La synthèse des travaux présentée dans le tome 3 de cette HDR s'appuie sur une série d'articles de revues (tome 2) qui, à partir d'études de terrain et une réflexion développées ces dernières années, tournent autour de deux objets complémentaires : les identités spatiales, dans la logique de développement d'une géographie du sujet, et le dépassement de la conception traditionnelle de la représentation, engagé à travers la réflexion sur la performativité et la production des espaces hyper réels. En effet, parler de représentations ou de symboliques n'a plus guère de sens aujourd'hui, sinon les imaginer en tant que catégories génériques. J'explore trois domaines où cette constatation est particulièrement pertinente, plus précisément les liens qu'ils nouent entre eux :•la construction collective du cliché, de l'icône, de l'espace hyper réel, etc. : représentations de représentations, discours sur le discours.•Les modalités de construction par le sujet de ses représentations intimes du monde.•La capacité performative des représentations, leur dépassement (« more-than-representational geography » ; Lorimer, 2005) et le passage de la représentation à la présentation (« non representational representation » ; Thrift, 1996).Par ailleurs, malgré leurs limites, les cultural studies anglo-saxonnes présentent l'intérêt d'avoir fourni un outillage abondant pour aborder la dynamique des phénomènes culturels. Les utiliser en les dépassant permet de donner une lecture plus politique d'une culture devenue médiaculture (Maigret et Macé, 2005).Cette synthèse s'organise en trois parties où, après un exposé de ces positionnements, dans la logique de l'exercice, sont présenté deux ouvrages en cours de réalisations :•La première est centrée sur la mise en contexte de la recherche personnelle, les bases de travail et leurs logiques théoriques (approche discursive, Derrida, Butler), la nécessité de réintroduire le politique (Rifkin, Foucault, Davis) et mes positionnements : théorisation rigoureuse mais « douce », questionnement de la ...
La synthèse des travaux présentée dans le tome 3 de cette HDR s'appuie sur une série d'articles de revues (tome 2) qui, à partir d'études de terrain et une réflexion développées ces dernières années, tournent autour de deux objets complémentaires : les identités spatiales, dans la logique de développement d'une géographie du sujet, et le dépassement de la conception traditionnelle de la représentation, engagé à travers la réflexion sur la performativité et la production des espaces hyper réels. En effet, parler de représentations ou de symboliques n'a plus guère de sens aujourd'hui, sinon les imaginer en tant que catégories génériques. J'explore trois domaines où cette constatation est particulièrement pertinente, plus précisément les liens qu'ils nouent entre eux :•la construction collective du cliché, de l'icône, de l'espace hyper réel, etc. : représentations de représentations, discours sur le discours.•Les modalités de construction par le sujet de ses représentations intimes du monde.•La capacité performative des représentations, leur dépassement (« more-than-representational geography » ; Lorimer, 2005) et le passage de la représentation à la présentation (« non representational representation » ; Thrift, 1996).Par ailleurs, malgré leurs limites, les cultural studies anglo-saxonnes présentent l'intérêt d'avoir fourni un outillage abondant pour aborder la dynamique des phénomènes culturels. Les utiliser en les dépassant permet de donner une lecture plus politique d'une culture devenue médiaculture (Maigret et Macé, 2005).Cette synthèse s'organise en trois parties où, après un exposé de ces positionnements, dans la logique de l'exercice, sont présenté deux ouvrages en cours de réalisations :•La première est centrée sur la mise en contexte de la recherche personnelle, les bases de travail et leurs logiques théoriques (approche discursive, Derrida, Butler), la nécessité de réintroduire le politique (Rifkin, Foucault, Davis) et mes positionnements : théorisation rigoureuse mais « douce », questionnement de la représentation, nécessité de reconsidérer l'objet dans sa spécificité.•La seconde partie développe la question des identités spatialisées et pose les prémisses d'une géographie du sujet à travers un cheminement qui est à la fois chronologique (un parcours intellectuel personnel) mais aussi logique, depuis les processus de socialisation identitaires tels qu'abordés par la sociologie goffmanienne jusqu'aux développements actuels qui donnent au corps une place éminente dans un foisonnement de significations complexes.•La troisième partie s'intéresse aux représentations à travers la performativité qui lie discours, manipulation des objets ou icônes et matérialité de l'action. Connu mais encore peu utilisé, cet outil me paraît un développement prometteur de la géographie des prochaines années. La question du double ambigu que construit l'image, oscillant du virtuel (Bergson, Deleuze) à la mimésis (Derrida, Rieusset-Lemarié) est ensuite posée. Articulant ces deux entrées (une manipulation des images qui va jusqu'à la performation absolue), le principal développement s'appuie donc sur Derrida et Foucault plus que sur Baudrillard pour présenter l'ouvrage en cours de réalisation sur la généralisation de la production d'espaces hyper réels, à savoir l'idée d'une inversion et d'une tentative de réalisation de l'utopie dans une société d'ordre et donc très sécurisée.Cette approche privilégie l'idée d'une culture active, en permanente re-construction, produit autant que vecteur de la constitution de l'identité spatiale des groupes et, surtout, des hommes : l'objectif est en effet une géographie vraiment humaine qui se préoccupe aussi des finalités profondes qui construisent l'individu en sujet, une géographie totale car capable de prendre en compte les motivations de l'action constituées dans l'action. La culture occupe donc une position centrale mais pas hégémonique dans les processus de construction de l'homme et de ses mondes. Dans ce contexte, une géographie ambitieuse doit retrouver toute sa place dans le débat des Sciences Humaines et Sociales.
