Many books studying the sources of the law and many books studying the Internet law have already been published. This thesis differs from these books: it studies the original sources, not only the state law and the customs; and it is a scientific work and not a practical work. Observations of the Internet law can serve thoughts on the currents and futures continuities and changes of the sources of the law. Studying this young and special law is like studying an example of global law and postmodern law, revealing the specifics of the law of tomorrow, when the modern law centered on the state will be replaced by a different law, whose properties gather those of the Internet. Gradually, the conventional sources are substituted by new sources. This thesis wants to be a witness of these changes in the sources of the law.The Internet has changed time and space. It transformed the Earth, humanity, life and society. The law has probably changed too. In terms of positive law, the Internet law only shares some characteristics with the ordinary laws of the twentieth century. In terms of legal science and legal thought, lawyers should perhaps avoid analyzing the law of tomorrow with tools and lessons from yesterday. Studying the Internet law invites to build new tools and frameworks in order to describe and explain as accurately as possible the reality of the law. These problems led to the writing of this book. By focusing on specific legal objects that reflect the twenty-first century law, it wants to promote the understanding and the acceptance of changes in the law. Specifically, the objective is to contribute to the renovation of the sources of the law thought when the modern theory appears increasingly archaic because the number, the identity, the architecture and the balance of the sources is permanently evolving. Firstly, maybe it should now be considered that the distinction between public sources and private sources is the summa divisio of the sources of the law. ; Le renouvellement des sources du droit peut être étudié sous deux aspects : qualitatif et quantitatif. Il y a renouvellement des sources du droit d'un point de vue qualitatif lorsque des sources d'une nouvelle espèce, d'un nouveau genre ou même d'une nouvelle nature apparaissent. Il y a renouvellement des sources du droit d'un point de vue quantitatif lorsque des sources préexistantes mais desquelles jaillissait peu de droit deviennent des fleuves de normes, au point de concurrencer les sources ordinaires de règles juridiques que sont la loi et la jurisprudence. En ce livre, le renouvellement des sources du droit est abordé sous l'un et l'autre angles, cela à l'aune d'une branche du droit particulière : le droit de la communication par internet. Observer cette forme de « droit global » serait riche d'enseignements à l'égard de l'actualité et, plus encore, de l'avenir du droit. Ainsi de nouveaux objets normatifs, hier encore inconnus des juristes, peuvent-ils être étudiés : codes privés, chartes, usages, conditions générales d'utilisation, contrats-types, normes managériales, normes techniques, mais aussi modes alternatifs de résolution des conflits, labels, standards, protocoles, meilleures pratiques, indicateurs, algorithmes etc. Ces nouveaux objets normatifs et les phénomènes de « guerre des normes », de plurinormativité et d'internormativité qui les accompagnent interrogent l'orthodoxie juridique moderne mais aussi et plus fondamentalement l'État de droit, la démocratie, certains droits et libertés fondamentaux ou encore l'intérêt général.L'internet a condensé le temps et dilué l'espace. Il a ainsi profondément transformé les sociétés ; et l'univers juridique, dans ses différentes dimensions, est nécessairement affecté. Aussi la fréquentation de son droit invite-t-elle à élaborer de nouveaux outils afin de décrire et expliquer les « faits normatifs » qui le constituent. L'observation du droit de la communication par internet est ici au service d'une réflexion relative aux continuités, aux ruptures et aux mouvements actuels et à venir des sources du droit. Cette branche du droit est révélatrice de ce à quoi le paysage juridique pourrait ressembler demain, lorsque le droit moderne stato-centré aura été irrémédiablement débordé par un droit « en réseau » dont les propriétés ressemblent fort à celles du réseau mondial qu'est l'internet. Progressivement, les sources auparavant premières deviennent secondaires, celles qui hier demeuraient à l'arrière-plan se retrouvent sur le devant de la scène juridique, tandis que de nouveaux foyers de normes ô combien singuliers apparaissent. L'objet de cet ouvrage est de constituer un témoignage de ce renouvellement des lieux et des modes de production des normes en cours, un renouvellement qui touche les sources privées beaucoup plus que les sources publiques, posant dès lors la question d'un immobilisme préjudiciable de l'État et des organisations internationales.
National audience ; The real causes of the euro crisis (2010-2013) are still questioned. For the European authorities, it is mainly due to the imperfection of the national institutions of the affected countries. In response, the policies implemented in these countries were to correct these imperfections by reforming deeply their national institutions in a move towards a balanced budget and improved competitiveness. In this article, it is argued that the origins of the crisis lie in the very functioning of the Single Market. By organizing the European economy according to the principles of free competition and by promoting the circulation of mobile production factors, the Single Market has strengthened the agglomeration mechanisms, which has led to a European industrial polarization. Although this dynamic has been beneficial for the core European countries, it accelerated the deindustrialization of peripheral economies. Moreover, the policies pursued since 2010 in the countries affected by the euro crisis have failed to correct the economic imbalances. It then appears that only a profound reconsideration of the rules that organize the functioning of the European Single Market would be likely to stop the current divergence dynamics of European economies. ; Les causes de la crise de l'euro (2010-2013) ne font toujours pas consensus. Pour les autorités européennes, la crise serait essentiellement due à l'imperfection des institutions nationales des pays touchés. Les politiques engagées dans ces pays pour y répondre ont donc consisté à corriger ces imperfections en réformant profondément leurs institutions nationales dans une marche vers l'équilibre budgétaire et l'amélioration de la compétitivité. Dans cet article, nous soutenons à l'inverse que les origines de la crise sont à trouver dans le fonctionnement même du marché unique. En organisant l'économie européenne autour des principes d'une libre concurrence et en favorisant la circulation des facteurs de productions mobiles, le marché unique a renforcé les ...
National audience ; The real causes of the euro crisis (2010-2013) are still questioned. For the European authorities, it is mainly due to the imperfection of the national institutions of the affected countries. In response, the policies implemented in these countries were to correct these imperfections by reforming deeply their national institutions in a move towards a balanced budget and improved competitiveness. In this article, it is argued that the origins of the crisis lie in the very functioning of the Single Market. By organizing the European economy according to the principles of free competition and by promoting the circulation of mobile production factors, the Single Market has strengthened the agglomeration mechanisms, which has led to a European industrial polarization. Although this dynamic has been beneficial for the core European countries, it accelerated the deindustrialization of peripheral economies. Moreover, the policies pursued since 2010 in the countries affected by the euro crisis have failed to correct the economic imbalances. It then appears that only a profound reconsideration of the rules that organize the functioning of the European Single Market would be likely to stop the current divergence dynamics of European economies. ; Les causes de la crise de l'euro (2010-2013) ne font toujours pas consensus. Pour les autorités européennes, la crise serait essentiellement due à l'imperfection des institutions nationales des pays touchés. Les politiques engagées dans ces pays pour y répondre ont donc consisté à corriger ces imperfections en réformant profondément leurs institutions nationales dans une marche vers l'équilibre budgétaire et l'amélioration de la compétitivité. Dans cet article, nous soutenons à l'inverse que les origines de la crise sont à trouver dans le fonctionnement même du marché unique. En organisant l'économie européenne autour des principes d'une libre concurrence et en favorisant la circulation des facteurs de productions mobiles, le marché unique a renforcé les ...
International audience This article offers a theoretical and empirical assessment of the characteristics of France's short- and medium-term external adjustments to temporary, unexpected terms-of-trade shocks. We base our theoretical analysis on an innovative synthesis of (1) the intertemporal approach to the current-account balance and (2) conventional trade-balance models. The analysis begins by identifying Marshall-Lerner conditions expanded to the intertemporal framework and to Economic and Monetary Union (EMU). We then assess the conditions using a robust estimate of the model's key parameters and inter- and intra-temporal elasticities of substitution. The simulations of the expanded Marshall-Lerner conditions indicate that the euro's introduction has dampened the impact of terms-of-trade shocks on the French current account. Moreover, intertemporal (or income) smoothing effects explain the dynamics of French external accounts better than substitution effects. ; L'objectif de cet article est d'évaluer, d'un point de vue théorique et empirique, la nature des ajustements externes à court-moyen terme en France lors de chocs temporaires et non anticipés sur les termes de l'échange. En s'appuyant sur une synthèse originale de l'approche intertemporelle de la balance courante et des modèles traditionnels de balance commerciale, l'analyse théorique permet, tout d'abord, de dégager des conditions de type Marshall-Lerner élargies au cadre intertemporel et de l'Union économique et monétaire (UEM). Ces conditions sont ensuite évaluées à partir d'une estimation robuste des paramètres-clés du modèle, les élasticités de substitution intertemporelles et intratemporelles. Les simulations des conditions Marshall-Lerner élargies stipulent que l'introduction de l'euro a diminué l'impact des chocs des termes de l'échange sur le comptecourantde l'économie française. Deplus, la dynamique de ses comptes externesest mieux expliquée par les effets de lissage intertemporels (ou revenu) que de substitution.
Résumé : La présente thèse porte sur le développement d'un modèle d'intervention au profit des agents de développement économique méso dans un contexte de co-innovation et au niveau de l'entrepreneuriat technologique. Grâce à une expérience de plus de quinze ans comme agent de développement économique, une problématique managériale a émergé tranquillement. Les agents de développement économique n'avaient pas à leur disposition les outils d'intervention qui leur permettent de faire face aux nouvelles réalités du développement économique par l'innovation. Une première question peut se poser: qu'est-ce qui a changé dans l'innovation ? Tout d'abord, les savoirs sont de plus en plus complexes et diffus. En effet, les sciences et les technologies, surtout si elles ont atteint un certain degré de maturité, se développent de plus en plus en fonction d'usages qu'elles pourraient remplir (ces derniers étant fonction des besoins exprimés par les usagers). Par ailleurs, tout en se complexifiant à cause de leurs ramifications, les technologies sont de plus en plus accessibles aux usagers, ce qui leur permet de ne plus être seulement consommateurs de technologie, mais également producteurs et codéveloppeurs de produits et services. C'est en ce sens que l'on voit exploser le développement des applications mobiles. En définitive, on passe d'une innovation qui est linéaire, développée en vase clos ou en collaboration entre entreprises et centres de recherche triés sur le volet, qui est par la suite valorisée puis éventuellement commercialisée, à une innovation de nature systémique à la fois portée par des entreprises, des gouvernements et des usagers, ce qui est convenu d'appeler désormais la co-innovation. Par contre, les moyens dont disposent les agents de développement économique ne sont plus adaptés à cette nouvelle réalité. En effet, les outils dont bénéficient ces derniers sont basés sur les principes suivants : 1) la spécialisation sectorielle selon le modèle de Porter (1993), avec la stratégie des grappes où les agents de développement économique faisaient de la concertation et de l'animation du milieu ou 2) la diversité sectorielle et individuelle (Florida, 2005; Jacobs, 1969), où l'on s'est concentré sur la formation entrepreneuriale et sur les visites aux entreprises pour les aider dans leur croissance. Ces stratégies ont été payantes en termes de concertation et de développement hyperlocal, mais sont à la recherche d'un nouveau souffle, notamment en matière d'intergrappes et de cohérence supralocale. Au tournant des années 1990, on voit apparaître la notion de systèmes régionaux d'innovation, qui sont une première tentative de penser le développement économique sous forme systémique. En revanche, les aspects normatifs ont vite disparu des recherches universitaires, ce qui n'a pas permis aux agents de développement économique de s'approprier ces notions, la plupart les trouvant trop compliquées pour y voir de réelles applications en matière d'intervention en développement économique. Enfin, depuis les années 2000, la notion d'innovation ouverte apparaît et suscite beaucoup d'intérêt chez les agents de développement économique, mais ceux-ci manquent encore de modèle afin de pouvoir l'utiliser de façon plus structurée, au-delà de la simple stratégie de gestion de la propriété intellectuelle, comme véritable outil de co-innovation. Ainsi, la question de recherche suivante a été dégagée des éléments issus de la profession et d'une revue de littérature exhaustive: quel nouveau modèle de développement économique (DÉ) basé sur la co-innovation et au niveau de l'entrepreneuriat technologique peut-on développer et quelles seront alors les nouvelles méthodes d'intervention pour les agents de DÉ ? Pour répondre à cette question, la théorie enracinée est apparue comme une méthode de recherche appropriée, car elle permettait la théorisation, essentielle dans le développement d'un modèle. Vingt et une entrevues ont été menées entre août et décembre 2012 entre le Québec, les États-Unis et la France. Les résultats de cette recherche sont les suivants : 1) le niveau d'intervention adéquat en matière de développement économique par l'innovation est le niveau régional, soit les agents de développement économique de type méso (entre le macro et le micro), 2) le processus de développement économique par la co-innovation est un processus intermédié en deux temps. En effet, les agents de DÉ méso travaillent à identifier des problématiques et des besoins communs à différents écosystèmes, et ce, en comptant sur leur réseau. Grâce à ce mécanisme, les agents de DÉ créent des communautés (surtout technologiques) autour desquelles des opportunités intrapreneuriales apparaissent. Celles-ci pourront se transformer en projets structurants qui, à leur tour, pourront déboucher sur des opportunités entrepreneuriales. 3) L'agent de développement économique est à la fois un intrapreneur (qui défend ses projets dans sa propre structure organisationnelle) et un exopreneur (qui défend ses projets dans différentes communautés). Les résultats de cette recherche ont d'ores et déjà servi à la mise sur pied de nouvelles formes d'intervention au niveau méso avec le développement du programme de financement de la Ville de Montréal PR@M-Est, qui est basé directement sur les principes de co-innovation. Par ailleurs, les recherches suscitent de l'intérêt dans plusieurs agglomérations en France et auprès des professionnels en développement économique au Québec et en France. Enfin, des recherches subséquentes ont été identifiées afin de venir compléter le corpus de savoir en matière de développement économique par la co-innovation, notamment en ce qui concerne le partage de rente économique (monétisable ou non) entre les initiateurs de démarches co-innovantes et leurs contributeurs. ; Abstract : For a few years, economic developers have integrated innovation to their practice as the engine for economic development. It is now well understood that innovation and economic development are intertwined with the seminal work of Schumpeter more than a century ago. Many researches have been done since, but the very dynamic nature of innovation, and thus the economic developers' actions, needs constant reassessment. Innovation is changing from a linear perspective where firms, research centers and universities try to develop and commercialize new products and services, based on scientific researches, the so-called Public-Private Partnership, to a systemic form where firms, research centers and universities are still involved in the innovation process, but where more and more Public-Private-People Partnerships can occur. Why is innovation becoming a systemic process? One of the explanations lays in the greater complexity of knowledge and a greater distribution of it. In the meantime, more people can access technologies, as it is seen with the blooming of mobile applications. Since then, the way of innovation process occurs is dramatically changing, and more contributors can join the process, including as usual private companies or government, but also users. What is new with the users is that they are not only involved for commercialization purpose, but now also as co-developers and co-creators. By acknowledging those shifts, economic developers should also change the way they are acting to foster economic development and innovation. So, it is time to develop new forms of intervention in a context of co-innovation. They have to step back to see that their actions are done at the macro level (even if it has been practiced at the regional level) and generally based on industrial concentration with MAR and his industrial districts, on one side and specialization, on the other side with Porter and his clusters' strategy. The idea is to nourish innovation by geographical, cultural, institutional and social proximity. In doing so, it helps tacit knowledge to flow from one company to another and to bring to the market new products and services more rapidly. Economic developers works with geographic proximity and implements clusters strategies all over the world with different results. So the mechanistic aspect of the strategy is not that simple. Actually, clusters are now shifting to a systemic perspective and try to open-up collaboration between clusters and enhance cross sectorial projects. It also has been demonstrated that innovation is more about people than organizations. Since Jacobs, and later with Florida, the spotlight has been put on the individual as the engine of creativity and innovation. Jacobs thought that knowledge is embedded in the individual expertise, and Florida worked on the creative class which represent about 30% of the population, and who is made of people who promote creativity and changes in some place, generally cities. With Jacobs and Florida, the quality of place is critical because it can help to attract talents. At that micro level also, works on the entrepreneur-opportunity dyad is important. With the neo-classic theory, entrepreneurs can use information asymmetry to exploit opportunities and bring their creativity to the market. Entrepreneurs are very special in essence, even though it has not been establish that they have some special traits, it seems that they have in common a way to act creatively and transform this creativity into opportunities and economic development. For economic developers, it means to develop supportive actions towards entrepreneurs: training, entrepreneurs club, special funding for example. But, the difficulties lay in: how can economic developers develop a more structured model for their interventions to entrepreneurs? Moreover, some do believe that these micro levels approaches can be self-organized and that there is no need for public policy towards entrepreneurs. At the meso level, economic developers can improve, particularly regarding the Regional Innovation System (RIS), the way they can foster business serendipity across networks. Since Chesbrough has defined the concept of open innovation, a more systemic approach to innovation seems to be accepted by economic developers. But, once again, there is lot of work to do to better understand how economic developers can put into practice those new approaches. Thus, neither the macro level approach, which is too mechanistic, nor the meso approaches level, which is to complex, nor the micro level, which doesn't allow public policy, seem to offer a proper answer to economic developers with the systemic approach of innovation. This dissertation tries to answer the following question: What model can be developed for economic developers in context of co- innovation and technological entrepreneurship? Grounded theory as presented by Corbin and Strauss (2008) was the methodology in this survey. As it is permitted in grounded theory, the literacy has been completed by works on complexity theory, network theory and structural holes and co-innovation. Twenty-one interviews have been conducted in Montréal, the Province of Québec province, France and The United States between August and December 2012 with economic developers, scientific and technological parks managers, co-creation spaces organizers and entrepreneurs. The main conclusions of this research in an academic perspective are: 1. The correct level to support co-innovation is the meso level: this level allows macro and micro level actions to be coherent in a more interdependent perspective. The meso level is a medium term perspective at the regional level. The economic developers mostly use projects and communities of practice to do their actions regarding co-innovation; 2. The process for the economic development through co-innovation is intermediated and two-fold: a) Economic developers identify common needs in their ecosystems through their networks. In doing so, they create communities in which intrapreneurial opportunities occur. Some of these intrapreneurial opportunities lead to structuring projects. b) These projects open-up entrapreneurial opportunities that help regional economic development; 3. Finally, Economic developers are both intrapreneurs (leading project in their own organisations and exopreneurs (leading projects in communities). But as we want to develop something operational for economic developers, we also created an algorithm, which will help them to structure co-innovation actions (how to identify needs, communities, partners, etc.), but also a guide to use the right co-innovative tool at the right moment in their process of co-innovation. Some results of this research has been put into practice with the new program as PR@M-Est at the City of Montréal, this program is based on business serendipity and on co-innovation principles. This research shows some interest in France also. Of course this research has some limits, particularly with the size and the diversity of the sample, but we are confident it could open the way to further research in the field.
