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Musicians from Havana and "the special period" test : everyday life under pressure and relationship to politics in Cuba ; Musiciens havanais à l'épreuve de "la période spéciale" : quotidien sous tension et rapport au politique à Cuba
The aim of this research is to provide a number of trends and areas of tension that have emerged or evolved in Cuba after the « special period in peacetime », which can be defined as the most considerably developed social and economic crisis that has struck this country, as a result of the socialist camp collapse in the early 90's. In order to achieve this, we focus on the experience of musicians seen as ordinary in the city of Havana. It is thanks to the observation of artists in action in their everyday life that we will be able to understand and to capture the depth of this crisis and these large redefinitions it causes. The purpose is to define the consequences of the means that have been mobilized by the Cuba's socialist system in order to get out of this social and economic impasse while safeguarding the social benefits of this revolution, based on its popular legitimacy. If in the end the reforms (the massification of tourism, the gradual increase of liberalizing and economical behaviors, and the dual circulation of currencies.) allowed an economic recovery, they lead to a questioning and entering into contradiction with speeches, prerogatives and ways of life valued by those in power. We will see how areas of tension, emanating from changes (between an idealized past and an uncertain future, between the picture of the genuinely Cuban and non-Cuban, and finally between the people of the revolution and the individual who has his own project) treated by these musicians, especially sensitive to the « decompartmentalization » of the Cuban experience. We will see that these musicians, in the way they define theirselves as artists, in their concept of path in life and profession, effect sweeping changes, constantly negotiating questions of identity to ascribe meaning to what they do in this confused, social and economic reality. In their life and professional practices, the means allocated to fight and to try to make a living with music show in our opinion the Cuban society in its entirety marked by a great ambivalence, the need to find new means of subsistence and to bring these decomposing or emerging elements together. ; Ce travail de thèse vise à présenter un certain nombre de tendances et de points de tensions nés ou mis à jour à Cuba à la suite de la période spéciale en temps de paix que l'on peut définir comme une crise économique et sociale d'une ampleur considérable ayant frappé ce pays à la suite de la chute du camp socialiste au début des années 90. Pour ce faire, nous nous centrons sur l'expérience de musiciens qualifiés « d'ordinaires » évoluant dans la capitale, La Havane. C'est ainsi à la lumière du quotidien de ces artistes qu'il nous sera possible de comprendre et de saisir la profondeur de cette crise et des fortes redéfinitions qu'elle met en jeu. Il s'agit de voir les conséquences des moyens mobilisés par le régime socialiste cubain de façon à sortir de cette impasse économique et sociale tout en préservant les acquis sociaux de cette révolution, base de sa légitimité populaire. Seulement, si à terme les réformes engagées (massification du tourisme, progressive mise en avant de comportements économiques libéralisant, double circulation monétaire.) ont permis un redressement économique certain, elles ne vont pas sans questionner, voire entrer en contradiction avec les discours, prérogatives et modes de vie valorisés par le pouvoir. Nous verrons ainsi de quelles manières un certain nombre de tensions, issues de ces changements (entre un passé idéalisé et un futur incertain, entre l'image de l'authentiquement cubain et celle du non-cubain, et enfin entre le nous révolutionnaire et les projections individuelles) sont traités par ces musiciens, particulièrement sensibles au décloisonnement de l'expérience cubaine. Dans leur manière de s'auto-définir en tant qu'artiste, dans le regard qu'ils portent sur leur trajectoire et leur métier, nous verrons que ces individus procèdent à un bricolage, à une négociation identitaire incessante visant à conférer à leurs actes un sens que la réalité sociale et économique a rendu trouble.La vie et les pratiques professionnelles de ces derniers, les moyens qu'ils mobilisent pour lutter et tenter de vivre de leur musique illustrent à notre avis la société cubaine dans son ensemble, marquée par une grande ambivalence, par le besoin « d'inventer » de nouveaux moyens de subsistance et la nécessité d'assembler des éléments en décomposition ou émergents.
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Le syndicalisme portugais et l'austérité : entre la force des protestations et la fragilité des alliances ; Portuguese trade unionism and austerity: between the strength of protests and the weakness of alliances ; El sindicalismo portugués y la austeridad: entre la fuerza de las protestas y la debil...
L'adoption de mesures d'austérité pour surmonter la crise des dettes souveraines de ces dernières années a accentué la fragilité des syndicats en tant qu'institutions, en mettant aussi à l'épreuve leur capacité de résistance en tant que mouvements. Il n'en demeure pas moins que les syndicats ont cherché à réagir, en s'insurgeant contre les politiques d'austérité. Toutefois, le syndicalisme demeure «orgueilleusement seul», touché par des divisions internes et influencé par des tendances partisanes, semblant dès lors peu enclin à former des alliances avec d'autres groupes et mouvements. Ces derniers, pourtant, partagent souvent des préoccupations semblables à celles des syndicats (la lutte contre la précarité au travail en constituant le meilleur exemple).Dans la première partie de l'article, nous synthétisons quelques-unes des mesures d'austérité, décrivons brièvement les deux principales confédérations syndicales portugaises ainsi que certains acteurs socioprofessionnels, et analysons leurs discours face à la crise. Dans la seconde partie, nous abordons les caractéristiques et les moments principaux des réactions syndicales et de la protestation sociale plus ample face à l'austérité. Finalement, nous identifions certains défis externes et internes auxquels le syndicalisme est confronté au Portugal. D'une part, les syndicats doivent résister aux pressions externes dictées par les politiques d'austérité; d'autre part, ils doivent adopter une action proactive «à partir de l'intérieur», en s'ouvrant à de nouveaux publics (travailleurs précaires non syndiqués, fortement touchés par la crise et l'austérité) et, par conséquent, à de nouvelles formes de protestation sociale. La création d'un syndicat dans le secteur de la musique, du spectacle et de l'audiovisuel et la lutte dans un centre d'appels dans le secteur de la santé sont, à cet égard, deux défis à l'autonomie et à la rénovation des pratiques syndicales, et elles constituent, peut-être, la voie d'un «syndicalisme de travailleurs précaires», inexistant jusqu'à présent. ; In recent years, the adoption of austerity measures to overcome the sovereign debt crisis has highlighted the weakness of trade unions as institutions, but has also represented a test of the latter's capacity to offer up resistance as a movement. It is a fact that trade unions have sought to react against austerity policies. However, trade unionism continues to soldier on "proudly" yet alone, internally divided and influenced by partisan tendencies, and little disposed to form alliances with other groups/movements that are also targeting the precariousness of the world of work.The first part of the article summarizes some of the austerity measures that have been adopted and presents the main Portuguese trade union confederations and socio-occupational actors as well as their discourses regarding the crisis. The second part identifies the key moments of trade union reaction and social protest against the austerity measures (highlighting both strikes and large social demonstrations). The third and last part points out some external and internal challenges currently facing trade unionism in Portugal. On the one hand, trade unions have to resist the external pressures caused by austerity policies; on the other hand, they need to adopt purposeful action "from within," opening up to new audiences (precarious and non-unionized workers, also strongly affected by the crisis and austerity measures) and therefore to new forms of articulation of social protest. The creation of a trade union in the music, show business and audiovisual sector and the struggle in a call center in the health sector are, in this regard, two challenges to the autonomy and renewal of trade union practices, perhaps pointing the way to a "trade unionism of precarious workers," heretofore non-existent. ; La adopción de medidas de austeridad para superar la crisis de la deuda soberana en los últimos años ha puesto en evidencia la debilidad de los sindicatos como instituciones, y se presenta al mismo tiempo como un desafío a su capacidad de resistencia como movimiento.Es un hecho que los sindicatos han tratado de reaccionar contra las políticas de austeridad. Sin embargo, el sindicalismo continúa «orgullosamente sólo», dividido internamente e influenciado por tendencias partidistas y poco disponible a formar alianzas con otros grupos/movimientos también interesados en la lucha contra la precariedad del mundo del trabajo.En la primera parte del artículo, se sintetizan algunas de las medidas de austeridad y se caracterizan brevemente las dos principales confederaciones sindicales de Portugal y algunos actores socio-profesionales, así como sus discursos relacionados con la crisis. La segunda parte identifica los momentos clave de la reacción sindical y la protesta social contra la austeridad (destacando las huelgas, por una parte, y las grandes protestas sociales, de otra parte). Por último, en la tercera parte se identifican algunos retos externos e internos que enfrenta el movimiento sindical en Portugal. Por un lado, los sindicatos tienen que resistir a las presiones externas resultantes de las políticas de austeridad; por el otro, los sindicatos deben adoptar una acción de tipo propositivo «desde dentro», abriéndose a nuevos públicos (trabajadores precarios y no sindicalizados, también fuertemente afectados por la crisis y la austeridad) y, por lo tanto, a las nuevas formas de articulación de la protesta social. La creación del sindicato en la industria de la música, espectáculo y audiovisual, o la lucha en un centro de llamadas en el sector de la salud son, en este sentido, dos retos para la autonomía y la renovación de las prácticas sindicales, que indican quizás el camino hacia un «sindicalismo de trabajadores precarios», inexistente entonces.
