International audience ; Antoine Meillet (1866-1936) est connu pour ses contributions à la grammaire comparée des langues indo-européennes et ses interventions sur le français pourraient paraître secondaires. Pourtant deux types d'intervention retiennent l'attention dans la bibliographie. D'une part, la réflexion sur le statut politique des langues dans le bouleversement des revendications nationales après la Première Guerre Mondiale. D'autre part, une réflexion générale, à partir de l'exemple du français, sur les conditions sociales des transformations diachroniques-en particulier le rôle des variations internes et des contacts de langue (substrat, bilinguisme) contrecarrés par la fixation de l'écriture et la normalisation-et sur la reconfiguration des systèmes par la grammaticalisation et la simplification des flexions.
National audience ; This article is the result of research carried out with a transnational Moroccan migrant family and with migrant families of Indian origin linving in France, Sweden, Norway and Finland. The work adresses the issues of methodological and notional complexity regarding family language policies through the questions of the transmission or non-transmission of languages in families. ; Cet article est le fruit d'un travail mené d'une part auprès d'une famille migrante marocaine transnationale et d'autre part auprès de familles migrantes d'origine indienne installées en France, Suède, Norvège et Finlande. Le travail vise à aborder les questions de complexité méthodologique et notionnelle quant aux politiques linguistiques familiales envisagées à travers le prisme de la transmission ou de la non-transmission des langues dans les fratries.
National audience ; This article is the result of research carried out with a transnational Moroccan migrant family and with migrant families of Indian origin linving in France, Sweden, Norway and Finland. The work adresses the issues of methodological and notional complexity regarding family language policies through the questions of the transmission or non-transmission of languages in families. ; Cet article est le fruit d'un travail mené d'une part auprès d'une famille migrante marocaine transnationale et d'autre part auprès de familles migrantes d'origine indienne installées en France, Suède, Norvège et Finlande. Le travail vise à aborder les questions de complexité méthodologique et notionnelle quant aux politiques linguistiques familiales envisagées à travers le prisme de la transmission ou de la non-transmission des langues dans les fratries.
International audience ; Antoine Meillet (1866-1936) est connu pour ses contributions à la grammaire comparée des langues indo-européennes et ses interventions sur le français pourraient paraître secondaires. Pourtant deux types d'intervention retiennent l'attention dans la bibliographie. D'une part, la réflexion sur le statut politique des langues dans le bouleversement des revendications nationales après la Première Guerre Mondiale. D'autre part, une réflexion générale, à partir de l'exemple du français, sur les conditions sociales des transformations diachroniques-en particulier le rôle des variations internes et des contacts de langue (substrat, bilinguisme) contrecarrés par la fixation de l'écriture et la normalisation-et sur la reconfiguration des systèmes par la grammaticalisation et la simplification des flexions.
International audience ; Après avoir traversé une longue trajectoire sémantique, la lexie takfīr s'est aujourd'hui établie en tant que terme relevant du droit pénal et constitutionnel tunisien. Avant d'être figée en un terme, elle a connu un périple mouvementé ; nombreuses ambigüités et acceptions en ont accompagné l'emploi dans les sphères politiques et sociales propres à ce pays. Nous nous efforçons ici d'examiner ses transformations, depuis les anciens textes jusqu'à la Constitution tunisienne, votée en 2014, tout en tenant compte de la diversité des discours, des genres ainsi que des milieux historiques au sein desquels ce terme apparaît et est mis en oeuvre avec ses corollaires. Pour mieux en cerner le champ lexical, nous nous contenterons de l'acception suivante : takfīr est une forme d'anathème qui consiste à qualifier quelqu'un de kāfir. Désormais, ce dernier sens se rapporte à une contravention, punissable par le code pénal tunisien. Par ailleurs, il possède également le statut d'injure, d'acte de parole répressible. Afin de retracer ce cheminement étymologique, nous procéderons à un double examen : d'une part, nous nous livrerons à une étude lexicale des sens transportés par ce terme, tout au long de son parcours sémantique. De l'autre, nous relèverons les aspects pragmatiques qui s'y sont greffés au sein de la société tunisienne postrévolutionnaire. Ainsi, notre travail vise à décortiquer les significations passées et présentes que porte ce terme takfīr, et à creuser ses strates sémantiques qui en constituent la trame cognitive ; notre but étant d'en déterminer les mécanismes de signifiance, ainsi que le rôle des acteurs politico-sociaux dans leur manipulation.