This paper provides an update on the exchange rate pass-through (ERPT) estimates for 12 euro area (EA) countries. First, based on quarterly data over the 1990-2012 period, our study does not find a significant heterogeneity in the degree of pass-through across the monetary union members, in contrast to previous empirical studies. As we use a longer time span for the post-EA era than existing studies, this is not surprising, since the process of monetary union has entailed some convergence towards more stable macroeconomic conditions across EA member states. Second, when assessing the stability of pass-through elasticities, we find very weak evidence of a decline around the inception of the euro in 1999. However, our results reveal that a downtrend in ERPT estimates became apparent starting from the beginning of the 1990s. This observed decline was synchronous to the shift towards reduced inflation regimes in our sample of countries. Finally, we notice that the distinction between "peripheral" and "core" EA economies in terms of pass-through has significantly decreased over the last two decades. ; Dans ce papier, nous étudions le niveau de rapprochement des économies du Maghreb vers les économies de l'Europe de l'Ouest. Nous faisons également une comparaison avec le niveau de convergence des Pays d'Europe Centrale et Orientale PECO-5 vers les pays de la zone euro. Pour ce faire, nous utilisons une modélisation VAR Structurelle pour l'identification des chocs d'offre et des chocs de demande. Nous faisons également appel à l'Analyse en composante Principale ACP dans l'étude de la dynamique de convergence. Nos résultats montrent un niveau différencié de rapprochement des économies des pays du Maghreb vers l'Europe : la Tunisie et le Maroc dans une moindre mesure, sont sur le sentier de la convergence et à un niveau qui se rapproche de celui des PECO-5 ; l'Algérie et la Libye restent très éloignés de la convergence en dépit de leur capacités. Ce résultat confirme le rôle important joué par le commerce bilatéral et ...
Contexte Les soins et l'aide de première ligne se caractérisent par une accessibilité universelle, une approche globale, axée sur les objectifs de la personne. Ils sont dispensés par une équipe de professionnels aux compétences généralistes, capables d'assurer la prise en charge de la grande majorité (90%) des problèmes de santé. Ce service doit s'accomplir dans un partenariat durable avec les personnes (usagers des services de santé ou non) et leurs aidants, dans le contexte de la famille et de la communauté locale, et joue un rôle central dans la coordination générale et la continuité des soins dispensés à la population. Si 90% des interactions en santé peuvent être assurées par la première ligne, la qualité d'un système de santé est fortement dépendante de la qualité de sa première ligne de soins et de l'aide. Or, en Belgique francophone, trop peu d'attention était portée jusqu'il y a peu, à cette première ligne de soins et de l'aide. Grâce au soutien du Fonds Dr. Daniël De Coninck, Be.hive vise à soutenir et organiser la recherche, l'enseignement et le partage des connaissances au sujet de la première ligne de soins et de l'aide. Le projet rassemble trois universités (l'Université catholique de Louvain, l'Université de Liège et l'Université Libre de Bruxelles) et trois hautes écoles (Haute Ecole Vinci, HENALLUX et la Haute Ecole Ilya Prigogine). Via son comité de pilotage, Be.Hive est également soutenue par la Plateforme de la Première Ligne Wallonne (PPLW), l'association des aidants proches (ASBL Aidants proches), la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) et la Ligue des Usagers des Services de Santé (LUSS). Ce livre blanc s'inscrit dans une stratégie globale de Be.Hive, puisqu'il est le résultat d'une analyse littéraire et d'une enquête pour explorer la situation actuelle. C'est sur la base de ce travail que les chercheurs de Be.Hive souhaitent établir un ordre de priorités pour leurs activités de recherche et d'enseignement et attirer l'attention de leurs partenaires sur les urgences perçues par les acteurs de la première ligne. Cet exposé est forcément situé dans le temps, et exprimé sur la base de la réflexion et des données actuellement disponibles aux chercheurs de Be.Hive, et ne vise pas l'exhaustivité. Cette analyse a démarré dès 2019 en explorant la littérature nationale et internationale. Celle-ci, combinée aux expertises des chercheurs au sein de Be.Hive, a permis d'identifier 20 thématiques clés qui, mises ensemble, offraient une grille de lecture des caractéristiques permettant de renforcer la première ligne. Par la suite nous avons voulu capter la perception actuelle des acteurs de la première ligne en Belgique francophone, par une enquête à large échelle et des ateliers thématiques. Pour cela, en octobre 2019, des questionnaires étaient diffusés via les réseaux de Be.Hive. Au total, 5916 personnes ont répondu aux questionnaires en ligne et 130 aux questionnaires papier. En décembre nous avons organisé 5 ateliers thématiques participatifs, en divers endroits à Bruxelles et en Wallonie. Ces ateliers avaient deux objectifs. Le premier était d'approfondir les résultats provenant de l'exploitation des questionnaires et de faire émerger des aspects encore non abordés jusqu'alors. Le second était d'initier une démarche participative avec les acteurs de la première ligne. Au total, plus de 160 personnes extérieures à Be.Hive se sont inscrites aux 5 ateliers, venus d'horizons aussi différents que ceux qui avaient répondu aux questionnaires. Les principaux résultats sont présentés selon 4 axes thématiques présentés ci-dessous. Bien que ces axes soient présentés de manière distincte, leurs thématiques sont interreliées. Tous ont en commun de vouloir, à leur niveau, contribuer au quadruple objectif (Quadruple Aim en anglais) : améliorer la qualité de vie des personnes (et, le cas échéant, de leurs aidants), améliorer la qualité des soins (notamment, en centrant les soins sur les objectifs de vie de la personne), améliorer l'utilisation des ressources et améliorer la qualité de vie des professionnels. A ces quatre objectifs, Be.Hive en propose un cinquième, celui d'améliorer l'enseignement, afin de cadrer avec les missions spécifiques de Be.Hive. Chapitre 1. Enjeux liés à la structuration et au financement de la première ligne Les ateliers ont permis de confirmer largement que la première ligne francophone est peu structurée et que l'offre est peu visible. Une manière d'améliorer cette structuration et d'améliorer la visibilité, renseignée par la littérature scientifique et confirmée dans les ateliers, passe par une organisation avec une approche territoriale (par commune ; dans les villes, par quartier). Une autre approche passe par l'inscription auprès d'un médecin généraliste ou d'une pratique de médecine générale. Selon les données du questionnaire, plus de la moitié des répondants sont tout à fait d'accord avec cela. Ces réponses ouvrent un questionnement intéressant car il s'agit d'une restriction du choix par rapport aux pratiques actuelles, qui pourrait modifier les débats sur la structuration de la première ligne. Ces données mériteront d'être investiguées, pour compléter ces résultats. Le financement de la première ligne figurait dans les 20 thèmes identifiés lors de la revue de la littérature. Nous avons donc interrogé les professionnels par rapport à leur degré de satisfaction concernant la répartition du financement et du mode de paiement actuel et trouvé qu'ils n'en sont que moyennement satisfaits. Au travers de nos recherches futures, nous souhaitons étudier ces thématiques de façon multidisciplinaire, afin d'intégrer les perceptions des parties prenantes dans des propositions concrètes pour l'avenir. Ceci permettra de nourrir le débat sociétal autour de la territorialisation et a le potentiel pour améliorer la visibilité et l'image de la première ligne, pour le plus grand bénéfice de tous. Chapitre 2. L'accompagnement de la personne vivant une situation complexe La complexité représente une épreuve contemporaine majeure qui s'inscrit au cœur des missions de la première ligne. Elle est associée à l'incertitude et l'imprévisibilité que représente une situation en raison de l'interaction entre des éléments relatifs à la santé physique, psychique et aux conditions de vie, sociales et économiques. Elle nécessite le développement d'actions globales et coordonnées entre plusieurs professions, organisations et secteurs. De plus, elle implique de mobiliser les connaissances des personnes, afin de concevoir des réponses articulant leurs priorités et celles des professionnels. Les questionnaires et les ateliers Be.Hive ont mis en évidence une asymétrie importante dans la participation des professionnels, des personnes et des aidants proches à la définition des situations complexes. Ce constat s'applique aux niveaux de la recherche et de la relation de soins. Cette asymétrie est à l'origine d'incompréhensions provoquant à la fois l'insatisfaction des professionnels et le désengagement des personnes de leurs parcours de soins. Dès lors, nous en appelons à renforcer la communication et l'écoute entre les acteurs, ce qui nécessite de faire évoluer le contenu des formations des professionnels mais aussi les modes de financement des soins de santé. De plus, nous mettons en avant une approche symétrique de la complexité, à partir de laquelle penser l'adaptation, ou « résilience de la première ligne », face aux situations complexes. Cette approche est fondée sur deux axes de recherche. Le premier axe initie un dialogue entre la demande exprimée par les personnes, que nous distinguons des besoins perçus par les professionnels, et les nouvelles fonctions professionnelles et modes d'organisation, par exemple le case management ou les suivis multidisciplinaires, qui se développent en première ligne. Le second axe porte spécifiquement sur les questions de l'accès, du recours, du non-recours, ou du recours dit « non approprié » des personnes vues comme vulnérables à la première ligne. Il soulève la dimension relationnelle de l'accès et du recours à partir des représentations et expériences des personnes, avant de les mettre en lien avec le vécu des professionnels. Chapitre 3. La participation communautaire au service de la première ligne L'approche de santé communautaire se concrétise par la collaboration des acteurs d'une communauté (personnes, professionnels de santé, institutions) autour d'un éventail d'actions qui s'étend de l'analyse des besoins à la mise en œuvre de services de santé et leur évaluation. Cet axe de travail s'ancre sur le constat d'un manque de proximité du système de santé. Or, la première ligne en Belgique francophone se trouve dans une position privilégiée pour renforcer cette proximité, comme nous avons pu l'observer au travers de plusieurs initiatives intéressantes. A défaut, ce manque de proximité se marque notamment lorsque les activités de promotion ou de prévention de la santé n'atteignent pas leur public-cible. Au travers d'initiatives renforçant la proximité, nous avons pu observer que là où les personnes sont engagées comme véritables partenaires en première ligne, le système de santé s'en trouve renforcé. Par conséquent, au cours de nos recherches futures, nous souhaitons investiguer les connaissances, attitudes et pratiques des professionnels de santé et des personnes sur la santé communautaire, dans une logique de proximité géographique, relationnelle et institutionnelle. Dans ce domaine également, Be.Hive souhaite participer à la diffusion des connaissances sur l'existant. Cela implique qu'une vieille informationnelle doit être mise en œuvre afin d'avoir accès aux innovations en matière de participation communautaire. Be.Hive a le potentiel de se construire sur l'existant, afin de participer à l'évaluation et la diffusion des pratiques prometteuses, notamment par le biais de l'évaluation participative. Chapitre 4. Collaboration interprofessionnelle et développement des compétences La professionnalisation des différents métiers depuis le 19ème siècle, a été suivie par une division du travail entre métiers relativement forte. Or, les transformations des politiques de santé, des pratiques professionnelles et des profils de personnes font de la collaboration l'un des défis importants de ces prochaines années. La confiance réciproque est identifiée comme une condition importante de cette collaboration, et celle-ci repose, d'après l'expérience de nos participants, sur la (re)connaissance mutuelle entre métiers et sur les relations interpersonnelles, qui voient le jour le plus souvent sur une base territoriale (quartier, commune). Ces acteurs mettent à la fois en évidence la nécessité de se fonder sur les initiatives existantes afin de les renforcer mais aussi de penser des nouveaux modèles, au-delà des dispositifs existant déjà au sein de certaines structures ou régions. Trois axes de recherche seront développés par les chercheurs de Be.Hive pour soutenir cette réflexion : 1° les collaborations interprofessionnelles impliquant les acteurs de l'aide sociale, de l'aide juridique et de la santé ; 2° les outils de la collaboration ; 3° la transformation des rapports entre première et deuxième ligne suite à certaines formes de désinstitutionalisation des soins. Ces trois axes de recherche principaux nourriront la réflexion autour de trois dimensions transversales : la formation, la production et l'analyse de données en première ligne et enfin, le bien-être des professionnels impliqués dans la collaboration. Discussion Ce livre blanc est le produit d'un premier processus participatif incluant l'ensemble des acteurs-clé. Pour Be.Hive, ce processus participatif a été l'occasion d'échanges, d'un temps nécessaire pour passer au-delà de la fragmentation et la méconnaissance mutuelle qui marquent également les chercheurs de Be.Hive, et d'expérimenter la nécessité de cette confiance. Ce processus n'ambitionne pas d'identifier de manière exhaustive tous les défis de la première ligne de soins et de l'aide francophone, mais permet à Be.Hive de se positionner, en proposant une liste déjà fournie de thématiques de recherche et d'enseignement dont voici les principales, qui s'entrecroisent forcément: - Structuration de la première ligne et contribution au quintuple objectif : modes de pratiques très concrètes, modes de financement et organisation territoriale ; - Organisation de la réponse aux situations complexes, en testant des modes d'interaction ; - Participation des personnes et la communauté à la santé et à l'organisation des services ; - Collaboration interprofessionnelle et renforcement des compétences professionnelles.
