apparaît aussi une focalisation des travaux sur les questions de mobilisation, participation et concertation et un besoin de dépasser des approches locales et souvent empiriques pour proposer des recommandations plus génériques sur la mise en oeuvre de la GIZC.
Quinze ans après la création des coopératives pastorales au niveau du Maroc oriental, l'exploitation et la gestion collectives des parcours restent toujours un défi majeur. Afin de mieux comprendre comment l'espace pastoral est approprié et exploité par les différents groupes en présence, une analyse multiniveaux a été entreprise sur l'espace de la tribu des Béni Guil du Nord. Les parcours ont été délimités et caractérisés selon une approche participative, puis des enquêtes socio-économiques ont été conduites de façon exhaustive auprès de tous les segments de cette tribu (fraction, douar, fakhda) et de façon représentative auprès de 137 ménages. Les principaux résultats montrent que deux phénomènes de dominance de l'appropriation de l'espace pastoral par les fractions prévalent dans la zone : certaines fractions sélectionnent et s'approprient les meilleurs parcours, d'autres, en réponse, développent les mises en culture permettant ainsi d'accéder à de vastes espaces pastoraux. Cette étude a ensuite relié ces phénomènes de dominance aux caractéristiques communautaires (structure démographique, gouvernance, hétérogénéité des actifs, capital social.), et a montré que les éleveurs provenant des fractions qui dominent les meilleurs parcours de la zone sont moins vulnérables car ils sont nettement moins exposés à l'abandon de l'élevage et à la migration. Les résultats indiquent que la gestion des parcours de Tendrara et de Maâtarka doit être considérée à l'échelle de la tribu dans laquelle les coopératives pastorales auront nécessairement à prendre ces rapports de force en compte. L'union pastorale offre un cadre formel et fonctionnel pour amorcer les négociations.
Les exploitations laitières familiales sont confrontées à de nombreux défis pour durer, notamment dans le contexte d'un pays en transition comme le Vietnam, où les changements sont rapides. Afin de contribuer à la réflexion sur les modèles de fermes laitières à promouvoir (exploitations familiales ou grandes fermes), cette thèse a associé une analyse synchronique sur la diversité et la durabilité d'un large échantillon d'exploitations laitières et une analyse diachronique sur les trajectoires. 160 exploitations laitières ont été sélectionnées dans le District de Ba Vi situé en bordure de Hanoi, pour représenter la diversité des fermes présentes dans la zone. Des informations ont été recueillies lors d'entretiens directifs avec les éleveurs sur les divers types de capitaux disponibles sur l'exploitation, les pratiques d'élevage et de commercialisation du lait, et des indicateurs permettant d'évaluer les trois piliers de la durabilité. Une typologie des exploitations a été réalisée grâce à une Analyse Factorielle Multiple, basée sur la dotation en capitaux et sur les pratiques, suivie d'une classification ascendante hiérarchique. Dans une deuxième étape, une analyse des trajectoires de 25 exploitations laitières, choisies à partir de l'échantillon large, et des facteurs internes et externes impactant ces évolutions, a été réalisée. En plus d'une ferme industrielle présente sur le district, 5 types d'exploitations laitières familiales ont été identifiées, qui se différencient surtout par le nombre d'activités agricoles et non agricoles pratiquées sur l'exploitation, la main-d'oeuvre travaillant sur l'atelier laitier, et les équipements. Les indicateurs de performances des exploitations les plus intensives (spécialisées ou associant les cultures et l'élevage), révèlent une durabilité économique et sociale plus élevée que celle des exploitations de plus petites tailles et moins intensives. Cependant, les exploitations peu intensives ont également des atouts sur les plans économique (souplesse d'adaptation) et environnemental (autonomie fourragère), et elles présentent donc un intérêt pour le développement de la production laitière nationale. Quatre types de trajectoires des exploitations ont été identifiées, caractérisés par l'évolution du système d'activités agricoles au cours du temps, l'évolution de la taille de la production laitière, le niveau d'investissement dans le lait, l'évolution de la terre agricole et de la main-d'oeuvre, les emprunts. Le maintien d'une diversité de modèles (méga fermes privées, fermes familiales spécialisées et de polyculture-élevage) semble à promouvoir, et la recherche de voies d'amélioration de leur durabilité doit être adaptée à chaque type. Des mesures politiques spécifiques pourraient être mises en place pour maintenir un tissu d'exploitations laitières diverses.
