Les sites métallifères naturels représentent des cas d'étude uniques pour la recherche scientifique en géo-pédologie, en biologie et en éco-évolution des métallophytes. Le sud-est de la République Démocratique du Congo (R.D.C.) présente les gisements de cuivre et de cobalt parmi les plus importants au monde et considérés comme des ressources minières de hautes valeurs économiques. Les affleurements sont issus de successions géologiques durant des millions d'années. Ils forment aujourd'hui une centaine de collines isolées dans une région de 300 km de long et 50 km de large dominée par la forêt claire sèche et nommée l'Arc Cuprifère Katangais. Au sommet des collines, la proximité entre la surface du sol et l'affleurement entraine un excès de cuivre et cobalt dans la fraction biodiponible de la solution du sol qui est quasi inexistant en bas de pente. Ces teneurs dépassant les limites de tolérance pour la plupart des végétaux constituent un facteur de stress déterminant les communautés et la présence d'espèces endémiques. Plus de 550 taxa dont environ 10% identifiés comme endémiques sont répartis dans deux communautés végétales herbacées distinctes identifiées comme des savanes steppiques sur les sols peu minéralisés et des steppes sur les sols fortement minéralisés. L'impact des activités minières a aujourd'hui des conséquences majeures au niveau environnemental et sociétal menant à la disparition des sites métallifères naturels et à la pollution de sites naturels non-métallifères dont certains sont proches des habitations. Etant donné les menaces sur les espèces végétales endémiques de l'Arc Cuprifère Katangais, plusieurs stratégies de conservation in situ et ex situ ont été mises en place au cours de ces 10 dernières années en collaboration avec différentes institutions. En plus, les métallophytes constituent de véritables ressources pour la mise en place de biotechnologies telles que la phytoremédiation en raison de leur capacité de tolérance ou d'accumulation. Les sols métallifères anthropogéniques de la région pourraient donc constituer de nouveaux sites conciliant la conservation des métallophytes et la remédiation des sols pollués. Cet enjeu double exige de déterminer les relations entre les espèces et les facteurs environnementaux conditionnant leur distribution dans les sites naturels et leur performance dans les sites anthropogéniques. Cette thèse a pour but de caractériser la niche édaphique des métallophytes de l'Arc Cuprifère Katangais afin de proposer des actions associant leur conservation et la phytostabilisation des sols pollués de la région. Dans un premier axe, deux concepts fondamentaux en écologie ont été développés, la théorie des niches écologiques et le concept d'endémisme édaphique, afin de caractériser les relations entre les métallophytes et leur environnement édaphique à l'échelle des individus, des populations, des espèces et des communautés. Plusieurs espèces endémiques menacées ont été choisies comme modèles d'étude afin de déterminer l'origine de leur présence quasi-exclusive sur des sols métallifères. Un second axe a testé le succès d'introduction de ces espèces dans des stratégies de phytostabilisation en association avec une graminée pionnière Microchloa altera. Une évaluation des autres graminées de cette flore selon les critères de sélection exigés par cette stratégie a été effectuée afin de soumettre des propositions concrètes pour l'utilisation des métallophytes de l'Arc Cuprifère Katangais dans des stratégies de phytostabilisation des sols pollués. Cette thèse a mis en évidence l'existence d'une diversité de niches réalisées le long des gradients en cuivre et cobalt au sein des communautés avec une présence de taxa endémiques dans des concentrations en cuivre et cobalt généralement plus élevées que les autres sols de la région. La comparaison avec les niches fondamentales des espèces a montré que certains taxa endémiques seraient dépendants de la présence de cuivre dans le sol, qualifiés d'endémiques spécialistes tandis que d'autres seraient exclus de la végétation dominante, nommés endémiques refuges. Cette diversité d'espèces endémiques et non endémiques présentant des niches écologiques distinctes démontre que ces communautés herbacées recèlent un véritable potentiel pour les conserver dans des habitats pollués. Les essais en conditions contrôlées et en conditions réelles ont d'ailleurs démontré la possibilité d'associer ces espèces endémiques et non endémiques à des stratégies de phytostabilisation dans la région tout en pointant l'importance de leur sélection et des caractéristiques des sites à phytostabiliser. ; Natural metalliferous habitats represent unique study cases for scientific research as geopedology, biology and eco-evolution of metallophytes. Southeastern Democratic Republic of Congo hosts among the most important copper and cobalt deposits of the world, having a high economic value. Copper and cobalt outcroups have been formed during billion years by geological successions. More than one hundred hills are now scattered in an area of 300 km long and 50 km large in vegetation matrix consisting on an open forest called Miombo. This area is called Katangan Copperbelt. At the top of hills, the close proximity between the deposit and the soil surface lead to a high concentration of bioavailable copper and cobalt in soil solution exceeding the tolerance threshold of most of plants. More than 550 taxa including 10 % are identified as endemics and compose two distinct herbaceous plant formations: the steppic savanna is found on the lowest minralised soils and the steppe occurs in the highest mineralized soils at the top of hills. Mining activities have dramatic consequences on environement and public health, leading to the destruction of natural meatlliferous habitats and to the creation of anthropogenic polluted sites. Considering the threat on endemic plant species of the Katangan Copperbelt, several in situ and ex situ conservation strategies have been implemented for the last ten years in collaboration with several institutions. Furthermore, metallophytes constitute remarkable resources for the biotechnologies such as phytoremediation due to their metal tolerance or their accumulation ability. Anthropogenic metalliferous sites of the Katangan Copperbelt could be considered for the conservation of metallophyte with a perspective of remediation of polluted soils. Both challenges require the characterization of the environmental factors determining the distribution of plant species in natural sites and their performance in anthropogenic sites. This thesis aims at characterising the edaphic niche of metallophytes from the Katangan Copperbelt in order to propose actions combining the conservation of metallophyte and the phytostabilisation of polluted soils. The first axis focused on the study of two fundamental concepts in ecology, the theory of ecological niche and the concept of edaphic endemism, in order to understand the plant-soil relationships. Threatened endemic species were chosen as study case to determine the cause of the restricted distributions of metallophytes on metalliferous soils. The second axis tested the success of the establishment of endemic metallophytes in phytostabilisation strategies using the grass Microchloa altera. An assessment of the potential of other grasses was performed based on the specific criterions needed in phytostabilisation in order to identify candidate species for conservation–phystabilisation strategies.
Eastern Democratic Republic of the Congo, especially Kivu, is a large pastoral region but the cattle numbers of which considerably decreased following the conflicts that the country underwent over the past two decades, with important losses in breeding skills. Cattle breeding currently practiced in Kivu may be described as "great unknown". Data available in literature relate to old studies and focuse on peripheral areas from Kivu. This study aimed, at first, to establish a diagnosis on dairy cattle breeding inhabits in the east of the Democratic Republic of the Congo, especially in the provinces of North Kivu. This diagnosis based on the choices adopted by breeders according to animal genetic, constraints related to feeding, animal housing and the main reproductive characteristics of females. The other objective of the study was to test an improved farming method taking into account the perceived constraints highlighted with the diagnostic investigation. The proposal took into account the realities of the south, and thus was characterized by simplicity and speed of implementation, in the emergency context that the population lives daily in the region. 1. Breeding cattle and milk production in tropical environments: Case of eastern region of the Democratic Republic of the Congo. Inventory and perspectives. In East of Democratic Republic of the Congo, cattle breeding is based on exploitation of non-selected dairy cattle raised in extensive unimproved rearing system. Extensive breeding of traditional type is the bulk of the pastoral activities in the region and the country. The main factors limiting cattle breeding in this area of D.R. of the Congo, as in most tropical environments, consist in: (i) low genetic potential of African cattle with low level of production and (ii) poor farming conditions due to low feed quality and health coverage, precarious livestock housing, poor management of reproduction and animal genetic resources, and low breeders' technicity. These factors affect productive and reproductive performance of animals. Low milk production arising does not allow breeders to provide their needs and cover milk needs of the population, thus leading to importation of large amounts of milk and its derived products. 2. Extensive farming practices and cattle performances of the local breed and crossed with exotic dairy breeds in the Democratic Republic of the Congo The study was conducted in Beni, Democratic Republic of the Congo. It aimed to highlight the breeding cattle system and dairy production levels of both local cows and cows crossed with exotic dairy breeds raised in the environment, and reproductive parameters (age at first calving, interval calving and fertility) as well as mortality rate of animals. The data, obtained from 8464 animals, including 4805 cows (2309 local vs 2496 crossed with Sahiwal and exotic dairy breeds - Friesian, Brown Swiss and Jersey considered ameliorative) were analyzed by chi-square test for categorical data, by generalized linear model based on the genetic type, forage quality and type of supplementation for continuous data, and by Anova-One-way for to test the effect of the degree of specialization and professionalism of breeders. Non-parametric data were analyzed by Spearman correlation test. All factors studied had a significant influence on milk production (P 25% of Friesian blood level (5.3 ± 0.31 l/d to 6.6 ± 0.23 l/d, from 25 to 44%, P <0.001). Interactions between treatment (improved feed and housing) and Friesian blood level were also observed (P <0.001). The IG cows showed the highest milk production compared to the control group (milk productions of 5.8 ± 0.50; 7.0 ± 0.66 and 7.8 ± 0.70 l/d were obtained with 25, 38 and 44% of blood Friesian, respectively, in the treated group vs. 4.8 ± 0.23; 5.5 ± 0.23 and 5.4 ± 0.16 l/d in the control group, P <0.001). ; L'Est de la République Démocratique du Congo, en particulier le Kivu, est une vaste région à vocation pastorale mais dont les effectifs bovins se sont fortement réduits suite aux conflits dont le pays a été le théâtre ces deux dernières décennies, entraînant avec eux une importante perte du savoir-faire de la population en matière d'élevage. L'élevage bovin actuellement pratiqué au Kivu peut être qualifié de «grande inconnue». Les données disponibles de la littérature ne concernent que des études assez anciennes ou centrées sur des régions périphériques au Kivu. Cette étude a eu pour premier objectif d'établir un diagnostic des habitudes d'élevage bovin laitier à l'Est de la République Démocratique du Congo, en particulier en province du Nord-Kivu, diagnostic s'appuyant sur les choix adoptés par les éleveurs en matière de génétique animale, sur les contraintes liées à l'alimentation, sur les modes d'hébergement des animaux et sur les grandes caractéristiques de la vie reproductive des femelles. Ce diagnostic met en évidence des problématiques. L'autre objectif de l'étude était de proposer et expérimenter un mode d'élevage amélioré tenant compte des contraintes perçues lors de l'enquête diagnostique. Cette proposition d'amélioration devait tenir compte des réalités du sud, et donc être caractérisées par leur simplicité et leur rapidité de mise en œuvre, dans le contexte d'urgence que vit actuellement la population de la région. 1. Elevage et production laitière en milieu tropical: Cas de la région de l'Est de la République Démocratique du Congo. Etat des lieux et perspectives. A l'Est de la République Démocratique du Congo, l'élevage bovin est basé sur l'exploitation des bovins non sélectionnés à la production laitière et élevés selon un système extensif en conditions d'élevage non améliorées. L'élevage du type traditionnel constitue la grande part des activités pastorales dans le territoire et le pays. Les principaux facteurs limitants de l'élevage bovin dans ce milieu comme dans la plupart des milieux tropicaux, consistent en: (i) un faible potentiel génétique des bovins africains qui sont des animaux à faible niveau de production et (ii) des conditions d'élevage médiocres du fait de la mauvaise couverture alimentaire et sanitaire, des logements pour bétail quasi-inexistants, une mauvaise gestion de la reproduction et des ressources génétiques animales existant dans le milieu, un faible niveau de technicité des éleveurs en matière d'élevage. Ces facteurs se répercutent ainsi sur des performances productives et reproductives des animaux, caractérisées par de faibles productions laitières ne réalisant pas la couverture des besoins en lait de la population et conduisant ainsi à l'importation des quantités élevées de lait et des produits laitiers au sein du milieu. 