Contexte Les soins et l'aide de première ligne se caractérisent par une accessibilité universelle, une approche globale, axée sur les objectifs de la personne. Ils sont dispensés par une équipe de professionnels aux compétences généralistes, capables d'assurer la prise en charge de la grande majorité (90%) des problèmes de santé. Ce service doit s'accomplir dans un partenariat durable avec les personnes (usagers des services de santé ou non) et leurs aidants, dans le contexte de la famille et de la communauté locale, et joue un rôle central dans la coordination générale et la continuité des soins dispensés à la population. Si 90% des interactions en santé peuvent être assurées par la première ligne, la qualité d'un système de santé est fortement dépendante de la qualité de sa première ligne de soins et de l'aide. Or, en Belgique francophone, trop peu d'attention était portée jusqu'il y a peu, à cette première ligne de soins et de l'aide. Grâce au soutien du Fonds Dr. Daniël De Coninck, Be.hive vise à soutenir et organiser la recherche, l'enseignement et le partage des connaissances au sujet de la première ligne de soins et de l'aide. Le projet rassemble trois universités (l'Université catholique de Louvain, l'Université de Liège et l'Université Libre de Bruxelles) et trois hautes écoles (Haute Ecole Vinci, HENALLUX et la Haute Ecole Ilya Prigogine). Via son comité de pilotage, Be.Hive est également soutenue par la Plateforme de la Première Ligne Wallonne (PPLW), l'association des aidants proches (ASBL Aidants proches), la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) et la Ligue des Usagers des Services de Santé (LUSS). Ce livre blanc s'inscrit dans une stratégie globale de Be.Hive, puisqu'il est le résultat d'une analyse littéraire et d'une enquête pour explorer la situation actuelle. C'est sur la base de ce travail que les chercheurs de Be.Hive souhaitent établir un ordre de priorités pour leurs activités de recherche et d'enseignement et attirer l'attention de leurs partenaires sur les urgences perçues par les acteurs de la première ligne. Cet exposé est forcément situé dans le temps, et exprimé sur la base de la réflexion et des données actuellement disponibles aux chercheurs de Be.Hive, et ne vise pas l'exhaustivité. Cette analyse a démarré dès 2019 en explorant la littérature nationale et internationale. Celle-ci, combinée aux expertises des chercheurs au sein de Be.Hive, a permis d'identifier 20 thématiques clés qui, mises ensemble, offraient une grille de lecture des caractéristiques permettant de renforcer la première ligne. Par la suite nous avons voulu capter la perception actuelle des acteurs de la première ligne en Belgique francophone, par une enquête à large échelle et des ateliers thématiques. Pour cela, en octobre 2019, des questionnaires étaient diffusés via les réseaux de Be.Hive. Au total, 5916 personnes ont répondu aux questionnaires en ligne et 130 aux questionnaires papier. En décembre nous avons organisé 5 ateliers thématiques participatifs, en divers endroits à Bruxelles et en Wallonie. Ces ateliers avaient deux objectifs. Le premier était d'approfondir les résultats provenant de l'exploitation des questionnaires et de faire émerger des aspects encore non abordés jusqu'alors. Le second était d'initier une démarche participative avec les acteurs de la première ligne. Au total, plus de 160 personnes extérieures à Be.Hive se sont inscrites aux 5 ateliers, venus d'horizons aussi différents que ceux qui avaient répondu aux questionnaires. Les principaux résultats sont présentés selon 4 axes thématiques présentés ci-dessous. Bien que ces axes soient présentés de manière distincte, leurs thématiques sont interreliées. Tous ont en commun de vouloir, à leur niveau, contribuer au quadruple objectif (Quadruple Aim en anglais) : améliorer la qualité de vie des personnes (et, le cas échéant, de leurs aidants), améliorer la qualité des soins (notamment, en centrant les soins sur les objectifs de vie de la personne), améliorer l'utilisation des ressources et améliorer la qualité de vie des professionnels. A ces quatre objectifs, Be.Hive en propose un cinquième, celui d'améliorer l'enseignement, afin de cadrer avec les missions spécifiques de Be.Hive. Chapitre 1. Enjeux liés à la structuration et au financement de la première ligne Les ateliers ont permis de confirmer largement que la première ligne francophone est peu structurée et que l'offre est peu visible. Une manière d'améliorer cette structuration et d'améliorer la visibilité, renseignée par la littérature scientifique et confirmée dans les ateliers, passe par une organisation avec une approche territoriale (par commune ; dans les villes, par quartier). Une autre approche passe par l'inscription auprès d'un médecin généraliste ou d'une pratique de médecine générale. Selon les données du questionnaire, plus de la moitié des répondants sont tout à fait d'accord avec cela. Ces réponses ouvrent un questionnement intéressant car il s'agit d'une restriction du choix par rapport aux pratiques actuelles, qui pourrait modifier les débats sur la structuration de la première ligne. Ces données mériteront d'être investiguées, pour compléter ces résultats. Le financement de la première ligne figurait dans les 20 thèmes identifiés lors de la revue de la littérature. Nous avons donc interrogé les professionnels par rapport à leur degré de satisfaction concernant la répartition du financement et du mode de paiement actuel et trouvé qu'ils n'en sont que moyennement satisfaits. Au travers de nos recherches futures, nous souhaitons étudier ces thématiques de façon multidisciplinaire, afin d'intégrer les perceptions des parties prenantes dans des propositions concrètes pour l'avenir. Ceci permettra de nourrir le débat sociétal autour de la territorialisation et a le potentiel pour améliorer la visibilité et l'image de la première ligne, pour le plus grand bénéfice de tous. Chapitre 2. L'accompagnement de la personne vivant une situation complexe La complexité représente une épreuve contemporaine majeure qui s'inscrit au cœur des missions de la première ligne. Elle est associée à l'incertitude et l'imprévisibilité que représente une situation en raison de l'interaction entre des éléments relatifs à la santé physique, psychique et aux conditions de vie, sociales et économiques. Elle nécessite le développement d'actions globales et coordonnées entre plusieurs professions, organisations et secteurs. De plus, elle implique de mobiliser les connaissances des personnes, afin de concevoir des réponses articulant leurs priorités et celles des professionnels. Les questionnaires et les ateliers Be.Hive ont mis en évidence une asymétrie importante dans la participation des professionnels, des personnes et des aidants proches à la définition des situations complexes. Ce constat s'applique aux niveaux de la recherche et de la relation de soins. Cette asymétrie est à l'origine d'incompréhensions provoquant à la fois l'insatisfaction des professionnels et le désengagement des personnes de leurs parcours de soins. Dès lors, nous en appelons à renforcer la communication et l'écoute entre les acteurs, ce qui nécessite de faire évoluer le contenu des formations des professionnels mais aussi les modes de financement des soins de santé. De plus, nous mettons en avant une approche symétrique de la complexité, à partir de laquelle penser l'adaptation, ou « résilience de la première ligne », face aux situations complexes. Cette approche est fondée sur deux axes de recherche. Le premier axe initie un dialogue entre la demande exprimée par les personnes, que nous distinguons des besoins perçus par les professionnels, et les nouvelles fonctions professionnelles et modes d'organisation, par exemple le case management ou les suivis multidisciplinaires, qui se développent en première ligne. Le second axe porte spécifiquement sur les questions de l'accès, du recours, du non-recours, ou du recours dit « non approprié » des personnes vues comme vulnérables à la première ligne. Il soulève la dimension relationnelle de l'accès et du recours à partir des représentations et expériences des personnes, avant de les mettre en lien avec le vécu des professionnels. Chapitre 3. La participation communautaire au service de la première ligne L'approche de santé communautaire se concrétise par la collaboration des acteurs d'une communauté (personnes, professionnels de santé, institutions) autour d'un éventail d'actions qui s'étend de l'analyse des besoins à la mise en œuvre de services de santé et leur évaluation. Cet axe de travail s'ancre sur le constat d'un manque de proximité du système de santé. Or, la première ligne en Belgique francophone se trouve dans une position privilégiée pour renforcer cette proximité, comme nous avons pu l'observer au travers de plusieurs initiatives intéressantes. A défaut, ce manque de proximité se marque notamment lorsque les activités de promotion ou de prévention de la santé n'atteignent pas leur public-cible. Au travers d'initiatives renforçant la proximité, nous avons pu observer que là où les personnes sont engagées comme véritables partenaires en première ligne, le système de santé s'en trouve renforcé. Par conséquent, au cours de nos recherches futures, nous souhaitons investiguer les connaissances, attitudes et pratiques des professionnels de santé et des personnes sur la santé communautaire, dans une logique de proximité géographique, relationnelle et institutionnelle. Dans ce domaine également, Be.Hive souhaite participer à la diffusion des connaissances sur l'existant. Cela implique qu'une vieille informationnelle doit être mise en œuvre afin d'avoir accès aux innovations en matière de participation communautaire. Be.Hive a le potentiel de se construire sur l'existant, afin de participer à l'évaluation et la diffusion des pratiques prometteuses, notamment par le biais de l'évaluation participative. Chapitre 4. Collaboration interprofessionnelle et développement des compétences La professionnalisation des différents métiers depuis le 19ème siècle, a été suivie par une division du travail entre métiers relativement forte. Or, les transformations des politiques de santé, des pratiques professionnelles et des profils de personnes font de la collaboration l'un des défis importants de ces prochaines années. La confiance réciproque est identifiée comme une condition importante de cette collaboration, et celle-ci repose, d'après l'expérience de nos participants, sur la (re)connaissance mutuelle entre métiers et sur les relations interpersonnelles, qui voient le jour le plus souvent sur une base territoriale (quartier, commune). Ces acteurs mettent à la fois en évidence la nécessité de se fonder sur les initiatives existantes afin de les renforcer mais aussi de penser des nouveaux modèles, au-delà des dispositifs existant déjà au sein de certaines structures ou régions. Trois axes de recherche seront développés par les chercheurs de Be.Hive pour soutenir cette réflexion : 1° les collaborations interprofessionnelles impliquant les acteurs de l'aide sociale, de l'aide juridique et de la santé ; 2° les outils de la collaboration ; 3° la transformation des rapports entre première et deuxième ligne suite à certaines formes de désinstitutionalisation des soins. Ces trois axes de recherche principaux nourriront la réflexion autour de trois dimensions transversales : la formation, la production et l'analyse de données en première ligne et enfin, le bien-être des professionnels impliqués dans la collaboration. Discussion Ce livre blanc est le produit d'un premier processus participatif incluant l'ensemble des acteurs-clé. Pour Be.Hive, ce processus participatif a été l'occasion d'échanges, d'un temps nécessaire pour passer au-delà de la fragmentation et la méconnaissance mutuelle qui marquent également les chercheurs de Be.Hive, et d'expérimenter la nécessité de cette confiance. Ce processus n'ambitionne pas d'identifier de manière exhaustive tous les défis de la première ligne de soins et de l'aide francophone, mais permet à Be.Hive de se positionner, en proposant une liste déjà fournie de thématiques de recherche et d'enseignement dont voici les principales, qui s'entrecroisent forcément: - Structuration de la première ligne et contribution au quintuple objectif : modes de pratiques très concrètes, modes de financement et organisation territoriale ; - Organisation de la réponse aux situations complexes, en testant des modes d'interaction ; - Participation des personnes et la communauté à la santé et à l'organisation des services ; - Collaboration interprofessionnelle et renforcement des compétences professionnelles.
addressed the problem of the liquidity trap, a number of industrialised countries, including the United States, implemented from 2008 onwards Quantitative Easing (QE) measures to improve financing conditions in the economy as a whole. Although mainly affecting long-term interest rates and asset prices, quantitative easing policies also have side effects on the exchange rate. In a context of 'currency war', some industrialised countries could then be tempted to use the QE as a protectionist weapon in order to obtain a depreciation of the exchange rate. After identifying the channels for transmitting the QE at the exchange rate, this article proposes an empirical analysis based on stylised facts and econometric tests relating to the United States. ; Facing liquidity trap problems, a number of industrialised countries, including the United States and the United Kingdom, have since 2008 implemented Quantitative Easing (QE) measures in an attempt to improve financing conditions in their overall economy. Although Quantitative Easing policies primarily act upon long-term interest rates and asset prices, they also have secondary effects on exchange rates. In a "currency war" context, some countries might be tempted to use QE as a protectionist weapon in a bid to achieve exchange rate depreciation. After identifying which QE transmission channels affect exchange rates, the paper proposes an empirical analysis of stylized facts and econometric tests on the United States. ; addressed the problem of the liquidity trap, a number of industrialised countries, including the United States, implemented from 2008 onwards Quantitative Easing (QE) measures to improve financing conditions in the economy as a whole. Although mainly affecting long-term interest rates and asset prices, quantitative easing policies also have side effects on the exchange rate. In a context of 'currency war', some industrialised countries could then be tempted to use the QE as a protectionist weapon in order to obtain a depreciation of the exchange rate. ...
Drawing on the current debates, both political and academic, this doctoral research deals with the political legitimacy of European integration. Although political legitimacy is not a new concept in political science, it has attracted increased attention over the last two decades in the context of reflections on democracy, governance and the "crisis" of legitimacy at the European level, the sphere on which this research is founded. This thesis takes a sociopolitical approach to legitimacy, beyond any normative considerations. More specifically, it focuses on legitimacy understood as the acceptance of a changing political order by ordinary citizens, this acceptance being more or less conscious and active. The specificity of this approach lies in addressing this problem in all its complexity, analyzing both its latent and its manifest aspects. As a result, it contributes to the study of the processes of acceptance and/or resistance to the current process of European integration and its possible or desirable politicization. More precisely it is focused on the indifference of ordinary citizens to this process. Indeed the politicization of the European political order is at the heart of many academic debates and as a result a better understanding of this indifference is essential. Ameliorating our understanding of the lack of salience of European issues for a growing part of the public is the fundamental task tackled in this thesis. Beginning with a critical review of the literature on European legitimacy that underlines some of its weak points, the first chapter of this thesis provides a synthesis of the different theoretical models of legitimation that have been used in the course of European construction. The presentation of these different models provides the backdrop against which we are able to understand how citizens' attitudes towards European integration have been analyzed in the existing literature. This first chapter demonstrates how the citizen, from being a simple spectator, has been constructed as a key actor in the processes legitimizing European integration. Mobilizing a new longitudinal analysis of Eurobarometer data, the results of the second chapter lead us to conclude that the principal limitation of the way the notion of support is used in the literature is its over-reliance on a one-dimensional understanding of citizens' attitudes towards European integration. Contrary to this, we defend the idea that these attitudes are much more complex. The evolution of the post-Maastricht period cannot simply be reduced to an increase in "euroscepticism", particularly amongst lower socio-economic groups. This chapter concludes that it is necessary to take into account indifferent or undecided citizens to fully comprehend the question of the legitimacy of European integration, in all its components. The non-polarization of a significant number of citizens is indeed an overwhelming phenomenon. However, the study of this non-polarized category of citizens is not without posing substantial methodological problems. The third chapter thus deals with the issues surrounding the choice of methodology for the analysis of ordinary citizens' lack of polarization. With the goal of contributing to the renewal of research on citizens' attitudes towards European integration, we chose to put into place a methodology that is both qualitative and exploratory, whilst continuing with efforts to quantify the different processes observed, along the lines of existing European studies. This research therefore adopts a triangulation strategy that commonly comes under the term of mixed-methods. In this chapter we outline the reasons for our choice of focus groups as a research tool and set out our comparative research design in detail. 