L'Amazonie est soumise depuis plusieurs décennies à un changement rapide d'occupation du sol du fait de la déforestation, l'installation de systèmes de production agricole, notamment l'élevage bovin et plus récemment le soja. L'un des défis majeurs est de mieux comprendre la dynamique spatiale de ces processus et ses déterminants. Avec la réduction de la déforestation et l'évolution agraire sur les fronts pionniers, les ressources et contraintes naturelles semblent gagner en importance dans les choix opérés par les agriculteurs. L'objectif de la présente recherche est d'évaluer le rôle des facteurs biophysiques dans la dynamique de l'occupation du sol depuis 2000 et d'anticiper sur des futurs possibles dans un territoire amazonien d'ancien front pionnier, aujourd'hui consolidé, la municipalité de Paragominas. Nous avons mis en oeuvre un modèle spatialement explicite, afin d'identifier la distribution spatiale des processus de changement en relation avec différents facteurs. Des entretiens réalisés avec des producteurs explicitent les logiques sous-jacentes. Les résultats montrent qu'il y a différentes logiques d'usage des ressources biophysiques, qui varient selon les types de production, la taille des exploitations, la distance aux routes et villages, et la distribution spatiale des ressources biophysiques dans l'exploitation. Elles évoluent au fil du temps, en fonction des productions et des avancées technologiques, et sont organisées dans l'espace. La mise en évidence de ces relations spatiales constitue une avancée significative pour représenter l'évolution de l'usage des sols et constituer un appui dans la définition de politiques de développement territorial.
To promote the development of livelihood strategies in order to overcome poverty while natural resources are preserved in rural communities, it is important to use a planning methodology considering existing as-sets. An experience in Zambrana Abajo showed how people became engaged with the natural capital to fa-ce and overcome poverty.
La participation et la coordination des acteurs dans la gestion du territoire visent une meilleure efficacité. Ainsi, en milieu rural burkinabé, la problématique de la sécurisation foncière a conduit depuis 2009 à la mise en place des chartes foncières locales. Celles-ci se fondent sur des accords locaux de gestion des ressources naturelles d'utilisation commune conforment aux lois sectorielles et respectant les spécificités locales. Dans la pratique, la charte foncière locale fait face à la nécessité d'articulation et de coordination des usages et des activités pour une production durable, induisant la question principale de recherche : " quels rôles jouent les chartes foncières locales dans la gouvernance des territoires qui en sont dotés "
Le coeur du WP5 est la modélisation des interactions élevage-environnement au niveau des petits territoires pour l'évaluation prospective de leur impact sur les paysages dans plusieurs contextes de transformation des systèmes d'élevage. Il s'agit de produire au niveau du WP5 un "modèle-cadre" d'analyse intégrée des liens entre les transformations du territoire et celles des exploitations d'élevage sur la base des travaux des équipes participantes. Celle-ci s'intéressent aux cohérences sociales et techniques des systèmes d'élevage (pris comme composante d'un système de production) et aux impacts des politiques publiques et privées sur la durabilité de l'élevage. Le développement de modèles de simulation selon un même corpus méthodologique et technique (modélisation d'accompagnement; formalisme SMA et plateforme un modèle Cormas) dans des situations locales contrastées permettra de construire un conceptuel générique de ces relations.
