La présente thèse réalise un diagnostic comparé de trois chaines de valeur du riz dans la plaine de la Ruzizi partagée entre trois pays de la Communauté Economique des Pays de la Grands Lacs (CEPGL) à savoir le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Les trois chaines de valeurs sont appréhendées à travers des études menées dans la Plaine de l'Imbo pour le Burundi, au sein de la Plaine de la Ruzizi pour la RDC ainsi que dans la Plaine de Bugarama pour la chaine de valeur rwandaise. L'analyse a consisté à auditer le contexte dans lequel la riziculture est conduite (c'est-à-dire les politiques ainsi que les services d'appui auxquels ont accès les acteurs le long de la chaine de valeur), à analyser la performance économique de ces trois chaines de valeur et à identifier les facteurs pouvant favoriser le développement d'une chaine de valeur à potentiel régional. L'étude a privilégié l'approche terrain qui a permis de réaliser des investigations sur une période de 3 ans (de 2013 à 2015). La collecte des données a porté sur un échantillon de 228 acteurs repartis de manière équitable entre les trois pays et a combiné plusieurs techniques à savoir, des enquêtes directes auprès des acteurs (les producteurs, les transformateurs, les collecteurs, les commerçants grossistes et les détaillants), les interviews avec les différentes structures d'appui et services étatiques, les discussions focalisées avec des groupes de producteurs et représentants de leurs Organisations Paysannes. L'analyse de l'environnement de ces trois chaines de valeur du riz a mis en relation les politiques mises en œuvres dans chaque pays et l'accès par les acteurs directs à certains facteurs de production et services tels que la terre, l'eau, le crédit, l'utilisation d'intrants. Elle a également mise en évidence la question de la main d'œuvre salariale et les différents rôles qu'elle joue dans le secteur. Il s'observe que la politique foncière dans la plaine de Bugarama au Rwanda a permis de réduire à plus de la moitié le coût d'accès à la terre comparativement à la situation au Burundi et en RDC. Les limites du système foncier à Bugarama au Rwanda dans une approche de promotion des innovations entrepreneuriales se traduisent par les difficultés d`accroissement de la taille des exploitations (la superficie cultivée est de 0,23ha). Malgré le coût relativement élevé lié à l'accès et à la gestion de l'eau, la totalité des parcelles rizicoles ont accès à l'eau d'irrigation au Rwanda alors que le manque d'organisation et de bonne gestion de l'eau est l'un des facteurs à la base d'un faible rendement au Burundi et en RDC où respectivement 25% et 40 % des parcelles rizicoles peinent à accéder à l'eau. L`accès au financement demeure une contrainte majeure commune aux trois pays même au Rwanda où les services financiers sont disponibles. Les riziculteurs ayant accès aux crédits formels représentent une maigre portion de 8% (au Burundi), 10% (en RDC) et 37,5% (au Rwanda). Des contraintes liées à la disponibilité en main d'œuvre sont réelles dans les systèmes de production sous étude. En effet, la RDC est la zone déficitaire en main d'œuvre salariale à cause de l'exode rural et de la diversité d'activités économiques. 60% de la main d'œuvre rizicole utilisée dans la partie congolaise de la plaine est étrangère. 46% de cette main d`œuvre provient du Burundi et 14% vient du Rwanda. Cette mobilité de la main d'œuvre entraine des transferts de technologies, l'approvisionnement en intrants à moindre coût. Il joue également un rôle important dans la consolidation de la cohésion sociale dans un contexte post conflit. L'analyse économique de trois chaines de valeur révèle des coûts de production très élevés variant entre 292 et 388 USD/tonne amenuisant ainsi des perspectives de compétitivité internationale. Les coûts les plus élevés sont observés en RDC où paradoxalement se note une meilleure performance financière des acteurs. Au Rwanda où le riz est plus compétitif en termes de coûts de production, les producteurs sont soumis à des normes et restrictions (variété à cultiver, types de clients à qui vendre la production, prix de vente, etc.) qui influencent sensiblement leur performance. Les tests statistiques réalisés sur certains paramètres identifiés par l'analyse financière confirment l'inefficacité des politiques de subvention d'intrant et de financement agricole. En effet, il n'y a pas de différences significatives des moyennes entre les riziculteurs bénéficiant de ces politiques et ceux qui n'en bénéficient pas. Paradoxalement, les analyses statistiques révèlent que les riziculteurs qui ne subissent pas de politique de fixation de prix (ils ne sont pas preneurs de prix) ont une bonne performance financière en termes de revenus. Les trois zones étudiées sont complémentaires en termes de potentiels de développement. Des structures régionales favorables à la chaine de valeur régionale devront être relancées ou renforcées dans une logique de développement de la riziculture dans la plaine de la Ruzizi. ; This thesis aims at carrying out a comparative study of three rice value chains in the Ruzizi plain shared between three countries of the Economic Community of the Great Lakes Countries (CEPGL) namely Burundi, the Democratic Republic of Congo and Rwanda. These include the Burundi rice value chain (Imbo Plain), the Congolese rice value chain (Ruzizi Plain) and the Rwandan rice value chain (Bugarama Plain). The diagnostic analysis was about analyzing the rice-farming environment (ie policies and support services accessed by actors along the value chain), analyzing economic performance of these three value chains and to identify the factors that may foster the development of a value chain with a regional potential. For this purpose, the study adopted the field approach, which allowed carrying out investigations during three years (2013 to 2015). The data collection process involved a sample of 228 actors distributed equitably among the three countries. It combined several techniques, namely, direct stakeholder surveys (producers, processors, collectors, wholesalers and retailers), interviews with various support structures and state services, focus group discussions with producer groups and representatives of their organizations. The analysis of these three value chains driving conditions linked the policies implemented in each country and the access by the actors to certain production factors and services such as land, water, credit and the use of inputs. It also highlighted the issue of wage labor and its different roles in the sector. The analysis shows that land policy in Bugarama plain in Rwanda has reduced the cost of land to more than half compared to land costs in Burundi and the DRC. Moreover, this policy is accused by the producers of Bugarama of limiting their entrepreneurial innovations since they can not enlarge their farms (the cultivated area is 0.23 ha). Despite the high cost of water access and management, all rice plots access irrigation water in Rwanda, while the lack of organization and good water management is one of the factors behind low yields in Burundi and the DRC, where 25% and 40% of the rice plots have difficulties in accessing water. Regarding access to agricultural credit, the results reveal that the value chain of rice in the three countries experiences the lack of funding in spite of improvements observed in Rwanda. The rate of access to credit is 17.5% (in Burundi), 16% (in DRC) and 52.8% (in Rwanda), and among them rice farmers with access to formal credits account for only 8% (in Burundi), 10% (in the DRC) and 37.5% (in Rwanda). Analysis of the wage labour force shows that labor is not as widely available as was thought in the study area. Indeed, the DRC is the zone of deficit in wage labor due to the rural exodus and the diversity of economic activities. In the DRC, 60% of the rice workforce used is foreign, including 46% from Burundi and 14% from Rwanda. This mobility of the workforce leads to technology transfers, the supply of inputs at lower cost, but also to consolidate the social cohesion in a post-conflict context. The economic analysis of these three value chains reveals that production costs in the study area remain very high, varying between 292 and 388USD per ton. The highest costs are observed in the DRC where paradoxically there is a better financial performance in terms of profit and added value. The statistical tests carried out on certain parameters identified by the financial analysis undermines the policies regarding the inputs subsidies, agricultural financing and fixing sales prices. Indeed, there are no significant differences between the means of rice farmers who benefit from these policies and those who do not. Paradoxically, statistical analyzes reveal that rice farmers not affected by the pricing policy (they are not price takers) have a good financial performance in terms of income. The three studied areas are complementary in terms of the development potentials of a regional value chain. Indeed, Rwanda has modern underutilization peeling plants that are capable of responding almost entirely to the needs of the whole plain. In addition, Burundi and the DRC should develop land and water potentials to increase production. Several other regional structures in favor of the regional value chain have to be relaunched or strengthened in logic of rice development in the Ruzizi plain. These include the benefits of economic integration of the CEPGL countries.
These complète en allemand : Konflikte um Wasser in Marokko: ökologische und soziopolitische Konfliktursachen sowie Möglichkeiten der Konflikttransformation (Résumé long en français de 73 pages) ; Water scarcity increasingly provokes conflicts with often violent tendencies. As water management is determined by socio-political structures, governance plays a key role in the emergence and resolution of these conflicts. Based on a case-study of water conflicts in Morocco, the key objective of the present study is to understand how different political, ecological and socio-economic factors interact in the dynamics of these disputes. The first of the nine chapters introduces the topic by reviewing the possibilities of measuring water scarcity and its impact. This is done by exploring the situation in the MENA-region, and by analysing the security implications at the international level as well as in the context of broader security concepts. The second chapter evaluates the value of three theoretical approaches to the study of water conflicts: common pool resources theories, environmental security approaches, and conflict research. On the basis of this assessment, the third chapter presents a specific analytical and methodological approach by adapting theories of conflict transformation to the study of water conflicts. Four working hypotheses are developed regarding the root causes of water conflicts, the type of farmers most affected and the potential for mediation. Chapters 4 and 5 analyse potential root causes of water conflicts in Morocco. Chapter 4 concludes that the political system with the particular role of the king and his alliances with rural elites is challenged by the lack of legitimacy of democratic institutions, the increasing influence of civil society and religious actors, and the emergence of new economic elites. Chapter 5 analyses water and agricultural policies in Morocco and concludes that water scarcity, the effects of trade liberalisation, and incomplete decentralisation processes contribute to increasing social disparities and may fuel conflict. Chapters 6 and 7 analyse the case of water conflicts in the Souss region in Southern Morocco. The region is highly affected by water scarcity. At the same time, it is of strategic importance to the export-oriented, lucrative citrus fruit production. In this context, the study analyses the increasing marginalisation of small farmers and the problems of public water management, which is challenged by influential private investors and illegal drilling. It also examines the pilot project ElGuerdane for water mobilisation and distribution through a public-private partnership in irrigation. The analysis reviews the project's technical and financial aspects, and its political and environmental implications. Chapter 7 introduces a typology of water conflicts developed on the basis of the author's field research. It then presents the results of the empirical investigations including a large number of expert interviews, the study of six cases of water conflicts, and about 100 standardised interviews with farmers. The chapter concludes that an important marginalisation process of small farmers takes place in the valley, reveals that these farmers are also more often affected by conflicts over irrigation and drinking water, and examines the success of different mediators in this context. Chapter 8 points to the significance of these results for larger socio-political processes in the country and reveals four key trends characterising the changes in the relationships between society, king and government. Furthermore, the perspectives for water conflict transformation and the need for further research are developed. The last chapter presents a practical concept for enhancing conflict sensitivity in the water sector and for preventing violent escalation of tensions. It proposes three overall objectives in this regard: (a) understanding water conflicts as factors of socio-political (de-)stabilisation; (b) identifying conflict potentials and supporting transformation processes; and (c) dealing constructively with water conflicts. Concrete measures are proposed for the implementation of each of these objectives. Finally, the conclusion reviews the main challenges in the study of water conflicts and summarises the key findings. ; La pénurie croissante en eau douce provoque de plus en plus souvent des conflits parfois violents. Compte tenu de la forte influence des structures sociopolitiques locales sur la gestion de l'eau, l'émergence et le traitement des conflits, au delà du contexte environnemental, sont surtout une question de gouvernance. Le travail présent cherche à répondre aux trois questions de recherche centrales suivantes : (1) Quelles sont les causes politiques, écologiques et socio-économiques structurelles de l'émergence et de l'escalade des conflits autour de l'eau ? (2) Quelles sont les possibilités de médiation, de prévention et de transformation de ces conflits que nous pouvons développer sur la base des connaissances acquises à travers l'étude de cas? Et (3) comment une étude de cas locale peut-elle contribuer au développement d'une approche théorique plus générale et quels enseignements pour l'approche méthodologique pouvons-nous en tirer? L'objectif essentiel de ce travail est de comprendre, à l'exemple du Maroc, comment différents facteurs politiques, sociaux, économiques influencent l'émergence et le déroulement des conflits autour de l'eau. L'étude est organisée en neuf chapitres. Dans un premier temps, nous introduisons la thématique et l'état de la recherche. Au delà de l'impact de la pénurie en eau dans la région du Proche et Moyen Orient et de l'Afrique du Nord nous analysons également le rôle politique particulier de l'agriculture irriguée et les implications sécuritaires de la pénurie. Le deuxième chapitre évalue l'état de la recherche dans trois domaines proches de notre problématique : la recherche sur la sécurité environnementale, les théories de la gestion des biens communs, et la recherche sur les conflits. Sur la base de notre constat des forces et des faiblesses des théories existantes, nous développons notre approche d'analyse et méthodologique et présentons nos hypothèses de travail (chapitre 3). Celles-ci assument qu'une combinaison de processus de marginalisation écologique et socio-économique provoque les conflits autour de l'eau. Nous présumons aussi que le succès d'initiatives de médiation dans ces conflits dépend de la légitimité des intervenants, et que les organisations locales jouent un rôle important à cet égard. Les chapitres 4 et 5 sont consacrés à l'analyse des structures politiques et socio-économiques du Maroc dans le but d'identifier de potentielles causes structurelles de conflits. Le système politique et la position particulière du roi ainsi que ses alliances traditionnelles avec les élites rurales se trouvent au centre du quatrième chapitre. Nous concluons que le système socio- politique marocain se trouve aujourd'hui dans un processus de mutation conditionné par la faible légitimité des institutions démocratiques, la popularité croissante des acteurs de la société civile mais aussi de groupements religieux, et l'émergence d'une nouvelle élite. Le cinquième chapitre se concentre sur les changements dans la politique de l'eau et de l'agriculture et des conflits potentiels qui en résultent. Nous identifions la pénurie en eau, la libéralisation économique, une décentralisation inachevée et les grandes disparités entre les zones rurales et urbaines comme problèmes cruciaux et potentiellement conflictuels du développement rural. L'étude de cas dans la zone du Souss au Sud du Maroc se trouve au centre des chapitres 6 et 7. Dans le sixième chapitre, nous analysons la situation paradoxale de la simultanéité d'une forte dégradation des ressources eau et terre dans la région d'une part, et de son importance stratégique pour les cultures agricoles hautement rentables d'autre part. Dans ce contexte, nous étudions également la marginalisation croissante des petites exploitations agricoles ainsi que les problèmes de la gestion de l'eau. Par ailleurs, nous analysons le projet pilote d'un partenariat public-privé pour l'irrigation. Au-delà de l'étude du montage financier et technique de ce projet, nous révélons également ses implications politiques et environnementales. Dans cette étude de cas, nous avons procédé à l'étude de sources bibliographiques mais surtout aussi à de nombreuses enquêtes de terrain. Le septième chapitre introduit d'abord notre typologie des conflits autour de l'eau et présente ensuite les résultats des enquêtes. Nous concluons entre autres qu'un profond décrochement entre petites et grandes exploitations agricoles a eu lieu dans les dix dernières années et qui s'accentue encore aujourd'hui. Par ailleurs, nous révélons la fréquence de l'affectation des petites, moyennes et grandes exploitations par différents types de conflits d'eau et évaluons le succès de différents médiateurs. Finalement, sur la base de ces données et compte tenu de l'impact du projet de partenariat public-privé, nous évaluons le potentiel de conflits présent et à venir dans cette région. Dans les chapitres 8 et 9, nous tirons les conclusions de notre étude de cas. Nous présentons premièrement les enseignements méthodologiques et analysons ensuite les tendances majeures concernant la continuité et le changement des relations entre la société marocaine, le gouvernement et le roi. Nous concluons le huitième chapitre par une analyse des possibilités d'une transformation des conflits autour de l'eau. Le neuvième et dernier chapitre présente un concept pratique pour l'évaluation et la prévention des conflits autour de l'eau. Dans ce but, nous développons trois principes suivis d'une série de mesures pour leur mise en oeuvre: (1) le développement et la réalisation d'une compréhension globale de la politique de l'eau, (2) un meilleur diagnostic des conflits autour de l'eau et de leurs causes structurelles, ainsi que le soutien à leur transformation, et (3) une modification de la manière d'appréhender les conflits, orientée vers leur potentiel innovateur et de coopération. Finalement, nous résumons les résultats principaux de notre travail, signalons les défis essentiels liés aux conflits de l'eau à l'avenir et proposons des pistes de réflexion pour de nouvelles recherches dans ce domaine.
