Open Access BASE2016

Ce que « parler européen » veut dire durant l'entre-deux-guerres

Abstract

International audience ; En évoquant le pacte de Locarno (1925) visant à rapprocher Français et Allemands, Aristide Briand, alors ministre des Affaires étrangères déclara : « J'y suis allé, ils sont venus et nous avons parlé européen » 1. L'image reflète bien sûr la politique de réconciliation initiée par Briand et le chancelier Gustav Stresemann, politique inséparable d'un projet d'union européenne, le fameux « lien fédéral » présenté par Briand le 5 septembre 1929 à la Société des Nations. En même temps, cette image fait songer à la question du « parler européen », au sens propre du terme cette fois, tant les préoccupations linguistiques animent les débats durant l'entre-deux-guerres. Avec les conséquences du Traité de Versailles (juin 1919), le problème de la langue resurgit en effet sous l'angle du rapport à la nation. Dans son célèbre discours (Qu'est-ce qu'une nation ? mars 1882), Renan affirmait que « l'existence d'une nation est un plébiscite de tous les jours. » Cette vision excluait des critères traditionnellement perçus comme fondateurs de l'idée même de nation : la race, la religion, la communauté d'intérêt, les frontières dites naturelles et la langue : « La langue invite à se réunir ; elle n'y force pas. Les États-Unis et l'Angleterre, l'Amérique espagnole et l'Espagne parlent la même langue et ne forment pas une seule nation. Au contraire, la Suisse, si bien faite, puisqu'elle a été faite par l'assentiment de ses différentes parties, compte trois ou quatre langues » énonçait Renan 2 .

Languages

French

Publisher

HAL CCSD; Presses Universitaires d'Aix-Marseille

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