Les écosystèmes forestiers du Cameroun connaissent une évolution rapide due à la pression démographique croissante et à l'augmentation des superficies cultivées. II en résulte une pression accrue sur les ressources et la réduction, voire la disparition de certaines, comme les ressources fauniques, qui inquiètent les populations. Cette étude sur les pratiques endogènes de gestion de la faune sauvage a pour objectif général d'analyser les pratiques de chasse et leurs effets sur la disponibilité des ressources fauniques à Mvan et Ndibidjeng (Arrondissement d'Akonolinga). Il s'agissait de dresser l'historique de la chasse, de déterminer les droits et responsabilités d'accès aux ressources, déterminer la place de la chasse dans le revenu des enquêtés, analyser la diversité des pratiques de chasse et leurs effets sur la disponibilité des ressources fauniques, ressortir la perception et les attentes des populations en matière de gestion des ressources fauniques. Des enquêtes et entretiens ont été effectués auprès d'un échantillon de 48 ménages sur un total de 161 dans les 2 villages. L'analyse des données s'est faite dans le logiciel SPSS et l'analyse du guide d'entretien s'est faite par interprétation des discours des enquêtés. II ressort de cette étude que les pratiques de gestion des ressources fauniques dans les villages d'études ont connu d'importants changements liés à l'accroissement de la population, qui a entraîné l'augmentation des superficies cultivées au détriment de la forêt. Que les droits et responsabilités des populations sur les ressources forestières sont principalement héréditaires et régis par le droit coutumier (93,70%), et que la chasse dont les produits sont destinés à plus de 60% à l'autoconsommation ne représente que 2% du revenu global des exploitations. Ensuite, que la chasse n'étant plus réglementée, ses pratiques se sont diversifiées en fonction des différentes formations végétales (forêt, jachère, champs de cultures) et des saisons, et que ces pratiques ne permettent pas le renouvellement permanent du gibier. Enfin, il ressort que les pratiques actuelles tels que la chasse au fusil et le piégeage au moyen du câble en acier (piégeage au cou) pendant toute l'année sont néfastes à une gestion durable de la faune. Cependant, les populations font face à un problème de survie et de protection de ces ressources et attendent des alternatives pour leur alimentation en protéine animale. Par ailleurs, aller dans le sens d'une gestion durable de ces ressources demande des changements d'attitudes et de pratiques des différents acteurs. Il faudra renforcer les capacités des populations sur les techniques de production agricole intensives, organiser des campagnes de sensibilisation sur la protection de l'environnement et en particulier les ressources fauniques, aider les populations à s'organiser à cet effet. Enfin, il est important que I'Etat revoie de manière plus approfondie, sa politique sur les possibilités d'épargne en matière d'exploitation des ressources forestières chez les populations dont la seule ressource vitale reste et demeure la forêt. Aussi faudrait-il que les études et réflexions soient menées dans le sens de la création des zones de forêt protégée où les activités cynégétiques et agricoles sont réglementées par la loi ou même interdites.
La présentation des deux RB de Fontainebleau et du Gâtinais et de La Campana-Péñuelas dans le cadre des relations qu'elles entretiennent avec leur contexte régional, montre en quoi l'existence de RB en région métropolitaine est essentielle à la réflexion pour la construction du développement durable. Après un positionnement scientifique sur les Services Ecosystémiques qui cherche à prendre de la distance avec le cadre conceptuel du Millenium Ecosystems Assessment (MEA) pour appréhender les SES, nous mettons en évidence qu'il permet de souligner les interactions entre systèmes sociaux et naturels mais qu'il se focalise trop sur les services environnementaux, sans prendre en considération les différences de capacités de conversion des individus de ces derniers en terme de fonctionnements. Dans cette recherche sur le terrain de deux réserves de biosphère au Chili et en France, nous mettons en oeuvre un cadre méthodlogique innovant qui croise les concepts de capacités d'A. Sen et de fonction environnementale. L'application de cette nouvelle approche sous forme d'enquêtes auprès d'acteurs variés du territoire des réserves de biosphères se révèle bien adaptée pour appréhender, en plus de la dimension sociale, économique et politique, la dimension écologique du bien-être humain. Cette innovation dans la mise en oeuvre concrète du concept de services écosystémique ouvre un nouvel espace d'évaluation du bien-être que représente celui des capacités élargies à la prise en compte de l'écologie. En conclusion, le regard porté sur le territoire et sur soi via cet objet intermédiaire qu'est le service écosystémique génère de nouvelles pistes de recherche pour utiliser ces résultats dans des espaces de discussion afin de générer un dialogue efficient sur des conflits identifiés et spatialisés.