2. Pratiques d'élevage extensif et performances des bovins de race locale et croisée avec des races laitières exotiques en République Démocratique du Congo. L'étude a été conduite en territoire de Beni, République Démocratique du Congo. Elle a eu pour objectif de mettre en évidence le système d'élevage bovin, le niveau de spécialisation et de professionnalisation des éleveurs et les niveaux de production laitière des vaches de race locale et croisée avec les races laitières exotiques élevées dans le milieu, ainsi que leurs paramètres de reproduction (âge au premier vêlage, intervalle entre vêlages et taux de fécondité) et le taux de mortalité des animaux. Les données provenues des 8464 animaux parmi lesquels 4805 vaches dont 2309 de race locale et 2496 croisées avec des races Sahiwal et exotiques laitières - Frisonne, Brune Suisse et Jersey, considérées amélioratrices ont été analysées par le test de chi-carré pour les données catégorisées; par le modèle généralisé linéaire en fonction du type génétique, de la qualité du fourrage et du type de supplément pour les données continues et par l'analyse de la variance à un facteur pour ces dernières données en vue d'étudier l'effet du degré de spécialisation et de professionnalisation des éleveurs sur les paramètres étudiés. Les données non-paramétriques ont été analysées par le test de corrélation de Spearman. Tous les facteurs étudiés ont eu une influence significative sur la production laitière (P <0,001); l'intervalle entre vêlages, quant à lui, a été significativement influencé par la race (P <0,002) et le type de supplément (P= 0,011), l'âge au premier vêlage a été très hautement influencé seulement par la race (P <0,001). La production laitière, l'âge au premier vêlage, l'intervalle entre vêlages, le taux de fécondité et le taux de mortalité des bovins de race locale ont été respectivement de 2,6 ± 0,17 l/j; 41,1 ± 1,02 mois; 22,6 ± 0,73 mois; 53,0% et 4,8% entre 0 et 1 an et 3,6% entre 1 et 2 ans vs 6,1 ± 0,21 l/j; 32,5 ± 1,21 mois; 19,1 ± 0,87 mois; 44,8%; 6,7% entre 0 et 1 an et 4,4% entre 1 et 2 ans dans le type croisé. La supplémentation sous forme des fourrages améliorés a eu un effet significatif sur la production laitière (1,6 l/j) par rapport à la situation avec le fourrage naturel (P <0,001); celle du type élaboré protéo-énergétique associée ou non au minéral, a permis une augmentation de la production laitière de 0,9 litre par rapport à la situation sans supplément (P= 0,041). La situation avec la supplémentation protéo-énergétique élaborée associée ou non au minéral a réduit l'intervalle entre vêlages de 3,6 mois par rapport à la situation sans supplément et de 2,5 mois par rapport à la supplémentation simple (P= 0,011). Le type de fourrage n'a eu aucun effet significatif sur l'intervalle entre vêlages. Une interaction significative entre le type génétique et le type de fourrage a été observée sur la production laitière (P <0,001). Enfin, le taux de mortalité a été significativement influencé par la race (P= 0,017). Certains paramètres étudiés ont également été influencés de manière significative (ou a tendu à l'être) par le degré de pénétration des vaches de type croisé dans l'exploitation (spécialisation) - intervalle entre vêlages dans tous les types (P= 0,04 dans le type croisé et P <0,001 dans la race locale) - âge au premier vêlage dans la race locale (P= 0,015); et par l'effectif des vaches dans l'exploitation (degré de professionnalisation) - âge au premier vêlage dans la race locale (P= 0,04) et intervalle entre vêlages (P= 0,08), et production laitière (P= 0,04), dans le type croisé. 3. Effet de l'alimentation améliorée et du logement, et du taux de sang Frison sur la production laitière des vaches croisées Ankole x Frisonne L'étude a été réalisée à l'extension de la ferme Vitolu/Misugho dans le territoire de Beni, République démocratique du Congo. L'objectif de cette étude était de quantifier les effets des conditions d'élevage (alimentation et logement dans l'étable) et du niveau de sang Frison sur la production laitière des vaches croisées Ankole x Frisonne. Les données sur la production laitière journalière en fonction de chaque facteur ont été obtenues à partir des 30 vaches. Les poids à la naissance des veaux ont été comparés entre les groupes à l'aide du test de Student. En utilisant le logiciel SAS (Statistical Analysis System, la version 9.1.3), les données de production laitière moyenne par jour ont été analysées en utilisant un modèle mixte (proc mixte), incluant les effets de groupe de traitement, le niveau de sang Frison, le jour de production, et les simples interactions entre ces effets. Le jour de production à l'intérieur de l'animal a été inclus en tant que mesures répétées, et une structure de covariance autorégressive de type 1 a été associée également. Les différences ont été jugées comme significatives au seuil de 5%. Les indicateurs de variation ont été exprimés en écart-type. L'unité expérimentale a été représentée par une vache. Tous les facteurs ont influencé de manière significative la production laitière journalière (P <0,001). Les résultats de ces analyses montrent que la production laitière journalière était plus élevée chez les vaches du lot soumis à l'alimentation améliorée et logé à l'étable (6,8 ± 0,31 l/j vs 5,2 ± 0,31 l/j chez les vaches du lot contrôle logé en kraal de nuit, P <0,001). Le pic de lactation a été observé au 79ème jour chez les vaches du lot amélioré vs 96ème jour chez celles du lot contrôle. La courbe de lactation a été fort dépendante du régime pluvieux et n'a pas suivi l'allure d'une courbe normale. Les meilleures productions laitières ont été observées chez les vaches croisées avec plus de 25% de sang Frison (5,3 ± 0, ± 0,31 l/j à 6,6 ± 0,23 l/j, de 25 à 44%, P <0,001). Des interactions entre traitement (alimentation améliorée et logement) et taux de sang Frison ont également été observées. Les vaches du lot traité ont présenté les meilleures productions laitières par rapport à celles du lot contrôle; les productions laitières de 5,8 ± 0,50 l/j; 7,0 ± 0,66 l/j et 7,8 ± 0,70 l/j ont été obtenues avec 25, 38 et 44% de sang Frison, respectivement dans le lot traité vs 4,8 ± 0,23 l/j, 5,5 ± 0,23 l/j et 5,4 ± 0,16 l/j dans le lot contrôle (P <0,001).
The concept of radicalization was embraced by the French public authorities in the mid-2010s through various action plans aiming at detecting potential or proven cases of radicalization before the commission of jihadist-inspired terrorist acts. This institutionalization of the fight against radicalization relied on the territorial outlets of the State and on existing public policies (national education, child welfare, etc.). This thesis primarily investigates specialized prevention organizations, a sector at the crossroads of social labour and child welfare, that were particularly called upon to detect so-called radicalized profiles, because of their presence in areas considered priorities by city policies.This work deals with the semantic-discursive characteristics of the lexeme radicalization in institutional and political speeches, as well as in social work speeches.The analysis uses two types of materials: 680 institutional speeches produced by the French government between 2013 and 2018 (containing the lemma radicalization), and ten semi-structured interviews conducted as part of an investigation of specialized prevention educators of the Occitanie Region. This freely accessible corpus constitutes an unprecedented resource for linguists, sociologists and political scientists, but also for students in social careers, as well as social workers wishing to analyse further the programmes of meaning and uses of the notion of radicalization.On the socio-discursive level, the contrastive study of these two corpora makes it possible to observe the production of a public policy and its reception within a sector that is directly concerned. From a linguistic point of view, it is a matter of developing and formalizing a process for analysing the notion of radicalization. The proposed model is based on an in-depth study of work in the sociology of social movements which aims to describe the mechanisms specific to radical trajectories, a synthesis of which is presented in the first part of the thesis. Three major observations emerge: (i) radicalization is a complex socio-political notion whose meaning escapes stabilization, (ii) radicalization is an intrinsically processual concept, (iii) radicalization is a multifactorial and multidimensional notion.Based on these findings, I designed an ad hoc linguistic analysis corpus that integrates three axes. On the first axis, I retrace the manifestations of the semantic and discursive instability of the notion of radicalization. I question, on the one hand, the meaning in language of the word radicalization, and, on the other hand, its discursive status of 'nomination'. For this purpose I probe into both referential and linguistic facets carried by the noun. The second axis questions the dynamics of the radicalization process and its representations in the two sources of discourse under study. The analysis emphasizes the different stages of the process, as well as the mechanisms of passage between these stages, modelled with a topologically inspired framework. The third axis focuses on the causal representations of radicalization. This representation sheds light on the causal factors that were judged decisive by institutional words and by social workers in order to explain the entering of individuals, their progression and their maintenance in radical engagement.More broadly, this work argues for a better knowledge of linguistic methods, insufficiently mobilized, and still too little known in other social sciences. It offers tools that shed light on the meaning and uses of complex and composite notions, notably through the contextualized study of their semantic profiles and the discursive processes that update them. This original interpretive path can be reproduced, in particular for disciplines whose object is to describe and model, from their discursive inscription, concepts related to socially sensitive themes. ; Le concept de radicalisation a été investi par les pouvoirs publics français au mitan des années 2010 à travers des plans d'action visant à détecter des cas potentiels ou avérés de radicalisation avant la commission d'actes terroristes d'inspiration djihadiste. Cette institutionnalisation de la lutte contre la radicalisation s'est appuyée sur les relais territoriaux de l'État et sur des politiques publiques existantes (Éducation Nationale, Aide sociale à l'enfance…). Dans ce travail je me suis intéressée aux associations de prévention spécialisée, un secteur au croisement du travail social et de l'Aide sociale à l'enfance, sollicité dans la détection de profils dits radicalisés en raison de sa présence sur des territoires classés prioritaires par les politiques de la ville.La thèse s'intéresse à la mise en discours du lexème radicalisation dans les discours institutionnels et politiques et dans les discours du travail social, selon une perspective sémantico-discursive.L'analyse utilise deux matériaux : 680 discours institutionnels produits par l'exécutif français entre 2013 et 2018 (contenant le lemme radicalisation), et dix entretiens semi-directifs menés dans le cadre d'une enquête auprès d'éducateurs de prévention spécialisée de la Région Occitanie. Ce corpus constitue une ressource inédite pour les linguistes, sociologues et politistes, mais aussi étudiants en carrières sociales et travailleurs sociaux désireux d'approfondir les programmes de sens et les usages de la notion de radicalisation.Sur le plan socio-discursif, l'étude contrastive de ces deux corpus permet d'observer la production d'une politique publique et sa réception au sein d'un secteur directement concerné. Sur le plan langagier, il s'agit d'élaborer et de formaliser une démarche d'analyse de la notion de radicalisation. La modélisation proposée repose sur l'étude approfondie des travaux en sociologie des mouvements sociaux qui cherchent à décrire les mécanismes propres aux trajectoires radicales. Trois grands constats émergent : (i) la radicalisation est une notion sociopolitique complexe dont le sens échappe à la stabilisation, (ii) la radicalisation est un concept intrinsèquement processuel, (iii) la radicalisation est une notion pluricausale et multidimensionnelle. Partant de ces constats, j'ai conçu un parcours d'analyse linguistique ad hoc qui intègre trois axes. Sur le premier axe, on retrace les manifestations de l'instabilité sémantique et discursive de la notion de radicalisation. Je m'interroge d'une part sur le sens en langue du mot radicalisation, et d'autre part à son statut discursif de nomination. De manière originale, on sonde à cet effet les facettes tant référentielles que langagières portées par la nomination. Le deuxième axe questionne les dynamiques du processus de radicalisation. L'analyse met l'accent sur les différentes étapes du processus, ainsi que sur les mécanismes de passage entre ces étapes, modélisés au moyen d'un schème d'inspiration topologique. Le troisième axe place la focale sur les représentations causales de la radicalisation. Je mets en lumière les facteurs causaux jugés déterminants par la parole institutionnelle et par les travailleurs sociaux pour expliquer l'entrée des individus, leur progression et leur maintien dans l'engagement radical. Plus largement, ce travail plaide pour une meilleure connaissance des méthodes linguistiques, insuffisamment mobilisées, et encore trop peu connues des autres sciences humaines et sociales. Il propose des outils qui permettent d'éclairer le sens et les usages des notions complexes et composites, grâce notamment à l'étude contextualisée de leurs profils sémantiques et des procédés discursifs qui les actualisent. Ce parcours interprétatif original peut être reproduit, en particulier pour les disciplines dont l'objet est de décrire et de modéliser, à partir de leur inscription discursive, des concepts liés à des sujets socialement sensibles.
