We have entered an Open Data era and witnessed a clear improvement of the diversity, quantity and quality of freely available information. This trend also occurred in developing countries. Agence française de développement (AFD) evaluation unit wants to help practitioners, researchers and development policy stakeholders to better harness the potential of existing administrative databases, operational information systems, remote sensing imagery, big data and national surveys. Regarding the latter in particular, we can draw upon a wealth of reliable, harmonized and recurring data collections regarding household social, economic and health situation, individual perceptions of public institutions, basic services and governance, firms, informal sector or agriculture. Analyzing such existing data provides, with almost no cost and delays, relevant and accurate information to describe and understand more precisely socio-economic contexts. It also provides baseline, follow-up and end-line information that is useful to evaluate projects, programs or policies. ; Les enquêtes menées périodiquement par les instituts nationaux de la statistique dans la plupart des pays du monde couvrent des thèmes très divers : sociaux, économiques, sanitaires, culturels et politiques. Sous-exploitées, elles ne débouchent souvent que sur le calcul de quelques grands agrégats nationaux qui alimentent les portails statistiques internationaux (Banque mondiale, Organisation mondiale de la santé, nations unies…). Cette utilisation reste très limitée, en comparaison aux multiples calculs d'indicateurs, croisements de variables et périmètres d'analyse que permettent les informations détaillées collectées lors de ces enquêtes. Ces bases de données brutes sont pourtant accessibles aux chercheurs, étudiants, décideurs ou praticiens et elles permettent par exemple d'éclairer la conception, le suivi et l'évaluation de projets, programmes et politiques publique. Après avoir décrit ces applications, ce document décrit où et comment obtenir ces données et la manière de les analyser, grâce au package survey, disponible sur R, un logiciel statistique libre et gratuit. La démarche d'analyse est illustrée par l'exemple de la République Démocratique du Congo où des enquêtes de nature différentes (MICS 2010, 1-2-3 2012 et DHS 2014) permettent d'étudier les caractéristiques et l'évolution de l'accès à l'eau à Kinshasa.
English version of the paper. ; In most countries, national statistical offices periodically run large surveys that provide outstanding insights on several subjects: social, economic, health, cultural, political. In many cases, this data is only used to produce nationally aggregated indicators that feed international statistical portals (WDGs, SDGs, World Bank, WHO, United Nations…). However, it is possible to do much more with the raw data collected during these surveys: calculate other indicators, cross different variables, run analysis for subnational areas, as well as more sophisticated analysis. This survey data is accessible to scholars, students, policy makers or practitioners and is most useful for the appraisal, monitoring and evaluation of development projects, programs and public policies. We first describe the typology of data generally available in developing countries, its possible uses and how to obtain it. Then we provide detailed guidelines on how to analyze it, using the survey package, available for R, a free and open source statistical software. We illustrate the step by step procedure for survey data processing using Democratic Republic of the Congo as an example: several surveys of different type and from different dates (MICS 2010, 1-2-3 2012 and DHS 2014) are analyzed to understand the levels and trends of access to drinking water, in particular in the Kinshasa megacity. ; Les enquêtes menées périodiquement par les instituts nationaux de la statistique dans la plupart des pays du monde couvrent des thèmes très divers : sociaux, économiques, sanitaires, culturels et politiques. Sous-exploitées, ces enquêtes ne sont souvent traduites qu'en quelques grands indicateurs agrégées au niveau national, qui alimentent les portails statistiques internationaux (OMD/ODD, Banque mondiale, Organisation mondiale de la santé, Nations Unies…). Cette utilisation reste très limitée, en comparaison aux multiples calculs d'indicateurs, croisements de variables et périmètres d'analyse que permettent les données détaillées collectées lors de ces enquêtes. Ces bases de données brutes sont pourtant accessibles aux chercheurs, étudiants, décideurs ou praticiens et elles permettent par exemple d'éclairer la conception, le suivi et l'évaluation de projets, programmes et politiques publique. Après avoir décrit les utilisations possibles pour des interventions de développement, ce document décrit où et comment obtenir ces données et la manière de les analyser, grâce au package survey, disponible sur R, un logiciel statistique libre et gratuit. La démarche d'analyse est illustrée par l'exemple de la République Démocratique du Congo où des enquêtes de nature différentes (MICS 2010, 1-2-3 2012 et DHS2014) permettent de mieux comprendre les caractéristiques et l'évolution de l'accès à l'eau, enparticulier dans la mégalopole de Kinshasa.
We have entered an Open Data era and witnessed a clear improvement of the diversity, quantity and quality of freely available information. This trend also occurred in developing countries. Agence française de développement (AFD) evaluation unit wants to help practitioners, researchers and development policy stakeholders to better harness the potential of existing administrative databases, operational information systems, remote sensing imagery, big data and national surveys. Regarding the latter in particular, we can draw upon a wealth of reliable, harmonized and recurring data collections regarding household social, economic and health situation, individual perceptions of public institutions, basic services and governance, firms, informal sector or agriculture. Analyzing such existing data provides, with almost no cost and delays, relevant and accurate information to describe and understand more precisely socio-economic contexts. It also provides baseline, follow-up and end-line information that is useful to evaluate projects, programs or policies. ; Les enquêtes menées périodiquement par les instituts nationaux de la statistique dans la plupart des pays du monde couvrent des thèmes très divers : sociaux, économiques, sanitaires, culturels et politiques. Sous-exploitées, elles ne débouchent souvent que sur le calcul de quelques grands agrégats nationaux qui alimentent les portails statistiques internationaux (Banque mondiale, Organisation mondiale de la santé, nations unies…). Cette utilisation reste très limitée, en comparaison aux multiples calculs d'indicateurs, croisements de variables et périmètres d'analyse que permettent les informations détaillées collectées lors de ces enquêtes. Ces bases de données brutes sont pourtant accessibles aux chercheurs, étudiants, décideurs ou praticiens et elles permettent par exemple d'éclairer la conception, le suivi et l'évaluation de projets, programmes et politiques publique. Après avoir décrit ces applications, ce document décrit où et comment obtenir ces données et ...
English version of the paper. ; In most countries, national statistical offices periodically run large surveys that provide outstanding insights on several subjects: social, economic, health, cultural, political. In many cases, this data is only used to produce nationally aggregated indicators that feed international statistical portals (WDGs, SDGs, World Bank, WHO, United Nations…). However, it is possible to do much more with the raw data collected during these surveys: calculate other indicators, cross different variables, run analysis for subnational areas, as well as more sophisticated analysis. This survey data is accessible to scholars, students, policy makers or practitioners and is most useful for the appraisal, monitoring and evaluation of development projects, programs and public policies. We first describe the typology of data generally available in developing countries, its possible uses and how to obtain it. Then we provide detailed guidelines on how to analyze it, using the survey package, available for R, a free and open source statistical software. We illustrate the step by step procedure for survey data processing using Democratic Republic of the Congo as an example: several surveys of different type and from different dates (MICS 2010, 1-2-3 2012 and DHS 2014) are analyzed to understand the levels and trends of access to drinking water, in particular in the Kinshasa megacity. ; Les enquêtes menées périodiquement par les instituts nationaux de la statistique dans la plupart des pays du monde couvrent des thèmes très divers : sociaux, économiques, sanitaires, culturels et politiques. Sous-exploitées, ces enquêtes ne sont souvent traduites qu'en quelques grands indicateurs agrégées au niveau national, qui alimentent les portails statistiques internationaux (OMD/ODD, Banque mondiale, Organisation mondiale de la santé, Nations Unies…). Cette utilisation reste très limitée, en comparaison aux multiples calculs d'indicateurs, croisements de variables et périmètres d'analyse que permettent les données ...
We have entered an Open Data era and witnessed a clear improvement of the diversity, quantity and quality of freely available information. This trend also occurred in developing countries. Agence française de développement (AFD) evaluation unit wants to help practitioners, researchers and development policy stakeholders to better harness the potential of existing administrative databases, operational information systems, remote sensing imagery, big data and national surveys. Regarding the latter in particular, we can draw upon a wealth of reliable, harmonized and recurring data collections regarding household social, economic and health situation, individual perceptions of public institutions, basic services and governance, firms, informal sector or agriculture. Analyzing such existing data provides, with almost no cost and delays, relevant and accurate information to describe and understand more precisely socio-economic contexts. It also provides baseline, follow-up and end-line information that is useful to evaluate projects, programs or policies. ; Les enquêtes menées périodiquement par les instituts nationaux de la statistique dans la plupart des pays du monde couvrent des thèmes très divers : sociaux, économiques, sanitaires, culturels et politiques. Sous-exploitées, elles ne débouchent souvent que sur le calcul de quelques grands agrégats nationaux qui alimentent les portails statistiques internationaux (Banque mondiale, Organisation mondiale de la santé, nations unies…). Cette utilisation reste très limitée, en comparaison aux multiples calculs d'indicateurs, croisements de variables et périmètres d'analyse que permettent les informations détaillées collectées lors de ces enquêtes. Ces bases de données brutes sont pourtant accessibles aux chercheurs, étudiants, décideurs ou praticiens et elles permettent par exemple d'éclairer la conception, le suivi et l'évaluation de projets, programmes et politiques publique. Après avoir décrit ces applications, ce document décrit où et comment obtenir ces données et la manière de les analyser, grâce au package survey, disponible sur R, un logiciel statistique libre et gratuit. La démarche d'analyse est illustrée par l'exemple de la République Démocratique du Congo où des enquêtes de nature différentes (MICS 2010, 1-2-3 2012 et DHS 2014) permettent d'étudier les caractéristiques et l'évolution de l'accès à l'eau à Kinshasa.
