La production culturelle de la criminologie et les personnels subalternes de l'administration de la justice criminelle
In: Déviance et société, Band 4, Heft 1, S. 53-60
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In: Déviance et société, Band 4, Heft 1, S. 53-60
In: Annales: histoire, sciences sociales, Band 36, Heft 5, S. 815-840
ISSN: 1953-8146
Comme toute communauté humaine, la société japonaise applique implicitement les notions de temps et d'espace définies par sa civilisation. Comme toute civilisation, celle des Japonais enseigne à chacun sa place dans l'espace et le temps en l'enfermant dans un réseau familier de symboles, de rites, de gestes grâce auxquels il recrée sans relâche ces coordonnées. Cette production continue de leur espace, les Japonais la poursuivent à travers des processus propres à notre espèce où l'analyse révèle, côte à côte, cinq modes opératoires distincts.
In: Annales: histoire, sciences sociales, Band 32, Heft 3, S. 405-411
ISSN: 1953-8146
Né de l'effort pour présenter le bilan d'un ensemble de recherches sur le symbolisme dans une situation scolaire d'un type particulier, celle de la conférence dans une université étrangère (Chicago, avril 1973), ce texte ne doit pas être lu comme une histoire, même scolaire, des théories du symbolisme, ni surtout comme une sorte de reconstruction pseudo-hégélienne de la démarche qui aurait conduit, par dépassements successifs, vers la « théorie finale ».Si « l'immigration des idées », comme dit Marx, se fait rarement sans dommage, c'est qu'elle sépare les productions culturelles du système de repères théoriques par rapport auxquels elles se sont définies, consciemment ou inconsciemment, c'est-à-dire du champ de production balisé par des noms propres ou des concepts en -isme qu'elles contribuent toujours moins à définir qu'il ne les définit.
In: Cahiers de sociologie économique et culturelle, Band 2, Heft 1, S. 105-112
Les progrès des techniques de transport maritime ont permis d'accélérer les échanges de marchandises et d'abaisser les coûts. Mais la gestion administrative traditionnelle freine le mouvement. Un gain de productivité doit être recherché dans la production, la communication et l'exploitation des documents accompagnant les échanges.. Le recours à la télématique est la solution.
Elle permet de transférer automatiquement des données entre opérateurs à l'intérieur et au-delà des frontières. Il est nécessaire de créer un langage commun et de former des hommes compétents. La France a mis au point une norme d'échange des données de fichiers commerciaux qui commencent à s'implanter dans les armements et les ports.
In: Cahiers de sociologie économique et culturelle, Band 2, Heft 1, S. 39-49
La mer a toujours été le meilleur moyen de structurer l'économie internationale. Dans les régions voisines du littoral se sont concentrées les activités industrielles et commerciales, les grandes villes qui ont marqué l'histoire. Après 1945, la circulation maritime a connu une forte croissance et, comme le monde lui-même, elle s'est diversifiée. Aux pratiques traditionnelles de la mer, transport et pêche, se sont ajoutés de nouveaux usages comme l'exploitation des ressources minérales ou la stratégie militaire sous-marine. La connaissance de la mer connaît un regain d'intérêt justifié. Néanmoins, les grandes cités portuaires sont en crise. Les innovations technologiques tendent à séparer spatialement les communautés urbaines et la production industrielle ; même la circulation des marchandises et des hommes prend un autre cours. Cependant nous sommes entrés dans "l'ère transactionnelle" où triomphe l'art de la
In: Annales: histoire, sciences sociales, Band 36, Heft 2, S. 191-209
ISSN: 1953-8146
Il y a quatre ans, la recension des principales publications dans le domaine de l'histoire du livre attestait deux faits majeurs : d'une part, le poids dominant de 1' « école française », d'autre part, la fidélité aux orientations qui avaient été dessinées dans la décennie 1960 et qui privilégiaient la description sociale d'un milieu professionnel, la monographie citadine et le livre populaire — ou déclaré tel (cf. « Des livres par milliers », Annales 1977, pp. 532-543). Aujourd'hui, le tableau est fort différent. La production récente souligne, tout d'abord, la part prépondérante prise par les chercheurs anglais et surtout américains dans une discipline tard acclimatée de l'autre côté de l'Atlantique (du moins dans son acception socio-culturelle) mais qui maintenant y a ses praticiens, ses colloques, ses best-sellers.