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The colono funkeiro and the gaúcha baladeira : cultural practices of family farming's young people and the recomposition of rural territories in southern Brasil ; Le colono funkeiro et la gaúcha baladeira : pratiques culturelles des jeunes de l'agriculture familiale et recomposition des territoires ...
This essay intends to point out the conjunction between three thematic areas that the research studies and the actors on the ground would both exclude : young people, rural area, hobbies and cultural practices. Our issue is to understand how both cultural practices of rural youth and the recomposition of rural territories in southern Brasil affect each other. The first are to be understood as the cultural component of young people practices in their spare time and the second covers all the elements leading to a resignification and a deep requalification of rural territories.Three assumptions are tested : 1/ cultural practices are used in the rural youth's experiences as an answer to a multifactorial crisis of rural areas ; 2/ each spatial configuration and territorial profile influence the representations, the means and courses of action of the young people ; 3/ rural areas of southern Brasil are facing a process of recomposition in which socio-economic, cultural, political and symbolic parts of rural areas are changed by the customs of the young people, in particular by their cultural practices. Their migration to the cities being a constant concern of local players and observers, this work will focus on the young people from 18 to 28 years old who rather stayed or who went to live somewhere else in a rural area. The way in which these young people are setting up their cultural practices with the constraints imposed by rural areas of southern Brasil of their choice – lack of cultural infrastructure, difficulties in mobility, social pressure, generation conflicts, gender issues - provide a means for understanding how these constraints influence and are influenced by the recompositions in progress in these territories. Southern Brasil has a strong family farming and the image and fonctions attributed to rural areas have been evolving rapidly the last few decades. At the same time, if the developed countries are setting their sights on culture to redefine their capital cities and old industrial areas, the role of culture in rural and farming areas – especially those of emerging countries- is neglected. Yet, the latter are faced with societal choices which include a recomposition of rural areas targeted by the young people interviewed. This geographic work mainly uses social-rural geography methods - semi-structured interviews ; mapping data – linked to sociology methods – life stories, participant observation. From the field point of view, the comparative process brings us the essential question of the influence of some characteristics of the area on our issue. The focus was on three different fields – although all located in the southern region of Brasil being Rio Grande Do Sul and Santa Catarina. The diversity but also the common issue that are facing these three territories enable to create a typology bringing together the affiliation scales of young people and how they use cultural practices to nurture them. At different moments in their lives, they were all confronted with the option of moving to a city but they stayed here and play a part in the social life of their communities so important in their choice to stay. The cultural practices they develop -acting, playing music, dancing, balls, traditional activities such as rodeos or rural Olympiad – lead them to identify themselves to a rurality constantly recomposed, sometimes recreated, often reinvented. The actions of social mouvements, public policies, private sector, or associations in this field have the common goal of engaging the youth for multiple purposes. And as for young people, they simply wish to introduce alternatives to take over their living areas. ; Notre thèse aborde la conjonction entre trois thématiques que les recherches et les acteurs de terrain excluent souvent mutuellement : les jeunes, le milieu rural, les pratiques culturelles et de loisir. Notre problématique est de comprendre comment les pratiques culturelles des jeunes ruraux d'une part, et la recomposition des territoires ruraux au Sud du Brésil d'autre part, s'influencent réciproquement. Les premières sont entendues comme la partie culturelle des pratiques développées par les jeunes durant leur temps libre et la seconde recouvre l'ensemble des éléments permettant d'évoquer une ressignification et une requalification profonde des territoires ruraux. Trois hypothèses sont testées : 1/ les pratiques culturelles sont mobilisées dans les expériences des jeunes ruraux comme une réponse à une crise multifactorielle des milieux ruraux ; 2/ chaque configuration spatiale et profil territorial influe sur les représentations, les moyens et les formes d'action des jeunes ; 3/ les territoires ruraux sud-brésiliens connaissent un processus de recomposition, dans lequel les rôles socio-économiques, culturels, politiques et symboliques des territoires ruraux sont modifiés par les usages de la jeunesse, en particulier par leurs pratiques culturelles.Leur migration vers les villes étant une préoccupation constante des acteurs locaux et des observateurs, les jeunes de 18 à 28 ans, qui sont restés ou allés vivre en milieu rural, sont l'objet principal de ce travail. La façon dont ces jeunes mettent en place et mobilisent leurs pratiques culturelles avec les contraintes imposées par les territoires ruraux sud-brésiliens choisis (manque d'infrastructures culturelles, difficultés pour la mobilité, pressions sociales, conflits de génération, problématique du genre), permet de comprendre comment elles influencent et sont influencées par les recompositions en cours sur ces mêmes territoires. Le Sud du Brésil possède une agriculture familiale forte, ainsi l'image et les fonctions attribuées aux espaces ruraux y ont rapidement évolué au cours des dernières décennies. Dans le même temps, si les pays développés misent sur la culture pour redéfinir leurs capitales et anciens bassins industriels, le rôle de la culture dans les espaces ruraux et agricoles, a fortiori ceux des pays émergents, est négligé. Pourtant, ces derniers se trouvent actuellement devant des choix de société incluant une recomposition des territoires ruraux, que les jeunes rencontrés envisagent comme des espaces de possible.Ce travail de géographie utilise principalement des méthodes de géographie sociale rurale (entretiens, cartographie des données) liées à celles de la sociologie qualitative (récits de vie, observation participante). D'un point de vue du terrain, la démarche comparative permet d'aborder la question de l'influence de certaines caractéristiques du territoire sur notre problématique, avec trois terrains différents, bien que tous situés dans la région Sud du Brésil (Rio Grande do Sul et Santa Catarina). La diversité ainsi que l'unité de problématique qui traverse ces trois territoires permet d'élaborer une typologie reliant les échelles d'appartenances des jeunes et la façon dont ils mobilisent les pratiques culturelles pour les alimenter. Ils ont tous dans leurs parcours de vie été confrontés au départ en ville, mais sont là et s'investissent dans la vie sociale de leurs communautés car elle est la raison de leur choix. Les pratiques culturelles qu'ils développent (théâtre, musique, danse, bals activités traditionnelles, telles que rodéos ou olympiades rurales), leur permettent de s'identifier à une ruralité toujours recomposée, recréée parfois, réinventée souvent. Les actions des mouvements sociaux, des politiques publiques, du secteur privé ou des associations dans ce domaine ont pour objectif de mobiliser les jeunes à des fins diverses. Les jeunes, quant à eux,souhaitent simplement mettre en place des alternatives pour s'approprier leurs lieux .
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The colono funkeiro and the gaúcha baladeira : cultural practices of family farming's young people and the recomposition of rural territories in southern Brasil ; Le colono funkeiro et la gaúcha baladeira : pratiques culturelles des jeunes de l'agriculture familiale et recomposition des territoires ...