24 focus groups were conducted in the context of the research project Citizens Talking About Europe in (francophone) Belgium, in France, and in Great Britain. The additional perspective gained by the use of focus groups in three countries leads us in the fourth chapter to refute the underlying premise of the "constraining dissensus", already visible in the model of the "permissive consensus": the premise of the uniformity of national attitudes towards European integration. Building on the work of Juan Diez Medrano, in his book Framing Europe, the systematic coding analysis of our collective interviews leads us to confirm that different groups have different structures of perception and therefore of evaluation of European integration. Having radically questioned the uniformity of national attitudes towards the European Union, the fifth chapter demonstrates that the plurality of perceptions not only differs from one country to another but also within a given national context. In each of the three countries we studied, we observed the same increase in the number of citizens who expressed neither explicit support nor rejection of integration. In this chapter we focus our analysis on these undecided or indifferent citizens, distinguishing three forms of non-polarization: ambivalence, distance and exteriority, and fatalism. These three forms correspond to different framings in three different national categories however. In conclusion, our overall results lead us to interrogate the relevance of the affirmation according to which the permissiveness as understood in the thesis of the "permissive consensus" ended with the ratification of the Maastricht Treaty. We propose an alternative interpretation, which argues that the acceptance of a European political order stems from at least two rationales. On one hand, amongst the elites (understood in a broad sense as political or economic or even simply citizens interested in the political sphere) we observe a polarization of opinion characterized by a decline in support and a reinforcement of opposition to the processes of European integration. This tendency is emphasized and explained by the model of "constraining dissensus". On the other hand, we observe the reinforcement of indifference and/or indecision amongst ordinary citizens not expert in political matters, faced with this same process. The first rational of appropriation is linked to an active form of contentment or rejection, whereas the second demonstrates a mode of tacit acceptance, illustrating that the "permissive consensus" has not disappeared in the post-Maastricht era, although it has been transformed over the course of the integration process. In this respect, European legitimacy must be understood as both direct and indirect: as a double process. It must be seen as the extension and/or transformation of the acceptance of the national political order. Our results therefore suggest that we reconsider two commonly accepted premises, firstly that the European Union has become a salient issue for citizens and secondly that European public opinion has become polarized on the question of Europe. More generally, the conclusion of this thesis invites us to question the acceptance of change in the political order by investigating not only the degree of support citizens have for the European political system and the type of support they express, but also at the intensity of this support. Although the contrast between the pre- and post- Maastricht periods in terms of the parallel growth of the competences of the European Union and the publicity around European issues is not called into question, an interpretation based on the binary permissive consensus/euroscepticism appears incomplete if not erroneous. In emphasizing the complexity of the dynamics of politicization, this thesis suggests that the alleged break in the "permissive consensus" amongst citizens needs to be put into perspective. Thus, it is not clear that the "popular mood" towards Europe is the mirror image of the level of dissensus amongst elites . The politicization of European issues does not necessarily lead to the polarization of citizens opinions; we argue here that it is necessary to incorporate the notion and the role of indifference into any reflection on the legitimacy of the European integration process. ; Partant des débats actuels, à la fois scientifiques et politiques, cette recherche doctorale aborde la question de la légitimité politique dans le cas de l'intégration européenne. Si la légitimité politique n'est pas un concept nouveau de la science politique, cette notion a connu un regain d'intérêt au cours des deux dernières décennies dans le cadre de réflexions sur la démocratie, la gouvernance ou encore la 'crise' de légitimité au niveau européen, échelon sur lequel se concentre notre travail. Notre thèse repose sur une approche sociopolitique de la légitimité, étudiée en dehors de considérations normatives. Nous nous intéressons plus exactement à la légitimité comprise comme l'acceptation par les citoyens ordinaires d'un ordre politique en changement, cette acceptation pouvant être plus ou moins consciente et active. La particularité de notre approche réside dans le fait que nous nous sommes efforcées de cerner cette problématique dans toute sa complexité analysant autant ses aspects actifs que latents. Par conséquent, elle contribue à l'étude actuelle des processus d'acceptation et/ou de résistance à l'égard du processus en cours et à sa possible ou souhaitable politisation. Elle se concentre plus précisément sur l'indifférence des citoyens ordinaires. En effet, la politisation de l'ordre politique européen est au centre de nombre de questionnements académiques. Dès lors, comprendre l'absence de saillance des enjeux européens au sein d'une part grandissante de l'opinion publique revêt un caractère essentiel, tâche à laquelle cette thèse s'est attelée. Partant d'une revue de la littérature sur la légitimité européenne destinée à souligner certains de ses points faibles, la thèse propose dans un premier chapitre une synthèse des différents modèles théoriques et de légitimation qui ont été utilisés au fil de la construction européenne. La présentation de ces différents modèles sert de « toile de fond » pour comprendre comment les attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne ont été analysées. Ce premier chapitre montre comment, de simple spectateur, le citoyen a été construit comme un acteur clé du processus de légitimation de l'intégration européenne. Grâce à une nouvelle analyse longitudinale des données Eurobaromètres, les résultats du deuxième chapitre amènent à conclure que la principale limite des utilisations faites de la notion de soutien est de reposer sur une acception unidimensionnelle des attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne. Nous défendons au contraire l'idée que ces attitudes recèlent une plus grande complexité. L'évolution dans la période post-Maastricht ne peut être résumée par une augmentation de l' « euroscepticisme », en particulier parmi les catégories sociales les plus populaires. Ce chapitre conclut à la nécessité de prendre en compte la catégorie des citoyens indifférents ou indécis pour saisir la question de la légitimité de l'intégration européenne dans toutes ses composantes. La non-polarisation d'une part importante des citoyens est en effet un phénomène massif. Cependant, étudier cette catégorie non-polarisée de citoyens n'est pas sans poser des problèmes méthodologiques importants. Le troisième chapitre aborde la question des méthodes retenues en vue d'analyser la non-polarisation des citoyens ordinaires. Désirant contribuer au renouvellement des études des attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne, nous avons choisi de mettre en œuvre une méthodologie qualitative et exploratoire, tout en prolongeant l'effort de quantification des processus observés, dans le droit fil des études européennes. Notre travail adopte donc une stratégie de triangulation, qu'on désigne couramment sous le terme de mixed-methods. Nous justifions dans ce chapitre du choix de recourir au focus group comme outil d'enquête et détaillons notre design de recherche comparatif. 24 focus groups ont été réalisés dans le cadre du projet de recherche Citizens Talking About Europe en Belgique (francophone), en France et en Grande-Bretagne. Ils permettent d'appréhender dans toutes leurs composantes les rapports des citoyens ordinaires à l'intégration européenne. Le regard complémentaire porté grâce à l'utilisation de focus groups réalisés dans ces trois pays nous amène dans le quatrième chapitre à réfuter le postulat, sous-jacent à la thèse du « dissensus contraignant », déjà présent dans le modèle du « consensus permissif », d'une uniformité des attitudes nationales à l'égard de l'intégration européenne. Inspirée des avancées réalisées par Juan Diez Medrano dans son ouvrage Framing Europe, l'analyse systématique par codage de nos entretiens collectifs amène à confirmer que des publics différents ont des structures de perception, et donc d'évaluation, différentes à l'égard de l'intégration européenne. Après avoir remis en cause l'uniformité des attitudes nationales à l'égard de l'Union européenne, le cinquième chapitre démontre que la pluralité de perceptions diffère non seulement d'un pays à l'autre, mais qu'elles peuvent également par ailleurs coexister au sein d'un même contexte national. Dans chacun des pays enquêtés, on observe la même croissance de la catégorie de citoyens n'exprimant ni soutien explicite, ni rejet du processus d'intégration. Dans le cadre de ce dernier chapitre, nous concentrons nos analyses sur les citoyens indécis ou indifférents en différenciant trois visages de non-polarisation : l'ambivalence, la distance et l'extériorité et le fatalisme, lesquels correspondent cependant, dans chacun des trois pays, à des framing différents. En conclusion, l'ensemble de nos résultats nous conduit à interroger la pertinence de l'affirmation selon laquelle la permissivité telle que comprise dans le cadre de la thèse du « consensus permissif » a pris fin avec la ratification du Traité de Maastricht. Nous proposons une interprétation complémentaire, qui souligne que l'acceptation de l'ordre politique européen relève de deux logiques au moins. D'un côté, on assiste parmi les élites, entendues au sens large, tant politiques, qu'économiques, voire tout simplement les citoyens qui portent un intérêt à ce qui se joue dans le champs politique, à une polarisation des opinions marquées par un déclin des opinions favorables et un renforcement des oppositions au processus d'intégration européenne, tendance soulignée et expliquée par le modèle du « dissensus contraignant ». D'un autre côté, on constate un renforcement de l'indifférence et/ou de l'indécision des citoyens profanes en matière politique face à ce même processus. Là où la première logique d'appropriation renvoie à un mode actif de consentement ou de rejet, la seconde relève d'un mode d'acceptation tacite actualisant le modèle du « consensus permissif » dont nous montrons qu'il n'a pas disparu dans l'ère post-Maastricht, même s'il s'est transformé au fil de l'intégration. A cet égard, la légitimité européenne doit être comprise comme étant, à la fois, directe et indirecte, dans un double processus. Elle doit être perçue comme l'extension et/ou la transformation de l'acceptation de l'ordre politique national. L'ensemble de nos résultats invite par conséquent à reconsidérer deux postulats communément perçus comme acquis, à savoir non seulement que l'Union européenne serait devenu un enjeu saillant pour les citoyens, mais aussi que les opinions publiques européennes se seraient polarisées. Plus généralement, la conclusion de cette thèse invite à aborder la question de l'acceptation d'un changement dans l'ordre politique en s'intéressant non seulement au degré de soutien des citoyens au système politique européen et au type de soutien exprimé, mais également à son intensité. Si le contraste entre les périodes pré et post-Maastricht en termes de croissance concomitante des compétences de l'Union européenne et de publicisation des enjeux européens n'est pas remis en cause, la lecture basée sur le diptyque consensus permissif / euroscepticisme semble incomplète sinon erronée. En soulignant la complexité des dynamiques de politisation, cette thèse amène à relativiser la rupture du « consensus permissif » des citoyens. Ainsi, il n'est pas évident que l' « humeur populaire » à l'égard de l'Europe et le niveau de dissensus des élites se répondent en miroir . La politisation des enjeux européens ne menant pas nécessairement à une polarisation des opinions des citoyens, nous soutenons qu'il convient d'intégrer l'indifférence dans toute réflexion portant sur la légitimité du processus d'intégration européenne. ; (POL 3) -- UCL, 2010
Drawing on the current debates, both political and academic, this doctoral research deals with the political legitimacy of European integration. Although political legitimacy is not a new concept in political science, it has attracted increased attention over the last two decades in the context of reflections on democracy, governance and the "crisis" of legitimacy at the European level, the sphere on which this research is founded. This thesis takes a sociopolitical approach to legitimacy, beyond any normative considerations. More specifically, it focuses on legitimacy understood as the acceptance of a changing political order by ordinary citizens, this acceptance being more or less conscious and active. The specificity of this approach lies in addressing this problem in all its complexity, analyzing both its latent and its manifest aspects. As a result, it contributes to the study of the processes of acceptance and/or resistance to the current process of European integration and its possible or desirable politicization. More precisely it is focused on the indifference of ordinary citizens to this process. Indeed the politicization of the European political order is at the heart of many academic debates and as a result a better understanding of this indifference is essential. Ameliorating our understanding of the lack of salience of European issues for a growing part of the public is the fundamental task tackled in this thesis. Beginning with a critical review of the literature on European legitimacy that underlines some of its weak points, the first chapter of this thesis provides a synthesis of the different theoretical models of legitimation that have been used in the course of European construction. The presentation of these different models provides the backdrop against which we are able to understand how citizens' attitudes towards European integration have been analyzed in the existing literature. This first chapter demonstrates how the citizen, from being a simple spectator, has been constructed as a key actor in the processes legitimizing European integration. Mobilizing a new longitudinal analysis of Eurobarometer data, the results of the second chapter lead us to conclude that the principal limitation of the way the notion of support is used in the literature is its over-reliance on a one-dimensional understanding of citizens' attitudes towards European integration. Contrary to this, we defend the idea that these attitudes are much more complex. The evolution of the post-Maastricht period cannot simply be reduced to an increase in "euroscepticism", particularly amongst lower socio-economic groups. This chapter concludes that it is necessary to take into account indifferent or undecided citizens to fully comprehend the question of the legitimacy of European integration, in all its components. The non-polarization of a significant number of citizens is indeed an overwhelming phenomenon. However, the study of this non-polarized category of citizens is not without posing substantial methodological problems. The third chapter thus deals with the issues surrounding the choice of methodology for the analysis of ordinary citizens' lack of polarization. With the goal of contributing to the renewal of research on citizens' attitudes towards European integration, we chose to put into place a methodology that is both qualitative and exploratory, whilst continuing with efforts to quantify the different processes observed, along the lines of existing European studies. This research therefore adopts a triangulation strategy that commonly comes under the term of mixed-methods. In this chapter we outline the reasons for our choice of focus groups as a research tool and set out our comparative research design in detail. 24 focus groups were conducted in the context of the research project Citizens Talking About Europe in (francophone) Belgium, in France, and in Great Britain. The additional perspective gained by the use of focus groups in three countries leads us in the fourth chapter to refute the underlying premise of the "constraining dissensus", already visible in the model of the "permissive consensus": the premise of the uniformity of national attitudes towards European integration. Building on the work of Juan Diez Medrano, in his book Framing Europe, the systematic coding analysis of our collective interviews leads us to confirm that different groups have different structures of perception and therefore of evaluation of European integration. Having radically questioned the uniformity of national attitudes towards the European Union, the fifth chapter demonstrates that the plurality of perceptions not only differs from one country to another but also within a given national context. In each of the three countries we studied, we observed the same increase in the number of citizens who expressed neither explicit support nor rejection of integration. In this chapter we focus our analysis on these undecided or indifferent citizens, distinguishing three forms of non-polarization: ambivalence, distance and exteriority, and fatalism. These three forms correspond to different framings in three different national categories however. In conclusion, our overall results lead us to interrogate the relevance of the affirmation according to which the permissiveness as understood in the thesis of the "permissive consensus" ended with the ratification of the Maastricht Treaty. We propose an alternative interpretation, which argues that the acceptance of a European political order stems from at least two rationales. On one hand, amongst the elites (understood in a broad sense as political or economic or even simply citizens interested in the political sphere) we observe a polarization of opinion characterized by a decline in support and a reinforcement of opposition to the processes of European integration. This tendency is emphasized and explained by the model of "constraining dissensus". On the other hand, we observe the reinforcement of indifference and/or indecision amongst ordinary citizens not expert in political matters, faced with this same process. The first rational of appropriation is linked to an active form of contentment or rejection, whereas the second demonstrates a mode of tacit acceptance, illustrating that the "permissive consensus" has not disappeared in the post-Maastricht era, although it has been transformed over the course of the integration process. In this respect, European legitimacy must be understood as both direct and indirect: as a double process. It must be seen as the extension and/or transformation of the acceptance of the national political order. Our results therefore suggest that we reconsider two commonly accepted premises, firstly that the European Union has become a salient issue for citizens and secondly that European public opinion has become polarized on the question of Europe. More generally, the conclusion of this thesis invites us to question the acceptance of change in the political order by investigating not only the degree of support citizens have for the European political system and the type of support they express, but also at the intensity of this support. Although the contrast between the pre- and post- Maastricht periods in terms of the parallel growth of the competences of the European Union and the publicity around European issues is not called into question, an interpretation based on the binary permissive consensus/euroscepticism appears incomplete if not erroneous. In emphasizing the complexity of the dynamics of politicization, this thesis suggests that the alleged break in the "permissive consensus" amongst citizens needs to be put into perspective. Thus, it is not clear that the "popular mood" towards Europe is the mirror image of the level of dissensus amongst elites . The politicization of European issues does not necessarily lead to the polarization of citizens opinions; we argue here that it is necessary to incorporate the notion and the role of indifference into any reflection on the legitimacy of the European integration process. ; Partant des débats actuels, à la fois scientifiques et politiques, cette recherche doctorale aborde la question de la légitimité politique dans le cas de l'intégration européenne. Si la légitimité politique n'est pas un concept nouveau de la science politique, cette notion a connu un regain d'intérêt au cours des deux dernières décennies dans le cadre de réflexions sur la démocratie, la gouvernance ou encore la 'crise' de légitimité au niveau européen, échelon sur lequel se concentre notre travail. Notre thèse repose sur une approche sociopolitique de la légitimité, étudiée en dehors de considérations normatives. Nous nous intéressons plus exactement à la légitimité comprise comme l'acceptation par les citoyens ordinaires d'un ordre politique en changement, cette acceptation pouvant être plus ou moins consciente et active. La particularité de notre approche réside dans le fait que nous nous sommes efforcées de cerner cette problématique dans toute sa complexité analysant autant ses aspects actifs que latents. Par conséquent, elle contribue à l'étude actuelle des processus d'acceptation et/ou de résistance à l'égard du processus en cours et à sa possible ou souhaitable politisation. Elle se concentre plus précisément sur l'indifférence des citoyens ordinaires. En effet, la politisation de l'ordre politique européen est au centre de nombre de questionnements académiques. Dès lors, comprendre l'absence de saillance des enjeux européens au sein d'une part grandissante de l'opinion publique revêt un caractère essentiel, tâche à laquelle cette thèse s'est attelée. Partant d'une revue de la littérature sur la légitimité européenne destinée à souligner certains de ses points faibles, la thèse propose dans un premier chapitre une synthèse des différents modèles théoriques et de légitimation qui ont été utilisés au fil de la construction européenne. La présentation de ces différents modèles sert de « toile de fond » pour comprendre comment les attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne ont été analysées. Ce premier chapitre montre comment, de simple spectateur, le citoyen a été construit comme un acteur clé du processus de légitimation de l'intégration européenne. Grâce à une nouvelle analyse longitudinale des données Eurobaromètres, les résultats du deuxième chapitre amènent à conclure que la principale limite des utilisations faites de la notion de soutien est de reposer sur une acception unidimensionnelle des attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne. Nous défendons au contraire l'idée que ces attitudes recèlent une plus grande complexité. L'évolution dans la période post-Maastricht ne peut être résumée par une augmentation de l' « euroscepticisme », en particulier parmi les catégories sociales les plus populaires. Ce chapitre conclut à la nécessité de prendre en compte la catégorie des citoyens indifférents ou indécis pour saisir la question de la légitimité de l'intégration européenne dans toutes ses composantes. La non-polarisation d'une part importante des citoyens est en effet un phénomène massif. Cependant, étudier cette catégorie non-polarisée de citoyens n'est pas sans poser des problèmes méthodologiques importants. Le troisième chapitre aborde la question des méthodes retenues en vue d'analyser la non-polarisation des citoyens ordinaires. Désirant contribuer au renouvellement des études des attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne, nous avons choisi de mettre en œuvre une méthodologie qualitative et exploratoire, tout en prolongeant l'effort de quantification des processus observés, dans le droit fil des études européennes. Notre travail adopte donc une stratégie de triangulation, qu'on désigne couramment sous le terme de mixed-methods. Nous justifions dans ce chapitre du choix de recourir au focus group comme outil d'enquête et détaillons notre design de recherche comparatif. 