In: Annales: histoire, sciences sociales, Band 37, Heft 5-6, S. 1004-1013
ISSN: 1953-8146
Qui veut apprendre à connaître Arnaldo Momigliano doit s'engager dans le dédale délectable des Contributi alla storia degli studi classici, publiés depuis 1955, devenus depuis 1966 Contributi alla storia degli studi classici e del mondo antico, et dont le plus récent a paru en 1980 '. Momigliano y rassemble périodiquement un choix thématique d'articles, comptes rendus et préfaces déjà publiés ailleurs, avec parfois des textes demeurés inédits, sans se contraindre à suivre le fil chronologique de sa propre production. Chaque page se présente ainsi à la fois à sa date originale, et dans le contexte et le moment où il a décidé de la faire paraître à nouveau. Il est demeuré cependant fidèle, comme tout historien, à des interrogations initiales, et profondément personnelles : dans son cas, la situation de l'historien et celle du judaïsme dans le monde contemporain, vues d'abord l'une et l'autre de Turin au milieu de la période fasciste, et appréhendées avec la pierre de touche de l'Antiquité classique, référence millénaire de la tradition culturelle occidentale. Les réponses qu'il s'est faites ont en revanche évolué avec sa propre histoire et celle de son temps.
In: Canadian journal of political science: CJPS = Revue canadienne de science politique, Band 3, Heft 2, S. 241-256
ISSN: 1744-9324
L'article examine le système de pensée que Marcuse appelle la « rationalité technologique ». Ce système assigne, comme fin à l'histoire, la domination de la nature par la maîtrise de ses forces, dans le monde extérieur comme dans la conscience humaine. D'après les tenants de ce système, les projets historiques alternatifs sont une perte de temps et d'efforts que les hommes rationnels doivent repousser.Marx n'a pas été un adepte de cette théorie, quoique certains éléments de sa pensée, adoptés par les Bolsheviks et Marcuse, y correspondent. Marx n'était pas d'accord avec l'idée défendue par Marcuse que le travail est le legs de la dépendance des hommes à l'endroit de la nature: d'après lui, le travail n'est pas seulement une conséquence fatale des exigences de la subsistance, mais aussi un besoin fondamental qui permet à l'homme de réaliser ses capacités par la production. Le « travail libre » n'y est donc pas une contradiction dans les termes comme chez Marcuse; c'est une possibilité dans la réalité et c'est une possibilité que la révolution socialiste pourrait réaliser.L'idée que le travail est mécanique et oppressif par nature a conduit Marcuse à reviser la théorie marxienne de façon substantielle. Il refuse l'interprétation matérialiste voulant que la modification des moyens et des rapports de production soient à la source des changements sociaux. Il ne croit pas que le contrôle du processus de la production par les travailleurs soient la base de leur émancipation: une production nécessaire est forcément répressive, non-libre, et la liberté n'est possible qu'au-delà de la contrainte production. Les changements techniques ne rendent pas le travail moins mécanique et la participation des travailleurs à la formation des politiques industrielles et aux moyens de les réaliser ne libèrent pas le travail. La liberté étant au-delà du processus de production, l'automation est la condition de la libération humaine. Cette automation sera réalisée le plus efficacement au moyen de la planification centrale et de l'orientation des forces productives existentes par une élite incontrôlée. Aussi une révolution dans la conscience des hommes, une révolution culturelle, est-elle nécessaire pour leur faire admettre le règne des technocrates « rationnels »?Marx n'était pas un adepte de la « rationalité technologique » parce que sa théorie tâchait d'abord de délimiter les conditions de la liberté et du développement de l'homme au sein du processus de la production, et non pas de le libérer de la servitude naturelle du travail. C'est dans l'adoption de la « rationalité technologique » qu'il faut voir, chez Marcuse, la source de son rejet du matérialisme marxien, sa justification de l'exploitation maximale des forces de l'homme et de la nature pour fins d'automation et ses tendances anti-démocratiques.