Face à la décentralisation imposée par les plans d'ajustement structurel, et face aux résultats mitigés des politiques et stratégies mises en place au Niger depuis les indépendances en matière de gestion des ressources naturelles et forestières en particulier, l'État n'entend plus rester l'acteur principal dans ce domaine. Il reconnaît et confère aux collectivités locales un certain niveau de, responsabilité dans la gestion des ressources se trouvant sur leurs territoires (lois n° 2002-13 du 11/6/002 et n° 2004-040 du 08/6/004). Ces collectivités constituent un palier stratégique irremplaçable en matière de gestion des ressources naturelles, de par leur connaissance du territoire dont elles vivent, mais aussi de par leur capacité à susciter l'adhésion de différents groupes socioprofessionnels aux différents projets et programmes de développement impliquant leurs terroirs respectifs. La viabilité économique des collectivités territoriales constitue cependant un des principaux enjeux du processus de décentralisation au Niger et particulièrement dans le département de Filingué, champ de notre étude. Ces collectivités disposent de peu de moyens et risquent de surexploiter les ressources mises sous leurs responsabilités pour faire face à leurs besoins quotidiens et immédiats, et de ne pas suffisamment investir dans l'aménagement et la gestion durable de ces ressources. La question qui se pose alors est de savoir Comment aider ces collectivités à gérer les ressources naturelles de leurs territoires dans le contexte de la décentralisation. L'objectif de cette étude est: i) d'identifier les possibilités de contribution du secteur forestier et notamment les produits forestiers non ligneux (PFNL) à l'amélioration des conditions de vie des populations et au renforcement des capacités financières des collectivités territoriales; ii) de formuler de propositions des pour une gestion écologiquement viable, économiquement efficace, socialement acceptable et techniquement reproductible. La méthode de travail a été basée essentiellement sur la recherche bibliographique et des entretiens avec des chercheurs et des personnes ressources ayant une expérience sur les PFNL, la décentralisation, la fiscalité, et le monde rural nigérien. L'analyse des différents résultats nous a permis de formuler deux hypothèses. i°) Sans être la panacée économique qui fournirait instantanément des emplois substantiels et des possibilités de revenus, les PFNL peuvent contribuer à l'épanouissement d'une économie locale fondée sur le respect de l'environnement dans un contexte de décentralisation; ii°) le soutien et le renforcement des capacités et du savoir-faire des populations rurales dans la transformation et la valorisation de ces produits, pourraient les aider à mieux gérer les ressources de leurs territoires dans une perspective de développement durable.
Relative à la mise en place du projet de collaboration France-CIRAD/Brésil-EMBRAPA "Pour une utilisation durable de la biodiversité amazonienne: évaluation, valorisation et conservation 'in situ' de germoplasmes fruitiers amazoniens", cette synthèse bibliographique prend comme exemple l'étude du palmier Mauritia flexuosa. Cette espèce, ubiquiste en Amazonie, que l'on retrouve principalement et en nombre dans les zones marécageuses, a fait preuve depuis de très nombreuses années de multiples usages, dont certains ne sont plus d'actualité. Ces utilisations diverses, sont avant tout le fruit d'adaptation de populations indigènes et de gestion des ressources dans leur milieu. Le champ des valeurs dont fait preuve ce palmier, va du domaine alimentaire - prépondérant au domaine ornemental, en passant par l'agriculture, la médecine, la cosmétique, et la culture. De ces valeurs se dégagent clairement des potentialités certaines, tant alimentaires que économiques, susceptibles de valorisation et ou développement à plusieurs niveaux; de la plantation aux procédés technologiques et à la commercialisation. L'ensemble de ces connaissances est essentielle et préalable à tout projet de développement; éveloppement pour lequel, il s'agit de choisir une méthodologie pertinente et respectueuse de environnement au sens large, dans lequel il évolue.
