Comme toute communauté humaine, la société japonaise applique implicitement les notions de temps et d'espace définies par sa civilisation. Comme toute civilisation, celle des Japonais enseigne à chacun sa place dans l'espace et le temps en l'enfermant dans un réseau familier de symboles, de rites, de gestes grâce auxquels il recrée sans relâche ces coordonnées. Cette production continue de leur espace, les Japonais la poursuivent à travers des processus propres à notre espèce où l'analyse révèle, côte à côte, cinq modes opératoires distincts.
Né de l'effort pour présenter le bilan d'un ensemble de recherches sur le symbolisme dans une situation scolaire d'un type particulier, celle de la conférence dans une université étrangère (Chicago, avril 1973), ce texte ne doit pas être lu comme une histoire, même scolaire, des théories du symbolisme, ni surtout comme une sorte de reconstruction pseudo-hégélienne de la démarche qui aurait conduit, par dépassements successifs, vers la « théorie finale ».Si « l'immigration des idées », comme dit Marx, se fait rarement sans dommage, c'est qu'elle sépare les productions culturelles du système de repères théoriques par rapport auxquels elles se sont définies, consciemment ou inconsciemment, c'est-à-dire du champ de production balisé par des noms propres ou des concepts en -isme qu'elles contribuent toujours moins à définir qu'il ne les définit.
Il y a quatre ans, la recension des principales publications dans le domaine de l'histoire du livre attestait deux faits majeurs : d'une part, le poids dominant de 1' « école française », d'autre part, la fidélité aux orientations qui avaient été dessinées dans la décennie 1960 et qui privilégiaient la description sociale d'un milieu professionnel, la monographie citadine et le livre populaire — ou déclaré tel (cf. « Des livres par milliers », Annales 1977, pp. 532-543). Aujourd'hui, le tableau est fort différent. La production récente souligne, tout d'abord, la part prépondérante prise par les chercheurs anglais et surtout américains dans une discipline tard acclimatée de l'autre côté de l'Atlantique (du moins dans son acception socio-culturelle) mais qui maintenant y a ses praticiens, ses colloques, ses best-sellers.
Qui veut apprendre à connaître Arnaldo Momigliano doit s'engager dans le dédale délectable des Contributi alla storia degli studi classici, publiés depuis 1955, devenus depuis 1966 Contributi alla storia degli studi classici e del mondo antico, et dont le plus récent a paru en 1980 '. Momigliano y rassemble périodiquement un choix thématique d'articles, comptes rendus et préfaces déjà publiés ailleurs, avec parfois des textes demeurés inédits, sans se contraindre à suivre le fil chronologique de sa propre production. Chaque page se présente ainsi à la fois à sa date originale, et dans le contexte et le moment où il a décidé de la faire paraître à nouveau. Il est demeuré cependant fidèle, comme tout historien, à des interrogations initiales, et profondément personnelles : dans son cas, la situation de l'historien et celle du judaïsme dans le monde contemporain, vues d'abord l'une et l'autre de Turin au milieu de la période fasciste, et appréhendées avec la pierre de touche de l'Antiquité classique, référence millénaire de la tradition culturelle occidentale. Les réponses qu'il s'est faites ont en revanche évolué avec sa propre histoire et celle de son temps.
