Il est nécessaire de reprendre la question de l'émancipation à l'égard de la figure du spectateur d'art d'exposition. Autant parce que le thème de l'émancipation appartient au champ de l'esthétique dès sa constitution que parce que l'« émancipation » s'y entend aussi dans les quatre sens advenus depuis les Lumières : en sus des sens juridique et historien, le sens prêté par les Lumières (l'émancipation par la critique) est battu en brèche par un autre sens acquis au sein des philosophies de l'histoire (l'émancipation critique), puis dans la signification prêtée par l'école de Francfort et, enfin, dans l'émancipation-subjectivation à la Jacques Rancière. L'intérêt du travail de ce dernier est de souligner que, lorsqu'on parle de l'émancipation-subjectivation, il ne s'agit ni de changer de place afin de mieux voir le spectateur, ni de le changer de place, de l'agiter ou de déplacer son corps ailleurs, ni d'échanger le point de vue du spectateur pour un autre point de vue.
Tenter de penser jusqu'au tenue de ses possibilités le couple continu/ discontinu oblige à s'engager dans une analytique d'une scission dans laquelle pourtant se conserve toujours l'intégrale de ce qui est séparé. L'effort fourni a bien des avantages. Sa trajectoire révèle qu'avec ce couple, au lieu de rester bloqué dans des typologies et des valorisations excessives de chacun des termes en soi. nous devons revenir sans cesse sur le terrain des conciliations ou des relations entre les termes trop souvent isolés : divergence mutuelle, renversement, inversion... Est-ce à dire pour autant que le couple continu/ discontinu soit sans productivité ? Non, mais il ne possède pas assez de puissance pour rendre intelligible le mouvement de toutes choses. Ce bref parcours d'une séparation subordonnée à la consistance d'un couple porte à penser qu'il faut aussi faire sa place à des manifestations conceptuelles plus productives pour donner sens aux surgissements.
Tout un pan de la réflexion contemporaine sur les arts, ainsi qu'une grande partie de l'art contemporain, tente d'échapper à l'esthétique, c'est-à-dire de rompre la relation d' identification entre art et esthétique. Cet article propose de reconstruire les conditions de cette identification, montrant par là qu'elle n'a pas toujours eu lieu, et que sa fin est proche. Si. durant longtemps, l'esthétique est passée pour une discipline évidente (on faisait des études d'esthétique), pour un domaine de savoir dont l'objet était de valider les concepts d'"art" et de "beau", de consigner leur signification dans des livres d'esthétique et de rendre compte de la manière d'identifier certaines œuvres humaines comme des œuvres d'art, la remise en cause de cette identification fonde sans doute deux nouveaux domaines : celui de l'esthétique proprement dite, non liée aux arts, et celui des arts relevant d'une philosophie des arts.
There is a story about the spectator to be written and linked to the history of art. This history- which isn't involved in an aesthetic of the reception or a sociology - must open on a theory of the spectator's plasticity, theory that would present the actual difficulties of the public in front of contemporary art. It is absurd to use the same concepts to describe classical art's public, modern art's public and contemporary art's public, since contemporary art's work opens a space of interference between the spectators. The public's behavior is therefore moved to a "need of exchange".
After classical art often used to promote a set tradition, modern art and its choice of "tabula rasa, postmodern art haunted by the déjà-vu, does contemporary art have something to offer about the question of transmission ? Anyhow, in its obsession to be present in our century, it tries less to transmit values than to encourage experiments. Although not based anymore on a political theory of revolution, it spreads a fragmented conscience of possible experimenting and offers us to move on rather than wait that some people lead us into "histories" we couldn't take on. To transmit is therefore not to remain stubborn or regret what is gone, but measure the distance between (amers, sea marks) and bounce off events using those (amers, landmarks) as well as possible
L'intérêt du philosophe Emmanuel Kant pour la géographie ne se dément pas tout au long d'une carrière menée au cœur de l'Aufklärung. En l'analysant de près, on s'aperçoit d'une chose décisive : l'objet, la place et la fonction de la géographie dans son enseignement varient en relevant d'enjeux philosophiques successifs. Par l'intermédiaire de cette discipline, Kant traite de façon concrète le rapport de la nature (le ciel étoile au-dessus de moi) et de la liberté (la loi morale en moi), dont il finit par théoriser les relations (la conciliation) dans la troisième Critique.