24 focus groups ont été réalisés dans le cadre du projet de recherche Citizens Talking About Europe en Belgique (francophone), en France et en Grande-Bretagne. Ils permettent d'appréhender dans toutes leurs composantes les rapports des citoyens ordinaires à l'intégration européenne. Le regard complémentaire porté grâce à l'utilisation de focus groups réalisés dans ces trois pays nous amène dans le quatrième chapitre à réfuter le postulat, sous-jacent à la thèse du « dissensus contraignant », déjà présent dans le modèle du « consensus permissif », d'une uniformité des attitudes nationales à l'égard de l'intégration européenne. Inspirée des avancées réalisées par Juan Diez Medrano dans son ouvrage Framing Europe, l'analyse systématique par codage de nos entretiens collectifs amène à confirmer que des publics différents ont des structures de perception, et donc d'évaluation, différentes à l'égard de l'intégration européenne. Après avoir remis en cause l'uniformité des attitudes nationales à l'égard de l'Union européenne, le cinquième chapitre démontre que la pluralité de perceptions diffère non seulement d'un pays à l'autre, mais qu'elles peuvent également par ailleurs coexister au sein d'un même contexte national. Dans chacun des pays enquêtés, on observe la même croissance de la catégorie de citoyens n'exprimant ni soutien explicite, ni rejet du processus d'intégration. Dans le cadre de ce dernier chapitre, nous concentrons nos analyses sur les citoyens indécis ou indifférents en différenciant trois visages de non-polarisation : l'ambivalence, la distance et l'extériorité et le fatalisme, lesquels correspondent cependant, dans chacun des trois pays, à des framing différents. En conclusion, l'ensemble de nos résultats nous conduit à interroger la pertinence de l'affirmation selon laquelle la permissivité telle que comprise dans le cadre de la thèse du « consensus permissif » a pris fin avec la ratification du Traité de Maastricht. Nous proposons une interprétation complémentaire, qui souligne que l'acceptation de l'ordre politique européen relève de deux logiques au moins. D'un côté, on assiste parmi les élites, entendues au sens large, tant politiques, qu'économiques, voire tout simplement les citoyens qui portent un intérêt à ce qui se joue dans le champs politique, à une polarisation des opinions marquées par un déclin des opinions favorables et un renforcement des oppositions au processus d'intégration européenne, tendance soulignée et expliquée par le modèle du « dissensus contraignant ». D'un autre côté, on constate un renforcement de l'indifférence et/ou de l'indécision des citoyens profanes en matière politique face à ce même processus. Là où la première logique d'appropriation renvoie à un mode actif de consentement ou de rejet, la seconde relève d'un mode d'acceptation tacite actualisant le modèle du « consensus permissif » dont nous montrons qu'il n'a pas disparu dans l'ère post-Maastricht, même s'il s'est transformé au fil de l'intégration. A cet égard, la légitimité européenne doit être comprise comme étant, à la fois, directe et indirecte, dans un double processus. Elle doit être perçue comme l'extension et/ou la transformation de l'acceptation de l'ordre politique national. L'ensemble de nos résultats invite par conséquent à reconsidérer deux postulats communément perçus comme acquis, à savoir non seulement que l'Union européenne serait devenu un enjeu saillant pour les citoyens, mais aussi que les opinions publiques européennes se seraient polarisées. Plus généralement, la conclusion de cette thèse invite à aborder la question de l'acceptation d'un changement dans l'ordre politique en s'intéressant non seulement au degré de soutien des citoyens au système politique européen et au type de soutien exprimé, mais également à son intensité. Si le contraste entre les périodes pré et post-Maastricht en termes de croissance concomitante des compétences de l'Union européenne et de publicisation des enjeux européens n'est pas remis en cause, la lecture basée sur le diptyque consensus permissif / euroscepticisme semble incomplète sinon erronée. En soulignant la complexité des dynamiques de politisation, cette thèse amène à relativiser la rupture du « consensus permissif » des citoyens. Ainsi, il n'est pas évident que l' « humeur populaire » à l'égard de l'Europe et le niveau de dissensus des élites se répondent en miroir . La politisation des enjeux européens ne menant pas nécessairement à une polarisation des opinions des citoyens, nous soutenons qu'il convient d'intégrer l'indifférence dans toute réflexion portant sur la légitimité du processus d'intégration européenne. ; (POL 3) -- UCL, 2010
Le Sénégal se situe à l'extrême ouest du continent africain entre 12 ° 20' et 16 ° 40'de latitude Nord et 11° 20' et 17° 30' de longitude Ouest. Il est à cheval sur le domaine sahélien au nord, soudanien au centre, et sub-guinéen au sud avec à l'ouest une côte maritime longue de plus de 700 km. Cette situation détermine des conditions favorables à une diversification des écosystèmes et des espèces. Au plan écologique, le pays est subdivisé en six zones éco géographiques et présente quatre grands types d'écosystèmes : des écosystèmes terrestres, des écosystèmes fluviaux et lacustres, des écosystèmes marins et côtiers et des écosystèmes dits particuliers. En plus de cette diversité écosystémique, le Sénégal présente une richesse spécifique importante avec plus de 3500 espèces végétales et 4330 espèces animales. Parmi ces espèces végétales, 33 seraient endémiques du Sénégal. Les espèces animales considérées comme endémiques appartiennent à la classe des poissons et sont présentes dans les eaux douces ou saumâtres. La plupart des écosystèmes connaissent une dégradation importante et plusieurs espèces sont menacées. En effet, la superficie des forêts a connu une diminution sensible en passant de 9 203 153 ha en 1990 à 8 558 153 ha en 2005, soit environ une baisse de 7 %. Cette dynamique régressive s'accompagne également d'une diminution des espèces. Dans le Parc National du Niokolo Koba, on note une baisse d'environ 25% des espèces végétales. De même, certaines espèces animales comme le Damalisque et la Girafe ont disparu de cette zone depuis le début du vingtième siècle. L'Eléphant et l'Eland de Derby y sont devenus rares. Les superficies des savanes boisées sont passées de 5 300 876 ha à 5 100 876 ha soit environ une baisse de 6 %. Dans les écosystèmes fluviaux et lacustres, les milieux saumâtres sont en régression au profit des zones salées. Les écosystèmes côtiers, estuariens et marins sont aussi affectés par la dégradation. Dans le Delta du Saloum, les mangroves et la végétation des îles sableuses ont connu une régression estimée à plus de 25% entre Foundiougne et Kaolack. Dans la zone des Niayes, la réserve botanique de Noflaye a perdu 212 espèces entre 1957 et 1992. La diversité biologique joue un rôle très important. Elle est utilisée dans divers domaines tels que l'alimentation, la médecine, l'industrie et l'énergie. Ces diverses formes d'utilisation interagissent avec d'autres facteurs anthropiques de dégradation que sont les feux de brousse,le surpâturage, la pression agricole, la fragmentation et la destruction des habitats, la pauvreté, les pollutions…). Les feux de brousse affectent presque tous les sites de haute densité de biodiversité. A ces facteurs s'ajoutent le déficit pluviométrique, l'érosion et la salinisation. Cette péjoration climatique s'est traduite par une translation des isohyètes vers le sud d'environ 100 Km. Actuellement, quatre des six zones éco géographiques sont touchées par la salinisation qui affecte environ 1 231 100 ha. Les conséquences liées à la perte de biodiversité sont nombreuses et affectent l'environnement biophysique et les conditions de vie des populations. Cette perte a engendré une modification de la composition floristique, de la structure de la végétation et une diminution de la disponibilité en ressources biologiques. En effet, les feux et l'exploitation ont entrainé la destruction d'espèces de valeur telles que Pterocarpus erinaceus, Cordyla pinnata, Prosopis africana au profit d'autres espèces (Combretum glutinosum, Terminalia macroptera). La dégradation des ressources biologiques a entraîné des difficultés d'approvisionnement en combustibles domestiques surtout dans les zones qui n'ont pas accès à des sources d'énergie alternatives. L'érosion de la biodiversité entraîne également la baisse des revenus tirés de l'exploitation des ressources forestières et accroît en même temps la pauvreté des populations rurales. L'érosion de la biodiversité a entraîné des modifications dans les systèmes de production. En effet, la pratique de pêche quotidienne est de plus en plus abandonnée au profit de la pêche à long séjour. Dans le secteur de l'élevage, la raréfaction des ressources fourragères des régions Nord a engendré des déplacements saisonniers du cheptel vers le Sud. Dans les Niayes, la perte de biodiversité a fortement affecté les activités maraichères. La perte de biodiversité constitue ainsi un obstacle sérieux à la lutte contre la pauvreté qui explique d'ailleurs dans une large mesure la surexploitation des ressources naturelles. Dans le chapitre II, le rapport fait le point sur l'état d'avancement de la mise en œuvre de la Stratégie et le Plan National d'Actions pour la conservation de la biodiversité. Le Sénégal a élaboré une SPNAB autour de quatre objectifs stratégiques majeurs que sont la conservation de la biodiversité dans les sites de haute densité, l'intégration de la conservation de la biodiversité dans les programmes et activités de production, le partage équitable des rôles, responsabilités et bénéfices dans la conservation de la biodiversité, l'information et la sensibilisation sur l'importance de la biodiversité et la nécessité de sa conservation.Pour atteindre ces objectifs, des options stratégiques ont été définies par rapport aux problèmes globaux des différents écosystèmes et aux problèmes spécifiques pour chaque site de haute densité de biodiversité. Ces options se sont traduites par des actions prioritaires dont certaines ont été exécutées dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie. Malgré le faible niveau d'exécution des actions prioritaires définies dans la SPNAB, le Sénégal a atteint des résultats non négligeables en matière de conservation des écosystèmes. L'objectif national qui était de 12% a été largement dépassé. Les résultats portent essentiellement sur la création d'une nouvelle génération de réserves (Aire Marine Protégée, Réserve Naturelle Communautaire, Réserve Communautaire de Biodiversité, Unité Pastorale…), le renforcement des capacités de gestion des aires protégées, l'élaboration et la mise en œuvre de plans d'aménagement et de gestion participatifs. Ces résultats sont l'œuvre de divers acteurs (Etat, populations, société civile, ONG, associations diverses…). Cependant, beaucoup reste à faire en termes de vulgarisation de la SPNAB, d'évaluation de l'impact des résultats obtenus sur la conservation, d'élaboration d'indicateurs au niveau national, de renforcement des capacités, d'intégration des connaissances, innovations et pratiques locales. Malgré les efforts consentis dans la mise en œuvre de la SPNAB, de nombreuses difficultés ont été notées. Elles concernent essentiellement l'insuffisance dans la coordination de la mise en œuvre de la Stratégie, sa faible vulgarisation, l'absence de mécanismes de financement, l'insuffisance des capacités des acteurs, la faible participation des populations dans la mise en œuvre et l'absence de suivi-évaluation de la Stratégie. Ces difficultés ont amené les différents acteurs de la conservation a tiré un certain nombre de leçons notamment la nécessité d'avoir un cadre institutionnel fort, un mécanisme de financement durable, un Centre d'échange d'Informations (CHM) fonctionnel. L'amélioration de la gestion de la biodiversité passe par l'intégration des différents secteurs de développement économique et social. Ainsi, dans le souci d'une prise en compte des préoccupations environnementales dans toutes les politiques sectorielles, le Sénégal a mis sur pied une Commission Nationale pour le Développement Durable. Ainsi, les aspects de conservation et de gestion durable de la diversité biologique sont progressivement intégrés dans les différents secteurs. Dans les secteurs de l'agriculture et de l'élevage, l'un des objectifs majeurs vise la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité. Dans le domaine de l'énergie, de l'industrie et des mines, les grands axes de la nouvelle politique prennent en compte la nécessité d'une gestion durable des ressources naturelles et de l'environnement. Quant au secteur de la pêche, les objectifs globaux portent sur la protection et l'exploitation rationnelle des ressources halieutiques, la protection des habitats et la lutte contre la pollution marine. Dans le secteur du tourisme, la protection de la biodiversité constitue un des objectifs fondamentaux du Plan Stratégique de Développement Touristique et de la Charte Sénégalaise du Tourisme. Malgré les efforts d'intégration notés dans les différents secteurs, des faiblesses persistent dans la prise en compte de la biodiversité. Dans les politiques et stratégies sectorielles, les questions liées à la diversité biologique sont abordées dans le cadre global du secteur de l'environnement. Au niveau juridique, on note un déficit d'harmonisation entre les différents textes notamment les codes (environnement, forestier, minier, chasse, pêche…). Au niveau institutionnel, les problèmes sont liés aux difficultés rencontrées par les différentes structures à prendre en compte le caractère transversal de la biodiversité. Par ailleurs, l'insuffisance de l'information et de la sensibilisation sur l'importance de la biodiversité et la nécessité de sa conservation a été un facteur qui a limité l'intégration de la diversité biologique dans certains secteurs. En conclusion, le rapport souligne que le Sénégal avec l'appui de ses partenaires a consenti de nombreux efforts dans la conservation de la diversité biologique. Cependant, compte tenu des nombreuses difficultés rencontrées et des efforts supplémentaires à fournir, il se dégage un certain nombre de besoins et priorités qui concernent : - La mise en place d'un CHM fonctionnel ; - La mise en place d'un mécanisme de financement durable pour la conservation de la biodiversité ; - Un suivi-évaluation de la SPNAB ; - La mise sur pied d'un comité national fonctionnel sur la biodiversité ; - La réactualisation de la monographie et de la SPNAB ; - Le renforcement des capacités pour une meilleure conservation de la biodiversité ; - L'approfondissement des connaissances sur la biodiversité ; Published ; écosystéme ; biodiversité ; érosion ; aire marine protégée ; convention ; diversité biologique ; surexploitation ; salinité ; pollution ; gestion durable ; changement climatique
