Cultural Diversity, European Identity and the Legitimacy of the EU
In: Politique européenne, Volume 40, Issue 2, p. 138-142
ISSN: 2105-2875
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In: Politique européenne, Volume 40, Issue 2, p. 138-142
ISSN: 2105-2875
On peut considérer que la question de la légitimité de l'intégration européenne s'est véritablement posée à partir de 1992, à la suite du débat ouvert par le résultat négatif du premier référendum danois relatif à la ratification du traité de Maastricht et par le score serré de la réponse positive apportée par les électeurs français qui a suivi . Plus récemment en 2005, suite aux échecs des référendums français et néerlandais relatifs à la ratification du « Traité établissant une Constitution pour l'Europe (TCE) », la question de la légitimité de l'Union Européenne a été à nouveau portée sur le devant de la scène. Ces résultats négatifs ont en effet été interprétés comme l'indication d'un sentiment d'inquiétude, voire de rejet, d'une grande partie de l'opinion publique européenne à propos de la construction européenne. De manière générale, ces deux décennies sont ainsi marquées, tant du côté des acteurs et des institutions de l'UE que du côté des observateurs et des analystes, par le diagnostic d'un « déficit de légitimité démocratique » de l'UE. A l'instar de l'étude de la légitimité dans le cadre de l'Etat-nation, les études européennes ont appréhendé cette question principalement sous deux angles d'approches, normatif et empirique, en tentant de répondre à cette double interrogation: au vu d'une série de critères normatifs, principalement démocratiques, le système politique européen peut-il être considéré comme légitime? Et dans quelle mesure les citoyens perçoivent-ils le processus d'intégration comme légitime? Si les débats académiques portant sur la légitimité européenne ont atteint aujourd'hui un haut degré de sophistication sur le plan normatif , on en sait considérablement moins quant à la légitimité empirique du processus d'intégration européenne. Dans son acceptation empirique, la légitimité d'un système politique est perçue comme dépendante de l'adhésion, du soutien, des attentes, des valeurs, dispositions ou attitudes incarnées dans les croyances des citoyens. Au sein des études européennes, l'étude de la légitimité « par le bas » a principalement consisté à analyser l'opinion publique à l'égard de l'intégration européenne, plus particulièrement grâce à un recours quasi exclusif aux données de sondage issues des Eurobaromètres. Les travaux quantitatifs ont permis des avancées essentielles . Cependant, ces analyses ont également montré leurs limites à répondre à certains questionnements relatifs aux rapports des citoyens à l'Union européenne et en particulier à analyser la variable nationale dans toute sa complexité . Dans le cadre d'une réflexion sur la légitimité de ce nouvel ordre politique émergent, nous entendons donc contribuer à l'approfondissement de la compréhension de ces croyances en la légitimité du système européen. Ce texte s'inscrit dans cette tradition de recherche qui aborde la question de l'acceptation de l'ordre politique européen à partir du point de vue des citoyens. Ce texte vise à comprendre les différents types de raisonnements élaborés, pas toujours explicitement, par les citoyens européens dans leur reconnaissance du système politique européen comme légitime ou illégitime. L'analyse des discours de légitimation dans l'arène publique – dans les médias, les parlements, les journaux académiques ou dans le cas qui nous occupe dans des discussions entre citoyens – offre aux chercheurs un accès à la nature complexe et multidimensionnelle des croyances en la légitimité d'un ordre politique. Les discussions tenues au sein de nos focus groups peuvent être utilisées pour esquisser les structures des discours de (dé)légitimation, les arguments qui soutiennent les croyances et les demandes de légitimité des citoyens, les références normatives et les critères d'acceptabilité qu'ils proposent et la manière dont ils conçoivent, dans le sens de framing, leurs interprétations et évaluations de cet ordre politique . Plus spécifiquement, il s'agira de porter une attention particulière à la façon dont les évaluations positives et négatives du nouvel ordre européen sont construites dans ces trois pays : au sein de quels débats trouvent-elles leur origine ? A quels critères se réfèrent-elles pour justifier du caractère positif ou négatif des évaluations de ce nouvel ordre ? A travers 24 entretiens collectifs réalisés en Belgique (francophone), en France et en Grande-Bretagne , nous tenterons de répondre à ces questions. Nous nous inscrivons dans le qualitative turn récemment emprunté par les études européennes . Dans le cadre de nos focus groups, si le sujet de l'Europe a été imposé, les questions restent cependant assez ouvertes pour permettre une certaine latitude dans les discussions engagées . L'effet d'entraînement favorisé par la dynamique de la discussion incite les participants à produire un discours qui se détache plus facilement des problématiques imposées par le chercheur. Quel que soit le niveau ou le pays retenu, il est possible d'observer les éléments à partir desquels nos participants parviennent à évaluer le processus d'intégration européenne. La première étape de notre démarche d'analyse vise donc à repérer quels sont les enjeux européens qui sont évoqués au sein des discussions et en quels termes .