English version of the paper. ; In most countries, national statistical offices periodically run large surveys that provide outstanding insights on several subjects: social, economic, health, cultural, political. In many cases, this data is only used to produce nationally aggregated indicators that feed international statistical portals (WDGs, SDGs, World Bank, WHO, United Nations…). However, it is possible to do much more with the raw data collected during these surveys: calculate other indicators, cross different variables, run analysis for subnational areas, as well as more sophisticated analysis. This survey data is accessible to scholars, students, policy makers or practitioners and is most useful for the appraisal, monitoring and evaluation of development projects, programs and public policies. We first describe the typology of data generally available in developing countries, its possible uses and how to obtain it. Then we provide detailed guidelines on how to analyze it, using the survey package, available for R, a free and open source statistical software. We illustrate the step by step procedure for survey data processing using Democratic Republic of the Congo as an example: several surveys of different type and from different dates (MICS 2010, 1-2-3 2012 and DHS 2014) are analyzed to understand the levels and trends of access to drinking water, in particular in the Kinshasa megacity. ; Les enquêtes menées périodiquement par les instituts nationaux de la statistique dans la plupart des pays du monde couvrent des thèmes très divers : sociaux, économiques, sanitaires, culturels et politiques. Sous-exploitées, ces enquêtes ne sont souvent traduites qu'en quelques grands indicateurs agrégées au niveau national, qui alimentent les portails statistiques internationaux (OMD/ODD, Banque mondiale, Organisation mondiale de la santé, Nations Unies…). Cette utilisation reste très limitée, en comparaison aux multiples calculs d'indicateurs, croisements de variables et périmètres d'analyse que permettent les données détaillées collectées lors de ces enquêtes. Ces bases de données brutes sont pourtant accessibles aux chercheurs, étudiants, décideurs ou praticiens et elles permettent par exemple d'éclairer la conception, le suivi et l'évaluation de projets, programmes et politiques publique. Après avoir décrit les utilisations possibles pour des interventions de développement, ce document décrit où et comment obtenir ces données et la manière de les analyser, grâce au package survey, disponible sur R, un logiciel statistique libre et gratuit. La démarche d'analyse est illustrée par l'exemple de la République Démocratique du Congo où des enquêtes de nature différentes (MICS 2010, 1-2-3 2012 et DHS2014) permettent de mieux comprendre les caractéristiques et l'évolution de l'accès à l'eau, enparticulier dans la mégalopole de Kinshasa.
The integration of women into the labour market has gone through both upswings and downturns. In view of this ambivalent result, we can question the efficiency of public policies set up to overcome gender inequality and fight gender discrimination. Does a real will exist, and if so why is it so inefficient or so poorly implemented? What forms do individual and collective resistance take? Most of the time, public policies are defined in terms of compensation and correction. But they don't deal with the actual causes of women's underemployment resulting from labour market adjustments. It is therefore the definition of the public policies that we need to examine, going beyond a binary view that opposes economic issues, on the one hand, to social, juridical and cultural concerns on the other. ; L'insertion des femmes sur le marché du travail a connu à la fois des avancées et des reculs. Si davantage de femmes accèdent à l'éducation supérieure et aux emplois qualifiés, d'autres sont touchées par la précarité et connaissent une dégradation de leurs conditions de travail et de vie.Face à ce constat ambivalent, on peut questionner la mise en œuvre et l'efficacité des politiques qui visent à promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes. Cet article a pour objectif de soulever quelques débats.Le plus souvent, les politiques publiques au sens large (y compris la protection sociale) sont définies en termes de compensation et de correction des inégalités et des discriminations. Mais elles ne concernent pas les causes effectives de l'extension du sous-emploi des femmes, qui relèvent du fonctionnement même du marché du travail. C'est donc la définition des politiques publiques qu'il faut interroger, en dépassant une vision binaire qui oppose d'une part un champ économique extérieur, d'autre part un champ social, juridique et culturel qui, seul, pourrait être l'objet d'inflexions. En réalité, le champ économique est aussi le produit des politiques publiques : la libre-concurrence et la prééminence du marché sont le résultat d'une action volontaire des États. Il faut donc réintégrer les politiques économiques dans le champ de la réflexion sur les moyens de combattre les discriminations à l'encontre des femmes.
The integration of women into the labour market has gone through both upswings and downturns. In view of this ambivalent result, we can question the efficiency of public policies set up to overcome gender inequality and fight gender discrimination. Does a real will exist, and if so why is it so inefficient or so poorly implemented? What forms do individual and collective resistance take? Most of the time, public policies are defined in terms of compensation and correction. But they don't deal with the actual causes of women's underemployment resulting from labour market adjustments. It is therefore the definition of the public policies that we need to examine, going beyond a binary view that opposes economic issues, on the one hand, to social, juridical and cultural concerns on the other. ; L'insertion des femmes sur le marché du travail a connu à la fois des avancées et des reculs. Si davantage de femmes accèdent à l'éducation supérieure et aux emplois qualifiés, d'autres sont touchées par la précarité et connaissent une dégradation de leurs conditions de travail et de vie.Face à ce constat ambivalent, on peut questionner la mise en œuvre et l'efficacité des politiques qui visent à promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes. Cet article a pour objectif de soulever quelques débats.Le plus souvent, les politiques publiques au sens large (y compris la protection sociale) sont définies en termes de compensation et de correction des inégalités et des discriminations. Mais elles ne concernent pas les causes effectives de l'extension du sous-emploi des femmes, qui relèvent du fonctionnement même du marché du travail. C'est donc la définition des politiques publiques qu'il faut interroger, en dépassant une vision binaire qui oppose d'une part un champ économique extérieur, d'autre part un champ social, juridique et culturel qui, seul, pourrait être l'objet d'inflexions. En réalité, le champ économique est aussi le produit des politiques publiques : la libre-concurrence et la prééminence du marché sont le ...
This document surveys 25 years of empirical researches devoted to heterodox labour economics. These researches begin from the study of employment and training policies, then focus on the manpower management by the firms, and, at the end lead to the analysis of the individual trajectory observed on the labour market. Such a movement from a global and macro approach to a micro and pluralist one can be justified by the need of a more precise and richer comprehension of the observed phenomena. But and more deeply this evolution also corresponds to a change in the explanatory framework: leading factors are no more collective one but decisions issued from individual agents even if these ones are not the one suggested by the main neo-classical theory. ; Ce mémoire retrace 25 années de travaux de recherche empirique d'inspiration hétérodoxe en économie du travail qui vont des politiques d'emploi et de formation aux modes de gestion de la main d'œuvre des entreprises pour terminer sur les trajectoires individuelles sur le marché du travail. Un glissement s'est opéré d'une approche globale et macro des phénomènes observés à une approche plus micro et pluraliste justifiée par la nécessité d'une explication plus fine des phénomènes. Dans le même temps, ce glissement correspond au passage d'un mode d'analyse qui donne la primeur à des déterminants collectifs à un mode plus diffus qui prend en compte les décisions d'acteurs individuels différents des agents de la théorie néo-classique.
This document surveys 25 years of empirical researches devoted to heterodox labour economics. These researches begin from the study of employment and training policies, then focus on the manpower management by the firms, and, at the end lead to the analysis of the individual trajectory observed on the labour market. Such a movement from a global and macro approach to a micro and pluralist one can be justified by the need of a more precise and richer comprehension of the observed phenomena. But and more deeply this evolution also corresponds to a change in the explanatory framework: leading factors are no more collective one but decisions issued from individual agents even if these ones are not the one suggested by the main neo-classical theory. ; Ce mémoire retrace 25 années de travaux de recherche empirique d'inspiration hétérodoxe en économie du travail qui vont des politiques d'emploi et de formation aux modes de gestion de la main d'œuvre des entreprises pour terminer sur les trajectoires individuelles sur le marché du travail. Un glissement s'est opéré d'une approche globale et macro des phénomènes observés à une approche plus micro et pluraliste justifiée par la nécessité d'une explication plus fine des phénomènes. Dans le même temps, ce glissement correspond au passage d'un mode d'analyse qui donne la primeur à des déterminants collectifs à un mode plus diffus qui prend en compte les décisions d'acteurs individuels différents des agents de la théorie néo-classique.