Over the April-June 2008 period, prices of the commodities such as wheat, maize, rice and vegetable oils, reached impressive yet not exceptional peaks. By contrast, the populations of 48 countries were stricken by severe under nutrition. Most of them had already been weakened not only by conflicts, social disorders, dramatic and unusual climatic and natural disasters, but also by outbreaks, epizooties, and population displacements. In some cases, all these factors together played a significant role in the worsening situation. However, another important reason could be advanced to explain why the 2008 food crisis was an "extraordinary problem". This one is that "normal" scientific knowledge was defeated by the complexity of what it appears now as a food "poly-crises" (Morin, 2011). We answered by designing an epistemological, methodological, and technical knowledge base from two very different and alternative economics approaches of facing complexity. The first is the Hayekian approach (1899-1992), and the second, the Simonian approach (1916-2001). The research intends to fulfill cumulativity criteria, traditionally difficult to satisfy with the ones of complexity. From the following analysis we mostly learned two things. First, epistemological grounds of economics needed to be broken in complex environment(s): 1) from certainty/objectivity to uncertainty/subjectivity, 2) from accurate prediction to design, 3) from linear causality deemed inappropriate or, worse, threatening people freedoms, to complex causality. Second, in the adaptation process, the role of "tacit" knowledge production and sharing is central. For that reason, the core of economics problem is not allocation of resources anymore. Now, the main problem for humans whose cognitive capacity are "bounded" is to compute, to "socialize" (Nonaka et alii, 1994, 2001), available but dispersed information and knowledge and to converse them into heuristics or patterns allowing the adaptation to complex and uncertain environment(s). Two others auxiliary hypotheses –E. Ostrom (2011) will endorse them later- can be drawn from that preliminary work: 1) the dynamics of change rooted "in the thinking and in the creativity of people involved in complex situations and their capacity to restructure their own models for interactions", 2) reciprocal altruism (Simon, 1992, 1993) is a rational behavior which can be more effective in/for the social interactions in complex environment(s) than maximizing or selfish behavior. To present preliminary results in an effective way, we created a very simple interface scheme. It takes the form of a three-dimensional knowledge loop with two strands, "generic" and "tacit" knowledge connected between themselves to produce by recursion a meta-knowledge. We made the choice of the interface because it reflects with the most accuracy the position defended by Hayek and Simon which is that economics is a frontier science. Moreover, the interface has the advantage of being both open and closed. A part of the research is more specifically dedicated to design tools increasing the understanding of the "polyfood" crises. We elaborated a three-level indicator with: 1) perceptions of the contribution of each factor to the outbreak and the worsening of the situation; 2) contributions of actors to the explanation of the food crisis proposed in 2008. It was developed from: 1) a case study comparing and contrasting explanations proposed a) in their statements by 138 Heads of State and Government attended the High Level Conference on World Food Security (3-5 June 2008), b) in their analyses by economists, c) in their testimonies by people hit by under nutrition/rising food prices (database IRIN); 2) a new and more updated typology focused on the responses addressed by 18 countries split into 3 groups [.]. ; Entre avril et juin 2008, le prix des commodités (blé, maïs, riz) a atteint un niveau impressionnant, mais pas exceptionnel. Les populations de 48 pays ont été affectées par une sévère sous-alimentation. La plupart d'entre eux avait déjà été affaiblie par des conflits et des catastrophes naturelles inhabituelles et dramatiques. Ces facteurs ont souvent interagi pour aggraver la situation. Pourtant, si la crise de 2007-2008 a été un «problème extraordinaire», c'est aussi parce que la connaissance scientifique «normale» a échoué face à la complexité de la «poly-crises» alimentaire (Morin, 2011). En réponse, nous avons conçu un cadre épistémologique, méthodologique, et technique, à partir de deux approches face à la complexité, celles de Hayek (1899-1992) et de Simon (1916-2001), avec un objectif, satisfaire au critère de cumulativité, un reproche traditionnellement adressé à ce type d'approche. Ce travail a produit deux enseignements. Premièrement, les fondements épistémologiques de la production de la connaissance en économie doivent être révisés en environnement complexe et incertain: 1) du certain/de l'objectif vers l'incertain/le subjectif; 2) de la prédiction exacte vers la conception; 3) de la causalité linéaire inappropriée, ou pire, menaçant la liberté individuelle, vers une causalité complexe. Deuxièmement, dans le processus d'adaptation, le rôle de la production et du partage de la connaissance «tacite» est central. Pour cette raison, le problème économique n'est plus un problème d'allocation des ressources. Il est de savoir comment des êtres humains aux capacités cognitives «limitées» computent et socialisent (Nonaka et alii, 1994, 2001) la connaissance et l'information disponibles, mais dispersées, pour la convertir en heuristiques ou patterns favorisant l'adaptation. Deux autres hypothèses les renforcent : 1) les dynamiques du changement s'enracinent «dans la pensée et la créativité des gens impliqués dans des situations complexes et dans leur capacité à restructurer leurs propres modèles d'interactions», (Ostrom, 2011) ; 2) l'altruisme réciproque (Simon, 1992, 1993) est un comportement rationnel qui peut être plus efficient dans les interactions sociales en environnement complexe que le comportement maximisateur ou égoïste. Ces résultats ont été synthétisés dans une interface que nous avons créée et qui a pris la forme d'une boucle de la connaissance à deux allèles, une pour la connaissance générique, l'autre, pour la tacite, qui, par récursion, produisent une méta-connaissance. Cette interface est à la fois ouverte et fermée et reflète ainsi la position défendue par Hayek et Simon pour qui la science économique est une «science frontière». Une part de la recherche est consacrée à la création d'outils, par exemple à un indicateur de perception de la contribution des facteurs au déclenchement et/ou à l'aggravation de la crise, à partir : 1) des allocutions des 138 Chefs d'État et de Gouvernement présents à la Conférence de Haut Niveau sur la Sécurité alimentaire mondiale (3-5 juin 2008) ; 2) des analyses des économistes, 3) des témoignages des gens qui ont subi la sous-nutrition ou la hausse des prix des denrées alimentaires (database IRIN). Nous proposons également une typologie actualisée des policy-mix mis en œuvre par 18 pays divisés en 3 groupes : des pays en développement, pour la plupart importateurs nets, sévèrement touchés par la crise et qui ont connu des «émeutes de la faim» (Égypte, Tunisie, Cameroun, Côte d'Ivoire, Sénégal, Mauritanie, Haïti, Bangladesh) ; des pays Membres du groupe de Cairns ayant connu soit des «émeutes de la faim», soit des désordres sociaux (Indonésie, Philippines, Thaïlande, Afrique du Sud) ; enfin, des pays ayant adopté des restrictions et/ou prohibitions aux exportations (Chine, Inde, Indonésie, Égypte, Cambodge, Ukraine, Vietnam) [.].
Pour répondre à la demande des aliments aussi bien en quantité qu'en qualité de la population croissante en Afrique, il faudra appliquer les technologies agricoles appropriées aux sols fragiles de ce continent pour augmenter la productivité et aboutir à la sécurité alimentaire. Dans le contexte du Rwanda, l'usage des fertilisants et des pesticides relève une contestation entre le Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage et l'Office Rwandais chargé de la Protection de l'Environnement. Tandis que le premier prône l'utilisation intensive des fertilisants et pesticides, l'exploitation des marais pour accroître la production agricole, le second souligne que cela conduira à la pollution de l'environnement. Le gouvernement rwandais a adopté, depuis plus d'une décennie, une séquence de politiques et de stratégies visant le développement économique et l'amélioration du niveau de vie de sa population essentiellement agricole. Dans le secteur agricole, l'adoption de nouvelles technologiques et l'augmentation de la production se sont accompagnées de la mise en œuvre de ces stratégies. On remarque cependant que l'économie du pays reste dominée par l'agriculture de subsistance, avec un écart net entre la production potentielle et la production actuelle. Cette recherche s'efforce d'analyser le rôle des petites exploitations agricoles (1,0 ha au maximum) dans le développement agricole au Rwanda en considérant deux points d'importance stratégique, notamment la paysannerie et la production végétale (pomme de terre, maïs, haricot, blé, légumes), plus spécifiquement dans la région des sols de laves, dans les districts de Burera et Musanze de la Province du Nord, ainsi que Nyabihu et Rubavu de la Province de l'Ouest. Pour cette étude, les données collectées pour la saison 2019 B portaient sur différents points tels que les caractéristiques socioéconomiques des exploitants agricoles et de leurs ménages, les caractéristiques des exploitations (taille et culture), la perception des exploitants agricoles sur les utilités des techniques agricoles, les méthodes agricoles effectivement pratiquées par les exploitants, les informations en rapport avec la main-d'œuvre, les intrants, les pesticides, l'équipement et outillage agricole, la rente (ou coût d'accès à la terre), le coût de transport, la production et le prix de vente, ainsi que les conditions de vie (habitat, alimentation, accès à l'eau et énergie d'éclairage et de cuisine). Différentes méthodes, notamment celles d'analyse documentaire, d'enquête par questionnaire, d'observation directe et d'entretien ont été utilisées pour collecter les données quantitatives et qualitatives sur les 401 petits exploitants agricoles (dont 132 producteurs de pomme de terre, 39 producteurs de haricot, 24 producteurs de maïs, 14 producteurs de sorgho, 51 producteurs d'oignon rouge, 43 producteurs d'oignon blanc, 50 producteurs de choux, 46 de carottes, 1 pour le blé et 1 pour le pyrèthre) dans la région agricole des sols de laves au Rwanda. L'analyse des données a été faite à l'aide des méthodes statistique, économétrique et budgétaire. Les statistiques descriptives (fréquences, pourcentages, moyennes) ont été calculées et ont permis d'ordonner les perceptions des producteurs agricoles sur les techniques agricoles sélectionnées, ainsi que les techniques agricoles effectivement pratiquées sur les exploitations. Elles ont aussi été calculées pour, identifier les composantes des coûts de production, dévoiler l'importance des sources des produits alimentaires consommés dans les ménages des exploitants agricoles, et repérer la répartition des dépenses de consommation parmi les différents articles. L'analyse corrélationnelle et la courbe "lowess" nous ont permis d'identifier les déterminants du rendement agricole et ceux de la rentabilité des exploitations agricoles, alors que la méthode budgétaire et l'analyse coût-avantage ont facilité l'estimation de la rentabilité des exploitations agricoles. Le Test de Student a été utilisé pour situer la différence de la moyenne des terres exploitées, la moyenne des rendements, la moyenne des prix de vente et celle des revenus agricoles nets entre les petits producteurs d'oignon et les petits producteurs de pomme de terre. Après avoir formé des groupes hiérarchiques de petites exploitations agricoles, mutuellement exclusifs en termes de profitabilité, l'analyse de la variance a été aussi utilisée pour tester la variabilité des indicateurs de performance entre trois catégories de petits producteurs agricoles : les petits producteurs moins performants, les petits producteurs moyennement performants, et les petits producteurs plus performants. L'approche économétrique a été utilisée pour identifier les déterminants de l'efficacité économique, alors que l'approche CARI a été utilisée pour analyser la situation alimentaire des ménages des petits exploitants agricoles dans la région des sols de laves au Rwanda. Nous avons tout d'abord présenté les techniques agricoles effectivement pratiquées par les petits producteurs agricoles pour l'amélioration de la fertilité et de la productivité des sols. Nous avons utilisé l'échelle de Likert et, par ordre d'importance décroissante, les résultats montrent que les techniques les plus utilisées sont : le semis au moment opportun, l'usage approprié des engrais organiques, l'utilisation de semences sélectionnées, la récolte à la maturation, la combinaison de l'agriculture et de l'élevage, l'usage approprié des pesticides, la rotation des cultures, la combinaison raisonnée des engrais chimiques et organiques, et l'association des cultures. En procédant de la même façon, nous avons ensuite examiné les effets présupposés de certaines