These complète en allemand : Konflikte um Wasser in Marokko: ökologische und soziopolitische Konfliktursachen sowie Möglichkeiten der Konflikttransformation (Résumé long en français de 73 pages) ; Water scarcity increasingly provokes conflicts with often violent tendencies. As water management is determined by socio-political structures, governance plays a key role in the emergence and resolution of these conflicts. Based on a case-study of water conflicts in Morocco, the key objective of the present study is to understand how different political, ecological and socio-economic factors interact in the dynamics of these disputes. The first of the nine chapters introduces the topic by reviewing the possibilities of measuring water scarcity and its impact. This is done by exploring the situation in the MENA-region, and by analysing the security implications at the international level as well as in the context of broader security concepts. The second chapter evaluates the value of three theoretical approaches to the study of water conflicts: common pool resources theories, environmental security approaches, and conflict research. On the basis of this assessment, the third chapter presents a specific analytical and methodological approach by adapting theories of conflict transformation to the study of water conflicts. Four working hypotheses are developed regarding the root causes of water conflicts, the type of farmers most affected and the potential for mediation. Chapters 4 and 5 analyse potential root causes of water conflicts in Morocco. Chapter 4 concludes that the political system with the particular role of the king and his alliances with rural elites is challenged by the lack of legitimacy of democratic institutions, the increasing influence of civil society and religious actors, and the emergence of new economic elites. Chapter 5 analyses water and agricultural policies in Morocco and concludes that water scarcity, the effects of trade liberalisation, and incomplete decentralisation processes contribute to increasing social disparities and may fuel conflict. Chapters 6 and 7 analyse the case of water conflicts in the Souss region in Southern Morocco. The region is highly affected by water scarcity. At the same time, it is of strategic importance to the export-oriented, lucrative citrus fruit production. In this context, the study analyses the increasing marginalisation of small farmers and the problems of public water management, which is challenged by influential private investors and illegal drilling. It also examines the pilot project ElGuerdane for water mobilisation and distribution through a public-private partnership in irrigation. The analysis reviews the project's technical and financial aspects, and its political and environmental implications. Chapter 7 introduces a typology of water conflicts developed on the basis of the author's field research. It then presents the results of the empirical investigations including a large number of expert interviews, the study of six cases of water conflicts, and about 100 standardised interviews with farmers. The chapter concludes that an important marginalisation process of small farmers takes place in the valley, reveals that these farmers are also more often affected by conflicts over irrigation and drinking water, and examines the success of different mediators in this context. Chapter 8 points to the significance of these results for larger socio-political processes in the country and reveals four key trends characterising the changes in the relationships between society, king and government. Furthermore, the perspectives for water conflict transformation and the need for further research are developed. The last chapter presents a practical concept for enhancing conflict sensitivity in the water sector and for preventing violent escalation of tensions. It proposes three overall objectives in this regard: (a) understanding water conflicts as factors of socio-political (de-)stabilisation; (b) identifying conflict potentials and supporting transformation processes; and (c) dealing constructively with water conflicts. Concrete measures are proposed for the implementation of each of these objectives. Finally, the conclusion reviews the main challenges in the study of water conflicts and summarises the key findings. ; La pénurie croissante en eau douce provoque de plus en plus souvent des conflits parfois violents. Compte tenu de la forte influence des structures sociopolitiques locales sur la gestion de l'eau, l'émergence et le traitement des conflits, au delà du contexte environnemental, sont surtout une question de gouvernance. Le travail présent cherche à répondre aux trois questions de recherche centrales suivantes : (1) Quelles sont les causes politiques, écologiques et socio-économiques structurelles de l'émergence et de l'escalade des conflits autour de l'eau ? (2) Quelles sont les possibilités de médiation, de prévention et de transformation de ces conflits que nous pouvons développer sur la base des connaissances acquises à travers l'étude de cas? Et (3) comment une étude de cas locale peut-elle contribuer au développement d'une approche théorique plus générale et quels enseignements pour l'approche méthodologique pouvons-nous en tirer? L'objectif essentiel de ce travail est de comprendre, à l'exemple du Maroc, comment différents facteurs politiques, sociaux, économiques influencent l'émergence et le déroulement des conflits autour de l'eau. L'étude est organisée en neuf chapitres. Dans un premier temps, nous introduisons la thématique et l'état de la recherche. Au delà de l'impact de la pénurie en eau dans la région du Proche et Moyen Orient et de l'Afrique du Nord nous analysons également le rôle politique particulier de l'agriculture irriguée et les implications sécuritaires de la pénurie. Le deuxième chapitre évalue l'état de la recherche dans trois domaines proches de notre problématique : la recherche sur la sécurité environnementale, les théories de la gestion des biens communs, et la recherche sur les conflits. Sur la base de notre constat des forces et des faiblesses des théories existantes, nous développons notre approche d'analyse et méthodologique et présentons nos hypothèses de travail (chapitre 3). Celles-ci assument qu'une combinaison de processus de marginalisation écologique et socio-économique provoque les conflits autour de l'eau. Nous présumons aussi que le succès d'initiatives de médiation dans ces conflits dépend de la légitimité des intervenants, et que les organisations locales jouent un rôle important à cet égard. Les chapitres 4 et 5 sont consacrés à l'analyse des structures politiques et socio-économiques du Maroc dans le but d'identifier de potentielles causes structurelles de conflits. Le système politique et la position particulière du roi ainsi que ses alliances traditionnelles avec les élites rurales se trouvent au centre du quatrième chapitre. Nous concluons que le système socio- politique marocain se trouve aujourd'hui dans un processus de mutation conditionné par la faible légitimité des institutions démocratiques, la popularité croissante des acteurs de la société civile mais aussi de groupements religieux, et l'émergence d'une nouvelle élite. Le cinquième chapitre se concentre sur les changements dans la politique de l'eau et de l'agriculture et des conflits potentiels qui en résultent. Nous identifions la pénurie en eau, la libéralisation économique, une décentralisation inachevée et les grandes disparités entre les zones rurales et urbaines comme problèmes cruciaux et potentiellement conflictuels du développement rural. L'étude de cas dans la zone du Souss au Sud du Maroc se trouve au centre des chapitres 6 et 7. Dans le sixième chapitre, nous analysons la situation paradoxale de la simultanéité d'une forte dégradation des ressources eau et terre dans la région d'une part, et de son importance stratégique pour les cultures agricoles hautement rentables d'autre part. Dans ce contexte, nous étudions également la marginalisation croissante des petites exploitations agricoles ainsi que les problèmes de la gestion de l'eau. Par ailleurs, nous analysons le projet pilote d'un partenariat public-privé pour l'irrigation. Au-delà de l'étude du montage financier et technique de ce projet, nous révélons également ses implications politiques et environnementales. Dans cette étude de cas, nous avons procédé à l'étude de sources bibliographiques mais surtout aussi à de nombreuses enquêtes de terrain. Le septième chapitre introduit d'abord notre typologie des conflits autour de l'eau et présente ensuite les résultats des enquêtes. Nous concluons entre autres qu'un profond décrochement entre petites et grandes exploitations agricoles a eu lieu dans les dix dernières années et qui s'accentue encore aujourd'hui. Par ailleurs, nous révélons la fréquence de l'affectation des petites, moyennes et grandes exploitations par différents types de conflits d'eau et évaluons le succès de différents médiateurs. Finalement, sur la base de ces données et compte tenu de l'impact du projet de partenariat public-privé, nous évaluons le potentiel de conflits présent et à venir dans cette région. Dans les chapitres 8 et 9, nous tirons les conclusions de notre étude de cas. Nous présentons premièrement les enseignements méthodologiques et analysons ensuite les tendances majeures concernant la continuité et le changement des relations entre la société marocaine, le gouvernement et le roi. Nous concluons le huitième chapitre par une analyse des possibilités d'une transformation des conflits autour de l'eau. Le neuvième et dernier chapitre présente un concept pratique pour l'évaluation et la prévention des conflits autour de l'eau. Dans ce but, nous développons trois principes suivis d'une série de mesures pour leur mise en oeuvre: (1) le développement et la réalisation d'une compréhension globale de la politique de l'eau, (2) un meilleur diagnostic des conflits autour de l'eau et de leurs causes structurelles, ainsi que le soutien à leur transformation, et (3) une modification de la manière d'appréhender les conflits, orientée vers leur potentiel innovateur et de coopération. Finalement, nous résumons les résultats principaux de notre travail, signalons les défis essentiels liés aux conflits de l'eau à l'avenir et proposons des pistes de réflexion pour de nouvelles recherches dans ce domaine.
Internal conflict prevention calls for a better understanding of the way those events form and spread through space and time. In comparison with other social science disciplines, economics started to explore this field only very recently. Over the past 20 years and as if it was trying to make up for the time lost, we have witnessed a bustle in the number of econometrical research papers written on this subject. What conclusions can we draw from those works? The present document defines the analysis scope of this area of study by insisting on the three deep mechanisms responsible of predatory behaviors: state capacity, the "prize" value of capturing the state and the opportunity cost of joining a rebel group. It also gives an assessment of the constraints and the recent developments in the causal analysis of internal conflicts. Finally, this article shows that the improvements in the methodology of causal inference, in the econometric tools and in the data collection methods open promising research opportunities on topics such as the role of social cohesion or the consequences of climate change on the risk of conflict. ; Prévenir les conflits internes nécessite une meilleure compréhension de la manière dont ils se forment et se propagent dans le temps et l'espace. Par rapport aux autres sciences sociales, l'économie n'a que très récemment investi ce champ d'étude. Comme pour rattraper son retard, nous assistons depuis une vingtaine d'années à une effervescence de la recherche économétrique sur le sujet. Quelles conclusions tirer de ces travaux ? Ce document définit le périmètre d'analyse de ce champ d'étude en insistant sur trois mécanismes profonds à l'origine des comportements de prédation : les capacités de l'Etat, la valeur du gain issu de la capture de l'Etat et le coût d'opportunité d'entrer dans un groupe armé auquel les individus font face (i.e. l'arbitrage entre des activités de production ou de prédation). Il dresse également un bilan des contraintes et avancées récentes dans l'analyse causale des ...
Internal conflict prevention calls for a better understanding of the way those events form and spread through space and time. In comparison with other social science disciplines, economics started to explore this field only very recently. Over the past 20 years and as if it was trying to make up for the time lost, we have witnessed a bustle in the number of econometrical research papers written on this subject. What conclusions can we draw from those works? The present document defines the analysis scope of this area of study by insisting on the three deep mechanisms responsible of predatory behaviors: state capacity, the "prize" value of capturing the state and the opportunity cost of joining a rebel group. It also gives an assessment of the constraints and the recent developments in the causal analysis of internal conflicts. Finally, this article shows that the improvements in the methodology of causal inference, in the econometric tools and in the data collection methods open promising research opportunities on topics such as the role of social cohesion or the consequences of climate change on the risk of conflict. ; Prévenir les conflits internes nécessite une meilleure compréhension de la manière dont ils se forment et se propagent dans le temps et l'espace. Par rapport aux autres sciences sociales, l'économie n'a que très récemment investi ce champ d'étude. Comme pour rattraper son retard, nous assistons depuis une vingtaine d'années à une effervescence de la recherche économétrique sur le sujet. Quelles conclusions tirer de ces travaux ? Ce document définit le périmètre d'analyse de ce champ d'étude en insistant sur trois mécanismes profonds à l'origine des comportements de prédation : les capacités de l'Etat, la valeur du gain issu de la capture de l'Etat et le coût d'opportunité d'entrer dans un groupe armé auquel les individus font face (i.e. l'arbitrage entre des activités de production ou de prédation). Il dresse également un bilan des contraintes et avancées récentes dans l'analyse causale des conflits internes. Il montre que l'amélioration des méthodes d'inférence causale, des outils économétriques et des méthodes de collecte de données dessine des perspectives de recherche prometteuses sur des sujets tels que le rôle de la cohésion sociale et les conséquences du changement climatique sur le risque de conflit.