17 pages Texte de la présentation effectuée lors du Colloque de l'A.R.F. (Association des Ruralistes Français), Toulouse, octobre 2000 ; The permanent rebuilding of the village through its festivals. The study of the popular rural joyrides (balls and lottos) emphasizes permanence of two territorial structures instances anchored in mentalities In France, the traditionally strong political dimension of the administrative and local authority framework (the "commune", 36 678 on the whole country) has induced an old confusion with lived space (the "village"). This un-determination between both instances of places design remains one of major structuringX of spatiality, particularly in rural places. This confusion is likely to generate divergences whereas have been developed for a few years a dynamic movement of inter-communality (at least, 5 to 7000 on the whole France) to produce a new rational territories management and adapt them to the European context (from the LAU 2, local, to LAU 1, sub-local, but with powers, areas and population of the LAU 2 in most European countries: Spain, Germany, Belgium, Portugal or Italy). This paper reports some studies about these structures and their move induced by the mean of the fetes (balls) like other major ludic activities ("lotos" or public associative bingos). It brings to doubtX the speed of this new frameworks rooting. Indeed, on the contrary, at the same time the considerable widening of life spaces caused by an increasing mobility of rural people causes over-estimation and a complete rebuilding of the representations of the commune/village framework known as "traditional" by adopting behaviours and the models issued from the periurban spaces. Dominique Crozat Lecturer Mutations des Territoires en Europe UMR 5045, CNRS-Universities of Montpellier 3 and Perpignan Department of geography University Paul Valéry Montpellier 3 F-34199 Montpellier Tel . 33- (0)4 67 14 22 49 Mobile 06 32 51 86 42 d.crozat@ades.cnrs.fr dominique.crozat@univ-montp3.fr http://recherche.univ-montp3.fr/mambo/mte/ ; En France, la confusion entre le cadre administratif (la commune) et l'espace vécu (le village) est ancienne et reste une des structurations majeures des spatialités, particulièrement dans les espaces ruraux. Cette confusion est susceptible de générer des divergences alors que se développe depuis quelques années un mouvement d'intercommunalité vigoureux. L'étude des structurations induites par les fêtes (les bals) et d'autres activités ludiques majeures (les lotos) amène à douter de la rapidité de l'enracinement de ces nouveaux cadres alors même que l'élargissement considérable des espaces de vie provoqué par la mobilité croissante des ruraux provoque au contraire une survalorisation et une reconstruction complète des représentations du cadre dit « traditionnel » de la commune/village tout en adoptant des comportements et des modèles issus du périurbain.
17 pages Texte de la présentation effectuée lors du Colloque de l'A.R.F. (Association des Ruralistes Français), Toulouse, octobre 2000 ; The permanent rebuilding of the village through its festivals. The study of the popular rural joyrides (balls and lottos) emphasizes permanence of two territorial structures instances anchored in mentalities In France, the traditionally strong political dimension of the administrative and local authority framework (the "commune", 36 678 on the whole country) has induced an old confusion with lived space (the "village"). This un-determination between both instances of places design remains one of major structuringX of spatiality, particularly in rural places. This confusion is likely to generate divergences whereas have been developed for a few years a dynamic movement of inter-communality (at least, 5 to 7000 on the whole France) to produce a new rational territories management and adapt them to the European context (from the LAU 2, local, to LAU 1, sub-local, but with powers, areas and population of the LAU 2 in most European countries: Spain, Germany, Belgium, Portugal or Italy). This paper reports some studies about these structures and their move induced by the mean of the fetes (balls) like other major ludic activities ("lotos" or public associative bingos). It brings to doubtX the speed of this new frameworks rooting. Indeed, on the contrary, at the same time the considerable widening of life spaces caused by an increasing mobility of rural people causes over-estimation and a complete rebuilding of the representations of the commune/village framework known as "traditional" by adopting behaviours and the models issued from the periurban spaces. Dominique Crozat Lecturer Mutations des Territoires en Europe UMR 5045, CNRS-Universities of Montpellier 3 and Perpignan Department of geography University Paul Valéry Montpellier 3 F-34199 Montpellier Tel . 33- (0)4 67 14 22 49 Mobile 06 32 51 86 42 d.crozat@ades.cnrs.fr dominique.crozat@univ-montp3.fr ...
17 pages Texte de la présentation effectuée lors du Colloque de l'A.R.F. (Association des Ruralistes Français), Toulouse, octobre 2000 ; The permanent rebuilding of the village through its festivals. The study of the popular rural joyrides (balls and lottos) emphasizes permanence of two territorial structures instances anchored in mentalities In France, the traditionally strong political dimension of the administrative and local authority framework (the "commune", 36 678 on the whole country) has induced an old confusion with lived space (the "village"). This un-determination between both instances of places design remains one of major structuringX of spatiality, particularly in rural places. This confusion is likely to generate divergences whereas have been developed for a few years a dynamic movement of inter-communality (at least, 5 to 7000 on the whole France) to produce a new rational territories management and adapt them to the European context (from the LAU 2, local, to LAU 1, sub-local, but with powers, areas and population of the LAU 2 in most European countries: Spain, Germany, Belgium, Portugal or Italy). This paper reports some studies about these structures and their move induced by the mean of the fetes (balls) like other major ludic activities ("lotos" or public associative bingos). It brings to doubtX the speed of this new frameworks rooting. Indeed, on the contrary, at the same time the considerable widening of life spaces caused by an increasing mobility of rural people causes over-estimation and a complete rebuilding of the representations of the commune/village framework known as "traditional" by adopting behaviours and the models issued from the periurban spaces. Dominique Crozat Lecturer Mutations des Territoires en Europe UMR 5045, CNRS-Universities of Montpellier 3 and Perpignan Department of geography University Paul Valéry Montpellier 3 F-34199 Montpellier Tel . 33- (0)4 67 14 22 49 Mobile 06 32 51 86 42 d.crozat@ades.cnrs.fr dominique.crozat@univ-montp3.fr http://recherche.univ-montp3.fr/mambo/mte/ ; En France, la confusion entre le cadre administratif (la commune) et l'espace vécu (le village) est ancienne et reste une des structurations majeures des spatialités, particulièrement dans les espaces ruraux. Cette confusion est susceptible de générer des divergences alors que se développe depuis quelques années un mouvement d'intercommunalité vigoureux. L'étude des structurations induites par les fêtes (les bals) et d'autres activités ludiques majeures (les lotos) amène à douter de la rapidité de l'enracinement de ces nouveaux cadres alors même que l'élargissement considérable des espaces de vie provoqué par la mobilité croissante des ruraux provoque au contraire une survalorisation et une reconstruction complète des représentations du cadre dit « traditionnel » de la commune/village tout en adoptant des comportements et des modèles issus du périurbain.
