Alfred J. Rieber, The rise of engineers in Russia. The Russian engineering profession owes much of its professional ethos and ideology to the tradition of les grandes écoles as transmitted by French engineers imbued with St. Simonian ideals who staffed the Institute of Transportation Engineers in the early nineteenth century. Until then, Peter I's vision of a technological society had encountered resistance of the nobility to technical education, competing demands of the army for engineers and changing economic policies of the state. By the mid-nineteenth century Russian engineers controlled the Ministry of Transportation and firmly established a statist policy of economic development.
John P. Le donne, Local politics in Catherine's Russia: the Gorokov case. Local politics is a neglected topic in Russian history. This article describes the evolution of a suit filed by a former voevoda against noblemen of Vologda province, who had accused him of violating the laws and taking bribes. The suit provides interesting information about judicial procedures, but it shows above all the means by which the local nobility was able to defend its interests through its control of the courts.
John Le Donne, La réforme de la police en Russie : un projet de 1762. Cette publication d'un document d'archives nous permet d'obtenir un tableau général de la population urbaine de la Russie au début des années 1760 et de spéculer sur les raisons pour lesquelles un réseau de police urbain ne fut pas établi à cette époque.
Peter Gatrell, Culture économique, politique économique et croissance économique en Russie, 1861-1914. La croissance économique rapide en Russie vers la fin de l'ancien régime était associée à l'action de cultures économiques, de perceptions et de modes de comportement différents. La culture de l'entreprise qui incarnait des notioas de récompense pour les risques pris par cette dernière contrastait nettement avec la culture bureaucratique, solidement implantée, méfiante à l'égard de l'entreprise privée. La culture bureaucratique trouvait son expression dans l'intervention arbitraire de l'administration et la tutelle (opeka) conservatrice. Cet arbitraire (proizvol) s'explique par une capacité administrative sous-développée et par l'insécurité concomitante du gouvernement. L'insécurité sur le plan international reflétait le sous-développement industriel, mais la promotion de l'industrie générait des tensions nouvelles entre l'État et l'entreprise privée. L'ère de Bunge (ministre des Finances de 1882 à 1886) représenta une tentative audacieuse de modernisation du système fiscal et de création de nouvelles bases pour l'entreprise privée, mais ces initiatives ne furent pas soutenues. Assaillie par des cultures et des forces sociales ennemies, la culture économique bureaucratique s'avéra rebelle au changement.
Jane Burbank, Waiting for the people's revolution: Martov and Chernov in revolutionary Russia, 1917-1923. In the chaotic and decisive years after the October Revolution, Iu. O. Martov and V. Chernov, leaders of the Menshevik and Socialist Revolutionary parties, were unwilling to give their full support either to the Bolsheviks or to popular rebellions against the new government. This article explains their cautious and ultimately self-destructive positions as a consequence of the contradictions between their theories of revolution and their observations of mass behavior after 1917. In particular, the revolutionary years shook the confidence of the democratic left in the national values of workers and peasants. Fearful of rebellions against the fragile state, yet repulsed by the authoritarian tactics of the Bolsheviks, Martov and Chernov could find no militant position consistent with their ideological commitments and retreated to their traditional, non-violent stance of moral criticism.
Insulte et châtiment devant les tribunaux locaux : la construction de la civilité en Russie impériale tardive - Le présent article examine les litiges pour insultes portés devant les tribunaux locaux en Russie impériale tardive. Les paysans, considérés comme extérieurs au domaine du droit, eurent de fait largement recours aux tribunaux locaux pour résoudre les controverses issues de comportements publics insultants. Les paysans firent appel au droit écrit (statute law, par opposition au droit cou- tumier) et à la procédure des tribunaux locaux pour se défendre contre les abus verbaux et physiques et pour élaborer des normes de civilité. La participation de paysans aux débats devant les tribunaux de volost' établit un lien entre la population rurale et les autorités nationales, constituant un forum utile à la défense de la dignité individuelle, à la confrontation publique d'opinions contradictoires et à l'évaluation officielle d'actes perturbateurs.
Stefan Plaggenborg, La politique fiscale et la question de la pauvreté des paysans dans la Russie tsariste, 1881-1905. L'un des points les plus controversés chez les historiens est celui de la pauvreté des paysans pendant l'industrialisation de la Russie entre 1880 et 1905. La thèse centrale de cet article, c'est que la politique fiscale inaugurée par les ministres des Finances russes n'a pas ruiné l'économie paysanne, et par conséquent, n'a pas causé un appauvrissement des masses paysannes. Les paysans n'étaient accablés sérieusement ni par les impôts directs ni par les impôts indirects. Alors que les impôts levés par l'État pesaient de moins en moins sur les paysans, des secteurs « modernes » de l'économie étaient taxés plus lourdement : les biens fonciers en ville, les loyers du capital et l'industrie elle-même. En outre, le poids de la taxe per capita pour les contributions indirectes s'avérait considérablement plus élevé dans les zones urbaines et industrielles que dans les zones rurales. Il faudrait confronter ce résultat avec les thèses révisionnistes sur la pauvreté des paysans, en indiquant que la situation des paysans russes en général s'était améliorée ou du moins n'avait pas empiré pendant l'industrialisation. Bien que la pauvreté existât, elle ne résultait pas de la politique fiscale.
