A young child possessed by demons, two complicit Indian servants, a Spanish governor who borders on the sadistic, corrupt conquistadors, the brothers of the order of St. Augustine ... These are the characters of Bertrand's dense and captivating portrait of Spanish expansion and the Philippines in the 1570s
Les attentats qui ont eu lieu dans différente parties du monde depuis 2001 ont amené de nombreux États à se doter de politiques de prévention de la radicalisation. Les débats qui entourent la définition de ces termes se sont alors multipliés, souvent sur des bases empiriques fragiles. Peu de travaux considèrent la mise en place concrète de ces politiques, notamment lorsqu'elles relèvent de l'accompagnement individuel de personnes dites « en voie de radicalisation ». Le présent article, en s'intéressant à des dispositifs d'accompagnement de jeunes « radicalisés » contribue à ouvrir les discussions à ce sujet.
Depuis 2001 et en particulier depuis 2012 en France, la notion de « radicalisation » a pris une grande place à la fois dans la recherche en sciences humaines et dans le débat public. Dans le même temps, les nombreuses tentatives de définition mettent en lumière ses failles et ses paradoxes au point qu'il est devenu difficile de travailler sur cette thématique sans en désavouer préalablement les termes. Le présent article propose de traiter la question de la définition de la « radicalisation » à partir des logiques de désignation des « radicalisés » par leur environnement. Sur la base de situations accompagnées par un dispositif de prévention de la radicalisation, il enjoint à comprendre la « radicalisation » comme un loci de l'expérience dans l'optique d'une anthropologie politique du sensible.
"Woe to thee, o land, when thy king is a child and thy princes feast in the morning. (Ecclesiastes 10:16)". As it developed in its English-speaking version over the course of the last three decades, global history has mostly been the story of a world peopled by large-scale and relatively resilient entities (such as cultures, civilizations, religions). One specific entity, namely 'imperial polities', has been granted a prominent place in the grand narrative of how the world became more and more densely interconnected.
"Woe to thee, o land, when thy king is a child and thy princes feast in the morning. (Ecclesiastes 10:16)". As it developed in its English-speaking version over the course of the last three decades, global history has mostly been the story of a world peopled by large-scale and relatively resilient entities (such as cultures, civilizations, religions). One specific entity, namely 'imperial polities', has been granted a prominent place in the grand narrative of how the world became more and more densely interconnected.
Au début de l'époque moderne, au xvi e siècle, des relations commerciales, diplomatiques et militaires intermittentes s'établissent entre l'Europe et le monde insulindien (l'Asie du Sud-Est insulaire). Les premiers voyages des Portugais, des Hollandais et des Britanniques aux Indes Orientales sont l'une des occasions privilégiées de la mise au point – et à l'épreuve – de techniques spécifiques de navigation hauturière, qui toutes visent à jauger et prévenir le péril du naufrage. Mais cette élaboration technique se double d'une préoccupation d'ordre spirituel : il s'agit d'éviter le décès sans sacrement ni sépulture. Quantité de rituels de supplique ont ainsi pour finalité de conjurer le danger de la « malemort » en mer. Ces précautions rituelles s'observent aussi bien côté malais et javanais que côté hollandais et britannique.
De qui la conquête coloniale fut-elle le fait ? Et de quoi fut-elle le signe ? Une part conséquente du dernier ouvrage de Michel Naepels, Conjurer la guerre. Violence et pouvoir à Houaïlou (Nouvelle-Calédonie), peut s'apprécier – se discuter aussi – à l'aune de cette interrogation dédoublée concernant la causalité et les modalités de l'établissement de la domination militaire et politique française en Nouvelle-Calédonie au tournant du xxe siècle. La réponse, pourtant, semble aller de soi. Comment nier que la conquête des terres kanakes ait été le fait des Français aussi bien que le signe d'une dévastation ? Il ne s'agit certes en aucune manière, ici, de réviser à la baisse un bilan assurément sordide. Michel Naepels détaille tout au contraire, en des pages limpides et douloureuses, les exactions commises par les colonnes expéditionnaires françaises dans la partie centrale de la côte est de la Grande Terre. La politique de la « canonnière » et de la « terre brûlée », autrement dit le bombardement sans sommation des villages et la destruction des cultures vivrières adjacentes, y fut poursuivie d'une manière si systématique qu'il n'est guère possible de la rapporter aux agissements isolés de quelques « chiens fous » de la Marine : il faut bien plutôt y lire la mise en œuvre, sinon d'une politique pleinement assumée, du moins d'une doctrine militaire constituée – legs, pour partie, de l'expérience algérienne (p. 35 et p. 50). Impossible, également, de mésestimer les profonds dommages sociaux, les redoutables transformations du rapport au pouvoir et à la puissance qu'occasionna l'irruption des Français sur les scènes kanakes de la guerre et de l'alliance.
De qui la conquête coloniale fut-elle le fait ? Et de quoi fut-elle le signe ? Une part conséquente du dernier ouvrage de Michel Naepels, Conjurer la guerre. Violence et pouvoir à Houaïlou (Nouvelle-Calédonie), peut s'apprécier – se discuter aussi – à l'aune de cette interrogation dédoublée concernant la causalité et les modalités de l'établissement de la domination militaire et politique française en Nouvelle-Calédonie au tournant du xxe siècle. La réponse, pourtant, semble aller de soi. Comment nier que la conquête des terres kanakes ait été le fait des Français aussi bien que le signe d'une dévastation ? Il ne s'agit certes en aucune manière, ici, de réviser à la baisse un bilan assurément sordide. Michel Naepels détaille tout au contraire, en des pages limpides et douloureuses, les exactions commises par les colonnes expéditionnaires françaises dans la partie centrale de la côte est de la Grande Terre. La politique de la « canonnière » et de la « terre brûlée », autrement dit le bombardement sans sommation des villages et la destruction des cultures vivrières adjacentes, y fut poursuivie d'une manière si systématique qu'il n'est guère possible de la rapporter aux agissements isolés de quelques « chiens fous » de la Marine : il faut bien plutôt y lire la mise en œuvre, sinon d'une politique pleinement assumée, du moins d'une doctrine militaire constituée – legs, pour partie, de l'expérience algérienne (p. 35 et p. 50). Impossible, également, de mésestimer les profonds dommages sociaux, les redoutables transformations du rapport au pouvoir et à la puissance qu'occasionna l'irruption des Français sur les scènes kanakes de la guerre et de l'alliance.