This essay intends to point out the conjunction between three thematic areas that the research studies and the actors on the ground would both exclude : young people, rural area, hobbies and cultural practices. Our issue is to understand how both cultural practices of rural youth and the recomposition of rural territories in southern Brasil affect each other. The first are to be understood as the cultural component of young people practices in their spare time and the second covers all the elements leading to a resignification and a deep requalification of rural territories.Three assumptions are tested : 1/ cultural practices are used in the rural youth's experiences as an answer to a multifactorial crisis of rural areas ; 2/ each spatial configuration and territorial profile influence the representations, the means and courses of action of the young people ; 3/ rural areas of southern Brasil are facing a process of recomposition in which socio-economic, cultural, political and symbolic parts of rural areas are changed by the customs of the young people, in particular by their cultural practices. Their migration to the cities being a constant concern of local players and observers, this work will focus on the young people from 18 to 28 years old who rather stayed or who went to live somewhere else in a rural area. The way in which these young people are setting up their cultural practices with the constraints imposed by rural areas of southern Brasil of their choice – lack of cultural infrastructure, difficulties in mobility, social pressure, generation conflicts, gender issues - provide a means for understanding how these constraints influence and are influenced by the recompositions in progress in these territories. Southern Brasil has a strong family farming and the image and fonctions attributed to rural areas have been evolving rapidly the last few decades. At the same time, if the developed countries are setting their sights on culture to redefine their capital cities and old industrial areas, the role of culture in rural and farming areas – especially those of emerging countries- is neglected. Yet, the latter are faced with societal choices which include a recomposition of rural areas targeted by the young people interviewed. This geographic work mainly uses social-rural geography methods - semi-structured interviews ; mapping data – linked to sociology methods – life stories, participant observation. From the field point of view, the comparative process brings us the essential question of the influence of some characteristics of the area on our issue. The focus was on three different fields – although all located in the southern region of Brasil being Rio Grande Do Sul and Santa Catarina. The diversity but also the common issue that are facing these three territories enable to create a typology bringing together the affiliation scales of young people and how they use cultural practices to nurture them. At different moments in their lives, they were all confronted with the option of moving to a city but they stayed here and play a part in the social life of their communities so important in their choice to stay. The cultural practices they develop -acting, playing music, dancing, balls, traditional activities such as rodeos or rural Olympiad – lead them to identify themselves to a rurality constantly recomposed, sometimes recreated, often reinvented. The actions of social mouvements, public policies, private sector, or associations in this field have the common goal of engaging the youth for multiple purposes. And as for young people, they simply wish to introduce alternatives to take over their living areas. ; Notre thèse aborde la conjonction entre trois thématiques que les recherches et les acteurs de terrain excluent souvent mutuellement : les jeunes, le milieu rural, les pratiques culturelles et de loisir. Notre problématique est de comprendre comment les pratiques culturelles des jeunes ruraux d'une part, et la recomposition des territoires ruraux au Sud du Brésil d'autre part, s'influencent réciproquement. Les premières sont entendues comme la partie culturelle des pratiques développées par les jeunes durant leur temps libre et la seconde recouvre l'ensemble des éléments permettant d'évoquer une ressignification et une requalification profonde des territoires ruraux. Trois hypothèses sont testées : 1/ les pratiques culturelles sont mobilisées dans les expériences des jeunes ruraux comme une réponse à une crise multifactorielle des milieux ruraux ; 2/ chaque configuration spatiale et profil territorial influe sur les représentations, les moyens et les formes d'action des jeunes ; 3/ les territoires ruraux sud-brésiliens connaissent un processus de recomposition, dans lequel les rôles socio-économiques, culturels, politiques et symboliques des territoires ruraux sont modifiés par les usages de la jeunesse, en particulier par leurs pratiques culturelles.Leur migration vers les villes étant une préoccupation constante des acteurs locaux et des observateurs, les jeunes de 18 à 28 ans, qui sont restés ou allés vivre en milieu rural, sont l'objet principal de ce travail. La façon dont ces jeunes mettent en place et mobilisent leurs pratiques culturelles avec les contraintes imposées par les territoires ruraux sud-brésiliens choisis (manque d'infrastructures culturelles, difficultés pour la mobilité, pressions sociales, conflits de génération, problématique du genre), permet de comprendre comment elles influencent et sont influencées par les recompositions en cours sur ces mêmes territoires. Le Sud du Brésil possède une agriculture familiale forte, ainsi l'image et les fonctions attribuées aux espaces ruraux y ont rapidement évolué au cours des dernières décennies. Dans le même temps, si les pays développés misent sur la culture pour redéfinir leurs capitales et anciens bassins industriels, le rôle de la culture dans les espaces ruraux et agricoles, a fortiori ceux des pays émergents, est négligé. Pourtant, ces derniers se trouvent actuellement devant des choix de société incluant une recomposition des territoires ruraux, que les jeunes rencontrés envisagent comme des espaces de possible.Ce travail de géographie utilise principalement des méthodes de géographie sociale rurale (entretiens, cartographie des données) liées à celles de la sociologie qualitative (récits de vie, observation participante). D'un point de vue du terrain, la démarche comparative permet d'aborder la question de l'influence de certaines caractéristiques du territoire sur notre problématique, avec trois terrains différents, bien que tous situés dans la région Sud du Brésil (Rio Grande do Sul et Santa Catarina). La diversité ainsi que l'unité de problématique qui traverse ces trois territoires permet d'élaborer une typologie reliant les échelles d'appartenances des jeunes et la façon dont ils mobilisent les pratiques culturelles pour les alimenter. Ils ont tous dans leurs parcours de vie été confrontés au départ en ville, mais sont là et s'investissent dans la vie sociale de leurs communautés car elle est la raison de leur choix. Les pratiques culturelles qu'ils développent (théâtre, musique, danse, bals activités traditionnelles, telles que rodéos ou olympiades rurales), leur permettent de s'identifier à une ruralité toujours recomposée, recréée parfois, réinventée souvent. Les actions des mouvements sociaux, des politiques publiques, du secteur privé ou des associations dans ce domaine ont pour objectif de mobiliser les jeunes à des fins diverses. Les jeunes, quant à eux,souhaitent simplement mettre en place des alternatives pour s'approprier leurs lieux .