Ce numéro deRegards économiquesse penche sur la situation économique et sociale en Wallonie. Il en dresse un large portrait, en souligne les points positifs et négatifs, et ébauche quelques pistes de réflexion sur les mesures propices à donner à l'économie wallonne un nouvel élan. Dans ce numéro, nous avons pris l'initiative de nous exprimer sur un sujet qui nous préoccupe: "le malaise économique wallon". Nous avons pour ce faire regroupé l'avis de spécialistes de la question dont la renommée est établie. Ces experts sont issus de différentes universités francophones. Nous leur avons demandé d'offrir aux citoyens un portrait nuancé mais sans concession de la situation wallonne. En "officialisant" la situation économique et sociale de la Wallonie, nous espérons obliger les acteurs sociaux et les partis politiques à "reconnaître" les points faibles de l'économie wallonne. Nous refusons cette stratégie qui consiste à dissimuler la situation réelle pour ne pas saper le moral des troupes. "Cachez ce sein que je ne saurais voir" disait déjà Tartuffe, avant d'ajouter quelques scènes plus loin: "le scandale du monde est ce qui fait l'offense et ce n'est pas pécher que pécher en silence". Ce "nominalisme" ‑on veut bien de la chose mais à condition qu'on ne la nomme pas‑ et ce double langage constituent l'une des manifestations les plus préoccupantes de la difficulté de nos politiciens à assumer la vérité et à sortir de la représentation complaisante qu'ils ont d'eux-mêmes. Fin mai 2005, le gouvernement wallon a enfin explicitement reconnu ce qu'il a appelé "le malaise économique wallon". L'étape suivante est de dresser un constat précis de la nature du malaise, de manière à pouvoir concevoir une stratégie de politique économique adaptée au problème. C'est dans cette perspective que se situe ce numéro deRegards économiques. Notre objectif est donc d'apprécier la situation économique et sociale en Wallonie sur base d'éléments objectifs, et de la comparer à la situation en Flandre et en Europe. Nous comprenons le risque qu'une comparaison avec la Flandre peut présenter. Cependant, sans vouloir alimenter les tensions communautaires, nous avons la conviction que cette comparaison entre les deux régions est vraiment utile étant donné que celles-ci partagent un environnement économique et un contexte institutionnel et culturel fort semblables. Cela s'inscrit aussi dans l'esprit de la "Méthode Ouverte de Coordination" de l'Union européenne, visant à créer une émulation entre régions au travers d'une concurrence par comparaison. Cette comparaison est surtout utile pour comprendre les sources éventuelles des dysfonctionnements et les pistes d'amélioration possibles. Ce numéro deRegards économiquescomporte quatre contributions, sur les thèmes suivants: Bruxelles et: une lecture en termes de géographie économique (Jacques-François Thisse) PIB et PRB de la: des diagnostics contrastés (Michel Mignolet et Marie Eve Mulquin) Le portrait social de la Wallonie : responsabilités et gouvernance (Pierre Pestieau) Le marché du travail en: un tableau en clair-obscur (Béatrice Van Haeperen). Dans la suite de ce communiqué, nous résumons brièvement les éléments principaux de chaque contribution, en regroupant les points positifset les points négatifs que chacune d'elles donne de la situation économique et sociale en Wallonie. 1. Les points positifs Les dynamiques de croissance entre régions se rapprochent progressivement. L'écart inter-régional de croissance annuelle moyenne diminue entre la Flandre et la : celui-ci ne s'élevait plus qu'à 0,80% de 1975 à 1995, pour se replier encore plus à 0,54% de 1995 à 2003. Le différentiel se réduit davantage si on ne considère que les dernières années, où il se chiffre à 0,37% de 1999 à 2003. Si l'on mesure la croissance régionale sur base du lieu de résidence et non du lieu de production (pour prendre en compte l'activité croissante des wallons à Bruxelles), depuis 1999, la part de la Wallonie dans la production totale belge s'est légèrement redressée. Une analyse par branche de la structure de production ne permet pas de conclure à un manque de dynamisme généralisé de l'industrie en Wallonie. Le retard de croissance en Wallonie est imputable à une sous-représentation des secteurs les plus dynamiques et une moindre performance des secteurs les plus importants. Le Brabant wallon est la province belge qui a connu la croissance la plus forte de 1995 à 2002, avec une évolution de la production sur la période de 8 % au-dessus de la moyenne de l'UE 15 et de presque 10% au-dessus de la moyenne belge. Le Brabant wallon est aussi la seule province wallonne dont le revenu par habitant est supérieur à la moyenne de l'UE 15. L'emploi salarié en Wallonie a augmenté de 9% entre 1992 et 2002. Les croissances les plus fortes sont dans le Brabant wallon (28%), les provinces de Luxembourg (16%) et de Namur (13%), à comparer à une croissance moyenne de l'emploi salarié en Flandre de 13%. Depuis 1997, le rythme de progression de l'emploi privé est comparable dans les deux régions. A partir de 2000, le nombre d'emplois des secteurs à haute et moyenne technologies et des services à haute technologie et à haut niveau de savoir progresse en Wallonie mais régresse en Flandre. La proportion de personnes très qualifiées dans la population wallonne augmente et la proportion de peu qualifiés diminue. Le profil de qualification par catégorie d'âge en Wallonie en 2003 est très proche de la moyenne belge. Les dépenses intra-muros des entreprises en R&D progressent plus rapidement en Wallonie. Entre 2001 et 2002, le taux de croissance était de 11,% en Wallonie contre 3,6% en Flandre. 2. Les points négatifs Un rapprochement des taux de croissance est insuffisant pour assurer un rattrapage des économies régionales. Etant donné son retard de développement, la Wallonie devrait enregistrer des taux de croissance supérieurs à la Flandre, ce qui est loin d'être le cas. La part de la Wallonie dans la production totale belge continue donc à diminuer, passant de plus de 30 % en 1995 à moins de 25% en 2003. La productivité marginale du capital est plus faible en Wallonie qu'en Flandre, ce qui donne lieu à un taux d'investissement moindre en Wallonie. Sur la période 1995-2001, le rendement brut du capital est de 14,% en Wallonie contre 17,5% en Flandre. Cela pose problème pour l'attractivité relative de la Wallonie pour l'investissement. Le revenu moyen par habitant en Wallonie est 25 % inférieur à celui de la Flandre en 2002 (équivalent à la moyenne de l'UE 15). Les disparités entre provinces wallonnes s'accentuent. Sur la période 1995-2002, le Brabant wallon enregistre une augmentation de 8 % de sa production par rapport à la moyenne de l'UE15 alors que les provinces de Liège, du Hainaut et du Luxembourg enregistrent chacune une baisse supérieure à 6%. En 2003, le taux d'emploi en Wallonie de 55,4 % reste significativement inférieur à celui de la Flandre (62,9%) et celui de l'UE15 (64,2%). La Wallonie est donc encore loin de l'objectif de taux d'emploi de 70%. La structure de l'emploi est aussi fort différente entre régions avec en 2002, 2/3 des emplois dans le secteur privé en Wallonie pour 3/4 des emplois dans le secteur privé en Flandre. Le taux de chômage est resté stable autour de% en Wallonie entre 1995 et 2002 du fait d'une augmentation de la population active égale à l'augmentation de l'emploi. En 2002, le taux de chômage en Flandre est passé en dessous de 5%. Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) en Wallonie est le plus élevé d'Europe avec un taux de 26,5 % en 2002 contre 11,6% en Flandre. Plus alarmant encore, plus de 40% des chômeurs en Wallonie sont des chômeurs de longue durée (>2 ans) contre moins de 20% en Flandre. Le pourcentage de la population de 18-24 ans sans diplôme de l'enseignement secondaire et qui ne suit ni enseignement, ni formation est de% en Wallonie contre 11,7% en Flandre. En outre, selon la dernière enquête PISA, l'enseignement secondaire en Communauté française figure en 31eposition sur 41 pays contre une 3eposition pour la Flandre pour un budget équivalent sinon moindre. 3. Que faire? Face à ce constat que pouvons-nous faire? Quelques pistes de réflexion sont présentées dans ce numéro de Regards économiques. Parmi celles-ci, nous relevons la nécessité de cesser la politique de saupoudrage et de concentrer les efforts autour d'une grande métropole urbaine comme Bruxelles en reconnaissant que les échanges se développent de plus en plus entre régions urbaines. La Wallonie se doit de travailler en partenariat stratégique avec Bruxelles dans une perspective économique moderne. La zone d'influence de Bruxelles doit dépasser le Brabant wallon. Il faut aussi chercher à améliorer l'efficacité dans l'utilisation des fonds publics en évitant les doublons et en recourant systématiquement à des études d'efficacité rigoureuses et impartiales. Par exemple, on pourrait explorer ce que coûte l'existence des provinces, des multiples réseaux d'enseignement et des cabinets ministériels. On peut aussi s'interroger sur le grand nombre d'intercommunales et le manque de transparence de leur gestion. Il faut aussi s'attaquer de toute urgence au scandale du chômage des jeunes par une politique de remédiation volontariste. On doit investir massivement dans le système éducatif pour élever le niveau de qualification des jeunes et faciliter la transition enseignement et emploi. Il faut élargir la mission du FOREM au-delà de la diffusion des offres d'emploi pour lui confier la fonction critique de placement et d'accompagnement des demandeurs d'emploi. Il faut aussi mettre en place des outils d'évaluation des politiques de l'emploi. C'est inadmissible que depuis l'année 2004, la Wallonie est incapable de publier des statistiques sur les offres d'emploi satisfaites et insatisfaites (alors que Bruxelles et la Flandre continuent à publier ces chiffres). Nous poursuivrons notre analyse de la situation wallonne dans un prochain numéro de Regards économiques. Nous attendons aussi des hommes politiques qu'ils reconnaissent cette situation et le traduisent dans leurs actes en poursuivant une politique économique adaptée, cohérente et stable. Il n'y a pas de fatalité. Nous en voulons pour preuve l'expérience danoise qui en 10 ans a réduit son chômage de moitié par un système novateur de "flexicurité" (en partenariat avec les syndicats). Son marché du travail s'est fluidifié avec plus d'un danois sur trois changeant de travail au cours d'une année et un effort substantiel du gouvernement sur la formation, l'orientation et l'accompagnement des chômeurs. Un sondage récent montre que les travailleurs danois ne sont pas plus mécontents avec ce système que les travailleurs belges. L'Angleterre, avec un taux de syndicalisme plus élevé que chez nous, a aussi réussi par son "New Deal" à réduire de moitié le chômage des jeunes. Ces deux pays connaissent aujourd'hui un taux de chômage de 5 %, bien inférieur à la moyenne européenne. Comprendre pourquoi pourrait être fortement utile à la Wallonie.