Some statistics are being developed in a coherent movement which includes both administrative management objectives, political projects and intellectual projects. This was particularly the case for criminal justice statistics, which developed in France since the 1820s and developed with criminology and prison policy throughout the nineteenth century. We study the official statistics of civil and commercial justice, in particular its part on bankruptcies, and show that although of good technical quality, this statistic is declining because no real use was made of it: its use for administrative management purposes was rapidly called into question, probably not unrelated to the lack of genuine political (i.e. legislative) use, itself weakened by the absence of economic or sociological theories capable of using these statistics effectively to explain significant economic or social phenomena. ; Some statistics are developed within a consistent intellectual, political and administrative project, as was the case of criminal statistics which appeared and developed with criminology during the 19th century, particularly in France and Belgium. We examine the official statistics of civil and commercial justice, and particularly those of bankruptcy, which were created by the same administration as the criminal statistics in the same period (in the 1830s). We show that the statistics were well done, but that they were unable to attract users in spite of an early use by the justice administration as a management device. Neither members of Parliament nor social scientists used them, probably because they weren't developed in order to answer adequate questions that would have been embedded in a clear and developing scientific framework. This led to a decline of these statistics, in spite of the fact the data they contained provide interesting insights on 19th century's society and economy. ; Some statistics are being developed in a coherent movement which includes both administrative management objectives, political projects and ...
Livestock is an important source of income in most developing countries. In Africa, it often makes up 10% to 20% of the gross national product at level. One of the major constraints to the development of this sector is animal diseases, which sometimes generate significant economic losses with social consequences that are often very burdensome for farmers. They restrict trade between countries. Reducing the impact of these constraints necessarily involves the prevention and the control of diseases. For this purpose, an adequate knowledge of the epidemiology of the diseases is a prerequisite to define a strategy for their prevention and/or the design of appropriate monitoring measures. One of the essential tools of production remains the epidemiological information network for the surveillance of animal diseases. It is also a tool for decision in international trade involving livestock products. For this purpose, its effectiveness is a guarantee for its credibility. An effective network system must be well organized, meet scientific standards and satisfy the efficiency characteristics which are sensitivity, specificity, acceptability, responsiveness and cost. In west and central Africa, epidemiological surveillance networks of animal diseases are mostly created in the 1990s through the Pan African Program for the Control of Epizootics. A 2004 assessment carried out by this program revealed that these networks are at different stages and found weaknesses in their efficiency. To contribute to the improvement of these systems, an analysis of some performance parameters of these networks has been conducted and suggestions for improvement were made. To achieve this overall objective, the following specific objectives were listed: (i) analyze the technical and functional organization of epidemiological surveillance networks in West and Central Africa; (ii) compare the effectiveness of active surveillance and passive surveillance, the two main monitoring methods used by the networks in West and Central Africa using the case study of the epidemiological surveillance network, in Chad, namely REPIMAT; (iii) assess the sensitivity of an epidemiological surveillance network from an approach based on prevalence of a disease such as Foot and Mouth Disease; (iv) develop performance indicators for regular monitoring of the epidemiological surveillance network for animal diseases in West and Central Africa, again by taking the case of REPIMAT; and finally, (v) estimate the cost incurred by an epidemiological surveillance network in West and Central Africa, for example the REPIMAT. Each of these specific objectives leads to a specific study of which results are presented below: Organization of epidemiological surveillance networks in West and Central Africa The survey on technical and institutional organizations networks in west and central Africa was organised on the basis of a written questionnaire. It involved nine networks of which five were in West Africa (Senegal, Burkina Faso, Ivory Coast, Togo, Guinea) and four in Central Africa (Cameroon, Central African Republic, Democratic Republic of Congo and Chad). The results of this survey showed that the oldest epidemiological surveillance network is that of Chad, REPIMAT. There are more similarities than differences between these networks. In general, network monitoring of animal diseases in west and central Africa are technically and institutionally well formalized. The establishment and operation of the networks surveyed are mainly financed by foreign aid. In general, these are epidemiological surveillance networks that monitor several diseases. All countries surveyed have a central national laboratory for the analysis of samples collected. However, only four countries (Cameroon, Côte d'Ivoire, Guinea and Senegal) can make a diagnosis of all diseases selected for monitoring. The laboratories are considered as partners with surveillance networks in most of the countries surveyed. All networks use the PID/ARIS for data management. In addition to the latter, countries such as Guinea, DRC, Senegal and Chad use a national database developed with Access®. On average, 26% of veterinary stations on the total networks surveyed are involved in the monitoring. This proportion varies from 7% to 91%. However, insufficient diagnostic capacity of laboratories and inadequate operational steering committees are the two main weaknesses of the networks concerned with this survey. Comparison between active and passive surveillance within the network of epidemiological surveillance of animal diseases in Chad The comparison between active and passive surveillance involved 106 REPIMAT surveillance stations randomly divided into 52 active surveillance stations and 54 passive surveillance stations. Vaccination status of nine diseases and their respective prevalence levels are monitored by the network. A work plan was developed for each station. The stations of active surveillance make monthly visits to four herds (villages) to look for monitored diseases and also organise four information meetings with farmers how to react in case of suspicion of the monitored diseases. Passive surveillance stations only organise, monthly, four information meetings with farmers. Suspicions in each station are recorded on a specific form developed for each disease. The agent mentions if the suspicion is performed following a breeder call, a visit from herds or a sensitization meeting. Monitoring lasted 24 months. The results of this study showed that regardless of the type of surveillance, diseases monitored with the exception of rare diseases (Rinderpest, and Rift Valley fever) are reported by the monitoring agents. However, we note that the number of calls recorded following suspicions of farmers (41%) was significantly higher (p <0.05) than suspicions made during visits to herds (30%) or in meetings (29%). For moderately prevalent diseases, the suspicions are mainly calls farmers (77%) and regardless of the type of monitoring (73% for active surveillance and 84% for passive surveillance). On the other hand, for FMD, a disease with high prevalence, 37% of suspicions are recorded by visiting farms. Overall, no significant difference was observed between the types of surveillance because of a low rate of disease onset during sensitization meetings by the active surveillance stations. Passive surveillance stimulated by awareness meetings appears to be a mode for surveillance in the conditions of Chad and cheaper. However, for rare diseases, the specific methods of active surveillance (such as, for example, sentinel flocks) seems preferable. Evaluation of the sensitivity of the animal disease epidemiological surveillance network for Foot and Mouth Disease in Chad Evaluation of the sensitivity of the animal disease epidemiological surveillance network for Foot and Mouth Disease in Chad The study on the network sensitivity was carried out in REPIMAT by taking the surveillance of FMD as an example. FMD is the disease most frequently suspected by REPIMAT. However, the reporting of cases is limited to clinical suspicion. The samples for the purpose of laboratory diagnostic for confirmation of these suspicions are not made. In order to assess the sensitivity of REPIMAT for this disease, a serological survey was conducted in eight of the nine regional delegations with the highest cattle population of the country. The samples were analyzed by the National Reference Laboratory for FMD in Brescia (Italy) with the support of the European Commission action against FMD. The 3ABC and SP-ELISA tests were used for the detection of antibodies and the serotype of the virus. The number of FMD suspicions reported within the network was compared with the seroprevalence. Epidemiological information on the disease, including the circulating serotypes in Chad, was also provided. A total of 796 cattle sera were collected. The seroprevalence rate at individual level was 35.6% (95% CI: 32.2 to 39.0) and that at the herd level was 61.9% (95% CI: 51.9 to 71.2). A strong correlation was observed between the estimated prevalence and number of clinical suspicions reported within REPIMAT. The disease is present in all livestock regional delegations surveyed with a high prevalence in the delegations located in the south, the wettest area, and where cross-border movements are the most important. Serotypes A, O, SAT1and SAT2 were identified. Development of operating performance indicators of Chad epidemiological surveillance network for animal diseases: REPIMAT The maintenance and effectiveness of a disease monitoring system requires regular evaluation to identify timely deficiencies that may occur. For this purpose, the performance indicators are essential tools. One approach for developing performance indicators as well as their application in the operation of 43 monitoring stations REPIMAT was carried out. An analysis of the objectives and operation mechanism of REPIMAT allowed retaining three main components, namely the field workers, the animation cell and the laboratory. The activities of each of these components were listed. The analysis of the outcomes of these activities resulted in the development of the performance indicators that can be used in the operation of REPIMAT. The application of these indicators has highlighted the weaknesses of each component. Estimated cost of a network for animal diseases epidemiological surveillance in Central Africa: the case of Chad network In sub-Saharan Africa, most of the networks for epidemiological surveillance of animal diseases were temporarily financed by external aid. The sustainability of such decision support tools should have been insured by national public funds. The objective of this study was to estimate the costs involved in running an animal disease epidemiological surveillance network by taking the example of such network in Chad (REPIMAT) and its weight in the state budget. These costs were then compared to those of other epidemiological surveillance in West Africa networks. The results of this study showed that the total annual operating and implementing cost of REPIMAT is estimated at € 666 349 (437 096 291 FCFA) for the entire system comprising 106 monitoring stations constituting the local level, 26 livestock sectors, nine regional livestock delegations representing the intermediate level and an animation cell constituting the central level. This cost represents only 3% (2% of fixed costs and 1% of variable costs) of the budget allocated by the Chadian Ministry of Livestock. Fixed costs (72%) weighed more than variable costs (28%) regardless of the levels of intervention. This estimate is similar to the estimated costs of epidemiological surveillance networks in Benin, Ghana, Mauritania and Senegal. Considering only the variable costs (operation), the annual cost of operating a surveillance station, the most important entity in the system was only 932 € or 611 352 FCFA. The surveillance cost is mainly related at the local level (surveillance stations) and intermediate level (livestock sectors and regional livestock delegations) to the cost involved in health surveillance as well as the equipment it requires. This thesis allowed to analyze some parameters of effectiveness of a surveillance network for animal diseases including general organization, type of surveillance, sensitivity, cost and to develop a tool for continuous monitoring of operating a network. It is difficult to meet all the efficiency criteria of an animal disease surveillance network, however, the few parameters studied which are interrelated will help if they are used properly to improve the efficiency of an epidemiological surveillance system of animal diseases in sub-Saharan Africa.
Les Nations unies reconnaissent officiellement que parvenir à l'égalité hommes-femmes, en termes d'accès aux ressources de production et à leur contrôle (en particulier la terre et les services agricoles), aurait un effet positif sur la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la pauvreté. Pourtant, quelle est la situation actuelle des femmes dans les fermes familiales ? Peu d'ouvrages abordent cette question : les textes universitaires sur le développement ne font généralement pas cas du genre, tandis que les ouvrages sur le genre ne prennent que rarement en considération les problèmes agricoles. S'appuyant sur une large variété d'études effectuées sur le terrain dans des pays du Nord comme du Sud, cette étude détaillée et complète analyse les fermes familiales sous la perspective des relations hommes-femmes et des structures sociales qui régissent ces relations de pouvoir. Les contributeurs, des scientifiques et des acteurs du développement, établissent un lien entre la recherche et la recherche-action pour porter un regard différent sur le développement agricole. Les thèmes traités comprennent la gestion sociale des relations de genre dans l'agriculture, les inégalités liées au genre dans la définition et l'impact des politiques agricoles et environnementales, et enfin les différentes approches du genre dans les systèmes alimentaires. Destiné aux chercheurs et aux enseignants en sciences sociales (économistes, sociologues, anthropologues, géographes), ainsi qu'aux autres acteurs engagés dans le monde du développement, ce livre vise aussi à favoriser les liens entre des approches (locales) de terrain et des analyses plus vastes, nationales ou internationales.Les Nations unies reconnaissent officiellement que parvenir à l'égalité hommes-femmes, en termes d'accès aux ressources de production et à leur contrôle (en particulier la terre et les services agricoles), aurait un effet positif sur la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la pauvreté. Pourtant, quelle est la situation actuelle des femmes dans les fermes familiales ? Peu d'ouvrages abordent cette question : les textes universitaires sur le développement ne font généralement pas cas du genre, tandis que les ouvrages sur le genre ne prennent que rarement en considération les problèmes agricoles. S'appuyant sur une large variété d'études effectuées sur le terrain dans des pays du Nord comme du Sud, cette étude détaillée et complète analyse les fermes familiales sous la perspective des relations hommes-femmes et des structures sociales qui régissent ces relations de pouvoir. Les contributeurs, des scientifiques et des acteurs du développement, établissent un lien entre la recherche et la recherche-action pour porter un regard différent sur le développement agricole. Les thèmes traités comprennent la gestion sociale des relations de genre dans l'agriculture, les inégalités liées au genre dans la définition et l'impact des politiques agricoles et environnementales, et enfin les différentes approches du genre dans les systèmes alimentaires. 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S'appuyant sur une large variété d'études effectuées sur le terrain dans des pays du Nord comme du Sud, cette étude détaillée et complète analyse les fermes familiales sous la perspective des relations hommes-femmes et des structures sociales qui régissent ces relations de pouvoir. Les contributeurs, des scientifiques et des acteurs du développement, établissent un lien entre la recherche et la recherche-action pour porter un regard différent sur le développement agricole. Les thèmes traités comprennent la gestion sociale des relations de genre dans l'agriculture, les inégalités liées au genre dans la définition et l'impact des politiques agricoles et environnementales, et enfin les différentes approches du genre dans les systèmes alimentaires. 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S'appuyant sur une large variété d'études effectuées sur le terrain dans des pays du Nord comme du Sud, cette étude détaillée et complète analyse les fermes familiales sous la perspective des relations hommes-femmes et des structures sociales qui régissent ces relations de pouvoir. Les contributeurs, des scientifiques et des acteurs du développement, établissent un lien entre la recherche et la recherche-action pour porter un regard différent sur le développement agricole. Les thèmes traités comprennent la gestion sociale des relations de genre dans l'agriculture, les inégalités liées au genre dans la définition et l'impact des politiques agricoles et environnementales, et enfin les différentes approches du genre dans les systèmes alimentaires. Destiné aux chercheurs et aux enseignants en sciences sociales (économistes, sociologues, anthropologues, géographes), ainsi qu'aux autres acteurs engagés dans le monde du développement, ce livre vise aussi à favoriser les liens entre des approches (locales) de terrain et des analyses plus vastes, nationales ou internationales.Les Nations unies reconnaissent officiellement que parvenir à l'égalité hommes-femmes, en termes d'accès aux ressources de production et à leur contrôle (en particulier la terre et les services agricoles), aurait un effet positif sur la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la pauvreté. Pourtant, quelle est la situation actuelle des femmes dans les fermes familiales ? Peu d'ouvrages abordent cette question : les textes universitaires sur le développement ne font généralement pas cas du genre, tandis que les ouvrages sur le genre ne prennent que rarement en considération les problèmes agricoles. S'appuyant sur une large variété d'études effectuées sur le terrain dans des pays du Nord comme du Sud, cette étude détaillée et complète analyse les fermes familiales sous la perspective des relations hommes-femmes et des structures sociales qui régissent ces relations de pouvoir. Les contributeurs, des scientifiques et des acteurs du développement, établissent un lien entre la recherche et la recherche-action pour porter un regard différent sur le développement agricole. Les thèmes traités comprennent la gestion sociale des relations de genre dans l'agriculture, les inégalités liées au genre dans la définition et l'impact des politiques agricoles et environnementales, et enfin les différentes approches du genre dans les systèmes alimentaires. 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S'appuyant sur une large variété d'études effectuées sur le terrain dans des pays du Nord comme du Sud, cette étude détaillée et complète analyse les fermes familiales sous la perspective des relations hommes-femmes et des structures sociales qui régissent ces relations de pouvoir. Les contributeurs, des scientifiques et des acteurs du développement, établissent un lien entre la recherche et la recherche-action pour porter un regard différent sur le développement agricole. Les thèmes traités comprennent la gestion sociale des relations de genre dans l'agriculture, les inégalités liées au genre dans la définition et l'impact des politiques agricoles et environnementales, et enfin les différentes approches du genre dans les systèmes alimentaires. Destiné aux chercheurs et aux enseignants en sciences sociales (économistes, sociologues, anthropologues, géographes), ainsi qu'aux autres acteurs engagés dans le monde du développement, ce livre vise aussi à favoriser les liens entre des approches (locales) de terrain et des analyses plus vastes, nationales ou internationales.Les Nations unies reconnaissent officiellement que parvenir à l'égalité hommes-femmes, en termes d'accès aux ressources de production et à leur contrôle (en particulier la terre et les services agricoles), aurait un effet positif sur la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la pauvreté. Pourtant, quelle est la situation actuelle des femmes dans les fermes familiales ? Peu d'ouvrages abordent cette question : les textes universitaires sur le développement ne font généralement pas cas du genre, tandis que les ouvrages sur le genre ne prennent que rarement en considération les problèmes agricoles. S'appuyant sur une large variété d'études effectuées sur le terrain dans des pays du Nord comme du Sud, cette étude détaillée et complète analyse les fermes familiales sous la perspective des relations hommes-femmes et des structures sociales qui régissent ces relations de pouvoir. Les contributeurs, des scientifiques et des acteurs du développement, établissent un lien entre la recherche et la recherche-action pour porter un regard différent sur le développement agricole. Les thèmes traités comprennent la gestion sociale des relations de genre dans l'agriculture, les inégalités liées au genre dans la définition et l'impact des politiques agricoles et environnementales, et enfin les différentes approches du genre dans les systèmes alimentaires. Destiné aux chercheurs et aux enseignants en sciences sociales (économistes, sociologues, anthropologues, géographes), ainsi qu'aux autres acteurs engagés dans le monde du développement, ce livre vise aussi à favoriser les liens entre des approches (locales) de terrain et des analyses plus vastes, nationales ou internationales.
