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International audience ; Les archives départementales de la Haute-Garonne possèdent un leg exceptionnel pour l'historien des forêts : l'intégralité des papiers de la réformation de la grande maîtrise de Toulouse (1665-1673).Plans, procès-verbaux d'arpentages, auditions, relations de voyage… Les plumes de Louis de Froidour et de ses assesseurs révèlent des sociétés en marge du système monarchique et où l'implantation d'une administration reste à faire. Et ce, tout particulièrement dans les zones pyrénéennes et de la montagne noire. Alors même que la Grande Ordonnance est promulguée, les réformateurs sont aux prises avec des sociétés fermement implantées et qui considèrent la mission des envoyés du roi comme une remise en question de leurs fondamentaux politiques, économiques et culturels. De sorte qu'elles n'ont de cesse de s'opposer aux réformateurs. L'œuvre de Froidour se révèle alors d'une grande richesse : conscient de ses faiblesses, et afin de pérenniser la toute jeune administration qu'il installe, le réformateur n'a de cesse d'analyser ces sociétés dans leur globalité. C'est alors la gestation de ces sociétés dans leur environnement que Froidour nous révèle : la lente adaptation aux rigueurs géographiques, la mise en valeur des richesses locales, voire la préservation d'un patrimoine forestier nécessaire à la survie. Sans oublier les conflits confessionnels ou les guerres qui ont prélever leur dû sur les forêts. En replaçant la ressource économique au centre des sociétés, et en tenant compte des particularismes locaux, Froidour fait œuvre de modernité afin d'adapter les nécessités locales aux besoins nouveaux qui émergent au XVIIe siècle. Ces espaces fortement anthropisés deviennent ainsi cruciaux pour l'aménagement du territoire et dépassent le cadre de la seule vallée. Et même si faute de moyens et de connaissances techniques la réformation n'est pas menée à terme, elle fournit néanmoins le socle nécessaire aux grands aménagements du XVIIIe siècle.

International audience ; Les archives départementales de la Haute-Garonne possèdent un leg exceptionnel pour l'historien des forêts : l'intégralité des papiers de la réformation de la grande maîtrise de Toulouse (1665-1673).Plans, procès-verbaux d'arpentages, auditions, relations de voyage… Les plumes de Louis de Froidour et de ses assesseurs révèlent des sociétés en marge du système monarchique et où l'implantation d'une administration reste à faire. Et ce, tout particulièrement dans les zones pyrénéennes et de la montagne noire. Alors même que la Grande Ordonnance est promulguée, les réformateurs sont aux prises avec des sociétés fermement implantées et qui considèrent la mission des envoyés du roi comme une remise en question de leurs fondamentaux politiques, économiques et culturels. De sorte qu'elles n'ont de cesse de s'opposer aux réformateurs. L'œuvre de Froidour se révèle alors d'une grande richesse : conscient de ses faiblesses, et afin de pérenniser la toute jeune administration qu'il installe, le réformateur n'a de cesse d'analyser ces sociétés dans leur globalité. C'est alors la gestation de ces sociétés dans leur environnement que Froidour nous révèle : la lente adaptation aux rigueurs géographiques, la mise en valeur des richesses locales, voire la préservation d'un patrimoine forestier nécessaire à la survie. Sans oublier les conflits confessionnels ou les guerres qui ont prélever leur dû sur les forêts. En replaçant la ressource économique au centre des sociétés, et en tenant compte des particularismes locaux, Froidour fait œuvre de modernité afin d'adapter les nécessités locales aux besoins nouveaux qui émergent au XVIIe siècle. Ces espaces fortement anthropisés deviennent ainsi cruciaux pour l'aménagement du territoire et dépassent le cadre de la seule vallée. Et même si faute de moyens et de connaissances techniques la réformation n'est pas menée à terme, elle fournit néanmoins le socle nécessaire aux grands aménagements du XVIIIe siècle.

Entre 1661 et 1685 , Jean-Baptiste Colbert lance sa grande opération de réforme des Eaux et Forêts de France, la Grande Réformation. Simultanément, des commissaires arrivent dans tous les départements forestiers du royaume pour remédier aux abus, relever les forêts et revenir à un état antérieur perçu comme idéal. Dans le Midi, Louis de Froidour découvre des sylves ruinées, abandonnées aux communautés d'habitants et à leurs innombrables bestiaux. Ses descriptions à Colbert font écho à la littérature eschatologique des forestiers du Grand Siècle : pour eux, la disette de bois menace. Pourtant, l'étude quantitative des archives de Froidour livre une autre réalité : bien qu'abimées par les usages locaux, les forêts fournissent les secours attendus par les populations. Mieux, ces dernières protègent autant que possible les peuplements ligneux. Ce décalage entre ces deux perceptions amène à reconsidérer l'action des agents du roi : et si ces forêts « dévastées » n'étaient qu'une représentation culturelle ?

International audience ; Sous l'Ancien Régime, la forêt est un espace primordial, producteur de ressources et de combustible. Son importance est telle que la monarchie a reconnu précocement (dès le XIIIe siècle) la nécessité de protéger et d'organiser localement l'exploitation des bois. Conséquemment, une forme d'autorité et de pouvoir basée sur la possession et la mise en œuvre de la sylve se développe jusqu'à l'avènement de Louis XIV. Or, l'évolution de la demande étatique dans la deuxième moitié du XVIIe siècle impose une redéfinition de la production ligneuse à l'échelle du royaume. Des commissaires réformateurs sont alors envoyés dans chaque département forestier afin d'enquêter sur l'importance du patrimoine boisé et pour déterminer les meilleures façons de l'utiliser. La grande maîtrise de Toulouse n'échappe pas à la règle. Et c'est Louis de Froidour, le sylviculteur le plus connu de l'Ancien Régime, qui y officie. De 1665 à 1673, il arpente inlassablement les forêts, recolle les archives et met à jour les soubassements de l'autorité locale. Ce minutieux travail lui permet finalement d'installer une institution qu'il juge à même de répondre aux besoins de la monarchie. Toutefois, l'immixtion des Eaux et Forêts dans le jeu politique de proximité engendre une redisposition des pouvoirs centrée autour de la ressource boisée qui devient alors un objet symbolique fondateur de l'identité régionale.