In this thesis, we study the relationship between not-for-profit organisations and public authorities through the lense of the local support measure (DLA, dispositif local d'accompagnement).In the first part of the thesis, we focus on the genesis and shape of the DLA. We observe that the DLA is a policy of public employment, implementation of which is delegated to supporting structures, and that its action is intended to help employing organizations to maintain the jobs they provide and consolidate their economic model. Study of the origin of this public policy shows the state's growing interest in non-govornmental organisations from an economic point of view, specifically their importance in the job market. In the second part, we focus on the people who implement the DLA, the agents of this public policy. Although we observe that the policy has structure, the job description of professionals who implement the DLA remains "open"; they have large margins in the realization of their work. Despite this flexibility, they share the concern for employment and job creation. This analysis leads us to suggest that the subject device to a form of government by the accompaniment. Finally, in the third part, we describe the impact of the DLA on its 'modern professional' beneficiaries. The 'associative enterprises' are pushed to structure their work organization and diversify their resources, but also to mobilize for their jobs. The DLA is also involved in implementing management systems in the job-providing organisations: these are both strategically appropriated by non-for-profit directors by the authorities. Finally, the study of relationships between associations and public authorities shows that they are fragmented, producing an uncertain and competitive environment for these organisations.The dynamics observed provide lessons that exceed the effects of DLA; indeed, the policy simply accelerates an ongoing process. The changes observed at work in the employing organisations appear to be the result of changes in the environment of such organisations, which is, in turn, largely determined by the government. ; Dans ce travail de doctorat, nous avons exploré la transformation des relations entre l'État et les associations employeuses. Ces trente dernières années, le monde associatif s'est profondément métamorphosé. Il a notamment été marqué par une importante salarisation. Les salariés associatifs qui n'étaient que 600 000 dans les années 1980, sont aujourd'hui plus d'1,8 million. Cette dynamique à plusieurs explications. Elle est tout d'abord le résultat d'un engagement financier croissant de la part de la puissance publique. La décentralisation, et les nouveaux besoins sociaux nés des différentes crises - économique, écologique, urbaine - ont multiplié les sources et les volumes de financements à destination des associations. Elles se sont vues confier une part grandissante de la mise en œuvre de missions d'intérêt général et de service public.Parallèlement à l'augmentation des ressources publiques, les associations ont développé, encore plus rapidement, leurs ressources privées : celles-ci représentent aujourd'hui la moitié de leur budget total. Pour saisir les transformations des relations entre associations et puissance publique, et comprendre l'impact de ses transformations sur les associations, nous avons fait le choix d'étudier un dispositif public spécifique : le Dispositif Local d'Accompagnement (DLA).Lancé par l'État en 2002, la mise en œuvre de ce dispositif est déléguée par appel d'offres à des structures porteuses dans chaque département et dans chaque région. Il vise à professionnaliser les associations employeuses : il les accompagne à consolider leur modèle économique et à pérenniser leurs emplois. Chaque année c'est 6 000 petites et moyennes associations employeuses qui bénéficient d'un accompagnement, tous secteurs confondus (la France compte au total 180 000 associations employeuses). Observer les relations entre les associations et l'État par le biais du DLA est intéressant à plusieurs titres. Outre le fait qu'il est relativement nouveau et qu'il a été peu étudié : il s'adresse uniquement aux associations employeuses. Il permet de restreindre l'étude à ces structures et à leurs problématiques gestionnaires. Ce dispositif a aussi pour intérêt d'être transversal. Il s'adresse aux associations des différents secteurs qui composent le monde associatif. Il permet au chercheur de regarder le monde associatif comme un tout, de voir ce que les associations, tous secteurs confondus, ont en commun. Enfin, le dernier avantage, est que les accompagnements mobilisent un grand nombre d'acteurs ; leur étude offre l'occasion de recueillir une multiplicité de points de vue, interne et externes, à l'association. Nous avons utilisé ce dispositif comme une porte d'entrée pour comprendre pourquoi et comment l'État intervient sur l'emploi associatif ; pour voir pourquoi et comment les associations employeuses se transforment.Pour répondre à ces interrogations, nous avons exploré l'histoire du DLA, sa mise en œuvre et son impact sur les associations employeuses. L'idée étant, à travers le prisme de ce dispositif, d'observer l'évolution des relations entre l'État et les associations employeuses. D'interroger le gouvernement des associations par l'État. Notre questionnement s'inscrit dans la continuité des réflexions menées par les auteurs qui s'intéressent à la transformation des relations contractuelles entre associations, marchés et pouvoirs publics (Salamon, 1993, 1997, 2010 ; Archambault, 2012, 2013). Plus particulièrement, notre travail s'inscrit dans la continuité des travaux de la sociologie du travail associatif tel que l'ont notamment développé Matthieu Hély (2009 ; Hély & Moulévrier, 2013) et Maud Simonet (2010), mais aussi certains auteurs internationaux (Cunningham & James, 2009 ; Bach, 2012).Dans cette perspective, il s'agit d'aborder les associations non seulement comme des lieux d'engagement, mais comme des structures productives, de travail. Il convient alors d'interroger la division du travail, la recherche d'efficacité des acteurs associatifs. Il s'agit de penser les rapports sociaux à l'intérieur des associations, de les aborder comme un monde du travail où les bénévoles sont bien,eux aussi, des travailleurs.Pour aborder complètement la question du travail associatif, il est nécessaire de ramener l'État dans l'analyse (Evans, Rueschemeyer & Skocpol, 1985). Certains auteurs ont tendance à étudier le monde associatif comme une mobilisation intrinsèque de la société civile. Mais il nous semble que pour le saisir, il faut plutôt regarder le monde associatif comme un espace sous influence de l'État (Chevallier, 1981 ; 1986), sans pour autant le réduire à un strict instrument de politique publique sans autonomie. Ainsi, dans la perspective de la sociologie du travail associatif, il s'agit de regarder les associations au prisme des reconfigurations de l'État Providence. Notre travail de recherche nous a amenés à tirer quatre grands enseignements. Le premier enseignement est que l'enjeu de l'emploi remplace progressivement celui de la vie sociale dans les politiques publiques d'État vis-à-vis des associations. Nous sommes arrivés à cette conclusion en nous intéressant à l'histoire des politiques de l'emploi dans laquelle s'inscrit le DLA.Depuis les années 70, les associations sont mobilisées dans la lutte contre le chômage. Plus celui-ci augmente, plus les associations bénéficient d'emplois aidés, c'est à dire de subventions pour embaucher (Gomel, 2006). C'est d'ailleurs ce qui explique en grande partie la salarisation (Dussuet & Flahault, 2010 qui a marqué le monde associatif ces trente dernières années.Nous nous sommes plus particulièrement intéressés au programme « emplois jeunes » lancé par le gouvernement Jospin en 1997. Ce programme va créer plus de 200 000 emplois dans les associations. Il va aussi avoir une spécificité par rapport aux politiques de l'emploi précédentes. Ce programme ne prévoit pas simplement de subventionner des postes : il prévoit aussi de les accompagner. D'offrir du conseil aux structures pour qu'elles pérennisent les emplois une fois l'aide financière arrivée à terme.En 2002, à la fin du programme « emplois jeunes », cette logique d'aide à l'activité va s'autonomiser. Elle donnera naissance au DLA. Un dispositif qui vise officiellement la « professionnalisation » des petites et moyennes associations employeuses.En comparant ce nouveau dispositif étatique à destination des associations, avec ceux plus anciens portés par le Ministère en charge de la vie associative, nous avons observé que les politiques publiques de soutien à la vie associative avaient tendance à disparaître, quand à l'inverse le DLA s'est installé dans la durée et a vu ses crédits confortés d'année en année.Pour conclure sur ce premier enseignement ; notre travail de recherche nous amène à soutenir que nous assistons à une nouvelle dynamique : l'État a tendance à s'intéresser plus aux associations pour la charge en emploi dont elles sont porteuses que pour leurs projets et leur utilité sociale. Le deuxième enseignement de notre travail est que l'État, par le biais du DLA, gouverne les associations par l'accompagnement. Il les conduit dans un sens donné.Tout cela est rendu possible par plusieurs caractéristiques du DLA : si le dispositif est en apparence très structuré et cadré, il est néanmoins à la fois souple, ouvert et ajusté. Il est souple parce que sa mise en œuvre est déléguée, confiée à une diversité de structures porteuses qui sont toutes différentes et inscrites dans leurs territoires. Il est ouvert, parce les chargé-e-s de mission DLA, qui mettent en œuvre quotidiennement le dispositif, ont de grandes marges de manœuvre dans leur métier. Enfin, il est ajusté, car il est mis en œuvre par des associations, pour les associations et avec des consultants qui sont souvent d'anciens associatifs.Le DLA est aussi un dispositif privatisé (Lipsky & Smith, 1989-1990), complètement mis en œuvre par des structures de droit