« L'EVALUATION DE L'EDUCATION ET L'ENJEU DES SAVOIRS » La note de synthèse qui accompagne mon dossier de candidature à l'habilitation à diriger des recherches retrace, comme il se doit, une trajectoire de recherche. Celle-ci, pour le dire brièvement, connaît un renversement lorsque, au début des années 1990, je passe d'une posture d'enseignante du second degré conduisant des recherches sur l'enseignement de sa discipline, les sciences économiques et sociales, à un positionnement de chercheuse en économie qui fait porter ses recherches sur l'évaluation de l'éducation. Cependant, dans ces deux sortes de recherches, j'adopte une même conception de l'éducation, l'entendant comme développement culturel de la personne, à portée émancipatrice. L'intentionnalité démocratique de l'éducation est présente dans cette finalité, ce qui conduit à interroger les contenus donnés à l'enseignement et les façons d'opérer la transmission. L'enjeu des savoirs est donc central dans ma conception de l'évaluation en éducation. Il est présent dans la conception qualitative de l'évaluation que je défends. La note de synthèse comporte quatre chapitres. Le premier et le deuxième retracent mes recherches empiriques en distinguant celles qui concernent l'enseignement en classe de celles qui portent sur l'évaluation. Le troisième expose les options théoriques et méthodologiques de mes travaux et le quatrième mes projets. La chapitre 1 porte sur l'enseignement scolaire et l'activité qu'y mène l'enseignant pour faire apprendre aux élèves des savoirs valides ; j'ai exclusivement travaillé sur le second degré et presque uniquement au niveau lycée. Comme bien d'autres chercheurs, j'attribue à ce qui se passe en classe un rôle majeur dans les effets de l'éducation scolaire. Inspirée des travaux en didactiques des disciplines et de ceux de pédagogie générale, je vois à l'activité enseignante une double dimension : gérer la relation aux élèves et gérer la relation des élèves aux contenus de savoir qu'il leur faut apprendre. La spécificité de mon travail a consisté à allier ces deux dimensions dans l'observation de l'enseignement effectif, notamment en SES. L'enjeu de ces recherches consistait à caractériser les significations effectivement enseignées aux élèves puis celles qu'ils ont acquises. Je soutiens et démontre que les significations effectivement enseignées ne sont pas réductibles à la lecture des programmes, ni, tout-à-fait, à celle des manuels. Je soutiens et démontre également que la façon dont le cours se passe, donc les significations qui y sont effectivement exprimées, dépend en partie de la réception par les élèves. J'essaye de caractériser une diversité de modes de déroulement de ces actions, qui, initiées par les professeurs, ont pour enjeu d'associer les élèves, je dis donc que l'action éducative est « relayée ». J'ai participé et mené plusieurs recherches qui se donnaient pour objectif de caractériser ces divers déroulements. J'y pointe leur incertitude, qui est constitutive de la rencontre enseignant-élèves et de la confrontation de ceux–ci aux savoirs qu'on veut leur faire comprendre et assimiler. Ces recherches ont supposé le recueil de matériaux d'un volume toujours considérable : enregistrement de cours, recueil de cahiers et copies d'élèves, entretiens avec les professeurs et les élèves, analyse de manuels etc. J'ai donc élaboré une méthode pour rendre compte de cette diversité des modes d'action éducative. En accord avec bien des travaux contemporains dans les sciences sociales qui tendent de rendre compte de la complexité des figures de l'action et la pluralité des « grandeurs » ou des « raisons » impliquées dans l'action, je modélise l'action des professeurs comme empruntant divers scénarii possibles selon les circonstances et les situations. Ces scénarii sont nommés « mondes d'éducation », ils se distinguent les uns des autres par la conception du savoir et de celui qui apprend qui y dominent ; il en résulte diverses façons de traiter l'incertitude de l'action éducative ; or ces divers modes de canalisation de l'incertitude n'ont pas les mêmes effets en matière d'accès des élèves aux significations attendues, ils ne produisent pas la même chose. Ils n'ont peut-être pas la même valeur en terme d'émancipation de la personne. Le chapitre 2 prend appui sur cette caractérisation de l'action éducative pour engager une critique du mode d'évaluation de l'économie standard et proposer une méthode alternative d'évaluation, qui n'exige pas la mesurabilité du « produit éducatif ». L'économie de l'éducation, comme l'économie en général, se fondant sur une conception instrumentale de l'action voit le problème de l'efficacité comme celui d'un choix entre des moyens alternatifs pour atteindre un but prédéfini. A cela s'oppose l'idée que l'action éducative n'est pas de l'ordre d'un choix, comme la description ci-dessus le laisse voir, et que le produit éducatif n'est pas un bien homogène. Les caractéristiques qualitatives des résultats de l'éducation varient, il paraît difficile d'en rendre compte par la métaphore d'un bien, ou d'une « valeur ajoutée » éducative qui serait mesurable. Le chapitre 2 se propose trois objectifs. D'abord il critique l'approche standard en économie de l'éducation qui postule l'homogénéité et la mesurabilité d'un produit éducatif. Cette critique est conduite sur le double plan logique et empirique. Je montre, notamment par mon travail sur les notes au baccalauréat, qu'il est assez aisé d'ordonner les travaux des élèves selon la valeur de leur performance, mais rarement possible de les mesurer. Les notes sont des chiffres qui ne traduisent pas une mesure mais opèrent plutôt un classement ordinal. Ensuite je réfléchis sur les effets transformateurs induits par la volonté politique de développer dans l'école en France une évaluation fondée sur la mesure quantitative des résultats scolaires des élèves. Je pointe ses effets possibles et, pour certains, déjà effectifs, sur les contenus d'enseignement prévus. La mesure généralisée des connaissances des élèves conduit à modifier les formes d'épreuves en usage dans les écoles et, par voie de conséquence, les prescriptions relatives aux contenus à enseigner de façon à les mettre en cohérence avec ces évaluations. Enfin, je propose une autre approche de l'évaluation. Je la dis « compréhensive », entendant par là que je considère comme impératif de respecter les caractéristiques spécifiques des cours d'action à évaluer si on espère que l'évaluation éclaire leur conduite. Cela impose de comprendre les « raisons » de ceux qui les mènent. Une évaluation au service des enseignants profiterait par exemple du résultat suivant. Dans de nombreux travaux, les miens et d'autres, sont mises en évidence quelques caractéristiques robustes des résultats scolaires des élèves. On remarque ainsi, grâce à des analyses en composantes principales de résultats en classe et au baccalauréat ou même des scores aux épreuves internationales de PISA, qu'un groupe, malheureusement minoritaire, d'élèves sont dans la réussite de façon très stable, quelles que soient les matières, les épreuves, les circonstances ; à ce groupe s'oppose deux autres, un groupe, lui aussi assez stable, d'élèves installés dans l'échec et un groupe important d'élèves aux résultats plus instables. La réussite ressemble à un basculement beaucoup plus qu'à une progression linéaire. Je rends compte aussi, dans ce chapitre, d'une recherche dans laquelle j'utilise cette méthode « compréhensive » pour procéder à une évaluation externe de l'éducation. Il s'agit de l'évaluation de baccalauréats technologiques et professionnels tertiaires, jugés du point de vue de la réussite de leurs détenteurs dans l'exercice de l'activité professionnelle. La différence de résultat entre ces deux sortes de bacheliers invite, entre autres facteurs susceptibles de l'expliquer, à s'intéresser aux orientations curriculaires de ces deux filières. Le chapitre 3 expose les soubassements théoriques de la démarche d'évaluation présente dans mes travaux empiriques. Il fallait en effet tirer, pour l'économie de l'éducation, les conséquences de la rupture avec une conception instrumentale de l'action. Celle-ci renouvelle la façon de penser l'incertitude. La réflexion sur l'incertitude, menée notamment dans l'économie des conventions, oppose au « risque » probabilisable, l'incertitude qui ne l'est pas. J'explique dans ce chapitre comment les travaux de ce courant m'ont aidé à construire une alternative hétérodoxe en économie de l'éducation. Il a été néanmoins nécessaire d'introduire dans la théorie les spécificités de l'acte éducatif, dans sa dimension éducative, le développement de la personne, et culturelle. Cela m'a conduit à préciser d'une part le genre d'action « relayée » dont il s'agit et, de l'autre, la conception sociologique de l'institution que j'adopte. Elle n'est pas strictement identique à celle qui est en usage dans les écrits conventionnalistes. Ainsi je me dis économiste de l'éducation, tout en revendiquant de substituer à la notion d'efficacité, qui suppose un produit éducatif bien délimité et une idée de causalité (éventuellement probabiliste), qui dicte des choix ex ante, celle d'évaluation, nécessairement ex post. La méthode d'évaluation que je préconise est directement inspirée de l'enquête sociale décrite par le philosophe pragmatiste John Dewey dans sa Logique. Cette approche reconnaît le caractère non causal des dispositifs institutionnels, ce qui oblige à prendre en considération l'incertitude de l'action et de ses conséquences. L'évaluation se veut un élément de la conduite démocratique de l'action publique, action publique signifiant une action au service du public invité à connaître et discuter les évaluations du chercheur. Le chapitre 4 enfin, expose mes projets. Je souhaite d'une part poursuivre des travaux anciens sur l'évolution des curricula, d'autre part poursuivre des travaux engagés sur l'évaluation externe de formations professionnelles. Dans mes travaux j'ai eu continûment la préoccupation des contenus transmis par l'enseignement. Ces savoirs sont délimités, mis en mot, catégorisés dans les dispositifs prévoyant l'enseignement et la certification de l'éducation et de la formation. Or cette mise en forme n'est pas arbitraire, il faut que ces catégories soient socialement jugées pertinentes et qu'elles permettent ces activités. Elle n'est pas non plus indifférente puisque ces mises en forme influencent les contenus culturels transmis. Dans ce domaine le champ ouvert à l'évaluation est vaste. Concernant la formation à visée professionnelle la question de la dynamique de l'apprentissage et du rôle de l'expérience dans l'accès à la connaissance m'intéressent tout particulièrement. Elles sont a relier à de nouveaux réquisits de gestion de la main d'œuvre et « d'employabilité » ; elles se traduisent par de nouveaux dispositifs organisationnels comme l'alternance et institutionnels comme la certification des acquis de l'expérience. Je me propose d'étudier spécialement les options sur la mise en forme des savoirs qui découlent de l'écriture de ces dispositifs de l'enseignement et la formation professionnels et leurs répercussions culturelles.
