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Une étude du divorce à Genève apporte des éléments originaux dans la mesure où les traditions protestantes ont eu en leur cœur même la définition d'un ordre familial strict, dans lequel, cependant, le divorce pouvait être reconnu comme la moins mauvaise solution. C'est avec cet héritage que la « Rome calviniste » est entrée dans un xix e siècle qui a vu se succéder des législations destinées à réguler les divorces. Ces lois et leur application ont reflété les conflits entre conservateurs et progressistes, protestants et catholiques, sur le mariage, la famille et l'ordre social. Cet article met dans un premier temps l'histoire juridique en lien avec les fluctuations annuelles du nombre de divorces. Après une brève présentation des sources nominatives et de leurs limites, des régressions logistiques mettent en lumière les caractéristiques des divorcés en les comparant aux mariés. Celles et ceux qui brisaient les normes du mariage tardif étaient les plus enclins à briser une autre norme en divorçant. Il en allait de même des femmes qui étaient à la tête d'un commerce ou d'un atelier, et qui se sont montrées capables d'affronter les coûts économiques et sociaux d'un divorce pour rompre les chaînes d'un mariage malheureux. Invisible dans les sources officielles, le « divorce des pauvres », les abandons de domicile conjugal, font eux aussi l'objet d'une discussion.

Quels sont les enjeux du vieillissement démographique pour les politiques sociales ?

Cet article est une étude monographique de 58 394 migrants observés dans une petite place centrale belge entre 1846 et 1900, grâce à cette source exceptionnelle que sont les registres de population. L'analyse accorde une grande importance aux méthodes de description des populations mobiles, notamment par le recours à un "système d'information géographique". Seule une partie des résultats est présentée ici, autour du thème de la transition de la mobilité. L'évolution des rapports entre l'espace et le temps est étudiée globalement et en fonction des caractéristiques démographiques ou d'origine. À Huy, 50 % des immigrants repartent avant 10 ans, à peu près un quart avant 2 ans. La ville gagne de jeunes mariés avec enfants et perd des célibataires qu'elle attire en grand nombre. Le solde migratoire est positif avec les campagnes proches, négatif avec les grandes villes. L'hypothèse du relais migratoire est nuancée, la distinction entre migrations définitives et alternantes semble artificielle.

L'analyse des taux de fécondité révèle la précocité de la ville de Huy dans le processus de déclin de la fécondité. Dans ce cadre, les indigents pratiquent le contrôle des naissances dès le milieu du XIXe siècle. La transition se définit pour eux comme une rupture par rapport à un modèle familial ancien, bien partagé par le groupe. Les pratiques d'arrêt s'imposent comme une innovation, mais dont la diffusion parmi les familles indigentes n'est pas uniforme. Notamment, les couples dont on sait qu'ils ont eu des relations sexuelles pré-conjugales se révèlent moins novateurs que les "sages".

A travers le cas de la paroisse de Corsier-sur-Vevey en Suisse, ce livre analyse la transition entre Ancien Régime et Suisse moderne telle qu'elle se reflète dans les choix de partenaires sociaux, en mettant l'accent sur les mariages, les parrainages et les transactions économiques. Fondée sur une large base de données généalogique, l'analyse démontre, par des statistiques et des visualisations de réseaux, que les décisions changent, à la fois dans la parenté et la proximité spatiale.Un double mouvement s'observe, avec, en matière de proximité de parenté et de proximité spatiale, à la fois des distances plus courtes et des distances plus éloignées entre le 18e et le 19e siècle.

Cet article explore les représentations de la mort des personnes âgées à partir des avis de décès de 3 160 personnes de 65 ans et plus publiés dans deux quotidiens de Suisse romande, l'un ancré dans un milieu urbain et plutôt calviniste (Genève) et l'autre dans un contexte plus rural et plutôt catholique (Valais). Les avis ne se contentent plus d'annoncer le décès, mais se sont enrichis depuis 1950. En parlant de la mort et du défunt, ils nous révèlent les normes sociales véhiculées par les familles sur le décès de leur proche âgé. À travers l'emploi de la statistique textuelle, en particulier la classification hiérarchique descendante (logiciel Iramuteq), nos analyses révèlent des représentations du mourir vieux qui diffèrent, de manière plus ou moins sensible, en fonction de l'âge, du sexe, de la religion et du lieu de décès. C'est une vision plurielle qui ressort, allant au-delà d'une simple opposition entre la bonne et la mauvaise mort. Le critère d'âge se révèle important, rappelant la distinction que l'on retrouve dans la vieillesse entre 3 e et 4 e âge. Car ressort la perception d'un âge injuste et d'un âge normal pour mourir. Les avis documentent la mise en place d'un vocabulaire associant la mort dans le 3 e âge au combat contre la maladie, justifiant un départ trop précoce. À l'inverse, lorsque le défunt s'en va à 85 ans ou au-delà, le vocabulaire emprunte des figures et métaphores au champ lexical du sommeil : s'endormir, s'endormir paisiblement.