Dans ce texte de présentation, on s'interrogera sur la capacité de la sociologie de la littérature de saisir son objet, et sur cet objet même. Dans une mise en perspective des questions qu'aborde la sociologie de la littérature, on montrera en quoi ces recherches trouvent place dans le champ de la sociologie.
Cet article traite de l'apport de la géographie féministe à l'analyse des textes littéraires. La contribution de géographes féministes à une remise en question des bases masculinistes de la géographie traditionaliste y est discutée. Ensuite, ces aspects de la géographie féministe constituent le point de départ d'une analyse de la représentation de l'espace dans un certain nombre de textes littéraires d'auteures et d'auteurs québécois. Jusqu'à quel point les textes d'Hémon, de Roy et d'Hébert reproduisent-ils un discours masculiniste de l'espace, du territoire, de la cartographie? Peut-on parler de la percée d'un discours féministe de l'espace dans les textes de Théoret et de Robin des années 80 et 90, comparable à celle discernée chez les géographes féministes de l'époque?
La littérature médiévale en langue vulgaire est plus largement imprégnée d'éléments folkloriques que celle de n'importe quelle autre période. Les oeuvres savantes — écrits philosophiques, théologiques ou autres — étaient toujours en latin (les sermons, toutefois, étaient émaillés de proverbes, de récits facétieux ou de légendes populaires). Les récits en langue vulgaire, eux, ont souvent pour cadre le monde merveilleux du conte. Même les romans courtois, tels ceux de Chrétien de Troyes, ou les lais de Marie de France, lesNouvellesde Boccace et lesContes de Canterburyde Chaucer sont étonnamment proches des contes populaires dont ils dérivent ou qui, à l'inverse, en dérivent. Magie, croyances et savoir populaires sont partout. Théoriquement, donc, le médiéviste devrait connaître le folklore au moins aussi bien que le latin, mais, bien souvent, tel n'est pas le cas. Joseph Bédier tournait en dérision, à cause sans doute de leurs excès, ses collègues (les « folkloristes ») qui étudiaient les origines du conte populaire. Mais, ce faisant, il a retardé de plusieurs décennies le développement des études de folklore en France.
Le présent article trace d'abord un bref portrait de trois conceptions dominantes de l'identité sexuelle : le modèle patriarcal, le modèle féministe et le modèle postmoderne. Puis, après avoir présenté plus longuement le dernier, il analyse deux romans relayant cette conception postmoderne de l'identité de sexe/genre, l'un écrit par un homme (Self, de Yann Martel, paru en 1996), et l'autre par une femme (Ce qu'il en reste, de Julie Hivon, paru en 1999). Dans ces deux romans, qui revêtent de ce fait une importante dimension politique, les identités figées sont mises à mal tant discursivement que formellement – par la déconstruction des signes du passé et la mise en place de dispositifs énonciatifs confondant hommes et femmes, par exemple. Ils participent ainsi à une conception culturaliste de l'identité sexuelle, selon laquelle le genre est une performance.
Après avoir replacé brièvement le dialogue entre littérature et économie dans la filiation de différentes approches théoriques qui légitiment le fait de « penser ensemble » ces deux disciplines, cet article analyse trois postures d'auteurs : l'observation du monde économique (Jean-Charles Massera), l'appartenance à ce même monde (Thierry Beinstingel) et l'enquête qui y prend place (Eric Chauvier). On étudiera tout particulièrement le travail littéraire sur la langue économique, qui permet d'interroger le lien entre réel et fiction.
L'Ancien Régime en France a connu une séparation radicale des styles qui correspondait à la stratification de la société : Les bourgeois et les gens du peuple constituaient le personnel de la comédie et de la satire qui était l'objet du rire. Le tragique, en revanche, était réservé au personnel noble. La Révolution française abolit la structure hiérarchique de la société et Victor Hugo s'opposa dans sa suite au principe classique de la séparation des styles, en mélangeant les registres du sublime et du grotesque. Si Balzac entendait dresser une image sérieuse des bourgeois et des gens du peuple, livrés à la risée dans la littérature classique, il conçut en plus des contes drolatiques placés sous l'autorité de Rabelais. Si la génération romantique voit en Rabelais le champion du gai savoir, c'est parce que, du point de vue du rire, l'âge classique sert de repoussoir. Le rire correcteur de la comédie classique est également absent chez Flaubert. Face à la bêtise universelle et à l'absence de sens de l'histoire, il ne lui reste que le rire rabelaisien, un rire qui ironise de tout et sauve tout par la seule force du style.
Cet article dresse une analyse comparée des parcours de deux pionniers de la critique et de la traduction de la littérature russe au Brésil et en Argentine : Boris Schnaiderman (1917-2016) et Pavel Schostakovsky (1877-1962), émigrés en Amérique latine dans les années 1920. Leurs points de contact et de divergence permettent d'ouvrir le débat autour de la signification des deux identités : « émigrée » et « soviétique ».
National audience ; Les critiques parlent d'un « retour à l'éthique » dans la littérature britannique des années 1980 et 1990. Effectivement, un type de texte, qui a été appelé « métafiction historiographique » par la critique canadienne Linda Hutcheon ou « postmodernisme de résistance » par d'autres critiques, se distingue d'une littérature postmoderne « ludique » par une préoccupation « réaliste », par un engagement politique, par un désir de représenter et de commenter le monde à nouveau. Or, puisque le fondement même du réalisme a été remis en cause depuis le structuralisme des années 1960 et 1970, cette littérature doit trouver d'autres moyens de commenter le réel. La reprise systématique de textes antérieurs signalerait que cette littérature travaille sur le rapport imaginaire que nous avons à nos conditions réelles d'existence, sur les idéologies véhiculées par la littérature. La littérature comme réitération est à la fois répétition et rature. En décontextualisant puis en recontextualisant des textes du passé, elle fonctionne comme subversion orientée vers le renouvellement. Situés dans l'ébranlement actuel de la mimésis et du sujet, ces réécritures remettent en question une manière de penser binaire traditionnelle fondée sur la notion de signifié transcendantal.
National audience ; Les critiques parlent d'un « retour à l'éthique » dans la littérature britannique des années 1980 et 1990. Effectivement, un type de texte, qui a été appelé « métafiction historiographique » par la critique canadienne Linda Hutcheon ou « postmodernisme de résistance » par d'autres critiques, se distingue d'une littérature postmoderne « ludique » par une préoccupation « réaliste », par un engagement politique, par un désir de représenter et de commenter le monde à nouveau. Or, puisque le fondement même du réalisme a été remis en cause depuis le structuralisme des années 1960 et 1970, cette littérature doit trouver d'autres moyens de commenter le réel. La reprise systématique de textes antérieurs signalerait que cette littérature travaille sur le rapport imaginaire que nous avons à nos conditions réelles d'existence, sur les idéologies véhiculées par la littérature. La littérature comme réitération est à la fois répétition et rature. En décontextualisant puis en recontextualisant des textes du passé, elle fonctionne comme subversion orientée vers le renouvellement. Situés dans l'ébranlement actuel de la mimésis et du sujet, ces réécritures remettent en question une manière de penser binaire traditionnelle fondée sur la notion de signifié transcendantal.