« L'EVALUATION DE L'EDUCATION ET L'ENJEU DES SAVOIRS » La note de synthèse qui accompagne mon dossier de candidature à l'habilitation à diriger des recherches retrace, comme il se doit, une trajectoire de recherche. Celle-ci, pour le dire brièvement, connaît un renversement lorsque, au début des années 1990, je passe d'une posture d'enseignante du second degré conduisant des recherches sur l'enseignement de sa discipline, les sciences économiques et sociales, à un positionnement de chercheuse en économie qui fait porter ses recherches sur l'évaluation de l'éducation. Cependant, dans ces deux sortes de recherches, j'adopte une même conception de l'éducation, l'entendant comme développement culturel de la personne, à portée émancipatrice. L'intentionnalité démocratique de l'éducation est présente dans cette finalité, ce qui conduit à interroger les contenus donnés à l'enseignement et les façons d'opérer la transmission. L'enjeu des savoirs est donc central dans ma conception de l'évaluation en éducation. Il est présent dans la conception qualitative de l'évaluation que je défends. La note de synthèse comporte quatre chapitres. Le premier et le deuxième retracent mes recherches empiriques en distinguant celles qui concernent l'enseignement en classe de celles qui portent sur l'évaluation. Le troisième expose les options théoriques et méthodologiques de mes travaux et le quatrième mes projets. La chapitre 1 porte sur l'enseignement scolaire et l'activité qu'y mène l'enseignant pour faire apprendre aux élèves des savoirs valides ; j'ai exclusivement travaillé sur le second degré et presque uniquement au niveau lycée. Comme bien d'autres chercheurs, j'attribue à ce qui se passe en classe un rôle majeur dans les effets de l'éducation scolaire. Inspirée des travaux en didactiques des disciplines et de ceux de pédagogie générale, je vois à l'activité enseignante une double dimension : gérer la relation aux élèves et gérer la relation des élèves aux contenus de savoir qu'il leur faut apprendre. La spécificité de mon travail a consisté à allier ces deux dimensions dans l'observation de l'enseignement effectif, notamment en SES. L'enjeu de ces recherches consistait à caractériser les significations effectivement enseignées aux élèves puis celles qu'ils ont acquises. Je soutiens et démontre que les significations effectivement enseignées ne sont pas réductibles à la lecture des programmes, ni, tout-à-fait, à celle des manuels. Je soutiens et démontre également que la façon dont le cours se passe, donc les significations qui y sont effectivement exprimées, dépend en partie de la réception par les élèves. J'essaye de caractériser une diversité de modes de déroulement de ces actions, qui, initiées par les professeurs, ont pour enjeu d'associer les élèves, je dis donc que l'action éducative est « relayée ». J'ai participé et mené plusieurs recherches qui se donnaient pour objectif de caractériser ces divers déroulements. J'y pointe leur incertitude, qui est constitutive de la rencontre enseignant-élèves et de la confrontation de ceux–ci aux savoirs qu'on veut leur faire comprendre et assimiler. Ces recherches ont supposé le recueil de matériaux d'un volume toujours considérable : enregistrement de cours, recueil de cahiers et copies d'élèves, entretiens avec les professeurs et les élèves, analyse de manuels etc. J'ai donc élaboré une méthode pour rendre compte de cette diversité des modes d'action éducative. En accord avec bien des travaux contemporains dans les sciences sociales qui tendent de rendre compte de la complexité des figures de l'action et la pluralité des « grandeurs » ou des « raisons » impliquées dans l'action, je modélise l'action des professeurs comme empruntant divers scénarii possibles selon les circonstances et les situations. Ces scénarii sont nommés « mondes d'éducation », ils se distinguent les uns des autres par la conception du savoir et de celui qui apprend qui y dominent ; il en résulte diverses façons de traiter l'incertitude de l'action éducative ; or ces divers modes de canalisation de l'incertitude n'ont pas les mêmes effets en matière d'accès des élèves aux significations attendues, ils ne produisent pas la même chose. Ils n'ont peut-être pas la même valeur en terme d'émancipation de la personne. Le chapitre 2 prend appui sur cette caractérisation de l'action éducative pour engager une critique du mode d'évaluation de l'économie standard et proposer une méthode alternative d'évaluation, qui n'exige pas la mesurabilité du « produit éducatif ». L'économie de l'éducation, comme l'économie en général, se fondant sur une conception instrumentale de l'action voit le problème de l'efficacité comme celui d'un choix entre des moyens alternatifs pour atteindre un but prédéfini. A cela s'oppose l'idée que l'action éducative n'est pas de l'ordre d'un choix, comme la description ci-dessus le laisse voir, et que le produit éducatif n'est pas un bien homogène. Les caractéristiques qualitatives des résultats de l'éducation varient, il paraît difficile d'en rendre compte par la métaphore d'un bien, ou d'une « valeur ajoutée » éducative qui serait mesurable. Le chapitre 2 se propose trois objectifs. D'abord il critique l'approche standard en économie de l'éducation qui postule l'homogénéité et la mesurabilité d'un produit éducatif. Cette critique est conduite sur le double plan logique et empirique. Je montre, notamment par mon travail sur les notes au baccalauréat, qu'il est assez aisé d'ordonner les travaux des élèves selon la valeur de leur performance, mais rarement possible de les mesurer. Les notes sont des chiffres qui ne traduisent pas une mesure mais opèrent plutôt un classement ordinal. Ensuite je réfléchis sur les effets transformateurs induits par la volonté politique de développer dans l'école en France une évaluation fondée sur la mesure quantitative des résultats scolaires des élèves. Je pointe ses effets possibles et, pour certains, déjà effectifs, sur les contenus d'enseignement prévus. La mesure généralisée des connaissances des élèves conduit à modifier les formes d'épreuves en usage dans les écoles et, par voie de conséquence, les prescriptions relatives aux contenus à enseigner de façon à les mettre en cohérence avec ces évaluations. Enfin, je propose une autre approche de l'évaluation. Je la dis « compréhensive », entendant par là que je considère comme impératif de respecter les caractéristiques spécifiques des cours d'action à évaluer si on espère que l'évaluation éclaire leur conduite. Cela impose de comprendre les « raisons » de ceux qui les mènent. Une évaluation au service des enseignants profiterait par exemple du résultat suivant. Dans de nombreux travaux, les miens et d'autres, sont mises en évidence quelques caractéristiques robustes des résultats scolaires des élèves. On remarque ainsi, grâce à des analyses en composantes principales de résultats en classe et au baccalauréat ou même des scores aux épreuves internationales de PISA, qu'un groupe, malheureusement minoritaire, d'élèves sont dans la réussite de façon très stable, quelles que soient les matières, les épreuves, les circonstances ; à ce groupe s'oppose deux autres, un groupe, lui aussi assez stable, d'élèves installés dans l'échec et un groupe important d'élèves aux résultats plus instables. La réussite ressemble à un basculement beaucoup plus qu'à une progression linéaire. Je rends compte aussi, dans ce chapitre, d'une recherche dans laquelle j'utilise cette méthode « compréhensive » pour procéder à une évaluation externe de l'éducation. Il s'agit de l'évaluation de baccalauréats technologiques et professionnels tertiaires, jugés du point de vue de la réussite de leurs détenteurs dans l'exercice de l'activité professionnelle. La différence de résultat entre ces deux sortes de bacheliers invite, entre autres facteurs susceptibles de l'expliquer, à s'intéresser aux orientations curriculaires de ces deux filières. Le chapitre 3 expose les soubassements théoriques de la démarche d'évaluation présente dans mes travaux empiriques. Il fallait en effet tirer, pour l'économie de l'éducation, les conséquences de la rupture avec une conception instrumentale de l'action. Celle-ci renouvelle la façon de penser l'incertitude. La réflexion sur l'incertitude, menée notamment dans l'économie des conventions, oppose au « risque » probabilisable, l'incertitude qui ne l'est pas. J'explique dans ce chapitre comment les travaux de ce courant m'ont aidé à construire une alternative hétérodoxe en économie de l'éducation. Il a été néanmoins nécessaire d'introduire dans la théorie les spécificités de l'acte éducatif, dans sa dimension éducative, le développement de la personne, et culturelle. Cela m'a conduit à préciser d'une part le genre d'action « relayée » dont il s'agit et, de l'autre, la conception sociologique de l'institution que j'adopte. Elle n'est pas strictement identique à celle qui est en usage dans les écrits conventionnalistes. Ainsi je me dis économiste de l'éducation, tout en revendiquant de substituer à la notion d'efficacité, qui suppose un produit éducatif bien délimité et une idée de causalité (éventuellement probabiliste), qui dicte des choix ex ante, celle d'évaluation, nécessairement ex post. La méthode d'évaluation que je préconise est directement inspirée de l'enquête sociale décrite par le philosophe pragmatiste John Dewey dans sa Logique. Cette approche reconnaît le caractère non causal des dispositifs institutionnels, ce qui oblige à prendre en considération l'incertitude de l'action et de ses conséquences. L'évaluation se veut un élément de la conduite démocratique de l'action publique, action publique signifiant une action au service du public invité à connaître et discuter les évaluations du chercheur. Le chapitre 4 enfin, expose mes projets. Je souhaite d'une part poursuivre des travaux anciens sur l'évolution des curricula, d'autre part poursuivre des travaux engagés sur l'évaluation externe de formations professionnelles. Dans mes travaux j'ai eu continûment la préoccupation des contenus transmis par l'enseignement. Ces savoirs sont délimités, mis en mot, catégorisés dans les dispositifs prévoyant l'enseignement et la certification de l'éducation et de la formation. Or cette mise en forme n'est pas arbitraire, il faut que ces catégories soient socialement jugées pertinentes et qu'elles permettent ces activités. Elle n'est pas non plus indifférente puisque ces mises en forme influencent les contenus culturels transmis. Dans ce domaine le champ ouvert à l'évaluation est vaste. Concernant la formation à visée professionnelle la question de la dynamique de l'apprentissage et du rôle de l'expérience dans l'accès à la connaissance m'intéressent tout particulièrement. Elles sont a relier à de nouveaux réquisits de gestion de la main d'œuvre et « d'employabilité » ; elles se traduisent par de nouveaux dispositifs organisationnels comme l'alternance et institutionnels comme la certification des acquis de l'expérience. Je me propose d'étudier spécialement les options sur la mise en forme des savoirs qui découlent de l'écriture de ces dispositifs de l'enseignement et la formation professionnels et leurs répercussions culturelles.