Jusqu'en 1993, il était difficile pour les associations de défense de l'environnement d'ester en justice et particulièrement devant les juridictions civiles, à l'effet de protéger les intérêts écologiques collectifs. Ceci en partie à cause de la difficulté pour elles d'établir leur intérêt à agir devant ces juridictions. L'examen de différents textes qui donnent droit à l'exercice d'un tel recours, voire même une jurisprudence abondante conduit au même constat. Quelques exemples : - « Il faut justifier d'une lésion ou d'un intérêt » pour introduire un recours devant cette juridiction. - Devant les tribunaux judiciaires, « l'action ne peut être admise si le demandeur n'a pas qualité et intérêt pour la former » . - Le recours en annulation peut être introduit devant la Cour d'arbitrage, au sens de l'article 2 de la loi spéciale du 6 janvier 1989 régissant celle-ci, par « toute personne physique ou morale justifiant d'un intérêt ». Cet intérêt n'existe que « dans le chef de toute personne dont la situation pourrait être directement ou défavorablement affectée par la norme attaquée ». - L'exercice de l'action civile devant les juridictions répressives n'appartient qu'à celui qui a été directement et personnellement lésé par l'infraction . - « L'intérêt doit être personnel et direct » . - « A moins que la loi n'en dispose autrement, la demande formée par une personne physique ou morale ne peut être admise si le demandeur n'a pas un intérêt personnel et direct, c'est-à-dire un intérêt propre » . En effet, qui a intérêt à agir ? A cette question, François Ost répond : « pour être réparable, le dommage doit […] avoir été encouru par la victime qui s'en prévaut […]. En revanche, tous ceux qui sont seulement intéressés à leur sauvegarde (le promeneur, le citoyen, l'association…) se verront déniés la qualité pour ester en justice pour obtenir la compensation d'un tel préjudice qu'ils ne subissent pas directement […]. Le droit traite des dommages directs et certains, l'écologie présente des préjudices incertains et collectifs » . Cette dernière phrase de François Ost traduit toute la difficulté d'une articulation à ce niveau du droit et de l'environnement, difficulté réelle qui oblige à repenser le système procédural de ce point de vue, pour le faire évoluer. Ce qui ouvrirait les portes d'une légitimation aux mandataires de la nature que sont les associations, les Etats… En réalité, l'enjeu est en même temps grand et complexe. En effet, la faute est le principe qui régit la responsabilité aquilienne, encore appelée « responsabilité extra contractuelle ». Pour que celle-ci soit mise en œuvre, il faut outre un fait générateur de responsabilité, un dommage. Le dommage est l'atteinte à un intérêt patrimonial ou extrapatrimonial d'une victime. Il s'agit aussi, au sens de l'article 2-2 de la directive 2004 sur la responsabilité environnementale, d'une « modification négative mesurable d'une ressource naturelle ou une détérioration mesurable d'un service lié à des ressources naturelles, qui peut survenir de manière directe ou indirecte ». C'est dire que le dommage, pour avoir des chances d'être établi, doit résulter de la lésion d'un intérêt légitime. Il doit pour cela, être certain, direct et personnel. Ce dernier point nous semble particulièrement intéressant à analyser, dès lors qu'il (caractère personnel) limite le droit d'action en justice à la seule personne ayant subi le dommage. Ce critère « individualiste » dessiné par la responsabilité aquilienne contraste d'avec le dommage collectif et pose question. Comment démontrer le caractère « personnel » d'un dommage collectif dans la mesure où les atteintes ici touchent « davantage des intérêts collectifs et n'ont pas de répercussions immédiates et apparentes sur les personnes » ? Ce qui conduit logiquement dans ces conditions, à se poser la question de savoir : qui peut donc avoir intérêt à intenter une action en cessation environnementale en justice ? Dans son arrêt « Eikendael » du 19 novembre 1982 confirmé par un arrêt du 25 octobre 1985 , la Cour de cassation pose de façon implacable le principe selon lequel, l'intérêt général ne constitue pas l'intérêt propre requis pour enclencher une demande en justice. Elle pose ainsi qu'une « personne morale n'a intérêt à faire une action en justice que si cette dernière vise le respect de son existence, de ses biens patrimoniaux, de ses intérêts moraux, à l'exclusion des actions qui ont pour objet de défendre l'objet social en vue duquel ces associations ont été constituées » . Clairement, la Cour suprême dénie aux personnes morales cet intérêt « propre » et par conséquent, exclu du prétoire les actions d'intérêt collectif poursuivies par les ASBL, au motif que toute personne peut « se proposer de poursuivre n'importe quel but » . Pour la Cour, « l'intérêt propre d'une personne ne comprend que ce qui concerne l'existence de la personne morale, ses biens patrimoniaux et ses droits moraux, spécialement son patrimoine, son honneur et sa réputation. Le seul fait qu'une personne morale ou une personne physique poursuit un but, ce but fut-il statutaire, n'entraîne pas la naissance d'un intérêt propre, toute personne pouvant se proposer de poursuivre n'importe quel but ». En réaction à cette « jurisprudence restrictive n'admettant pas l'intérêt des associations de défense de l'environnement à agir devant les juridictions civiles pour la protection d'intérêts écologiques collectifs » d'une part, et d'autre part, soucieux d'organiser « une prévention tendant à éviter l'accomplissement d'actes dommageables, voire irréparables » , le législateur belge essaie d'apporter réponse à cette question à travers la loi du 12 janvier 1993 concernant un droit d'action en matière de protection de l'environnement. Par celle-ci, il réagit et accorde le bénéfice de ce droit aussi bien au Procureur du Roi qui est au demeurant garant de « l'intérêt général de la société » , qu'aux autorités administratives avec en ligne de mire les communes, pas simplement. Il entend ainsi faire référence aux personnes ayant un service public en charge, principalement celles ayant manifestement « pour compétence de veiller au respect de la législation en matière d'environnement » . La loi du 12 janvier 1993 accorde enfin ce droit d'initiative aux ASBL, réunissant certaines conditions de porter toute violation à la législation en matière d'environnement devant le Président du Tribunal de première instance : - Elles doivent avoir dans leur objet social la protection de l'environnement ; - Elles doivent remplir les conditions définies par l'article 2 de la dite loi, c'est-à-dire respecter toutes les prescriptions de la loi du 27 juin 1921 accordant la personnalité civile aux ASBL et aux établissements publics ; - Elles doivent disposer de la personnalité juridique depuis 3 ans au jour de l'intentement de l'action en cessation ; - Elles doivent avoir défini dans les statuts le territoire auquel s'étendent leurs activités. - Elles doivent apporter la preuve par la production des rapports d'activité ou de tout autre document, qu'elles ont une activité réelle et non fictive, conforme à leur objet statutaire et que cette activité concerne l'intérêt collectif de l'environnement qu'elles visent à protéger. Simplement, ce texte de loi de 1993 reste à première vue silencieux sur un point essentiel, en tout cas croyons nous : la possibilité pour le particulier d'utiliser ce dispositif législatif à l'effet d'engager toute action contentieuse en matière d'environnement. C'est ce que soutient mordicus, le Président du Tribunal de Tournai, dans une ordonnance du 5 novembre 1993, affaire Englebin et crts c. Région wallonne et à la société des travaux Galère « … la loi du 12 janvier 1993 a expressément interdit l'exercice de l'action populaire et, par conséquent, le recours à l'article 271 de la loi communale ». C'est aussi l'avis que partage en 2006, Bruno TOBBACK, ci devant ministre fédéral de l'environnement : « Les citoyens sont placés en dehors de son champ d'application » . Cette posture peut être discutée et tout dépendra des arguments que l'on évoquera. Ainsi par exemple, cette posture ministérielle est pertinente si chaque fois qu'une atteinte portée à l'environnement est constatée et que celle-ci emporte de réelles conséquences sur la vie de ses habitants, la commune saisit la justice en cessation environnementale. Par contre, en cas d'inertie de la commune, cette posture ministérielle perd toute sa pertinence puisque dans cette hypothèse, les habitants pourraient exploiter les dispositions très encadrées de l'article 271 de la Nouvelle loi communale pour se substituer à leur commune si celle-ci venait à être en défaut d'agir . C'est ce que pense une partie de la doctrine : Benoît Jadot, J. Van den Berghe, D. Van Gerven… C'est aussi au final une position partagée par la Cour de cassation : « Un ou plusieurs habitants peuvent, à défaut du collège des bourgmestre et échevins, ester en justice au nom de la commune pour défendre les intérêts de celle-ci. Ils peuvent également agir en vue de protéger l'environnement lorsque le collège précité néglige de le faire, bien que la commune soit habilitée à introduire une action en cessation à cette fin ou dans le but d'empêcher les dommages à l'environnement sur son territoire, pour autant que la protection de cet aspect de l'environnement de ses compétences et qu'elle soit réputée avoir un intérêt à cet égard (art. 271, par. 1er Nouvelle loi communale ; art 1er, al. 1er loi 12 janvier 1993 concernant un droit d'action en matière de protection de l'environnement). » Position qui a été confirmée par la Cour constitutionnelle : « B.6.1. La circonstance que la commune a elle-même accordé un permis ou rendu un avis favorable ne l'empêche pas d'introduire, par application de l'article 1er de la loi du 12 janvier 1993, une action en cessation d'un acte réalisé en exécution de ce permis, même si cet acte est conforme à cette autorisation. B.6.2. En effet, l'article 159 de la Constitution n'empêche pas une autorité administrative d'invoquer l'illégalité d'une décision qu'elle a elle-même prise. Le Président du Tribunal de première instance peut, dans le cadre d'une procédure en cessation, être ainsi amené à examiner, sur la base de l'article 159 de la Constitution, la validité de l'autorisation, parce que la cessation d'un acte autorisé est demandée, même lorsque cette autorisation a été délivrée par la commune elle-même ou est conforme à un avis favorable qu'elle a rendu. B.6.3. On ne saurait en outre alléguer que la commune n'a aucun intérêt à semblable action, étant donné qu'une commune qui a introduit une action en cessation sur la base de l'article 1er de la loi du 12 janvier 1993 en vue de protéger l'environnement ou d'empêcher une menace grave pour l'environnement sur son territoire est réputé avoir un intérêt (Cass., 14 février 2002, ibid.). En conséquence, la commune ne doit pas justifier d'un intérêt propre au sens de l'article 17 du code judiciaire. Son droit d'action découle directement de la loi du 12 janvier 1993 (conclusions du ministère public précédant l'arrêt précité). B.6.4. Un habitant peut donc introduire l'action en cessation au nom de la commune, même si l'acte litigieux est conforme à l'autorisation ou à l'avis favorable de la commune » . De ce qui précède, nous sommes tentés de dire que l'article 271, al 1er de la Nouvelle loi communale « parait » clair : « un ou plusieurs habitants peuvent, au défaut du collège des bourgmestre et échevins, ester en justice au nom de la commune ». L'utilisation du conditionnel nous paraît judicieuse dans la mesure où la lecture de ce texte est plus complexe et n'astreint à la vérité l'habitant désireux d'enclencher une telle procédure qu'à la réunion de conditions très strictes. Par exemple, ne pourra t-il se fonder ni sur son intérêt, ni sur son droit propre. Il se doit d'agir au nom de la commune, surtout pour la défense des intérêts dont cette commune a la charge. Autrement dit, et le résume bien Benoît Jadot, « toute personne est habilitée à introduire en justice les actions que la commune peut intenter elle-même sans devoir justifier d'une autre qualité que celle des habitants de la commune » . Vu sous cet angle, on peut bien se demander s'il y a eu une avancée. Le doute est permis. En effet, cette institution avait déjà été expliquée par le ministre de l'Intérieur en 1936 : « il faut prévoir le cas où un conseil communal refuserait de plaider, laisserait faire des usurpations au préjudice de certains habitants et où ces habitants demanderaient à intenter le procès à leurs frais, et au nom de la commune ». Il reste néanmoins une constante, c'est que par le détour de l'article 271 de la NLC, le citoyen peut saisir le Président du Tribunal de première instance au nom de sa commune à l'effet de solliciter l'application de la loi du 12 janvier 1993 concernant un droit d'action en matière de protection de l'environnement. Nombreuses sont les références jurisprudentielles qui nous renseignent sur ce point. Pour cela, et nous le soulignions plus haut, le particulier devrait : - Justifier au regard du texte précité que la commune a été défaillante. Le motif de cette défaillance importe peu dans une pareille circonstance, qu'il s'agisse de son ignorance ou d'une certaine indifférence de la commune ; - Justifier de ce que l'intérêt au nom duquel il agit relève bien de la compétence communale ; - Justifier du dépôt d'une caution. Par celle-ci, il s'engage naturellement à répondre des frais de procédure et des conséquences de son action. En cas de perte du procès, la charge des frais lui incomberait ainsi que les conséquences de la condamnation ; - S'il réside dans la zone de Bruxelles capitale, subordonner son action à l'autorisation de la députation permanente du gouvernement régional. Celle-ci vérifie si la caution a été suffisante. A la suite de cet état des lieux que nous venons de présenter, notre hypothèse de recherche se dégage par elle-même : Le particulier ne bénéficie de l'opportunité d'enclencher une procédure à la lumière de la loi du 12 janvier 1993 concernant un droit d'action en matière de protection de l'environnement que de façon indirecte. Et cette opportunité ne lui a pas été expressément reconnue par le législateur de 1993. Ce qui tout de même limite à priori son droit dans le cadre de l'action en cessation. De ce point de vue, il apparaît bel et bien comme le parent pauvre de cette loi.
Où va la France ? : cette question, liée aux concepts de déclin et de décadence, traverse l'histoire sans jamais se démoder et s'avère toujours d'une brûlante actualité. Par ailleurs, elle sous-tendait déjà notre mémoire de licence, consacré à la période du Front populaire. Les débats passionnés de l'époque nous ont amenée à nous interroger sur l'après-Libération. Comment la France s'est-elle relevée de son effondrement rapide du printemps 1940 et, plus largement, du traumatisme que fut le second conflit mondial ? Quelle place, quel rôle, quelle mission lui accorde-t-on encore et accepte-t-elle d'assumer au sortir de celui-ci, dans un monde en pleine recomposition, entre guerre froide, érosion des Empires et début de la construction européenne ? Cette notion de rôle ou de mission s'applique à la France mieux qu'à toute autre nation. La France dite « éternelle », c'est-à-dire celle qui allie l'héritage royal aux grands principes de la Révolution qu'elle veut universels, joue en effet un rôle particulier dans l'imaginaire collectif, parce qu'elle est stratégiquement, historiquement et culturellement au cœur de l'Europe et parce qu'elle est traditionnellement considérée comme la représentante par excellence de la civilisation européenne. À travers le destin de la France, c'est le devenir d'une certaine tradition, de certaines valeurs et d'un certain mode de vie qui est en jeu. L'axe de réflexion que nous avons privilégié, dans le sillage de plusieurs publications dirigées par les historiens français Robert Frank et René Girault, est le concept de puissance, qui mesure la capacité d'un pays à imposer sa volonté aux autres ou à les influencer et qui, d'autre part, évalue le degré d'indépendance d'un Etat sur la scène mondiale. A la Libération, la France peut-elle encore être considérée comme une grande puissance ou a-t-elle perdu ce statut et, dans ce cas, a-t-elle intégré cette évolution dans ses schémas de pensée ? Plus concrètement, il s'agit de savoir dans quelle mesure et par quels moyens la France a pu préserver sa souveraineté et son rang, pour employer un terme très « gaullien ». Débordant largement la sphère politico-militaire, cette entreprise induit de fortes implications culturelles, tant il est vrai que Paris a souvent voulu compenser sur ce plan les faiblesses qu'elle ne pouvait ni cacher, ni surmonter sur d'autres. Il en découle une autre question fondamentale : la France reste-t-elle une puissance disposant, au surplus, d'une aura culturelle ou n'est-elle plus qu'une puissance culturelle ? D'autre part, cette aura est-elle prospective ou s'avère-t-elle passéiste et limitée à la préservation d'un héritage ? Ceci posé, il importait de déterminer un observateur. Parce qu'ils entretiennent avec la France un rapport particulier et ambigu, parce qu'ils sont à la fois semblables et différents, les francophones de Belgique, Wallons et Bruxellois, nous sont apparus comme un groupe cohérent et pertinent. Ils partagent avec les Français la même langue, la même culture et la même angoisse face à l'Est. Cependant, ils font partie d'un autre Etat et ressortissent à une autre histoire – si l'on excepte les années 1795 à 1815. Leur rapport à la France est donc unique, oscillant entre amour et déception, entre la proclamation d'une parenté spirituelle ou, selon certains, « ethnique » et le souci d'affirmer une identité propre. Par ailleurs, la période 1944-1951 voit, pour la première fois, le mouvement wallon se montrer plus actif et revendicatif que le mouvement flamand, qui a beaucoup gagné avant-guerre, qui se réjouit de la mise sur pied du Benelux mais qui, sur fond d'épuration, doit opérer une courbe rentrante. Si seuls les Wallons les plus radicaux réclament le fédéralisme, l'indépendance ou le rattachement à la France, l'immense majorité d'entre eux font entendre leurs craintes d'étouffement culturel, politique, économique et démographique. Ils sont rejoints en cela par les Bruxellois qui, eux aussi, prennent peur face à la loi du nombre. Enfin, dernier élément méthodologique, il nous a semblé essentiel d'envisager à la fois l'image de la France telle qu'elle a été perçue par les Belges francophones mais également telle qu'elle a été construite par la France elle-même à l'usage de ces voisins particuliers. En effet, si l'opinion est reflet, il est clair que celui-ci peut être façonné ou modifié de l'extérieur. Nous avons donc prêté attention à l'action culturelle de la France, à sa propagande, c'est-à-dire aux tentatives menées par la France officielle – le Quai d'Orsay, l'ambassade à Bruxelles et les divers consulats – pour infléchir son image dans un sens plus favorable ou pour construire une image différente d'elle-même, répondant davantage aux priorités politiques et culturelles définies à Paris. Les sources pour ce qui s'avère avant tout une étude d'opinion sont diverses. Face à la relative indigence, pour la période, des sondages et des études statistiques, nous avons privilégié les témoignages individuels, français et belges, sous forme de souvenirs, discours, brochures, essais, romans, papiers inédits, les sources diplomatiques françaises, belges et britanniques, riches d'observations et de renseignements sur les relations franco-belges, mais aussi et surtout la presse quotidienne et périodique (journaux, revues, illustrés) publiée à Bruxelles et dans les diverses provinces wallonnes. A la fois mine d'or et meule de foin, la presse a ses évidentes limites – nous y consacrons d'ailleurs un chapitre – mais reste incontournable pour les années 1945-1950, qui précèdent l'avènement de la télévision et vivent sous le régime de l'INR, radio d'Etat. Nous l'avons interrogée sur une variété de thèmes permettant d'évaluer la puissance française globale : la politique intérieure française, dans ses aspects institutionnels, sociaux et économiques, la politique étrangère, dans ses aspects diplomatiques et militaires, les questions liées à l'Outremer au sens large, mais aussi la vie culturelle – cinéma, littérature, arts plastiques – et, bien sûr, les relations franco-belges proprement dites, alors parasitées par des préjugés devenus traditionnels, par certaines frictions économiques, par l'omniprésente question royale et par le rôle, souvent fantasmé, de la France dans ce que l'on n'appelle pas encore le conflit communautaire. Quelles sont nos principales conclusions ? Tout d'abord, on notera la succession de deux périodes bien distinctes : les premiers mois de l'après-guerre, ère de glorification du miracle français et de la France nouvelle, laissent place, dès le second semestre de 1945, à la désillusion. La première époque correspond à une profonde adhésion des Belges francophones à la thèse officielle diffusée par le général de Gaulle et son gouvernement : non, la France n'a pas trahi car Vichy ne l'a jamais incarnée ; oui, on peut et on doit plus que jamais l'admirer pour sa résistance héroïque, qui rachète l'écroulement de 1940, et pour son profond désir de réformes politiques, économiques et sociales. En Wallonie et à Bruxelles, où l'on a souvent douté de la France durant l'occupation, chacun se trouve désormais de bonnes raisons de louer la France nouvelle et nombreux sont ceux, surtout à gauche, qui la comparent avantageusement à une Belgique prétendument sclérosée : n'a-t-elle pas la chance d'avoir un chef charismatique, de Gaulle, mais aussi une nuée d'hommes nouveaux, jeunes, dynamiques, issus de la Résistance et – ce qui plaît à droite – souvent élevés dans le sérail chrétien ? En réalité, cette France nouvelle rassure la Belgique francophone parce que celle-ci veut croire encore à un possible retour de l'ordre international classique. Certes, dans les grandes conférences – Yalta, San Francisco, Potsdam –, la France est absente ou minorisée, ce que d'aucuns, d'ailleurs, comprennent ou justifient, mais on se persuade qu'à moyen terme, elle reprendra une place de choix, d'arbitre peut-être, sur la scène mondiale. Toutefois, les mois passant, ce scénario devient de moins en moins crédible. Alors que la Belgique, bonne élève de l'Europe et enfant chérie des Anglo-Saxons, se redresse avec calme et méthode malgré la question royale, la France paraît, au contraire, patauger. Le nouveau régime qu'elle s'est donné ne satisfait réellement personne, la coalition au pouvoir – tripartisme puis Troisième Force – ne parvient nullement à assurer la stabilité de l'Exécutif, l'inflation est galopante, le rationnement reste strict, les grèves, insurrectionnelles ou non, se multiplient, et, jusqu'en 1947-48, certains redoutent une bolchevisation du pays. Bien plus, le malaise de la France, entre rébellion, apathie et nihilisme, semble se répercuter sur l'art contemporain : la littérature, la peinture, le cinéma français créent la polémique et divisent, selon des lignes de partage qui ne recoupent