BASE
On peut considérer que la question de la légitimité de l'intégration européenne s'est véritablement posée à partir de 1992, à la suite du débat ouvert par le résultat négatif du premier référendum danois relatif à la ratification du traité de Maastricht et par le score serré de la réponse positive apportée par les électeurs français qui a suivi . Plus récemment en 2005, suite aux échecs des référendums français et néerlandais relatifs à la ratification du « Traité établissant une Constitution pour l'Europe (TCE) », la question de la légitimité de l'Union Européenne a été à nouveau portée sur le devant de la scène. Ces résultats négatifs ont en effet été interprétés comme l'indication d'un sentiment d'inquiétude, voire de rejet, d'une grande partie de l'opinion publique européenne à propos de la construction européenne. De manière générale, ces deux décennies sont ainsi marquées, tant du côté des acteurs et des institutions de l'UE que du côté des observateurs et des analystes, par le diagnostic d'un « déficit de légitimité démocratique » de l'UE. A l'instar de l'étude de la légitimité dans le cadre de l'Etat-nation, les études européennes ont appréhendé cette question principalement sous deux angles d'approches, normatif et empirique, en tentant de répondre à cette double interrogation: au vu d'une série de critères normatifs, principalement démocratiques, le système politique européen peut-il être considéré comme légitime? Et dans quelle mesure les citoyens perçoivent-ils le processus d'intégration comme légitime? Si les débats académiques portant sur la légitimité européenne ont atteint aujourd'hui un haut degré de sophistication sur le plan normatif , on en sait considérablement moins quant à la légitimité empirique du processus d'intégration européenne. Dans son acceptation empirique, la légitimité d'un système politique est perçue comme dépendante de l'adhésion, du soutien, des attentes, des valeurs, dispositions ou attitudes incarnées dans les croyances des citoyens. Au sein des études européennes, l'étude de la légitimité « par le bas » a principalement consisté à analyser l'opinion publique à l'égard de l'intégration européenne, plus particulièrement grâce à un recours quasi exclusif aux données de sondage issues des Eurobaromètres. Les travaux quantitatifs ont permis des avancées essentielles . Cependant, ces analyses ont également montré leurs limites à répondre à certains questionnements relatifs aux rapports des citoyens à l'Union européenne et en particulier à analyser la variable nationale dans toute sa complexité . Dans le cadre d'une réflexion sur la légitimité de ce nouvel ordre politique émergent, nous entendons donc contribuer à l'approfondissement de la compréhension de ces croyances en la légitimité du système européen. Ce texte s'inscrit dans cette tradition de recherche qui aborde la question de l'acceptation de l'ordre politique européen à partir du point de vue des citoyens. Ce texte vise à comprendre les différents types de raisonnements élaborés, pas toujours explicitement, par les citoyens européens dans leur reconnaissance du système politique européen comme légitime ou illégitime. L'analyse des discours de légitimation dans l'arène publique – dans les médias, les parlements, les journaux académiques ou dans le cas qui nous occupe dans des discussions entre citoyens – offre aux chercheurs un accès à la nature complexe et multidimensionnelle des croyances en la légitimité d'un ordre politique. Les discussions tenues au sein de nos focus groups peuvent être utilisées pour esquisser les structures des discours de (dé)légitimation, les arguments qui soutiennent les croyances et les demandes de légitimité des citoyens, les références normatives et les critères d'acceptabilité qu'ils proposent et la manière dont ils conçoivent, dans le sens de framing, leurs interprétations et évaluations de cet ordre politique . Plus spécifiquement, il s'agira de porter une attention particulière à la façon dont les évaluations positives et négatives du nouvel ordre européen sont construites dans ces trois pays : au sein de quels débats trouvent-elles leur origine ? A quels critères se réfèrent-elles pour justifier du caractère positif ou négatif des évaluations de ce nouvel ordre ? A travers 24 entretiens collectifs réalisés en Belgique (francophone), en France et en Grande-Bretagne , nous tenterons de répondre à ces questions. Nous nous inscrivons dans le qualitative turn récemment emprunté par les études européennes . Dans le cadre de nos focus groups, si le sujet de l'Europe a été imposé, les questions restent cependant assez ouvertes pour permettre une certaine latitude dans les discussions engagées . L'effet d'entraînement favorisé par la dynamique de la discussion incite les participants à produire un discours qui se détache plus facilement des problématiques imposées par le chercheur. Quel que soit le niveau ou le pays retenu, il est possible d'observer les éléments à partir desquels nos participants parviennent à évaluer le processus d'intégration européenne. La première étape de notre démarche d'analyse vise donc à repérer quels sont les enjeux européens qui sont évoqués au sein des discussions et en quels termes .
BASE
The paper addresses the issue of whether there has been a change in public attitudes towards European integration over the time, in terms of a passage from a permissive consensus of citizens towards a constraining dissensus (Hooghe & Marks, 2008; Down & Wilson, 2008). The thesis of constraining dissensus has been theorized by Hooghe and Marks in terms of progressive politicization of citizens and the polarization of their attitudes derived from the consolidation and prominence of the integration process. Building first on previous work of Down and Wilson (2008) and mobilizing a complementary longitudinal analysis of Eurobarometer data (1970-2002), this paper finds that the basic shift is one towards an indifferent or undecided attitude and not towards rejection. Thereafter, it contributes to the study of the processes of acceptance and/or resistance towards European integration, as well as its possible politicization, whilst concentrating more specifically on the non-polarization of a large proportion of ordinary citizens on European issues. Thus, next to the resistance generally studied and know as "Euroscepticism", one also records during the last decade a reinforcement of the indifference and indecision of ordinary citizens. The evolution in the post-Maastricht period cannot simply be reduced to an increase in "Euroscepticism". The non-polarization of a significant number of citizens is indeed an overwhelming and understudied phenomenon. The politicization of European issues does not necessarily lead to the polarization of citizens opinions; we argue here that it is necessary to incorporate the notion and the role of indifference into any reflection on the legitimacy of the European integration process.
BASE
The paper addresses the issue of whether there has been a change in public attitudes towards European integration over the time, in terms of a passage from a permissive consensus of citizens towards a constraining dissensus (Hooghe & Marks, 2008; Down & Wilson, 2008). The thesis of constraining dissensus has been theorized by Hooghe and Marks in terms of progressive politicization of citizens and the polarization of their attitudes derived from the consolidation and prominence of the integration process. Building first on previous work of Down and Wilson (2008) and mobilizing a complementary longitudinal analysis of Eurobarometer data (1970-2002), this paper finds that the basic shift is one towards an indifferent or undecided attitude and not towards rejection. Thereafter, it contributes to the study of the processes of acceptance and/or resistance towards European integration, as well as its possible politicization, whilst concentrating more specifically on the non-polarization of a large proportion of ordinary citizens on European issues. Thus, next to the resistance generally studied and know as "Euroscepticism", one also records during the last decade a reinforcement of the indifference and indecision of ordinary citizens. The evolution in the post-Maastricht period cannot simply be reduced to an increase in "Euroscepticism". The non-polarization of a significant number of citizens is indeed an overwhelming and understudied phenomenon. The politicization of European issues does not necessarily lead to the polarization of citizens opinions; we argue here that it is necessary to incorporate the notion and the role of indifference into any reflection on the legitimacy of the European integration process.