« L'EVALUATION DE L'EDUCATION ET L'ENJEU DES SAVOIRS » La note de synthèse qui accompagne mon dossier de candidature à l'habilitation à diriger des recherches retrace, comme il se doit, une trajectoire de recherche. Celle-ci, pour le dire brièvement, connaît un renversement lorsque, au début des années 1990, je passe d'une posture d'enseignante du second degré conduisant des recherches sur l'enseignement de sa discipline, les sciences économiques et sociales, à un positionnement de chercheuse en économie qui fait porter ses recherches sur l'évaluation de l'éducation. Cependant, dans ces deux sortes de recherches, j'adopte une même conception de l'éducation, l'entendant comme développement culturel de la personne, à portée émancipatrice. L'intentionnalité démocratique de l'éducation est présente dans cette finalité, ce qui conduit à interroger les contenus donnés à l'enseignement et les façons d'opérer la transmission. L'enjeu des savoirs est donc central dans ma conception de l'évaluation en éducation. Il est présent dans la conception qualitative de l'évaluation que je défends. La note de synthèse comporte quatre chapitres. Le premier et le deuxième retracent mes recherches empiriques en distinguant celles qui concernent l'enseignement en classe de celles qui portent sur l'évaluation. Le troisième expose les options théoriques et méthodologiques de mes travaux et le quatrième mes projets. La chapitre 1 porte sur l'enseignement scolaire et l'activité qu'y mène l'enseignant pour faire apprendre aux élèves des savoirs valides ; j'ai exclusivement travaillé sur le second degré et presque uniquement au niveau lycée. Comme bien d'autres chercheurs, j'attribue à ce qui se passe en classe un rôle majeur dans les effets de l'éducation scolaire. Inspirée des travaux en didactiques des disciplines et de ceux de pédagogie générale, je vois à l'activité enseignante une double dimension : gérer la relation aux élèves et gérer la relation des élèves aux contenus de savoir qu'il leur faut apprendre. La spécificité de mon travail a consisté à allier ces deux dimensions dans l'observation de l'enseignement effectif, notamment en SES. L'enjeu de ces recherches consistait à caractériser les significations effectivement enseignées aux élèves puis celles qu'ils ont acquises. Je soutiens et démontre que les significations effectivement enseignées ne sont pas réductibles à la lecture des programmes, ni, tout-à-fait, à celle des manuels. Je soutiens et démontre également que la façon dont le cours se passe, donc les significations qui y sont effectivement exprimées, dépend en partie de la réception par les élèves. J'essaye de caractériser une diversité de modes de déroulement de ces actions, qui, initiées par les professeurs, ont pour enjeu d'associer les élèves, je dis donc que l'action éducative est « relayée ». J'ai participé et mené plusieurs recherches qui se donnaient pour objectif de caractériser ces divers déroulements. J'y pointe leur incertitude, qui est constitutive de la rencontre enseignant-élèves et de la confrontation de ceux–ci aux savoirs qu'on veut leur faire comprendre et assimiler. Ces recherches ont supposé le recueil de matériaux d'un volume toujours considérable : enregistrement de cours, recueil de cahiers et copies d'élèves, entretiens avec les professeurs et les élèves, analyse de manuels etc. J'ai donc élaboré une méthode pour rendre compte de cette diversité des modes d'action éducative. En accord avec bien des travaux contemporains dans les sciences sociales qui tendent de rendre compte de la complexité des figures de l'action et la pluralité des « grandeurs » ou des « raisons » impliquées dans l'action, je modélise l'action des professeurs comme empruntant divers scénarii possibles selon les circonstances et les situations. Ces scénarii sont nommés « mondes d'éducation », ils se distinguent les uns des autres par la conception du savoir et de celui qui apprend qui y dominent ; il en résulte diverses façons de traiter l'incertitude de l'action éducative ; or ces divers modes de canalisation de l'incertitude n'ont pas les mêmes effets en matière d'accès des élèves aux significations attendues, ils ne produisent pas la même chose. Ils n'ont peut-être pas la même valeur en terme d'émancipation de la personne. Le chapitre 2 prend appui sur cette caractérisation de l'action éducative pour engager une critique du mode d'évaluation de l'économie standard et proposer une méthode alternative d'évaluation, qui n'exige pas la mesurabilité du « produit éducatif ». L'économie de l'éducation, comme l'économie en général, se fondant sur une conception instrumentale de l'action voit le problème de l'efficacité comme celui d'un choix entre des moyens alternatifs pour atteindre un but prédéfini. A cela s'oppose l'idée que l'action éducative n'est pas de l'ordre d'un choix, comme la description ci-dessus le laisse voir, et que le produit éducatif n'est pas un bien homogène. Les caractéristiques qualitatives des résultats de l'éducation varient, il paraît difficile d'en rendre compte par la métaphore d'un bien, ou d'une « valeur ajoutée » éducative qui serait mesurable. Le chapitre 2 se propose trois objectifs. D'abord il critique l'approche standard en économie de l'éducation qui postule l'homogénéité et la mesurabilité d'un produit éducatif. Cette critique est conduite sur le double plan logique et empirique. Je montre, notamment par mon travail sur les notes au baccalauréat, qu'il est assez aisé d'ordonner les travaux des élèves selon la valeur de leur performance, mais rarement possible de les mesurer. Les notes sont des chiffres qui ne traduisent pas une mesure mais opèrent plutôt un classement ordinal. Ensuite je réfléchis sur les effets transformateurs induits par la volonté politique de développer dans l'école en France une évaluation fondée sur la mesure quantitative des résultats scolaires des élèves. Je pointe ses effets possibles et, pour certains, déjà effectifs, sur les contenus d'enseignement prévus. La mesure généralisée des connaissances des élèves conduit à modifier les formes d'épreuves en usage dans les écoles et, par voie de conséquence, les prescriptions relatives aux contenus à enseigner de façon à les mettre en cohérence avec ces évaluations. Enfin, je propose une autre approche de l'évaluation. Je la dis « compréhensive », entendant par là que je considère comme impératif de respecter les caractéristiques spécifiques des cours d'action à évaluer si on espère que l'évaluation éclaire leur conduite. Cela impose de comprendre les « raisons » de ceux qui les mènent. Une évaluation au service des enseignants profiterait par exemple du résultat suivant. Dans de nombreux travaux, les miens et d'autres, sont mises en évidence quelques caractéristiques robustes des résultats scolaires des élèves. On remarque ainsi, grâce à des analyses en composantes principales de résultats en classe et au baccalauréat ou même des scores aux épreuves internationales de PISA, qu'un groupe, malheureusement minoritaire, d'élèves sont dans la réussite de façon très stable, quelles que soient les matières, les épreuves, les circonstances ; à ce groupe s'oppose deux autres, un groupe, lui aussi assez stable, d'élèves installés dans l'échec et un groupe important d'élèves aux résultats plus instables. La réussite ressemble à un basculement beaucoup plus qu'à une progression linéaire. Je rends compte aussi, dans ce chapitre, d'une recherche dans laquelle j'utilise cette méthode « compréhensive » pour procéder à une évaluation externe de l'éducation. Il s'agit de l'évaluation de baccalauréats technologiques et professionnels tertiaires, jugés du point de vue de la réussite de leurs détenteurs dans l'exercice de l'activité professionnelle. La différence de résultat entre ces deux sortes de bacheliers invite, entre autres facteurs susceptibles de l'expliquer, à s'intéresser aux orientations curriculaires de ces deux filières. Le chapitre 3 expose les soubassements théoriques de la démarche d'évaluation présente dans mes travaux empiriques. Il fallait en effet tirer, pour l'économie de l'éducation, les conséquences de la rupture avec une conception instrumentale de l'action. Celle-ci renouvelle la façon de penser l'incertitude. La réflexion sur l'incertitude, menée notamment dans l'économie des conventions, oppose au « risque » probabilisable, l'incertitude qui ne l'est pas. J'explique dans ce chapitre comment les travaux de ce courant m'ont aidé à construire une alternative hétérodoxe en économie de l'éducation. Il a été néanmoins nécessaire d'introduire dans la théorie les spécificités de l'acte éducatif, dans sa dimension éducative, le développement de la personne, et culturelle. Cela m'a conduit à préciser d'une part le genre d'action « relayée » dont il s'agit et, de l'autre, la conception sociologique de l'institution que j'adopte. Elle n'est pas strictement identique à celle qui est en usage dans les écrits conventionnalistes. Ainsi je me dis économiste de l'éducation, tout en revendiquant de substituer à la notion d'efficacité, qui suppose un produit éducatif bien délimité et une idée de causalité (éventuellement probabiliste), qui dicte des choix ex ante, celle d'évaluation, nécessairement ex post. La méthode d'évaluation que je préconise est directement inspirée de l'enquête sociale décrite par le philosophe pragmatiste John Dewey dans sa Logique. Cette approche reconnaît le caractère non causal des dispositifs institutionnels, ce qui oblige à prendre en considération l'incertitude de l'action et de ses conséquences. L'évaluation se veut un élément de la conduite démocratique de l'action publique, action publique signifiant une action au service du public invité à connaître et discuter les évaluations du chercheur. Le chapitre 4 enfin, expose mes projets. Je souhaite d'une part poursuivre des travaux anciens sur l'évolution des curricula, d'autre part poursuivre des travaux engagés sur l'évaluation externe de formations professionnelles. Dans mes travaux j'ai eu continûment la préoccupation des contenus transmis par l'enseignement. Ces savoirs sont délimités, mis en mot, catégorisés dans les dispositifs prévoyant l'enseignement et la certification de l'éducation et de la formation. Or cette mise en forme n'est pas arbitraire, il faut que ces catégories soient socialement jugées pertinentes et qu'elles permettent ces activités. Elle n'est pas non plus indifférente puisque ces mises en forme influencent les contenus culturels transmis. Dans ce domaine le champ ouvert à l'évaluation est vaste. Concernant la formation à visée professionnelle la question de la dynamique de l'apprentissage et du rôle de l'expérience dans l'accès à la connaissance m'intéressent tout particulièrement. Elles sont a relier à de nouveaux réquisits de gestion de la main d'œuvre et « d'employabilité » ; elles se traduisent par de nouveaux dispositifs organisationnels comme l'alternance et institutionnels comme la certification des acquis de l'expérience. Je me propose d'étudier spécialement les options sur la mise en forme des savoirs qui découlent de l'écriture de ces dispositifs de l'enseignement et la formation professionnels et leurs répercussions culturelles.
Contexte Les soins et l'aide de première ligne se caractérisent par une accessibilité universelle, une approche globale, axée sur les objectifs de la personne. Ils sont dispensés par une équipe de professionnels aux compétences généralistes, capables d'assurer la prise en charge de la grande majorité (90%) des problèmes de santé. Ce service doit s'accomplir dans un partenariat durable avec les personnes (usagers des services de santé ou non) et leurs aidants, dans le contexte de la famille et de la communauté locale, et joue un rôle central dans la coordination générale et la continuité des soins dispensés à la population. Si 90% des interactions en santé peuvent être assurées par la première ligne, la qualité d'un système de santé est fortement dépendante de la qualité de sa première ligne de soins et de l'aide. Or, en Belgique francophone, trop peu d'attention était portée jusqu'il y a peu, à cette première ligne de soins et de l'aide. Grâce au soutien du Fonds Dr. Daniël De Coninck, Be.hive vise à soutenir et organiser la recherche, l'enseignement et le partage des connaissances au sujet de la première ligne de soins et de l'aide. Le projet rassemble trois universités (l'Université catholique de Louvain, l'Université de Liège et l'Université Libre de Bruxelles) et trois hautes écoles (Haute Ecole Vinci, HENALLUX et la Haute Ecole Ilya Prigogine). Via son comité de pilotage, Be.Hive est également soutenue par la Plateforme de la Première Ligne Wallonne (PPLW), l'association des aidants proches (ASBL Aidants proches), la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) et la Ligue des Usagers des Services de Santé (LUSS). Ce livre blanc s'inscrit dans une stratégie globale de Be.Hive, puisqu'il est le résultat d'une analyse littéraire et d'une enquête pour explorer la situation actuelle. C'est sur la base de ce travail que les chercheurs de Be.Hive souhaitent établir un ordre de priorités pour leurs activités de recherche et d'enseignement et attirer l'attention de leurs partenaires sur les urgences perçues par les acteurs de la première ligne. Cet exposé est forcément situé dans le temps, et exprimé sur la base de la réflexion et des données actuellement disponibles aux chercheurs de Be.Hive, et ne vise pas l'exhaustivité. Cette analyse a démarré dès 2019 en explorant la littérature nationale et internationale. Celle-ci, combinée aux expertises des chercheurs au sein de Be.Hive, a permis d'identifier 20 thématiques clés qui, mises ensemble, offraient une grille de lecture des caractéristiques permettant de renforcer la première ligne. Par la suite nous avons voulu capter la perception actuelle des acteurs de la première ligne en Belgique francophone, par une enquête à large échelle et des ateliers thématiques. Pour cela, en octobre 2019, des questionnaires étaient diffusés via les réseaux de Be.Hive. Au total, 5916 personnes ont répondu aux questionnaires en ligne et 130 aux questionnaires papier. En décembre nous avons organisé 5 ateliers thématiques participatifs, en divers endroits à Bruxelles et en Wallonie. Ces ateliers avaient deux objectifs. Le premier était d'approfondir les résultats provenant de l'exploitation des questionnaires et de faire émerger des aspects encore non abordés jusqu'alors. Le second était d'initier une démarche participative avec les acteurs de la première ligne. Au total, plus de 160 personnes extérieures à Be.Hive se sont inscrites aux 5 ateliers, venus d'horizons aussi différents que ceux qui avaient répondu aux questionnaires. Les principaux résultats sont présentés selon 4 axes thématiques présentés ci-dessous. Bien que ces axes soient présentés de manière distincte, leurs thématiques sont interreliées. Tous ont en commun de vouloir, à leur niveau, contribuer au quadruple objectif (Quadruple Aim en anglais) : améliorer la qualité de vie des personnes (et, le cas échéant, de leurs aidants), améliorer la qualité des soins (notamment, en centrant les soins sur les objectifs de vie de la personne), améliorer l'utilisation des ressources et améliorer la qualité de vie des professionnels. A ces quatre objectifs, Be.Hive en propose un cinquième, celui d'améliorer l'enseignement, afin de cadrer avec les missions spécifiques de Be.Hive. Chapitre 1. Enjeux liés à la structuration et au financement de la première ligne Les ateliers ont permis de confirmer largement que la première ligne francophone est peu structurée et que l'offre est peu visible. Une manière d'améliorer cette structuration et d'améliorer la visibilité, renseignée par la littérature scientifique et confirmée dans les ateliers, passe par une organisation avec une approche territoriale (par commune ; dans les villes, par quartier). Une autre approche passe par l'inscription auprès d'un médecin généraliste ou d'une pratique de médecine générale. Selon les données du questionnaire, plus de la moitié des répondants sont tout à fait d'accord avec cela. Ces réponses ouvrent un questionnement intéressant car il s'agit d'une restriction du choix par rapport aux pratiques actuelles, qui pourrait modifier les débats sur la structuration de la première ligne. Ces données mériteront d'être investiguées, pour compléter ces résultats. Le financement de la première ligne figurait dans les 20 thèmes identifiés lors de la revue de la littérature. Nous avons donc interrogé les professionnels par rapport à leur degré de satisfaction concernant la répartition du financement et du mode de paiement actuel et trouvé qu'ils n'en sont que moyennement satisfaits. Au travers de nos recherches futures, nous souhaitons étudier ces thématiques de façon multidisciplinaire, afin d'intégrer les perceptions des parties prenantes dans des propositions concrètes pour l'avenir. Ceci permettra de nourrir le débat sociétal autour de la territorialisation et a le potentiel pour améliorer la visibilité et l'image de la première ligne, pour le plus grand bénéfice de tous. Chapitre 2. L'accompagnement de la personne vivant une situation complexe La complexité représente une épreuve contemporaine majeure qui s'inscrit au cœur des missions de la première ligne. Elle est associée à l'incertitude et l'imprévisibilité que représente une situation en raison de l'interaction entre des éléments relatifs à la santé physique, psychique et aux conditions de vie, sociales et économiques. Elle nécessite le développement d'actions globales et coordonnées entre plusieurs professions, organisations et secteurs. De plus, elle implique de mobiliser les connaissances des personnes, afin de concevoir des réponses articulant leurs priorités et celles des professionnels. Les questionnaires et les ateliers Be.Hive ont mis en évidence une asymétrie importante dans la participation des professionnels, des personnes et des aidants proches à la définition des situations complexes. Ce constat s'applique aux niveaux de la recherche et de la relation de soins. Cette asymétrie est à l'origine d'incompréhensions provoquant à la fois l'insatisfaction des professionnels et le désengagement des personnes de leurs parcours de soins. Dès lors, nous en appelons à renforcer la communication et l'écoute entre les acteurs, ce qui nécessite de faire évoluer le contenu des formations des professionnels mais aussi les modes de financement des soins de santé. De plus, nous mettons en avant une approche symétrique de la complexité, à partir de laquelle penser l'adaptation, ou « résilience de la première ligne », face aux situations complexes. Cette approche est fondée sur deux axes de recherche. Le premier axe initie un dialogue entre la demande exprimée par les personnes, que nous distinguons des besoins perçus par les professionnels, et les nouvelles fonctions professionnelles et modes d'organisation, par exemple le case management ou les suivis multidisciplinaires, qui se développent en première ligne. Le second axe porte spécifiquement sur les questions de l'accès, du recours, du non-recours, ou du recours dit « non approprié » des personnes vues comme vulnérables à la première ligne. Il soulève la dimension relationnelle de l'accès et du recours à partir des représentations et expériences des personnes, avant de les mettre en lien avec le vécu des professionnels. Chapitre 3. La participation communautaire au service de la première ligne L'approche de santé communautaire se concrétise par la collaboration des acteurs d'une communauté (personnes, professionnels de santé, institutions) autour d'un éventail d'actions qui s'étend de l'analyse des besoins à la mise en œuvre de services de santé et leur évaluation. Cet axe de travail s'ancre sur le constat d'un manque de proximité du système de santé. Or, la première ligne en Belgique francophone se trouve dans une position privilégiée pour renforcer cette proximité, comme nous avons pu l'observer au travers de plusieurs initiatives intéressantes. A défaut, ce manque de proximité se marque notamment lorsque les activités de promotion ou de prévention de la santé n'atteignent pas leur public-cible. Au travers d'initiatives renforçant la proximité, nous avons pu observer que là où les personnes sont engagées comme véritables partenaires en première ligne, le système de santé s'en trouve renforcé. Par conséquent, au cours de nos recherches futures, nous souhaitons investiguer les connaissances, attitudes et pratiques des professionnels de santé et des personnes sur la santé communautaire, dans une logique de proximité géographique, relationnelle et institutionnelle. Dans ce domaine également, Be.Hive souhaite participer à la diffusion des connaissances sur l'existant. Cela implique qu'une vieille informationnelle doit être mise en œuvre afin d'avoir accès aux innovations en matière de participation communautaire. Be.Hive a le potentiel de se construire sur l'existant, afin de participer à l'évaluation et la diffusion des pratiques prometteuses, notamment par le biais de l'évaluation participative. Chapitre 4. Collaboration interprofessionnelle et développement des compétences La professionnalisation des différents métiers depuis le 19ème siècle, a été suivie par une division du travail entre métiers relativement forte. Or, les transformations des politiques de santé, des pratiques professionnelles et des profils de personnes font de la collaboration l'un des défis importants de ces prochaines années. La confiance réciproque est identifiée comme une condition importante de cette collaboration, et celle-ci repose, d'après l'expérience de nos participants, sur la (re)connaissance mutuelle entre métiers et sur les relations interpersonnelles, qui voient le jour le plus souvent sur une base territoriale (quartier, commune). Ces acteurs mettent à la fois en évidence la nécessité de se fonder sur les initiatives existantes afin de les renforcer mais aussi de penser des nouveaux modèles, au-delà des dispositifs existant déjà au sein de certaines structures ou régions. Trois axes de recherche seront développés par les chercheurs de Be.Hive pour soutenir cette réflexion : 1° les collaborations interprofessionnelles impliquant les acteurs de l'aide sociale, de l'aide juridique et de la santé ; 2° les outils de la collaboration ; 3° la transformation des rapports entre première et deuxième ligne suite à certaines formes de désinstitutionalisation des soins. Ces trois axes de recherche principaux nourriront la réflexion autour de trois dimensions transversales : la formation, la production et l'analyse de données en première ligne et enfin, le bien-être des professionnels impliqués dans la collaboration. Discussion Ce livre blanc est le produit d'un premier processus participatif incluant l'ensemble des acteurs-clé. Pour Be.Hive, ce processus participatif a été l'occasion d'échanges, d'un temps nécessaire pour passer au-delà de la fragmentation et la méconnaissance mutuelle qui marquent également les chercheurs de Be.Hive, et d'expérimenter la nécessité de cette confiance. Ce processus n'ambitionne pas d'identifier de manière exhaustive tous les défis de la première ligne de soins et de l'aide francophone, mais permet à Be.Hive de se positionner, en proposant une liste déjà fournie de thématiques de recherche et d'enseignement dont voici les principales, qui s'entrecroisent forcément: - Structuration de la première ligne et contribution au quintuple objectif : modes de pratiques très concrètes, modes de financement et organisation territoriale ; - Organisation de la réponse aux situations complexes, en testant des modes d'interaction ; - Participation des personnes et la communauté à la santé et à l'organisation des services ; - Collaboration interprofessionnelle et renforcement des compétences professionnelles.