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Teaching of art history in secondary school under the French Third Republic ; L'enseignement de l'histoire de l'art à l'école secondaire sous la IIIe République française
Our research focuses on the genesis of the teaching of art history in secondary schools in France. This precisely means its foundation and initial development under the Third Republic. We will first study the educational institution and the discipline of art history at the time, since the teaching of art history is closely linked to them. In Chapter I, the study will show the complexity of the secondary school system in France at the time. There is not only the distinction between male and female audiences, but also between classical education and modern education, so that the teaching of art history is not homogeneous across the board in terms of importance and aims. Chapter II will seek to reestablish the history of the institution of the discipline of art history in France, since secondary school education is concerned with the progress of its own discipline. At the time, the discipline of art history was in an initial phase, where its definition was still imprecise. Therefore, the purpose and practice of its teaching in secondary school are not clear. Then, our research will study the evolution of this teaching. In the first place, it is observed that it is never autonomous. That is to say, it is grafted onto other courses, that of drawing or history in particular. The role assigned to art history in the teaching of drawing differs from that in the teaching of history: in Chapter III, we will deal with several major reforms in the teaching of drawing, hence the fact that in drawing courses, art history is generally supposed to complement the drawing practice of an high culture; in Chapter IV concerning one art history in the teaching of history, it is noted that the more "the history of civilization" dethrones "the history of facts", the more art history is considered, in history, to be essential for the understanding of general history. As the discipline of art history became more autonomous, its teaching in secondary school was also supposed to be autonomous by the reform of 1925. The study of students should focus on the works of arts themselves - in view of the importance of this event, we will dedicate Chapter V to it. To this, however, there is no independent training regime for special teachers. Teaching continues to be entrusted to drawing or history teachers. The study of the selection regime followed by these professors shows that a professor's competence in art history varies with the effects of the previously mentioned reforms. Chapter VI will focus on the educational means and tools for this teaching, as art books, photos, projection, walk and visit, etc. We are going to approach lastly "the teaching of music history at secondary school in France", since this teaching which is given almost in parallel with the teaching of art history, or sometimes merges with it, is not yet fully studied by historians. In addition to the school system or the so called discipline itself, artistic currents and the democratic trend on all social levels give their repercussions to this teaching, so that art now comes into play in civic education and knowledge in applied or industrial arts occupies the central place of the study of art history. At the same time, the movement of new pedagogy based on practice and observation at the beginning of the twentieth century also inspires this teaching. ; Notre recherche a pour sujet la genèse de l'enseignement de l'histoire de l'art à l'école secondaire en France. Il s'agit précisément de sa fondation et son développement initial sous la IIIe République. Nous allons en premier lieu étudier l'institution scolaire et la discipline d'histoire de l'art à l'époque, car l'enseignement de l'histoire de l'art leur est lié étroitement. Dans le Chapitre I, l'étude va montrer la complexité du régime scolaire secondaire de France à l'époque. Il y a non seulement la distinction entre le public masculin et le public féminin, mais aussi entre l'enseignement classique et l'enseignement moderne, de telle sorte que l'enseignement de l'histoire de l'art n'est pas homogène au sens de l'importance comme de la finalité. Le chapitre II va chercher à rétablir l'histoire de l'institution de la discipline d'histoire de l'art en France, car l'enseignement à l'école secondaire s'attache au progrès de sa propre discipline. A l'époque, la discipline d'histoire de l'art se tient en phase initiale, où sa définition reste toujours imprécise. Par conséquent, la finalité et la pratique de son enseignement à l'école secondaire ne sont pas solides. Par la suite, la recherche va étudier l'évolution de cet enseignement. En premier lieu, il est constaté qu'il n'est jamais autonome. C'est-à-dire, il est greffé à d'autres cours, celui de dessin ou d'histoire en particulier. Le rôle qu'on assigne à l'histoire de l'art dans l'enseignement du dessin se différencie de celui dans l'enseignement de l'histoire : nous allons traiter dans le chapitre III plusieurs réformes majeures de l'enseignement du dessin, d'où peut se dégager le fait qu'au cours de dessin, l'histoire de l'art est généralement supposée compléter la pratique de dessin d'une culture élevée ; dans le Chapitre IV concernant l'histoire de l'art dans l'enseignement de l'histoire, il est constaté que, plus « l'histoire de la civilisation » détrône « l'histoire des faits », plus l'histoire de l'art est considérée, au cours d'histoire, comme étant indispensable à la compréhension de l'histoire générale. Au fur et à mesure de l'autonomisation de la discipline d'histoire de l'art, son enseignement à l'école secondaire est aussi censé être autonome par la réforme de 1925. L'étude des élèves doit porter sur les œuvres d'arts elles-mêmes – en considération de l'importance de cet événement, nous allons y dédier le Chapitre V. Il n'en existe pourtant pas, jusque-là, de régime indépendant de formation des professeurs spéciaux. L'enseignement continue à être confié aux professeurs de dessin ou d'histoire. L'étude sur le régime de sélection que suivent ces professeurs amène au constat que la compétence en histoire de l'art d'un professeur varie au gré des effets des réformes susdites. Le Chapitre VI va porter sur les moyens et outils pédagogiques à l'usage de cet enseignement, comme ouvrage d'art, photographie et projection, promenade et visite, etc. Nous allons aborder en dernier lieu « l'enseignement de l'histoire de la musique à l'école secondaire en France », vu que cet enseignement qui se donne presque en parallèle avec l'enseignement de l'histoire de l'art, ou fusionne parfois avec celui-ci, n'est pas encore pleinement étudié par les historiens. Outre le régime scolaire ou la discipline proprement dite, les courants artistiques et la tendance démocratique sur tous les plans sociaux donnent leurs répercussions à cet enseignement, si bien que l'art entre désormais en jeu de l'éducation civique et que le savoir en arts appliqués ou industriels occupe la place centrale de l'étude d'histoire de l'art. En même temps, le mouvement de pédagogie nouvelle fondée sur la pratique et l'observation au début du XXe siècle inspire cet enseignement ; 本文研究的是法国中学艺术史教学的初期情况,即在第三共和国时期的设立与发展情况。该教学与学校制度、学科制度息息相关,因此将首先对这两个问题进行考察。在第一章节中,研究展示了这一时期法国中学制度的复杂性。不仅有男校女校之分,还有古典教学与现代教学之分。艺术史教学在这些体系中的比重和要求均不相同。第二章节展示了艺术史学科在法国的建立过程,因为中学艺术史教学依托于学科的发展。这一时期,艺术史学科在法国还处于初级阶段,并且它的定义又始终存在模糊性,导致了中学艺术史教学的目标和实施也是不稳定的。接下来,论文将研究中学艺术史教学的发展过程。在这一时期,艺术史一直未被设立为独立课程,而是被移植到其他课程进行教学,尤其是素描课与历史课。这两个课程对艺术史的定位并不相同:在第三章节中,研究展示了几次重大素描教学改革中,艺术史是如何被当作素描练习的理论补充;第四章节则展示了,随着"文明史"逐渐取代传统的"事件史",艺术史也相应地被确立为年轻人必学的历史。。到了二十世纪,艺术史学科的独立性愈加明显。到了1925年,艺术史在中学正式被设立为独立教学内容,即对作品本身进行分析学习。第五章节将对这一重大改革展开研究。但直到这个时候,仍然不存在专门的艺术史教师培养制度。艺术史教学主要还是由素描老师或历史老师承担。论文通过对这些老师的选拔制度进行研究,展示了老师的艺术史素养是随着上述教学改革而变化的。第六章节主要考察了几种主要教学手段和教学工具,例如艺术类著作、照片与投影、参观与散步等。本文最后一章节对法国中学音乐史的教学情况展开一段初步的研究,因为该教学与艺术史教学几乎同时发展,有时还合并到一个教学大纲中。除了学校制度和学科本身,该论文还展示了给艺术史教学带来影响的艺术潮流与方方面面的民主化趋势。首先,对艺术的认知成为公民素养的一部分。其次,应用艺术和工业艺术,作为经济发展的推动力,逐渐成为了艺术史教学的重要内容。同时,二十世纪初,重视实践与体验的新教学法运动来到法国,也给该教学带来了新的启发
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Les fonds de soutien publics à la création en France, des instruments d'évaluation de la créativité ? Quelques pistes de réflexion par les SIC