History and geography of ball in France. A changing process according to those of the socio-political structures From 1880 to 1900, French public authorities have try to strengthen the new republican regime. The reinforcement of local council was one of their means. This brought the country people's adhesion to the new regime. These targets had been mainly pursued by taking the significant spatial and community symbolic which was until then in the Church hands. By instituing the 14th of july (14-juillet) national feast, a republican model of community and communal space sacralisation is established with some specific festive rituals. Among them, the most important is the ball, called the public ball but which I call the republican ball. Socio-spatial imaginary has been durably structured by this model throughout all the XXth century. Today, its fast decline is due to the diffusion of new local spatial practices by the generalisation of urban ways of life. But the model is still influent: it explains why the heritage of some XIXth century political quarrels is still living on; it's also the reason of the recurrent failing of local councils reunification laws. This paper wants to define spatial specificities of these festive ritual symbolics to show their political importance: this study of one and a half century appears to be really rich; we will speak about the following points: - the ball's permanent and important evolution although it's traditional image seems fixed. - although regurlarly renewed, it maintains heritages and the active remembering of old quarrels. - balls are permanently at political stake; that's why local and national politician are forever concerned; they also built a strong legal frame because it always has given them legitimacy, especially during changing times. - althrough each period, it has helped to construct local communities; so, it gives a fine view of different kinds of rural and urban spaces (deep rural, perirural, periurban and central urban) by the mean of mentalities. - when studying the balls' audience, it shows the evolution of 4 different level of local space mental structures. - the important contrasts in their pratice makes us wander about the survival of regional cultural behaviours in a strongly standardized France. key words: dancing, country and city, suburban, local places, local authorities, social bind, representation, perceptive space, symbolic place, territory and community, cultural identity, regionalism ; Histoire et géographie du bal en France. Une évolution qui accompagne celle des structures socio-politiques Entre 1880 et 1900, les autorités françaises s'efforcent de consolider le nouveau régime républicain. Entre autres, on renforce l'autonomie municipale et cela va susciter l'adhésion des populations rurales au nouveau régime. La poursuite de ces objectifs passe par la prise en compte de l'importance de la symbolique spatiale et collective jusqu'alors dominée par l'Eglise. A travers l'institution de la fête nationale du 14-juillet se met ainsi en place un modèle spécifiquement républicain de sacralisation de la communauté et de l'espace communal. Pour cela, on organise des rituels festifs spécifiques dont le bal dit significativement bal public est le plus important: on peut parler de bal républicain. Structurant durablement l'imaginaire socio-spatial, ce modèle domine tout le XXe siècle. Aujourd'hui, il décline rapidement du fait de la diffusion de nouvelles pratiques de l'espace local engendrées par la généralisation des modes de vie urbains. Mais son influence reste forte et explique l'importance de l'héritage des querelles politiques du XIXe siècle ou les difficultés à envisager des regroupements de communes. Notre propos vise donc à définir les spécificités spatiales de la symbolique de ces rituels festifs et à mettre en valeur leur importance politique. Cette étude sur un siècle et demi se révèle très riche; nous insisterons sur les points suivants: - malgré une image de tradition immuable le bal connaît une évolution importante et permanente. - bien que novateur, il perpétue les héritages, les conflits anciens. - il est un enjeu politique permanent qui explique l'implication des dirigeants locaux et des représentants du pouvoir central en même temps qu'un encadrement juridique conséquent car il a toujours contribué à asseoir leur légitimité, surtout en période de transition. - à chaque époque, il contribue à construire les communautés locales et permet ainsi de les observer en distinguant finement rural isolé, rural plus dynamique, périurbain et urbain à travers une approche qui insiste sur les mentalités. - l'étude de ses publics permet de mettre en valeur différents niveaux de structuration de l'espace local et leur évolution. - par ses contrastes de pratique il permet aussi de s'interroger sur la permanence de comportements culturels régionaux. mots clés: bal, villes-campagnes, périphérie urbaine, territoire, localité, représentation, espace vécu, pouvoirs locaux, lien social, spatialité symbolique.
Version française d'une communication donnée en anglais lors du 11th International Conference of Historical Geographers CIEQ (Centre Interuniversitaire d'Etudes Québecoises) Université Laval, Québec, Canada ; History and geography of ball in France. A changing process according to those of the socio-political structures From 1880 to 1900, French public authorities have try to strengthen the new republican regime. The reinforcement of local council was one of their means. This brought the country people's adhesion to the new regime. These targets had been mainly pursued by taking the significant spatial and community symbolic which was until then in the Church hands. By instituing the 14th of july (14-juillet) national feast, a republican model of community and communal space sacralisation is established with some specific festive rituals. Among them, the most important is the ball, called the public ball but which I call the republican ball. Socio-spatial imaginary has been durably structured by this model throughout all the XXth century. Today, its fast decline is due to the diffusion of new local spatial practices by the generalisation of urban ways of life. But the model is still influent: it explains why the heritage of some XIXth century political quarrels is still living on; it's also the reason of the recurrent failing of local councils reunification laws. This paper wants to define spatial specificities of these festive ritual symbolics to show their political importance: this study of one and a half century appears to be really rich; we will speak about the following points: - the ball's permanent and important evolution although it's traditional image seems fixed. - although regurlarly renewed, it maintains heritages and the active remembering of old quarrels. - balls are permanently at political stake; that's why local and national politician are forever concerned; they also built a strong legal frame because it always has given them legitimacy, especially during changing times. - althrough each period, it has helped to construct local communities; so, it gives a fine view of different kinds of rural and urban spaces (deep rural, perirural, periurban and central urban) by the mean of mentalities. - when studying the balls' audience, it shows the evolution of 4 different level of local space mental structures. - the important contrasts in their pratice makes us wander about the survival of regional cultural behaviours in a strongly standardized France. key words: dancing, country and city, suburban, local places, local authorities, social bind, representation, perceptive space, symbolic place, territory and community, cultural identity, regionalism ; Histoire et géographie du bal en France. Une évolution qui accompagne celle des structures socio-politiques Entre 1880 et 1900, les autorités françaises s'efforcent de consolider le nouveau régime républicain. Entre autres, on renforce l'autonomie municipale et cela va susciter l'adhésion des populations rurales au nouveau régime. La poursuite de ces objectifs passe par la prise en compte de l'importance de la symbolique spatiale et collective jusqu'alors dominée par l'Eglise. A travers l'institution de la fête nationale du 14-juillet se met ainsi en place un modèle spécifiquement républicain de sacralisation de la communauté et de l'espace communal. Pour cela, on organise des rituels festifs spécifiques dont le bal dit significativement bal public est le plus important: on peut parler de bal républicain. Structurant durablement l'imaginaire socio-spatial, ce modèle domine tout le XXe siècle. Aujourd'hui, il décline rapidement du fait de la diffusion de nouvelles pratiques de l'espace local engendrées par la généralisation des modes de vie urbains. Mais son influence reste forte et explique l'importance de l'héritage des querelles politiques du XIXe siècle ou les difficultés à envisager des regroupements de communes. Notre propos vise donc à définir les spécificités spatiales de la symbolique de ces rituels festifs et à mettre en valeur leur importance politique. Cette étude sur un siècle et demi se révèle très riche; nous insisterons sur les points suivants: - malgré une image de tradition immuable le bal connaît une évolution importante et permanente. - bien que novateur, il perpétue les héritages, les conflits anciens. - il est un enjeu politique permanent qui explique l'implication des dirigeants locaux et des représentants du pouvoir central en même temps qu'un encadrement juridique conséquent car il a toujours contribué à asseoir leur légitimité, surtout en période de transition. - à chaque époque, il contribue à construire les communautés locales et permet ainsi de les observer en distinguant finement rural isolé, rural plus dynamique, périurbain et urbain à travers une approche qui insiste sur les mentalités. - l'étude de ses publics permet de mettre en valeur différents niveaux de structuration de l'espace local et leur évolution. - par ses contrastes de pratique il permet aussi de s'interroger sur la permanence de comportements culturels régionaux. mots clés: bal, villes-campagnes, périphérie urbaine, territoire, localité, représentation, espace vécu, pouvoirs locaux, lien social, spatialité symbolique.
