Libertés, dignité, algérianité: avant et pendant le «Hirak»
In: Anthropologie critique
« Que peut faire la société, piégée par une triple instrumentalisation de l'histoire, de la peur et du religieux, face à un pouvoir adossé à la rente, au clientélisme, à la violence de l'argent et à la force brutale ? Citoyens contre clientèles. Désir de changement contre volonté de stagnation. Ethique contre corruption. Révolte contre résignation. Humeur et poésie contre langue de bois… Sursaut de dignité d 'un peuple méprisé, réprimé, assigné à la marge, le mouvement pacifique du 22 février 2019 signe le retour du politique par l'entrée en scène du citoyen. Quand la société crie son ras-le-bol, le pouvoir tire les vieilles rengaines en rafales: « anarchie », « désordre », « trahison », « main étrangère », « ennemi intérieur ». Les jeunes qui ont bravé la peur pour exiger une vie digne se sont heurtés à un pouvoir hors champ, qui s'accroche au statu quo pour sauvegarder ses privilèges. Manipulation grotesque d 'un régime en mal d'imagination, l'appel au dialogue par le biais d 'un panel maison est une tentative de croche-pied à l'histoire en marche. Contre les résistants qui refusent le piège des urnes à double fond, la riposte est un classique des régimes autoritaires : harcèlement des militants, intox et propagande digne des années de plomb, encerclement des espaces de liberté, arrestation pour délit d 'opinion... Malgré l'impasse programmée qui risque de déraper à tout moment, tous les espoirs sont encore permis. « (Verlagsbeschreibung)