XXIe Congrès de la SFSIC. MSH Paris Nord, 13, 14, & 15 juin 2018Créez ! Soyez (tous) créatifs ! Et, bien sûr, soyez innovants ! Les appels à la création et la créativité sont devenus comminatoires tels des « impératifs catégoriques », quel que soit le secteur d'activités : les problématiques de l'innovation hantent tous les discours, sinon toutes les pratiques, y compris info-communicationnels, au travail et dans la culture, dans les territoires et les laboratoires de recherches, dans les entreprises - celles du CAC40 comme les startups. Ces injonctions ne sont-elles qu'un discours de ré-enchantement de la vie des individus, de la vie au travail, du marché, de la relation-client ?Entre une création qui agit sur le symbolique et l'imaginaire social et une créativité qui implique une dynamique et agite les pratiques, quelles approches les recherches en Sciences de l'Information et de la Communication développent-elles sur les médiations instituées et organisées dans toutes les activités de la société pour inciter à des actions de création et de créativité ?Ces questions ne sont pas nouvelles. Elles sont au cœur de la réflexion sur l'aptitude de l'humanité à faire émerger des formes nouvelles, qu'il s'agisse de la création artistique, des objets et des machines, des formes organisationnelles, des supports et des modalités d'écriture et de création d'images, de sons. Tous ces processus apparaissent également récents parce que les technologies numériques et les logiques qu'elles véhiculent les ont incontestablement réactivés, renforcés et modifient notre perception du monde. L'augmentation du nombre de productions, la réactivité des consommateurs pour des produits éphémères conduisent à créer en permanence, la multiplicité des conditions qui mobilisent la création et la créativité. Le renversement des logiques d'innovation par la prise en considération des usagers et des citoyens, les possibilités de coordination et de coopération déterritorialisées rendent nécessaires une investigation scientifique par notre discipline mais aussi une approche opérationnelle et une réflexion éthique. Comment les Sciences de l'Information et de la Communication éclairent-elles les processus qui se mettent ou sont mis en place, et s'impliquent-elles dans les actions toujours plus nombreuses et scientifiquement exigeantes ?Ce XXIe Congrès organisé en partenariat avec le LabSIC propose d'étudier, d'analyser et de mettre en débat les thématiques de la création, de la créativité, de l'innovation et des médiations. Il invite à donner un ou des sens info-communicationnels à des idées de plus en plus mobilisées socialement, dans tout le spectre de notre approche disciplinaire mais aussi du point de vue de disciplines adjacentes dont les Sic doivent se distinguer : créativité (management, psychologie), création (esthétique et sciences de l'art, économie libérale de la culture), médiations (sociologie de la culture ou de l'action sociale, sciences politiques).Les propositions s'articuleront autour de 3 axes :Philippe BOUQUILLION (LabSIC) [sommaire] Au sein de l'axe 1, l'objectif est d'interroger les processus de création et de créativité du point de vue de leur dimension idéologique, des enjeux sociaux qu'ils soulèvent et des politiques publiques dont ils bénéficient. Les processus de construction sociale et idéologique de la création et de la créativité sont aujourd'hui omniprésents. Ces processus ont une longue histoire. L'importance se note,à partir du Quattrocento, de la construction du rôle du créateur comme artiste au savoir-faire et aux réalisations singulières, tandis que les fondateurs des théories des industries culturelles ont eux aussi insisté sur l'importance de la construction de la personnalité artistique du créateur central d'une production culturelle pour fonder la valeur de celle-ci. Depuis le début des années 2000, les promoteurs de l'économie créative développent d'importants discours idéologiques sur le rôle supposé de la création et de la créativité pour la redynamisation des économies, des territoires et la transformation des rapports sociaux sous toutes les latitudes. Le design, pris au sens le plus large, est alors envisagé comme une courroie de transmission de la créativité vers l'économie et la société. Ce faisant, le design est aussi un outil d'incorporation de représentations sociales diverses (vision des rapports sociaux, des appartenances de genre, du travail, etc.) au sein des productions économiques mais aussi des politiques publiques (design de politiques publiques). Ainsi, fondant de plus en plus leurs stratégies de construction de la valeur de leurs productions sur ces représentations sociales, nombre d'acteurs économiques font commerce de celles-ci, à l'instar d'Apple qui offre un exemple emblématique du recours au modèle de l'industrie des biens symboliques.L'emprise de l'idéologie de la créativité portée par les discours dans la sphère politique et l'espace public est ainsi au cœur des interrogations développées dans cet axe. Que ces derniers soient le fait d'acteurs institutionnels, industriels, issus de l'innovation ou de l'art, ils marquent la prégnance du terme créativité, qu'il conviendra d'interroger quant à ses contextes de référence et mobilisation, et comme marque ou le témoin de changements sociaux et politiques majeurs. En effet, la valorisation économique et symbolique des métiers, produits ou structures créatifs s'accroît et s'institutionnalise selon des voies et des logiques qu'il conviendra d'analyser et de prendre en compte, et pourquoi pas jusque dans l'Université qui s'ouvre au design ? De même, les politiques culturelles, les soutiens au développement des territoires, l'accompagnement de « l'économie numérique » témoignent de choix de transition dans les modèles économiques et de valorisation du potentiel créatif de certains acteurs, ou équipes-projets.Les tensions entre idéologies et actions, entre discours et acteurs témoignent de contradictions structurantes (ou dé-structurantes) formulées par un lexique omniprésent : innovation, pro-am, innovation ascendante, participation, etc. qui consacre à la fois une idéologie spontanée de l'innovation et de la créativité, comme si elle était sui generis du milieu numérique et des programmes d'actions extrêmement répandus.Sont donc attendues dans l'axe 1, des propositions relatives aux thématiques évoquées ci-dessus et en particulier : aux processus de création et de créativité, aux médiations et constructions sociales dont ils font l'objet, dans la culture, les industries culturelles et créatives, le numérique ou le design ; aux politiques publiques dans la création, en particulier celles en faveur des processus de créativité et de leur déploiement dans divers champs sociaux ; aux enjeux pour l'espace public soulevés par la création et la créativité et, en retour, aux enjeux pour la création et la créativité de sa présence dans l'espace public, des médiatisations et médiations qu'ils suscitent ; aux questions sociétales et aux idéologies sociales liées à la création et la créativité et les concours ainsi apportés aux constructions des genres, du travail, du politique et des sociétés.Interrogeant leur articulation aux Sciences de l'information et de la communication, les propositions pourront relever des diverses approches courantes dans la discipline (étude des discours, approches socio-politique, socio-historiques ou socio-économiques, etc.). Les propositions de communication apportant un décloisonnement et un renouvellement des perspectives, mais aussi une approche critique, et intégrant les dimensions liées à la mondialisation sont encouragées. Axe II. Modèles et stratégies d'acteursCoordonné par Laurence CORROY et Dominique BESSIÈRES(SFSIC),Bertrand LEGENDRE (LabSIC)[sommaire] Cet axe se propose d'interroger la créativité et la création et leurs médiations par le prisme des acteurs et des stratégies qu'ils mettent en œuvre. Souvent, la créativité peut être reliée à des réalisations innovantes, en fonction des environnements dont elles doivent tenir compte et qui peuvent les conditionner en partie. L'adaptation suggère que la créativité est à considérer à l'aune du contexte dans lequel elle s'exprime. Elle peut par son pouvoir d'innovation bouleverser la société ou, plus modestement, apparaître lorsqu'un sujet trouve une nouvelle idée, une formulation originale d'une thématique déjà connue, en somme une variation. Elle peut aussi correspondre à un travail d'acteurs spécifiques dans les activités de création communicationnelles et symboliques (concepteur-rédacteur, créatifs d'agences de communication…). Les conditions de la créativité sont souvent reliées à des dispositions individuelles. En psychosociologie, on parle des « marginaux séquents », c'est-à-dire des personnes qui font partie d'un sous-système social dont ils maîtrisent les codes, mais suffisamment déviantes par rapport aux règles et aux normes pour pouvoir aborder sous un angle différent les objets, les organisations, c'est-à-dire innover.Création et créativité s'apparentent ainsi à des passages de « frontières ». Mais s'il