Open Access BASE2021

Commemorating the abolition of slavery in Tunisia. The rights of black citizens and the history of slaves of European origin ; Conmemorar la abolición de la esclavitud en Túnez. Derechos de los ciudadanos negros e historia de los esclavos de origen europeo ; Commémorer l'abolition de l'esclavage en Tunisie. Les droits des citoyens noirs et l'histoire des esclaves d'origines européennes ; Comemorar a abolição da escravidão na Tunísia. Os direitos dos cidadões negros e a história dos escravos de origem europeia

Abstract

International audience ; This article contrasts a policy of commemoration of slavery in post-revolutionary Tunisia with the gradual and very slow history of the demise of slavery in this country since the beginning of the 19th century. It explores the choice of the Tunisian state to commemorate the abolition of slavery in Tunisia with reference to the promulgation of a decree enacted in 1846, and the way in which the end of West and East African slavery became central to civic memory in Tunisia.The first part of the article is based on recent, innovative and stimulating scholarly research by Inès Mrad Dali, Séphanie Pouessel, Maha Abdelhamid and Marta Scaglioni on black communities in Tunisia. The second part relies on works on European captives and the Mamluks or Muslim slaves and servants of often Caucasian origin in the Maghreb.The first section places the issue of the commemoration of slavery in the context of the emergence of civic claims from black activists in Tunisia since the 2011 Revolution. The profound transformations that black communities have undergone since decolonization in the 1950s have shaped these claims. Indeed, the categories of national belonging to a Tunisian civic community, and therefore the debates on collective memory and the historical representations of the nation, have become more decisive for these anti-racist activists than the narratives of local origins which aimed to explain or even legitimize the subordinate positions of these communities, especially in the south of the country.The second section broadens the discussion to include Christian male and female captives and especially the cases of male and female slaves of Caucasian origin converted to Islam (Mamluks and Odalisques) in 19th-century Tunisia. This section shows that the descendants of European captives are less concerned with the commemoration of the abolition of slavery. Their role in the country's history is greater because of their contribution to the founding of the Tunisian nation and its state. The uneven integration of the descendants of slaves into Tunisian society, in addition to the separate relationship with the memory of slavery of these groups explain over a long period of time the presence today of the differential treatment of Tunisians on the basis of skin colour.The article concludes with two observations: Tunisian anti-racist activists wanted to fight against racist discourses and categories. From this point of view, they succeeded in advancing their cause by giving official status to the commemoration of the abolition of 1846. Henceforth, the fundamental and difficult question of the unequal distribution of resources in post-revolutionary Tunisia remains to be asked. ; Cet article confronte la politique de mémoire de l'esclavage dans la Tunisie post-révolutionnaire à une histoire graduelle, et très lente, de la fin des esclavages dans ce pays depuis le début du xixe siècle. Il explore le choix de l'État tunisien de commémorer l'abolition de l'esclavage en Tunisie en référence à la promulgation d'un décret de 1846, et montre comment la fin de l'esclavage des Africains de l'Ouest et de l'Est est devenue un élément central dans la construction d'une mémoire civique.Cet article s'appuie, dans une première partie, sur les travaux récents, novateurs et stimulants d'Inès Mrad Dali, Stéphanie Pouessel, Maha Abdelhamid et Marta Scaglioni sur les communautés noires de Tunisie. Il convoque, dans une seconde partie, d'autres travaux sur les captifs européens et sur les mamelouks ou esclaves et serviteurs musulmans au Maghreb, souvent d'origine caucasienne.La première partie resitue la commémoration de l'esclavage dans le contexte de revendications civiques portées par des militant⋅e⋅s noir⋅e⋅s en Tunisie depuis la révolution de 2011. Les transformations profondes qu'ont connues les communautés noires depuis la décolonisation des années 1950 ont façonné ces revendications. En effet, pour ces militant⋅e⋅s anti-racistes, ce qui est devenu déterminant, plus que les récits locaux qui visaient à expliquer voire à légitimer les positions subalternes de ces communautés – en particulier dans le sud du pays –, ce sont les catégories nationales d'appartenance à une communauté civique tunisienne et, en conséquence, les débats sur la mémoire collective et les représentations historiques de la nation.La seconde partie élargit la réflexion aux captives et captifs chrétiens et surtout aux esclaves, hommes et femmes, d'origine caucasienne convertis à l'islam (mamelouks et odalisques) dans la Tunisie du xixe siècle. Cette partie montre que les descendants de captifs européens sont moins concernés par la commémoration d'une abolition de l'esclavage. Ils s'intègrent davantage à l'histoire du pays en fonction de leur contribution à l'édification d'une nation tunisienne et de son État. L'intégration plus que contrastée des descendants d'esclaves à la société tunisienne, et plus encore le rapport distinct de ces groupes à la mémoire de l'esclavage, confirment sur le temps long, le constat dressé aujourd'hui d'un traitement différencié des Tunisiens en fonction de leur couleur de peau.L'article conclut sur deux constats : les militant⋅e⋅s anti-racistes tunisiens ont voulu lutter contre des discours et des catégorisations racistes. Ils ont réussi, de ce point de vue, à faire avancer leur cause en rendant officielle la commémoration de l'abolition de 1846. Ils ont désormais à poser la question fondamentale et ardue de la distribution inégalitaire des ressources dans la Tunisie post-révolutionnaire.

Sprachen

Englisch

Verlag

HAL CCSD; Centre international de recherches sur les esclavages et post-esclavages (CIRESC, CNRS USR 2002)

DOI

10.4000/slaveries.3989

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