privé, en l'occurrence des associations. L'État semble disparaître, mais pour autant il n'est pas absent. Il reste pilote du dispositif. Il le dirige par des appels d'offres, par des comités de pilotage et par le biais d'une agence. Le DLA constitue un bon exemple de ces dispositifs nés ces dernières années, où « l'État stratège » délègue les fonctions opérationnelles mais continue d'en assurer le pilotage stratégique.L'État fixe notamment un objectif central : l'emploi. Nous avons observé que si les chargés de mission travaillent de manières différentes, que leurs actions passent par des détours, ils partagent tous ce « souci » (Jeannot, 2005) de l'emploi. Les accompagnements peuvent concerner le modèle économique, les RH, les outils de communication ou encore le projet de la structure, etc. : mais au final c'est toujours l'emploi qui est visé. Et en accompagnant les associations, les chargés de mission les font adhérer à leur tour à cette attente de l'État.Les accompagnements amènent en douceur, sans rien imposer, mais par l'incitation et l'adhésion, les associations à se transformer. Le troisième enseignement de notre travail est que le DLA accompagne les associations employeuses vers la « professionnalisation contemporaine » (Boussard, 2014). Derrière ce concept, nous entendons plusieurs choses.Tout d'abord que le DLA a un effet gestionnaire. Il implante des outils de gestion dans les associations. Ce n'est pas neutre : « enrôlés » (Boussard, 2008) par les dirigeants associatifs, cela va leurs donner une meilleure maîtrise de la structure, offrir de nouveaux outils pour mettre au travail les salariés et contrôler leurs activités.Le DLA va aussi avoir un effet sur la structuration du travail. Il pousse les associations à respecter davantage les normes légales : notamment le droit du travail et la loi 1901. Le DLA aide les structures à clarifier la division du travail, notamment entre bénévoles et salariés. Que chacun trouve sa place et son rôle dans l'association. Cela va aussi aider le directeur à mieux travailler et à corriger ses erreurs de gestion.Le DLA amène aussi les associations à être responsables de leurs emplois. Les emplois deviennent une finalité et non plus seulement un moyen. Pour les sauver, les bénévoles vont se mobiliser, prendre une part plus importante du travail, notamment au sein du bureau et du Conseil d'Administration. Pour les sauver, les associations vont aussi être amenées à chercher des solutions économiques. Et puisque les subventions manquent à l'appel, c'est vers le développement de ressources privées et marchandes qu'elles vont aller.Évidemment, selon les associations, les effets sont différents. Mais globalement, elles vont mieux prendre en compte la question de l'emploi et du travail, et aller dans le sens de la « professionnalisation contemporaine ». Le quatrième grand enseignement conclut notre thèse. Il concerne les relations entre l'État et les associations employeuses. Comme nous l'avons vu, le DLA a bien un impact gestionnaire, mais il ne faut pas en surestimer la « puissance » : il n'explique pas à lui seul la professionnalisation observée. Au final, le DLA ne fait qu'aider les associations à s'adapter à leur environnement économique et institutionnel. Il ne fait qu'accélérer leur adaptation.Pour comprendre ce qui pousse les associations à se transformer, nous avons cherché la réponse du côté des pouvoirs publics. En les étudiant, nous avons pu voir qu'ils sont morcelés et qu'ils ont des logiques différentes et parfois contradictoires. L'incertitude marque aussi leur budget, et par ricochet celui des associations. Paradoxalement, les pouvoirs publics demandent aux associations d'être professionnelles, de faire des projections de leurs budgets sur 3 ans, mais chaque année c'est l'incertitude sur leurs propres budgets. Et cela contraint les associations dans l'instabilité et l'incertitude : c'est l'un des puissants moteurs de la professionnalisation. Et ce d'autant plus que, comme l'a montré Viviane Tchernonog (2013), les pouvoirs publics changent leurs modes de contractualisation, passent d'une logique de subvention à une logique de marché public, de mise en concurrence.Nous défendons dans notre thèse que les pouvoirs publics sont producteurs de la « marchandisation » des associations ; les associations, pour mener à bien leurs missions et celles qui leur ont été confiées, n'ont d'autres choix que d'adopter des pratiques gestionnaires, de développer leurs ressources privées et commerciales. C'est le sens du « et inversement » du titre de la thèse : Le DLA professionnalise les associations employeuses pour les adapter en douceur à un environnement marchandisé. Mais l'inverse est d'autant plus vrai. Ce sont les contraintes du marché qui amène les associations à jouer le jeu du DLA et à se professionnaliser. Le véritable moteur de la professionnalisation contemporaine est la « marchandisation » publique - la market bureaucracy (Cunningham et James, 2014 ; Considine & Lewis, 2003 ; Sako, 1992) - de l'environnement associatif.
In this thesis, we study the relationship between not-for-profit organisations and public authorities through the lense of the local support measure (DLA, dispositif local d'accompagnement).In the first part of the thesis, we focus on the genesis and shape of the DLA. We observe that the DLA is a policy of public employment, implementation of which is delegated to supporting structures, and that its action is intended to help employing organizations to maintain the jobs they provide and consolidate their economic model. Study of the origin of this public policy shows the state's growing interest in non-govornmental organisations from an economic point of view, specifically their importance in the job market. In the second part, we focus on the people who implement the DLA, the agents of this public policy. Although we observe that the policy has structure, the job description of professionals who implement the DLA remains "open"; they have large margins in the realization of their work. Despite this flexibility, they share the concern for employment and job creation. This analysis leads us to suggest that the subject device to a form of government by the accompaniment. Finally, in the third part, we describe the impact of the DLA on its 'modern professional' beneficiaries. The 'associative enterprises' are pushed to structure their work organization and diversify their resources, but also to mobilize for their jobs. The DLA is also involved in implementing management systems in the job-providing organisations: these are both strategically appropriated by non-for-profit directors by the authorities. Finally, the study of relationships between associations and public authorities shows that they are fragmented, producing an uncertain and competitive environment for these organisations.The dynamics observed provide lessons that exceed the effects of DLA; indeed, the policy simply accelerates an ongoing process. The changes observed at work in the employing organisations appear to be the result of changes in the environment of such organisations, which is, in turn, largely determined by the government. ; Dans ce travail de doctorat, nous avons exploré la transformation des relations entre l'État et les associations employeuses. Ces trente dernières années, le monde associatif s'est profondément métamorphosé. Il a notamment été marqué par une importante salarisation. Les salariés associatifs qui n'étaient que 600 000 dans les années 1980, sont aujourd'hui plus d'1,8 million. Cette dynamique à plusieurs explications. Elle est tout d'abord le résultat d'un engagement financier croissant de la part de la puissance publique. La décentralisation, et les nouveaux besoins sociaux nés des différentes crises - économique, écologique, urbaine - ont multiplié les sources et les volumes de financements à destination des associations. Elles se sont vues confier une part grandissante de la mise en œuvre de missions d'intérêt général et de service public.Parallèlement à l'augmentation des ressources publiques, les associations ont développé, encore plus rapidement, leurs ressources privées : celles-ci représentent aujourd'hui la moitié de leur budget total. Pour saisir les transformations des relations entre associations et puissance publique, et comprendre l'impact de ses transformations sur les associations, nous avons fait le choix d'étudier un dispositif public spécifique : le Dispositif Local d'Accompagnement (DLA).Lancé par l'État en 2002, la mise en œuvre de ce dispositif est déléguée par appel d'offres à des structures porteuses dans chaque département et dans chaque région. Il vise à professionnaliser les associations employeuses : il les accompagne à consolider leur modèle économique et à pérenniser leurs emplois. Chaque année c'est 6 000 petites et moyennes associations employeuses qui bénéficient d'un accompagnement, tous secteurs confondus (la France compte au total 180 000 associations employeuses). Observer les relations entre les associations et l'État par le biais du DLA est intéressant à plusieurs titres. Outre le fait qu'il est relativement nouveau et qu'il a été peu étudié : il s'adresse uniquement aux associations employeuses. Il permet de restreindre l'étude à ces structures et à leurs problématiques gestionnaires. Ce dispositif a aussi pour intérêt d'être transversal. Il s'adresse aux associations des différents secteurs qui composent le monde associatif. Il permet au chercheur de regarder le monde associatif comme un tout, de voir ce que les associations, tous secteurs confondus, ont en commun. Enfin, le dernier avantage, est que les accompagnements mobilisent un grand nombre d'acteurs ; leur étude offre l'occasion de recueillir une multiplicité de points de vue, interne et externes, à l'association. Nous avons utilisé ce dispositif comme une porte d'entrée pour comprendre pourquoi et comment l'État intervient sur l'emploi associatif ; pour voir pourquoi et comment les associations employeuses se transforment.Pour répondre à ces interrogations, nous avons