In: Déviance et société, Band 6, Heft 1, S. 1-22
L'auteur présente une analyse des théories du conflit en sociologie et en criminologie (Dahrendorf, Void, Turk, Quinney...).
L'examen est d'abord porté sur la signification politique et culturelle de la critique des théories structuralo-fonctionnalistes de la part des théoriciens du conflit.
Le changement, le conflit et la coercition sont les trois éléments contribuant à former le modèle sociologique du conflit opposés à ceux d'équilibre et d'intégration chez le fonctionnalisme.
L'auteur décèle dans la théorie du conflit l'expression idéologique d'une société capitaliste avancée, où le conflit n'est pas perçu dans les relations matérielles de propriété, de production et de distribution, mais uniquement dans les relations d'hégémonie politique de certains individus sur d'autres. Une fonction positive est ainsi, dans le cadre de ces théories, attribuée aux conflits qui ne mettent pas en question la légitimité du système.
L'auteur arrive à la conclusion que la principale caractéristique du conflit réside dans le fait d'être institutionnalisé, de posséder une médiation à l'intérieur de la structure juridique de l'industrie et de l'Etat monopolisé. La théorie du conflit se voit ainsi réduite à une théorie fonctionnelle par rapport à la société établie, dans la mesure où elle exorcise les conflits non institutionnalisés qui se développent en dehors de la médiation juridique et qui sont liés à la marginalisation sociale, alors que se sont justement ceux-ci qui devraient prendre la place centrale dans une théorie de la criminalité.
In: Revue d'études comparatives est-ouest: RECEO, Band 10, Heft 3, S. 91-130
ISSN: 2259-6100
L'article analyse les principales dispositions prises en matière de politique économique au lendemain de la chute de la bande des Quatre et plus spécialement cherche à préciser les orientations définies à l'issue du XI* Congrès du Parti communiste chinois (août 1977) et de la V* Assemblée nationale populaire (février 1978). L'article est divisé en trois parties : politique agricole (répartition, mécanisation rurale) ; politique industrielle (aspects financiers, industrialisation rurale) ; politique commerciale (données récentes et principes du commerce extérieur).
1) La politique agricole. Après avoir souligné la précarité de la situation agro-alimentaire chinoise (faible taux de croissance de la production de céréales) et le manque d'enthousiasme des paysans à participer au travail collectif de production, l'auteur décrit les mesures édictées afin de stimuler l'activité des paysans grâce à une meilleure gestion de la main-d'œuvre et une rémunération du travail collectif plus incitatrice ; puis l'auteur aborde le problème de la mécanisation rurale dont les faibles progrès forcent aujourd'hui les dirigeants chinois à remettre en question la voie suivie depuis la révolution culturelle et à proposer des objectifs dont l'ambition laisse sceptique quant aux chances d'une réalisation rapide.
2) La politique industrielle. L'auteur montre les divergences en matière de politique industrielle entre une ligne « radicale » (la bande des Quatre) et une ligne « modérée » (Zhou Enlai, Deng Xiaoping) qui, bien installée au pouvoir aujourd'hui, prône un retour à un mode de développement centralisé. Pour assumer les responsabilités consécutives à la centralisation, l'Etat chinois est obligé de se doter de bases financières plus saines et par suite d'imposer un certain nombre de règles restreignant la liberté financière des entreprises industrielles et exigeant une rentabilité accrue. En outre, ces deux impératifs (centralisme et rentabilité) remettent en cause la politique de petites industrialisation rurale qui manifesta son incapacité à être autre chose qu'un pis-aller.
3) La politique commerciale. L'auteur fournit d'abord un certain nombre de données statistiques sur la composition et les orientations des échanges commerciaux de la Chine avec l'étranger au cours des années 1972-1977 ; puis analyse les principes qui régissent la politique commerciale de la Chine pour conclure que si la Chine semble s'ouvrir davantage sur l'extérieur, cela n'implique pas une acceptation d'une division internationale du travail, mais marque plutôt la faiblesse de la situation économique générale de la Chine.