BASE
Drawing on the current debates, both political and academic, this doctoral research deals with the political legitimacy of European integration. Although political legitimacy is not a new concept in political science, it has attracted increased attention over the last two decades in the context of reflections on democracy, governance and the "crisis" of legitimacy at the European level, the sphere on which this research is founded. This thesis takes a sociopolitical approach to legitimacy, beyond any normative considerations. More specifically, it focuses on legitimacy understood as the acceptance of a changing political order by ordinary citizens, this acceptance being more or less conscious and active. The specificity of this approach lies in addressing this problem in all its complexity, analyzing both its latent and its manifest aspects. As a result, it contributes to the study of the processes of acceptance and/or resistance to the current process of European integration and its possible or desirable politicization. More precisely it is focused on the indifference of ordinary citizens to this process. Indeed the politicization of the European political order is at the heart of many academic debates and as a result a better understanding of this indifference is essential. Ameliorating our understanding of the lack of salience of European issues for a growing part of the public is the fundamental task tackled in this thesis. Beginning with a critical review of the literature on European legitimacy that underlines some of its weak points, the first chapter of this thesis provides a synthesis of the different theoretical models of legitimation that have been used in the course of European construction. The presentation of these different models provides the backdrop against which we are able to understand how citizens' attitudes towards European integration have been analyzed in the existing literature. This first chapter demonstrates how the citizen, from being a simple spectator, has been constructed as a key actor in the processes legitimizing European integration. Mobilizing a new longitudinal analysis of Eurobarometer data, the results of the second chapter lead us to conclude that the principal limitation of the way the notion of support is used in the literature is its over-reliance on a one-dimensional understanding of citizens' attitudes towards European integration. Contrary to this, we defend the idea that these attitudes are much more complex. The evolution of the post-Maastricht period cannot simply be reduced to an increase in "euroscepticism", particularly amongst lower socio-economic groups. This chapter concludes that it is necessary to take into account indifferent or undecided citizens to fully comprehend the question of the legitimacy of European integration, in all its components. The non-polarization of a significant number of citizens is indeed an overwhelming phenomenon. However, the study of this non-polarized category of citizens is not without posing substantial methodological problems. The third chapter thus deals with the issues surrounding the choice of methodology for the analysis of ordinary citizens' lack of polarization. With the goal of contributing to the renewal of research on citizens' attitudes towards European integration, we chose to put into place a methodology that is both qualitative and exploratory, whilst continuing with efforts to quantify the different processes observed, along the lines of existing European studies. This research therefore adopts a triangulation strategy that commonly comes under the term of mixed-methods. In this chapter we outline the reasons for our choice of focus groups as a research tool and set out our comparative research design in detail. 24 focus groups were conducted in the context of the research project Citizens Talking About Europe in (francophone) Belgium, in France, and in Great Britain. The additional perspective gained by the use of focus groups in three countries leads us in the fourth chapter to refute the underlying premise of the "constraining dissensus", already visible in the model of the "permissive consensus": the premise of the uniformity of national attitudes towards European integration. Building on the work of Juan Diez Medrano, in his book Framing Europe, the systematic coding analysis of our collective interviews leads us to confirm that different groups have different structures of perception and therefore of evaluation of European integration. Having radically questioned the uniformity of national attitudes towards the European Union, the fifth chapter demonstrates that the plurality of perceptions not only differs from one country to another but also within a given national context. In each of the three countries we studied, we observed the same increase in the number of citizens who expressed neither explicit support nor rejection of integration. In this chapter we focus our analysis on these undecided or indifferent citizens, distinguishing three forms of non-polarization: ambivalence, distance and exteriority, and fatalism. These three forms correspond to different framings in three different national categories however. In conclusion, our overall results lead us to interrogate the relevance of the affirmation according to which the permissiveness as understood in the thesis of the "permissive consensus" ended with the ratification of the Maastricht Treaty. We propose an alternative interpretation, which argues that the acceptance of a European political order stems from at least two rationales. On one hand, amongst the elites (understood in a broad sense as political or economic or even simply citizens interested in the political sphere) we observe a polarization of opinion characterized by a decline in support and a reinforcement of opposition to the processes of European integration. This tendency is emphasized and explained by the model of "constraining dissensus". On the other hand, we observe the reinforcement of indifference and/or indecision amongst ordinary citizens not expert in political matters, faced with this same process. The first rational of appropriation is linked to an active form of contentment or rejection, whereas the second demonstrates a mode of tacit acceptance, illustrating that the "permissive consensus" has not disappeared in the post-Maastricht era, although it has been transformed over the course of the integration process. In this respect, European legitimacy must be understood as both direct and indirect: as a double process. It must be seen as the extension and/or transformation of the acceptance of the national political order. Our results therefore suggest that we reconsider two commonly accepted premises, firstly that the European Union has become a salient issue for citizens and secondly that European public opinion has become polarized on the question of Europe. More generally, the conclusion of this thesis invites us to question the acceptance of change in the political order by investigating not only the degree of support citizens have for the European political system and the type of support they express, but also at the intensity of this support. Although the contrast between the pre- and post- Maastricht periods in terms of the parallel growth of