History and geography of ball in France. A changing process according to those of the socio-political structures From 1880 to 1900, French public authorities have try to strengthen the new republican regime. The reinforcement of local council was one of their means. This brought the country people's adhesion to the new regime. These targets had been mainly pursued by taking the significant spatial and community symbolic which was until then in the Church hands. By instituing the 14th of july (14-juillet) national feast, a republican model of community and communal space sacralisation is established with some specific festive rituals. Among them, the most important is the ball, called the public ball but which I call the republican ball. Socio-spatial imaginary has been durably structured by this model throughout all the XXth century. Today, its fast decline is due to the diffusion of new local spatial practices by the generalisation of urban ways of life. But the model is still influent: it explains why the heritage of some XIXth century political quarrels is still living on; it's also the reason of the recurrent failing of local councils reunification laws. This paper wants to define spatial specificities of these festive ritual symbolics to show their political importance: this study of one and a half century appears to be really rich; we will speak about the following points: - the ball's permanent and important evolution although it's traditional image seems fixed. - although regurlarly renewed, it maintains heritages and the active remembering of old quarrels. - balls are permanently at political stake; that's why local and national politician are forever concerned; they also built a strong legal frame because it always has given them legitimacy, especially during changing times. - althrough each period, it has helped to construct local communities; so, it gives a fine view of different kinds of rural and urban spaces (deep rural, perirural, periurban and central urban) by the mean of mentalities. - when ...
Version française d'une communication donnée en anglais lors du 11th International Conference of Historical Geographers CIEQ (Centre Interuniversitaire d'Etudes Québecoises) Université Laval, Québec, Canada ; History and geography of ball in France. A changing process according to those of the socio-political structures From 1880 to 1900, French public authorities have try to strengthen the new republican regime. The reinforcement of local council was one of their means. This brought the country people's adhesion to the new regime. These targets had been mainly pursued by taking the significant spatial and community symbolic which was until then in the Church hands. By instituing the 14th of july (14-juillet) national feast, a republican model of community and communal space sacralisation is established with some specific festive rituals. Among them, the most important is the ball, called the public ball but which I call the republican ball. Socio-spatial imaginary has been durably structured by this model throughout all the XXth century. Today, its fast decline is due to the diffusion of new local spatial practices by the generalisation of urban ways of life. But the model is still influent: it explains why the heritage of some XIXth century political quarrels is still living on; it's also the reason of the recurrent failing of local councils reunification laws. This paper wants to define spatial specificities of these festive ritual symbolics to show their political importance: this study of one and a half century appears to be really rich; we will speak about the following points: - the ball's permanent and important evolution although it's traditional image seems fixed. - although regurlarly renewed, it maintains heritages and the active remembering of old quarrels. - balls are permanently at political stake; that's why local and national politician are forever concerned; they also built a strong legal frame because it always has given them legitimacy, especially during changing times. - althrough each ...
History and geography of ball in France. A changing process according to those of the socio-political structures From 1880 to 1900, French public authorities have try to strengthen the new republican regime. The reinforcement of local council was one of their means. This brought the country people's adhesion to the new regime. These targets had been mainly pursued by taking the significant spatial and community symbolic which was until then in the Church hands. By instituing the 14th of july (14-juillet) national feast, a republican model of community and communal space sacralisation is established with some specific festive rituals. Among them, the most important is the ball, called the public ball but which I call the republican ball. Socio-spatial imaginary has been durably structured by this model throughout all the XXth century. Today, its fast decline is due to the diffusion of new local spatial practices by the generalisation of urban ways of life. But the model is still influent: it explains why the heritage of some XIXth century political quarrels is still living on; it's also the reason of the recurrent failing of local councils reunification laws. This paper wants to define spatial specificities of these festive ritual symbolics to show their political importance: this study of one and a half century appears to be really rich; we will speak about the following points: - the ball's permanent and important evolution although it's traditional image seems fixed. - although regurlarly renewed, it maintains heritages and the active remembering of old quarrels. - balls are permanently at political stake; that's why local and national politician are forever concerned; they also built a strong legal frame because it always has given them legitimacy, especially during changing times. - althrough each period, it has helped to construct local communities; so, it gives a fine view of different kinds of rural and urban spaces (deep rural, perirural, periurban and central urban) by the mean of mentalities. - when studying the balls' audience, it shows the evolution of 4 different level of local space mental structures. - the important contrasts in their pratice makes us wander about the survival of regional cultural behaviours in a strongly standardized France. key words: dancing, country and city, suburban, local places, local authorities, social bind, representation, perceptive space, symbolic place, territory and community, cultural identity, regionalism ; Histoire et géographie du bal en France. Une évolution qui accompagne celle des structures socio-politiques Entre 1880 et 1900, les autorités françaises s'efforcent de consolider le nouveau régime républicain. Entre autres, on renforce l'autonomie municipale et cela va susciter l'adhésion des populations rurales au nouveau régime. La poursuite de ces objectifs passe par la prise en compte de l'importance de la symbolique spatiale et collective jusqu'alors dominée par l'Eglise. A travers l'institution de la fête nationale du 14-juillet se met ainsi en place un modèle spécifiquement républicain de sacralisation de la communauté et de l'espace communal. Pour cela, on organise des rituels festifs spécifiques dont le bal dit significativement bal public est le plus important: on peut parler de bal républicain. Structurant durablement l'imaginaire socio-spatial, ce modèle domine tout le XXe siècle. Aujourd'hui, il décline rapidement du fait de la diffusion de nouvelles pratiques de l'espace local engendrées par la généralisation des modes de vie urbains. Mais son influence reste forte et explique l'importance de l'héritage des querelles politiques du XIXe siècle ou les difficultés à envisager des regroupements de communes. Notre propos vise donc à définir les spécificités spatiales de la symbolique de ces rituels festifs et à mettre en valeur leur importance politique. Cette étude sur un siècle et demi se révèle très riche; nous insisterons sur les points suivants: - malgré une image de tradition immuable le bal connaît une évolution importante et permanente. - bien que novateur, il perpétue les héritages, les conflits anciens. - il est un enjeu politique permanent qui explique l'implication des dirigeants locaux et des représentants du pouvoir central en même temps qu'un encadrement juridique conséquent car il a toujours contribué à asseoir leur légitimité, surtout en période de transition. - à chaque époque, il contribue à construire les communautés locales et permet ainsi de les observer en distinguant finement rural isolé, rural plus dynamique, périurbain et urbain à travers une approche qui insiste sur les mentalités. - l'étude de ses publics permet de mettre en valeur différents niveaux de structuration de l'espace local et leur évolution. - par ses contrastes de pratique il permet aussi de s'interroger sur la permanence de comportements culturels régionaux. mots clés: bal, villes-campagnes, périphérie urbaine, territoire, localité, représentation, espace vécu, pouvoirs locaux, lien social, spatialité symbolique.