En bref, les orientations de la nouvelle équipe gouvernementale chinoise, très nettement influencée par la personnalité de Deng Xiaoping, suggèrent, et tel est le sentiment des Chinois eux-mêmes, un retour au type de politique de développement économique mis en œuvre durant les années 1961-1965 sous la tutelle de Liu Shaoqi.
In: The IDS Bulletin, Band 8, Heft 2, S. 17-21
SUMMARY A study of Ghanaian entrepreneurs in 1968/69 reveals some of the factors which condition the chances of informal sector enterprisers expanding their business to formal sector dimensions. The difficulties they face in factor and product markets are partly the familiar ones of dependent economies, partly institutional and cultural in origin—e.g., workers' preference for 'being one's own boss'. But these latter characteristics, too, are not just traditional legacies; they are modified or reinforced by economic circumstances. Likewise the factors which explain who succeeds are partly structural, partly cultural in nature.RESUME Les Facteurs Culturels Influençant l'Initiative des Entrepreneurs et le Développement dans le Secteur Informel de l'Economie au GhanaCette étude sur les entrepreneurs du Ghana, menée en 1968‐69, révèle certains facteurs qui conditionnent l'expansion des affaires des entreprises du secteur informel aux dimensions du secteur officiel. Les difficultés qu'elles rencontrent dans les marchés de facteurs de production et de produits sont en partie celles ordinairement propres aux économies dépendantes et, en partie, des difficultés ayant des origines institutionnelles et culturelles—par exemple, la préférence des travailleurs d'être 'leur propre patron'. Mais encore une fois, ces dernières caractéristiques ne sont pas uniquement des héritages traditionnels; elles sont modifiées où renforcées par les circonstances économiques. De la même manière, les facteurs expliquant qui réussit sont partiellement structurels et partiellement culturels de nature.RESUMEN Factores Culturales que Afectan a la Empresa y al Desarrollo en la Economía Informal de GhanaUn estudio de los empresarios de Ghana en 1968/69 revela algunos de los factores que condicionan las oportunidades que los empresarios del sector informal tienen de expandir sus negocios a dimensiones del sector formal. Las dificultades que encuentran en mercados de productos y factores son, en parte, las bien conocidas de las economías dependientes, y en parte de origen institucional, es decir, la preferencia de los trabajadores por "ser cada uno su propio jefe". Pero incluso estas últimas características no son tampoco únicamente legados tradicionales; están modificadas o reforzadas por las circunstancias económicas. Igualmente los factores que explican quien alcanza éxito son, en su naturaleza, en parte estructurales y en parte culturales.
In: Revue d'études comparatives est-ouest: RECEO, Band 8, Heft 4, S. 75-116
ISSN: 2259-6100
L'article analyse les principales caractéristiques et l'évolution de l'économie de la République populaire de Chine au cours des 25 dernières années. Il comprend quatre chapitres : I. L'environnement de l'économie (cadre politique interne, externe, culturel) ; II. Les ressources (naturelles, humaines, produites) ; III. Les institutions économiques (types, fonctions) ; et IV. Les objectifs (croissance, équité, sécurité, stabilité, indépendance).
I. La politique intérieure chinoise — notamment l'apparition de factions opposées parmi les dirigeants — a influé sur l'économie en provoquant des fluctuations périodiques de l'activité économique et de la discipline du travail. Les deux événements majeurs sur le plan de l'environnement international ont été l'embargo à rencontre de la Chine en raison de son attitude dans la guerre de Corée (années cinquante) et le conflit sino-soviétique (années soixante). Les deux événements ont eu un effet important sur la politique économique chinoise. Malgré les transformations profondes apportées par le nouveau régime, l'héritage culturel chinois continue à exercer une grande influence sur l'économie de la République populaire. Pour comprendre les « nouvelles choses socialistes » qui sont en train de naître, il faut d'abord saisir la subtilité de la continuité culturelle chinoise.
