RésuméDe la fin du VIIeà celle du IVesiècle avant J.-C., la Babylonie fut le siège de grands travaux hydrauliques: à l'initiative des monarques néo-babyloniens puis achéménides, le cours des fleuves fut régularisé, de nouveaux canaux furent creusés et le réseau d'irrigation fut restauré et développé. L'administration royale prêtait une attention particulière à la répartition de l'eau, non seulement sur les domaines de la Couronne, mais aussi sur ceux des grands sanctuaires. Sous les Achéménides, la prise à ferme, par des entrepreneurs privés, de terres royales impliquait même la location de l'eau d'irrigation, pratique non encore attestée jusqu'alors. Un contrôle administratif s'exerçait également sur le trafic fluvial, par le biais des postes de péage et des ports fluviaux où les bateaux devaient acquitter une taxe de circulation et d'appontement. Cette taxation n'était pourtant pas systématique; des entrepreneurs privés, qui prenaient en charge le transport et la commercialisation des produits issus des domaines royaux, passaient des accords avec les chefs des postes de péages et bénéficiaient de franchises; de même, les sanctuaires n'acquittaient pas de droits pour le transport des produits agricoles destinés aux offrandes. L'attention royale montrée à la gestion du système hydraulique en Babylonie fut ensuite réinterprétée et amplifiée dans les descriptions des auteurs de l'Antiquité classique, qui en ont fait l'un des thèmes caractéristiques de leurs descriptions de la Mésopotamie.
La réponse détaillée et énergique de Luca Bianchi àma note critique sur la censure au Moyen Âge m'a semblé appeler une brève mise au point. Cette poursuite de la controverse, quoique rare, a eu des précédents dans lesAnnaleset ne doit pas se réduire à la tentative sans fin, ou arbitraire, d'avoir le dernier mot. En l'espèce, je propose une suite, pour rendre compte d'un dialogue qui s'est poursuivi après la rédaction de nos deux textes: en novembre 2000, notre ami commun Ruedi Imbach nous avait réunis pour un débat public à l'université de Fribourg, puis, en avril 2001, L. Bianchi et moi nous étions retrouvés à l'université de Notre Dame, comme commentateurs de l'énorme somme sur les condamnations de 1277, publiée sous la direction de Jan A. Aertsen, Kent Emery et Andreas Speer. Ces deux réunions ne donneront lieu à aucune publication, et il importe donc de fournir quelques éléments complémentaires au présent débat. En second lieu, je tiens à revenir sur les excès de ma note critique: d'une part, je reconnais que j'étais entré moi-même dans le rôle judiciaire que je présentais comme une funeste dérive de la construction de l'objet «censure cléricale»; d'autre part, il y avait une injustice notable à se concentrer sur le chapitre de synthèse sur la censure du dernier livre de L. Bianchi, sans rendre compte des apports considérables de ses travaux antérieurs (et des chapitres analytiques de ce dernier livre), qui ont réellement éclairé d'un jour nouveau les grandes condamnations de la fin du XIIIe siècle, et auxquels le colloque de Notre Dame s'est constamment référé. Ma réaction tenait en partie aux circonstances de mon travail: je venais d'achever un ouvrage sur Jean Peckham comme censeur impuissant, inefficace et dépassé, et je continuais à travailler sur Pierre de Jean Olivi, victime d'une féroce et pointilleuse censure dans l'ordre franciscain, qui n'empêcha ni la poursuite d'une oeuvre immense et novatrice, ni la diffusion de cette pensée au sein de l'université et dans des milieux laïcs. Or, la question de l'efficacité finale de la censure n'a pas de relation nécessaire avec le fonctionnement vécu des mécanismes de répression.