Le corps médical genevois en politique, de la Restauration à "l'affaire Coindet" (1814-1856)
Alors que les décennies du « progrès graduel » prôné par Jean-Jacques Rigaud arrivent à leur terme, que les révolutions de 1841 puis de 1846 secouent la République genevoise et amènent au pouvoir les partisans du radicalisme, les médecins genevois, à l'instar du restant des notables de la ville, voient leur rôle politique se transformer. Et de la Restauration aux révolutions radicales, la représentation des praticiens au sein des pouvoirs législatifs et exécutifs évolue en profondeur. Ces changements, s'ils sont en premier lieu le reflet des bouleversements politiques du moment, n'en offrent pas moins l'opportunité de s'interroger sur le rôle public des membres de la Faculté tout au long de cette période, en particulier entre la fin de la Restauration en 1841 et les retombées de la révolution radicale, qui se prolongent jusqu'en 1856 avec « l'affaire Coindet ». Pourquoi les médecins et chirurgiens genevois choisissent-ils de s'impliquer dans la vie politique, ou au contraire d'y renoncer ? Que représente pour eux cet engagement public ? Quelles incitations, ou quelles contraintes, prennent-ils en considération ? Ces interrogations constituent le fil conducteur de ce travail, dont l'objectif principal se résume ainsi : comprendre ce que signifie l'engagement politique pour le corps médical genevois au milieu du XIXe siècle, ce qu'il représente, les avantages qu'il confère, ou au contraire les difficultés qu'il engendre.