Situé au coeur de l'Afrique de l'Ouest, le parc régional W (10 230 km2) est partagé entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. Au cours des quinze dernières années, il a acquis une stature internationale du fait de sa diversité biologique, de la multitude de ses zones humides et de sa richesse culturelle qui lui ont valu plusieurs classements UNESCO, dont celui de Patrimoine Mondial naturel et de Réserve de Biosphère transfrontalière MAB (la première d'Afrique). Depuis 2001, dans le prolongement de la volonté politique exprimée lors la Déclaration de la Tapoa (mai 2000), le Programme ECOPAS, financé par la Commission Européenne, accompagne les Etats concernés dans leurs efforts pour "conserver à l'échelle régionale, la biodiversité au bénéfice des populations riveraines". Dès sa mise en oeuvre, les Etats ont identifié la transhumance comme la principale contrainte à la conservation de la biodiversité dans le parc. Alors, comment concilier les objectifs de conservation de la biodiversité et les revendications légitimes des éleveurs mobiles exprimées en termes d'accès aux ressources naturelles ? Telle était la question à laquelle les auteurs ont cherché à répondre. L'étude a été conduite de 2002 à 2004 à partir (i) d'enquêtes auprès des institutions concernées, des éleveurs et des bergers, (ii) de suivi des troupeaux et de relevés GPS, (iii) de survols aériens et (iv) de l'évaluation de la végétation pastorale. La cartographie du phénomène a révélé que le Parc transfrontalier du W constitue la principale zone d'accueil des transhumants sahéliens (nigériens et burkinabé) et riverains (béninois). Celui-ci regorge d'abondantes ressources alimentaires (fourrage, eau) et est considéré par les éleveurs comme un espace d'accès libre. En mai 2002, près de 25 000 têtes de bovins y ont été dénombrés. L'exploitation pastorale du parc et de sa périphérie est à l'origine de multiples conflits opposant les éleveurs transhumants aux forestiers et aux agriculteurs. Les principales causes des conflits sont: (i) la dégradation de l'habitat de la faune, (ii) la compétition entre le bétail et la faune pour l'utilisation des ressources alimentaires, (iii) la surexploitation des ligneux fourragers tels que Pterocarpus erinaceus Poir. et Afzelia africana Smith ex Pers., (iv) la transmission de maladies entre les animaux domestiques et la faune sauvage, (v) le braconnage, (vi) et les dégâts de champs dans les terroirs périphériques. A l'opposé, les éleveurs sont victimes de l'occupation anarchique des pistes et aires de pâturage, de taxes "sauvages" au cours de la transhumance de la part des forces de l'ordre, de prédation des animaux domestiques par les fauves tant à l'intérieur que dans la périphérie, et enfin d'abattages punitifs par les gardes forestiers, d'animaux pâturant illégalement dans le Parc. Ces résultats de recherches participatives ont fait l'objet de trois ateliers nationaux et d'un atelier régional permettant de formuler des recommandations et enfin de valider à un niveau intergouvernemental les termes d'un compromis consensuel (Accords quadripartites de Cotonou, intégrant le Togo, en février 2004). (Texte intégral)
Agroforestry systems (AFS), presented by their supporters as systems able to reconcile multiple social and ecological functions, are potentially interesting for a diversity of sectoral policies such as forestry, environment or water policies. They are presently in a process of being institutionalized in Europe through the development of specific policy instruments. In this context, we investigated the policyscape of agroforestry, meaning the articulation between multiple policies impacting a diversity of AFS in two Mediterranean protected landscapes: the Ventoux biosphere reserve and the Verdon regional nature park. We conducted in depth interviews with 50 practitioners and institutional representatives from diverse policies directly concerned by AFS. We found that if some AFS such as silvopastures are highly intersectoral and concerned by a large diversity of instruments, others such as alley-cropping systems are confined in the agricultural sector (Figure 1). Presently, systems such as grazed pastures are largely ignored by policies. Our results indicated that instruments specific to agroforestry represent a minority in relation to the diversity of sectoral instruments impacting AFS at a landscape scale. Regarding this agroforestry policyscape, we discuss opportunities for agroforestry development with issues of policies coordination, lack of instruments or of involvment from environmental or land-use planning policies for certain types of AFS.