International audience ; Après avoir traversé une longue trajectoire sémantique, la lexie takfīr s'est aujourd'hui établie en tant que terme relevant du droit pénal et constitutionnel tunisien. Avant d'être figée en un terme, elle a connu un périple mouvementé ; nombreuses ambigüités et acceptions en ont accompagné l'emploi dans les sphères politiques et sociales propres à ce pays. Nous nous efforçons ici d'examiner ses transformations, depuis les anciens textes jusqu'à la Constitution tunisienne, votée en 2014, tout en tenant compte de la diversité des discours, des genres ainsi que des milieux historiques au sein desquels ce terme apparaît et est mis en oeuvre avec ses corollaires. Pour mieux en cerner le champ lexical, nous nous contenterons de l'acception suivante : takfīr est une forme d'anathème qui consiste à qualifier quelqu'un de kāfir. Désormais, ce dernier sens se rapporte à une contravention, punissable par le code pénal tunisien. Par ailleurs, il possède également le statut d'injure, d'acte de parole répressible. Afin de retracer ce cheminement étymologique, nous procéderons à un double examen : d'une part, nous nous livrerons à une étude lexicale des sens transportés par ce terme, tout au long de son parcours sémantique. De l'autre, nous relèverons les aspects pragmatiques qui s'y sont greffés au sein de la société tunisienne postrévolutionnaire. Ainsi, notre travail vise à décortiquer les significations passées et présentes que porte ce terme takfīr, et à creuser ses strates sémantiques qui en constituent la trame cognitive ; notre but étant d'en déterminer les mécanismes de signifiance, ainsi que le rôle des acteurs politico-sociaux dans leur manipulation.
International audience ; Les codes graphiques utilisés pour écrire l'occitan ont fait l'objet d'études ponctuelles mais n'ont jamais représenté le fil directeur pour étudier l'histoire de la langue occitane, sans doute en raison du cloisonnement qui existe et persiste aujourd'hui encore entre philologues médiévistes d'un côté et linguistes et dialectologues de l'autre. L'élaboration d'un système graphique original au Moyen Âge, son délabrement spectaculaire au XVIe siècle et sa lente reconstruction à l'époque contemporaine sont les diverses facettes d'une même histoire, celle de la langue occitane soumise à des contraintes sociales et politiques internes ou externes en perpétuelle évolution. Cet article effectue quelques zooms sur quelques moments-clés de l'histoire graphique de l'occitan pour montrer que l'étude des systèmes graphiques peut se doubler d'une analyse qui permet de dessiner en creux une histoire sociale de cette langue.
International audience ; Les codes graphiques utilisés pour écrire l'occitan ont fait l'objet d'études ponctuelles mais n'ont jamais représenté le fil directeur pour étudier l'histoire de la langue occitane, sans doute en raison du cloisonnement qui existe et persiste aujourd'hui encore entre philologues médiévistes d'un côté et linguistes et dialectologues de l'autre. L'élaboration d'un système graphique original au Moyen Âge, son délabrement spectaculaire au XVIe siècle et sa lente reconstruction à l'époque contemporaine sont les diverses facettes d'une même histoire, celle de la langue occitane soumise à des contraintes sociales et politiques internes ou externes en perpétuelle évolution. Cet article effectue quelques zooms sur quelques moments-clés de l'histoire graphique de l'occitan pour montrer que l'étude des systèmes graphiques peut se doubler d'une analyse qui permet de dessiner en creux une histoire sociale de cette langue.