II. On recense les ressources naturelles sous les rubriques : terres, minéraux et métaux et sources d'énergie primaire (charbon, pétrole). Les tentatives de la Chine de fournir suffisamment de produits alimentaires à sa population en expansion et de matières premières à son industrie en pleine croissance sont analysées sur divers plans, y compris la gestion des eaux, la bonification des terres (amélioration des techniques agricoles, utilisation d'engrais chimiques et de pesticides, mécanisation des travaux agricoles). Les récoltes ont fortement augmenté et la production de céréales avoisine aujourd'hui les 290 millions de tonnes (195 millions en 1957). Il semble que la Chine a réussi à sortir des méthodes traditionnelles de culture et d'irrigation. Mais ses gains doivent encore être consolidés, l'équilibre entre produits alimentaires et population étant toujours fragile. La démographie n'est pas encore totalement sous contrôle même si le taux d'accroissement naturel de la population a été amené à moins de 2 % par an. Les normes de nutrition sont satisfaisantes et la santé publique a fait de grands progrès, en partie grâce à l'instauration du service médical rural coopératif où travaillent des millions de para-médicaux. On tente de décongestionner les régions côtières orientales en redistribuant la population et en tâchant de peupler les régions occidentales. La part de la population active des plus élevée du monde. 80 % en gros de la main-d'œuvre est encore employée dans l'agriculture. Les biens capitaux manquent encore mais d'importants progrès ont été réalisés dans plusieurs domaines, y compris la mécanisation de l'agriculture (notamment la mécanisation de l'irrigation et du drainage) et la construction de routes et de voies ferrées. Bien que la Chine importe d'Occident de la technologie de pointe, elle insiste sur ses propres efforts et préconise l'introduction d'une technologie intermédiaire inventée sur place.
III. Les relations macro-économiques sont de nature essentiellement administrative en Chine. Bien que les décisions majeures soient centralisées, les autorités provinciales et locales jouissent d'une grande latitude pour leur mise en œuvre et la prise de décisions moins fondamentales. Après la Révolution culturelle, on a élargi la participation des ouvriers au processus de décision au niveau de l'entreprise grâce à l'établissement de comités révolutionnaires d'entreprise et un assouplissement général de la discipline du travail. Cette amélioration de la participation — qui n'a jamais été très importante — subit actuellement les pressions de la nouvelle équipe au pouvoir. Les prix sont fixés administrativement en fonction d'une série de principes qui ont eu pour effet de rendre la répartition du revenu réel moins inégale que celle du revenu monétaire. Les salaires n'ont pas changé pendant vingt ans dans l'industrie. Mais il semble que les salaires et les revenus réels ont augmenté dans l'agriculture au cours de cette période. Les écarts de revenu, notamment entre la ville et la campagne, se sont amenuisés. L'écart entre l'ouvrier le moins payé et le technicien le mieux payé d'une entreprise est de 1 contre 5. La commune populaire et ses subdivisions administratives sont la forme d'organisation fondamentale du monde rural. La commune paraît une institution souple, bien adaptée aux besoins en eau de l'économie rurale chinoise.
IV. La croissance a été satisfaisante mais pas exceptionnellement rapide. Malgré la haute priorité donnée à l'agriculture depuis le début des années soixante, la croissance la plus rapide s'est manifestée dans l'industrie lourde, particulièrement dans le secteur des constructions mécaniques et de l'extraction du pétrole. La production agricole a toujours été légèrement supérieure à la croissance de la population (elle a augmenté de 2,5 % par an environ au cours de la période 1953-1974). Un schéma plus égalitaire de répartition des revenus a été établi mais la tendance à Pégalitarisme est régulièrement attaquée car elle semble avoir un effet négatif sur la productivité du travail. Les différences de pouvoir sont grandes mais, jusqu'à la mort de Mao, les détenteurs de ce pouvoir ont dû en jouer avec prudence. La sécurité de l'emploi a été atteinte, peut-être aux dépens de l'efficacité. Il existe des preuves d'un fort sous-emploi. Officiellement, les prix sont stables mais l'inflation latente s'est manifestée à diverses époques, y compris l'époque actuelle. Le pays n'a pas de dettes extérieures à long terme mais dépend tout de même de l'Occident pour la fourniture des techniques de pointe et de biens capitaux.
Au total, pendant les 25 années concernées, la Chine a posé des bases solides pour la croissance et le développement futurs.