Janet M. Hartley, Is Russia part of Europe ? Russian perceptions of Europe in the reign of Alexander I. This article examines the reign of Alexander I ( 1801 - 1825) as a period of transition in the relationship between Russia and "the West". During his reign Russia's standing as a European power increased markedly and she became a dominant member of the European diplomatic community, playing a role in countries and in events which had no direct bearing on her own security. At the same time, hopes amongst some educated Russians that Alexander would adopt the constitutional, and possibly even the social, structure of Western European countries were not realized. The Decembrist revolt was the result of diverging views of "Europe" and Russia's place in it as perceived by Alexander and some of his subjects.
Ralph Della Cava, Reviving Orthodoxy in Russia. An overview of the factions in the Russian Orthodox Church in the spring of 1996. Orthodoxy today is Russia's numerically largest confession and has for more than a millennium remained one and indivisible with the culture of the Eastern Slavs (including Belarussians and Ukrainians). But, the Russian Orthodox Church, that credo's most expressive and representative institution, faces a crisis of faith and institutional organization unparalleled in its history. The causes of that crisis are just as complex as are the strategies and tactics which the Church has adopted during the past five years to restore its ascendancy over believers and reestablish its credibility as a social force at home and abroad. In many ways, this challenge mirrors that of the Russian state and society. In this respect, the Church also finds itself no less rent by internal divisions. Four major ecclesial factions have emerged. Identified here as Ultra-nationalists, Ecumenists, Institutional ists and Pastoralists, each is examined separately and in relationship to one another. The perspective is largely from within the Church universe proper, while at the same time Church ties to political and social changes occurring inside post-Communist Russia are kept in sight. Data for this account are based on scores of personal interviews with clergymen, scholars, journalists and lay persons conducted in the spring of 1995 and 1996 in nine cities of European Russia and, for the first time in such an inquiry, on a close reading of the Orthodox and specialized religious press in Russia and abroad.
Marshall POE, Le monde imaginaire de Semen Koltovskij. Le désir d'une ascendance noble et la falsification des généalogies dans la Russie de la fin du XVIIe siècle. La fin du XVIIe siècle fut une époque de mobilité sociale sans précédent dans les plus hautes sphères de la société moscovite. Avant le règne d'Aleksej Mihajlovič, la douma des boyards avait été coasidérée comme la chasse gardée d'un petit groupe de familles dont l'ascendance noble était certifiée. Aleksej, cependant, changea la politique de recrutement traditionnelle pour la douma au cours des années 1650 et se mit à promouvoir l'intégration au sein de la douma de recrues d'un nouveau type, des roturiers. En dépit des affirmations de certains historiens, ces nouveaux venus n'étaient pas des radicaux. Il est vrai que plusieurs d'entre eux avaient réussi leur ascension vers le sommet grâce à des services rendus à la couronne et à leurs capacités, et non par la faveur d'un droit héréditaire à un rang ou une fonction d'élite. Ils avaient bénéficié d'une très légère tendance à l'affectation au mérite. Mais ces nouveaux venus ne partageaient pas nécessairement les principes qui les avaient portés jusqu'aux plus hautes sphères de la société moscovite. Nés et élevés dans une société qui ne mettait pas en question l'existence d'une classe d'hommes nés pour diriger le royaume, ils se rendaient bien compte que, s'ils étaient introduits dans l'élite, ils n'en faisaient pas partie d'un point de vue généalogique. Ils n'ont probablement jamais envisagé de changer les principes de base du système social de l'époque. Ces « parvenus » désiraient devenir membres de l'élite héréditaire, et non pas la détruire. Le fait que la falsification généalogique ait été, parmi eux, chose courante, est à première vue une manifestation de ce désir et de la mentalité qui le suscitait
John Keep, La justice pour les troupes : une étude comparative de la Russie de Nicolas Ier et de la France de Louis-Philippe. La justice militaire est un rouage essentiel de la machine répressive de tout État. Sous le régime absolutiste du tsar militariste Nicolas Ier (1825-1855), le système russe était en retard sur celui de la France sous le « roi bourgeois » Louis-Philippe. Il n'y avait aucun contrôle par une instance juridique civile et les cours martiales exerçaient leur juridiction sur un grand nombre de catégories de délits et de délinquants civils. En France, au contraire, le principe de la suprématie civile était reconnu et largement respecté. En Russie, les enquêtes préliminaires et les cours martiales étaient dirigées dans une large mesure par des officiers qui n'avaient pas de formation juridique ou de fonctions bien précises, alors que leurs homologues français possédaient une structure administrative ramifiée, dont la vocation était de s'assurer que la justice était rendue comme il le fallait ; un prévenu pouvait faire appel à un avocat, ce qui en Russie n'était possible que dans les affaires sommaires à procédure accélérée et les inculpés étaient à la merci de l'accusation ; les procès avaient lieu en secret sur la base de documents écrits ; on arrivait souvent à des verdicts arbitraires, car les réviseurs pouvaient redéfinir l'accusation et accroître les peines. Ces dernières étaient barbares et comportaient fréquemment des châtiments corporels sévères. Le sort des exilés en Sibérie est comparé à celui des bagnards en France et des détenus dans des unités pénitentiaires. Les déserteurs étaient traités moins sévèrement en France, en partie pour des raisons politiques, et les chances d'acquittement y étaient beaucoup plus grandes puisque les Français avaient une conscience légale développée que les Russes commençaient seulement à acquérir.