Version française d'une communication donnée en anglais lors du 11th International Conference of Historical Geographers CIEQ (Centre Interuniversitaire d'Etudes Québecoises) Université Laval, Québec, Canada ; History and geography of ball in France. A changing process according to those of the socio-political structures From 1880 to 1900, French public authorities have try to strengthen the new republican regime. The reinforcement of local council was one of their means. This brought the country people's adhesion to the new regime. These targets had been mainly pursued by taking the significant spatial and community symbolic which was until then in the Church hands. By instituing the 14th of july (14-juillet) national feast, a republican model of community and communal space sacralisation is established with some specific festive rituals. Among them, the most important is the ball, called the public ball but which I call the republican ball. Socio-spatial imaginary has been durably structured by this model throughout all the XXth century. Today, its fast decline is due to the diffusion of new local spatial practices by the generalisation of urban ways of life. But the model is still influent: it explains why the heritage of some XIXth century political quarrels is still living on; it's also the reason of the recurrent failing of local councils reunification laws. This paper wants to define spatial specificities of these festive ritual symbolics to show their political importance: this study of one and a half century appears to be really rich; we will speak about the following points: - the ball's permanent and important evolution although it's traditional image seems fixed. - although regurlarly renewed, it maintains heritages and the active remembering of old quarrels. - balls are permanently at political stake; that's why local and national politician are forever concerned; they also built a strong legal frame because it always has given them legitimacy, especially during changing times. - althrough each period, it has helped to construct local communities; so, it gives a fine view of different kinds of rural and urban spaces (deep rural, perirural, periurban and central urban) by the mean of mentalities. - when studying the balls' audience, it shows the evolution of 4 different level of local space mental structures. - the important contrasts in their pratice makes us wander about the survival of regional cultural behaviours in a strongly standardized France. key words: dancing, country and city, suburban, local places, local authorities, social bind, representation, perceptive space, symbolic place, territory and community, cultural identity, regionalism ; Histoire et géographie du bal en France. Une évolution qui accompagne celle des structures socio-politiques Entre 1880 et 1900, les autorités françaises s'efforcent de consolider le nouveau régime républicain. Entre autres, on renforce l'autonomie municipale et cela va susciter l'adhésion des populations rurales au nouveau régime. La poursuite de ces objectifs passe par la prise en compte de l'importance de la symbolique spatiale et collective jusqu'alors dominée par l'Eglise. A travers l'institution de la fête nationale du 14-juillet se met ainsi en place un modèle spécifiquement républicain de sacralisation de la communauté et de l'espace communal. Pour cela, on organise des rituels festifs spécifiques dont le bal dit significativement bal public est le plus important: on peut parler de bal républicain. Structurant durablement l'imaginaire socio-spatial, ce modèle domine tout le XXe siècle. Aujourd'hui, il décline rapidement du fait de la diffusion de nouvelles pratiques de l'espace local engendrées par la généralisation des modes de vie urbains. Mais son influence reste forte et explique l'importance de l'héritage des querelles politiques du XIXe siècle ou les difficultés à envisager des regroupements de communes. Notre propos vise donc à définir les spécificités spatiales de la symbolique de ces rituels festifs et à mettre en valeur leur importance politique. Cette étude sur un siècle et demi se révèle très riche; nous insisterons sur les points suivants: - malgré une image de tradition immuable le bal connaît une évolution importante et permanente. - bien que novateur, il perpétue les héritages, les conflits anciens. - il est un enjeu politique permanent qui explique l'implication des dirigeants locaux et des représentants du pouvoir central en même temps qu'un encadrement juridique conséquent car il a toujours contribué à asseoir leur légitimité, surtout en période de transition. - à chaque époque, il contribue à construire les communautés locales et permet ainsi de les observer en distinguant finement rural isolé, rural plus dynamique, périurbain et urbain à travers une approche qui insiste sur les mentalités. - l'étude de ses publics permet de mettre en valeur différents niveaux de structuration de l'espace local et leur évolution. - par ses contrastes de pratique il permet aussi de s'interroger sur la permanence de comportements culturels régionaux. mots clés: bal, villes-campagnes, périphérie urbaine, territoire, localité, représentation, espace vécu, pouvoirs locaux, lien social, spatialité symbolique.