exploré l'histoire du DLA, sa mise en œuvre et son impact sur les associations employeuses. L'idée étant, à travers le prisme de ce dispositif, d'observer l'évolution des relations entre l'État et les associations employeuses. D'interroger le gouvernement des associations par l'État. Notre questionnement s'inscrit dans la continuité des réflexions menées par les auteurs qui s'intéressent à la transformation des relations contractuelles entre associations, marchés et pouvoirs publics (Salamon, 1993, 1997, 2010 ; Archambault, 2012, 2013). Plus particulièrement, notre travail s'inscrit dans la continuité des travaux de la sociologie du travail associatif tel que l'ont notamment développé Matthieu Hély (2009 ; Hély & Moulévrier, 2013) et Maud Simonet (2010), mais aussi certains auteurs internationaux (Cunningham & James, 2009 ; Bach, 2012).Dans cette perspective, il s'agit d'aborder les associations non seulement comme des lieux d'engagement, mais comme des structures productives, de travail. Il convient alors d'interroger la division du travail, la recherche d'efficacité des acteurs associatifs. Il s'agit de penser les rapports sociaux à l'intérieur des associations, de les aborder comme un monde du travail où les bénévoles sont bien,eux aussi, des travailleurs.Pour aborder complètement la question du travail associatif, il est nécessaire de ramener l'État dans l'analyse (Evans, Rueschemeyer & Skocpol, 1985). Certains auteurs ont tendance à étudier le monde associatif comme une mobilisation intrinsèque de la société civile. Mais il nous semble que pour le saisir, il faut plutôt regarder le monde associatif comme un espace sous influence de l'État (Chevallier, 1981 ; 1986), sans pour autant le réduire à un strict instrument de politique publique sans autonomie. Ainsi, dans la perspective de la sociologie du travail associatif, il s'agit de regarder les associations au prisme des reconfigurations de l'État Providence. Notre travail de recherche nous a amenés à tirer quatre grands enseignements. Le premier enseignement est que l'enjeu de l'emploi remplace progressivement celui de la vie sociale dans les politiques publiques d'État vis-à-vis des associations. Nous sommes arrivés à cette conclusion en nous intéressant à l'histoire des politiques de l'emploi dans laquelle s'inscrit le DLA.Depuis les années 70, les associations sont mobilisées dans la lutte contre le chômage. Plus celui-ci augmente, plus les associations bénéficient d'emplois aidés, c'est à dire de subventions pour embaucher (Gomel, 2006). C'est d'ailleurs ce qui explique en grande partie la salarisation (Dussuet & Flahault, 2010 qui a marqué le monde associatif ces trente dernières années.Nous nous sommes plus particulièrement intéressés au programme « emplois jeunes » lancé par le gouvernement Jospin en 1997. Ce programme va créer plus de 200 000 emplois dans les associations. Il va aussi avoir une spécificité par rapport aux politiques de l'emploi précédentes. Ce programme ne prévoit pas simplement de subventionner des postes : il prévoit aussi de les accompagner. D'offrir du conseil aux structures pour qu'elles pérennisent les emplois une fois l'aide financière arrivée à terme.En 2002, à la fin du programme « emplois jeunes », cette logique d'aide à l'activité va s'autonomiser. Elle donnera naissance au DLA. Un dispositif qui vise officiellement la « professionnalisation » des petites et moyennes associations employeuses.En comparant ce nouveau dispositif étatique à destination des associations, avec ceux plus anciens portés par le Ministère en charge de la vie associative, nous avons observé que les politiques publiques de soutien à la vie associative avaient tendance à disparaître, quand à l'inverse le DLA s'est installé dans la durée et a vu ses crédits confortés d'année en année.Pour conclure sur ce premier enseignement ; notre travail de recherche nous amène à soutenir que nous assistons à une nouvelle dynamique : l'État a tendance à s'intéresser plus aux associations pour la charge en emploi dont elles sont porteuses que pour leurs projets et leur utilité sociale. Le deuxième enseignement de notre travail est que l'État, par le biais du DLA, gouverne les associations par l'accompagnement. Il les conduit dans un sens donné.Tout cela est rendu possible par plusieurs caractéristiques du DLA : si le dispositif est en apparence très structuré et cadré, il est néanmoins à la fois souple, ouvert et ajusté. Il est souple parce que sa mise en œuvre est déléguée, confiée à une diversité de structures porteuses qui sont toutes différentes et inscrites dans leurs territoires. Il est ouvert, parce les chargé-e-s de mission DLA, qui mettent en œuvre quotidiennement le dispositif, ont de grandes marges de manœuvre dans leur métier. Enfin, il est ajusté, car il est mis en œuvre par des associations, pour les associations et avec des consultants qui sont souvent d'anciens associatifs.Le DLA est aussi un dispositif privatisé (Lipsky & Smith, 1989-1990), complètement mis en œuvre par des structures de droit privé, en l'occurrence des associations. L'État semble disparaître, mais pour autant il n'est pas absent. Il reste pilote du dispositif. Il le dirige par des appels d'offres, par des comités de pilotage et par le biais d'une agence. Le DLA constitue un bon exemple de ces dispositifs nés ces dernières années, où « l'État stratège » délègue les fonctions opérationnelles mais continue d'en assurer le pilotage stratégique.L'État fixe notamment un objectif central : l'emploi. Nous avons observé que si les chargés de mission travaillent de manières différentes, que leurs actions passent par des détours, ils partagent tous ce « souci » (Jeannot, 2005) de l'emploi. Les accompagnements peuvent concerner le modèle économique, les RH, les outils de communication ou encore le projet de la structure, etc. : mais au final c'est toujours l'emploi qui est visé. Et en accompagnant les associations, les chargés de mission les font adhérer à leur tour à cette attente de l'État.Les accompagnements amènent en douceur, sans rien imposer, mais par l'incitation et l'adhésion, les associations à se transformer. Le troisième enseignement de notre travail est que le DLA accompagne les associations employeuses vers la « professionnalisation contemporaine » (Boussard, 2014). Derrière ce concept, nous entendons plusieurs choses.Tout d'abord que le DLA a un effet gestionnaire. Il implante des outils de gestion dans les associations. Ce n'est pas neutre : « enrôlés » (Boussard, 2008) par les dirigeants associatifs, cela va leurs donner une meilleure maîtrise de la structure, offrir de nouveaux outils pour mettre au travail les salariés et contrôler leurs activités.Le DLA va aussi avoir un effet sur la structuration du travail. Il pousse les associations à respecter davantage les normes légales : notamment le droit du travail et la loi 1901. Le DLA aide les structures à clarifier la division du travail, notamment entre bénévoles et salariés. Que chacun trouve sa place et son rôle dans l'association. Cela va aussi aider le directeur à mieux travailler et à corriger ses erreurs de gestion.Le DLA amène aussi les associations à être responsables de leurs emplois. Les emplois deviennent une finalité et non plus seulement un moyen. Pour les sauver, les bénévoles vont se mobiliser, prendre une part plus importante du travail, notamment au sein du bureau et du Conseil d'Administration. Pour les sauver, les associations vont aussi être amenées à chercher des solutions économiques. Et puisque les subventions manquent à l'appel, c'est vers le développement de ressources privées et marchandes qu'elles vont aller.Évidemment, selon les associations, les effets sont différents. Mais globalement, elles vont mieux prendre en compte la question de l'emploi et du travail, et aller dans le sens de la « professionnalisation contemporaine ». Le quatrième grand enseignement conclut notre thèse. Il concerne les relations entre l'État et les associations employeuses. Comme nous l'avons vu, le DLA a bien un impact gestionnaire, mais il ne faut pas en surestimer la « puissance » : il n'explique pas à lui seul la professionnalisation observée. Au final, le DLA ne fait qu'aider les associations à s'adapter à leur environnement économique et institutionnel. Il ne fait qu'accélérer leur adaptation.Pour comprendre ce qui pousse les associations à se transformer, nous avons cherché la réponse du côté des pouvoirs publics. En les étudiant, nous avons pu voir qu'ils sont morcelés et qu'ils ont des logiques différentes et parfois contradictoires. L'incertitude marque aussi leur budget, et par ricochet celui des associations. Paradoxalement, les pouvoirs publics demandent aux associations d'être professionnelles, de faire des projections de leurs budgets sur 3 ans, mais chaque année c'est l'incertitude sur leurs propres budgets. Et cela contraint les associations dans l'instabilité et l'incertitude : c'est l'un des puissants moteurs de la professionnalisation. Et ce d'autant plus que, comme l'a montré Viviane Tchernonog (2013), les pouvoirs publics changent leurs modes de contractualisation, passent d'une logique de subvention à une logique de marché public, de mise en concurrence.Nous défendons dans notre thèse que les pouvoirs publics sont producteurs de la « marchandisation » des associations ; les associations, pour mener à bien leurs missions et celles qui leur ont été confiées, n'ont d'autres choix que d'adopter des pratiques gestionnaires, de développer leurs ressources privées et commerciales. C'est le sens du « et inversement » du titre de la thèse : Le DLA professionnalise les associations employeuses pour les adapter en douceur à un environnement marchandisé. Mais l'inverse est d'autant plus vrai. Ce sont les contraintes du marché qui amène les associations à jouer le jeu du DLA et à se professionnaliser. Le véritable moteur de la professionnalisation contemporaine est la « marchandisation » publique - la market bureaucracy (Cunningham et James, 2014 ; Considine & Lewis, 2003 ; Sako, 1992) - de l'environnement associatif.