International audience ; Sous l'Ancien Régime, la forêt est un espace primordial, producteur de ressources et de combustible. Son importance est telle que la monarchie a reconnu précocement (dès le XIIIe siècle) la nécessité de protéger et d'organiser localement l'exploitation des bois. Conséquemment, une forme d'autorité et de pouvoir basée sur la possession et la mise en œuvre de la sylve se développe jusqu'à l'avènement de Louis XIV. Or, l'évolution de la demande étatique dans la deuxième moitié du XVIIe siècle impose une redéfinition de la production ligneuse à l'échelle du royaume. Des commissaires réformateurs sont alors envoyés dans chaque département forestier afin d'enquêter sur l'importance du patrimoine boisé et pour déterminer les meilleures façons de l'utiliser. La grande maîtrise de Toulouse n'échappe pas à la règle. Et c'est Louis de Froidour, le sylviculteur le plus connu de l'Ancien Régime, qui y officie. De 1665 à 1673, il arpente inlassablement les forêts, recolle les archives et met à jour les soubassements de l'autorité locale. Ce minutieux travail lui permet finalement d'installer une institution qu'il juge à même de répondre aux besoins de la monarchie. Toutefois, l'immixtion des Eaux et Forêts dans le jeu politique de proximité engendre une redisposition des pouvoirs centrée autour de la ressource boisée qui devient alors un objet symbolique fondateur de l'identité régionale.

Le début du règne personnel de Louis XIV vit une importante réforme forestière se mettre en œuvre. Nommée grande réformation, elle avait pour dessein de combattre les abus du passé afin de rétablir les forêts du royaume menacées de ruine et fournir du bois pour la marine. Cette grande réformation fut menée en Comminges entre 1666 et 1673 par Louis de Froidour, l'un des fondateurs de la sylviculture. Durant cet intervalle, le réformateur arpenta à plusieurs reprises les forêts appartenant au roi tout autant que celles des communautés ecclésiastiques et religieuses afin de connaître leurs conditions de gestion. Par là même, son enquête mit en évidence les conditions qui présidèrent à l'appropriation des ressources ligneuses par les communautés : lutte feutrée de la monarchie contre les comtes de Comminges grâce à l'octroi d'inféodations, concession de droits d'usages, tentative d'imposition d'une proto-administration royale à partir du XVIe siècle, et finalement grande réformation mettant définitivement en place une administration monarchique contre la volonté des populations locales. Conflit à la fois politique et économique, la question de la forêt fut aussi une occasion pour les différents partis de développer des moyens de vivre ensemble qui furent autant de processus de pacification : intégration des populations dans l'administration royale, règlements forestiers adaptés aux situations tant économiques que géographiques. La forêt était alors un objet de discorde tout autant qu'un objet de pacification.

Le début du règne personnel de Louis XIV vit une importante réforme forestière se mettre en œuvre. Nommée grande réformation, elle avait pour dessein de combattre les abus du passé afin de rétablir les forêts du royaume menacées de ruine et fournir du bois pour la marine. Cette grande réformation fut menée en Comminges entre 1666 et 1673 par Louis de Froidour, l'un des fondateurs de la sylviculture. Durant cet intervalle, le réformateur arpenta à plusieurs reprises les forêts appartenant au roi tout autant que celles des communautés ecclésiastiques et religieuses afin de connaître leurs conditions de gestion. Par là même, son enquête mit en évidence les conditions qui présidèrent à l'appropriation des ressources ligneuses par les communautés : lutte feutrée de la monarchie contre les comtes de Comminges grâce à l'octroi d'inféodations, concession de droits d'usages, tentative d'imposition d'une proto-administration royale à partir du XVIe siècle, et finalement grande réformation mettant définitivement en place une administration monarchique contre la volonté des populations locales. Conflit à la fois politique et économique, la question de la forêt fut aussi une occasion pour les différents partis de développer des moyens de vivre ensemble qui furent autant de processus de pacification : intégration des populations dans l'administration royale, règlements forestiers adaptés aux situations tant économiques que géographiques. La forêt était alors un objet de discorde tout autant qu'un objet de pacification.

A program of forestry surveys and reform conducted in France during the 17th century has been accused of rationalizing the landscape and suppressing peasant culture; tools of cartography were said to have made rural lands both more legible to the state and alien to locals. On closer inspection, it seems that the surveys did not produce abstract rationalizations of the forests that made them 'readable' at a distance or more orderly on the ground; mainly the reformers developed databases or archives of misuses of the forests by nobles who were supposed to be managing them for the crown. This paper follows one reformer, Louis de Froidour, as he moved through the Midi-Pyrenees, using a set of letters he wrote while doing forest surveys for the reform. He described and explained noble opposition to his entering 'their forests', and how he nonetheless conducted the required surveys and acquired the necessary documents. Froidour not only did not target peasant villages, but also sometimes even protected forests that he said locals needed more than the crown. He had no romantic affection for mountain inhabitants (quite the opposite). He protected their interests because villagers rather than nobles paid taxes, and so disrupting their economies would not benefit the state. This case study, while only focusing on a small area of France, provides valuable insight into the logic of the reform, and its political consequences.