techniques sur lesquelles les petits producteurs agricoles se prononcent et à quel niveau ils perçoivent le rôle de ces techniques dans la fertilité et la productivité des sols. Les résultats montrent que les techniques perçues comme les plus susceptibles de promouvoir la fertilité et la productivité des sols sont, toujours par ordre d'importance décroissante : l'usage des engrais organiques, la protection des sols contre l'érosion, la combinaison de l'agriculture et de l'élevage, la rotation des cultures, la combinaison raisonnée des engrais chimiques et organiques, l'usage des engrais chimiques, l'agroforesterie, et l'association des cultures. En utilisant toujours les données de notre enquête pour la saison 2019 B, les résultats de l'analyse comparative montrent qu'il n'y a pas de différence significative entre la taille des terres exploitées pour la production de pomme de terre et celle exploitée pour l'oignon, que le prix de vente de l'oignon est significativement supérieur à celui de la pomme de terre, et que le revenu moyen d'un producteur d'oignon est significativement supérieur au revenu moyen d'un producteur de pomme de terre dans la région des sols de laves au Rwanda. Quant à l'analyse de la rentabilité, les résultats indiquent que, pour toutes les cultures, le revenu net (RN) est supérieur à zéro et le ratio avantage-coût (RAC) est supérieur à 1. De plus, ces résultats montrent que l'oignon est plus rentable que la pomme de terre. En plus de cela, par rapport à l'année 2009, les résultats de notre étude montrent que les exploitations de la pomme de terre, du haricot, du maïs et du sorgho étaient toujours rentables en 2019, bien que, contrairement à ces trois dernières cultures, le rendement de la pomme de terre avait significativement diminué. L'analyse corrélationnelle et la courbe "lowess" montre que le rendement agricole est corrélé à la quantité des fertilisants (DAP, urée, fumier) et des pesticides utilisés, ainsi qu'à la surface des terres exploitées, mais que cette relation n'est pas toujours linéaire. Pour l'analyse économétrique, les résultats de la régression linéaire ont permis d'identifier le niveau de performance, l'adhésion à la coopérative, l'accès au crédit, l'accès au marché, l'accès aux services de vulgarisation, l'adoption des variétés à haut rendement, la rotation des cultures, la localisation de la ferme, et la culture choisie comme facteurs influençant significativement l'efficacité économique. Le niveau de l'efficience (PTF=3,48) montre que les petits exploitants agricoles sous-exploitent les ressources à leur disposition. De l'analyse de la variance, il ressort la variabilité très hautement significative du rendement, de l'efficacité économique, de l'efficience de l'allocation des ressources, du coût de production, et du revenu agricole net aussi bien entre les trois catégories des petits producteurs agricoles qu'entre les cultures. De plus, les résultats d'études assez récentes de l'analyse des coûts en ressources internes montrent que, sauf pour le maïs, le CRI de toutes les cultures est inférieur à 1, ce qui implique que les chaines de valeur de ces cultures sont viables (compétitives) dans l'économie mondiale, étant donné que ces produits agricoles ont un avantage comparatif dans le commerce international. Avec l'approche CARI, nous avons pu classifier les ménages des petits exploitants agricoles en situation alimentaire pauvre (3,5%), en situation alimentaire limitée (21,5%), et en situation alimentaire acceptable (75,1%). Sur base des résultats de cette recherche, il faudrait considérer le bon usage des intrants (NPK, urée, fumier, dithane), la taille des terres exploitées et le rôle de la vache dans l'exploitation agricole pour viser l'augmentation du rendement ; il faudrait considérer le fonctionnement des institutions (coopératives, crédit, vulgarisation, marché) ainsi que la bonne pratique des techniques agricoles (sélection des semences, usage des engrais, choix de la culture). Les estimations économétriques montrent que les producteurs de pomme de terre ont 3 fois plus de chance d'être en sécurité alimentaire que les non-producteurs de pomme de terre, et que la pomme de terre est plus importante pour la sécurité alimentaire chez les producteurs agricoles moins performants que chez les deux autres catégories de producteurs. Tout en reconnaissant le rôle de la pomme de terre dans la sécurité alimentaire, les petits producteurs devraient alterner l'exploitation des différentes cultures afin de bénéficier les avantages de chacune d'elles dans l'augmentation et la stabilisation des revenus agricoles, ainsi que dans l'amélioration des conditions de vie. ; In intention to respond to the demand for food in both quantity and quality of the growing population in Africa, it will be necessary to apply appropriate agricultural technologies to the fragile soils of this continent to increase productivity and achieve food security. In the context of Rwanda, the use of fertilizers and pesticides raises a dispute between the Ministry of Agriculture and Livestock and the Rwandan Office responsible for the protection of the environment. While the former advocates the intensive use of fertilizers and pesticides, the exploitation of swamps to increase agricultural production, the latter stresses that this will lead to pollution of the environment. The Government of Rwanda has adopted, for more than a decade, a sequence of policies and strategies aiming at economic development and improving the living standards of its primarily agrarian population. In the agricultural sector, the adoption of technology packages and increased production has been accompanied by the implementation of these strategies. We should emphasize, however, that the country's economy is still dominated by subsistence agriculture, with a gap between potential and current production for the priority crops selected under the agricultural intensification and regional specialization program. This research endeavors to highlight the role of small farms (1.0 hectare at most) in agricultural development in Rwanda by considering two points of high sensitivity, in particular the peasantry and plant production (potato, corn, beans, wheat, vegetables), more specifically in the Volcanic Agro-ecological Zone, in the Burera and Musanze districts of the Northern Province, as well as Nyabihu and Rubavu in the Western Province. Data collected for this study focused on different points such as the socioeconomic characteristics of farmers and their households, characteristics of farms (size and crop), perception of farmers on the usefulness of agricultural techniques, the agricultural methods actually practiced by farmers, information related to labor, inputs, pesticides, agricultural equipment and tools, rent (or cost of access to land), transport cost, production and selling price, as well as living conditions (habitat, food, access to water as well as cooking and lighting energy). The different methods, namely those of documentary analysis, questionnaire survey, direct observation and interview were used to collect quantitative and qualitative data on the 401 small farmers (including 132 potato producers, 39 bean producers, 24 maize producers, 14 sorghum producers, 51 red onion producers, 43 white onion producers, 50 cabbage producers, 46 carrot producers, 1 producer for wheat and 1 for pyrethrum) in the Volcanic Highlands in Rwanda. Data analysis was done using statistical, econometric and budgetary methods. The descriptive statistics (frequencies, percentage, and means) were calculated and made it possible to order the perceptions of agricultural producers on the selected agricultural methods, as well as the agricultural techniques practiced on the holdings. They were also calculated to identify the components of production costs, reveal the importance of the sources of food products consumed in the households of farmers, and to identify the distribution of consumption expenditure among the various items. Correlational analysis and the "lowess" curve allowed us to identify the determinants of agricultural yield and those of farm profitability, while the budgetary method and cost-benefit analysis facilitated the estimation of the profitability of small-scale farms. The Student Test was used to locate the difference between the average cultivated land, the average yields, the average selling prices and the average net farm income between onion producers and potato producers. After forming hierarchical groups of mutually exclusive smallholder farms in terms of their profitability, the analysis of variance was used to test the variability of performance indicators among the three categories of smallholder farmers: lower-performing smallholders, medium-performing smallholders, and higher-performing smallholders. The econometric approach was used to identify the determinants of effectiveness, while the CARI approach was used to statute the food security status of the small-scale farmers in the study area. The results from the analysis using the Likert scale show that, in order of importance, the most commonly used farming techniques, the results show that, in order of importance, these are: timely sowing, appropriate use of organic fertilisers, use of high-yielding seeds, harvesting at the point of ripening, combination of crop and livestock farming, appropriate use of pesticides, crop rotation, reasoned combination of chemical and organic fertilisers, and crop combination. As for the examination of the presupposed effects of certain techniques on which small-scale farmers express their perceptions of their role, by importance, the techniques perceived as most likely to promote soil fertility and productivity are: use of organic fertilisers, soil protection against erosion, combination of crop and livestock farming, crop rotation, reasoned combination of chemical and organic fertilisers, use of chemical fertilisers, agroforestry, and crop combination. Making further use of our survey data for the 2019 B season, comparative analysis shows that there is no significant difference between the size of land used for potato production and that used for onion production, that onion yields are significantly higher than potato yields, that the selling price of onion is significantly higher than that of potato, and that the average income of an onion producer is significantly higher than the average income of a potato producer in the lava soil region of Rwanda. In terms of profitability analysis, the results indicate that for all crops, the net farm income (NFI) is greater than zero and the benefit-cost ratio (BCR) is greater than 1. Furthermore, these results show that onion is more profitable than potato. Compared to 2009, the results of our study show that the potato, bean, maize and sorghum farms were still profitable in 2019, although, unlike the 3 crops, the potato yield had significantly decreased. The correlational analysis and the "lowess" curve show that crop yield is correlated with the amount of fertilizers (DAP, urea, manure) and pesticides used, as well as the area of land farmed, even though this relationship is not always linear. For the econometric analysis, the results of the linear regression identified the level of performance, cooperative membership, access to credit, market access, access to extension services, adoption of high-yielding varieties, crop rotation, farm location, and the crop grown as factors significantly influencing small-scale farmers' effectiveness. The level of efficiency (TFP=3.48) shows that small-scale farmers underuse their resources. In addition, the analysis of variance shows the highly significant variability in yield, level of effectiveness, efficiency of resource allocation, cost of production, and net farm income both between the three categories of smallholder farmers as well as among crops. In addition, the results from most recent studies on the domestic resource cost show that, except for maize, the domestic resource cost (DRC) ratio of all crops is less than 1, which implies that the value chains of these crops are viable in the world economy, given that these agricultural products have a comparative advantage in international trade. With the CARI approach, we were able to classify smallholder farm households into poor food situations (3.5%), limited food situations (21.5%), and acceptable food situations (75.1%). On the basis of the results of this research, the proper use of inputs (NPK, urea, manure, dithane), the size of the land farmed and the role of the cow in the farm should be considered in order to increase the crop yield; the functioning of institutions (cooperatives, credit, extension, market) as well as the good practice of farming techniques (seed selection, use of fertilisers, choice of crop) should be considered. Econometric estimates show that potato producers are three times more likely to be food secure than non-potato producers, and that potato is more important for food security among lower-performing smallholders than among the other two categories of smallholders. While recognising the role of potatoes in food security, small-scale producers should alternate the production of different crops in order to benefit from the advantages of each crop in increasing and stabilising farm incomes as well as in improving living conditions.