Pour en savoir plus : https://www.psdr4-auvergne.fr/ ; -Understanding benefits of herbivore farming system diversityIn the last decades, the market context has increased the specialization of livestock farming systems and production areas. However, in the Auvergne region, ruminant production areas still display high levels of diversification as the result of history and contrasted pedoclimatic conditions. Among agroecological principles, it has been assumed that incorporating diversity into livestock farming systems could increase their multiperformance and enhance their resilience. Technical references are however still missing. Research-development project New-DEAL (2015-2020) provided technical and organizational knowledge on/for multi-species grassland-based systems and integrated crop-livestock systems. Research was conducted across spatial scales, from territory to system components (herd, resources and work organization), with a focus on fodder autonomy and system resilience. Various stakeholders were associated to this research: (i) extension agents that provide technical advice to farmers, (ii) teachers of farmer students, and (iii) organizations involved in territorial governance that define local agricultural policies. Two territories underwent extensive analyses: Bocage-Bourbonnais (03) where there is a high occurrence of beef-sheep, beef-saddle horse and beef-crop systems, and Pays de Saint-Flour where multi-species herbivore systems coexist with beef-dairy cattle systems.-A key role of farmer and consumer surveys in our researchIndividual surveys were conducted with farmers, consumers, and extension and supply-chain agents. These surveys provided quantitative and qualitative information at territory, supply-chain, system and herd levels. At territory scale, we applied the model of territorialized complex goods (or baskets of goods and services) to local consumption. Bundles of services were first analyzed based on previous reports and expert surveys (animal scientists, economists, local stakeholders). More than 120 consumers from these two territories were then directly surveyed for their revealed preferences and willingness to pay for local products. Novelty of our work is that we focused on consumers from rural areas, while most previous studies had investigated preferences of urban consumers. A total of 180 farms surveys were also conducted across the main diversified and specialized herbivore farming systems of Auvergne region. The same number of more focused surveys were sent by post or collected online. We also used a bioeconomic optimization model to provide further economic outputs and explore system resilence to market hazards. Two pluri-annual experiments were conducted at INRAE and IFCE facilities to test for the underlying mechanisms of mixed cattle-sheep and cattle-horse grazing. Finally, six cover crop species were characterized as alternative forages for ruminants. -Key scientific resultsSeveral major specificies were highlighted by consumer surveys in both territories: (i) an average basket consisting of a mixture of beef, pork and vegetable, and (ii) a willingness to pay for these products that was more related to territorial vitality, than to the landscape amenities provided by livestock farming. Mixed herbivore and crop-livestock systems were usually larger, for farm and herd size, than specialized systems of the same area. Enlargement of farm area led to a significant increase in equipments and may simplify herd and pasture management. However, a strong reduction of inputs in mixed-grazing and crop-livestock systems was shown to result from a better utilization of grasslands and dilution of parasite burden in mixed grazing systems. Mixed herbivore systems also had enhanced buffer and adaptive capabilities, and so resilience, thanks to opportunities related to housing facilities, animal feeding management and work organization.-Key valorization initiativesA set of 26 synthetic and illustrated support were produced that summarize our main results at different scales. They are ready to be disseminated to non-academic actors in paper and electronic form. Some began to be on social media. Outputs from New-DEAL have already been introduced in initial and adult teachings. The Community of Communes of Bocage Bourbonnais has relied on some of our work to develop its projects. The results of the project are also valued thanks to partnerships committed beyond New-DEAL partners.-Scientific publicationsA total of eight scientific papers (+ five others that have been submitted) have been published, to which add 16 communications in national or international conferences. These go beyond the classical audience interested in livestock farming systems. A number of technical communications were made in direction to farmers, extension agents, and sometimes a broader audience. Finally, one PhD and 16 Master reports were based on the research carried out in New-DEAL. ; -Comprendre les atouts de la diversification des systèmes d'élevage herbivoresDans un contexte global qui a longtemps favorisé la spécialisation des systèmes et des territoires, les systèmes d'élevage d'herbivores conservent en Auvergne des productions variées du fait de la géographie et de l'histoire régionale. La transition agroécologique met en avant la diversification des systèmes d'élevage comme un des leviers pouvant répondre aux enjeux productifs, environnementaux et sociaux qui sont les leurs. Les références techniques et organisationnelles manquent pourtant. Le projet new-DEAL (2015-2020) visait à produire de telles références à des niveaux d'analyse allant du territoire jusqu'aux troupeaux, prairies et collectifs de travail qui constituent ces systèmes, afin d'accroitre la résilience et l'autonomie des élevages d'herbivores par leur diversification. Pour cela, un partenariat a été noué avec trois types d'acteurs indispensables pour développer des politiques agricoles territorialisées : les chambres d'agriculture qui accompagnent les agriculteurs et peuvent jouer sur les décisions de diversification, les lycées agricoles qui forment les agriculteurs de demain, et les collectivités territoriales qui développent leur stratégie agricole localement. Deux territoires ont fait l'objet d'analyses approfondies : le Bocage Bourbonnais (03) avec des élevages bovins-ovins viande, bovins-équins et des polyculteurs-viande, et le Pays de Saint-Flour (15) dans lequel on rencontre également des élevages bovins à orientation lait et viande. -Une démarche largement basée sur des enquêtes en exploitations ou auprès des consommateursL'approche par enquête individuelle (auprès d'experts locaux, d'éleveurs, de consommateurs), associant la collecte d'informations quantitatives et qualitatives, a été utilisée à différentes échelles d'analyse (territoire, système d'exploitation, filière, gestion du troupeau). A l'échelle du territoire, l'appréciation de la rente associée à la diversité de l'élevage local s'est faite en deux temps : l'identification des « bouquets d'aménités » associés à l'élevage à partir de l'analyse de documents et d'entretiens auprès d'experts zootechniciens, économistes, etc. ; l'évaluation, par une centaine de consommateurs interrogés dans les deux terrains, du consentement à payer pour différents paniers de produits issus du territoire. L'originalité est ici de questionner des consommateurs des petites villes alors que beaucoup de travaux antérieurs privilégiaient des citadins. Au total, 180 enquêtes en exploitations ont été réalisées dans les principaux systèmes d'élevage d'herbivores mixtes et spécialisés de la région, complétées par autant d'enquêtes postales ou par voie électronique. Un modèle d'optimisation sous contrainte complète l'analyse économique et permet de simuler la résilience des exploitations à des aléas du marché. Deux dispositifs pluri-annuels ont été suivis à INRAE et la station expérimentale de l'IFCE pour tester les hypothèses sous-jacentes aux atouts de la mixité bovins-ovins et bovins-équins. Six espèces de cultures dérobées ont été implantées à INRAE et à l'EPL de Moulins pour analyser leur valeur alimentaire pour les ruminants.-Résultats scientifiques majeurs du projetDans les deux terrains enquêtés, le comportement d'achat des consommateurs pour la viande provenant des élevages du territoire est motivé en premier lieu par la volonté de préserver l'emploi local. La présence d'un signe officiel de qualité pour un des produits du panier accroit le consentement à payer du consommateur. Dans toutes les filières analysées, les exploitations diversifiées sont en moyenne plus grandes que les exploitations spécialisées. La taille des collectifs de travail n'augmente pas proportionnellement à la taille des structures, ce qui entraîne de forts besoins d'équipements et un risque de simplification des pratiques. Toutefois, une réduction importante des intrants est envisageable dans ces exploitations grâce à une meilleure valorisation de l'herbe en pâturage mixte et du fait de la dilution de la charge parasitaire des animaux. La mixité d'espèces accroit aussi les capacités d'adaptation des éleveurs notamment pour la gestion des investissements, des pics de travail, et face aux évolutions du marché.-Principaux résultats de valorisationUn jeu de vingt-six fiches synthétiques et illustrées présente nos principaux résultats à différentes échelles d'analyse. Elles sont prêtes à être diffusées en direction des acteurs non-académiques sous forme papier et électronique. Certaines ont commencé à l'être sur les réseaux sociaux. L'EPL de Saint-Flour a intégré la thématique et la présentation des principaux résultats de New-DEAL dans des enseignements initiaux et pour adultes, et plusieurs chercheurs l'ont également fait dans leurs cours à AgroSup Dijon, VetAgro Sup, l'ISARA, ou à l'école chercheur agroécologie Agreenium-WUR. La Communauté de Communes du Bocage Bourbonnais s'est appuyée sur certains de nos travaux pour développer ses projets. La valorisation des résultats du projet se fait aussi grâce aux partenariats engagés au-delà du cercle des partenaires de New-DEAL : coopératives de commercialisation des produits ovins et bovins, Cantal Contrôle Elevage et Allier Conseil Elevage, Fédération des Eleveurs de Chevaux de Trait du Massif Central, etc.-Production scientifiqueLes résultats des recherches effectuées ont d'ores et déjà donné lieu à une valorisation scientifique par huit publications dans des revues à comité de lecture (+ 5 soumises) et 16 communications à des congrès nationaux ou internationaux dans des sphères non limitées au monde de l'élevage. Nous avons déjà fait plusieurs présentations au Sommet de l'Elevage, au SPACE, etc., ainsi que des interventions « grand public » (Nuit de l'agroécologie, etc.). Une thèse sur la mixité entre bovins allaitants et chevaux de selle a été soutenue, et 16 étudiants ingénieur ont finalisé leur formation dans le cadre du projet. Le projet PSDR4 Auvergne-Rhône-Alpes new-DEAL (2015-2020) a été structuré et est porté scientifiquement par deux UMR clermontoises fortement investies dans l'étude des élevages d'herbivores et de leurs territoires. Il s'est appuyé sur un partenariat non-académique agricole et territorial.