d'ailleurs pas les clivages traditionnels. La politique internationale de Paris, quant à elle, déroute : elle apparaît velléitaire, rigide voire impérialiste alors qu'elle devrait être souple et évolutive. Bref, dans leur grande majorité, les Belges francophones hésitent entre pitié et condescendance, colère et inquiétude. Rares sont les voix discordantes, souvent issues des milieux wallingants ou de sphères idéologiques soucieuses d'épauler leurs homologues françaises au pouvoir. La France est donc perçue par beaucoup comme l'homme malade de l'Europe, dont on craint la contagion. Et le Belge se prend à développer vis-à-vis du Français, incorrigible chauvin à ses yeux, un inhabituel complexe de supériorité. C'est l'époque où le riche touriste belge parade outre-Quiévrain au volant de sa « belle américaine » et s'offre, dans un pays convalescent, le luxe que lui permet son franc fort. C'est l'époque aussi où les plus unitaristes usent de l'état de la France comme d'un répulsif : pourquoi voudrait-on se rattacher à un pays manifestement en déclin ? Revers de l'universalité qu'elle prétend incarner, la France doit, en fait, rendre des comptes non seulement à son propre peuple mais aussi aux peuples voisins, à commencer par ceux qui partagent sa langue et vivent son évolution presque par procuration. Or, et c'est son drame, quel que soit le geste posé, elle se heurte à l'insatisfaction sinon à l'opposition d'une partie des observateurs. Et selon les faits et les moments, l'identité de ses adversaires et de ses défenseurs varie : l'image de la France est, par conséquent, profondément et perpétuellement brouillée et paradoxale. Mais, si paradoxe il y a, n'est-il pas également entretenu par la France elle-même ? L'image qu'elle construit par son action culturelle est, en effet, tout aussi ambivalente. Après avoir travaillé, en 1944-1945, à renouer des liens matériellement et intellectuellement distendus par la guerre et à reconquérir en Belgique un terrain naguère acquis, Paris va chercher à concilier deux exigences presque contradictoires : d'une part, rester fidèle à l'image traditionnelle qui fait de la France le temple des valeurs humanistes, du raffinement et de la douceur de vivre, bref être cette France éternelle, dépositaire d'un passé, et, d'autre part, démontrer son dynamisme, sa modernité au moment où la technique prend le dessus et devient la valeur de référence. La grande inquiétude réside dans la concurrence de plus en plus forte qu'il faut désormais affronter sur le plan culturel, en Flandre comme en Belgique francophone : on citera l'omniprésence du cinéma hollywoodien, le succès croissant du roman anglo-saxon et, en peinture, le déclin de l'École de Paris au profit de New York. Cette concurrence accrue et les restrictions budgétaires amènent la France à recentrer son action culturelle. Au grand dam des plus wallingants, elle mise avant tout sur la Flandre pour des raisons stratégiques : démographiquement, politiquement et économiquement, celle-ci représente l'avenir et l'on veut y sauver ce qui peut encore l'être pour la langue française. Les francophones ne sont pas délaissés mais on estime qu'ils sont capables, structurellement et financièrement, de défendre eux-mêmes une culture qui est aussi la leur. Toutefois, cette vision est peut-être trop optimiste. En effet, le Belge francophone de 1945 peine manifestement à définir ce qu'il attend de la France, preuve d'un déficit de visibilité. Notre analyse est que, pour l'individu lambda, la France s'identifie alors avant tout à une sorte de « paradis intemporel » ou de référent éthéré. Il ne faudrait pas pour autant en déduire qu'on la considère uniquement comme une puissance culturelle au sens large. En effet, les missions qu'on lui prête restent nombreuses et plus vastes : on veut qu'elle soit un garde-fou solide face à l'Allemagne, on veut aussi qu'elle prenne la tête de l'Europe en construction, on voudrait enfin qu'elle résiste à des Anglo-Saxons perçus comme trop matérialistes et pragmatiques. Mais, on estime que l'apport principal de la France au monde réside dans sa vocation éducatrice et civilisatrice ainsi que dans l'universalité de son message. Par ailleurs, il existe bien, dans le discours belge, une corrélation entre l'état de la puissance française, réelle ou supposée, et l'intensité avec laquelle on invoque le facteur culturel, qui peut aisément devenir un argument compensatoire. Remarquons que, de nouveau, les Belges francophones s'approprient ici un mécanisme de défense forgé par la France officielle. Comment, dès lors, ont-ils appréhendé le passage de la France au rang de puissance moyenne ou médiane ? Après une courte période d'euphorie, ils semblent avoir compris, avant les Français, que les temps avaient radicalement changé. Dès 1946, ils ont constaté et, le plus souvent, déploré l'impuissance française ou l'inefficacité des efforts français. Ceci se vérifie dans la presse comme dans les milieux dirigeants. On observe une France qui semble aller de recul en recul, qui, souvent, se replie sur elle-même puis qui, en 1950, surprend avec l'inventif et audacieux Plan Schuman mais, très vite, paraît retomber dans ses travers sur la question du réarmement allemand. D'autre part, on comprend mal le relatif succès du neutralisme tout comme on ne perçoit pas encore les effets bénéfiques de la modernisation et du Plan Monnet, qui ne seront patents que dans les années suivantes. Ce qui domine donc, à chaud, pour les Belges francophones, c'est l'impression d'une France qui s'adapte mal à la nouvelle donne mondiale alors qu'aujourd'hui, a posteriori, on estime plutôt que Paris est alors parvenue à conserver les attributs essentiels d'une puissance tels qu'ils pouvaient s'exprimer au sein d'un bloc dominé par une super-puissance. Mais, quoi qu'il en soit, deux réalités s'imposent : le déplacement du centre de gravité mondial et la modification des rapports internationaux. Les Belges qui, en 1945-1950, ont disserté sur la France appartiennent à trois générations : la première a connu l'affaire Dreyfus et la France revancharde d'avant 1914 ; la deuxième a eu vingt ans au cœur des « années folles » qui ont suivi l'Armistice de 1918 ; la troisième a vécu la seconde guerre comme un rite de passage à l'âge adulte. Pour cette dernière génération, la France n'est plus le centre du monde. Elle reste une référence mais les horizons se sont élargis. La culture anglo-saxonne a commencé à déferler. Les nouveaux décideurs belges, de plus en plus souvent scientifiques ou économistes, ont complété leur formation de l'autre côté de la Manche ou de l'Atlantique alors que leurs aînés, plus littéraires, avaient davantage fréquenté la Sorbonne ou le Collège de France. Les jeunes Wallons et Bruxellois de la Libération restent attachés à la culture et à la langue françaises, qu'ils défendent et dont ils souhaitent préserver la prédominance, mais ils refusent tout exclusivisme. Ils souhaitent aussi que la Belgique francophone devienne plus autonome et que les échanges avec Paris cessent de se faire à sens unique. Leurs pères, eux, sont inquiets voire déroutés par l'évolution en cours, ainsi que le prouvent leurs invocations répétées de la France comme rempart contre un technicisme inhumain. Mais n'est-ce pas parce que le recul de la France signe aussi la fin de « leur » Belgique, la « Belgique de papa », cette « Belgique française » héritée de 1830 ? Par ailleurs, les rapports internationaux sont en train de changer de nature. Le bilatéralisme s'efface progressivement devant le multilatéralisme. Avec l'entrée en guerre froide et les débuts d'une unification inter- ou supra-étatique, la France ne perçoit plus la Belgique comme l'alliée indispensable mais comme un élément parmi d'autres au sein du bloc occidental ou de l'Europe. En conséquence, on voit s'émousser l'attention de Paris pour Bruxelles. La réciproque est vraie, même si le phénomène est peut-être moins affirmé. L'intérêt, si perceptible à la Libération, pour le rôle et la place de la France subsiste au début des années cinquante mais les Belges savent que, quoi qu'il arrive, une architecture nouvelle les protège, dont l'OTAN est la principale incarnation. Désormais, Wallons et Bruxellois veulent simplement que la France soit suffisamment forte pour tenir tête à l'Allemagne, dont ils se méfient encore, et que la culture française demeure suffisamment influente pour leur servir d'argument face aux appétits de la Flandre. Pour le reste, Paris n'est plus la carte maîtresse, celle que l'on brandissait hier, selon les cas, comme un talisman ou comme un épouvantail.
What is a radical? Somebody who goes against mainstream opinions? An agitator who suggests transforming society at the risk of endangering its harmony? In the political context of the British Isles at the end of the eighteenth century, the word radical had a negative connotation. It referred to the Levellers and the English Civil War, it brought back a period of history which was felt as a traumatic experience. Its stigmas were still vivid in the mind of the political leaders of these times. The reign of Cromwell was certainly the main reason for the general aversion of any form of virulent contestation of the power, especially when it contained political claims. In the English political context, radicalism can be understood as the different campaigns for parliamentary reforms establishing universal suffrage. However, it became evident that not all those who were supporting such a reform originated from the same social class or shared the same ideals. As a matter of fact, the reformist associations and their leaders often disagreed with each other. Edward Royle and Hames Walvin claimed that radicalism could not be analyzed historically as a concept, because it was not a homogeneous movement, nor it had common leaders and a clear ideology. For them, radicalism was merely a loose concept, « a state of mind rather than a plan of action. » At the beginning of the nineteenth-century, the newspaper The Northern Star used the word radical in a positive way to designate a person or a group of people whose ideas were conform to those of the newspaper. However, an opponent of parliamentary reform will use the same word in a negative way, in this case the word radical will convey a notion of menace. From the very beginning, the term radical covered a large spectrum of ideas and conceptions. In fact, the plurality of what the word conveys is the main characteristic of what a radical is. As a consequence, because the radicals tended to differentiate themselves with their plurality and their differences rather than with common features, it seems impossible to define what radicalism (whose suffix in –ism implies that it designate a doctrine, an ideology) is. Nevertheless, today it is accepted by all historians. From the mid-twentieth century, we could say that it was taken from granted to consider radicalism as a movement that fitted with the democratic precepts (universal suffrage, freedom of speech) of our modern world. Let us first look at radicalism as a convenient way to designate the different popular movements appealing to universal suffrage during the time period 1792-1848. We could easily observe through the successions of men and associations, a long lasting radical state of mind: Cartwright, Horne Tooke, Thomas Hardy, Francis Burdett, William Cobbett, Henry Hunt, William Lovett, Bronterre O'Brien, Feargus O'Connor, The London Society for Constitutional information (SCI), The London Corresponding Society (LCS), The Hampden Clubs, The Chartists, etc. These organizations and people acknowledged having many things in common and being inspired by one another in carrying out their activities. These influences can be seen in the language and the political ideology that British historians name as "Constitutionalist", but also, in the political organization of extra-parliamentary societies. Most of the radicals were eager to redress injustices and, in practice, they were inspired by a plan of actions drawn on from the pamphlets of the True Whigs of the eighteenth-century. We contest the argument that the radicals lacked coherence and imagination or that they did not know how to put into practice their ambitions. In fact, their innovative forms of protest left a mark on history and found many successors in the twentieth century. Radicals' prevarications were the result of prohibitive legislation that regulated the life of associations and the refusal of the authorities to cooperate with them. As mentioned above, the term radical was greatly used and the contemporaries of the period starting from the French Revolution to Chartism never had to quarrel about the notions the word radical covered. However, this does not imply that all radicals were the same or that they belong to the same entity. Equally to Horne Tooke, the Reverend and ultra-Tory Stephens was considered as a radical, it went also with the shoemaker Thomas Hardy and the extravagant aristocrat Francis Burdett. Whether one belonged to the Aristocracy, the middle-class, the lower class or the Church, nothing could prevent him from being a radical. Surely, anybody could be a radical in its own way. Radicalism was wide enough to embrace everybody, from revolutionary reformers to paternalistic Tories. We were interested to clarify the meaning of the term radical because its inclusive nature was overlooked by historians. That's why the term radical figures in the original title of our dissertation Les voix/voies radicales (radical voices/ways to radicalism). In the French title, both words voix/voies are homonymous; the first one voix (voice) correspond to people, the second one voies (ways) refers to ideas. By this, we wanted to show that the word radical belongs to the sphere of ideas and common experience but also to the nature of human beings. Methodoloy The thesis stresses less on the question of class and its formation than on the circumstances that brought people to change their destiny and those of their fellows or to modernize the whole society. We challenged the work of E.P. Thompson, who in his famous book, The Making of the English Working Class, defined the radical movements in accordance with an idea of class. How a simple shoe-maker, Thomas Hardy, could become the center of attention during a trial where he was accused of being the mastermind of a modern revolution? What brought William Cobbett, an ultra-Tory, self-taught intellectual, to gradually espouse the cause of universal suffrage at a period where it was unpopular to do so? Why a whole population gathered to hear Henry Hunt, a gentleman farmer whose background did not destine him for becoming the champion of the people? It seemed that the easiest way to answer to these questions and to understand the nature of the popular movements consisted in studying the life of their leaders. We aimed at reconstructing the universe which surrounded the principal actors of the reform movements as if we were a privileged witness of theses times. This idea to associate the biographies of historical characters for a period of more than fifty years arouse when we realized that key events of the reform movements were echoing each other, such the trial of Thomas Hardy in 1794 and the massacre of Peterloo of 1819. The more we learned about the major events of radicalism and the life of their leaders, the more we were intrigued. Finally, one could ask himself if being a radical was not after all a question of character rather than one of class. The different popular movements in favour of a parliamentary reform were in fact far more inclusive and diversified from what historians traditionally let us to believe. For instance, once he manage to gather a sufficient number of members of the popular classes, Thomas Hardy projected to give the control of his association to an intellectual elite led by Horne Tooke. Moreover, supporters of the radical reforms followed leaders whose background was completely different as theirs. For example, O'Connor claimed royal descent from the ancient kings of Ireland. William Cobbett, owner of a popular newspaper was proud of his origins as a farmer. William Lovett, close to the liberals and a few members of parliament came from a very poor family of fishermen. We have thus put together the life of these five men, Thomas hardy, William Cobbett, Henry Hunt, William Lovett and Feargus O'Connor in order to compose a sort of a saga of the radicals. This association gives us a better idea of the characteristics of the different movements in which they participated, but also, throw light on the circumstances of their formation and their failures, on the particular atmosphere which prevailed at these times, on the men who influenced these epochs, and finally on the marks they had left. These men were at the heart of a whole network and in contact with other actors of peripheral movements. They gathered around themselves close and loyal fellows with whom they shared many struggles but also quarreled and had strong words. The original part of our approach is reflected in the choice to not consider studying the fluctuations of the radical movements in a linear fashion where the story follows a strict chronology. We decided to split up the main issue of the thesis through different topics. To do so, we simply have described the life of the people who inspired these movements. Each historical figure covers a chapter, and the general story follows a chronological progression. Sometimes we had to go back through time or discuss the same events in different chapters when the main protagonists lived in the same period of time. Radical movements were influenced by people of different backgrounds. What united them above all was their wish to obtain a normalization of the political world, to redress injustices and obtain parliamentary reform. We paid particular attention to the moments where the life of these men corresponded to an intense activity of the radical movement or to a transition of its ideas and organization. We were not so much interested in their feelings about secondary topics nor did we about their affective relations. Furthermore, we had little interest in their opinions on things which were not connected to our topic unless it helped us to have a better understanding of their personality. We have purposely reduced the description of our protagonists to their radical sphere. Of course we talked about their background and their intellectual development; people are prone to experience reversals of opinions, the case of Cobbett is the most striking one. The life of these personalities coincided with particular moments of the radical movement, such as the first popular political associations, the first open-air mass meetings, the first popular newspapers, etc. We wanted to emphasize the personalities of those who addressed speeches and who were present in the radical associations. One could argue that the inconvenience of focusing on a particular person presents a high risk of overlooking events and people who were not part of his world. However, it was essential to differ from an analysis or a chronicle which had prevailed in the studies of the radical movements, as we aimed at offering a point of view that completed the precedents works written on that topic. In order to do so, we have deliberately put the humane character of the radical movement at the center of our work and used the techniques of biography as a narrative thread. Conclusion The life of each historical figure that we have portrayed corresponded to a particular epoch of the radical movement. Comparing the speeches of the radical leaders over a long period of time, we noticed that the radical ideology evolved. The principles of the Rights of Men faded away and gave place to more concrete reasoning, such as the right to benefit from one's own labour. This transition is characterized by the Chartist period of Feargus O'Connor. This does not mean that collective memory and radical tradition ceased to play an important part. The popular classes were always appealed to Constitutional rhetoric and popular myths. Indeed, thanks to them they identified themselves and justified their claims to universal suffrage. We focused on the life of a few influent leaders of radicalism in order to understand its evolution and its nature. The description