L'article examine le système de pensée que Marcuse appelle la « rationalité technologique ». Ce système assigne, comme fin à l'histoire, la domination de la nature par la maîtrise de ses forces, dans le monde extérieur comme dans la conscience humaine. D'après les tenants de ce système, les projets historiques alternatifs sont une perte de temps et d'efforts que les hommes rationnels doivent repousser.Marx n'a pas été un adepte de cette théorie, quoique certains éléments de sa pensée, adoptés par les Bolsheviks et Marcuse, y correspondent. Marx n'était pas d'accord avec l'idée défendue par Marcuse que le travail est le legs de la dépendance des hommes à l'endroit de la nature: d'après lui, le travail n'est pas seulement une conséquence fatale des exigences de la subsistance, mais aussi un besoin fondamental qui permet à l'homme de réaliser ses capacités par la production. Le « travail libre » n'y est donc pas une contradiction dans les termes comme chez Marcuse; c'est une possibilité dans la réalité et c'est une possibilité que la révolution socialiste pourrait réaliser.L'idée que le travail est mécanique et oppressif par nature a conduit Marcuse à reviser la théorie marxienne de façon substantielle. Il refuse l'interprétation matérialiste voulant que la modification des moyens et des rapports de production soient à la source des changements sociaux. Il ne croit pas que le contrôle du processus de la production par les travailleurs soient la base de leur émancipation: une production nécessaire est forcément répressive, non-libre, et la liberté n'est possible qu'au-delà de la contrainte production. Les changements techniques ne rendent pas le travail moins mécanique et la participation des travailleurs à la formation des politiques industrielles et aux moyens de les réaliser ne libèrent pas le travail. La liberté étant au-delà du processus de production, l'automation est la condition de la libération humaine. Cette automation sera réalisée le plus efficacement au moyen de la planification centrale et de l'orientation des forces productives existentes par une élite incontrôlée. Aussi une révolution dans la conscience des hommes, une révolution culturelle, est-elle nécessaire pour leur faire admettre le règne des technocrates « rationnels »?Marx n'était pas un adepte de la « rationalité technologique » parce que sa théorie tâchait d'abord de délimiter les conditions de la liberté et du développement de l'homme au sein du processus de la production, et non pas de le libérer de la servitude naturelle du travail. C'est dans l'adoption de la « rationalité technologique » qu'il faut voir, chez Marcuse, la source de son rejet du matérialisme marxien, sa justification de l'exploitation maximale des forces de l'homme et de la nature pour fins d'automation et ses tendances anti-démocratiques.
SUMMARY A study of Ghanaian entrepreneurs in 1968/69 reveals some of the factors which condition the chances of informal sector enterprisers expanding their business to formal sector dimensions. The difficulties they face in factor and product markets are partly the familiar ones of dependent economies, partly institutional and cultural in origin—e.g., workers' preference for 'being one's own boss'. But these latter characteristics, too, are not just traditional legacies; they are modified or reinforced by economic circumstances. Likewise the factors which explain who succeeds are partly structural, partly cultural in nature.RESUME Les Facteurs Culturels Influençant l'Initiative des Entrepreneurs et le Développement dans le Secteur Informel de l'Economie au GhanaCette étude sur les entrepreneurs du Ghana, menée en 1968‐69, révèle certains facteurs qui conditionnent l'expansion des affaires des entreprises du secteur informel aux dimensions du secteur officiel. Les difficultés qu'elles rencontrent dans les marchés de facteurs de production et de produits sont en partie celles ordinairement propres aux économies dépendantes et, en partie, des difficultés ayant des origines institutionnelles et culturelles—par exemple, la préférence des travailleurs d'être 'leur propre patron'. Mais encore une fois, ces dernières caractéristiques ne sont pas uniquement des héritages traditionnels; elles sont modifiées où renforcées par les circonstances économiques. De la même manière, les facteurs expliquant qui réussit sont partiellement structurels et partiellement culturels de nature.RESUMEN Factores Culturales que Afectan a la Empresa y al Desarrollo en la Economía Informal de GhanaUn estudio de los empresarios de Ghana en 1968/69 revela algunos de los factores que condicionan las oportunidades que los empresarios del sector informal tienen de expandir sus negocios a dimensiones del sector formal. Las dificultades que encuentran en mercados de productos y factores son, en parte, las bien conocidas de las economías dependientes, y en parte de origen institucional, es decir, la preferencia de los trabajadores por "ser cada uno su propio jefe". Pero incluso estas últimas características no son tampoco únicamente legados tradicionales; están modificadas o reforzadas por las circunstancias económicas. Igualmente los factores que explican quien alcanza éxito son, en su naturaleza, en parte estructurales y en parte culturales.