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I. Volgyes, Les prisonniers de guerre hongrois en Russie, 1916-1919.
Pendant les quatre années de la Première Guerre Mondiale, plus de 600 000 Hongrois furent faits prisonniers en Russie. Près de 100 000 d'entre eux combattirent aux côtés des Bolcheviks et pour le maintien du pouvoir communiste. Ils contribuèrent au succès des Bolcheviks en aidant à réprimer l'insurrection des SR à Moscou, en renforçant les unités communistes à Jaroslavl' et en jouant le rôle de leaders dans les unités internationalistes de l'Armée rouge, pendant la guerre civile.
Plusieurs raisons significatives déterminèrent l'aide hongroise aux Bolcheviks : une discrimination de classe trop rigide introduite dans la vie des camps de prisonniers, aboutissant à une tension particulière entre officiers et soldats ; l'attrait exercé par les promesses communistes d'un monde nouveau, plus juste ; l'habileté des Bolcheviks à utiliser tour à tour propagande et pression. Toutefois, bien que près de 100 000 hommes aient été prêts à se battre pour les Bolcheviks russes, seule une quantité négligeable était acquise à l'idéologie communiste et très peu d'entre eux devinrent membres des divers partis communistes.

J. Kim Munholland, The French army and intervention in Southern Russia, 1918-1919.
At the end of World War I French troops landed in southern Russia to support anti-Bolshevik military and political movements in the Ukraine and the Crimea. The French military expedition failed to achieve its objective, however, due to local conditions that prevailed in the region. French military leaders quickly became disillusioned by internal quarrels within the anti-Bolshevik forces that prevented effective collaboration against Bolshevik pressures, and they particularly criticized the Volunteer army for its arrogance toward local population. Strong, anti-foreign feeling among the people of the Ukraine convinced French officers that intervention in a climate of hostility was doomed without massive support. When the French government failed to supply enough equipment and manpower for extensive military operations, the French army faced defeat at the hands of pro-Bolshevik forces and counselled withdrawal of the expedition from Odessa and the Crimea. Military considerations had a decisive influence upon the decision to terminate active intervention and to turn instead to a policy of quarantine toward the Bolshevik regime and indirect aid to the anti-Bolshevik opposition.

Nurit Schleifmann, The Internal Agency: linchpin of the political police in Russia.
The purpose of this article is to outline several of the characteristic features of police infiltration into the revolutionary movement by means of the secret agent. These features stem largely from the underlying conception of the Police Department which viewed its cardinal objective as "liquidation": the surveillance of revolutionary groups with the aim of eliminating them at an appropriate moment. Thus the Internal Agency - as the secret agents were collectively dubbed by the Police - had pride of place in the activity of each Okhrana section; the data gathered by the agents were given top priority in appraising the situation and since this information was tendentious, this led to incongruities between the revolutionary tide and the deployment of the police to combat it. Moreover, the underlying conception dictated police concentration on the individual revolutionary act and brought about the erroneous assumption that the larger the revolutionary organization, the greater its menace. Police comprehension of reality determined also their attitude towards the various components of the revolutionary camp. However, the scope of infiltration into a given movement was affected by a combination of three factors: the degree of interest evinced by the police in the movement's activity, the movement's size and the nature of its organization.

Catherine Salzman, Les coopératives de consommation en Russie, les objectifs contre les profits, 1900-1918.
Les objectifs du mouvement coopératif de consommation sont de trois ordres. D'abord, sur le plan économique, les coopératives tentaient d'aider leurs adhérents à économiser de l'argent. En deuxième lieu, pour favoriser le développement moral de leurs membres et éveiller, quand c'était possible, leur conscience politique, elles organisaient toute une gamme d'activités culturelles et éducatives. Enfin, les dirigeants du mouvement s'efforçaient d'utiliser les assemblées générales pour apprendre à ceux de leurs membres appartenant à la classe ouvrière à participer à la gestion des coopératives. Toutefois, le pli des habitudes et des traditions russes - notamment le recours au crédit, l'analphabétisme, le respect des autorités, l'alcoolisme -, ainsi que les répressions gouvernementales et le retard économique entravaient La réalisation de ces objectifs.