In: Revue de l'est: économie, planification et organisation : etudes comparatives est-ouest, Band 2, Heft 4, S. 75-122
ISSN: 2259-6097
Malgré des handicaps exceptionnellement sérieux, l'Union Soviétique a pu progresser, au cours des cinquante années de son existence d'un état relativement arriéré à prédominance agricole vers une position de puissance économique qui se place au deuxième rang dans le monde, après les Etats-Unis. Les résultats des calculs des économistes occidentaux — tout en faisant ressortir des performances beaucoup plus modestes que ne le font les chiffres officiels — témoignent néanmoins d'un succès économique remarquable en matière de développement en général et d'expansion industrielle en particulier.
Les dirigeants soviétiques soulignent avec fierté les réalisations économiques de l'U.R.S.S. Ils ont cependant, au cours des années récentes encouragés une « autocritique constructive » et ont exprimé leur mécontentement au sujet du fonctionnement de l'appareil de planification et du ralentissement des taux de croissance en général et de la productivité du travail en particulier.
Le système de planification centrale détaillée est particulièrement approprié pour une économie engagée dans un vaste programme d'industrialisation ; mais il convient moins bien à une économie fortement développée où la croissance économique ne peut plus être obtenue par une simple addition de nouvelles usines, de nouvel équipement et par un afflux de main-d'œuvre. Depuis qu'il est devenu indispensable de stimuler l'efficience économique au niveau de l'entreprise, pour soutenir des taux de croissance élevés, les dirigeants soviétiques ont commencé à introduire des réformes économiques profondes destinées à promouvoir une décentralisation des décisions économiques jusqu'au niveau micro-économique et à accroître le rôle des forces du marché dans les décisions économiques. Le centre garde cependant le contrôle de presque toutes les décisions à l'échelle macro-économique. Les changements récents dans l'appareil de planification et de gestion doivent surmonter les difficultés résultant d'une industrialisation rapide en ajustant le système économique aux besoins d'une économie industrielle avancée sans compromettre les fondements de la structure socialiste de la société.
Compte tenu des performances soviétiques et de la volonté des Soviétiques de modifier les pratiques anciennes là où cela apparaît nécessaire, l'Occident ferait bien de ne pas sous-estimer le potentiel économique de 1'U.R.S.S.
Initialement, les pays socialistes de l'Europe de l'Est ont calqué leurs systèmes économiques sur celui de l'Union Soviétique. La planification détaillée à partir du centre y est apparue aussi efficace qu'en Union Soviétique, aux cours des années qui ont suivi immédiatement la deuxième guerre mondiale, et cela pour les mêmes raisons ; les difficultés ne sont apparues que plus tard quand les possibilités d'un développement « extensif » venaient de s'épuiser et quand le besoin des réformes économiques est devenu apparent.
Les pays socialistes de l'Europe de l'Est diffèrent fortement dans leurs bases culturelles et politiques et quant à leur position dans l'alliance communiste ; ces différences concernent aussi les taux de croissance de l'économie en général et de l'industrie en particulier, la production par tête d'habitant, le développement industriel, le niveau de vie et la nature et le domaine des réformes économiques proposées, adoptées et réalisées. Cependant, compte tenu de la performance économique et du progrès réalisé au cours des deux dernières décades et de la volonté manifeste d'introduire des changements dans leur mécanisme de planification, changements qui l'adapteraient aux besoins des économies plus avancées, il paraît raisonnable de prévoir que l'Europe de l'Est socialiste représentera un rival sérieux au cours des années à venir dans sa compétition économique avec l'Europe de l'Ouest non-socialiste.
In: Revue de l'est: économie, planification et organisation : etudes comparatives est-ouest, Band 4, Heft 4, S. 207-227
ISSN: 2259-6097
Après le limogeage de Nikita Khruscev, le 15 octobre 1964, les Chinois ont pu se demander si la politique soviétique à l'égard de leur pays allait évoluer dans un sens moins « révisionniste ». Chou En-lai est envoyé à Moscou à l'occasion des fêtes de la Révolution d'octobre pour sonder les intentions des dirigeants soviétiques, mais il rentre à Pékin sans qu'un rapprochement réel ait pu s'effectuer. Cependant, fin 1964, une sourdine est mise aux polémiques.