dans Stigmatiser : normes sociales et pratiques médiatiques, actes des journées d'études des 17 et 18 mai 2017, Paris, Université Paris II ; Toute stigmatisation peut recevoir des réponses ; parmi elles, la resignification permet à une entité stigmatisée (personne, groupe, catégorie) de répondre à partir du contenu même de l'adresse stigmatisante. Dans sa dimension discursive, elle consiste à reprendre un élément langagier ressenti comme blessant et/ou injurieux et à en modifier la valeur axiologique négative pour le transformer en marque d'identité habilitante. Les exemples bien connus de drag, queer, salope ou bitch, utilisés en contexte militant comme éléments lexicaux porteurs de fierté, sont issus de ce processus ; leurs valeurs négatives sont réappropriées par les locuteur.rice.s et métabolisées en marqueurs d'être. Ce processus est une des tactiques de lutte contre les oppressions liées au genre, au sexe ou à la race dans les mouvements contemporains, tactique décrite et théorisée par Judith Butler, mais cet article situe la resignification dans le champ de l'analyse linguistique du discours, d'où elle est pour le moment absente, bien qu'elle satisfasse pleinement aux objectifs de l'approche discursive, par ses dimensions sociale, politique et subjective. Après avoir retracé la généalogie de la resignification comme pratique politique, et détaillé le cadre notionnel posé par Judith Butler, je propose une typologie de ses formes langagières et non langagières.
dans Stigmatiser : normes sociales et pratiques médiatiques, actes des journées d'études des 17 et 18 mai 2017, Paris, Université Paris II ; Toute stigmatisation peut recevoir des réponses ; parmi elles, la resignification permet à une entité stigmatisée (personne, groupe, catégorie) de répondre à partir du contenu même de l'adresse stigmatisante. Dans sa dimension discursive, elle consiste à reprendre un élément langagier ressenti comme blessant et/ou injurieux et à en modifier la valeur axiologique négative pour le transformer en marque d'identité habilitante. Les exemples bien connus de drag, queer, salope ou bitch, utilisés en contexte militant comme éléments lexicaux porteurs de fierté, sont issus de ce processus ; leurs valeurs négatives sont réappropriées par les locuteur.rice.s et métabolisées en marqueurs d'être. Ce processus est une des tactiques de lutte contre les oppressions liées au genre, au sexe ou à la race dans les mouvements contemporains, tactique décrite et théorisée par Judith Butler, mais cet article situe la resignification dans le champ de l'analyse linguistique du discours, d'où elle est pour le moment absente, bien qu'elle satisfasse pleinement aux objectifs de l'approche discursive, par ses dimensions sociale, politique et subjective. Après avoir retracé la généalogie de la resignification comme pratique politique, et détaillé le cadre notionnel posé par Judith Butler, je propose une typologie de ses formes langagières et non langagières.
International audience ; Our article examines the metaphorical uses of the noun 'rain' in French and Russian. The metaphorical use of the French noun pluie necessarily contains a nominal expansion, while its Russian equivalent dozdj' can take both nominal and adjectival expansions. Our corpus-based study distinguished three productive conceptual spheres for the metaphorical expansion of the noun 'rain', namely the natural, military and economical spheres. In both languages, the weather noun 'rain' loses some of its atmospheric meaning and is used in metaphors to insist on abundancy of elements in a given context, often in movement and coming from a not clearly identified source. These elements may be associated to destructive events (such as 'a rain of bullets') but they can also be involved in beneficial episodes (such as 'a rain of money') or in neutral incidents (such as 'a rain of flowers'). However, the material nature of the elements is less important in French, where nominal expansions can include abstract nouns. In French, the noun pluie can function both as a semantic head of the NP and as a quantifier comparable with complex modifiers such as un tas de ('loads of'), while in Russian the noun dožd' necessarily functions as a semantic head. ; В статье рассматривается метафорическая репрезентация существительного «дождь» во французском и русском языках. Метафорическое словоупотребление французского существительного «pluie» обязательно сопровождается рас-ширением номинативного значения, в то время как развитие его русского эквивалента «дождь» может происходить как с номи-нативным, так и с адъективным вектором. В данном корпусном исследовании были выделены три наиболее продуктивные кон-цептуальные сферы метафорической экспансии концепта «дождь» в виде природоморфной, милитарной и экономической мета-форы. В обоих языках метеоним «дождь» частично теряет свое атмосферное значение и метафоризуется по двум основным моделям: «ДОЖДЬ — ЭТО НЕОПРЕДЕЛЕННОЕ МНОЖЕСТВО» и «ДОЖДЬ — ЭТО НАПРАВЛЕННОЕ ДВИЖЕНИЕ ИЗ НЕКОЕ-ГО ИСТОЧНИКА». Эти элементы могут быть связаны как с деструктивными событиями (например, «дождь пуль»), так и с позитивными (например, «дождь из денег») или нейтральными (например, «дождь цветов»). Стоит отметить, что материаль-ная природа элементов менее важна во французском языке, где номинативные значения могут присутствовать даже у аб-страктных существительных. Во французском языке существительное «pluie» может функционировать и как семантическое ядро именной группы, и как квантификатор, сопоставимый со сложными модификаторами, такими как «un tas de» («куча»), тогда как в русском языке существительное «дождь» функционирует только как семантическое ядро.