Contexte Les soins et l'aide de première ligne se caractérisent par une accessibilité universelle, une approche globale, axée sur les objectifs de la personne. Ils sont dispensés par une équipe de professionnels aux compétences généralistes, capables d'assurer la prise en charge de la grande majorité (90%) des problèmes de santé. Ce service doit s'accomplir dans un partenariat durable avec les personnes (usagers des services de santé ou non) et leurs aidants, dans le contexte de la famille et de la communauté locale, et joue un rôle central dans la coordination générale et la continuité des soins dispensés à la population. Si 90% des interactions en santé peuvent être assurées par la première ligne, la qualité d'un système de santé est fortement dépendante de la qualité de sa première ligne de soins et de l'aide. Or, en Belgique francophone, trop peu d'attention était portée jusqu'il y a peu, à cette première ligne de soins et de l'aide. Grâce au soutien du Fonds Dr. Daniël De Coninck, Be.hive vise à soutenir et organiser la recherche, l'enseignement et le partage des connaissances au sujet de la première ligne de soins et de l'aide. Le projet rassemble trois universités (l'Université catholique de Louvain, l'Université de Liège et l'Université Libre de Bruxelles) et trois hautes écoles (Haute Ecole Vinci, HENALLUX et la Haute Ecole Ilya Prigogine). Via son comité de pilotage, Be.Hive est également soutenue par la Plateforme de la Première Ligne Wallonne (PPLW), l'association des aidants proches (ASBL Aidants proches), la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) et la Ligue des Usagers des Services de Santé (LUSS). Ce livre blanc s'inscrit dans une stratégie globale de Be.Hive, puisqu'il est le résultat d'une analyse littéraire et d'une enquête pour explorer la situation actuelle. C'est sur la base de ce travail que les chercheurs de Be.Hive souhaitent établir un ordre de priorités pour leurs activités de recherche et d'enseignement et attirer l'attention de leurs partenaires sur les urgences perçues par les acteurs de la première ligne. Cet exposé est forcément situé dans le temps, et exprimé sur la base de la réflexion et des données actuellement disponibles aux chercheurs de Be.Hive, et ne vise pas l'exhaustivité. Cette analyse a démarré dès 2019 en explorant la littérature nationale et internationale. Celle-ci, combinée aux expertises des chercheurs au sein de Be.Hive, a permis d'identifier 20 thématiques clés qui, mises ensemble, offraient une grille de lecture des caractéristiques permettant de renforcer la première ligne. Par la suite nous avons voulu capter la perception actuelle des acteurs de la première ligne en Belgique francophone, par une enquête à large échelle et des ateliers thématiques. Pour cela, en octobre 2019, des questionnaires étaient diffusés via les réseaux de Be.Hive. Au total, 5916 personnes ont répondu aux questionnaires en ligne et 130 aux questionnaires papier. En décembre nous avons organisé 5 ateliers thématiques participatifs, en divers endroits à Bruxelles et en Wallonie. Ces ateliers avaient deux objectifs. Le premier était d'approfondir les résultats provenant de l'exploitation des questionnaires et de faire émerger des aspects encore non abordés jusqu'alors. Le second était d'initier une démarche participative avec les acteurs de la première ligne. Au total, plus de 160 personnes extérieures à Be.Hive se sont inscrites aux 5 ateliers, venus d'horizons aussi différents que ceux qui avaient répondu aux questionnaires. Les principaux résultats sont présentés selon 4 axes thématiques présentés ci-dessous. Bien que ces axes soient présentés de manière distincte, leurs thématiques sont interreliées. Tous ont en commun de vouloir, à leur niveau, contribuer au quadruple objectif (Quadruple Aim en anglais) : améliorer la qualité de vie des personnes (et, le cas échéant, de leurs aidants), améliorer la qualité des soins (notamment, en centrant les soins sur les objectifs de vie de la personne), améliorer l'utilisation des ressources et améliorer la qualité de vie des professionnels. A ces quatre objectifs, Be.Hive en propose un cinquième, celui d'améliorer l'enseignement, afin de cadrer avec les missions spécifiques de Be.Hive. Chapitre 1. Enjeux liés à la structuration et au financement de la première ligne Les ateliers ont permis de confirmer largement que la première ligne francophone est peu structurée et que l'offre est peu visible. Une manière d'améliorer cette structuration et d'améliorer la visibilité, renseignée par la littérature scientifique et confirmée dans les ateliers, passe par une organisation avec une approche territoriale (par commune ; dans les villes, par quartier). Une autre approche passe par l'inscription auprès d'un médecin généraliste ou d'une pratique de médecine générale. Selon les données du questionnaire, plus de la moitié des répondants sont tout à fait d'accord avec cela. Ces réponses ouvrent un questionnement intéressant car il s'agit d'une restriction du choix par rapport aux pratiques actuelles, qui pourrait modifier les débats sur la structuration de la première ligne. Ces données mériteront d'être investiguées, pour compléter ces résultats. Le financement de la première ligne figurait dans les 20 thèmes identifiés lors de la revue de la littérature. Nous avons donc interrogé les professionnels par rapport à leur degré de satisfaction concernant la répartition du financement et du mode de paiement actuel et trouvé qu'ils n'en sont que moyennement satisfaits. Au travers de nos recherches futures, nous souhaitons étudier ces thématiques de façon multidisciplinaire, afin d'intégrer les perceptions des parties prenantes dans des propositions concrètes pour l'avenir. Ceci permettra de nourrir le débat sociétal autour de la territorialisation et a le potentiel pour améliorer la visibilité et l'image de la première ligne, pour le plus grand bénéfice de tous. Chapitre 2. L'accompagnement de la personne vivant une situation complexe La complexité représente une épreuve contemporaine majeure qui s'inscrit au cœur des missions de la première ligne. Elle est associée à l'incertitude et l'imprévisibilité que représente une situation en raison de l'interaction entre des éléments relatifs à la santé physique, psychique et aux conditions de vie, sociales et économiques. Elle nécessite le développement d'actions globales et coordonnées entre plusieurs professions, organisations et secteurs. De plus, elle implique de mobiliser les connaissances des personnes, afin de concevoir des réponses articulant leurs priorités et celles des professionnels. Les questionnaires et les ateliers Be.Hive ont mis en évidence une asymétrie importante dans la participation des professionnels, des personnes et des aidants proches à la définition des situations complexes. Ce constat s'applique aux niveaux de la recherche et de la relation de soins. Cette asymétrie est à l'origine d'incompréhensions provoquant à la fois l'insatisfaction des professionnels et le désengagement des personnes de leurs parcours de soins. Dès lors, nous en appelons à renforcer la communication et l'écoute entre les acteurs, ce qui nécessite de faire évoluer le contenu des formations des professionnels mais aussi les modes de financement des soins de santé. De plus, nous mettons en avant une approche symétrique de la complexité, à partir de laquelle penser l'adaptation, ou « résilience de la première ligne », face aux situations complexes. Cette approche est fondée sur deux axes de recherche. Le premier axe initie un dialogue entre la demande exprimée par les personnes, que nous distinguons des besoins perçus par les professionnels, et les nouvelles fonctions professionnelles et modes d'organisation, par exemple le case management ou les suivis multidisciplinaires, qui se développent en première ligne. Le second axe porte spécifiquement sur les questions de l'accès, du recours, du non-recours, ou du recours dit « non approprié » des personnes vues comme vulnérables à la première ligne. Il soulève la dimension relationnelle de l'accès et du recours à partir des représentations et expériences des personnes, avant de les mettre en lien avec le vécu des professionnels. Chapitre 3. La participation communautaire au service de la première ligne L'approche de santé communautaire se concrétise par la collaboration des acteurs d'une communauté (personnes, professionnels de santé, institutions) autour d'un éventail d'actions qui s'étend de l'analyse des besoins à la mise en œuvre de services de santé et leur évaluation. Cet axe de travail s'ancre sur le constat d'un manque de proximité du système de santé. Or, la première ligne en Belgique francophone se trouve dans une position privilégiée pour renforcer cette proximité, comme nous avons pu l'observer au travers de plusieurs initiatives intéressantes. A défaut, ce manque de proximité se marque notamment lorsque les activités de promotion ou de prévention de la santé n'atteignent pas leur public-cible. Au travers d'initiatives renforçant la proximité, nous avons pu observer que là où les personnes sont engagées comme véritables partenaires en première ligne, le système de santé s'en trouve renforcé. Par conséquent, au cours de nos recherches futures, nous souhaitons investiguer les connaissances, attitudes et pratiques des professionnels de santé et des personnes sur la santé communautaire, dans une logique de proximité géographique, relationnelle et institutionnelle. Dans ce domaine également, Be.Hive souhaite participer à la diffusion des connaissances sur l'existant. Cela implique qu'une vieille informationnelle doit être mise en œuvre afin d'avoir accès aux innovations en matière de participation communautaire. Be.Hive a le potentiel de se construire sur l'existant, afin de participer à l'évaluation et la diffusion des pratiques prometteuses, notamment par le biais de l'évaluation participative. Chapitre 4. Collaboration interprofessionnelle et développement des compétences La professionnalisation des différents métiers depuis le 19ème siècle, a été suivie par une division du travail entre métiers relativement forte. Or, les transformations des politiques de santé, des pratiques professionnelles et des profils de personnes font de la collaboration l'un des défis importants de ces prochaines années. La confiance réciproque est identifiée comme une condition importante de cette collaboration, et celle-ci repose, d'après l'expérience de nos participants, sur la (re)connaissance mutuelle entre métiers et sur les relations interpersonnelles, qui voient le jour le plus souvent sur une base territoriale (quartier, commune). Ces acteurs mettent à la fois en évidence la nécessité de se fonder sur les initiatives existantes afin de les renforcer mais aussi de penser des nouveaux modèles, au-delà des dispositifs existant déjà au sein de certaines structures ou régions. Trois axes de recherche seront développés par les chercheurs de Be.Hive pour soutenir cette réflexion : 1° les collaborations interprofessionnelles impliquant les acteurs de l'aide sociale, de l'aide juridique et de la santé ; 2° les outils de la collaboration ; 3° la transformation des rapports entre première et deuxième ligne suite à certaines formes de désinstitutionalisation des soins. Ces trois axes de recherche principaux nourriront la réflexion autour de trois dimensions transversales : la formation, la production et l'analyse de données en première ligne et enfin, le bien-être des professionnels impliqués dans la collaboration. Discussion Ce livre blanc est le produit d'un premier processus participatif incluant l'ensemble des acteurs-clé. Pour Be.Hive, ce processus participatif a été l'occasion d'échanges, d'un temps nécessaire pour passer au-delà de la fragmentation et la méconnaissance mutuelle qui marquent également les chercheurs de Be.Hive, et d'expérimenter la nécessité de cette confiance. Ce processus n'ambitionne pas d'identifier de manière exhaustive tous les défis de la première ligne de soins et de l'aide francophone, mais permet à Be.Hive de se positionner, en proposant une liste déjà fournie de thématiques de recherche et d'enseignement dont voici les principales, qui s'entrecroisent forcément: - Structuration de la première ligne et contribution au quintuple objectif : modes de pratiques très concrètes, modes de financement et organisation territoriale ; - Organisation de la réponse aux situations complexes, en testant des modes d'interaction ; - Participation des personnes et la communauté à la santé et à l'organisation des services ; - Collaboration interprofessionnelle et renforcement des compétences professionnelles.