faut pouvoir être crédible pour être entendu par des pairs, cette nécessité est soumise aux conditions par lesquelles la médiation peut faire partager des innovations scientifiques et/ou technologiques. C'est ce qu'illustre l'exemple archétypal, souvent évoqué, de Semmelweis qui, avant la découverte des microbes, affirmait sans succès que les médecins, en passant de l'examen des cadavres à l'auscultation des femmes enceintes sans se laver les mains, provoquaient une surmortalité au sein des populations défavorisées - les populations aisées choisissant d'accoucher à la maison pour des raisons de sécurité.Aujourd'hui, création et créativité sont souvent au cœur des discours et des stratégies portés par des organisations de toutes natures (milieux économiques, politiques, syndicaux, académiques, médiatiques…). Elles sont aux prises avec des difficultés où se mêlent des effets de résistance, les excès - sur fond de success stories - d'une croyance inconsidérée dans les vertus de la créativité, les travers et faces cachées du « management créatif »…Par exemple pour les Tice, d'un côté, l'État a porté des discours favorables aux innovations pédagogiques instrumentées, mais, de l'autre, l'État a toujours de grandes difficultés à reconnaître financièrement les investissements de certains acteurs sociaux précurseurs d'innovations pédagogiques dans le domaine des Tice. C'est la condition des soutiens matériels et financiers aux innovations qui est à questionner ainsi que la mesure de leurs effets chez les apprenants et les enseignants (Tice, éducation aux médias et à l'information…).Par ailleurs, nombre d'organisations privées et publiques se convertissent plus ou moins fortement au management de projet, cherchant justement à définir et prodiguer des règles, des normes, des dispositifs pour favoriser la création et la créativité par le développement de la communication dans les organisations. Faire communiquer des personnels de statuts, de niveaux hiérarchiques, de compétences diverses est censé permettre une plus grande faculté d'innovation par un enrichissement croisé des points de vue (intelligence collective). Une double promesse est ainsi escomptée : celle d'une organisation plus fructueuse que les anciens systèmes de gestion pyramidaux et bureaucratiques (modèle taylorien), et celle d'une « agilité » accrue de ces organisations dans un contexte de concurrence exacerbée. Enfin, les Tic sont censées favoriser l'innovation par la réduction des coûts (disruption) dans la société capitaliste contemporaine en transformation.Comment susciter la création et la créativité ? Quels acteurs et quelles stratégies sont à l'œuvre ? Quels rôles pour l'information et la communication dans cette perspective ? Quels regards critiques peut-on porter sur les stratégies des acteurs qui mobilisent ces notions ? Telles sont les questions principales à aborder par les propositions dans l'axe 2. Axe III. Objets techniques, dispositifs et contenus Coordonné par Philippe BONFILS et Bruno CHAUDET (SFSIC),Dominique CARRÉ (LabSIC)[sommaire] Cet axe se propose de questionner la place des objets techniques, des dispositifs (en règle générale et au sens foucaldien en particulier) et des contenus dans les processus d'innovation, de création et de créativité. Machines de Turing, machines à communiquer, machines numériques, machines learning… Les objets techniques, plus particulièrement numériques mais pas uniquement, ont colonisé notre quotidien au point de nous accompagner, de nous prolonger ou encore de se substituer à nous dans un ensemble de tâches de plus en plus complexes. La reconnaissance des formes, par exemple, que nous pensions être une compétence strictement humaine est désormais assurée par l'intelligence artificielle qui équipe la Google Car. Qu'est-ce que la créativité et comment être créatif dans un univers machinique contraint par les mécanismes, les procédures, les rouages, les instructions, les modes d'emploi, les prescriptions d'usages ? Et est-ce que les machines dites organisantes et désirantes sont sources de création ? Quelles situations communicationnelles sont-elles alors installées ? Il s'agit donc d'observer si l'actualisation des couplages hommes/machines fait émerger de nouvelles formes organisationnelles, de nouvelles relations, de nouveaux usages ou encore de nouveaux contenus. Cet axe porte ainsi une double interrogation. Dans quelle mesure avons-nous recours ou intégrons-nous des dispositifs de création et de créativité dans la conception même des machines à communiquer (objets, applicatifs, algorithmes, usages) et, en retour, de quelle manière ces machines dans leur propre mode de fonctionnement favorisent-elles au quotidien la mise en œuvre de la création et la créativité ? Dit autrement, que font les machines à la créativité et en retour que font création et créativité aux machines ?Les propositions de communication dans l'axe 3 auront pour vocation à s'inscrire dans cette orientation en travaillant les objets médiateurs mais aussi les dispositifs dans lesquels ils s'insèrent et les contenus qu'ils portent.Les contributions pourront analyser la place du tournant que l'on désigne comme créatif dans le processus d'informatisation sociale en cours, la manière dont s'inscrit le numérique dans le tournant créatif, ou encore les dispositifs sociotechniques qui s'appuient notamment sur les réseaux socio-numériques, les plateformes, les algorithmes, et qui organisent la mise en relation, favorisent l'accès aux contenus tout en structurant peu à peu les pratiques relationnelles, expressives, communicationnelles, créatives. Il s'agit également d'analyser les pratiques créatives qui ont recourt à des agencements techniques supposés favoriser l'engagement, la mobilisation et les nouveaux modes de coopération et de valorisation des savoirs et de la connaissance. En somme, comment analyser les nouvelles médiations qui ont faitirruption pour modifier les échanges entre univers artistique et industriel ?Cet ensemble de contributions permettra d'interroger la manière dont la technè, c'est-à-dire la relation sujet-objet, en se transformant, favorise (ou non !), une interface renouvelée, plus créative et moins instrumentale dans les domaines les plus variés : organisationnel, culturel, ludique, artistique, scientifique, technologique ou industriel. À travers ces trois axes, le Congrès 2018 sollicite les chercheur-e-s afin de discuter les concepts, les stratégies, les méthodes ou les terrains permettant d'élucider les usages multiples de la création et de la créativité dans leurs relations aux médiations dans nos sociétés qui en font désormais un usage récurrent.Les propositions de communication peuvent relever aussi bien de l'information et de la documentation que de la communication et s'insérer dans des champs de recherche déjà identifiés ou émergents de recherche. Elles pourront être :- d'ordre épistémologique et porter sur une analyse théorique croisant d'autres disciplines, et, dans ce cas, les auteur-e-s devront dégager l'éventuelle spécificité des Sic ;- d'ordre empirique et porter sur des objets précis mais, dans ce cas, les auteur-e-s devront dégager, dans une dynamique inductive, ce qui vaut pour de plus vastes ensembles ;- d'ordre stratégique et porter sur des actions mobilisatrices de la création, de la créativité et de l'innovation mais, dans ce cas, les auteur-e-s devront en dégager les enjeux communicationnels tant sur le plan opérationnel que sur le plan de la démarche de recherche. ; International audience ; After studying about fifteen public support funds for creation, in various artistic fields (visual arts, music, digital creation, audiovisual, theater, heritage and historical monuments, reading), this communication identifies some common endogenous characteristics from the communication sciences point ov view. We consider the funds as socio-technical systems generating discourse and we propose some methodological milestones allowing to observe the social transformation of a double mediation: the recognition and the assessment of creativity. ; Après avoir étudié une quinzaine de fonds de soutien à la création, dans des domaines artistiques divers (arts plastiques, musique, création numérique, audiovisuel, théâtre, patrimoine et monuments historiques, lecture), cette communication en identifie quelques caractéristiques endogènes se prêtant à l'analyse info-communicationnelle. Nous envisageons les fonds de soutien, instruments de gouvernance publique, comme des dispositifs sociotechniques générateurs d'un discours d'escorte et proposons quelques jalons méthodologiques permettant d'observer la transformation sociale d'une double médiation : la reconnaissance et l'évaluation de la créativité.