Cet article s'intéresse aux dynamiques sociales et environnementales liées au développement de l'irrigation en Afrique subsaharienne, à travers l'étude de cas de Bagré au Burkina Faso. Nous présentons les résultats d'un projet de recherche associant sciences sociales et démarches participatives et visant à renforcer le rôle que les populations affectées peuvent avoir dans les décisions concernant le développement des infrastructures irriguées. L'approche a permis d'identifier certains des principes de justice mobilisés par ces populations vis-à-vis du processus de compensation lors de la construction d'infrastructure hydroagricole. Nos recherches soulignent notamment que les personnes affectées par le projet (PAP) lient la légitimité d'obtenir des parcelles dans le nouveau système d'irrigation à la durée et à la nature des droits coutumiers que les individus ont sur la terre. Elles révèlent également l'importance de la concertation dans la définition de règles de compensation tenant compte des besoins des générations futures. Ces points de vue étaient insuffisamment pris en compte dans les projets de développement de l'irrigation de Bagré des années 1990 et 2000. Depuis, et conformément à la politique de sauvegarde sociale de la banque mondiale, l'agence chargée de superviser le développement de l'irrigation dans cette région a intégré certains de ces principes dans ses pratiques. Pourtant, dans le cadre d'un projet de " pôle de croissance ", le choix délibéré d'attribuer une grande partie des futures superficies irriguées à des agro-entrepreneurs exerce une pression indue sur des ressources foncières déjà rares et constitue un risque d'aggravation des inégalités environnementales existantes et de création de nouvelles vulnérabilités. Cela est d'autant plus problématique que les projets de développement de l'agro-entreprenariat tardent à se concrétiser et pourraient bien ne pas constituer le déclencheur d'un développement économique régional comme l'espèrent la banque mondiale et le Gouvernement du Burkina Faso.