the competences of the European Union and the publicity around European issues is not called into question, an interpretation based on the binary permissive consensus/euroscepticism appears incomplete if not erroneous. In emphasizing the complexity of the dynamics of politicization, this thesis suggests that the alleged break in the "permissive consensus" amongst citizens needs to be put into perspective. Thus, it is not clear that the "popular mood" towards Europe is the mirror image of the level of dissensus amongst elites . The politicization of European issues does not necessarily lead to the polarization of citizens opinions; we argue here that it is necessary to incorporate the notion and the role of indifference into any reflection on the legitimacy of the European integration process. ; Partant des débats actuels, à la fois scientifiques et politiques, cette recherche doctorale aborde la question de la légitimité politique dans le cas de l'intégration européenne. Si la légitimité politique n'est pas un concept nouveau de la science politique, cette notion a connu un regain d'intérêt au cours des deux dernières décennies dans le cadre de réflexions sur la démocratie, la gouvernance ou encore la 'crise' de légitimité au niveau européen, échelon sur lequel se concentre notre travail. Notre thèse repose sur une approche sociopolitique de la légitimité, étudiée en dehors de considérations normatives. Nous nous intéressons plus exactement à la légitimité comprise comme l'acceptation par les citoyens ordinaires d'un ordre politique en changement, cette acceptation pouvant être plus ou moins consciente et active. La particularité de notre approche réside dans le fait que nous nous sommes efforcées de cerner cette problématique dans toute sa complexité analysant autant ses aspects actifs que latents. Par conséquent, elle contribue à l'étude actuelle des processus d'acceptation et/ou de résistance à l'égard du processus en cours et à sa possible ou souhaitable politisation. Elle se concentre plus précisément sur l'indifférence des citoyens ordinaires. En effet, la politisation de l'ordre politique européen est au centre de nombre de questionnements académiques. Dès lors, comprendre l'absence de saillance des enjeux européens au sein d'une part grandissante de l'opinion publique revêt un caractère essentiel, tâche à laquelle cette thèse s'est attelée. Partant d'une revue de la littérature sur la légitimité européenne destinée à souligner certains de ses points faibles, la thèse propose dans un premier chapitre une synthèse des différents modèles théoriques et de légitimation qui ont été utilisés au fil de la construction européenne. La présentation de ces différents modèles sert de « toile de fond » pour comprendre comment les attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne ont été analysées. Ce premier chapitre montre comment, de simple spectateur, le citoyen a été construit comme un acteur clé du processus de légitimation de l'intégration européenne. Grâce à une nouvelle analyse longitudinale des données Eurobaromètres, les résultats du deuxième chapitre amènent à conclure que la principale limite des utilisations faites de la notion de soutien est de reposer sur une acception unidimensionnelle des attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne. Nous défendons au contraire l'idée que ces attitudes recèlent une plus grande complexité. L'évolution dans la période post-Maastricht ne peut être résumée par une augmentation de l' « euroscepticisme », en particulier parmi les catégories sociales les plus populaires. Ce chapitre conclut à la nécessité de prendre en compte la catégorie des citoyens indifférents ou indécis pour saisir la question de la légitimité de l'intégration européenne dans toutes ses composantes. La non-polarisation d'une part importante des citoyens est en effet un phénomène massif. Cependant, étudier cette catégorie non-polarisée de citoyens n'est pas sans poser des problèmes méthodologiques importants. Le troisième chapitre aborde la question des méthodes retenues en vue d'analyser la non-polarisation des citoyens ordinaires. Désirant contribuer au renouvellement des études des attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne, nous avons choisi de mettre en œuvre une méthodologie qualitative et exploratoire, tout en prolongeant l'effort de quantification des processus observés, dans le droit fil des études européennes. Notre travail adopte donc une stratégie de triangulation, qu'on désigne couramment sous le terme de mixed-methods. Nous justifions dans ce chapitre du choix de recourir au focus group comme outil d'enquête et détaillons notre design de recherche comparatif. 24 focus groups ont été réalisés dans le cadre du projet de recherche Citizens Talking About Europe en Belgique (francophone), en France et en Grande-Bretagne. Ils permettent d'appréhender dans toutes leurs composantes les rapports des citoyens ordinaires à l'intégration européenne. Le regard complémentaire porté grâce à l'utilisation de focus groups réalisés dans ces trois pays nous amène dans le quatrième chapitre à réfuter le postulat, sous-jacent à la thèse du « dissensus contraignant », déjà présent dans le modèle du « consensus permissif », d'une uniformité des attitudes nationales à l'égard de l'intégration européenne. Inspirée des avancées réalisées par Juan Diez Medrano dans son ouvrage Framing Europe, l'analyse systématique par codage de nos entretiens collectifs amène à confirmer que des publics différents ont des structures de perception, et donc d'évaluation, différentes à l'égard de l'intégration européenne. Après avoir remis en cause l'uniformité des attitudes nationales à l'égard de l'Union européenne, le cinquième chapitre démontre que la pluralité de perceptions diffère non seulement d'un pays à l'autre, mais qu'elles peuvent également par ailleurs coexister au sein d'un même contexte national. Dans chacun des pays enquêtés, on observe la même croissance de la catégorie de citoyens n'exprimant ni soutien explicite, ni rejet du processus d'intégration. Dans le cadre de ce dernier chapitre, nous concentrons nos analyses sur les citoyens indécis ou indifférents en différenciant trois visages de non-polarisation : l'ambivalence, la distance et l'extériorité et le fatalisme, lesquels correspondent cependant, dans chacun des trois pays, à des framing différents. En conclusion, l'ensemble de nos résultats nous conduit à interroger la pertinence de l'affirmation selon laquelle la permissivité telle que comprise dans le cadre de la thèse du « consensus permissif » a pris fin avec la ratification du Traité de Maastricht. Nous proposons une interprétation complémentaire, qui souligne que l'acceptation de l'ordre politique européen relève de deux logiques au moins. D'un côté, on assiste parmi les élites, entendues au sens large, tant politiques, qu'économiques, voire tout simplement les citoyens qui portent un intérêt à ce qui se joue dans le champs politique, à une polarisation des opinions marquées par un déclin des opinions favorables et un renforcement des oppositions au processus d'intégration européenne, tendance soulignée et expliquée par le modèle du « dissensus contraignant ». D'un autre côté, on constate un renforcement de l'indifférence et/ou de l'indécision des