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From the nostalgia of the Promised Land to the nostalgia of the exile land of the Moroccan Israelites ; De la nostalgie de la terre promise à la nostalgie de la terre d'exil chez les Israëlins originaires du Maroc
From the nostalgia of the Promised Land to the nostalgia of the exile land of the Moroccan Israelites The disappearance of the Jews in Morocco, noticed after the fact, gave rise to a great deal of questioning: were the motives behind this phenomenon mystical or Zionist in nature? Or were they the result of persecution? In the Morocco of the 1980's, the mellah showed the only remnants of the civilization, the testament of a bygone existence. Both recent and distant past in the memories of those living alongside the Jews. In pre-Protectorate Morocco, the Judeo-Arabic coexistence gave way to socio-economic organization that can ultimately be called interdependence. Economically speaking, the Jewish existence was seen as necessary for the Muslim society. It was the result of a coexistence, varying according to the era in question and the reigning symbiosis and hostility. Trades a Muslim could not or did not wish to take on were left to the Jews, from import-export trade to peddling. This division of work, perceived as both discrimination and allocation, is representative of the ambiguity of the Judeo-Arabic relation. This ambiguity disturbs the work of researchers in the field. If Jews were merely tolerated, subject to their discriminatory status, so be it, but their presence was still generally seen as necessary by the Muslim. By the same token, the Jews' political substatus in Muslim society represented a permanent strength against assimilation, and the preservation of an ancestral link with the homeland. The mellah, symbolizing exclusion, also allowed the Jewish community to be a homogenous social, political, economical and cultural group, a micro-society whose religious identity was constant and rigorous growth, through a series of rituals and practices. Tradition kept identity alive: the Jewish identity, alive in a single prayer to return to Holy Land. The fragile Judeo-Arabic equilibrium, little-known by those who dreamt of colonizing North Africa (beginning in the 19th century), was upset by the French Protectorate of Morocco (1912-1956). With its colonialist ideology, the latter imposes a policy that widened the gap between Jews and Muslims, exacerbating their religious differences and affecting their relations. The Protectorate Morocco had a rude awakening to a number of outside influences -the invasion of European capitalism, administrative reforms and modernism- causing rapid destruction of traditional values. The population grew poorer in their inability to maintain the furious pace of this revolution, while the Muslim intellectual youth, deprived of its traditional privileges, took up the struggle against the foreign stranglehold on its country. The spare of early nationalism driven by the Protectorate's so-called Berber politics, whose project was to distinguish between Berbers and Moroccans through possible conversion to Catholicism and the French language. The anticolonialist struggle found its way in a growing Islamic identity which attracted the masses and united Moroccan leaders behind the struggles of North Africa. In the Jewish community, the effect of the Protectorate is more significant. The westernization process attracts an elite aspiring to rise to the European level using the French language and culture, and wishing to legitimately free itself from the demeaning dhimma status. A long way from the parent population whose fate is the same as the Muslims, privileged individuals of the Jewish community distance themselves both from the religious tradition of the Jewish identity as well as the age-old Judeo-Arabic rituals. This distinction manifests itself in education and travel, or simply moving away. The new class of Europeanized Jews abandons the use of the vernacular for French and leaves the mellah to the poor, the uneducated, and the destitute. The tensions between Jews and Arabs in Palestine, intensified by the Balfour Declaration (1917), also feed the Muslim-Arabic identity whose followers include Muslim nationalists. This option distances the Jewish community from the political scene and thus future Moroccan perspectives. While the Muslim mass is won through this struggle, the Jewish mass continues, away from the political upheavals shaking the Arabic world, to dream of the Promised Land and nurture a sense of nostalgia. This nostalgia is fulfilled with the declaration of the State of Israel in 1948, thus launching the Moroccan 'aliya. Exile was the great memory, the mystical nostalgia, wandering and danger, uprooting and spiritual affirmation. Moroccan roots were merely of convenience despite lasting so many generations, though Moroccan Jews had buried there their forefathers, created shared ways and customs, tended to their cherished cemeteries, developed their languages. and nonetheless Morocco spiritually had only ever been a temporary home, a land of transition, a lesser evil in adversity? Once the wandering and danger over, what of this Promised Land? Did some nourishment, for the mind and body, heart and soul, rise from this new breeding ground where the long awaited and conflicted resettlement occurred? The components of the plural memory have come together in the great gathering: places, values and manners, feelings, social perceptions, exposing to all the divide, the diversity and marks of exile, showing the socio-theologico-political disparities. Disparities that Zionism, in its hope for Jewish unity, planned to standardize and smooth into unity. A project impossible without the cultural uprooting and the identity crisis of North Africans. Taken to Israel beginning in 1948, Moroccan Jews met with a Western model established by the pioneers of European socialism: the Ashkenazi. Very early, the Israeli population was divided into two groups; the Ashkenazi, founders of the country they lead, and their recently immigrated coreligionists: the North Africans, who, for the first twenty years of their lives in Israel, would be members of the proletariat. The messianic ideal motivating the Moroccan 'alya confronted the secular conception of the Israeli state. This conception involves the rejection of the Diaspora heritage and the Exile of the Jews in favour of a new "normal" nation in the image of developed Western societies. The secular State based on legitimate representation of the Jewish people, replaces religious identification with a state identification or nationalism, a status unknown to Moroccan immigrants barely removed from their secular status as traditional religious minority. To the Judaism by choice succeeds Judaism by nature and community organization becomes a complex state organization closed to new citizens. For new Moroccan immigrants, the Jewish identity should suffice for integration into the Promised Land, but once arrived, the reality of significant differences regarding religious practice, language, rituals, tradition, and economic differences caused disillusion of the sacred dream: "In Morocco, he was Jewish, Jewish through the heritage of Abraham, Isaac and Jacob, Jewish tangled in the holy and sacred Law of Moses. (.) In Israel, he became -what a turn of events!- Arabic." Out of this disillusion arose nostalgia, nostalgia for the first nostalgia, nostalgia for the exile that some authors (Ami Bouganim, Erez Bitton) would continue to sing: "She sings the exile, a nostalgic tone in the voice, the exile from Jerusalem, the exile from Spain, the exile from Morocco. (.) She sings a Spanish serenade then a French song, an Arabic threnody then a hymn in Hebrew. (.) Without end, Zohra's songs recreate the fabulous scenery of her past." Recreate the scenery of one's past to struggle against the oblivion of the deads and the depersonalization of the livings. Recalling an identity lost in a process of assimilation imposing the oblivion of the Jewish Diaspora and the rebirth of Modern Hebrew. Memory finds its place once again: recreating an identity and a culture parallel to the national Israeli identity and culture. And this reconstitution is first reactivated through maternal memory, a domestic memory constituting ancestral rituals, smell of cooking, laughters, household tasks, games, festive music, superstitions and rumours, jokes in local dialect. folkloric memories. Because the mother is the character who embodies tradition, who has been the least touched by the maelstrom of the 'alya. It is in the literary expression of Moroccan Israelites that we see this nostalgia, through characters who do not feel they are part of a coherent Israeli entity. The language, the culture and the mentality exacerbate these differences, and allow their particularism take its course. Even though it is an historical fact, the creation of the Israeli society underwent the rules of immigration. More than elsewhere, the Israeli terrain is best suited for a review of immigration issues: integration, acculturation, ethnic mix, as a hypothesis of the future of societies in the growing globalization of our world. ; De la nostalgie de la terre promise à la nostalgie de la terre d'exil chez les Israéliens originaires du Maroc La disparition, constatée après coup, des Juifs