En Afrique centrale, pour de nombreuses familles rurales, la chasse constitue une source de nourriture souvent primordiale et la vente des excédents de gibier, une source complémentaire de revenus monétaires. Cependant, avec l'accroissement démographique soutenu, la demande en viandes par les pôles de consommation (villages, villes secondaires, métropoles) augmente progressivement, avec, pour conséquence, une exploitation accrue et non durable de nombreuses populations animales sauvages. La quantité de viandes sauvages consommée annuellement dans le bassin du Congo est importante et représenterait 4 à 5 millions de tonnes métriques, soit approximativement l'équivalent de la moitié de la production bovine de l'Union européenne. À défaut d'alternatives efficaces et durables, et compte tenu de l'impossibilité d'interdire la consommation des viandes sauvages, un consensus émerge progressivement sur la nécessité de mettre en place en Afrique centrale les conditions d'une exploitation durable des espèces sauvages pour promouvoir simultanément la conservation de la biodiversité, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance locaux. En d'autres termes, autoriser (en dehors des aires protégées) l'exploitation des espèces les plus résilientes par et pour les communautés locales, et en promouvoir la commercialisation au sein de filières formelles (en maintenant simultanément des restrictions sur les espèces vulnérables) pourraient permettre de donner l'impulsion nécessaire à une gestion plus durable des espèces sauvages. C'est dans ce contexte que quatre pays (Gabon, République centrafricaine, République du Congo et République démocratique du Congo) ont sollicité l'assistance de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) pour conduire des tests pilotes de gestion participative de la faune et de la chasse, documenter et capitaliser les leçons apprises en vue de garantir la duplication des modèles jugés pertinents. Un projet sur 5 ans intitulé "Gestion durable de la faune et du secteur de la viande de brousse en Afrique centrale" a été lancé en fin 2012. Le présent ouvrage s'inscrit dans le cadre général de la documentation des expériences et des leçons apprises du projet. Il comprend trois parties distribuées en treize chapitres. La première partie introduit le questionnement et le contexte abordant les aspects économiques, nutritionnels et juridiques liés à la chasse dite "villageoise" et à l'utilisation de la faune sauvage par les populations locales. Dans une deuxième partie, les acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du projet "Gestion durable de la faune et du secteur de la viande de brousse en Afrique centrale" décrivent les retours d'expérience dans les sites pilotes du projet en République du Congo, République démocratique du Congo et République du Gabon. Ces sites représentent des conditions socio-économiques et écologiques très diverses que l'on retrouve dans la zone forestière de l'ensemble des pays du bassin du Congo, ils sont à ce titre riches d'enseignements pour le gestionnaire ou le responsable des orientations politiques. Enfin la troisième partie est une tentative de synthèse des expériences venues du terrain et de l'analyse de la littérature qui met en exergue les possibles voies qui s'ouvrent pour une gestion plus durable de la faune sauvage par les communautés locales dans le bassin du Congo. L'ensemble des expériences présentées dans cet ouvrage propose des réponses concrètes pour le futur de la gestion durable de la chasse villageoise en Afrique centrale. Premièrement, le cadre juridique et réglementaire doit évoluer pour permettre une participation active des communautés locales, voire une gestion locale négociée de la faune sauvage, tout en restant suffisamment flexible pour s'accommoder aux divers autres objectifs de gestion et aux diverses formes de gouvernance locale, les mieux adaptées à chaque contexte. Deuxièmement, le secteur des viandes sauvages en Afrique centrale doit sortir de l'informel et devenir officiellement partie intégrante des politiques gouvernementales de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire. À court terme, le développement de systèmes alimentaires durables en Afrique centrale doit explicitement inclure la contribution des produits carnés sauvages (fauniques et halieutiques). Troisièmement, toute démarche visant à rendre les communautés locales responsables et redevables de la gestion de la faune est vouée à l'échec si elle n'est pas associée à une volonté politique et à un processus d'accompagnement vers la décentralisation de la gestion des ressources fauniques et de renforcement de la société civile. La dévolution des droits et responsabilités doit se faire par étapes et prendra du temps. Quatrièmement, la gestion durable de la faune ne peut être une réussite que si l'ensemble des parties prenantes parvient à coconstruire un objectif de gestion consensuel sur ces espaces multifonctionnels et multiusagers. Enfin, un changement de paradigme est nécessaire, afin que les parties prenantes à la gestion de la faune acceptent de travailler sur la base d'une démarche adaptative, où le droit à l'erreur existe, mais où les risques sont anticipés, pour mieux répondre aux défis continuellement changeants. Loin de proposer un recueil de solutions miracles, cet ouvrage rapporte des leçons apprises qui sont autant de piliers posés pour poursuivre l'appui à l'émergence d'une gestion locale et participative de la faune et de la chasse en Afrique centrale. Nous espérons que les recommandations émises dans cet ouvrage pourront inspirer les décideurs, les gestionnaires et les bailleurs de fonds, pour continuer de tracer un chemin qui reste long.