Pour en savoir plus : https://www.psdr4-auvergne.fr/ ; -Understanding benefits of herbivore farming system diversityIn the last decades, the market context has increased the specialization of livestock farming systems and production areas. However, in the Auvergne region, ruminant production areas still display high levels of diversification as the result of history and contrasted pedoclimatic conditions. Among agroecological principles, it has been assumed that incorporating diversity into livestock farming systems could increase their multiperformance and enhance their resilience. Technical references are however still missing. Research-development project New-DEAL (2015-2020) provided technical and organizational knowledge on/for multi-species grassland-based systems and integrated crop-livestock systems. Research was conducted across spatial scales, from territory to system components (herd, resources and work organization), with a focus on fodder autonomy and system resilience. Various stakeholders were associated to this research: (i) extension agents that provide technical advice to farmers, (ii) teachers of farmer students, and (iii) organizations involved in territorial governance that define local agricultural policies. Two territories underwent extensive analyses: Bocage-Bourbonnais (03) where there is a high occurrence of beef-sheep, beef-saddle horse and beef-crop systems, and Pays de Saint-Flour where multi-species herbivore systems coexist with beef-dairy cattle systems.-A key role of farmer and consumer surveys in our researchIndividual surveys were conducted with farmers, consumers, and extension and supply-chain agents. These surveys provided quantitative and qualitative information at territory, supply-chain, system and herd levels. At territory scale, we applied the model of territorialized complex goods (or baskets of goods and services) to local consumption. Bundles of services were first analyzed based on previous reports and expert surveys (animal scientists, economists, local stakeholders). More than 120 consumers from these two territories were then directly surveyed for their revealed preferences and willingness to pay for local products. Novelty of our work is that we focused on consumers from rural areas, while most previous studies had investigated preferences of urban consumers. A total of 180 farms surveys were also conducted across the main diversified and specialized herbivore farming systems of Auvergne region. The same number of more focused surveys were sent by post or collected online. We also used a bioeconomic optimization model to provide further economic outputs and explore system resilence to market hazards. Two pluri-annual experiments were conducted at INRAE and IFCE facilities to test for the underlying mechanisms of mixed cattle-sheep and cattle-horse grazing. Finally, six cover crop species were characterized as alternative forages for ruminants. -Key scientific resultsSeveral major specificies were highlighted by consumer surveys in both territories: (i) an average basket consisting of a mixture of beef, pork and vegetable, and (ii) a willingness to pay for these products that was more related to territorial vitality, than to the landscape amenities provided by livestock farming. Mixed herbivore and crop-livestock systems were usually larger, for farm and herd size, than specialized systems of the same area. Enlargement of farm area led to a significant increase in equipments and may simplify herd and pasture management. However, a strong reduction of inputs in mixed-grazing and crop-livestock systems was shown to result from a better utilization of grasslands and dilution of parasite burden in mixed grazing systems. Mixed herbivore systems also had enhanced buffer and adaptive capabilities, and so resilience, thanks to opportunities related to housing facilities, animal feeding management and work organization.-Key valorization initiativesA set of 26 synthetic and illustrated support were produced that summarize our main results at different scales. They are ready to be disseminated to non-academic actors in paper and electronic form. Some began to be on social media. Outputs from New-DEAL have already been introduced in initial and adult teachings. The Community of Communes of Bocage Bourbonnais has relied on some of our work to develop its projects. The results of the project are also valued thanks to partnerships committed beyond New-DEAL partners.-Scientific publicationsA total of eight scientific papers (+ five others that have been submitted) have been published, to which add 16 communications in national or international conferences. These go beyond the classical audience interested in livestock farming systems. A number of technical communications were made in direction to farmers, extension agents, and sometimes a broader audience. Finally, one PhD and 16 Master reports were based on the research carried out in New-DEAL. ; -Comprendre les atouts de la diversification des systèmes d'élevage herbivoresDans un contexte global qui a longtemps favorisé la spécialisation des systèmes et des territoires, les systèmes d'élevage d'herbivores conservent en Auvergne des productions variées du fait de la géographie et de l'histoire régionale. La transition agroécologique met en avant la diversification des systèmes d'élevage comme un des leviers pouvant répondre aux enjeux productifs, environnementaux et sociaux qui sont les leurs. Les références techniques et organisationnelles manquent pourtant. Le projet new-DEAL (2015-2020) visait à produire de telles références à des niveaux d'analyse allant du territoire jusqu'aux troupeaux, prairies et collectifs de travail qui constituent ces systèmes, afin d'accroitre la résilience et l'autonomie des élevages d'herbivores par leur diversification. Pour cela, un partenariat a été noué avec trois types d'acteurs indispensables pour développer des politiques agricoles territorialisées : les chambres d'agriculture qui accompagnent les agriculteurs et peuvent jouer sur les décisions de diversification, les lycées agricoles qui forment les agriculteurs de demain, et les collectivités territoriales qui développent leur stratégie agricole localement. Deux territoires ont fait l'objet d'analyses approfondies : le Bocage Bourbonnais (03) avec des élevages bovins-ovins viande, bovins-équins et des polyculteurs-viande, et le Pays de Saint-Flour (15) dans lequel on rencontre également des élevages bovins à orientation lait et viande. -Une démarche largement basée sur des enquêtes en exploitations ou auprès des consommateursL'approche par enquête individuelle (auprès d'experts locaux, d'éleveurs, de consommateurs), associant la collecte d'informations quantitatives et qualitatives, a été utilisée à différentes échelles d'analyse (territoire, système d'exploitation, filière, gestion du troupeau). A l'échelle du territoire, l'appréciation de la rente associée à la diversité de l'élevage local s'est faite en deux temps : l'identification des « bouquets d'aménités » associés à l'élevage à partir de l'analyse de documents et d'entretiens auprès d'experts zootechniciens, économistes, etc. ; l'évaluation, par une centaine de consommateurs interrogés dans les deux terrains, du consentement à payer pour différents paniers de produits issus du territoire. L'originalité est ici de questionner des consommateurs des petites villes alors que beaucoup de travaux antérieurs privilégiaient des citadins. Au total, 180 enquêtes en exploitations ont été réalisées dans les principaux systèmes d'élevage d'herbivores mixtes et spécialisés de la région, complétées par autant d'enquêtes postales ou par voie électronique. Un modèle d'optimisation sous contrainte complète l'analyse économique et permet de simuler la résilience des exploitations à des aléas du marché. Deux dispositifs pluri-annuels ont été suivis à INRAE et la station expérimentale de l'IFCE pour tester les hypothèses sous-jacentes aux atouts de la mixité bovins-ovins et bovins-équins. Six espèces de cultures dérobées ont été implantées à INRAE et à l'EPL de Moulins pour analyser leur valeur alimentaire pour les ruminants.-Résultats scientifiques majeurs du projetDans les deux terrains enquêtés, le comportement d'achat des consommateurs pour la viande provenant des élevages du territoire est motivé en premier lieu par la volonté de préserver l'emploi local. La présence d'un signe officiel de qualité pour un des produits du panier accroit le consentement à payer du consommateur. Dans toutes les filières analysées, les exploitations diversifiées sont en moyenne plus grandes que les exploitations spécialisées. La taille des collectifs de travail n'augmente pas proportionnellement à la taille des structures, ce qui entraîne de forts besoins d'équipements et un risque de simplification des pratiques. Toutefois, une réduction importante des intrants est envisageable dans ces exploitations grâce à une meilleure valorisation de l'herbe en pâturage mixte et du fait de la dilution de la charge parasitaire des animaux. La mixité d'espèces accroit aussi les capacités d'adaptation des éleveurs notamment pour la gestion des investissements, des pics de travail, et face aux évolutions du marché.-Principaux résultats de valorisationUn jeu de vingt-six fiches synthétiques et illustrées présente nos principaux résultats à différentes échelles d'analyse. Elles sont prêtes à être diffusées en direction des acteurs non-académiques sous forme papier et électronique. Certaines ont commencé à l'être sur les réseaux sociaux. L'EPL de Saint-Flour a intégré la thématique et la présentation des principaux résultats de New-DEAL dans des enseignements initiaux et pour adultes, et plusieurs chercheurs l'ont également fait dans leurs cours à AgroSup Dijon, VetAgro Sup, l'ISARA, ou à l'école chercheur agroécologie Agreenium-WUR. La Communauté de Communes du Bocage Bourbonnais s'est appuyée sur certains de nos travaux pour développer ses projets. La valorisation des résultats du projet se fait aussi grâce aux partenariats engagés au-delà du cercle des partenaires de New-DEAL : coopératives de commercialisation des produits ovins et bovins, Cantal Contrôle Elevage et Allier Conseil Elevage, Fédération des Eleveurs de Chevaux de Trait du Massif Central, etc.-Production scientifiqueLes résultats des recherches effectuées ont d'ores et déjà donné lieu à une valorisation scientifique par huit publications dans des revues à comité de lecture (+ 5 soumises) et 16 communications à des congrès nationaux ou internationaux dans des sphères non limitées au monde de l'élevage. Nous avons déjà fait plusieurs présentations au Sommet de l'Elevage, au SPACE, etc., ainsi que des interventions « grand public » (Nuit de l'agroécologie, etc.). Une thèse sur la mixité entre bovins allaitants et chevaux de selle a été soutenue, et 16 étudiants ingénieur ont finalisé leur formation dans le cadre du projet. Le projet PSDR4 Auvergne-Rhône-Alpes new-DEAL (2015-2020) a été structuré et est porté scientifiquement par deux UMR clermontoises fortement investies dans l'étude des élevages d'herbivores et de leurs territoires. Il s'est appuyé sur un partenariat non-académique agricole et territorial.