Résumé L'article analyse la genèse de la Charte européenne des droits fondamentaux comme un exemple de fabrique d'un traité européen. Le processus de négociation de la Charte y est examiné à la fois comme un processus à court terme et à long terme. S'agissant du processus à court terme, l'analyse met en lumière les efforts déployés en vue d'établir un nouveau cadre de négociation sous la forme d'une Convention. En ce qui concerne la Charte dans la longue durée , l'article souligne deux structures sociales et politiques préexistantes : le champ des droits de l'homme et les pratiques établies de négociation des traités de l'Union européenne.
A product of cold war strategies as much as post-war legal & political universalist ideologies, the European Convention for the Protection of Human Rights & Fundamental Freedoms (EHRC) & its institutions have gradually taken on a paramount position in European human rights law. Through the accounts given by key actors responsible for the institutionalization of the Convention & its accession to autonomy, this article shows how the rise in power of the institution can be seen as an example of the process of post-war Europeanization. Adapted from the source document.
La recherche sociologique sur l'Union européenne offer une alternative indispensable aux habituelles approches de l'UE dominées par l'économie, le droit, les relations internationales et les sciences politiques. Toutefois, jusqu'à présent, cette alternative sociologique a surtout consisté en l'adaptation de la terminologie sociologique telle que « construction sociale » ou « identité » et en l'introduction de nouveaux objets de recherche, telles que les conventions sociales réglementant la sécurité nationale ou les constructions discursives de l'Europe. Mais la sociologie fournit également les munitions intellectuelles pour une réévaluation bien plus fondamentale de certaines des presuppositions ontologiques et épistémologiques de la recherche sur l'UE, ainsi que pour une reconstruction de l'objet d'étude. Dans cet article, nous allons développer ce cadre d'analyse sociologique alternatif en explorant des notions clés telles que la rationalité et la réflexivité. À notre avis, ce sont là les outils indispensables pour expliquer ce qui reste l'une des plus grandes énigmes pour les études européennes, à savoir : comment l'Europe s'est-elle formée par l'interaction des institutions européennes et des acteurs dans le jeu de Bruxelles et à travers les frontières nationales. Ces présuppositions ontologiques et épistémologiques empêchent un grand nombre de recherches fondées sur les mêmes présupposés et les dualismes qu'ils produisent (individu-institution, socialisation-calcul stratégique, supranational-national...) de développer une description plus complexe et plus « consistante » de l'intégration européenne.