Contexte. L'augmentation du nombre de personnes âgées inuit est un phénomène récent dans les communautés nordiques et crée de nouveaux défis socio sanitaires. Cependant, les connaissances sur les déterminants sociaux (DSS) du vieillissement en bonne santé des populations inuit sont limitées. La définition inuit de la santé est holistique et géographique : la santé est créée par les interactions entre les individus et leur environnement. Cette dimension géographique est centrale pour comprendre comment les DSS favorisent un vieillissement en bonne santé, mais est rarement incluse dans les modèles de DSS inuit. Ma thèse de doctorat a pour but de conceptualiser et d'opérationnaliser un modèle des déterminants sociogéographiques du vieillissement en bonne santé dans les communautés inuit. Trois objectifs de recherche sont poursuivis : 1) conceptualiser, opérationnaliser et valider le concept de santé pour les Inuit âgés de 50 et plus ; 2) identifier les DSS à l'échelle individuelle, du logement et de la communauté associés à un vieillissement en bonne santé ; et 3) explorer la dimension géographique dans les mécanismes connectant les DSS au vieillissement en bonne santé. Méthodes. Cette thèse a été réalisée avec une méthodologie mixte et un devis exploratoire et explicatif. Les données qualitatives utilisées pour conceptualiser la définition de la santé proviennent d'ateliers organisés dans deux communautés du Nunavik en 2016. Des analyses de classes latentes ont été réalisées avec les données de l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2006 (n = 850 Inuit ≥ 50 ans) pour opérationnaliser la définition de la santé en un indicateur holistique de santé. Les associations entre l'indicateur de santé holistique et les DSS mesurés aux échelles, individuelle, du logement et de la communauté ont été modélisées avec des régressions multinomiales. Une collecte de données a été réalisée à Baker Lake, Nunavut, à l'aide d'entretiens approfondis et d'un groupe de discussion auprès de 20 participants âgés de 50 à 86 ans pour explorer la dimension géographique des DSS et comprendre les mécanismes les connectant à la santé. Des analyses thématiques ont été réalisées sur ces données. Résultats. La santé était définie avec huit concepts : la santé générale, les limitations physiques, la santé mentale, la spiritualité, les comportements de santé, parler inuktitut, avoir des relations positives et de l'affection. Un indicateur de santé holistique à trois catégories a été créé avec les analyses de classes latentes : les participants en « bonne santé » pour tous les indicateurs, ceux ayant un profil de « santé intermédiaire » et les participants en « mauvaise santé » pour la plupart des indicateurs. Les associations entre l'indicateur de santé holistique et les DSS aux échelles individuelle, du logement et de la communauté étaient différentes pour les trois profils de santé. Par rapport à ceux ayant un profil de mauvaise santé, les personnes âgées inuit en bonne santé avaient plus de chance d'avoir de forts liens familiaux dans la communauté et de participer à des activités sociales. Celles ayant un profil de santé intermédiaire avaient plus de chances de vivre dans une communauté avec un statut socio-économique élevé et dans des logements en meilleures conditions. Les participants de ces deux profils étaient plus susceptibles que ceux en mauvaise santé d'avoir participé à des activités sur le territoire au cours de la dernière année. Les mécanismes géographiques liant les DSS au vieillissement en bonne santé ont été identifiés lors des entrevues et d'un groupe de discussion avec des aînés à Baker Lake. Des activités familiales et communautaires favorisaient les relations sociales positives et les connections symboliques au territoire, notamment le partage de nourriture traditionnelle. Des conditions de logement et des services communautaires adaptés à la santé des personnes âgées permettaient aux ainés de vieillir dans leur communauté. Des moyens de transports et d'informations adaptés étaient des facteurs facilitant l'accès aux ressources favorables à la santé entre les échelles du logement, de la communauté et du territoire. Conclusion. La dimension géographique des DSS conceptualisée dans cette thèse est centrale pour comprendre comment ces déterminants sociogéographiques influencent le vieillissement en bonne santé. Ces connaissances sont nécessaires pour guider l'élaboration et l'implémentation des politiques et des programmes sociaux et de santé adaptés au contexte de vieillissement en bonne santé dans les communautés inuit. ; Background: The aging of the Inuit population is a new phenomenon creating new and unique social and health challenges across the Arctic. There is relatively limited evidence about the health profile and the social determinants of health (SDH) for Inuit elders. The definition of Inuit health is holistic, and is anchored in a geographical dimension such that health is created through interactions between people and the land. This geographic dimension is central to understand the role of SDH in supporting healthy aging, yet are seldom included in Inuit SDH models. The overall aim of my doctoral thesis is to conceptualize and operationalize a model of the sociogeographic determinants supporting healthy aging in Inuit communities. This model is built in coherence with Inuit's definition of health which is The thesis follows three research objectives: 1) to conceptualize, operationalize and validate the concept of health for older Inuit aged 50 years and over; 2) to identify social determinants of health (SDH) at the individual, housing, and community levels associated with healthy aging; and 3) to explore the geographical dimension of the mechanisms connecting the social determinants to healthy aging. Methods: This thesis employs a mixed-methods exploratory and explanatory research design. Qualitative data used to conceptualize the definition of health for Inuit elders were retrieved from workshops conducted in two Nunavik communities in 2016. Using quantitative data from the 2006 Aboriginal Peoples Survey (APS) (n = 850 Inuit ≥ 50 years), latent class analyses was then used to operationalize the definition of health into a holistic indicator health. Associations between this indicator and selected SDH at the individual, housing and community scales were modelled using multinomial regressions. To further explore the geographical dimension of the SDH, and to understand the mechanisms linking the SDH to health, in-depth interviews and one focus groups with 20 participants aged 50 to 86 were conducted in Baker Lake, Nunavut. Thematic analyses were conducted on the data. Results: Health was defined along eight concepts: overall health, physical limitations, mental health, spirituality, health behaviours, speaking Inuktitut, having positive relationships, and affection. A three-category holistic health indicator was created from the latent class analysis: participants in "good health" for all indicators, those with an "intermediate health" profile, and participants in "poor health" for most indicators. Associations between the holistic health indicator and SDH at individual, housing and community scales were different for the three health profiles. Compared to those with a poorer health profile, older adults with a good health profile were more likely to have strong family ties in the community and to participate in social activities. Older adults with an intermediate health profile were more likely to live in a community with a higher socio-economic status, to live in better housing conditions. In comparison to older adults with a poorer health profile, those with good or intermediate health profiles were more likely to have engaged in land-based activities in the past year. The geographic mechanisms linking the SDH to healthy aging emerged through interviews and focus group with elders in Baker Lake. Family and community activities promoted positive social relationships and symbolic connections to the land, including the sharing of traditional food. Housing conditions and community services adapted for elders' health offered the possibility to age in place, i.e., in one's home and community. Adapted transportation and information systems were identified as facilitating factors to access resources supportive for health at the residential, community and environmental levels. Conclusion. The geographic dimension of SDH conceptualized and operationalized in this thesis is important to understand how sociogeographic determinants influence the health of Inuit elders. This type of information is needed to guide the formulation and implementation of social and public health policies and programs to support healthy aging across Inuit communities
As the world is preparing to scale up its efforts to combat global climate change, groups are increasingly recognizing the vital role forests play in maintaining ecological, social, economic and cultural well-being. They are beginning to affirm more that forest tenure plays a fundamental role in determining the fate of the world's forests. In many countries, questions are raised on whether tropical forests should be publicly, commonly or privately owned. For many countries the forest management policies will likely involve a combination of: i) protected areas of sufficient size to provide habitat protection, and in a contiguous pattern; ii) forest concessions with enforceable performance-based management criteria; iii) community forests and community forest concessions managed by communities and indigenous groups. The challenge is to undertake the land use planning commitment and implementation to achieve this in the face of pressure from internal and external interests. Forest concessions of various types are the dominant form of forest tenure in almost all the forest countries of West and Central Africa. They are also the dominant types of forest tenure in Asia (Malaysia, Indonesia, Papua New Guinea, and Cambodia). In South America, Peru and Bolivia introduced forest concession as a possible tenure model in the early 90's with the strong support of international NGOs. In Brazil, after two failed attempts, the government has passed its new forest management law in 2006. Bolivia and Brazil have much in common regarding forest tenure conflicts and challenges to enforce new rules in the forestry sector. Forest concession implementation in these countries has generated many expectations and investments in law changes.This research work focuses on the main barriers faced by Bolivian and Brazilian forest authorities in implementing forest concession on the scale initially planned. The studies required a mapping of the property rights regimes over forest and forest resources as well as a theoretical approach of economic sociology. This approach, which provides elements to evaluate the process of social market construction, is dependent upon four essential factors: property rights, governance structures, rules of exchange and conceptions of control. The political-cultural approach emphasizes the historic perspective of the markets to understand the role of dominant groups and challengers in action arenas. It also considers the participation of social actors like governments, firms and consumers, among others, and their incentives for cooperative actions based on the cognitive ties that bind them. This empiric study focused on each country's geographically-delimited regions of Amazon: in the Bolivian lowlands region and in the Brazilian Cuiabá-Santarém Highway (namely BR-163). That's because they are the main targets for forest concession implementation. We show in this study that under a tenure uncertainty scenario, in which there are battles for territorial pieces and political alliances are forged that prefer other land use (and forests uses also) patterns the forest concessions implementation on a large scale will be jeopardized in these territories. ; Les forêts (tempérées et tropicales) couvrent près de quatre milliards d'hectares de la planète (FAO, 2005, 2009). On estime que la plupart de ces forêts (75%) sont dans le domaine publique et sont administrées par les gouvernements nationaux, locaux ou régionaux (RRI et OIBT, 