Przedmiotem niniejszej publikacji jest analiza przedstawień kobiecego ciała w powieściach współczesnej algierskiej pisarki, Leïli Marouane. Przez okres kolonizacji, ciało kobiety, uznawane za symbol algierskości, było przedmiotem rozgrywek politycznych pomiędzy kolonizatorem a Algierczykami, w konsekwencji czego stawała się ona ofiarą podwójnej opresji. Wychodząc z tego założenia, autorka stawia sobie za cel zbadanie, w jaki sposób współczesna maghrebska kobieta pozycjonuje się w stosunku do tego podwójnego dziedzictwa kulturowego, zaś w centrum zainteresowania znajdują się kwestie związane z cielesnością i seksualnością kobiecą. Praca składa się z dwóch części, z których pierwsza stanowi swoiste wprowadzenie w badany krąg kulturowy i poświęcona jest historii społeczno-politycznej Algierii oraz historii maghrebskiej literatury kobiecej. 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If the expression new town is no longer in vogue in the discourse on urban policies ofwestern countries, the reverse is true in the case of countries with strong economic growth and/orthose called South countries. For twenty years, for reasons of various orders ads projects "new towns"are legion. In this profusion, Algeria and Morocco are no exception. In the mid-2000s, the moroccanministry for town planning and housing announced the implementation of a program of "new towns"cash fifteen projects including one called Tamansourt, located in the outskirts of Marrakech. InAlgeria, in 1987, the National planning scheme recommends the creation of new towns in the HautsPlateaux and South. Meanwhile, "new towns", local emanation are launched, that is the case of AliMendjeli, near Constantine. Starting from the premise that the concept of new town " exceeded ˮ, wequestion the reasons prompting the algerian and moroccan public action to still be seized . Why dogovernments continue to use this type of development policy? This first question leads to two othercomplementary policies: how are they conducted and what are their territorial effects ? According toour first hypothesis , the performative and iconic efficiencies that intellectual representation, overtheir feasibility that have guided these options. Our second hypothesis is that there was nocapitalization of foreign experiences in the context of redefining and adapting the concept. Studiedacting arrangements do not fall under the urban planning or urban planning project , this statement isour third hypothesis. Our fourth hypothesis is that these actions are vectors more or less powerfulreterritorialisation the outskirts of Constantine and Marrakech. It will check whether the emergenceof centralities and/or new urban margins is observable. We want to verify the idea of the existence ofa wide gap between the "new town" ideational , that the project leader, and the "new town" lived ,that is to say that the inhabitants of daily life. ; C'est depuis peu, selon une échelle de temps urbanistique, que les pouvoirs publics algériens et marocains ont engagé la réalisation de projets d'aménagement dits de « villes nouvelles », dans les périphéries de grandes villes maghrébines. C'est notamment le cas en Algérie, près de Constantine, avec le projet d'Ali Mendjeli lancé en 1993, et au Maroc avec celui de Tamansourt, amorcé en 2004 à proximité de Marrakech.Un bilan détaillé des publications scientifiques portant sur les divers essais d'application de ce type de politique menés ailleurs et antérieurement (Brésil, France, Grande Bretagne, Égypte, Finlande, Japon, ex-URSS, etc.), montre que la ville nouvelle, en tant qu'outil d'aménagement du territoire et d'urbanisme, est un objet polémique qui attise à la fois la critique et la fascination, une pratique urbanistique qui a ses tenants et ses opposants. Partant de cette observation notre thèse cherche à éclairer les motifs qui sous-tendent la mise en œuvre de telles politiques dans des territoires jusqu'alors non-concernés par la doxa ville nouvelle. À ce premier questionnement s'en ajoutent deux autres : selon quelles modalités sont menées ces politiques et quels sont leurs aboutissements territoriaux actuels ? Notre recherche doctorale permet de vérifier les hypothèses suivantes :1. Un usage éminemment performatif de la terminologie « ville nouvelle »Les projets d'aménagement d'Ali Mendjeli et de Tamansourt ont été officiellement labellisés « villes nouvelles » en vue de la charge symbolique et émotionnelle véhiculée par cette appellation et non pour le réalisme opérationnel afférant à un tel énoncé. Il est démontré que ces projets sont incompatibles avec l'idée communément admise, par les chercheurs et praticiens en urbanisme ou en aménagement du territoire, de ce qu'est une ville nouvelle – ce que, pour notre part, nous dénommons le concept de ville nouvelle. Si, toutefois, les actions spatiales étudiées peuvent correspondre à ce concept, c'est essentiellement à travers les discours de mise en valeur et de légitimation, autrement dit à travers la communication et le marketing de projet. La faiblesse des moyens financiers, institutionnels, économiques, législatifs et politiques développés par les gouvernements au regard de telles ambitions socio-spatiales, témoigne de cette inadéquation. Il ressort que ces « villes nouvelles » sont davantage guidées par des opportunismes fonciers et immobiliers.L'hypothèse d'un usage de ce terme plus pour sa forme que son contenu est validée par le vide théorique des options d'aménagement qui ont présidé à leur création. Il n'y a pas eu de capitalisation des expériences étrangères, ni dans la perspective d'actualiser un modèle opératoire ayant connu ses principaux développements entre les années 1950 et 1970, ni en vue d'une prise en compte des spécificités territoriales algériennes et marocaines quant à l'implémentation de tels projets. Il est mis en évidence l'insuffisance, tant quantitative que qualitative, des représentations conceptualisées consignées dans les documents spécifiquement consacrés aux projets (rapports, études de faisabilité).2. Des villes nouvelles en tant qu'aménagement hybrideLes modalités décisionnelles de ces projets, qu'elles concernent leur mise en œuvre ou leur maîtrise d'ouvrage, révèlent des permanences mais aussi des ruptures dans les logiques de l'action publique urbaine algérienne et marocaine. Bien qu'ils possèdent chacun leur singularité, les projets d'Ali Mendjeli et de Tamansourt s'inscrivent tous les deux dans une logique de projet. Ils ne relèvent pleinement ni de la planification urbaine, au sens d'un « urbanisme de plan-masse » (Lacaze, 1995), ni du projet urbain tel qu'on peut le connaître au nord de la Méditerranée. Toutefois, certaines composantes relatives à ces deux logiques sont employées par les porteurs des projets. C'est pourquoi nous qualifions les modalités d'agir qu'ils expriment d'« aménagement de l'entre-deux » ou encore d'aménagement hybride, au sens d'un aménagement qui « n'appartient à aucun type, genre, style particulier, [mais] est bizarrement composé d'éléments divers » (CNRTL, CNRS, 2014).3. Des projets vecteurs de reterritorialisation de périphéries de grandes villes maghrébinesLes effets territoriaux de ces projets sont multiples. En premier lieu, ils participent d'une redistribution spatiale de la population à l'échelle des agglomérations qui n'est pas anodine. Par ailleurs, ces politiques d'aménagement génèrent autant de nouvelles centralités que la relocalisation et la recomposition de nouvelles marges urbaines : des urbanités peinent à s'y développer.L'entrée par l'analyse de la reterritorialisation, en confrontant les villes nouvelles idéelles – pour ne pas dire « idéales » –, c'est-à-dire celles des porteurs de projets, et celles vécues, c'est-à-dire représentées, pratiquées et appropriées par certains de leurs habitants, met en évidence de fortes distorsions entre les deux. L'étude des espaces vécus de villes nouvelles réelles permet d'apprécier le passage de la performativité potentielle à la performance avérée ou la performativité réalisée effective (Lussault, 1997). Ces projets bouleversent de ce fait les territoires péri-urbains selon une acception politico-administrative. Ils mettent en question les modalités de gouvernance territoriale des espaces dans lesquels ils s'inscrivent à travers son caractère conflictuel.4. Des projets singuliers malgré un label communLes projets d'Ali Mendjeli et de Tamansourt, l'un algérien et l'autre marocain, concordent avec les trois propositions précédentes du fait de caractéristiques convergentes : dimension conflictuelle du projet durant toutes ses temporalités, conception évolutive, introduction dans les systèmes d'action d'acteurs privés, influence forte du pouvoir central et déconcentré, etc. Néanmoins, en dépit d'une appellation identique et de certaines composantes relativement similaires, ces projets présentent aussi des différences structurelles fondamentales. L'une des caractéristiques de cette thèse tient dans le fait de ne pas lisser ces contrastes, d'autant que ceux-ci ne vont pas à l'encontre des trois affirmations ci-dessus, mais permettent au contraire de les affiner.Ainsi, la thèse de l'aménagement hybride doit être pondérée dans la mesure où le cas marocain indique une plus grande inclination vers l'urbanisme de projet que l'algérien. Le contexte d'autorisation des projets indique que s'il est fait recours à l'urbanisme réglementaire, c'est pour l'essentiel à des fins de justification et/ou de légitimation du projet. L'utilisation des plans est révélatrice d'un usage de la logique d'urbanisme de projet loin d'être consommé. Le rôle toujours prédominant des acteurs déconcentrés et non décentralisés, plus précisément des walis, l'atteste aussi. Toutefois, le canal d'autorisation du projet de Tamansourt, qui dénote un caractère essentiellement commercial et d'investissement, s'approche d'une certaine définition du projet urbain. La « ville nouvelle » de Tamansourt peut être considérée comme un ensemble résidentiel à vendre qui s'insère dans une démarche économique libérale. En outre, l'ouverture significative de la maîtrise d'ouvrage de la ville nouvelle marocaine, via des partenariats public-privé, à des promoteurs immobiliers d'envergure nationale voire internationale, est un indicateur supplémentaire d'une démarche s'inscrivant dans une logique de projet. De plus, toujours pour ce cas, la mise en image très soutenue de l'action, dans des visées de valorisation et de communication, l'asseoit d'avantage dans cette logique. Ainsi, et toujours plus particulièrement pour le cas de Tamansourt, nos analyses confirment l'une des propositions du programme de recherche « Faire la ville en périphérie(s) ? au Maghreb » (Signoles [dir.], 2006-2009), selon laquelle : « Si on prend en considération l'importance attribuée à la médiatisation des mégaprojets maghrébins, leur mise en image peut se substituer carrément au projet lui-même. […] Peut se créer ainsi une sorte d'effet mirage des grands projets des métropoles maghrébines du XXIe siècle, lesquelles semblent s'engouffrer dans une voie où la confusion risque de s'établir entre les possibilités réelles et concrètes d'aménagement et le rêve virtuel des images en 3D ». À défaut de ville-mirage, la ville nouvelle de Tamansourt est dénommée ville-fantôme par une partie de ses habitants…10L'état de territorialisation des projets présente aussi des différences. Il ressort que l'espace d'Ali Mendjeli s'est constitué en plusieurs étapes qui ont vu se succéder différents processus : marginalisation-démarginalisation-développement de centralités-émergence d'urbanités. Mais au bout du compte, en 2014, la ville nouvelle d'Ali Mendjeli possède une réalité urbaine certaine, ce qui n'est pas le cas de celle de Tamansourt, laquelle constitue plutôt une nouvelle marge périphérique de Marrakech. Si le facteur temporel, c'est-à-dire le décalage de dix années qui sépare le lancement de chacun des deux projets, peut expliquer en partie cette différence, d'autres facteurs interviennent : l'économie de rente permet à l'État algérien de subventionner la production de logements sociaux en très grand nombre, ainsi que la réalisation d'équipements – dont certains de rayonnement régional, voire national –, ce qui contribue efficacement à l'attractivité de la ville nouvelle d'Ali Mendjeli, au développement de sentiments d'appartenances territoriales ainsi qu'à la cristallisation d'urbanités d'un ordre nouveau, ces deux caractéristiques n'étant pas sans rappeler l'idée de ville émergente (Chalas, 1997).5 D'un point de vue méthodologique, l'une des ambitions de cette thèse réside dans sa manière d'envisager la comparaison. A priori, les projets d'Ali Mendjeli et de Tamansourt disposent de caractéristiques communes : localisation dans la périphérie d'une métropole régionale intérieure maghrébine, qualification homonyme, projections. Toutefois, des différences tant contextuelles et substantielles ont été anticipées : économie de rente fortement centralisée versus économie libérale, concentration du pouvoir politique versus mouvement de décentralisation, etc. Cela nous a conduit à mener une forme de regard croisé, plus qu'une comparaison stricto sensu, c'est-à-dire termes à termes. Notre approche ressort d'une mise en perspective de la déconstruction et des effets territoriaux de ces actions d'aménagement. En fonction d'entrées analytiques communes (genèse, maitrise d'ouvrage urbaines, effets territoriaux), le cas de Tamansourt éclaire d'avantage celui d'Ali Mendjeli et inversement : « Il s'agit de procéder à une réflexion qui va et vient de l'un à l'autre » (Gervais-Lambony, 2003).6 Privilégiant une démarche pragmatique et critique, s'appuyant sur des données qualitatives, ce travail mobilise les outils théoriques du système d'action (Crozier, Friedberg, 1977), de la justification (Boltanski, Thévenot, 1991), de la sociologie de l'émancipation (Boltanski, 2009) et de la géographie sociale (Di Méo, 1991). Les méthodes d'enquêtes employées comprennent de nombreuses observations in situ échelonnées entre 2007 et 2010 ; une centaine entretiens semi-directifs avec des acteurs variés (opérateurs public de l'habitat régionaux, collectivités locales, services déconcentrés, départements ministériels, habitants) ; la collecte de documents de types divers (études d'aménagement et documents de planification, rapports et notes internes, contrats de PPP, plans, cartes schémas, plaquettes promotionnelles, etc.). Enfin nos résultats s'appuient sur des séjours qui m'ont conduit à résider plus d'un mois dans chaque ville nouvelle, afin d'apprécier les centralités et urbanités potentielles de ces espaces de villes nouvelles, en y vivant au quotidien et au plus proche de leurs habitants.