of their lives constituted our narrative thread and it enabled us to maintain consistency in our thesis. If the chapters are independent the one from the other, events and speeches are in correspondences. Sometimes we could believe that we were witnessing a repetition of facts and events as if history was repeating itself endlessly. However, like technical progress, the spirit of time, Zeitgeist, experiences changes and mutations. These features are fundamental elements to comprehend historical phenomena; the latter cannot be simplified to philosophical, sociological, or historical concept. History is a science which has this particularity that the physical reality of phenomena has a human dimension. As a consequence, it is essential not to lose touch with the human aspect of history when one pursues studies and intellectual activities on a historical phenomenon. We decided to take a route opposite to the one taken by many historians. We have first identified influential people from different epochs before entering into concepts analysis. Thanks to this compilation of radical leaders, a new and fresh look to the understanding of radicalism was possible. Of course, we were not the first one to have studied them, but we ordered them following a chronology, like Plutarch enjoyed juxtaposing Greeks and Romans historical figures. Thanks to this technique we wanted to highlight the features of the radical leaders' speeches, personalities and epochs, but also their differences. At last, we tried to draw the outlines and the heart of different radical movements in order to follow the ways that led to radicalism. We do not pretend to have offered an original and exclusive definition of radicalism, we mainly wanted to understand the nature of what defines somebody as a radical and explain the reasons why thousands of people decided to believe in this man. Moreover, we wanted to distance ourselves from the ideological debate of the Cold War which permeated also the interpretation of past events. Too often, the history of radicalism was either narrated with a form of revolutionary nostalgia or in order to praise the merits of liberalism. If the great mass meetings ends in the mid-nineteenth-century with the fall of Chartism, this practice spread out in the whole world in the twentieth-century. Incidentally, the Arab Spring of the beginning of the twenty-first-century demonstrated that a popular platform was the best way for the people to claim their rights and destabilize a political system which they found too authoritative. Through protest the people express an essential quality of revolt, which is an expression of emancipation from fear. From then on, a despotic regime loses this psychological terror which helped it to maintain itself into power. The balance of power between the government and its people would also take a new turn. The radicals won this psychological victory more than 150 years ago and yet universal suffrage was obtained only a century later. From the acceptance of the principles of liberties to their cultural practice, a long route has to be taken to change people's mind. It is a wearisome struggle for the most vulnerable people. In the light of western history, fundamental liberties must be constantly defended. Paradoxically, revolt is an essential and constitutive element of the maintenance of democracy. ; Die radikalen Strömungen in England von 1789 bis 1848 Formulierung der Problematik Was ist ein Radikaler? Eine Person die vorgefassten Meinungen zuwiderhandelt? Ein Agitator, der die Gesellschaft verändern will und dabei das Risiko eingeht, sie aus dem Gleichgewicht zu bringen? Im politischen Kontext, in dem sich die britischen Inseln am Ende des 18. Jahrhunderts befanden, hatte dieser Begriff eine negative Konnotation. Er erinnert nämlich an die levellers und an den Bürgerkrieg. Diese historische Epoche, die als traumatisches Erlebnis empfunden wurde, hat bei den politischen Führern Stigmata hinterlassen, die immer noch vorhanden sind. Die Herrschaft Cromwells hatte bestimmt einen direkten Einfluss auf die Aversion der Engländer gegen jede heftige Form des Protestes gegen die herrschende Macht, vor allem wenn er politisch vereinnahmt wird. Im politischen Kontext in England versteht man unter Radikalismus verschiedene Versuche, eine Parlamentsreform durchzusetzen, die das allgemeine Wahlrecht einführen sollte. Natürlich bedeutet dies nicht, dass die Befürworter solch einer Reform eine gesellschaftliche und ideologische Nähe verband. In der Tat waren sich die reformistischen Verbände oft untereinander nicht einig und ihre jeweiligen Führer hatten wenige Gemeinsamkeiten. Edward Royle und Hames Walvin erläutern, dass der Radikalismus historisch nicht wie ein Konzept analysiert werden kann, da er keine einheitliche Bewegung war, da sich die Führer untereinander nicht einig waren und da keine eindeutige Ideologie vorhanden war. Der Radikalismus war ihrer Meinung nach nur eine vage Ansammlung bunter Ideen. Er sei « eher eine Einstellung als ein Aktionsplan» gewesen. Am Beginn des 19. Jahrhunderts verwendete die Zeitung Northern Star den Begriff « radikal » in einem positiven Sinne, um eine Person oder eine Gruppe zu bezeichnen, deren Ideen mit den Ihrigen im Einklang standen. Gegner der Parlamentsreformbewegungen haben diesen Begriff im negativen Sinne verwendet. Der Radikale wurde dann also als Bedrohung wahrgenommen. Der Gebrauch des Begriffes radikal scheint kein semantisches Problem darzustellen im Vergleich zur Verwendung des Wortes Radikalismus dessen Suffix -ismus eine Doktrin bzw. eine Ideologie voraussetzt. Die Tatsache, dass die Radikalen so unterschiedliche Gesinnungen vertraten, scheint eine Definition des Radikalismus unmöglich zu machen. Trotzdem wird sein Gebrauch heute von allen Historikern akzeptiert. Man könnte also behaupten, dass es seit der Mitte des 20. Jahrhunderts gängig wurde, mit dem Begriff Radikalismus jede Bewegung zu bezeichnen, die Ideen durchsetzen wollte, die nach unserem heutigen Verständnis als demokratisch verstanden werden. Wir können den Begriff Radikalismus zwischen 1792 und 1848 also erst einmal als eine praktische Bezeichnung für die verschiedenen radikalen Volksbewegungen, die das Ziel verfolgten, das allgemeine Wahlrecht einzuführen, betrachten. Diese radikale Einstellung findet man bei einer ganzen Reihe von Menschen und Organisationen wieder. Cartwright, Horne Tooke, Thomas Hardy, Francis Burdett, William Cobbet, Henry Hunt, William Lovett, Bronterre O'Brien Feargus O'Connor, die London Society for Constitutional information (SCI), die London Corresponding Society (LCS), die Hampden Clubs, die Chartisten, usw. Man kann viele Gemeinsamkeiten zwischen den Protagonisten erkennen, die sie sich auch eingestanden haben. Auβerdem wird auch der Einfluss erkennbar, den sie aufeinander ausgeübt haben, um ihre Aktionen zu gestalten. Diese Einflüsse findet man sowohl in der Sprache und in der politischen Ideologie wieder, die von den britischen Historikern als « konstitutionalistisch » bezeichnet wurden, als auch in der politischen Organisation von auβerparlamentarischen Gruppierungen. Alle Radikalen wollten die Ungerechtigkeiten beheben, und in der Praxis haben sie sich von einem Aktionsplan anregen lassen, den sie im 18. Jahrhundert in den Pamphleten der true whigs gefunden haben. Wir müssen teilweise das Argument zurückweisen, dass die Radikalen nicht kohärent und einfallsreich waren, oder dass sie nicht genau wussten, wie sie ihre Ziele umsetzen konnten. Ganz im Gegenteil: Die innovativen Formen des Protestes, die ihnen zuzuschreiben sind, waren bezeichnend und haben eine Spur in der Geschichte hinterlassen. Das Zaudern der Radikalen war erstens auf die prohibitive Gesetzgebung zurückzuführen, der die Verbände unterlagen und zweitens auf die kategorische Ablehnung der Behörden zu kooperieren. Die Zeitgenossen der Epoche, die sich von der Französischen Revolution bis zum Chartismus erstreckt, haben nie über den Sinn des Begriffs radikal debattiert. Dies bedeutet allerdings nicht, dass alle Radikalen gleich waren, oder dass sie zu derselben Einheit gehörten. Horne Tooke und der Priester Stephens waren beide Radikale, so wie der Schuster Hardy und der extravagante Burdett. Ob man ein Adliger, ein Mitglied des Bürgertums, ein Handwerker, ein Gutsbesitzer oder ein Mann der Kirche war: Nichts hinderte einen daran, ein Radikaler zu sein. Jeder konnte auf seine Art ein Radikaler sein. In dem Radikalismus gab es in der Tat eine groβe Bandbreite, die sich vom revolutionären Radikalismus bis zum paternalistischen Torysmus erstreckte. Wir waren daran interessiert, genau zu verstehen, was der Begriff radikal bedeutet, denn sein integrativer Charakter wurde von Historikern übersehen. Wir haben uns deshalb so genau mit der Bedeutung des Begriffs « radikal » beschäftigt, weil dieses Adjektiv im Plural im Titel die radikalen Strömungen enthalten ist. Mit dem im französischen Titel enthaltenen Gleichklang zwischen den Wörtern « voie » (Weg, Strömung) und « voix » (Stimme) wollten wir zeigen, dass sich der Begriff « radikal » sowohl auf ein Ideenbündel als auch auf eine Person bezieht. Die methodische Vorgehensweise In dieser Arbeit richtet sich unser Augenmerk weniger auf die Frage, wie eine Gesellschaftsschicht entstanden ist, als auf die Umstände, die die Menschen dazu bewogen haben, ihrem Schicksal und dem Ihresgleichen oder gar der ganzen Gesellschaft eine andere Wendung zu geben. Wir stellten das Werk von E.P.Thompson in Frage, welcher in seinem bekannten Buch "The Making of the English Working Class" radikale Bewegungen, entsprechend einer Vorstellung von Klasse, definiert. Wie kam es, dass ein einfacher Schuster wie Thomas Hardy, während eines Prozesses, in dem er beschuldigt wurde, eine moderne Revolution anzuzetteln, im Zentrum der Öffentlichkeit stand? Wie kam es, dass ein Autodidakt und ein Anhängiger der Ultra- Tories wie William Cobbett sich nach und nach für das allgemeine Wahlrecht einsetzte, zu einer Zeit, in der es unpopulär war? Wie kam es, dass sich die ganze Bevölkerung in Massen um Henry Hunt scharte, einen Gutsbesitzer, der nicht gerade dazu bestimmt war, sich für die Belange des Volkes stark zu machen? Unser Ziel ist es, das Universum, in dem die wichtigsten Beteiligten lebten, wiederzugeben, so als wären wir ein privilegierter Zeuge dieser Epochen. Die einfachste Art diese Fragen zu beantworten und die Beschaffenheit der Volksbewegungen zu verstehen besteht unserer Meinung nach darin, das Leben jener Männer zu studieren, die sie gestaltet haben. Wir hatten den Einfall, mehrere Männer, die in einem Zeitraum von mehr als 50 Jahren gelebt haben, miteinander in Verbindung zu bringen, als uns aufgefallen ist, dass Schlüsselmomente der Reformbewegungen miteinander korrespondieren, wie z.B der Prozess von Thomas Hardy und das Massaker von Peterloo 1819. Je mehr wir uns mit diesen Ereignissen beschäftigten, desto mehr weckte dies unsere Neugier auf das Leben jener Menschen, die sie verursacht haben. Schlussendlich konnte man sich fragen, ob radikal zu sein nicht eher eine Frage des Charakters als eine Frage der Klassenzugehörigkeit war. Die verschiedenen Volksbewegungen für eine Parlamentsreform haben in der Tat viel mehr unterschiedliche Menschen vereint und waren um einiges vielfältiger als es die Historiker behauptet haben. So war es zum Beispiel Thomas Hardys Vorhaben, die Führung des Verbandes einer intellektuellen Elite unter Horne Tookes Kommando zu überlassen, nachdem er es geschafft haben würde, genug Mitglieder der Arbeiterschicht zu versammeln. Auβerdem haben die Sympathisanten mit Freude Führer akzeptiert, deren Schicksal sehr wenig mit dem Ihrigen gemeinsam hatte. O'Connor z. B erhob den Anspruch, der Nachkomme eines irischen Königs zu sein. Cobbett, der Besitzer einer bedeutenden Zeitung, erinnerte daran, dass er aus einer Bauernfamilie stammte. William Lovett, der den Liberalen und einigen Parlamentsmitgliedern nahe stand, stammte aus einer armen Fischerfamilie. Wir haben diese fünf Männer Thomas Hardy, William Cobbett, Henry Hunt, William Lovett und Feargus O'Connor in Verbindung gebracht, um gewissermaßen eine Saga der Radikalen zu erstellen. Dies erlaubte es uns, uns ein genaueres Bild zu machen von den Merkmalen der verschiedenen Bewegungen, an denen sie teilgenommen haben, von dem Kontext, in dem die Bewegungen entstanden sind, von ihren Misserfolgen, von der besonderen Atmosphäre, die in diesen unterschiedlichen Epochen herrschte, von den Männern, die diese Bewegungen beeinflusst haben und zuletzt von dem Zeichen, das sie gesetzt haben. Diese Männer waren im Mittelpunkt eines Netzwerkes und standen in Verbindung mit anderen Akteuren, die an peripheren Bewegungen beteiligt waren. Sie waren umgeben von treuen Weggefährten, mit denen zusammen sie viele Kämpfe ausgetragen haben, oder mit denen sie sich heftig gestritten haben. Unsere Vorgehensweise ist insofern neu, als wir die Fluktuationen der radikalen Bewegungen weder linear bzw. chronologisch beleuchten, noch in einer zersplitterten Weise, indem wir die Problematik in mehrere Themen unterteilen. Wir sind ganz einfach dem Leben der Männer gefolgt, die am Ursprung dieser Bewegung standen. Jedes Kapitel behandelt eine historische Person und die gesamte Abhandlung ist chronologisch aufgebaut. Manchmal war es notwendig, Rückblenden einzubauen oder die gleichen Ereignisse mehrmals zu erwähnen, wenn verschiedene historische Personen daran beteiligt waren. Die radikalen Bewegungen wurden von Menschen aus verschiedenen Horizonten beeinflusst. Verbunden waren sie vor allem durch ihr Bestreben, eine Normalisierung der politischen Welt zu erreichen, gegen die Ungerechtigkeiten zu kämpfen und eine Parlamentsreform durchzusetzen. Wir haben uns auf die Momente konzentriert, in denen das Leben der Männer mit einem aktiven Handeln in der radikalen Bewegung oder mit einer Veränderung ihrer Ideen oder in ihrer Organisation einherging. Ihre emotionalen Beziehungen und ihre Einstellung zu belanglosen Fragen interessierten uns nicht. Ihre Meinungen zu Fragen, die unser Studienobjekt nicht betreffen, waren auch nicht Gegenstand dieser Abhandlung, es sei denn sie ermöglichten es uns, ihre Persönlichkeit besser zu umreiβen. Unser Augenmerk richtete sich ausdrücklich und vor allem auf die radikale Tätigkeit der Beteiligten. Natürlich haben wir auch die Lebensumstände und die geistige Entwicklung dieser Männer geschildert, denn wir wissen, dass Meinungen sich im Laufe eines Lebens ändern können, wie es der bemerkenswerte Fall von Cobbett verdeutlicht. Das Leben dieser Personen fiel zeitlich mit markanten Momenten in der radikalen Bewegung zusammen, wie z. B die ersten politischen Organisationen der Arbeiterschichten, die ersten Massendemonstrationen oder die ersten politisch ausgerichteten Volkszeitungen. Wir wollten die menschlichen Züge jener Männer wiedergeben, die Reden gehalten haben und die in den radikalen Verbänden anwesend waren. Man könnte uns vorwerfen, dass wir- wenn wir uns auf eine historische Person konzentriert haben- andere Fakten oder Personen, die nicht zu ihrem Umfeld gehörten aber dennoch an der Bewegung beteiligt waren, ausgeblendet haben. Uns schien es aber wesentlich, die analytische Methode oder die historische Chronik, die die Studien über die radikalen Bewegungen maßgeblich prägt, aufzugeben. Unser Ziel war es nämlich, diese Schilderungen zu vervollständigen, indem wir den menschlichen Aspekt in den Vordergrund stellten. Dazu haben wir die biografische Perspektive gewählt und unserer Studie angepasst. Schluss Jeder Mann, dessen Rolle wir hervorgehoben haben, lebte in einer bestimmten Phase der radikalen Bewegung. Der Vergleich der Reden, die sie in verschiedenen Epochen gehalten haben, hat aufgezeigt, dass die radikale Ideologie sich im Laufe der Zeit verändert hat. Die Verteidigung der Menschenrechte verlor an Bedeutung und die Argumentation wurde konkreter: Es ging z. B mehr und mehr um das Recht, die Früchte seiner Arbeit zu genieβen. Dieser Wandel fand in der chartistischen Epoche Feargus O'Connors statt. Die Traditionen des Radikalismus und die Erinnerung daran spielten jedoch weiterhin eine wichtige Rolle. Die Rhetorik des Konstitutionalismus und der Volksmythos waren Themen, mit denen die Arbeiterschichten sich immer identifiziert haben, und die ihre Forderung nach dem allgemeinen Wahlrecht gerechtfertigt haben. Wir haben uns auf das Leben einiger einflussreicher Männer des Radikalismus konzentriert, um seine Entwicklung und sein Wesen zu verstehen. Ihre Lebensläufe haben uns als Leitfaden gedient und haben es uns ermöglicht, eine Kohärenz in unserer Abhandlung zu wahren. Zwar sind die Kapitel unabhängig voneinander, aber die Ereignisse und die Reden korrespondieren miteinander. Man könnte manchmal den Eindruck haben, dass sich Fakten, Handlungen und die Geschichte im Allgemeinen endlos wiederholen. Allerdings ist der Zeitgeist im ständigen Wandel begriffen, so wie dies auch beim technischen Fortschritt der Fall ist. Wir sind der Ansicht, dass diese Besonderheiten fundamentale Elemente sind, die es ermöglichen, historische Phänomene zu begreifen, die nicht auf philosophische, soziologische oder historische Konzepte reduziert werden können. Die Geschichte als Wissenschaft weist die Besonderheit auf, dass die physische Realität und die erwähnten Phänomene auch eine menschliche Realität sind. Daher ist es wesentlich, bei der intellektuellen Auseinandersetzung mit einem historischen Phänomen den menschlichen Aspekt nicht aus den Augen zu verlieren. Wir wollten einen Weg einschlagen, der dem vieler Historiker entgegengesetzt ist. Unser Augenmerk richtete sich zunächst auf die Männer, die ihre jeweiligen Epochen maβgeblich geprägt haben, bevor wir uns mit Konzepten beschäftigt haben. Die Männer, die wir auserwählt haben, gaben uns einen neuen und frischen Blick auf den Radikalismus und brachten uns diesen näher. Natürlich sind wir nicht die ersten, die sich mit diesen historischen Personen beschäftigt haben. Durch die chronologische Anordnung unserer Abhandlung, wollten wir- so wie Plutarch, der griechische und römische historische Personen miteinander in Verbindung brachte- die Wesensmerkmale ihrer Reden, Persönlichkeiten und Epochen aber auch ihre Unterschiede in den Vordergrund rücken. Wir haben also versucht, eine Bewegung zu umreiβen und im Kern zu erfassen und die Wege nachzuzeichnen, die zum Radikalismus führten. Wir behaupten nicht, dass wir eine neuartige und ausschlieβliche Definition dieser Bewegung geliefert haben. Wir haben nur versucht, die Wesensmerkmale eines Radikalen zu begreifen und herauszufinden, aus welchen Gründen tausende Männer an diesen Mann geglaubt haben. Wir wollten uns von der ideologischen Debatte über den Kalten Krieg losmachen, die sogar auf die Interpretation zurückliegender Ereignisse abgefärbt hat. Zu oft wurde die Geschichte des Radikalismus mit einer Art revolutionären Nostalgie erzählt, oder mit der Absicht, die Vorzüge des Liberalismus zu preisen. Der Chartismus leitete zwar im 19. Jahrhundert das Ende der groβen Massenbewegungen in England ein, aber diese Methode hat sich im 20. Jahrhundert überall auf der Welt verbreitet. In der Tat zeigt der arabische Frühling am Beginn des 21. Jahrhunderts, dass die zahlenmäβige Überlegenheit das beste Druckmittel des Volkes ist, um seine Rechte einzufordern und das bestehenden Regime zu destabilisieren. Ein Volk, das demonstriert, zeigt, dass es keine Angst mehr hat. Von dem Moment an, in dem ein autoritäres Regime diese psychologische Waffe, die es ihm ermöglicht hat, an der Macht zu bleiben, verliert, kehrt sich das Machtgefälle zwischen der autoritären Staatsgewalt und dem unterworfenen Volk um. Diesen psychologischen Sieg haben die englischen Radikalen vor mehr als 150 Jahren errungen. Jedoch wurde das allgemeine Wahlrecht erst ein Jahrhundert später eingeführt. Damit es also nicht bei Prinzipienerklärungen bleibt, sondern die Freiheiten in die Wirklichkeit umgesetzt werden, bedarf es einer Bewusstseinsänderung, die nur durch eine langwierige Arbeit zustande kommen kann. Für die Schwächsten ist dies ein langer Kampf. In Anbetracht der abendländischen Geschichte muss man die Freiheiten als Rechte betrachten, die es immer wieder zu verteidigen gilt. Paradoxerweise scheint die Revolte also eine grundlegende und unabdingbare Bedingung zu sein, um die Demokratie zu erhalten.