Celles-ci reprennent en liaison avec l'escalade américaine au Vietnam. Les Chinois accusent les Soviétiques de tiédeur, encouragent les Nord- Vietnamiens à se battre jusqu'au bout et en profitent pour accroître leur influence dans ce pays. Pour contrecarrer leurs projets, l'U.R.S.S. tente de composer et propose notamment à Pékin de mettre au point une coordination de l'aide au Vietnam. Mao Tse-toung refuse la main tendue qu'il considère comme « piégée » ; il craint que tout compromis avec Moscou ait pour conséquence de replacer la Chine dans la dépendance du Kremlin.
Au début de 1965, des tensions se manifestent dans la direction chinoise qui est divisée tant sur les problèmes intérieurs que sur les questions extérieures (certains milieux pro-soviétiques sont particulièrement hostiles à la position intransigeante de Mao). Mais dès cette époque, il semble que l'indépendance de la politique chinoise ait eu la priorité sur toute autre considération de politique extérieure : l'U.R.S.S. apparaît comme plus dangereuse pour la sécurité de la Chine que l'hostilité américaine. Finalement, début 1966, tous les liens sont rompus avec l'Union Soviétique au niveau des partis.
La révolution culturelle, qui éclate alors en Chine, est partie intégrante du conflit sino-soviétique du fait qu'en étant anti-révisionniste, elle devient anti-soviétique. La Chine lance un triple défi à l'U.R.S.S. D'abord, la dimension extraordinaire prise par le culte de la personnalité du président Mao est un défi au communisme russe désacralisé et dépersonnalisé. Ensuite, on assiste à une invasion du champ économique par un collectivisme utopique et à l'adoption d'un idéal anarchiste d'une société des égaux, bien différente de la société soviétique. Enfin, l'armée est présentée comme le promoteur du culte de Mao ainsi que la révolution de l'éducation et de la production. Elle est élevée au rang de principal modèle de l'organisation sociale et considérée comme « le plus ferme pilier de la dictature du prolétariat ».
La lutte pour le pouvoir entre les divers groupes d'influence qui se partageaient depuis 1959 la direction de la Chine amène l'ascension de Lin Piao qui devient le N° 2 chinois dès le plenum d'août 1966. L'un des premiers résultats tangibles de son pouvoir croissant est l'élimination de la scène de la quasi-totalité des dirigeants chinois historiquement liés à l'U.R.S.S. Le conflit prend alors une dimension nouvelle. La mobilisation des gardes rouges contre les révisionnistes de l'intérieur s'accompagne de manifestations anti-soviétiques plus ou moins spontanées, marquées d'une coloration nationale (il n'est pas toujours facile de distinguer la frontière entre l'anti-soviétisme et la russophobie). Le siège de l'ambassade soviétique à Pékin est assiégé en janvier 1966 tandis que l'ambassade de Chine à Moscou est la cible d'une manifestation « spontanée » en février de la même année. Les passions semblent ensuite s'apaiser mais de nouveaux incidents éclatent en août 1967 (arrestation du capitaine d'un cargo soviétique, manifestations contre l'ambassade soviétique à Pékin et mise à sac du consulat, etc.).
De son côté, le Kremlin s'appesantit longuement sur les aspects les plus criards du fanatisme chinois pour relever, non sans succès d'ailleurs, son image de marque auprès des peuples de l'U.R.S.S. et du camp socialiste. L'U.R.S.S. se présente comme le garant de la paix et de la coopération pacifique, comme le rempart de l'Europe de l'Est et de l'Ouest contre le péril d'une Chine subversive, aventureuse et instable. Celle-ci est probablement présente à l'esprit des dirigeants soviétiques quand ils décident d'envahir la Tchécoslovaquie, l'éventualité d'un conflit armé avec la Chine justifiant, entre autres, leur « opération de police » et leurs appels à la vigilance et à la discipline internationaliste. Pour les Chinois, cette invasion a eu un double effet : celui de concrétiser le danger extérieur et celui de donner au conflit avec l'U.R.S.S. une dimension nouvelle : il s'agissait désormais d'une hostilité profonde entre deux grands peuples.