Tracer le panorama de l'apologetique a l'age classique n'est pas chose facile, tant sont multiples les perspectives philosophiques et diverses les formes litteraires. La tentation est alors grande d'aligner les monographies. Le colloque de Metz (16-18 octobre 2008), dont sont issues les contributions du present ouvrage, a choisi d'apprehender cette diversite foisonnante et mouvante en la soumettant a une unique approche, la question du croire. Tenant de l'imaginaire et du rationnel, la foi manifeste l'ambition de realiser la synthese du sentiment et de la raison. La theologie pascalienne de la
Zugriffsoptionen:
Die folgenden Links führen aus den jeweiligen lokalen Bibliotheken zum Volltext:
International audience ; Qualifié par la critique de 'phénomène littéraire', Le Comte de Valmont ou les Égarements de la raison s'est rapidement imposé comme le prototype du roman apologétique, transposition dans la fiction narrative du système des preuves de la religion chrétienne. Né dans le derniers tiers du siècle, dans le contexte des luttes qui opposèrent l'Église et le parti philosophique, et à ce titre portant l'empreinte des débats du temps, ce genre sombra avec la société qu'il prétendait défendre. Si Le Comte de Valmont se lit encore après la Révolution, et jusque vers 1850, c'est en vertu de la tonalité générale que son auteur a su lui donner. Contrairement à Crillon, Gauchat ou Barruel, l'abbé Gérard a volontairement estompé la dimension polémique, et choisi de privilégier, notamment dans la suite qu'il donne en 1776, le tableau positif du christianisme, de ses bienfaits, de son utilité, notamment sociale et politique. Il a exposé la pensée sociale catholique telle qu'elle s'est fixée à la fin du XVIIe siècle, et a ainsi ouvert la voie au roman social catholique, dont le XIXe siècle donnera de plus amples illustrations.
International audience ; Qualifié par la critique de 'phénomène littéraire', Le Comte de Valmont ou les Égarements de la raison s'est rapidement imposé comme le prototype du roman apologétique, transposition dans la fiction narrative du système des preuves de la religion chrétienne. Né dans le derniers tiers du siècle, dans le contexte des luttes qui opposèrent l'Église et le parti philosophique, et à ce titre portant l'empreinte des débats du temps, ce genre sombra avec la société qu'il prétendait défendre. Si Le Comte de Valmont se lit encore après la Révolution, et jusque vers 1850, c'est en vertu de la tonalité générale que son auteur a su lui donner. Contrairement à Crillon, Gauchat ou Barruel, l'abbé Gérard a volontairement estompé la dimension polémique, et choisi de privilégier, notamment dans la suite qu'il donne en 1776, le tableau positif du christianisme, de ses bienfaits, de son utilité, notamment sociale et politique. Il a exposé la pensée sociale catholique telle qu'elle s'est fixée à la fin du XVIIe siècle, et a ainsi ouvert la voie au roman social catholique, dont le XIXe siècle donnera de plus amples illustrations.
L'esprit et le caractère des nations, tels que les ont définis les penseurs du XVIIIe siècle, notamment Montesquieu, se complète dans la seconde moitié du siècle et s'enrichit de la connaissance de la culture, des lettres, des arts que la France détient sur ses voisins européens. La vague d'émigration française qui gagne l'Allemagne en 1792, phénomène sans précédent par son ampleur, va donner corps à ce système de représentation : des milliers d'hommes et de femmes sont subitement confrontés à la dialectique des identités. L'un d'eux, Charles de Villers (1765-1815), un officier d'artillerie originaire de Lorraine, développe sa théorie des identités nationales. Il lance un appel aux officiers français stationnés en Hanovre pour les inciter à s'enrichir du patrimoine culturel du pays qui les accueille, pour en rapporter plus tard les dépouilles dans leur pays d'origine. À cette première attitude, qui est celle d'un colon culturel, succède rapidement une seconde attitude : la découverte de la philosophie de Kant fait basculer l'avantage en faveur de la nation allemande. Dès lors rien de plus urgent pour Villers que de se germaniser. L'identité allemande se construit par antinomie avec l'identité française. Villers matérialise sous forme de tableaux ce rapport contrastif, et l'étend au génie artistique, notamment à la littérature. C'est ainsi qu'il met en place une théorie interprétative qui annonce la littérature comparée. Sur un plan biographique, cette germanisation s'exprime selon une mystique de la conversion et de la renaissance, où se mêlent références religieuses et héroïsation personnelle. Le migrant, qui est aussi un clandestin (d'abord par la proscription qui le frappe dans son pays, lui imposant de masquer son identité et de se réinventer un passé ; puis par la surveillance que le pouvoir napoléonien impose aux régions de l'Allemagne du nord), se donne la mission d'informer les Français des découvertes qu'il a faites en Allemagne. À travers cette opération de transfert, il affirme son identité de ...