In this study, the public dance or ball (the principal type of public fête in France: more than 50 percent of events, with 150,000 every year) is used to examine on the one hand the relations between social processes, and on the other, spatial conceptions, forms and structures and temporal practices emphasizing a major change. Indeed, though the ball may be perceived as outdated, this activity is thriving, and adjusts to a changing society. It still plays an important part in the shaping of spatial relations and the framing of territories, and also makes it easier to observe them: 30 percent of the French go out dancing every year - twice as many in some regions.This study draw on various sources so as to show the diversity of the phenomenon at various levels. It reveals that the standard pattern—that of the public ball, an open ball inherited from republican tradition—is fading. Organised by local authorities whose legitimacy it reinforces, this republican ball contributes to the cohesion of the community and offers its members a clear image of that community.Meanwhile, new and more selective forms of socialisation are developing rapidly, in accordance with the specific lifestyle of extremely mobile commuters living in the suburbs. A drift towards more autonomy can be noticed in this space that until now has been considered a cross between town and country.Furthermore, underprivileged and isolated rural spaces develop a specific form of festive meal-with dancing that is suited to their demographic situation.In all these balls, small groups of people seem to play a decisive role. Their influence is due to the prestige they enjoy, which is reinforced by their ability to structure local communities through the planning of such events. It now seems that legitimacy is shifting:•from a political legitimacy to a private one.•from territorial structuration under a dominant spatial logic to social, elective and even segregative structuring.•from an elected member representing a community to a leisure supplier and sometimes a charismatic leader.•from citizen to consumer and even worshipper.•from mythic feast refounding the community to utopia: the dream of a perfect community, grafted on an indistinct real space and without any symbolic territorial signification.The extent of those changes, especially in the northern and eastern parts of the country, in the metropolitan areas, reveals that the decline of spatial, social and political bonds is far more advanced than is usually thought. ; La sortie au bal concerne chaque année 30 % des Français, le double dans plusieurs régions. A rebours d'une image désuète, cette activité bien vivante s'adapte aux mutations de la société et, avec 160 000 bals par an (1 pour 350 habitants), ne connait pas le déclin qu'on lui prête. Pour le géographe, ils se révèlent intéressants à deux titres. Avec une moyenne de 4,5 bals par commune et par an, ils jouent toujours un rôle important dans la structuration des relations spatiales et l'institution des territoires. Ils facilitent aussi l'observation de celles-ci, généralement difficile à mener de manière rigoureuse.Avec cette préoccupation, l'étude utilise des données nombreuses de très bonne qualité (les relevés de la SACEM, Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique). Pour montrer la diversité de cette activité à quatre niveaux d'échelle, du national au local, ces données sont aussi variées; on y adjoint donc des informations fournies par deux enquêtes, l'une auprès d'orchestres, l'autre réalisée dans des bals, et enfin une observation plus générale sur environ deux cent bals. S'y ajoutent des informations fournies par des organismes officiels: Ministère de la Culture, INSEE (RGP, enquête sociale, Inventaire Communal). La densité de cette information permet des synthèses précises, sous forme de graphiques ou de typologies. Cela a conduit à la réalisation d'environ cent cinquante cartes dont une soixantaine ont été retenues dans l'étude.Celle-ci remet en question un certain nombre de clichés tels que ceux d'un bal des jeunes, d'un bal exclusivement rural, d'un bal populaire en soulignant son rôle politique. L'étude privilégie cet angle d'observation afin de mettre en valeur des évolutions importantes dans la relation des communautés à leur territoire.Elle fait apparaître le recul du modèle dominant (60 % de l'ensemble des manifestations), le bal public, bal ouvert hérité de la tradition républicaine. Très encadré par les autorités municipales dont il renforce la légitimité, il contribue à la cohérence de la collectivité localisée et donne à ses membres une forte visibilité de celle-ci. Il reste néanmoins déterminant sur de vastes portions du territoire: le Massif Central, le Sud, particulièrement le Sud-Ouest, mais aussi -bien que différent et plus rare- dans le centre des grandes agglomérations; d'une manière générale, c'est le cas partout où la relative stabilité de la population ces dernières décennies n'a pas modifié trop en profondeur les liens forts du groupe au territoire et où les autorités municipales gardent une légitimité importante.En même temps, se développent rapidement de nouvelles formes de socialisation plus sélectives, adaptées aux modes de vie spécifiques des populations très mobiles de larges périphéries urbaines. En effet, les repas dansants y progressent au rythme de 2 à 4 % l'an. On assiste ainsi à une processus d'autonomisation des comportements dans ces espaces considérés jusqu'alors comme intermédiaires entre villes et campagnes. Leur situation n'est plus transitoire avant une consolidation; il s'agit bien d'une pérennisation.Ces bals reposent sur des associations dont la légitimité n'est plus la même que celle des autorités municipales. Refusant la large mixité sociale qui caractérise les bals ouverts, elle pratiquent la sélection de leur clientèle et se ferment pour éviter toute intrusion indésirable et déqualifiante. Elles la recrutent dans un réseau installé sur une aire beaucoup plus vaste et mal définie, sinon par la distance. Elles refusent ainsi l'idée de l'institution symbolique d'un territoire local commun à tous ses habitants. Du bal républicain on évolue ainsi vers les loisirs, mais on voit même parfois s'ébaucher la constitution de communautés rêvées, utopiques, politiquement dangereuses.L'ampleur de ces évolutions, surtout dans le nord et l'est du pays, montre que la déstructuration des liens spatiaux, sociaux et politiques est bien plus avancée qu'on le croit généralement.En même temps, les espaces ruraux isolés en difficulté développent une forme propre de repas dansants adaptée à leur situation démographique qui cependant se rapproche des bals publics par leur logique républicaine. Mais il s'agit-là d'un repli vers une communauté protectrice qui révèle surtout sa fragilité et laisse planer un doute sur son avenir.Dans tous ces bals, on fait apparaître le rôle déterminant de certains groupes peu nombreux dont l'influence est due à leur prestige renforcé par la capacité à structurer les sociétés locales par le biais de l'organisation de tels événements.On semble donc basculer:- d'une légitimité à caractère politique vers une privatisation- d'une structuration des groupes territorialisés selon une logique spatiale à des logiques plus sociales et électives, voire ségrégativesdu citoyen au consommateur et même au fidèle- de l'élu représentant une communauté à un pourvoyeur de service quand ce n'est pas un leader charismatiqued'une fête mythique car refondatrice à l'utopie, au rêve greffé sur un espace réel indistinct, dénué de signification symbolique territoriale.
