Le mouvement démocrate-chrétien apparaît au Chili dans les années 1930. Dès le début, ses dirigeants s'inspirent de penseurs européens et s'intègrent dans les réseaux internationaux, structurant ainsi leur parti sur le plan idéologique et organisationnel. Des financements européens appuient le développement du Parti Démocrate-Chrétien, qui n'est pas une stricte copie des partis européens.
Quelle place faut-il accorder aux travailleurs immigrés au sein des mouvements ouvriers et syndicats ? Un épisode dans l'histoire de cette problématique est particulièrement riche d'enseignements, en raison tant de ses protagonistes que de ses enjeux conceptuels. Karl Marx, en sa qualité de secrétaire général de la Première Internationale, s'est intéressé au sort des travailleurs immigrés irlandais qui résidaient en Angleterre, en raison notamment de leur intense activisme politique. Au cours du débat sur l'indépendance irlandaise, l'Internationale a couru le risque d'une division interne de ses membres le long de lignes de fracture nationales. Cet article retrace l'évolution de la pensée de Marx sur le sujet. Il met en évidence, tout d'abord, le fait que Marx a opéré un net revirement théorique au sujet de la situation politico-économique de l'Irlande et de son importance stratégique dans la lutte internationale des classes après 1867. Il avance ensuite que cette révision s'explique par les démarches que Marx avait entreprises au sein de l'Internationale pour empêcher cette dernière de se déchirer sur le sujet. Dans un troisième temps, il souligne que l'analyse par Marx de la question irlandaise se préoccupe exclusivement de la dimension inter nationale des luttes de classe et qu'elle passe dès lors à côté de ses enjeux trans nationaux. Ce qui a pour conséquence de minimiser le rôle des travailleurs immigrés irlandais en Angleterre dans la lutte contre le développement de rapports d'oppression et d'exploitation sur la scène internationale.
Trois études de cas - réalisées sur des sites éthiopien, kurde et grec - mettent ici en lumière les effets de l'usage d'Internet sur les diasporas. Selon l'auteur, des possibilités de relations "plus démocratiques" émergeraient en leur sein, car des individus habituellement marginalisés osent s'exprimer sur les sites de leur communauté, et parce que l'outil incite les membres des diasporas à fonctionner de façon plus décentralisée et autonome.
Résumé Mon propos est ici d'expliquer que le féminisme transnational est devenu la principale caractéristique des mouvements féministes dans le monde depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing. Par transnationalisme, j'entends à la fois l'organisation du militantisme au-delà du cadre des frontières nationales et son expression aux niveaux local, national, régional et global dans des discours « transnationaux ». J'étudierai deux lieux d'implantation du féminisme transnational, à savoir les Nations unies et le Forum social mondial en marge duquel sont nés en particulier les Dialogues féministes. J'expliquerai que le nouveau contexte sociopolitique qui prévaut depuis Beijing – en particulier l'hégémonie persistante de l'agenda économique néolibéral, l'enracinement des fondamentalismes religieux, les guerres consécutives au 11 Septembre et la polarisation sur le terrorisme aux États-Unis et dans le monde – a mis en évidence les limites du militantisme transnational aussi bien pour la politique interne du mouvement que pour les transformations sociales. Le féminisme transnational a pour effet de fragmenter la politique du mouvement car des tensions apparaissent entre les organisations féministes qui peuvent effectivement franchir les frontières et celles qui ne le peuvent pas, reproduisant ainsi des inégalités entre les militants des pays du Nord et ceux du Sud, et à l'intérieur même des pays. Qui plus est, étant donné les espaces dans lesquels les mouvements féministes transnationaux opèrent et les modalités du militantisme transnational, l'orientation stratégique de ces mouvements privilégie désormais le processus au détriment des résultats et le changement dans l'action et le discours au détriment de la redistribution. En conséquence, les mouvements féministes se trouvent depuis Beijing dans une situation paradoxale, à savoir que (dans une certaine mesure) l'influence des femmes est partout visible même si (le plus souvent) leur vie continue de s'enliser dans des inégalités multiples. En cette période néolibérale, il faut une politique féministe néoradicale reposant sur une analyse intersectorielle et sur des pratiques démocratiques mais prévoyant des stratégies communes avec d'autres mouvements de masse qui puissent redistribuer les ressources et assurer l'émancipation des femmes.