International audience ; Our article examines the metaphorical uses of the noun 'rain' in French and Russian. The metaphorical use of the French noun pluie necessarily contains a nominal expansion, while its Russian equivalent dozdj' can take both nominal and adjectival expansions. Our corpus-based study distinguished three productive conceptual spheres for the metaphorical expansion of the noun 'rain', namely the natural, military and economical spheres. In both languages, the weather noun 'rain' loses some of its atmospheric meaning and is used in metaphors to insist on abundancy of elements in a given context, often in movement and coming from a not clearly identified source. These elements may be associated to destructive events (such as 'a rain of bullets') but they can also be involved in beneficial episodes (such as 'a rain of money') or in neutral incidents (such as 'a rain of flowers'). However, the material nature of the elements is less important in French, where nominal expansions can include abstract nouns. In French, the noun pluie can function both as a semantic head of the NP and as a quantifier comparable with complex modifiers such as un tas de ('loads of'), while in Russian the noun dožd' necessarily functions as a semantic head. ; В статье рассматривается метафорическая репрезентация существительного «дождь» во французском и русском языках. Метафорическое словоупотребление французского существительного «pluie» обязательно сопровождается рас-ширением номинативного значения, в то время как развитие его русского эквивалента «дождь» может происходить как с номи-нативным, так и с адъективным вектором. В данном корпусном исследовании были выделены три наиболее продуктивные кон-цептуальные сферы метафорической экспансии концепта «дождь» в виде природоморфной, милитарной и экономической мета-форы. В обоих языках метеоним «дождь» частично теряет свое атмосферное значение и метафоризуется по двум основным моделям: «ДОЖДЬ — ЭТО НЕОПРЕДЕЛЕННОЕ МНОЖЕСТВО» и «ДОЖДЬ — ЭТО НАПРАВЛЕННОЕ ДВИЖЕНИЕ ИЗ НЕКОЕ-ГО ИСТОЧНИКА». Эти элементы могут быть связаны как с деструктивными событиями (например, «дождь пуль»), так и с позитивными (например, «дождь из денег») или нейтральными (например, «дождь цветов»). Стоит отметить, что материаль-ная природа элементов менее важна во французском языке, где номинативные значения могут присутствовать даже у аб-страктных существительных. Во французском языке существительное «pluie» может функционировать и как семантическое ядро именной группы, и как квантификатор, сопоставимый со сложными модификаторами, такими как «un tas de» («куча»), тогда как в русском языке существительное «дождь» функционирует только как семантическое ядро.
International audience ; L'article de Théry Béord illustre à la fois la complexité des situations asiatiques et des politiques linguistiques et éducatives qui, sur le continent, doivent prendre en compte à la fois la construction de l'unité nationale dans des situations post-coloniales et la diversité de populations et de configurations sociolinguistiques sur le territoire. Ainsi, les Philippines présentent un profil linguistique doublement déterminé par une entité territoriale distinctive, l'archipel, et une histoire coloniale atypique, espagnole puis américaine. La topographie découpée de l'archipel a favorisé l'émergence de nombreux groupes ethnolinguistiques et détermine des appartenances plurielles. Les contacts prolongés avec l'Occident ont complexifié les répertoires linguistiques des Philippins en faisant surgir des langues hybrides dans les centres urbains : le chavacano dans les villes de garnison espagnoles et le taglish dans les métropoles américanisées portent chacun les traces d'une mondialisation qui rattache ce pays d'Asie du Sud-Est à la fois au monde hispanisant des grandes découvertes et à celui anglophone de notre village global. Malgré la promotion du filipino comme langue nationale après l'indépendance, le positionnement de l'État philippin comme exportateur de main d'œuvre depuis les années 1970 puis l'avènement de l'industrie de la sous-traitance au début des années 2000 ont conduit à sanctuariser la place de l'anglais dans le système éducatif en vue de produire des « travailleurs du monde philippins ». Au delà des considérations économiques, liées à la place du pays dans la mondialisation, l'absence de langue commune et la résistance de certaines populations à la diffusion et à l'usage du filipino renforce la place de l'anglais.