In this study, the public dance or ball (the principal type of public fête in France: more than 50 percent of events, with 150,000 every year) is used to examine on the one hand the relations between social processes, and on the other, spatial conceptions, forms and structures and temporal practices emphasizing a major change. Indeed, though the ball may be perceived as outdated, this activity is thriving, and adjusts to a changing society. It still plays an important part in the shaping of spatial relations and the framing of territories, and also makes it easier to observe them: 30 percent of the French go out dancing every year - twice as many in some regions.This study draw on various sources so as to show the diversity of the phenomenon at various levels. It reveals that the standard pattern—that of the public ball, an open ball inherited from republican tradition—is fading. Organised by local authorities whose legitimacy it reinforces, this republican ball contributes to the cohesion of the community and offers its members a clear image of that community.Meanwhile, new and more selective forms of socialisation are developing rapidly, in accordance with the specific lifestyle of extremely mobile commuters living in the suburbs. A drift towards more autonomy can be noticed in this space that until now has been considered a cross between town and country.Furthermore, underprivileged and isolated rural spaces develop a specific form of festive meal-with dancing that is suited to their demographic situation.In all these balls, small groups of people seem to play a decisive role. Their influence is due to the prestige they enjoy, which is reinforced by their ability to structure local communities through the planning of such events. It now seems that legitimacy is shifting:•from a political legitimacy to a private one.•from territorial structuration under a dominant spatial logic to social, elective and even segregative structuring.•from an elected member representing a community to a leisure supplier and sometimes a charismatic leader.•from citizen to consumer and even worshipper.•from mythic feast refounding the community to utopia: the dream of a perfect community, grafted on an indistinct real space and without any symbolic territorial signification.The extent of those changes, especially in the northern and eastern parts of the country, in the metropolitan areas, reveals that the decline of spatial, social and political bonds is far more advanced than is usually thought. ; La sortie au bal concerne chaque année 30 % des Français, le double dans plusieurs régions. A rebours d'une image désuète, cette activité bien vivante s'adapte aux mutations de la société et, avec 160 000 bals par an (1 pour 350 habitants), ne connait pas le déclin qu'on lui prête. Pour le géographe, ils se révèlent intéressants à deux titres. Avec une moyenne de 4,5 bals par commune et par an, ils jouent toujours un rôle important dans la structuration des relations spatiales et l'institution des territoires. Ils facilitent aussi l'observation de celles-ci, généralement difficile à mener de manière rigoureuse.Avec cette préoccupation, l'étude utilise des données nombreuses de très bonne qualité (les relevés de la SACEM, Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique). Pour montrer la diversité de cette activité à quatre niveaux d'échelle, du national au local, ces données sont aussi variées; on y adjoint donc des informations fournies par deux enquêtes, l'une auprès d'orchestres, l'autre réalisée dans des bals, et enfin une observation plus générale sur environ deux cent bals. S'y ajoutent des informations fournies par des organismes officiels: Ministère de la Culture, INSEE (RGP, enquête sociale, Inventaire Communal). La densité de cette information permet des synthèses précises, sous forme de graphiques ou de typologies. Cela a conduit à la réalisation d'environ cent cinquante cartes dont une soixantaine ont été retenues dans l'étude.Celle-ci remet en question un certain nombre de clichés tels que ceux d'un bal des jeunes, d'un bal exclusivement rural, d'un bal populaire en soulignant son rôle politique. L'étude privilégie cet angle d'observation afin de mettre en valeur des évolutions importantes dans la relation des communautés à leur territoire.Elle fait apparaître le recul du modèle dominant (60 % de l'ensemble des manifestations), le bal public, bal ouvert hérité de la tradition républicaine. Très encadré par les autorités municipales dont il renforce la légitimité, il contribue à la cohérence de la collectivité localisée et donne à ses membres une forte visibilité de celle-ci. Il reste néanmoins déterminant sur de vastes portions du territoire: le Massif Central, le Sud, particulièrement le Sud-Ouest, mais aussi -bien que différent et plus rare- dans le centre des grandes agglomérations; d'une manière générale, c'est le cas partout où la relative stabilité de la population ces dernières décennies n'a pas modifié trop en profondeur les liens forts du groupe au territoire et où les autorités municipales gardent une légitimité importante.En même temps, se développent rapidement de nouvelles formes de socialisation plus sélectives, adaptées aux modes de vie spécifiques des populations très mobiles de larges périphéries urbaines. En effet, les repas dansants y progressent au rythme de 2 à 4 % l'an. On assiste ainsi à une processus d'autonomisation des comportements dans ces espaces considérés jusqu'alors comme intermédiaires entre villes et campagnes. Leur situation n'est plus transitoire avant une consolidation; il s'agit bien d'une pérennisation.Ces bals reposent sur des associations dont la légitimité n'est plus la même que celle des autorités municipales. Refusant la large mixité sociale qui caractérise les bals ouverts, elle pratiquent la sélection de leur clientèle et se ferment pour éviter toute intrusion indésirable et déqualifiante. Elles la recrutent dans un réseau installé sur une aire beaucoup plus vaste et mal définie, sinon par la distance. Elles refusent ainsi l'idée de l'institution symbolique d'un territoire local commun à tous ses habitants. Du bal républicain on évolue ainsi vers les loisirs, mais on voit même parfois s'ébaucher la constitution de communautés rêvées, utopiques, politiquement dangereuses.L'ampleur de ces évolutions, surtout dans le nord et l'est du pays, montre que la déstructuration des liens spatiaux, sociaux et politiques est bien plus avancée qu'on le croit généralement.En même temps, les espaces ruraux isolés en difficulté développent une forme propre de repas dansants adaptée à leur situation démographique qui cependant se rapproche des bals publics par leur logique républicaine. Mais il s'agit-là d'un repli vers une communauté protectrice qui révèle surtout sa fragilité et laisse planer un doute sur son avenir.Dans tous ces bals, on fait apparaître le rôle déterminant de certains groupes peu nombreux dont l'influence est due à leur prestige renforcé par la capacité à structurer les sociétés locales par le biais de l'organisation de tels événements.On semble donc basculer:- d'une légitimité à caractère politique vers une privatisation- d'une structuration des groupes territorialisés selon une logique spatiale à des logiques plus sociales et électives, voire ségrégativesdu citoyen au consommateur et même au fidèle- de l'élu représentant une communauté à un pourvoyeur de service quand ce n'est pas un leader charismatiqued'une fête mythique car refondatrice à l'utopie, au rêve greffé sur un espace réel indistinct, dénué de signification symbolique territoriale.
In this study, the public dance or ball (the principal type of public fête in France: more than 50 percent of events, with 150,000 every year) is used to examine on the one hand the relations between social processes, and on the other, spatial conceptions, forms and structures and temporal practices emphasizing a major change. Indeed, though the ball may be perceived as outdated, this activity is thriving, and adjusts to a changing society. It still plays an important part in the shaping of spatial relations and the framing of territories, and also makes it easier to observe them: 30 percent of the French go out dancing every year - twice as many in some regions.This study draw on various sources so as to show the diversity of the phenomenon at various levels. It reveals that the standard pattern—that of the public ball, an open ball inherited from republican tradition—is fading. Organised by local authorities whose legitimacy it reinforces, this republican ball contributes to the cohesion of the community and offers its members a clear image of that community.Meanwhile, new and more selective forms of socialisation are developing rapidly, in accordance with the specific lifestyle of extremely mobile commuters living in the suburbs. A drift towards more autonomy can be noticed in this space that until now has been considered a cross between town and country.Furthermore, underprivileged and isolated rural spaces develop a specific form of festive meal-with dancing that is suited to their demographic situation.In all these balls, small groups of people seem to play a decisive role. Their influence is due to the prestige they enjoy, which is reinforced by their ability to structure local communities through the planning of such events. It now seems that legitimacy is shifting:•from a political legitimacy to a private one.•from territorial structuration under a dominant spatial logic to social, elective and even segregative structuring.•from an elected member representing a community to a leisure supplier and ...