L'esprit et le caractère des nations, tels que les ont définis les penseurs du XVIIIe siècle, notamment Montesquieu, se complète dans la seconde moitié du siècle et s'enrichit de la connaissance de la culture, des lettres, des arts que la France détient sur ses voisins européens. La vague d'émigration française qui gagne l'Allemagne en 1792, phénomène sans précédent par son ampleur, va donner corps à ce système de représentation : des milliers d'hommes et de femmes sont subitement confrontés à la dialectique des identités. L'un d'eux, Charles de Villers (1765-1815), un officier d'artillerie originaire de Lorraine, développe sa théorie des identités nationales. Il lance un appel aux officiers français stationnés en Hanovre pour les inciter à s'enrichir du patrimoine culturel du pays qui les accueille, pour en rapporter plus tard les dépouilles dans leur pays d'origine. À cette première attitude, qui est celle d'un colon culturel, succède rapidement une seconde attitude : la découverte de la philosophie de Kant fait basculer l'avantage en faveur de la nation allemande. Dès lors rien de plus urgent pour Villers que de se germaniser. L'identité allemande se construit par antinomie avec l'identité française. Villers matérialise sous forme de tableaux ce rapport contrastif, et l'étend au génie artistique, notamment à la littérature. C'est ainsi qu'il met en place une théorie interprétative qui annonce la littérature comparée. Sur un plan biographique, cette germanisation s'exprime selon une mystique de la conversion et de la renaissance, où se mêlent références religieuses et héroïsation personnelle. Le migrant, qui est aussi un clandestin (d'abord par la proscription qui le frappe dans son pays, lui imposant de masquer son identité et de se réinventer un passé ; puis par la surveillance que le pouvoir napoléonien impose aux régions de l'Allemagne du nord), se donne la mission d'informer les Français des découvertes qu'il a faites en Allemagne. À travers cette opération de transfert, il affirme son identité de ...
Le rôle d'Étienne-Charles Loménie de Brienne dans les Assemblées du clergé entre 1762 et 1780 fut déterminant. Son action s'y exerça sur deux terrains : la défense, contre les Parlements, des prérogatives de l'Église (notamment sur les sacrements et sur l'application du décret Unigenitus) d'une part ; la lutte contre les « mauvais livres » d'autre part. Ces deux combats n'en furent-ils pas en réalité un seul et unique ? Nous souhaitons montrer qu'en dénonçant les publications contraires à la religion et à l'État, Loménie prétend faire cause commune avec le Parlement de Paris, et ainsi parvenir à l'accord auquel il n'avait pu jusque-là aboutir. Il donne aussi par là une illustration concrète de la maxime qui dans ces années guide son action politique (« La cause de Dieu est aussi celle du Roi »), selon laquelle les deux puissances sont unies par un lien organique. La menace extérieure que représentent les doctrines déistes et matérialistes lui permet de justifier la nécessité de réaffirmer les liens d'unité et d'intérêt entre l'Église et l'état. Les philosophes, et les ouvrages qui les font condamner, ne tiennent dans le jeu du cardinal qu'un rôle secondaire. Loménie ne s'oppose pas aux philosophes, il s'en sert comme d'un terme auxiliaire pour tenter une conciliation avec les Parlements, ultime tentative vouée à l'échec, mais qui prouve les talents de stratège du futur principal ministre.
Le rôle d'Étienne-Charles Loménie de Brienne dans les Assemblées du clergé entre 1762 et 1780 fut déterminant. Son action s'y exerça sur deux terrains : la défense, contre les Parlements, des prérogatives de l'Église (notamment sur les sacrements et sur l'application du décret Unigenitus) d'une part ; la lutte contre les « mauvais livres » d'autre part. Ces deux combats n'en furent-ils pas en réalité un seul et unique ? Nous souhaitons montrer qu'en dénonçant les publications contraires à la religion et à l'État, Loménie prétend faire cause commune avec le Parlement de Paris, et ainsi parvenir à l'accord auquel il n'avait pu jusque-là aboutir. Il donne aussi par là une illustration concrète de la maxime qui dans ces années guide son action politique (« La cause de Dieu est aussi celle du Roi »), selon laquelle les deux puissances sont unies par un lien organique. La menace extérieure que représentent les doctrines déistes et matérialistes lui permet de justifier la nécessité de réaffirmer les liens d'unité et d'intérêt entre l'Église et l'état. Les philosophes, et les ouvrages qui les font condamner, ne tiennent dans le jeu du cardinal qu'un rôle secondaire. Loménie ne s'oppose pas aux philosophes, il s'en sert comme d'un terme auxiliaire pour tenter une conciliation avec les Parlements, ultime tentative vouée à l'échec, mais qui prouve les talents de stratège du futur principal ministre.
National audience ; La filiation doit s'entendre chez Rétif à trois niveaux : au niveau familial, dans le patriarche ; au niveau politique, dans le souverain ; au niveau utopique, dans une figure non personnelle, mais symbolique, le principe génératif lui-même. Ces trois figures sont liées l'une à l'autre selon des rapports ou bien logiques ou bien diachroniques. La famille est une représentation de la nation en petit, et l'utopie est le prolongement dans un possible historique de l'état actuel. Aucune des trois figures, dans le système rétivien, n'existent indépendamment de l'autre. Un même principe est à l'œuvre, mais selon un mode de représentation et un degré de réalité variables. Se pose en définitive à chaque page de l'œuvre la question de l'individualité : comment être soi quand par le nom, l'hérédité, l'ascendance, tout déclare le primat du collectif sur l'individuel ?
National audience ; La filiation doit s'entendre chez Rétif à trois niveaux : au niveau familial, dans le patriarche ; au niveau politique, dans le souverain ; au niveau utopique, dans une figure non personnelle, mais symbolique, le principe génératif lui-même. Ces trois figures sont liées l'une à l'autre selon des rapports ou bien logiques ou bien diachroniques. La famille est une représentation de la nation en petit, et l'utopie est le prolongement dans un possible historique de l'état actuel. Aucune des trois figures, dans le système rétivien, n'existent indépendamment de l'autre. Un même principe est à l'œuvre, mais selon un mode de représentation et un degré de réalité variables. Se pose en définitive à chaque page de l'œuvre la question de l'individualité : comment être soi quand par le nom, l'hérédité, l'ascendance, tout déclare le primat du collectif sur l'individuel ?