Les crises démographiques russes entre 1918 et 1922 furent peut-être les plus sérieuses subies récemment par une population civile. Bien connues des observateurs contemporains, elles ont été paradoxalement peu étudiées malgré une très grande abondance des sources. On en trouvera ici un exemple avec Saratov, qui était la plus grande ville de la région de la Volga et qui fut au centre de la famine de 1921-1922.
L'article étudie de près les sources puis procède à l'examen détaillé des crises démographiques. Il en résulte que la famine a entraîné un recul des naissances de 43 % et des pointes de mortalité supérieures à 100 %. l\ montre que la situation alimentaire s'est détériorée en 1920, est devenue extrêmement sérieuse en 1921 et très aiguë en 1922. Or, à cela s'ajoutèrent les ravages du choléra et du typhus, disséminés par les mouvements des réfugiés qui furent les plus touchés par les crises. Au demeurant, la famine eut un effet d'ensemble sur la mortalité dont toutes les formes s'accrurent ce qui eut finalement plus d'importance en termes démographiques que les effets épidémiologiques, pourtant plus spectaculaires.

W. Bruce Lincoln Reform and reaction in Russia: A . V. Golovnin's critique of the 1860's.
The first decade of Alexander II's reign brought many changes to Russia as the Imperial government made serious efforts to deal with problems of local government, serfdom, legal reform, and a host of other pressing issues. Yet, by the end of the decade, Russian domestic policy had taken a more conservative, even reactionary, turn. A. V. Golovnin, one of the reformers of the 1860's, a confidant of the Grand Duke Konstantin Nikolaevich, and Minister of Public Instruction from 1861-1866, sought to examine the reasons for this dramatic change in official attitudes and to determine where this new policy was leading. Most important, Golovnin urged the Emperor and his advisers to develop a clearly-defined state policy, to allow public opinion to have a voice in governmental decisions, and to permit broader participation of Russia's citizens in local government.

Th. Noonan, Quand et comment les dirhams sont-ils parvenus pour la première fois en Russie.
Cet article est le premier volet d'une étude plus vaste sur l'importance historique des milliers de pièces islamiques en argent ou dirhams trouvées au Moyen Age dans la Russie d'Europe et les régions avoisinantes. Dans le présent article, on soutient que l'arrivée des dirhams en Russie d'Europe a commencé vers 800 av. J.-C, ainsi qu'il a été établi par Richard Fasmer (Vasmer) dans les années 20 et 30 du XXe siècle. Cependant la majeure partie de l'article tente de prouver que les premiers dirhams à pénétrer en Russie provenaient du Proche-Orient et qu'ils avaient été véhiculés en Europe orientale par la route du Caucase et de la Caspienne. Il n'existe pas de preuve numismatique que les dirhams soient parvenus en Russie par l'Asie Centrale ou qu'ils en soient originaires, à l'époque en question.

John P. Le Donne, La réforme territoriale de l'Empire russe, 1775- 1796. I: La Russie centrale, 1775-1784.
Cet article retrace les changements introduits par les réformes des années 1780 dans la carte administrative de la Russie centrale. Les mesures, adoptées au tout début du règne de Catherine pour créer un système uniforme d'administration locale, firent ressortir combien dépassée était la division territoriale mise en place en 1727. Une grande partie du travail préparatoire avait été effectuée dans les années 1760 et la réforme commença peu après la première guerre contre la Turquie. Elle élimina la province en tant qu'échelon intermédiaire entre la gubernija et l'uezd, éleva la plupart des capitales de province au rang de capitales de gubernija et accrut considérablement le nombre d'uezdy. La réforme territoriale obéit à des considérations d'efficacité administrative, encouragées par le courant rationaliste dominant le monde intellectuel de ce règne ; elle poursuivit, en outre, des objectifs politiques qui se traduisirent par une nouvelle répartition des fonctions entre le gouvernement central et les provinces, et elle mit en place une solide infrastructure, placée sous la coupe des propriétaires terriens de province pour défendre les fondements de l'ordre social.

