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La France avait eu jusqu'en 1914 une légation à Munich, parallèlement à l'ambassade à Berlin. Cette situation était conforme aux «droits réservés» reconnus au royaume de Bavière quand il entra en 1871 dans le Reich. À la conférence de la Paix de 1919, des diplomates français rappelèrent cette prérogative et suggérèrent de la restaurer. Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, en reconnut la possibilité, mais la «constitution de Weimar», votée un mois plus tard, voulut l'exclure. Il s'agissait en fait du statut de la nouvelle Allemagne ; serait-elle fédérale ou centralisée ? Problème fondamentalement allemand, certes, mais aux prolongements internationaux. Pour sa sécurité, la France aurait préféré une Allemagne fédérale, dans laquelle la Bavière jouerait un rôle accru, à une Allemagne centralisée dans laquelle le poids de la Prusse resterait prédominant. Le gouvernement français de 1920 songea à la possibilité d'une révision de la constitution de Weimar dans un sens plus fédéral. C'est dans ce contexte que fut rouverte en juillet 1920 à Munich la légation de France en Bavière.

Un recueil de 430 documents inédits des années 1989-1990, provenant de la Chancellerie fédérale d'Allemagne et concernant la réunification, vient d'être publié selon les méthodes les plus rigoureuses et accompagné d'un appareil scientifique de grande valeur. Sans doute s'agit-il là d'une sélection de documents, et d'autres recherches, à partir d'autres fonds, restent nécessaires. Cette publication n'en constitue pas moins une étape importante de la recherche historique sur la réunification. On remarque particulièrement le rôle personnel du chancelier Kohl et de ses collaborateurs immédiats et l'étroite coopération du chancelier et du président américain Bush, ainsi que les concessions successives auxquelles la situation désastreuse de l'Union soviétique a contraint Mikhail Gorbatchev.

Les statistiques montrent que la France de 1929 était beaucoup plus industrialisée que celle de 1913, malgré l'épreuve de la guerre de 1914-1918. Comment en dix années (1919-1929) la France a-t-elle pu faire de tels progrès ? Le traité de Versailles y fut pour beaucoup, qui prévoyait une restructuration économique du continent européen au bénéfice de la France et de ses alliés du continent, d'abord pour des raisons de sécurité : l'Allemagne avait pu mener pendant plus de quatre ans une guerre de matériel grâce à sa puissance industrielle, et l'ambition était d'établir un meilleur équilibre économique entre l'Allemagne et ses voisins, et tout d'abord la France.
Plus que les «réparations», le retour à la France des provinces recouvrées d'Alsace et de Lorraine, qui apportèrent à l'économie française un riche potentiel industriel, et la politique volontariste de l'Etat français permirent ce développement.

Depuis 1959, le général de Gaulle travailla à un projet d'«organisation» politique de l'Europe. Le but était double : «coiffer» les communautés européennes par une coopération entre Etats, afin de barrer la route à la supranationalité et d'assurer la primauté du politique sur l'économique ; préparer une réforme de l'OTAN. En I960, Adenauer devint le partenaire privilégié de De Gaulle. Durant les entretiens de Rambouillet de juillet 1960, les deux hommes d'Etat tombèrent d'accord pour donner un noyau franco-allemand à ce projet, sans exclure les autres partenaires. Ce fut l'origine du «plan Fouchet» à Six, dont l'échec devait mener au traité franco-allemand bilatéral de 1963.