citoyens profanes en matière politique face à ce même processus. Là où la première logique d'appropriation renvoie à un mode actif de consentement ou de rejet, la seconde relève d'un mode d'acceptation tacite actualisant le modèle du « consensus permissif » dont nous montrons qu'il n'a pas disparu dans l'ère post-Maastricht, même s'il s'est transformé au fil de l'intégration. A cet égard, la légitimité européenne doit être comprise comme étant, à la fois, directe et indirecte, dans un double processus. Elle doit être perçue comme l'extension et/ou la transformation de l'acceptation de l'ordre politique national. L'ensemble de nos résultats invite par conséquent à reconsidérer deux postulats communément perçus comme acquis, à savoir non seulement que l'Union européenne serait devenu un enjeu saillant pour les citoyens, mais aussi que les opinions publiques européennes se seraient polarisées. Plus généralement, la conclusion de cette thèse invite à aborder la question de l'acceptation d'un changement dans l'ordre politique en s'intéressant non seulement au degré de soutien des citoyens au système politique européen et au type de soutien exprimé, mais également à son intensité. Si le contraste entre les périodes pré et post-Maastricht en termes de croissance concomitante des compétences de l'Union européenne et de publicisation des enjeux européens n'est pas remis en cause, la lecture basée sur le diptyque consensus permissif / euroscepticisme semble incomplète sinon erronée. En soulignant la complexité des dynamiques de politisation, cette thèse amène à relativiser la rupture du « consensus permissif » des citoyens. Ainsi, il n'est pas évident que l' « humeur populaire » à l'égard de l'Europe et le niveau de dissensus des élites se répondent en miroir . La politisation des enjeux européens ne menant pas nécessairement à une polarisation des opinions des citoyens, nous soutenons qu'il convient d'intégrer l'indifférence dans toute réflexion portant sur la légitimité du processus d'intégration européenne. ; (POL 3) -- UCL, 2010
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Drawing on the current debates, both political and academic, this doctoral research deals with the political legitimacy of European integration. Although political legitimacy is not a new concept in political science, it has attracted increased attention over the last two decades in the context of reflections on democracy, governance and the "crisis" of legitimacy at the European level, the sphere on which this research is founded. This thesis takes a sociopolitical approach to legitimacy, beyond any normative considerations. More specifically, it focuses on legitimacy understood as the acceptance of a changing political order by ordinary citizens, this acceptance being more or less conscious and active. The specificity of this approach lies in addressing this problem in all its complexity, analyzing both its latent and its manifest aspects. As a result, it contributes to the study of the processes of acceptance and/or resistance to the current process of European integration and its possible or desirable politicization. More precisely it is focused on the indifference of ordinary citizens to this process. Indeed the politicization of the European political order is at the heart of many academic debates and as a result a better understanding of this indifference is essential. Ameliorating our understanding of the lack of salience of European issues for a growing part of the public is the fundamental task tackled in this thesis. Beginning with a critical review of the literature on European legitimacy that underlines some of its weak points, the first chapter of this thesis provides a synthesis of the different theoretical models of legitimation that have been used in the course of European construction. The presentation of these different models provides the backdrop against which we are able to understand how citizens' attitudes towards European integration have been analyzed in the existing literature. This first chapter demonstrates how the citizen, from being a simple spectator, has been constructed as a key actor in the processes legitimizing European integration. Mobilizing a new longitudinal analysis of Eurobarometer data, the results of the second chapter lead us to conclude that the principal limitation of the way the notion of support is used in the literature is its over-reliance on a one-dimensional understanding of citizens' attitudes towards European integration. Contrary to this, we defend the idea that these attitudes are much more complex. The evolution of the post-Maastricht period cannot simply be reduced to an increase in "euroscepticism", particularly amongst lower socio-economic groups. This chapter concludes that it is necessary to take into account indifferent or undecided citizens to fully comprehend the question of the legitimacy of European integration, in all its components. The non-polarization of a significant number of citizens is indeed an overwhelming phenomenon. However, the study of this non-polarized category of citizens is not without posing substantial methodological problems. The third chapter thus deals with the issues surrounding the choice of methodology for the analysis of ordinary citizens' lack of polarization. With the goal of contributing to the renewal of research on citizens' attitudes towards European integration, we chose to put into place a methodology that is both qualitative and exploratory, whilst continuing with efforts to quantify the different processes observed, along the lines of existing European studies. This research therefore adopts a triangulation strategy that commonly comes under the term of mixed-methods. In this chapter we outline the reasons for our choice of focus groups as a research tool and set out our comparative research design in detail. 24 focus groups were conducted in the context of the research project Citizens Talking About Europe in (francophone) Belgium, in France, and in Great Britain. The additional perspective gained by the use of focus groups in three countries leads us in the fourth chapter to refute the underlying premise of the "constraining dissensus", already visible in the model of the "permissive consensus": the premise of the uniformity of national attitudes towards European integration. Building on the work of Juan Diez Medrano, in his book Framing Europe, the systematic coding analysis of our collective interviews leads us to confirm that different groups have different structures of perception and therefore of evaluation of European integration. Having radically questioned the uniformity of national attitudes towards the European Union, the fifth chapter demonstrates that the plurality of perceptions not only differs from one country to another but also within a given national context. In each of the three countries we studied, we observed the same increase in the number of citizens who expressed neither explicit support nor rejection of integration. In this chapter we focus our analysis on these undecided or indifferent citizens, distinguishing three forms of non-polarization: ambivalence, distance and exteriority, and fatalism. These three forms correspond to different framings in three different national categories however. In