Hans Rogger, Le Gouvernement, les Juifs, les paysans et la terre dans la Russie d'après l'émancipation.
Dans le vaste ensemble de la législation qui fixait la manière d'agir de la Russie tsariste envers la population juive, rien n'était observé avec plus d'opiniâtreté ni de rigueur que les lois, règlements et ordonnances apportant des restrictions aux droits des Juifs de résider, de posséder ou d'affermer la terre dans les districts ruraux du pays. Même lorsque les bouleversements de la guerre contraignirent à abandonner la « zone d'établissement », cause première et symbole du statut inférieur des Juifs, la campagne resta fermée à ces derniers. Une politique discriminatoire qui était mise au point si nettement et conservée si longtemps devait être enracinée dans quelque chose de plus que des préjugés traditionnels, d'autant qu'elle entrait à l'occasion en conflit avec les intérêts fiscaux de l'État et encore plus souvent avec ceux de la noblesse terrienne. Nos recherches ont abouti à la conclusion que c'est dans la relation entre les Juifs et les questions agraires, c'est-à-dire dans la façon dont ces questions étaient perçues (et traitées) par les autorités russes, qu'il faut chercher pourquoi ces dernières s'obstinaient à refuser d'étendre les droits des Juifs à la campagne. Le parti pris antisémite s'alliait à une attitude craintive et paternaliste envers la paysannerie pour fixer des limites strictes à l'émancipation des Juifs et pour justifier le maintien de la discrimination légale.

Samuel С. Ramer, Democracy versus the rule of a civic elite: Aleksandr Ivanovič Novikov and the fate of self-government in Russia.
Aleksandr Ivanovič Novikov's Zapiski zemskogo načal'nika has long been a valuable guide for scholars interested in rural Russia at the turn of the century. Almost nothing has been written about Novikov himself, even though his career and political ideas shed light on a number of general problems in Russia's political history, and this article attempts to fill that gap. Novikov came from a prominent Slavophile family. His experience as a zemskij načal'nik transformed him from a paternalistic landlord into a prolific advocate of universal education and the rule of law. At the beginning of this century he identified himself more and more closely with the emerging liberal movement in Russia. As mayor of Baku from 1902 to 1904 he attempted to improve city administration by hiring members of the zemstvo's" third element" to staff city positions. He failed as a mayor because of his indifference to local customs and national sensitivities, his disdain for any politics based on interests rather than ideals, and his contempt for the Baku duma, whose members regarded patronage and business as legitimate parts of political life. This article examines his growing impatience with democracy as manifested in Russia's institutions of local self-government and his wish for rule by an enlightened civic elite such as the "third element."

Hans Rogger, Le Gouvernement, les Juifs, les paysans et la terre dans la Russie d'après l'émancipation.
Dans le vaste ensemble de la législation qui fixait la manière d'agir de la Russie tsariste envers la population juive, rien n'était observé avec plus d'opiniâtreté ni de rigueur que les lois, règlements et ordonnances apportant des restrictions aux droits des Juifs de résider, de posséder ou d'affermer la terre dans les districts ruraux du pays. Même lorsque les bouleversements de la guerre contraignirent à abandonner la « zone d'établissement », cause première et symbole du statut inférieur des Juifs, la campagne resta fermée à ces derniers. Une politique discriminatoire qui était mise au point si nettement et conservée si longtemps devait être enracinée dans quelque chose de plus que des préjugés traditionnels, d'autant qu'elle entrait à l'occasion en conflit avec les intérêts fiscaux de l'État et encore plus souvent avec ceux de la noblesse terrienne. Nos recherches ont abouti à la conclusion que c'est dans la relation entre les Juifs et les questions agraires, c'est-à-dire dans la façon dont ces questions étaient perçues (et traitées) par les autorités russes, qu'il faut chercher pourquoi ces dernières s'obstinaient à refuser d'étendre les droits des Juifs à la campagne. Le parti pris antisémite s'alliait à une attitude craintive et paternaliste envers la paysannerie pour fixer des limites strictes à l'émancipation des Juifs et pour justifier le maintien de la discrimination légale.