This article highlights the issues & challenges facing the transnational liberal perspective in the context of the current struggle against international terrorism. The author explores three manifestations of the process of securitization in Canada: the rise in racial profiling practices, the troubling double standard of citizenship, & the increasing control & surveillance over transnational movements & crossings. He argues that the new parameters on which the issue of security is framed in Canada have concrete effects on citizen practices. They illustrate a current trend towards re-problematizing the relationships between security, liberty, & citizenship. The article shows that such rise in security concerns signals the end of the transnational climax & opens the door to new forms of exceptional practices that are symptomatic of the resurgence of a national security State. As a result, the security climate arising out of the fight against international terrorism invites to are-questioning of the core transnational liberal proposals in relation to, first, the power & influence of non-State actors in international politics &, second, the declining State power as a result of globalization. Adapted from the source document.
Cet article étudie les enjeux et les défis qui interpellent les propositions transnationales libérales dans le contexte actuel de la lutte contre le terrorisme international. L'auteur explore trois manifestations du processus de sécurisation au Canada, à savoir la montée du profilage racial, le double standard de la citoyenneté et la surveillance accrue des mouvements transnationaux, et soutient que les effets concrets des nouveaux paramètres de sécurité canadiens sur les pratiques citoyennes illustrent aujourd'hui la tendance vers une nouvelle problématisation des rapports entre sécurité, liberté et citoyenneté. L'article démontre que la montée des préoccupations en matière de sécurité signale la fin de l'ère de l'apothéose transnationale et ouvre la voie à de nouvelles formes d'exceptionnalisme qui sont symptomatiques de l'affirmation d'un État de sécurité nationale. En conséquence, le climat sécuritaire instauré dans le contexte de la lutte contre le terrorisme international invite à un « re-questionnement » des propositions libérales transnationales relatives au pouvoir et à l'influence des acteurs non étatiques dans la politique mondiale, d'une part, et à l'affaiblissement graduel du pouvoir étatique à la suite de la mondialisation, d'autre part.
D'abord caractérisée, au début du 20e siècle, par l'identification au village d'origine, l'identité des immigrants d'origine italienne s'est progressivement définie comme «italienne» par réaction à l'hostilité des groupes dominants aux Etats-Unis, à la stigmatisation et aux discriminations. Cette évolution doit beaucoup à l'action développée par des associations, par une presse en langue italienne, et de façon plus circonstancielle, par des mouvements de solidarité déclenchés au moment de catastrophes ayant frappé le pays d'origine. La référence à la «patrie» italienne n'étant pas contradictoire avec une intégration progressive dans la société nord-américaine, on assiste dans une dernière phase à la constitution d'une identité «italo-américaine». L'analyse proposée se fonde sur la référence à la littérature sur le «transnationalisme» et sur les enquêtes menées par l'auteure.
Les relations entre l'Afrique subsaharienne, singulièrement la zone sahélo-saharienne, et le « monde arabe » s'articulent autour de dynamiques de transnationalisme aussi complexes que protéiformes, de plus en plus marquées par la récurrence de la référence islamique. L'action des Etats et celle des réseaux de toutes natures, le commerce des biens de salut et la circulation des hommes et des services reconfigurent ainsi l'oumma comme communauté imaginée et dessinent une production islamique de la mondialisation.
La vallée du Sénégal a été le miroir brisé de deux illusions : le développement accompagné d'alphabétisation en langue maternelle aurait dû freiner la migration, puis, depuis 1990, l'argent des (ex-)migrants devait s'investir dans les périmètres irrigués. La première négligeait l'historicité des filières migratoires et des mouvements culturels que révéla une ethnographie multisite. La seconde faisait l'impasse sur l'économie morale très hiérarchique des villages et la diversité des cultures du courtage et de la médiation sous-jacente aux transferts d'argent.