conclusion, our overall results lead us to interrogate the relevance of the affirmation according to which the permissiveness as understood in the thesis of the "permissive consensus" ended with the ratification of the Maastricht Treaty. We propose an alternative interpretation, which argues that the acceptance of a European political order stems from at least two rationales. On one hand, amongst the elites (understood in a broad sense as political or economic or even simply citizens interested in the political sphere) we observe a polarization of opinion characterized by a decline in support and a reinforcement of opposition to the processes of European integration. This tendency is emphasized and explained by the model of "constraining dissensus". On the other hand, we observe the reinforcement of indifference and/or indecision amongst ordinary citizens not expert in political matters, faced with this same process. The first rational of appropriation is linked to an active form of contentment or rejection, whereas the second demonstrates a mode of tacit acceptance, illustrating that the "permissive consensus" has not disappeared in the post-Maastricht era, although it has been transformed over the course of the integration process. In this respect, European legitimacy must be understood as both direct and indirect: as a double process. It must be seen as the extension and/or transformation of the acceptance of the national political order. Our results therefore suggest that we reconsider two commonly accepted premises, firstly that the European Union has become a salient issue for citizens and secondly that European public opinion has become polarized on the question of Europe. More generally, the conclusion of this thesis invites us to question the acceptance of change in the political order by investigating not only the degree of support citizens have for the European political system and the type of support they express, but also at the intensity of this support. Although the contrast between the pre- and post- Maastricht periods in terms of the parallel growth of the competences of the European Union and the publicity around European issues is not called into question, an interpretation based on the binary permissive consensus/euroscepticism appears incomplete if not erroneous. In emphasizing the complexity of the dynamics of politicization, this thesis suggests that the alleged break in the "permissive consensus" amongst citizens needs to be put into perspective. Thus, it is not clear that the "popular mood" towards Europe is the mirror image of the level of dissensus amongst elites . The politicization of European issues does not necessarily lead to the polarization of citizens opinions; we argue here that it is necessary to incorporate the notion and the role of indifference into any reflection on the legitimacy of the European integration process. ; Partant des débats actuels, à la fois scientifiques et politiques, cette recherche doctorale aborde la question de la légitimité politique dans le cas de l'intégration européenne. Si la légitimité politique n'est pas un concept nouveau de la science politique, cette notion a connu un regain d'intérêt au cours des deux dernières décennies dans le cadre de réflexions sur la démocratie, la gouvernance ou encore la 'crise' de légitimité au niveau européen, échelon sur lequel se concentre notre travail. Notre thèse repose sur une approche sociopolitique de la légitimité, étudiée en dehors de considérations normatives. Nous nous intéressons plus exactement à la légitimité comprise comme l'acceptation par les citoyens ordinaires d'un ordre politique en changement, cette acceptation pouvant être plus ou moins consciente et active. La particularité de notre approche réside dans le fait que nous nous sommes efforcées de cerner cette problématique dans toute sa complexité analysant autant ses aspects actifs que latents. Par conséquent, elle contribue à l'étude actuelle des processus d'acceptation et/ou de résistance à l'égard du processus en cours et à sa possible ou souhaitable politisation. Elle se concentre plus précisément sur l'indifférence des citoyens ordinaires. En effet, la politisation de l'ordre politique européen est au centre de nombre de questionnements académiques. Dès lors, comprendre l'absence de saillance des enjeux européens au sein d'une part grandissante de l'opinion publique revêt un caractère essentiel, tâche à laquelle cette thèse s'est attelée. Partant d'une revue de la littérature sur la légitimité européenne destinée à souligner certains de ses points faibles, la thèse propose dans un premier chapitre une synthèse des différents modèles théoriques et de légitimation qui ont été utilisés au fil de la construction européenne. La présentation de ces différents modèles sert de « toile de fond » pour comprendre comment les attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne ont été analysées. Ce premier chapitre montre comment, de simple spectateur, le citoyen a été construit comme un acteur clé du processus de légitimation de l'intégration européenne. Grâce à une nouvelle analyse longitudinale des données Eurobaromètres, les résultats du deuxième chapitre amènent à conclure que la principale limite des utilisations faites de la notion de soutien est de reposer sur une acception unidimensionnelle des attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne. Nous défendons au contraire l'idée que ces attitudes recèlent une plus grande complexité. L'évolution dans la période post-Maastricht ne peut être résumée par une augmentation de l' « euroscepticisme », en particulier parmi les catégories sociales les plus populaires. Ce chapitre conclut à la nécessité de prendre en compte la catégorie des citoyens indifférents ou indécis pour saisir la question de la légitimité de l'intégration européenne dans toutes ses composantes. La non-polarisation d'une part importante des citoyens est en effet un phénomène massif. Cependant, étudier cette catégorie non-polarisée de citoyens n'est pas sans poser des problèmes méthodologiques importants. Le troisième chapitre aborde la question des méthodes retenues en vue d'analyser la non-polarisation des citoyens ordinaires. Désirant contribuer au renouvellement des études des attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne, nous avons choisi de mettre en œuvre une méthodologie qualitative et exploratoire, tout en prolongeant l'effort de quantification des processus observés, dans le droit fil des études européennes. Notre travail adopte donc une stratégie de triangulation, qu'on désigne couramment sous le terme de mixed-methods. Nous justifions dans ce chapitre du choix de recourir au focus group comme outil d'enquête et détaillons notre design de recherche comparatif. 