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Pour sa réflexion sur la figure du chef sans pouvoir, sur l'État comme système de garanties, sur la continuité entre l'échange et la guerre, ou encore sur l'écologie, il faut reconnaître à l'anthropologue une sagesse politique.

Transférée du roi au peuple, la souveraineté a connu un processus de dés-absolutisation. Mais si les soulèvements actuels renouent avec elle, c'est aussi pour répondre à un sentiment légitime de dépossession démocratique.

International audience ; "Humanisme de l'autre homme" paraît en 1972 après un moment d'intense contestation de l'humanisme, en France, dans la décennie 1960-1970. Dans son Avant-propos, Levinas « n'ignore » nullement ce contexte, mais il présente ses études comme relevant d'une « considération inactuelle ». On peut lire ce livre comme une réponse critique, après-coup, à la "Lettre sur l'humanisme" dans laquelle Heidegger reconduisait certaines figures, comme "l'absence de patrie" et "l'étrangeté", qu'il avait investies d'un sens politique dans les années 1930, en en transformant le sens. En dénouant l'axe Allemagne-Grèce que Heidegger maintient à travers sa référence à Hölderlin contre le "cosmopolitisme" de l'humanisme de Goethe et de Schiller, Levinas place son propre "humanisme" sous le signe du thème biblique de "l'incondition" d'étranger.