In this study, the public dance or ball (the principal type of public fête in France: more than 50 percent of events, with 150,000 every year) is used to examine on the one hand the relations between social processes, and on the other, spatial conceptions, forms and structures and temporal practices emphasizing a major change. Indeed, though the ball may be perceived as outdated, this activity is thriving, and adjusts to a changing society. It still plays an important part in the shaping of spatial relations and the framing of territories, and also makes it easier to observe them: 30 percent of the French go out dancing every year - twice as many in some regions.This study draw on various sources so as to show the diversity of the phenomenon at various levels. It reveals that the standard pattern—that of the public ball, an open ball inherited from republican tradition—is fading. Organised by local authorities whose legitimacy it reinforces, this republican ball contributes to the cohesion of the community and offers its members a clear image of that community.Meanwhile, new and more selective forms of socialisation are developing rapidly, in accordance with the specific lifestyle of extremely mobile commuters living in the suburbs. A drift towards more autonomy can be noticed in this space that until now has been considered a cross between town and country.Furthermore, underprivileged and isolated rural spaces develop a specific form of festive meal-with dancing that is suited to their demographic situation.In all these balls, small groups of people seem to play a decisive role. Their influence is due to the prestige they enjoy, which is reinforced by their ability to structure local communities through the planning of such events. It now seems that legitimacy is shifting:•from a political legitimacy to a private one.•from territorial structuration under a dominant spatial logic to social, elective and even segregative structuring.•from an elected member representing a community to a leisure supplier and sometimes a charismatic leader.•from citizen to consumer and even worshipper.•from mythic feast refounding the community to utopia: the dream of a perfect community, grafted on an indistinct real space and without any symbolic territorial signification.The extent of those changes, especially in the northern and eastern parts of the country, in the metropolitan areas, reveals that the decline of spatial, social and political bonds is far more advanced than is usually thought. ; La sortie au bal concerne chaque année 30 % des Français, le double dans plusieurs régions. A rebours d'une image désuète, cette activité bien vivante s'adapte aux mutations de la société et, avec 160 000 bals par an (1 pour 350 habitants), ne connait pas le déclin qu'on lui prête. Pour le géographe, ils se révèlent intéressants à deux titres. Avec une moyenne de 4,5 bals par commune et par an, ils jouent toujours un rôle important dans la structuration des relations spatiales et l'institution des territoires. Ils facilitent aussi l'observation de celles-ci, généralement difficile à mener de manière rigoureuse.Avec cette préoccupation, l'étude utilise des données nombreuses de très bonne qualité (les relevés de la SACEM, Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique). Pour montrer la diversité de cette activité à quatre niveaux d'échelle, du national au local, ces données sont aussi variées; on y adjoint donc des informations fournies par deux enquêtes, l'une auprès d'orchestres, l'autre réalisée dans des bals, et enfin une observation plus générale sur environ deux cent bals. S'y ajoutent des informations fournies par des organismes officiels: Ministère de la Culture, INSEE (RGP, enquête sociale, Inventaire Communal). La densité de cette information permet des synthèses précises, sous forme de graphiques ou de typologies. Cela a conduit à la réalisation d'environ cent cinquante cartes dont une soixantaine ont été retenues dans l'étude.Celle-ci remet en question un certain nombre de clichés tels que ceux d'un bal des jeunes, d'un bal exclusivement rural, d'un bal populaire en soulignant son rôle politique. L'étude privilégie cet angle d'observation afin de mettre en valeur des évolutions importantes dans la relation des communautés à leur territoire.Elle fait apparaître le recul du modèle dominant (60 % de l'ensemble des manifestations), le bal public, bal ouvert hérité de la tradition républicaine. Très encadré par les autorités municipales dont il renforce la légitimité, il contribue à la cohérence de la collectivité localisée et donne à ses membres une forte visibilité de celle-ci. Il reste néanmoins déterminant sur de vastes portions du territoire: le Massif Central, le Sud, particulièrement le Sud-Ouest, mais aussi -bien que différent et plus rare- dans le centre des grandes agglomérations; d'une manière générale, c'est le cas partout où la relative stabilité de la population ces dernières décennies n'a pas modifié trop en profondeur les liens forts du groupe au territoire et où les autorités municipales gardent une légitimité importante.En même temps, se développent rapidement de nouvelles formes de socialisation plus sélectives, adaptées aux modes de vie spécifiques des populations très mobiles de larges périphéries urbaines. En effet, les repas dansants y progressent au rythme de 2 à 4 % l'an. On assiste ainsi à une processus d'autonomisation des comportements dans ces espaces considérés jusqu'alors comme intermédiaires entre villes et campagnes. Leur situation n'est plus transitoire avant une consolidation; il s'agit bien d'une pérennisation.Ces bals reposent sur des associations dont la légitimité n'est plus la même que celle des autorités municipales. Refusant la large mixité sociale qui caractérise les bals ouverts, elle pratiquent la sélection de leur clientèle et se ferment pour éviter toute intrusion indésirable et déqualifiante. Elles la recrutent dans un réseau installé sur une aire beaucoup plus vaste et mal définie, sinon par la distance. Elles refusent ainsi l'idée de l'institution symbolique d'un territoire local commun à tous ses habitants. Du bal républicain on évolue ainsi vers les loisirs, mais on voit même parfois s'ébaucher la constitution de communautés rêvées, utopiques, politiquement dangereuses.L'ampleur de ces évolutions, surtout dans le nord et l'est du pays, montre que la déstructuration des liens spatiaux, sociaux et politiques est bien plus avancée qu'on le croit généralement.En même temps, les espaces ruraux isolés en difficulté développent une forme propre de repas dansants adaptée à leur situation démographique qui cependant se rapproche des bals publics par leur logique républicaine. Mais il s'agit-là d'un repli vers une communauté protectrice qui révèle surtout sa fragilité et laisse planer un doute sur son avenir.Dans tous ces bals, on fait apparaître le rôle déterminant de certains groupes peu nombreux dont l'influence est due à leur prestige renforcé par la capacité à structurer les sociétés locales par le biais de l'organisation de tels événements.On semble donc basculer:- d'une légitimité à caractère politique vers une privatisation- d'une structuration des groupes territorialisés selon une logique spatiale à des logiques plus sociales et électives, voire ségrégativesdu citoyen au consommateur et même au fidèle- de l'élu représentant une communauté à un pourvoyeur de service quand ce n'est pas un leader charismatiqued'une fête mythique car refondatrice à l'utopie, au rêve greffé sur un espace réel indistinct, dénué de signification symbolique territoriale.