24 focus groups ont été réalisés dans le cadre du projet de recherche Citizens Talking About Europe en Belgique (francophone), en France et en Grande-Bretagne. Ils permettent d'appréhender dans toutes leurs composantes les rapports des citoyens ordinaires à l'intégration européenne. Le regard complémentaire porté grâce à l'utilisation de focus groups réalisés dans ces trois pays nous amène dans le quatrième chapitre à réfuter le postulat, sous-jacent à la thèse du « dissensus contraignant », déjà présent dans le modèle du « consensus permissif », d'une uniformité des attitudes nationales à l'égard de l'intégration européenne. Inspirée des avancées réalisées par Juan Diez Medrano dans son ouvrage Framing Europe, l'analyse systématique par codage de nos entretiens collectifs amène à confirmer que des publics différents ont des structures de perception, et donc d'évaluation, différentes à l'égard de l'intégration européenne. Après avoir remis en cause l'uniformité des attitudes nationales à l'égard de l'Union européenne, le cinquième chapitre démontre que la pluralité de perceptions diffère non seulement d'un pays à l'autre, mais qu'elles peuvent également par ailleurs coexister au sein d'un même contexte national. Dans chacun des pays enquêtés, on observe la même croissance de la catégorie de citoyens n'exprimant ni soutien explicite, ni rejet du processus d'intégration. Dans le cadre de ce dernier chapitre, nous concentrons nos analyses sur les citoyens indécis ou indifférents en différenciant trois visages de non-polarisation : l'ambivalence, la distance et l'extériorité et le fatalisme, lesquels correspondent cependant, dans chacun des trois pays, à des framing différents. En conclusion, l'ensemble de nos résultats nous conduit à interroger la pertinence de l'affirmation selon laquelle la permissivité telle que comprise dans le cadre de la thèse du « consensus permissif » a pris fin avec la ratification du Traité de Maastricht. Nous proposons une interprétation complémentaire, qui souligne que l'acceptation de l'ordre politique européen relève de deux logiques au moins. D'un côté, on assiste parmi les élites, entendues au sens large, tant politiques, qu'économiques, voire tout simplement les citoyens qui portent un intérêt à ce qui se joue dans le champs politique, à une polarisation des opinions marquées par un déclin des opinions favorables et un renforcement des oppositions au processus d'intégration européenne, tendance soulignée et expliquée par le modèle du « dissensus contraignant ». D'un autre côté, on constate un renforcement de l'indifférence et/ou de l'indécision des citoyens profanes en matière politique face à ce même processus. Là où la première logique d'appropriation renvoie à un mode actif de consentement ou de rejet, la seconde relève d'un mode d'acceptation tacite actualisant le modèle du « consensus permissif » dont nous montrons qu'il n'a pas disparu dans l'ère post-Maastricht, même s'il s'est transformé au fil de l'intégration. A cet égard, la légitimité européenne doit être comprise comme étant, à la fois, directe et indirecte, dans un double processus. Elle doit être perçue comme l'extension et/ou la transformation de l'acceptation de l'ordre politique national. L'ensemble de nos résultats invite par conséquent à reconsidérer deux postulats communément perçus comme acquis, à savoir non seulement que l'Union européenne serait devenu un enjeu saillant pour les citoyens, mais aussi que les opinions publiques européennes se seraient polarisées. Plus généralement, la conclusion de cette thèse invite à aborder la question de l'acceptation d'un changement dans l'ordre politique en s'intéressant non seulement au degré de soutien des citoyens au système politique européen et au type de soutien exprimé, mais également à son intensité. Si le contraste entre les périodes pré et post-Maastricht en termes de croissance concomitante des compétences de l'Union européenne et de publicisation des enjeux européens n'est pas remis en cause, la lecture basée sur le diptyque consensus permissif / euroscepticisme semble incomplète sinon erronée. En soulignant la complexité des dynamiques de politisation, cette thèse amène à relativiser la rupture du « consensus permissif » des citoyens. Ainsi, il n'est pas évident que l' « humeur populaire » à l'égard de l'Europe et le niveau de dissensus des élites se répondent en miroir . La politisation des enjeux européens ne menant pas nécessairement à une polarisation des opinions des citoyens, nous soutenons qu'il convient d'intégrer l'indifférence dans toute réflexion portant sur la légitimité du processus d'intégration européenne. ; (POL 3) -- UCL, 2010
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Beginning with a brief overview of the literature on legitimacy, support and Euroscepticism(Section I) as point of departure and pointing to some of its shortcomings, this paper aims to reconsider the issue of legitimacy in the specific context of European integration by using as a microscope focus groups realized in Great-Britain, France and Belgium in the framework of the CITAE project4 to address empirically the issue of the deficit of EU legitimacy (Section II). The two major contributions taken out of our focus groups is the need to consider both the multilevel aspect of what is called 'European legitimacy' (Section III) and to focus analysis also on the Euroindifferent citizens who are more and more present in the post-Maastricht period (Section IV). The two last sections (V and VI) will propose to shed a new light on Eurobarometer data in order to get a better understanding of the ways in which the interplay of different political levels in the EU'smultilevel system impacts on Europeans' legitimacy assessments and of their evolution in the three countries studied
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Beginning with a brief overview of the literature on legitimacy, support and Euroscepticism(Section I) as point of departure and pointing to some of its shortcomings, this paper aims to reconsider the issue of legitimacy in the specific context of European integration by using as a microscope focus groups realized in Great-Britain, France and Belgium in the framework of the CITAE project4 to address empirically the issue of the deficit of EU legitimacy (Section II). The two major contributions taken out of our focus groups is the need to consider both the multilevel aspect of what is called 'European legitimacy' (Section III) and to focus analysis also on the Euroindifferent citizens who are more and more present in the post-Maastricht period (Section IV). The two last sections (V and VI) will propose to shed a new light on Eurobarometer data in order to get a better understanding of the ways in which the interplay of different political levels in the EU'smultilevel system impacts on Europeans' legitimacy assessments and of their evolution in the three countries studied
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In: Revue française de science politique, Volume 73, Issue 3, p. 401-420
ISSN: 1950-6686
Comment les expériences quotidiennes des politiques publiques façonnent-elles les attitudes politiques des individus ? L'article s'inscrit dans la littérature sur les effets-retour des politiques publiques et s'interroge sur les conditions dans lesquelles ses concepts et ses méthodes, développés pour étudier les États-Unis, peuvent être utiles dans des cas ouest-européens. À partir d'une analyse de la littérature et de nos recherches, cette contribution montre que deux conditions le permettent : sur le plan théorique, le recours à un mécanisme explicatif normatif et, sur le plan méthodologique, une approche comparative et constitutive. L'article suggère ainsi de développer le cadre théorique existant plutôt que de proposer un cadre alternatif.