International audience ; L'article de Théry Béord illustre à la fois la complexité des situations asiatiques et des politiques linguistiques et éducatives qui, sur le continent, doivent prendre en compte à la fois la construction de l'unité nationale dans des situations post-coloniales et la diversité de populations et de configurations sociolinguistiques sur le territoire. Ainsi, les Philippines présentent un profil linguistique doublement déterminé par une entité territoriale distinctive, l'archipel, et une histoire coloniale atypique, espagnole puis américaine. La topographie découpée de l'archipel a favorisé l'émergence de nombreux groupes ethnolinguistiques et détermine des appartenances plurielles. Les contacts prolongés avec l'Occident ont complexifié les répertoires linguistiques des Philippins en faisant surgir des langues hybrides dans les centres urbains : le chavacano dans les villes de garnison espagnoles et le taglish dans les métropoles américanisées portent chacun les traces d'une mondialisation qui rattache ce pays d'Asie du Sud-Est à la fois au monde hispanisant des grandes découvertes et à celui anglophone de notre village global. Malgré la promotion du filipino comme langue nationale après l'indépendance, le positionnement de l'État philippin comme exportateur de main d'œuvre depuis les années 1970 puis l'avènement de l'industrie de la sous-traitance au début des années 2000 ont conduit à sanctuariser la place de l'anglais dans le système éducatif en vue de produire des « travailleurs du monde philippins ». Au delà des considérations économiques, liées à la place du pays dans la mondialisation, l'absence de langue commune et la résistance de certaines populations à la diffusion et à l'usage du filipino renforce la place de l'anglais.
International audience ; Depuis trois décennies, la situation des minorités linguistiques, dans nombre de pays, n'a cessé de se dégrader, par bien des aspects, en dépit des bonnes intentions déclarées dans le cadre du libre-échange généralisé et du multilatéralisme – dont le pluralisme linguistique et culturel était censé être l'un des fleurons les plus tangibles. Ainsi, par exemple, dans de nombreuses régions du bloc ex-communiste, il est devenu inévitable de parler de « désaménagement linguistique ». Cette tendance n'est guère compensée par l'explosion d'une myriade d'usages individuels décomplexés des langues minorées ou minoritaires (notamment à travers les nouveaux moyens de communication connectés), qui génèrent certes une forte densité d'échanges multilingues ou bilingues, mais de manière éminemment volatile, qui ne remplace en rien la valorisation du statut et l'élaboration du corpus des langues minoritaires avec une vision à court, moyen et long termes. D'autre part, les aménagements et politiques linguistiques en faveur des langues minoritaires tendent globalement à prendre deux formes, du point de vue de la responsabilité et de l'engagement des Etats-nations : une marchandisation et une politique de façade, qui ne fait que brosser la surface des besoins réels, et une disqualification de facto de la valeur d'usage et de la valeur d'avenir de ces langues, avec, comme lingua franca dominante l'anglais global, redoutable concurrent pour un « bilinguisme d'avenir », ou « un bilinguisme rentable ».Hormis quelques exceptions locales, çà et là, face à ce désinvestissement de fond des Etats-nations, le champ de praxis sociale où les langues minoritaires connaissent un soutien réel s'avère être l'aménagement linguistique "de par en bas" : la valorisation du statut et l'élaboration du corpus par des agents multiples de la société civile, à travers une floraison de maisons d'éditions alternatives, de médias et d'institutions éducatives locales et régionales, en parfaite adaptation avec les conditions de ...