2009). Dans plusieurs pays, développés et en voie de développement, la concession forestière est un moyen d'accorder et de règler les droits de propriété sur ces forêts publiques (Gray, 2000, 2002, White et Martin, 2002). La concession est un acte juridique pris par une autorité publique qui attribue à une personne privée, un droit d'utilisation ou un privilège (FAO, 1999, p.8). Dans la législation brésilienne, ainsi que dans le droit français, cette définition comprend également l'idée que l'acte de concession porte sur la délégation des droits et des devoirs du gouvernement à un agent privé. Cette relation est médiatisée par un contrat et implique la nécessité d'un paiement pour le concessionnaire (Karsenty, 2007, Brésil, 2006). Au niveau international, les plus anciennes expériences de concessions forestières sont dans les pays de l'Afrique (de l'ouest et centrale). Dans ces régions, les études montrent l'adoption du modèle depuis la fin du XIXe siècle (Coquery-Vidrovitch, 2001). On estime qu'il y a environ 55 millions d'hectares de forêts publiques affectés dans six pays de la région d'Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Congo, République Démocratique du Congo, la République Centrafricaine et Guinée Equatoriale) (Karsenty, 2007). En Asie, les concessions forestières couvrent 69 millions d'hectares. Sur ce total, 38 millions d'hectares sont situés en Indonésie (Gray, 2002, RRI, 2008, l'OIBT, 2005). Dans ce pays, les concessions sont devenues la principale méthode de répartition des droits sur les forêts pendant le régime de Suharto (Singer, 2009). Dans les forêts tropicales d'Amérique, les études rapportent l'existence de concessions sur une surface de 34 millions d'hectares de forêts (OIBT, 2005). Ces zones sont au Suriname, au Guyana, au Venezuela et au Guatemala (avec une prédominance des concessions aux communautés et seulement deux concessions industrielles), la Colombie, la Bolivie et le Pérou. Récemment, le Brésil, a adopté ce modèle pour gérer une partie de ses forêts publiques. L'évaluation globale de la mise en oeuvre du système est d'environ 158 millions d'hectares dans le cas des forêts tropicales. Par rapport aux forêts tempérées, les zones avec les plus grandes surfaces sur concession sont au Canada. Bien qu'étant l'un des principaux moyens d'attribuer les droits de propriété sur les forêts, un vif débat politique et académique persiste sur les avantages et les inconvénients de cette option (Hardner et Rice, 2000, Gray, 2002, Boscolo et Vincent, 2000, Karsenty et al., 2008). En dépit de l'investissement et de soutiens internes et externes, la Bolivie et le Brésil ont rencontré des difficultés à poursuivre la mise en oeuvre des concessions. La Bolivie a mené ses réformes juridiques et mis en oeuvre quelques concessions à la fin des années 90. Le Brésil, après deux tentatives avortées (dans les années 70 et au début de 2000) a reussi à faire des réformes et adopter une nouvelle loi sur la gestion forestière, y compris l'établissement de concessions, en 2006 (gouvernement de Luis Inacio Lula da Silva). Le plan initial du gouvernement bolivien était d'en affecter 22 millions ha principalement pour la production de bois. Cependant, sur cette même zone, les peuples indigènes ont déjà revendiqué une surface d'environ 20 millions ha pour la démarcation de leurs Terres Communautaires D'Origine (TCO). Selon les données officielles, en 2007 les concessions forestières attribuées aux industries de la Bolivie totalisaient un peu plus de 5 millions ha (attribués en une seule fois, en 1997, sans appel d'offre concurrentiel). Les concessions communautaires totalisaient un peu plus de 600.000 ha. En outre, les permis de déboiser dans les forêts privées se sont accrus et la délimitation des Terres Communautaires D'Origine a progressé. Au Brésil, les objectifs initiaux de l'attribution des concessions étaient ambitieux. Depuis 2002, le Programme Forestier National (PNF) a voulu étendre la surface sur l'amenagement forestier en Amazonie brésilienne comme stratégie pour combattre l'accroissement du déboisement. Au début des années 2000, l'objectif était d'atteindre une superficie de 15 millions ha sous gestion durable des forêts en Amazonie jusqu'à 2010. Une partie de cette zone était située dans les forêts nationales déjà classées. D'autres parties étaient dans les terres publiques couvertes par des forêts, mais souvent déjà occupées (terras devolutas da União e dos Estados). À la fin de 2009, le total des concessions forestières au Brésil s'élève à 96.000 ha de forêt attribués à trois entreprises dans une Forêt Nationale dans l'Etat de Rondonia. Au début de 2010 un deuxième et un troisième appel d'offre ont été lancés. Ces appel d'offre comprenait une surface d'environ 480.000 ha dans deux Forêts Nationales dans l'État du Pará. Face à cette situation de difficile application de la politique de concessions forestières dans les deux pays, ce travail demande: pourquoi la politique de concessions forestières en Bolivie et au Brésil, malgré les attentes et des investissements significatifs, est-elle si peu avancée par rapport aux objectifs de la mise en oeuvre prévue dans les deux pays? Le travail a impliqué la mobilisation de deux approches théoriques et méthodologiques. La première d'entre elles était l'application de la matrice d'analyse des modes d'appropriation et gestion du foncier et des ressources forestières. Cet outil , résulte de la réunion de deux cadres analytiques principalement de la contribution de Schlager et Ostrom (1992), et du travail d'un anthropologue du droit, Etienne Le Roy (1996). L'utilisation de la matrice a permis de réaliser une cartographie des modes d'appropriation et de gestion des forêts et un aperçu de la gamme des acteurs qui possèdent ou revendiquent des droits d'occupation et d'utilisation dans les deux études de cas. En complément, l'approche politique-culturelle, développée par le sociologue américain Neil Fligstein (1990, 1996, 2001) a fourni un cadre permettant de discerner l'organisation sociale de production de bois dans les deux cas étudiés et de trouver les acteurs et les dynamiques des groupes en compétition pour le territoire de l'Amazonie. Ce cadre théorique a permis également d'envisager comment ces acteurs mettent en forme les droits de propriété, les structures de gouvernance, les règles d'échange et les conceptions de contrôle qui régissent les relations sociales dans ces territoires. La conclusion principale de ce travail est que les gouvernements n'ont pas assez pris en compte la diversité des acteurs qui occupent, historiquement, le territoire forestier de la Bolivie et du Brésil. La modestie des réalisations en matière de développement des concessions est due aux meilleures compétences sociales et à la plus grande force politique des acteurs qui se positionnent contre le nouveau régime de concessions. Ainsi, ces acteurs cherchent à défendre leurs intérêts et à assurer leur position tandis que les acteurs favorables (les "challengers") ne sont pas assez fort politiquement pour changer le statu quo en ce qui concerne la manière d'occupation, d'utilisation et de gestion des terres forestières.
The dissertation focuses on multiple (or parallel) proceedings in private international litigation. In international civil disputes it is not unusual that jurisdiction for a particular dispute exists in several countries. In that case, each party may be tempted to start litigation in the forum most favorable to it, for example to take advantage of the forum's more generous recovery rules or the extended possibilities of discovery. Similarly, one party can also choose to initiate proceedings in different countries for the same dispute. The question arises how the legal systems involved will and should deal with such 'multi-fora' disputes. The first question addressed is whether and to what extent the international legal community should strive to prevent and/or eliminate such duplicate proceedings. It is undubitable that multiple proceedings could lead to undesirable consequences, such as conflicting judgments. Concurrent jurisdiction also brings about a waste of (scarce) judicial resources, and unnecessary expenses for the litigants. To prevent altogether parallel proceedings from happening however, seems at best utopic or even dangerous. Even if the international community were to achieve a global agreement on a comprehensive set of jurisdiction rules, one cannot imagine that there rules would designate one and only one court for each particular dispute. The desire to concentrate jurisdiction for all related disputes in the hands of one court is indeed but one of the numerous factors influencing the allocation of jurisdiction in international matters. The dissertation therefore undertakes to study the rules and instruments that can be used to resolve parallel litigation once multiple proceedings have been issued. The study learns that courts can adopt a variety of attitudes when faced with parallel litigation. A legal system can decide to ignore altogether the fact that a foreign court is seised of parallel proceedings, relying on the res judicata effect of the first decision to be rendered. It can also decide to abstain from taking up the case in deference to the foreign proceedings. Finally it can try to put an end to the parallel proceedings, by enjoining a party from further proceeding before the foreign court. After an in-depth analysis of these different policies and of the various rules and instruments in which they are embodied, my conclusion is that the preference should be given to mechanisms whereby one court voluntarily declines jurisdiction in favor of the other. The preference I express for a mechanism of 'international abstention' is however qualified. Whether or not a court declines jurisdiction in favor of a foreign court, will depend inter alia on the confidence it has that justice will be done in the foreign forum. Even with a minimum level of trust and confidence between jurisdictions, the abstention rule can follow different models, from the continental lis alibi pendens rule, which offers almost automatic priority to the court first seised, to the common law doctrine of 'forum non conveniens', where priority goes to the more appropriate forum. Between these two extremes lies a world of nuances. The dissertation therefore attempts to formulate an abstention rule which will reconcile these seemingly opposed visions and explain in which circumstances and under which conditions a court should or can decline jurisdiction in deference to litigation pending before a foreign court. ; Het onderzoek handelt over parallelle procedures in het internationaal rechtsverkeer. Met parallelle procedures - in de Engelse terminologie bekend als multi fora litigation - worden procedures bedoeld die éénzelfde geheel van feiten betreffen en tegelijkertijd - of opeenvolgend - voor twee (of uitzonderlijk meer dan twee) gerechtelijke instanties in verschillende landen gevoerd worden. Spaakgelopen huwelijken tussen echtgenoten van verschillende nationaliteiten vormen vaak de voedingsbodem voor het voeren van parallelle procedures : dikwijls zal een echtgenoot de echtscheiding voor de rechter van de echtelijke verblijfplaats vorderen, terwijl de andere, die naar zijn/haar thuisland teruggekeerd is, daar eveneens gerechtelijke stappen zal ondernemen met het oog op de ontbinding van het huwelijk. Beide echtgenoten zullen vanzelfsprekend de fout in elkaars schoenen schuiven en de echtscheiding ten laste van de partner vorderen. Hierdoor worden twee gerechtelijke instanties gevraagd om zich parallel, en in concurrentie met elkaar, over hetzelfde geschil uit te spreken. Parallelle procedures komen ook in de internationale handel voor, bijv. wanneer een kooptransactie tussen ondernemingen gevestigd in verschillende landen fout loopt : indien de koper beweert dat de geleverde goederen gebrekkig zijn, heeft hij vaak de mogelijkheid om schadevergoeding te vorderen van de rechter van het land waar de levering plaatsvond, terwijl de verkoper anderzijds de rechter van zijn eigen land kan vragen te verklaren dat de goederen conform zijn of nog betaling van de koopprijs eisen. 