du Maroc suscita bien des interrogations : les motivations de cette envolée étaient-elles de nature mystique ou sioniste ? Ou la conséquence de persécution ? Dans le Maroc des années 80, le mellah seul en montrait les vestiges et témoignait d'une existence révolue. Un passé proche et lointain gisant dans les mémoires de ceux pour qui le Juif fut du voisinage. Dans le Maroc d'avant le Protectorat, la coexistence judéo-arabe donnait lieu à une organisation socio-économique que l'on peut, malgré tout, qualifier d'interdépendance. L'existence juive en société musulmane était reconnue nécessaire au plan économique. Il en découlait une coexistence dont la nature variait selon les périodes et les règnes entre symbiose et hostilité. Les corps de métiers qu'un musulman ne pouvait ou ne voulait faire étaient laissés aux Juifs depuis l'import-export jusqu'au commerce itinérant. Ce partage de fonction qui est perçu à la fois comme une discrimination et une répartition, comporte en soi l'ambiguïté du rapport juif-arabe. Cette ambiguïté embarrasse le travail du chercheur dans ce domaine. Que le Juif ne fut que toléré, soumis au statut discriminatoire, soit, il n'en demeure pas moins que sa présence était généralement reconnue nécessaire par le Musulman. Parallèlement, le sous-statut politique du Juif dans la société musulmane lui était une force permanente contre l'assimilation et pour le maintien d'un lien ancestral avec la terre antique. Le mellah qui symbolisait l'exclusion, permettait aussi à la communauté juive d'être un groupe social, politique, économique et culturel homogène, une micro-société dont l'identité religieuse se cultivait continuellement et rigoureusement en un ensemble de rites et de pratiques. La tradition véhiculait l'identité ; celle d'être juif, animée par une seule prière celle de retrouver la Terre Sainte. Le fragile équilibre judéo-arabe, méconnu par ceux qui rêvent de coloniser l'Afrique du Nord (à partir du 19ème siècle), se déstabilise avec le Protectorat français (1912-1956) au Maroc. Par son idéologie colonialiste, ce dernier avance une politique éloignant encore plus les Juifs des Musulmans en exacerbant leurs différences religieuses et en affectant leurs rapports. Le Maroc du Protectorat s'ouvre brutalement aux influences extérieures : invasion du capitalisme européen, réformes administratives et modernisme, causent une destruction accélérée des valeurs traditionnelles. La masse populaire s'appauvrit, faute de pouvoir suivre le rythme effréné de cette révolution, tandis que la jeunesse intellectuelle musulmane, privée de ses privilèges traditionnels, élabore des formes de lutte contre la mainmise étrangère sur son pays. La flamme naissante du nationalisme est attisée par la politique dite --berbère-- du Protectorat, dont le projet est de distinguer les berbères du peuple marocain par une possible conversion française et catholique. La lutte anti-coloniale trouve alors sa voie dans une identité islamique accrue qui attire les masses et rallie les leaders marocains aux luttes d'Orient. Dans la communauté juive, l'effet du Protectorat est plus conséquent. Le processus d'occidentalisation attire une élite qui aspire à s'élever au niveau des Européens par le moyen de la langue et de la culture française, et veut légitimement s'affranchir du statut réducteur de la dhimma. Loin de la population de base qui subit le même sort que les musulmans, les privilégiés de la communauté juive s'écartent à la fois de la tradition religieuse véhiculant l'identité juive et des coutumes judéo-arabes séculaires. Cette distinction se traduit par l'instruction et l'éloignement géographique. La nouvelle classe juive européanisée abandonne l'usage de la langue vernaculaire au profit du français et laisse le mellah aux pauvres, non instruits, démunis. Les tensions entre Juifs et Arabes en Palestine, affûtées par la Déclaration de Balfour (1917), alimentent, par effet sympathique, l'identité arabo-musulmane à laquelle s'identifient et adhèrent les nationalistes musulmans. Cette option éloigne la communauté juive de la scène politique et donc des perspectives marocaines d'avenir. Tandis que la masse musulmane est gagnée au combat, la masse juive continue, à l'écart des bouleversements politiques qui secouent le monde arabe, à rêver de la terre Promise et en cultiver la nostalgie. Nostalgie qui trouve son accomplissement à la déclaration de l'Etat d'Israël en 1948 et commence alors la 'aliya marocaine. L'exil c'était la grande mémoire, la nostalgie mystique, l'errance et la précarité, le déracinement et l'affirmation du spirituel. L'ancrage marocain ne fut que de circonstance quand bien même il perdura tant et tant de générations, quand bien même les Juifs du Maroc y ont enterré la cohorte de leurs aïeux, créé des us et coutumes partagés, entretenus leurs chers cimetières, forgé leurs langues.et néanmoins le Maroc ne fut, spirituellement, qu'une terre d'attente, un lieu transitoire, un moindre mal dans l'adversité ? Errance et précarité ne sont plus, mais qu'en-est-il de cette terre promise ? Une sève nourricière pour le corps et l'esprit, l'âme et le cœur, a-t-elle monté dans ce nouveau terreau où s'est accompli le réenracinement si longtemps différé ? Dans le grand rassemblement se sont affrontées les composantes de la mémoire plurielle : lieux, mœurs, sentiments, perceptions sociétales, dénonçant au grand jour les lignes de partage, les diversités et les empreintes d'exils, faisant apparaître les disparités socio-théologico-politiques. Disparité que le sionisme, dans son aspiration à l'unité du peuple juif, projetait d'uniformiser et de dissoudre dans l'unicité. Projet qui ne parvint pas sans éviter aux Orientaux le déracinement culturel et la crise d'identité. Envolés vers Israël à partir de 1948, les Juifs marocains rencontrent un modèle occidental établi par les pionniers issus du socialisme européen : les Ashkénazes. Très tôt, la population israélienne est divisée en deux classes ; les Ashkénazes, fondateurs du pays dont ils sont l'élite dirigeante, et leurs coreligionnaires récemment immigrés : les Orientaux, qui durant les vingt premières années de leurs vie israélienne en constitueront le prolétariat. L'idéal messianique qui motivait la 'alya marocaine se heurte à la conception laïque de l'état israélien. Conception qui implique le rejet de l'héritage diasporique et du Juif de l'exil pour une nouvelle nation "normale" à l'image des sociétés occidentales évoluées. L'état, laïque, basé sur une représentation légitime du peuple juif, remplace l'identification religieuse par une identification nationale, statut inconnu des immigrants marocains à peine coupés de leur statut séculaire de minorité religieuse traditionnelle. Au judaïsme de condition succède un judaïsme d'élection et à l'organisation communautaire une organisation étatique complexe et hermétique aux nouveaux citoyens. Aux yeux des immigrés marocains, l'identité juive devait suffire à les intégrer en terre promise, mais une fois là, la mise en présence de différences notables concernant la pratique religieuse, la langue, les coutumes, la tradition, les disparités économiques, produisirent la désillusion du rêve sacré confronté à la réalité concrète : "Au Maroc, il était juif, juif de par l'héritage d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, juif empêtré dans la sainte et sacré Loi de Moïse. (.) En Israël, il est devenu --ô farce du destin !- arabe". De cette désillusion naquit la nostalgie, nostalgie de la nostalgie première, nostalgie de l'exil que certains auteurs (Ami Bouganim, Erez Bitton) chanteront sans cesse : "Elle chante l'exil, un embrun nostalgique autour de la voix, l'exil de Jérusalem, l'exil d'Espagne, l'exil du Maroc. (.) Elle passe d'une sérénade en espagnole à une chanson en français, d'une mélopée en arabe à un cantique en hébreu. (.)Sans cesse, les chants de Zohra reconstituent les décors fabuleux de son passé." Reconstituer les décors du passé pour lutter contre l'oubli des morts et la dépersonnalisation des vivants. Retrouver une identité perdue au cours d'un processus d'assimilation qui imposait l'oubli du Juif de la diaspora et la renaissance de l'Hébreu moderne. Ainsi la mémoire retrouve son rôle ; celui de reconstituer une identité et une culture parallèle à l'identité et à la culture nationale israélienne. Et c'est par la mémoire maternelle d'abord que se réactive cette reconstitution, une mémoire domestique faite de coutumes ancestrales, d'odeur de cuisine, de rires, de petits devoirs, de jeu, de musique festives, de superstition et de rumeurs, de blagues en parler local.mémoire folklorique. Car la mère est le personnage de la tradition que le maelström de la 'alya a corrodé le moins. C'est dans l'expression littéraire d'Israéliens issus du Maroc que pointe cette nostalgie avec des personnages qui ne se sentent pas dans une entité israélienne cohérente. Le parler, la culture, la mentalité exacerbent leurs différences et laissent agir leur particularisme. Bien que ce soit une particularité historique, la formation de la société israélienne a subi les règles de l'immigration. Plus qu'ailleurs, le terrain israélien est celui qui, le mieux, se prête à l'examen des problèmes posés par l'immigration : intégration, acculturation, mélange ethnique, en tant qu'hypothèse du devenir des sociétés dans la mondialisation.
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