In: Journal of European public policy, Volume 31, Issue 4, p. 1126-1152
ISSN: 1466-4429
The question of citizens' support for the single European currency is crucial. The very nature of the euro makes its legitimacy and existence dependent on its level of political and popular support. Moreover, in a context of the recent economic crisis, the issues of the legitimacy and the very future of the single currency have become particularly salient. In view of this, it is surprising to note that little work has been done to study citizens' attitudes towards the euro. The aim of this article is therefore to fill this gap. It aims to study the level of public support for the euro and its evolution over time, as well as to identify the factors that explain this support. To this end, the three classic theoretical approaches that explain citizens' support for European integration in general are considered: the utilitarianism approach, the identity approach and the prexies approach. This differentiates this work from the majority of existing studies, which consider only economic factors to explain support for the euro. Data from the May 2017 Eurobarometer survey are mobilised to test these three approaches. The results of logistic regression models underline the relevance of these three theoretical trends in explaining citizens' support for the single currency. Moreover, it is interesting to note that the support mechanisms are not entirely similar when comparing individuals in the euro area with those who do not. Finally, the longitudinal analysis confirms that the crisis has had a differentiated effect on the support of European citizens depending on whether they belong to the euro area or not. Within the EU, support for the Economic and Monetary Union and the euro remains high despite the economic and monetary crisis. ; La question du soutien des citoyens à la monnaie unique européenne est cruciale. La nature même de l'euro rend sa légitimité et son existence dépendantes du niveau de soutien politique et populaire dont il bénéficie. De plus, dans un contexte marqué par la crise économique récente, les ...
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La question du soutien des citoyens à la monnaie unique européenne est cruciale. La nature même de l'euro rend sa légitimité et son existence dépendantes du niveau de soutien politique et populaire dont il bénéficie. De plus, dans un contexte marqué par la crise économique récente, les questions de la légitimité et de l'avenir même de la monnaie unique sont devenues particulièrement saillantes. Face à ce constat, il est étonnant de noter que peu de travaux se sont attelés à l'étude des attitudes des citoyens à l'égard de l'euro. L'objectif de cet article est donc de combler ce manque. Il entend étudier le niveau de soutien des citoyens à l'euro et son évolution dans le temps, ainsi qu'identifier les facteurs permettant d'expliquer ce soutien. Pour ce faire, les trois approches théoriques classiques expliquant le soutien des citoyens à l'intégration européenne en général sont considérées : l'approche utilitariste, l'approche identitaire et l'approche des proxies. Ceci différencie ce travail de la majorité des études existantes qui considèrent uniquement les facteurs économiques pour expliquer le soutien à l'euro. Les données de l'enquête Eurobaromètre de mai 2017 sont mobilisées afin de tester ces trois approches. Les résultats des modèles de régression logistique soulignent la pertinence de ces trois courants théoriques pour expliquer le soutien des citoyens à la monnaie unique. De plus, il est intéressant de noter que les mécanismes du soutien ne sont pas totalement similaires si l'on compare les individus dans la zone euro avec ceux qui n'en font pas partie. Enfin, l'analyse longitudinale confirme que la crise a eu un effet différencié sur le soutien des citoyens européens en fonction de leur appartenance ou non à la zone euro. Au sein de celle-ci, le soutien à l'Union économique et monétaire et à l'euro reste élevé malgré la crise économique et monétaire.
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La question du soutien des citoyens à la monnaie unique européenne est cruciale. La nature même de l'euro rend sa légitimité et son existence dépendantes du niveau de soutien politique et populaire dont il bénéficie. De plus, dans un contexte marqué par la crise économique récente, les questions de la légitimité et de l'avenir même de la monnaie unique sont devenues particulièrement saillantes. Face à ce constat, il est étonnant de noter que peu de travaux se sont attelés à l'étude des attitudes des citoyens à l'égard de l'euro. L'objectif de cet article est donc de combler ce manque. Il entend étudier le niveau de soutien des citoyens à l'euro et son évolution dans le temps, ainsi qu'identifier les facteurs permettant d'expliquer ce soutien. Pour ce faire, les trois approches théoriques classiques expliquant le soutien des citoyens à l'intégration européenne en général sont considérées : l'approche utilitariste, l'approche identitaire et l'approche des proxies. Ceci différencie ce travail de la majorité des études existantes qui considèrent uniquement les facteurs économiques pour expliquer le soutien à l'euro. Les données de l'enquête Eurobaromètre de mai 2017 sont mobilisées afin de tester ces trois approches. Les résultats des modèles de régression logistique soulignent la pertinence de ces trois courants théoriques pour expliquer le soutien des citoyens à la monnaie unique. De plus, il est intéressant de noter que les mécanismes du soutien ne sont pas totalement similaires si l'on compare les individus dans la zone euro avec ceux qui n'en font pas partie. Enfin, l'analyse longitudinale confirme que la crise a eu un effet différencié sur le soutien des citoyens européens en fonction de leur appartenance ou non à la zone euro. Au sein de celle-ci, le soutien à l'Union économique et monétaire et à l'euro reste élevé malgré la crise économique et monétaire.
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In: Politique européenne, Volume 54, Issue 4, p. 152-187
ISSN: 2105-2875
Cet article s'inscrit dans la longue lignée des travaux qui s'intéressent à la légitimité de l'Union européenne, mais le fait à partir d'une approche centrée sur les politiques publiques : les politiques européennes contribuent-elles à légitimer l'UE aux yeux des citoyens ? Il suggère que les caractéristiques des politiques européennes permettent d'éclairer l'existence même d'effets de légitimation de l'UE aux yeux des citoyens ainsi que la nature de cet effet, définie en termes de légitimation ou de délégitimation de l'UE. Les résultats nous amènent également à insister sur la non-systématicité de ces effets-retours. L'article repose sur la comparaison des politiques sociales, environnementales et agricoles dans cinq pays de l'UE : l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Italie et les Pays-Bas.