2 Het is onmogelijk gebleken om precieze statistieke gegevens te vinden over parallelle procedures in het internationaal rechtsverkeer. Aldus kan niet met zekerheid worden gesteld dat dergelijke procedures meer en meer voorkomen – zoals nochtans vaak beweerd wordt. Wel kan worden vastgesteld dat concurrerende procedures géén recent fenomeen zijn. Reeds in 1895 heeft het Institut de Droit International zich over dit probleem gebogen. De eindresolutie van het Instituut bevatte een sterke aanbeveling naar de Staten toe om de exceptie van internationale aanhangigheid te aanvaarden. De belangstelling voor dit fenomeen is sedertdien niet verdwenen, getuige hiervan de keuze van de Internationale Academie voor Rechtsvergelijking om het onderwerp in 1994 te bestuderen. Ook in de schoot van de Haagse Conferentie voor het internationaal privaatrecht heeft het onderwerp de nodige aandacht gekregen, met name in het kader van de lopende onderhandelingen die tot een nieuw Haags Executieverdrag (zouden) moeten leiden. De litispendentieregel en de forum non conveniens-leer – twee instrumenten die een belangrijke rol in de oplossing van parallelle procedures spelen, waarover meer infra – werden tijdens deze onderhandelingen het voorwerp van lange besprekingen, die tot een bijzonder vruchtbaar compromis geleid hebben. 3 Binnen één rechtssysteem kan de pluraliteit van procedures op een vrij eenvoudige manier aangepakt worden. Het Belgisch recht voorziet bijv. in een (gesofistikeerde) litispendentieregeling, waardoor parallelle procedures voor één enkele rechtbank geconcentreerd (kunnen) worden (artt. 29 en 565 Ger.W.). Daarnaast belet de exceptie van gezag van gewijsde (artt. 23 t.e.m. 28 Ger.W.) dat een reeds beslecht geschil opnieuw aan de rechter voorgelegd wordt. Het Belgisch recht bevat tenslotte een opvangbepaling voor de uitzonderlijke hypothese waarin, ondanks de twee reeds aangehaalde rechtsfiguren, onverenigbare uitspraken het licht zouden zien (bijzonder rechtsmiddel van de herroeping van het gewijsde - art. 1133, 3° Ger.W.). Op internationaal vlak ontbreekt vooralsnog een sluitende regeling voor parallelle procedures. De meeste Staten beschikken wel over specifieke regels waarmee hun rechtbanken op conflicterende procedures kunnen reageren; tevens bestaan er op regionaal niveau, en in het bijzonder binnen de Europese Unie, afspraken over het lot van parallelle procedures. De coördinatie tussen deze verschillende regelingen is evenwel zoek. Het onderzoek had precies tot doel de bestaande regels kritisch door te lichten en voorstellen voor verbetering te formuleren. Daarbij werd vooral aandacht besteed aan de formulering van algemene beginselen, die niet louter tot één rechtsstelsel of juridische traditie beperkt zijn. It takes two to tango : conflicterende procedures zijn ex hypothesis niet tot één land beperkt. Bij het uitwerken van mogelijke oplossingen moest derhalve rekening worden gehouden met de bruikbaarheid en de aanvaardbaarheid ervan voor meerdere rechtssystemen. Het doel zelf van het onderzoek, beginselen formuleren die de overtuiging van een groot deel van de internationale gemeenschap kunnen wegdragen, heeft op een bijna natuurlijke manier geleid tot het bestuderen van meerdere rechtssystemen. Het internationaal privaatrecht, dat gericht is op de coördinatie van het door rechtsverscheidenheid geplaagde internationale rechtsverkeer, is trouwens op een natuurlijke wijze aangewezen op rechtsvergelijking als bron van internationale rechtsvorming. Bovendien ben ik snel tot de conclusie gekomen dat het rechtsdenken over internationale parallelle procedures, en in het algemeen over internationaal procesrechtelijke vragen, in België nog steeds te weinig ontwikkeld is.1 4 Uitgangspunt van het onderzoek was dat de pluraliteit van procedures in het internationaal rechtsverkeer niet wenselijk is. Parallelle procedures kunnen immers tot tegenstrijdige uitspraken leiden, bijv. omdat beide rechtbanken op basis van verschillende rechtsregels oordelen, of hetzelfde feitelijke begrip - het 'belang' van het kind - anders benaderen. Onverenigbare beslissingen zijn niet alleen schadelijk voor het ideaalbeeld van de rechtspraak; ze kunnen ook aanleiding geven tot netelige problemen bij de concrete uitvoering van de uitspraken. Parallelle procedures leiden weliswaar niet automatisch tot tegenstrijdige uitspraken, doch dit gevaar kan niet genegeerd worden. Bovendien brengt het voeren van parallelle procedures een niet te verwaarlozen verspilling van tijd en geld voor de procespartijen met zich mee, alsook voor de rechtbanken die ze hiervoor aanspreken – dit terwijl het gerechtelijk apparaat van de meeste landen reeds overbevraagd is en over onvoldoende middelen beschikt om aan de minimale vereisten van een snelle en efficiënte rechtsbehandeling te voldoen. Daarom werd het onderzoek opgevat met als doel een oplossingsmodel voor te stellen waarmee parallelle procedures tot een minimum beperkt kunnen worden. Hiervoor werden twee denksporen onderzocht. In eerste instantie werd de mogelijkheid onderzocht om het ontstaan van dergelijke procedures van meetaf aan te vermijden. Naast dit preventief luik werd ook gewerkt rond de mogelijkheid om een einde te maken aan reeds ontstane conflicterende procedures. 5 Parallelle procedures kunnen alleen verklaard worden doordat het forum voor de uitkomst van het geschil geen neutraal gegeven is. Ook m.b.t. de keuze van de rechter staan de belangen van de procespartijen immers tegenover elkaar.2 Het belang van het forum voor de uitkomst van het geschil is slechts de eerste oorzaak van conflicterende procedures. Parallelle procedures zijn verder slechts mogelijk omdat partijen voor een zelfde of aanverwante geschillen verschillende rechterlijke instanties kunnen aanspreken. Voor een groot aantal grensoverschrijdende geschillen zijn meerdere Staten immers vaak bereid de deuren van hun gerechten tegelijkertijd te openen. Hierbij moet niet alleen aan het eenzijdig karakter van de nationale bevoegdheidsregelingen gedacht worden – in beginsel bepaalt elke Staat eenzijdig onder welke omstandigheden zijn gerechten bevoegd zijn om van een internationaal geschil kennis te nemen, hetgeen betekent dat de hierdoor resulterende bevoegdheidsgronden niet noodzakelijk op elkaar afgestemd zijn. Zelfs wanneer de Staten d.m.v. verdragen over de internationale rechtsmachtsverdeling afspraken maken, verdwijnt de ruimte voor parallelle procedures niet automatisch – getuige hiervan het belangrijke contentieux binnen de Europese gerechtelijke ruimte over conflicterende procedures. Een verder bewijs is het feit dat deze verdragen vaak ook regels bevatten die specifiek toegespitst zijn op parallelle procedures, zoals bijv. een prioriteitsregel ten gunste van de als eerste gevatte rechter of bijzondere weigeringsgronden in geval van conflicterende beslissingen. In eerste instantie werd daarom de mogelijkheid onderzocht om de pluraliteit van bevoegdheidsgronden, die aan de grondslag van parallelle procedures ligt, in te dijken. Hiervoor werd een beroep gedaan op het internationaal recht en de rechten van de mens, en in het bijzonder op het recht op een eerlijk proces. De vraag luidde of deze normen concrete aanknopingspunten bieden waarmee een scheidingslijn getrokken kan worden tussen aanvaardbare en onaanvaardbare aanspraken op rechtsmacht door nationale Staten. Vastgesteld moest worden dat de grenzen van de vrijheid waarover Staten beschikken om hun internationale bevoegdheid af te bakenen, bijzonder vaag zijn en geen concrete houvast bieden – behalve dan om zeer algemene beginselen te distilleren. Daarna werd aandacht besteed aan de mogelijkheid om bevoegdheidsaanspraken te coördineren. Hierbij werd stilgestaan bij het forum connexitatis, als instrument bij uitstek om de verschillende facetten van een geschil voor één rechtbank te brengen. Vastgesteld moest evenwel worden dat deze 'catch all' bevoegdheidsregel noodzakelijkerwijze ook aan bijzondere grenzen onderworpen dient te worden, om het evenwicht tussen de overige bevoegdheidsregel niet te verstoren. Dit verklaart trouwens ook waarom deze techniek, hoewel voor de coördinatie van geschillen zeer bevorderlijk, rechtsvergelijkend geen succes is. Uiteindelijk kan de pluraliteit van fora waarschijnlijk worden verklaard door het feit dat bevoegdheidsregels aan verschillende, soms tegenstrijdige beleidsdoelstellingen dienen te beantwoorden, zoals de wens om enerzijds zwakke partijen te beschermen en anderzijds contractuele afspraken aan te moedigen. Hierdoor is het moeilijk of soms zelfs onmogelijk om op voorhand voor elk geschil slechts één enkele (zgn. natuurlijke) rechter aan te wijzen. Het besluit luidde aldus dat bevoegdheidsregels, hoe geperfectioneerd ook, waarschijnlijk steeds de mogelijkheid zullen bieden om voor een zelfde geschil verscheidene rechters aan te spreken. 6 Naast de theoretische onderbouwing van de internationale rechtsmachtsafbakening werd ook aandacht besteed aan de wilsautonomie van partijen als mogelijke remedie tegen het ontstaan van parallelle procedures. Voorafgaandelijke akkoorden over de bevoegdheid kunnen immers bijdragen tot een vermindering van het aantal gevallen van conflicterende procedures. Vastgesteld werd dat de preventieve werking van bevoegdheidsafspraken, hoewel groot, nooit sluitend is, gelet op de versplintering van de controle op dergelijke afspraken en het ontbreken van een algemeen aanvaard kader voor de wilsautonomie. Daarom werden een aantal denksporen aangereikt met als doel de werking van de wil der partijen te versterken. Belangrijk is het voorstel om de verhouding tussen gederogeerde en prorogeerde fora te herschikken, zodanig dat aan die laatste een (voorlopige of definitieve) monopolie zou worden toegekend om de geldigheid en de werking van het bevoegdheidsakkoord te toetsen. 7 Sluitende afspraken over de bevoegdheidsverdeling zullen het ontstaan van conflicterende procedures niet beletten. Daarom steunt het onderzoek ook in een belangrijke mate op een curatief oplossingsmodel. Hiervoor werd in twee fasen gewerkt. In een eerste fase werden twee technieken bestudeerd, waarvan gebleken is dat ze geen voldoening geven en aldus niet tot model-oplossingen uitgeroepen kunnen worden. Het gaat in de eerste plaats om de mogelijkheid voor een rechtbank om een partij, die een procedure voor een buitenlandse rechter instelt, een verbod op te leggen deze procedure verder te zetten. Met een dergelijk verbod – anti-suit injunction in de Engelse terminologie – kan een rechtbank rechtstreeks – of ten minste via de persoon van de verweerder, eiser voor de buitenlandse rechter - een einde aan de buitenlandse procedure maken. Het rechterlijk verbod is een bijzonder krachtig instrument, dat d.m.v. de contempt of court gesanctioneerd wordt. Het procedureverbod biedt het voordeel dat op de buitenlandse procedure zelf een (al dan niet) beslissend invloed uitgeoefend werd, zonder evenwel enige druk op de buitenlandse rechter rechtstreeks uit te oefenen. De sancties waarmee het overtreden van het verbod gepaard gaan, viseren immers slechts de persoon van de verweerder, eiser in het buitenland. Uit het onderzoek is echter gebleken dat de anti suit injunction bezwaarlijk een algemene oplossing voor conflicterende procedures kan bieden. Dit is in eerste instantie te wijten aan het feit dat de voorwaarden waaronder een dergelijke injunction toegekend wordt, bijzonder restrictief zijn. In wezen zal een Engelse of een Amerikaanse rechter slechts naar de injunction grijpen wanneer hij of zij overtuigd is dat de buitenlandse procedure een misbruik uitmaakt, bijv. doordat de eiser in het buitenland op de tegenpartij druk probeert uit te oefenen, of nog door het instellen van een procedure voor een buitenlandse rechter de erkenning resp. tenuitvoerlegging van de toekomstige Engelse beslissing tracht te dwarsbomen. Hierdoor ontsnapt een groot deel van de parallelle procedures aan deze sanctie. Daarnaast is ook gebleken dat anti suit injunctions vaak meer moeilijkheden creëren dan ze oplossingen bieden. Dit heeft te maken met het agressief karakter van het procedureverbod, dat de indruk kan wekken dat een rechter zich het recht toeëigent om te beslissen over het lot van een voor een buitenlandse rechter ingestelde procedure. Dit wordt de Engelse of Amerikaanse rechter niet in dank genomen. In de praktijk wordt op dergelijke procedureverboden soms hevig gereageerd, en wanneer de buitenlandse rechter zelf het instituut van de injunction kent, is een reactie 'in natura' niet uitgesloten (zgn. anti anti suit injunction), waardoor de kans op een ware juridische guerrilla ontstaat. Tenslotte moet vastgesteld worden dat het gebruik van anti suit injunctions fundamenteel onverzoenbaar is met het vertrouwensidee waarop internationale akkoorden tussen Staten gebaseerd zijn. Zijn de betrokken Staten gebonden door een verdrag, dat hun respectieve bevoegdheden nauwkeurig vastlegt en voor het vrij verkeer van hun beslissingen zorgt, dan kan niet aanvaard worden dat een bepaalde rechter 'politieman' speelt en eenzijdig beslist wanneer een andere zich niet aan de afspraken houdt. In dit verband moet vastgesteld worden dat afspraken tussen Staten hoe langer hoe gebruikelijker worden in het internationaal privaatrechtelijk contentieux - niet alleen binnen Europa, maar ook daarbuiten. Hierdoor verdwijnt elke ruimte voor eenzijdige initiatieven zoals de anti suit injunctions. 8 In plaats van zich (on)rechtstreeks in de buitenlandse procedure te mengen, kan een rechter ook beslissen om een afwachtende houding t.a.v. het conflict tussen procedures te nemen en de oplossing tot een later stadium uit te stellen. De gedachte is dan dat het conflict tussen twee procedures wel opgelost zal worden wanneer een van de twee rechtbanken zich uitspreekt, vermits zijn beslissing in de andere procedure ingeroepen kan worden, op grond van de exceptie van gezag van gewijsde of een equivalent hiervan. Deze methode kenmerkt een deel van de Amerikaanse rechtspraak. Onder invloed van interne precedenten hebben Amerikaanse rechtbanken immers als algemene regel geponeerd dat parallelle procedures getolereerd dienen te worden en slechts een einde zullen nemen wanneer de eerste beslissing in de andere procedure ter staving van een exceptie van gezag van gewijsde ingeroepen wordt. In andere landen wordt de exceptie van gezag van gewijsde eerder als een vervangende oplossing beschouwd, waarvan slechts toepassing gemaakt wordt wanneer andere technieken ontoereikend blijken. De exceptie van gezag van gewijsde biedt geen voldoening bij het oplossen van conflicterende procedures. Door de oplossing tot op het stadium van de erkenning uit te stellen, blijven de twee procedures parallel verlopen, hetgeen een onduldbare verspilling van gerechtelijke krachten en tijd met zich meebrengt. Het risico is ook groot dat beide partijen zullen trachten om 'hun' procedure zo snel mogelijk tot een einde te laten komen ('race to judgment'). Bovendien blijft het gevaar bestaan dat tegenstrijdige uitspraken het licht zien. De werking van de exceptie van gezag van gewijsde is immers aan talrijke voorwaarden onderworpen : naast de weigeringsgronden vormt het procedureel statuut van de exceptie ook een obstakel voor de beslechting van parallelle procedures. Het is aldus niet uitgesloten dat de eerste beslissing in het ander land geen uitwerking krijgt. Dit zal met name het geval zijn wanneer de procedure die tot de eerste beslissing geleid heeft, nà de concurrerende procedure ingeleid is geweest. In vele landen is de schending van de eerdere aanhangigheid van het forum immers een weigeringsgrond. 9 Het procedure-verbod en het gezag van het eerste rechterlijke gewijsde kunnen hoogstens als marginale oplossingen getolereerd worden. Voor de oplossing van procedureconflicten biedt de voorrangsregel meer voldoening. Hiermee wordt bedoeld dat een rechtbank die volgens zijn eigen regels bevoegd is, een geschil uit handen geeft t.v.v. een andere rechtbank zodat slechts één instantie zich over het geschil uitspreekt. Voorrang geven aan de concurrerende rechter is zeker geen evidentie, nu het betekent dat het geschil geheel volgens de buitenlandse normen – ten gronde doch ook voor de procedure - beslecht zal worden. Dit verklaart waarom de voorrangsmethode in de verschillende rechtsstelsels slechts zeer geleidelijk ingang gevonden heeft. Tegenwoordig is deze methode echter tot dé oplossing bij uitstek voor parallelle procedures uitgegroeid : zowel in nationale codificaties als in internationale verdragen wordt de 'hoffelijkheid' terecht als de oplossing voor procedureconflicten naar voren geschoven. Deze methode blijkt het best in staat om het uitgangspunt van de studie te helpen verwezenlijken, en wordt daarom geprivilegieerd. 10 Onthoudingsregels komen in verschillende vormen voor, gaande van een automatische litispendentieregel, gebaseerd op de strikte chronologie van de procedures, tot een zeer gesofistikeerde forum non conveniens-regel waarbij een afweging van zowel privé- als van publieke belangen gemaakt wordt. Bij de analyse werden drie verschillende vormen van de voorrangsregel onderscheiden, die aan talrijke modaliteiten onderworpen kunnen worden. De opdracht bestond er daarom in om een keuze te maken tussen de verschillende vormen. De hoffelijkheid kan in de eerste plaats aan het idee van misbruik van procedure onderworpen worden. In deze eerste, beperkte vorm is er slechts plaats voor onthouding door een rechtbank ten voordele van een buitenlandse procedure wanneer vastgesteld wordt dat het instellen van de forumprocedure een misbruik vormt. Deze beperkte opvatting van de onthouding heeft in de 19de eeuw lange tijd de bovenhand gehad. In Engeland stemt ze overeen met de eerste versie van wat later tot de forum non conveniens-theorie zou uitgroeien. De misbruiktheorie biedt geen voldoening om als grondslag voor de hoffelijkheid te fungeren. Door de onthouding tot die gevallen voor te behouden waar er van misbruik sprake is, blijft een groot deel van de parallelle procedures buiten schoot. In vele gevallen worden conflicterende procedures immers zonder (al te veel) bijbedoelingen ingesteld. Bovendien dwingt de misbruiktheorie de rechter tot een moeilijk onderzoek van de bedoelingen van procespartijen. De grens tussen 'gewone' forum shopping en misbruik kan moeilijk worden getrokken. Het recht van rechtsonderhorigen om toegang tot de rechter te krijgen moet centraal blijven en het misbruik mag slechts uitzonderlijk aanvaard worden. 11 De hoffelijkheid kan ook aan het idee worden aangeknoopt dat een bepaalde rechter beter geplaatst is dan een andere om het geschil te beslechten. Deze idee heeft in de common law landen ingang gevonden onder de vorm van de forum non conveniens leer : een Engelse rechter zal aan een buitenlandse rechter voorrang geven indien het oordeelt dat deze laatste, gelet op de bijzondere omstandigheden van het geval, beter in staat is om van het geschil kennis te nemen. De beslissing om zich te onthouden gebeurt in deze hypothese op basis van een erg ruim geformuleerde algemene regel, na een grondig onderzoek van de bijzondere omstandigheden van het geschil, met als doel na te gaan of het geschil tot de natuurlijke bevoegdheidsfeer van de Engelse rechter thuishoort. De leer van het forum non conveniens werd in Engeland en andere common law landen ook ten dienste gesteld van de beslechting van parallelle procedures. Deze bijzonder gesofistikeerde methode overtuigt echter niet als grondslag voor de hoffelijkheid. Het probleem met het forum non conveniens is dat het om een uitzonderingsclausule gaat : in wezen dient de doctrine om de ongewenste resultaten van ruim geformuleerde bevoegdheidsregels ongedaan te maken. Het forum non conveniens werkt aldus best wanneer er een sterk onevenwicht tussen de twee rechtbanken en hun aanspraken op bevoegdheid bestaat. Wanneer de twee rechtbanken integendeel redelijkerwijze op bevoegdheid aanspraak kunnen maken, is het forum non conveniens niet bij machte om de voorrangsvraag te beslechten. Het begrip van 'natural forum' waarop de doctrine gebaseerd is, kan derhalve niet als onderscheidingscriterium weerhouden worden. 12 Tenslotte werd een derde vorm van hoffelijkheid grondig bestudeerd : in deze vorm, geeft een rechtbank voorrang aan een andere omdat deze laatste als éérste geadieerd werd. Het tijdstip van aanhangigheid fungeert dan als onderscheidingscriterium tussen de twee procedures. Deze benadering van de hoffelijkheid kan in de continentaal-europese landen op een lange traditie steunen. Binnen de Europese gerechtelijke ruimte werd dit criterium zelfs tot de enige oplossing gepromoveerd voor procedureconflicten. De chronologische benadering contrasteert met het forum non conveniens door zijn eenvoud en zijn duidelijkheid. In de meeste gevallen zal zonder al te veel moeilijkheden kunnen worden vastgesteld welke rechter als eerste van het geschil gevat werd. Anderzijds kan het chronologisch criterium zich op het idee van proceseconomie beroepen : de eerste procedure krijgt voorrang, niet louter omwille van een arbitraire keuze, doch wel omdat partijen in de regel in de eerste procedure reeds bepaalde steppen zullen genomen hebben. Deze inspanningen zouden op de helling worden gezet indien aan de tweede procedure systematisch voorrang zou worden gegeven. De chronologische methode is echter niet zonder moeilijkheden. De bepaling van het tijdstip waarop een rechter van een geschil gevat wordt, kan bijzonder moeilijk uitvallen. Bovendien is het chronologische criterium waardeloos wanneer de twee procedures gelijktijdig ingeleid worden. In dit geval verliest het tijdscriterium bovendien een groot deel van zijn rechtvaardiging, nu beide procedures ongeveer even ver gevorderd zullen zijn. Tenslotte kan de chronologische benadering tot ongewenste resultaten leiden, in het bijzonder doordat procespartijen a.h.w. tot het instellen van een procedure aangemoedigd worden ('race to the court'). 13 Daarom wordt de voorkeur voor de chronologische benadering van de internationale hoffelijkheid in het laatste deel sterk genuanceerd. Nuances worden in twee richtingen gezocht. Ten eerste wordt aan de grondslag zelf van de hoffelijkheid gesleuteld. Voorgesteld wordt met name om de chronologische methode af te zwakken, door een uitzondering op de voorrang van de eerste rechter in te voeren. Deze uitzondering zou de eerste gevatte rechter de kans geven om de voorrang die hij geniet, te weigeren indien hij oordeelt dat het geschil manifest beter bij de andere rechter thuishoort. Daarnaast wordt ook aandacht besteed aan de randvoorwaarden van de chronologische regel. Daaronder vallen o.a. het bepalen van het tijdstip van de aanhangigheid en van de grenzen van de identiteit van de geschillen, de mogelijkheid om de chronologische voorrang aan een wederkerigheidsvoorwaarde te onderwerpen of aan een voorwaarde afgeleid uit de erkenning van de toekomstige beslissing. Tenslotte wordt ook onderzocht welke weerslag de exceptie van openbare orde op de internationale hoffelijkheid kan hebben. 14 Conclusie - De studie biedt een (hopelijk) objectieve weergave van de manier waarop een aantal landen parallelle procedures behandelen, en tracht opmerkelijke gelijkenissen en verschillen tussen deze behandelingen aan te tonen. Daarnaast, en niet in mindere mate, werd getracht om een verklarend kader te schetsen, dat kan bijdragen tot een beter begrip voor de verschillende wijzen waarop de betrokken rechtssystemen parallelle procedures behandelen. Tegelijkertijd heeft dit kader de mogelijkheid geboden om de bestaande oplossingen te evalueren en te bekritiseren. De rode draad doorheen deze kritiek was de vaststelling dat de eenzijdigheid en de daarmee samenhangende soevereiniteitsgedachte in het internationaal procesrecht nog altijd de bovenhand hebben op het streven naar harmonieuse, door samenwerking gekenmerkte oplossingen. Het onderzoek naar conflicterende procedures is de aanleiding geweest om een doorsnede van het internationaal procesrecht te maken. Parallelle procedures, die slechts één van de talrijke problemen zijn waarmee het internationaal procesrecht geconfronteerd wordt, vormen een mooie illustratie van het onvoltooid karakter van deze rechtstak. Hoewel het onderzoek ook geleid heeft tot het formuleren van een paar punctuele voorstellen tot verbetering van de thans geldende of aangekondigde regels, ligt het belang ervan vooral in het aanreiken van een aantal bouwstenen waarop de evolutie van het internationaal procesrecht naar meer samenwerking en minder eenzijdigheid kan steunen.